lundi 31 décembre 2018

Bilan culturel 2018

Salut!

Une fois par année, c'est l'heure des bilans.  On les fait quand on change de chiffre, mais bon, des fois, je me dis que je pourrais tout aussi bien les faire en août, mais bon, c'est sans doute symbolique...

L'année 2018 a été riche.  Je n'en parle pas beaucoup sur le blogue, mais je fais beaucoup d'autres choses en dehors de lire des livres.  Ce bilan me permet donc de m'aventurer un peu en dehors des bouquins et de vous parler de quelques autres trucs qui ont fait parti de mon année 2018.

Alors voyons...

En 2018, j'ai vu:
6 films au cinéma: Petite année de ce côté
Moi, Tonya de Craig Gillespie : Dur, dur, mais d'une telle justesse en même temps!
Le jeune Karl Marx de Raoul Peck : Instructif, rafraîchissant, très intéressant...  Le marxisme vient d'une époque et de véritables personnes, on l'oublie souvent.
Annihilation d'Alex Garland : confondant, surprenant, dérangeant.  De l'excellente SF!
Black Panther de Ryan Coogler : Pour le phénomène!  Mais un scénario un peu routinier pour un Marvel...
Avengers: Infinity War d'Anthony et Joe Russo : Sortie de la salle en me hurlant intérieurement que ça ne pouvait pas finir comme ça!  Comme des millions d'autres personnes sans doute.
Ocean's 8 de Gary Ross : Bien, mais comme on sait déjà que c'est une histoire d'arnaque, ça tombait un brin plus à plat.

En mode rattrapage (donc pas vu au cinéma, mais vu cette année)
Solo: a Star Wars Story de euh, bref : Déception est un faible mot.
Moineau rouge de Francis Lawrence : Jeux de trahisons au menu!  Verbeux, mais j'ai beaucoup aimé.
Un raccourci dans le temps d'Ava Duvernay : Bien, mais sans plus.  Un grand respect des codes du genre en tout cas
Tomb Raider de Roar Uthaug : Pire casting de l'année pour Alicia Vikander (des brindilles à la place des biceps, ça marche pas pour le rôle).  Pour le reste... Bof.
Ant-Man et la Guêpe de Peyton Reed  : Pas mal du tout!  Bien aimé le côté papa du personnage d'Ant-Man, rare dans l'univers Marvel.

Série télé:
Pas ma meilleure année non plus de ce côté-là!  Mais côté qualité par contre! :O
Altered Carbon (😲😲😲)
The Crown saison 2 (👸)
Westworld saison 2 (😍)

Pièce de théâtre:
J'en aie vue 6!
Chaloupe à la Licorne : Surprenant
Les Marguerite(s) à l'Espace Go : Peut-être un peu trop expérimental sur certains point pour moi.
Titus au Prospéro : Dans une adaptation qui se voulait moderne, mais...
Je cherche une maison qui vous ressemble au Denise-Pelletier : Très bel hommage à Pauline Julien
Les fées ont soifs au Rideau Vert : Certains aspects sont criants d'actualité, d'autres ont beaucoup vieilli
L'Assemblée à l'Espace Go : Vraiment, cette pièce est un hommage à ce que le théâtre peut faire de mieux.  Confrontant, dérangeant, mais absolument fascinant.

Humoriste:
Passion récente...  Je ne crois pas avoir vu beaucoup de show d'humour avant 2018
Mariana Mazza : Il faut aimer le genre, mais c'était bien.
Louis T : De l'humour plus intello, mais j'ai beaucoup aimé aussi.
Boucar Diouf : Coup de coeur absolu!  Pitchez-vous dans les salles pour voir ça et ne vous plaignez pas si vous avez mal aux côtes le lendemain!
Bianca Longpré (Mère ordinaire) : Pas mauvais, mais vu deux semaines après Boucar Diouf, alors ça a souffert de la comparaison.

Musique:
Je vais surtout voir des spectacles de musique classique.  Pourquoi?  Ben, parce que c'est ce que j'aime aller voir! 😉
-Rebelles et Rivalités (Musique Baroque): Offert gratos par ma municipalité.  J'ai passé un bel après-midi (et j'ai enfin vu un clavecin de près!)
-Passion Mozart par l'Orchestre métropolitain : Magnifique concert (même si je suis arrivée super en retard!!!)
-Les Planètes: Génial! par L'orchestre Métropolitain : Idée de génie de leur part, mélanger les images de la NASA avec le concert et y ajouter l'animateur Martin Carli pour faire quelques petits expériences sur scène.  Un très beau concert (série qui vise à permettre d'emmener les enfants voir de la musique classique, ça vaut vraiment la peine!)
-Songes de Shakespeare encore une fois par l'Orchestre métropolitain (va falloir penser à prendre un abonnement...).  Beau concert, avec une pièce moderne en plein milieu qui était... déstabilisante, mais avec un soliste vraiment talentueux

Exposition:
-Chaggal au Musée des Beaux-Arts: J'ai découvert en sortant de là que l'art de Chaggal n'était pas pour moi!
-L'expédition Franklin au Musée de la civilisation à Gatineau: Magnifique exposition qui nous fait comprendre les raisons de cette expédition et aussi, pourquoi à l'époque, elle n'était pas si cinglée qu'elle en a l'air vue d'aujourd'hui.
-Reines d'Égypte à Pointe-À-Callières: Une très belle exposition, fin émouvante avec le tombeau brisée de Néfertari.
-Génie autochtone au Centre des sciences.  Trop orienté jeunesse, mais sujet fascinant.

Vu à l'étranger:
J'ai eu la bougeotte en 2018!
Alors, vu à Edmonton (où je suis allée pour le boulot hein! 😏 )
-Fort Edmonton: Le Village québécois d'Antan version Edmonton.
-Telus World Science Center: Exposition sur les dinosaures (avec des dinosaures animés!) et un film vu dans une salle en forme de dôme.  Surprise, le film avait été tourné... à Montréal par le Planétarium!
Vu En Écosse (ben oui, je suis allée en Écosse cette année!)
-Holyrood House (résidence officielle de sa Majesté en Écosse).  Très belle cabane, mais n'essayer pas de prendre une photo à l'intérieur, les gardiens veillent au grain! (de vrais cerbères!)
-Edinburg Castle : Juste trop wow!
-Yatch Britannia : Si quelqu'un trouve que mes trois premières visites ont une thématique commune, vous avez raison!  Belle incursion dans la vie de la famille royale.
-National Gallery of Scotland: où J'ai vu ce qui semblait être un cône orange sur une peinture datant de l'an 1000...  Je crois que Montréal m'a traumatisée, je vois des cônes oranges partout...  (il y en a aussi à Édimbourg, mais ils ont pas le même orange)
J'ai fait quelques autres musées à Édimbourg, mais rien qui vaillent la peine d'en parler.  Et j'ai vu le Loch Ness!  Un des plus beaux souvenirs de mon voyage: les toilettes du Elephant House (lieu où J.K. Rowling a écrit une bonne partie du premier tome de Harry Potter)

Les gens laissent ici un message à J.K. Rowling sur l'impact qu'a eu le livre dans leur vie.  Magnifique!
Hors-Catégorie:
Congrès Boréal 2018: 😊 Pas besoin d'ajouter grand chose d'autre!
Pow-pow de Kahnawake : Première fois que j'allais dans un pow pow, mais cette journée-là, il faisais vraiment beaucoup trop chaud!  Et je n'en connaissais pas assez pour l'apprécier.
Salon du livre de Montréal 2018: Encore là, pas besoin d'explication!

J'ai aussi assisté à quelques ateliers d'écritures en 2018...  J'y aie appris beaucoup, beaucoup de choses, mais ouf, ça n'a pas toujours été facile!

Maintenant, les livres!
2018 a été l'année où je suis sortie de ma torpeur des dernières années et où j'ai recommencé à lire régulièrement.  Les années d'avant, j'avais beaucoup relu certains livres et j'avais passé pas mal de temps à autre chose qu'à lire (ne pas nommer les jeux vidéos ici...).  J'ai aussi réactivé le blogue par la même occasion.  Ça a fait du bien sur les deux tableaux.  Par contre, j'ai surtout recommencé à fréquenter les livres à partir du mois de juin, les premiers mois de 2018 ont été des mois très très tranquilles...  Pour les quatre derniers mois de l'année, j'ai surtout lu du québécois, merci au GDLQ pour ça!  Ça a donné un bon coup d'accélérateur sur mes lectures en plus de m'offrir deux beaux coups de coeur (et de faire baisser pas mal ma PAL!)

Je ne ferais pas la liste des livres lus, je vais contenter de celle de mes coups de coeur.
1491 de Christopher C. Mann
Arvida de Samuel Archibald
Du bon usage des étoiles de Dominique Fortier 
La femme aux cartes postales de Jean-Paul Eid et Claude Paiement (critique à venir)

Bon et bien, voilà, c'est pas mal tout pour 2018.

On se reparle l'année prochaine! :P

@+ Mariane

vendredi 28 décembre 2018

Zviane au Japon de Zviane

Zviane au Japon  Zviane  Pow Pow Non-paginé


Résumé:
Comment fonctionne la monnaie au Japon?  Qu'est-ce qu'on trouve sur les tablettes des épiceries?  Comment fonctionnent les restaurants?  Les transports en commun?  Les toilettes?  Zviane vous explique tout ça et même plus dans cette charmante petite BD racontant son séjour au pays du soleil levant.

Mon avis:
En ouvrant la couverture, on sait que c'est du Zviane.  Si c'est du Zviane, il y aura toujours cette impression qu'elle est restée une petite fille qui sait s'étonner de tout dans la vie.  Alors imaginez-la plongée dans une culture complètement différente, avec ce sens de l'observation et d'autodérision qui la caractérise!  On est servi.  D'autant plus qu'elle s'intéresse aux petits détails de la vie au Japon: comment on donne la monnaie à l'épicerie, comment on donne sa commande dans les restaurants, comment on trie ses déchets pour le recyclage, etc.  Le genre de trucs que l'on ne trouve pas dans les guides de voyage.  En ce sens, son livre est plus proche du récit de voyage, mais en BD et par petites vignettes s'intéressant à un sujet précis à la fois.

Côté dessin et bien, on est dans la formule que Zviane avait développé pour son blog: des plans souvent vu de profil, mettant en vedette Zviane elle-même et ses interactions avec un ou plusieurs personnages, avec parfois un plan rapproché pour expliquer un détail.  Le dessin reste très simple et d'une case à l'autre, il n'y a pas toujours beaucoup de changement, à l'exception des expression du visage et des dialogues dans les phylactères.  Malgré tout, elle réussit à rendre sa BD extrêmement vivante et on rigole bien en lisant ses aventures, petites et grandes.  Ses explications sur les toilettes japonaises valent le détour, même chose pour la télé!  

Elle trace à quelques endroits dans sa BD des dessins plus élaborés, souvent de gens qu'elle a croisé, qui montre que sa palette de talent en dessin est beaucoup plus vaste que ce qu'elle fait pour ses blogues.  C'est un aspect intéressant, parce que son oeuvre est beaucoup centrée sur la formule bédéesque bloguesque, alors qu'avec Les deuxièmes, elle avait montré un talent rare pour quelque chose de plus élaboré.  Même si Zviane au Japon reste un petit livre sans prétention, il nous donne quand même accès à une face de son talent, qui montre que cette bédéiste en a encore beaucoup à nous montrer.  

Un seul défaut à noter pour cet opus: on en aurait voulu plus!

Ma note: 4.5/5

jeudi 27 décembre 2018

La déesse des mouches à feu de Geneviève Pettersen

La déesse des mouches à feu  Geneviève Pettersen  Alto  Lu en audio Raconté par Karelle Tremblay  4h 53 minutes  Disponible gratuitement sur le site de Radio-Canada


Résumé:
Le jour de ses quatorze ans, le père de Catherine emboutit le camion neuf de sa mère dans l'arbre qu'elle adore, marquant ainsi les débuts de la désagrégation du couple.  Sous le regard réaliste et impitoyable de leur fille, ils se séparent.  Catherine entre alors dans une nouvelle phase: de nouveaux amis, de nouvelles expériences, la rébellion de l'adolescence dans toute sa splendeur vu de l'extérieur, mais vu par ses yeux à elle.

Mon avis:
Ce qui est remarquable dans ce livre, c'est la voix de Catherine.  On est avec elle, littéralement, comme ça se passe dans la tête d'une adolescente.  Il n'y a pas de réflexions avant ou après l'action, il y a les actions, les réactions, rien de plus.  Tout est vécu dans le moment présent et très intensément.  Il y a peu de long terme, elle ne pense que très peu à hier et encore moins à demain.  De plus, elle ne juge pas les gens.  Elle va les traiter de con et la seconde d'après, être leur meilleure amie.  Ce qui ne l'empêche pas d'être d'une lucidité atroce concernant ses parents, entre autre.  Elle comprend les dynamique de leur relation, leurs défauts respectifs, leurs comportements problématiques.

D'ailleurs parlons-en de ses parents.  Si on a beaucoup de reproches à faire à Catherine, quand on regarde ses deux modèles parentaux, on comprend vite d'où ça vient.  Même s'ils se considèrent eux-mêmes comme de bons parents, leur comportement montre où sont leurs failles.  Une caractéristique importante: ils n'écoutent jamais leur fille.  Ils prennent des décisions et ensuite, ils lui en parlent, en lui demandant si elle est d'accord, mais on comprend vite que son consentement est tenu pour acquis par défaut.  Sa mère qui s'éclipse et la laisse seule dès qu'elle a un nouvel amoureux, son père qui prend toutes les décisions sans tenir compte de son âge ou de son niveau de maturité.  Mais surtout l'argent: la première promesse de sa mère quand elle quitte son père est qu'elles continueront à aller dans le sud trois fois par année...  Cette obsession pour les biens matériels, commun aux deux, est pitoyable à voir, surtout dans l'oeil décapant de Catherine, qui au fond, n'est guère mieux.

Catherine prendra donc une direction que d'un point de vue extérieur, on qualifierai de mauvaise.  Fréquentations louches, drogues, party, sexe, vol dans les magasins, tout y passe.  La drogue surtout, qui traverse le roman.  Pourquoi elle en prend?  Elle ne l'explique jamais, elle sniffe sa dose et se retrouver gelée, a peur d'en manquer, cela s'arrête là.  Mais comme on voit tout à travers ses yeux, on comprend une chose importante: Catherine n'a pas du tout l'impression de s'enfoncer.  Elle vit sa vie tout simplement.  Comme ses parents sont incapables de communiquer, perdus dans leurs conflits et perdus même dans leurs propres vies qu'ils ne savent pas gérer, elle fait ce qu'elle veut et suit ses mouvements d'humeur, même s'ils sont mauvais.  Tout en elle étant action/réaction aux événements, elle ne voit ni le bien, ni le mal.  Juste son intérêt.  C'est justement dans cette façon de voir et de raconter que l'on comprend le mieux Catherine.  Il n'y a aucun pathos.  Les grandes épreuves qu'elle vit sont à la même hauteur que les petits tracas du quotidien.

Autre point fort du roman: les références culturelles.  Ce livre est une plongée dans les années 90, la musique, les films, les vêtements, l'ambiance.  De la coupe de cheveux de Mia Wallace, au suicide de Kurt Cobain en passant par les mix de musique sur cassette, on retrouve l'ambiance d'une époque.  De plus, tout se passe à Chicoutimi, en région, ce qui donne une tonalité très différente des ambiances souvent montréalaise ou petite ville de banlieue des romans pour adolescents.

L'adaptation en audio a choisi la voix de Karelle Tremblay, une adolescente ayant un léger accent saguenéen.  Elle a la retenue, le côté boudeur et la fraîcheur de Catherine dans sa voix.  C'est juste parfait.

Un excellent roman.

Ma note: 4.75/5

vendredi 21 décembre 2018

Club sandwich de Zviane

Club Sandwich  Zviane  Pow Pow  132 pages


Résumé:
Recueil de BDs que Zviane a écrite lors de différentes éditions du défi des 24 h d'Angoulème.  Les thématiques sont vastes, mais toutes les BDs ont des contraintes formelles et ont été produites au rythme d'une planche par heure.

Mon avis:
Ce qu'il y a d'intéressant dans ce recueil, c'est qu'il donne une idée du talent brut de l'auteure.  Les BDs sont produites dans un contexte accéléré et sans préparation préalable.  Il faut donc avoir de la suite dans les idées, de l'encre dans le stylo et une bonne provision de café.  Le style très épuré de Zviane convient très bien à ce genre de défi et c'est donc un plaisir de la voir raconter ces histoires inventées sur le coin d'une table, littéralement.  Même avec toutes ces contraintes, Zviane réussit à nous raconter des histoires intéressantes, avec des personnages complets, auquel on s'attache, une planche à la fois.

Comme c'est écrit lors de différentes éditions d'un même défi, les histoires n'ont aucun lien entre elles et sont plutôt disparates.  Ça se lit plus comme un recueil de nouvelles en BD que comme une BD tel quel.  C'est dans la variété des styles et des genres que l'on voit à quel point, autant au niveau de l'émotion que du dessin, l'auteure maîtrise différentes techniques et approches pour rendre ses histoires.  Zviane est capable de faire beaucoup d'autres choses que du Zviane comme sur son blogue!

Si on est honnête, ce recueil ne changera pas le monde, mais, un peu comme un cahier d'esquisse, il permet de voir le talent sous les couches de travail et de retravail que représente un album plus fini et plus fouillé.  Intéressant à lire pour connaître le travail de la bédéiste.

Ma note: 3.5/5

vendredi 14 décembre 2018

Les fleurs du roi: 1- Le labyrinthe de Julie Martel

Les fleurs du roi  tome 1  Le labyrinthe  Julie Martel  Médiaspaul  186 pages


Résumé:
Amaryllis vit près de la mer Sévérine, élevée par une sorcière des herbes, sa mère adoptive.  Elle a seize ans et est sur le point de quitter le foyer qui l'a vue grandir, quand elle est enlevée par un dragon, qui l'emmène aux portes d'un mystérieux labyrinthe.

Capucine vit dans les montagnes, avec ses parents adoptifs.  Sa vie est simple et rude, mais elle l'aime.  Un jour, un dragon l'enlève pour l'emmener aux portes d'un mystérieux labyrinthe.

Trois adolescentes aux noms de fleurs sont prisonnières de l'antre d'un ogre.  Quand elles en sortent, elles commencent à raconter leur histoire, qui a commencé un an plus tôt...

Mon avis:
Habituellement, j'aime le procédé qui consiste à commencer une oeuvre en plein milieu de l'action, en nous pitchant dedans et en nous dévoilant ensuite l'univers.  Cette fois-ci, je n'ai pas apprécié du tout. Le problème, c'est que le début de l'action est aussi un prétexte pour nous lancer plein d'informations à la tête, mais auquel on ne comprend rien parce qu'on a rien à quoi les raccrocher.  On nous présente les personnages en même temps que leur univers en même temps qu'on est en train d'être en action avec elles.  C'est trop!  Je suis quand même habituée aux histoires complexes, mais quand les termes étranges s'accumule en moins de dix pages, liés à des événements et à des situations précises, ouf, ça finit par être mêlant.  D'autant plus qu'après une scène d'ouverture dense, on alternera entre deux personnages qui racontent leur passé, tout en suivant une action au présent.  Bref au point de vue narratif, c'est dense.

Des trois soeurs, nous n'en connaîtrons vraiment que deux.  On comprend vite qu'elles ignoraient l'existence les unes des autres et que leur situation dépend d'une prophétie faite avant leur naissance.  L'arrivée d'Amaryllis, puis de Capucine bouleversera à la fois celui-ci et leurs vies.  Car une fois entré, nul ne sort du Labyrinthe.  Mais la colère y gronde.  C'est là que le caractère des deux soeurs, bien définis, va jouer.  Amaryllis est plus volontaire, plus forte, mais elle est dans la manipulation, le contrôle.  Capucine est complètement perdue dans ce Labyrinthe, elle n'en comprend pas vraiment les codes et les enjeux.  C'est la plus douce des trois soeurs, mais aussi la plus empathique.  Le contraste entre ces deux personnalités bien campées nourri très bien l'intrigue.

L'écriture de l'auteure me semble sur le frein à main.  Elle a sous la main un magnifique univers qui pourraient se déployer à foison, mais on dirait qu'elle a condensé et simplifié volontairement beaucoup d'éléments pour entrer dans un cadre jeunesse.  Cela ne gâche pas les personnages qui demeurent extrêmement nuancés et crédibles, mêmes les secondaires, mais cela nuit à la richesse de l'univers et à l'intrigue car elle ne peut pas se permettre de prendre autant de place pour les rendre qu'elle l'aurait pu.  Un peu dommage parce que ça se ressent pas mal à la lecture.

Ma note: 3.75/5

mercredi 12 décembre 2018

Motal Galactic: 3- Comme dans le temps de Pierre Bouchard et Francis Desharnais

Motel Galactic  tome 3  Comme dans le temps  Scénario de Francis Desharnais Dessins de Pierre Bouchard  Pow Pow 107 pages


Résumé:
Pierre Bouchard 1.0 ne se sent pas bien dans l'avenir finalement.  Le passé lui manque.  Avec l'aide de son 1.3 et des chansons de la Bolduc, il va retourner à son époque.

Mon avis:
J'avais adoré le premier tome de cette trilogie qui s'amuse à voir le Québec étendu à la grandeur de la galaxie.  Sauf que je ne sais pas, quelque part en route, j'ai décroché.  À un moment donné, c'est rendu trop gros pour être réaliste et trop décousu pour avoir du sens.  Et ce troisième tome fait encore plus dans l'hyperbole que les deux premiers.  La description des matchs de hockey du futur, où l'enjeu ressemble plus à un match de boxe sur patin qu'autre chose, m'a déplu.  Par contre, la méthode pour remonter dans le temps (faire le tour du soleil comme dans Star Trek... mais en chantant des chansons de la Bolduc!) m'a fait franchement rire!  Surtout quand ils se trompent de chanteur quelques instants et les effets que ça aura!  Même chose pour les clins d’œil que les deux auteurs se permettent à eux-même.  Néanmoins, je ne dirais pas que j'ai ri tant que ça à lecture, sinon jaune le plus souvent.

Le dessin est tout autant déconstruit que dans les deux premiers tomes.  Il n'y a pas de cases dans cette BD, ce qui n'empêche pas le dessinateur de jouer avec les prises de vues et d'insuffler beaucoup de vie et de mouvements dans ses pages.  Il y a quelque chose de spontanée et de léger dans le dessin, impression renforcée par le fait que les corrections ne sont pas toujours complètement effacées.  Les visions de l'espace envahie par les stands à patates frites sont toujours aussi réussies, mais j'ai préférée les scènes dans le passé, soit dans notre présent.  La différence entre les deux permettaient de voir les deux époques sans avoir à en ajouter beaucoup.  Même avec la présence du petit engin spatial avec lequel ils voyagent!

Bref, il y a du bon, mais dans mon cas, la sauce n'a pas prise du tout.

Ma note: 3/5

lundi 10 décembre 2018

Les défis littéraires

Salut!

Il y a peu de temps, j'ai vu passer sur le net un billet d'une blogueuse qui remettait en cause les défis littéraires.  Malheureusement pour moi, je n'ai pas pris l'adresse du blog...  Sauf que ce billet m'a beaucoup trotté dans la tête.

Pour ceux qui ne connaissent pas, les défis littéraires sont un phénomène assez important dans certains cercles de blogueurs ou forums de discussion.  En gros, on propose un défi: lire 26 livres dans l'année, soit un par lettre de l'alphabet, se concentrer sur la littérature policière ou encore remplir une grille pré-établie qui donne des points, comme c'est le cas pour le Grand défi de la littérature québécoise auquel, je ne m'en cache pas, je participe.

Ce genre de défi va dans toutes les directions et sont nombreux.  C'est ce qui fait leur charme.  Si vous voulez ouvrir vos horizons littéraires, c'est souvent une excellente façon de procéder.  Personne ne gagne rien avec ce genre de défi, sinon la satisfaction de l'avoir fait.  Ces défis sont avant tout personnels et non-contraignants: on fait ce qu'on veut, personne ne viendra nous le rappeler si on le néglige.  Le fait qu'ils soient publics et que d'autres personnes participent avec nous est par contre un facteur de motivation: on voit les autres lire plus vite que nous ou rattraper nos scores et on se dépêche de lire plus.  C'est pour l'honneur!  Rien ne nous y oblige!  Mais pour en avoir fait de plusieurs dans ma vie, je peux dire que la plupart des participants prennent ce genre de défi très au sérieux.  Au point de s'imposer beaucoup d'auto-contraintes.

Parce que ces défis, ils n'ont pas que des côtés positifs...  Première des choses, on ne lit pas ce qui nous tente, on planifie nos lectures en fonction du défi.  Le dernier tome de cette série que vous attendiez avec impatience paraît?  Vous retarderez sa lecture pour lire ce livre pour compléter votre défi.  Vous finirez ce livre d'un ennui mortel parce que, hé bien, il vous faut un livre d'un auteur dont le nom commence par X et que rendu là, le choix n'est pas immense... (fait vécu!).  Mais surtout, comme la plupart des défis carburent à la quantité lue, vous délaisserez les livres plus longs ou plus exigeants pour vous concentrez sur les livres courts et les bandes dessinées.  Parce que ça va plus vite!  Tout simplement.  Aucun rapport avec le fait que ces livres vous tentent ou non.  Il faut compléter le défi, avancer, ramasser des points, etc.  Auto-pression vous dites?  Les défis littéraires flirtent souvent avec cette notion.  Il faut être conscient des pièges de ceux-ci et savoir les maîtriser si on ne veut pas s'embarquer dans toute une histoire de contraintes.

N'empêche, ces défis ont aussi des côtés positifs, le premier étant qu'ils nous poussent à lire des livres qu'autrement, on aurait jamais ouvert.  Ce n'est pas obligatoire de passer par un défi pour ça, je le sais, mais ça donne souvent un petit coup de pouce pour sortir de sa zone de confort.  De la même façon, comme on ne le fait pas seul, ça donne souvent une motivation à lire plus ou à lire différent.  Les lectures des autres peuvent aussi devenir une belle source de découvertes, sans compter celles que l'on fait soi-même.  J'ai eu plusieurs coups de coeur avec des auteurs que je n'aurais jamais lu autrement.  Et ça aide aussi beaucoup à vider une PAL qui a une tendance trop importante à l'embonpoint!

Je dois avouer que j'aime bien le principe des défis littéraires, mais il faut faire attention de ne pas tomber dans les excès, parce que souvent, leurs défauts finissent par surpasser leurs bienfaits.  D'autant plus que comme c'est nous qui choisissons, la tentation de voir trop grand est peu être très forte et pas du tout subtile, mais vécue en solitaire.  J'ai connu beaucoup de lecteurs et de lectrices qui sont tombés dans le piège!  Mais si on les prend dans le bon sens, les défis littéraires peuvent apporter beaucoup de positif.

C'est bien pour ça que je suis en train d'en faire un! ;)

@+ Mariane

vendredi 7 décembre 2018

Lui de Patrick Isabelle

Lui  Patrick Isabelle Collection Domaine Jeunesse  Leméac  145 pages


Résumé:
Lui est sorti du centre jeunesse, après avoir purgé sa peine.  Sa sortie aura un impact, un impact qu'il devine, mais sans le ressentir.  Chaque personne que la fusillade a touché en ressentira un morceau.  Chaque personne, sera de nouveau bouleversé par lui.

Mon avis:
Ceci est le troisième tome d'une trilogie, mais personnellement et même si j'ai adoré les deux premiers tomes, celui-ci est le plus faible des trois.  Alors que les deux premiers étaient centrés sur le personnage de lui, cette fois, on va explorer les émotions des autres personnes impliquées dans cette histoire, en particulier l'autre, son intimidateur, celui qu'il a tenu au bout du canon de son fusils, mais qu'il n'a pas tué dans le premier tome.  Sauf que ce faisant, l'auteur se perd dans une foule de personnages secondaires aux deux premiers romans.  On lit un chapitre, centré sur l'un d'eux et on se demande: c'est qui lui déjà?  C'était quoi son rôle dans l'histoire?  D'autant plus que souvent l'auteur nous montre sa réaction à l'annonce de la sortie de lui du centre jeunesse, sans pousser plus loin, ni mettre en contexte ses relations passées avec lui.  Cela donne une impression de seulement effleurer le sujet.  C'est correct pour un ou deux personnages, mais on en verra ainsi cinq ou six, toujours en surface.  Cet ado qui fait sauter les ordinateurs de ceux qui voudraient tuer lui, après le chapitre qui lui est consacré, on le perd de vue.  Son ancienne copine l'apprend en sortant fumer une cigarette, mais ensuite?  Rien.  L'effet choral du livre, qui voulait montrer l'impact de son geste, autant auprès de lui que des autres, manque sa cible.  Certains sont réussis plus que d'autres, comme celui qui vient s'excuser ou sa prof de français du centre jeunesse, mais dans l'ensemble, c'est lui et l'autre qui demeurent les plus intéressants, parce que les plus développés.  Quand à la toute fin, elle reste nébuleuse, sûrement volontairement.  Une façon comme une autre de finir, mais après avoir lu les deux premiers tomes, j'ai plutôt eu l'impression de faire face à une queue de poisson.  Cela demeure magnifiquement bien écrit, mais la substance est désormais diluée dans trop de direction pour faire  mouche.

Ma note: 3.75/5

mercredi 5 décembre 2018

Du bon usage des étoiles de Dominique Fortier

Du bon usage des étoiles  Dominique Fortier  Alto  Lu en audio  Raconté par Bruno Marcil  et Catherine Trudeau  5h56 minutes  Disponible gratuitement sur le site de Radio-Canada


Résumé:
Mai 1945.  Sir John Franklin s'embarque à bord de l'Erebus, navire adapté à l'Arctique pour découvrir le fameux passage du Nord-Ouest.  Il est à la tête de deux navires dont le second est dirigé par Francis Crosier, commandant du Terror.  Durant l'attente de cette expédition, dont nul ne doute qu'elle sera couronnée de succès, sa femme Lady Franklin voyage et mène une vie mondaine.  S'écouleront trois longues années durant lesquels, l'équipage vivra isolé du monde.  Jusqu'à ce que la question de la réussite de leur expédition ou encore même de leur propre survie, se pose...

Mon avis:
Ce livre ne suit pas une forme continue comme tel.  Il est fait d'éclairs de lucidité, de manuels scientifiques, d'un journal intime, de dialogues entre deux matelots avant de dormir, autant de façon déconstruite et de raconter l'histoire de ces hommes et de ces femmes qui ont été touchés, de près ou de loin, par l'expédition.  Parce que loin de se concentrer uniquement sur la vie à bord, le livre élargit ses horizons et nous fait par la même occasion le portrait d'une époque.  Que ce soit à travers Lady Jane Franklin, sa nièce Sophia Crawford, Francis Crosier, le second de l'expédition ou Sir John Franklin lui-même, le livre s'amuse à changer de narrateur et de point de vue, donnant même deux façons différentes à Crosier de s'exprimer, par le biais d'un monologue interne autant que par son journal de bord.  L'auteure a l'immense talent de nous donner l'impression d'y être, à bord du Terror et de l'Erebus pris dans les glaces.  Autant dans les réflexions scientifiques de Francis Crosier que dans les salons londoniens.  Autant dans le portrait d'une époque qui croyait que la science allait tout résoudre que dans la confrontation avec la nature qui allait prouver que l'arrogance des hommes serait toujours plus vaste que le monde qui l'entoure.  Elle a un talent pour nous plonger dans l'atmosphère de cette époque, de montrer ses doutes, ses excès et ses succès.

Cependant, le portrait est double, car on suit aussi Lady Jane Franklin qui de son côté, nous donne à voir une femme très loin de l'idée de l'imaginaire victorien que l'on a: aventurière, engagée, volontaire, exploratrice, aussi à l'aise dans un salon de thé que sur le dos d'un éléphant.  C'est à travers ces deux portraits que l'on voit se dessiner le monde, celui, refermé sur lui-même, des deux bateaux pris dans les glaces et celui de Lady Jane et de sa nièce Sophia, entre le thé de cinq heures, les bals et les invitations mondaines.  Sans jamais trop s'écarter du peu que l'on sait du sort réel de l'expédition Franklin (on ne sait par exemple pas les causes de la mort de Sir John), on plonge dans la vie de ces marins anglais prisonniers de la glace.  Ce qu'ils faisaient pendant les longs mois d'hiver, les conflits, les décisions à prendre, les manières anglaises, si peu adaptées à la vie dans de telles conditions.

La langue dans lequel est racontée l'histoire est musicale, délicate comme de la dentelle.  Même si on sait au départ que les hommes qui s'embarquent sont condamnés à mort, elle sait nous les rendre telle qu'ils étaient: vivants, confiants, certains de réussir au départ, puis, petit à petit, le doute s'installe et les ronge.  Les émotions sont finement rendues, dans toutes les nuances que les différences de caractère, d'éducation et de mentalité donnent aux personnages.

J'ai écouté le livre en audio et je ne peux que le recommander.  La voix de Bruno Marcil sait rendre les nuances de l'écriture de l'auteure, les inflexions de voix qui changent tout.  À certains moments, le montage sonore utilise certains effets pour mieux nous montrer l'écriture de l'auteure, faisant preuve d'une créativité bienvenue dans un livre audio.  Le portrait qui s'en dégage est magnifique, délicat et gracieux, malgré une histoire qui on le sait dès le départ, fini mal, très mal.  La fin n'est d'ailleurs pas joyeuse, ni heureuse, mais elle belle, belle et froide comme l'est une aurore boréale.

Ma note: 5/5

lundi 3 décembre 2018

À hauteur de livres et de villes

Salut!

L'an dernier, j'ai pour la première fois visité la ville de Paris.  Paris...  Ce seul nom fait rêver.  C'est la ville de l'amour, la ville des écrivains, la ville pleine d'Histoire et d'histoires au détour de chaque rue.  Une ville mythique.  En repartant de là, je dois avouer que j'étais plutôt déçue.  Pas que la ville ne soit pas belle, mais je n'avais pas trouvé ce que je m'attendais à y trouver.  Je n'avais pas trouvé le mythe.

J'ai lu des dizaines de romans parlant de Paris, à toutes les époques à peu près de son histoire.  Des romans contemporains, plus anciens, les romans d'Alexandre Dumas bien sûr, ceux d'Alphonse Daudet.  Du Da Vinci Code à Notre-Dame de Paris, innombrables sont les romans qui décrivent cette ville.  Sauf qu'en me promenant dans les rues, je ne reconnaissais pas ce que j'avais lu.  Je n'y retrouvais pas cette ville sur lequel j'avais tant lu et dont j'avais tant rêvé.

C'est en me promenant dans les douves de l'ancien Louvre (aménagées et sèches, je vous rassure) que j'ai compris ce qui me manquait tant.  J'ai avancé ma main et j'ai touché une pierre.  Quelqu'un, il y a plus de mille ans, avait posé cette pierre à cet endroit, elle et toutes celles qui l'entouraient.  J'ai pensé à l'effet que me font les pierres des bâtiments du vieux Québec, qui me chatouillent l'âme à chaque fois que je les vois.  Ces vieilles pierres, je les connais, elles font partie de moi.  Celles de Paris étaient muettes à mes sens.  Jusqu'à ce moment, devant cette muraille de pierre millénaires, où j'ai eu pour la première fois de mon voyage une impression d'authenticité.  Les douves du Louvre m'ont fait comprendre quelque chose de simple, mais de concret, quelque chose que je cherchais depuis plusieurs jours sans le comprendre: je ne trouvais pas l'âme de Paris.

Paris est une ville deux fois millénaires, vieille dame ayant connu plusieurs vies, ayant changé de visage au fil de son histoire, plusieurs fois ravagée par des incendies, bouleversée par des révolutions et des guerres, détruite, reconstruite, transformée au fil des besoins et des nécessités.  Ce n'est pas le Paris que j'ai lu dans les romans d'Alexandre Dumas.  Ce Paris, cette ville du Moyen Âge, elle n'existe plus ou du moins, pas de façon claire et visible.  Un oeil averti peut la voir derrière les transformations du XVe siècle, les bouleversements du XVIe, les avancées philosophiques du XVIIe, les révolutions du XVIIIe et les chambardements du XIXe.  Et j'ai même pas parlé du XXe siècle...

Paris est une ville moderne, mais ancrée dans son histoire.  Ce que je m'attendais à trouver en débarquant de l'avion pour ma première visite en Europe, je ne l'ai pas trouvé.  Ses rues, ses habitants, la musique de sa foule, sont authentiquement du XXIe siècle.  Le Paris des livres que j'ai lu, il n'existait plus, même si je le cherchais dans les quelques bâtiments qui restaient encore debout de cette époque.  Notre-Dame est trop touristique, j'ai visité Cluny, mais il est très centré sur l'art religieux médiéval, les multiples ponts de Paris ont été refais plusieurs fois...  Je me promenais dans les rues, mais ce sont des rues modernes.  Les Champs-Élysées ont beau être les Champs-Élysées, je ne voyais pas pourquoi Les petits filles modèles de la Comtesse de Ségur aimaient tant s'y promener!  Ce qui les animaient, ce qui les rendaient uniques à cette époque est disparu avec les gens qui y ont vécu.

Le matin de mon départ, je suis allée prendre un café Place de la Bastille.  Le serveur, un Parisien très sympathique (je sais que ça peut paraître contradictoire, mais c'est la pure vérité!) m'a raconté des pans de Paris que je ne connaissais pas.  Entre autre pourquoi la ville étaient envahie par les travaux...

-On a les Jeux olympiques en 2022!

-Ah oui?

-Ouais, les travaux sont déjà commencés, ils refont le métro et tout!

En partant, je lui aie dit que je voulais faire un petit détour par la place des Vosges que je prononçais comme vogue.  Il m'a corrigé.  C'est vôjje qu'il faut dire.  C'était le seul endroit digne de mention que j'avais le temps de visiter dans le coin avant de repartir.  Arrivée là, j'ai fait le tour de cette place charmante, mais entourée de hauts immeubles qui donne une impression d'étouffement aux lieux.  Je m'apprêtais à repartir, quand un passage des Neuf vies d'Edward de Chrystine Brouillet, un livre que j'avais lu dans l'avion à l'allée, m'est revenu en tête.  C'est ici que Delphine prend des photos d'un mystérieux inconnu, déclencheur des événements du roman.  Je suis restée un instant sur place, à m'imaginer où l'auteure avait mis en place ses personnages.  Étais-ce près des grillages noirs, de la statue de Louis XIII, à côté de cette fontaine, sous ces arbres là-bas au fond?  Je me suis amusée à essayer de trouver le roman dans les lieux.  Paris est Paris, une ville faite de dizaines d'histoires empilées les unes sur les autres, transformées, métamorphosées, fragmentées, certaines oubliées, mais d'autres racontées.  J'en avais trouvé une.

J'ai quitté Paris en me disant que j'avais sans doute adopté la mauvaise attitude touristique.  Je cherchais à y trouver les histoires que je connaissais, au lieu de laisser cette ville me raconter les siennes.

Je n'ai pas fait la même erreur avec Édimbourg!  ;)

@+ Mariane

mercredi 28 novembre 2018

Le Pouvoir? Connais pas! de Lise Payette

Le Pouvoir?  Connais pas!  Lise Payette  Québec Loisirs 225 pages



Résumé:
Élue le 15 novembre 1976 avec le raz-de-marée péquiste, Lise Payette a été la première ministre féminine du gouvernement de Renée Lévesque.  Dans ce livre, écrit quelques mois après son départ de la vie politique, elle revient sur son passage dans ce milieu difficile où elle s'est engagée par conviction et pour la cause souverainiste.  

Mon avis:
La quatrième de couverture le dit clairement: c'est un récit encore à chaud de l'expérience politique d'une personne.  L'auteure y raconte son expérience telle qu'elle l'a vécue, à hauteur de femme.  Elle ne cache rien: les apprentissages accélérés, une nouvelle façon de devoir se comporter en public, l'obligation de tenir sa langue, les relations loin d'être toujours faciles avec des collègues qui la remettent en question parce que femme et femme ayant une expérience professionnelle.  Elle aborde le double standard, mais aussi le travail de ministre.  Pas de questions de guerre, de commérages ou de règlements de compte, elle relate ce qui lui est arrivé, de son point de vue.  Évidemment, le choc a été brutal pour elle et le travail encore plus difficile que ce qu'elle pensait, mais elle ne semble pas en garder d'amertume.  Elle montre ses réalisations, les difficultés à les avoir aussi.  Sans faille.  La bataille de l'assurance-automobile, celle de la loi sur la protection du consommateur.  Celle aussi de la réforme du Code civil.  Il y a quelque chose de clinique et de froid dans ce livre, même si c'est justement ce qui est passionnant.  Il n'y a aucun pathos, aucune grand envolée, juste une expérience humaine.  

Même concernant le sujet ultra-sensible des Yvettes.  Ces fameuses Yvettes qui ont plombé la campagne référendaire de 1981.  Une bonne partie du livre est consacrée à cette histoire.  Comment elle a été récupérée et instrumentalisée.  Comment son sens premier a été détourné et fait crève-coeur, l'a été par des femmes qui autrement, partagent les idées de Lise Payette.  Ce qui est surtout intéressant, ce sont tous les détails que donnent la proximité avec les faits.  J'avais lu sur les événements dans mes cours d'histoire, mais tout plein de détails et surtout, le contexte, leur donne un éclairage complètement différents.  Le débat entre femme au travail et femme au foyer, central aux Yvettes, a une tonalité complètement différente de nos jours.  

L'auteure possède une belle plume, mais elle est totalement dépourvue de fioriture.  Elle relate les faits avec un détachement qui peut toucher au journalistique.  Ce n'est pas un défaut en tant que tel, mais ça surprend un peu pour des mémoires.  En tout cas, le livre se lit presque d'une traite tellement elle sait bien rendre son sujet.  Excepté la partie qui traite de son testament politique, le mémoire sur le développement économique qu'elle a déposé avant son départ.  Cela devait être très intéressant en 1983, mais pas en 2018...  C'est en le lisant que je crois que j'ai le mieux saisi le chemin parcouru par le Québec depuis ce temps-là.  Et l'impact qu'avec ses années au pouvoir, Lise Payette a eu sur le Québec.

Ma note: 4.75/5

lundi 26 novembre 2018

La réalité parfois plus folle que la fiction

Salut!

Une fois, en écoutant Patrick Senécal en entrevue à Tout le monde en parle, je l'ai entendu faire un commentaire sur le fait que les lecteurs ont des limites à accepter que certaines choses puissent bel et bien faire partie de la réalité.  Même si l'invraisemblable est parfois arrivé, il expliquait qu'avec les Malphas, il avait créer un univers tellement gros qu'il avait pu faire passer des choses qu'autrement, il n'aurait pas pu.  Bon, ok, la dose de gros dans cette série est particulièrement élevée, mais ça fait qu'on est capable d'accepter certaines choses qu'autrement, on aurait certainement pas pu.

Pourtant, il n'y a qu'à consulter les rubriques faits divers et les livres des records Guiness pour constater que le monde est encore plus bizarre qu'on ne le pense.  Et que bien des choses qui seraient pour nous totalement invraisemblables font partie de la vie quotidienne et banale de certaines personnes.  Comme cette femme qui adore bouffer de la mousse de rembourrage de divan...  Ça me semble trop gros pour être vrai et je ne suis pas sûre de la crédibilité de la source, mais avouez que ça fait de la bonne télé-réalité!

Mais si on mettait un personnage qui fait exactement la même chose dans un roman... les gens vont décrocher!  À moins que le cadre ne s'y prête, à moins que ça ne soit logique dans l'histoire, mais si on est dans le mode à moindrement réaliste...  Va vraiment falloir que l'auteur(e) se lève de bonne heure pour que ça passe!  Sinon, on se dira que cette partie de l'histoire est arrangée avec le gars des vues, qu'une telle chose est impossible.  On refermera le livre en se disant, mais ils exagèrent ces auteurs!

Et pourtant...  Si c'est bien fait, ça passe.  Même l'invraisemblable, même l'impossible, ça peut passer si ça fait partie d'une bonne histoire.  Si on l'enveloppe bien, si on le présente bien, si ça ne sort pas trop d'un chapeau, si ça correspond à la logique de l'histoire... Ben, oui, ça peut passer.  Pas toujours, mais ça peut passer.  Ça reste difficile, parce que ça dépend de ce qu'on présente et de la manière dont on le présente. Sauf que...

Avouez que vous avez déjà entendu parler d'une histoire tellement folle qu'elle a l'air invraisemblable, même si elle est vraie.  (Tsé, comme la fois où les Écossais ont perdu les joyaux de la couronne...)  Ce genre d'histoire aura toujours le dessus sur la réalité parce que dans ce cas, il n'y a pas de trucages, pas d'astuces, pas d'emballage, il y a juste une histoire, trop incroyable pour être vraie, mais quand même réelle.  Et ça, il n'y a aucune fiction pour la battre.  Par contre, la fiction est excellente pour l'utiliser, cette histoire!

Combien de roman sont basés sur une anecdote, combien de films se sont inspirés d'événements réels, relatant un événement invraisemblable, mais qui est bel et bien arrivé dans la vraie vie.  Même si après ça les scénaristes ou les romanciers en rajoute une couche épaisse comme ça se peut pas, on les croira, tout simplement parce que ça contient une part de vérité.  Parce que ça part de la vraie vie, tout devient possible.  Y'a pas meilleur moyen pour en passer des vertes et des pas mûres!

@+ Mariane

mercredi 21 novembre 2018

Arvida de Samuel Archibald

Arvida  Samuel Archibald  Le Quartanier  Écouté en version audio Lu par Samuel Archibald et Gildor Roy 5h44  Disponible gratuitement sur le site de Radio-Canada


Résumé:
Arvida est une petite ville, construite pour être une ville modèle selon l'idée de l'américain Arthur Vining Davis.  C'est cette ville, ses environs et son imaginaire qui composent les nouvelles de ce recueil.

Mon avis:
Lire ce livre en audio a été à mon avis, une excellente idée.  Parce que c'est en l'entendant que l'on réalise tout le travail qui a été fait dans le rendu de l'oralité de la langue de ce coin de pays.  Le vocabulaire est riche et varié, certains termes utilisés ne doivent pas l'être souvent par les gens d'Arvida, mais toutes les sonorités rendent hommage à une façon de parler, de vivre.  Les nouvelles parlent de la ville d'Arvida, de ses environs, d'histoire se passant parfois plus loin.  Certains thèmes sont abordés de façon sensible, d'autres, de façon plus violente, comme dans la nouvelle Jiggai, la plus dérangeante du recueil.  Dans la version que j'ai écouté, l'auteur lit lui-même les trois nouvelles reliées plus spécifiquement à son enfance et laisse Gildor Roy lire les autres.  Choix très pertinent parce que la voix chaude et basse de l'acteur sied magnifiquement bien au propos raconté.  Les nouvelles flirtent parfois avec le fantastique, plus près de Guy de Maupassant que de fantastique moderne toutefois.  D'autres sont très réalistes, ancrées dans la réalité du coin de pays qu'elles racontent.  Les sujets abordés sont très différents, d'une tentative de meurtre à la vie en forêt, de l'implosion d'un couple dans une maison qui est le marqueur de tous les différents, du passage à l'âge adulte d'une adolescente.  D'autres d'histoires s'étant passée à Arvida, tout simplement.  Tout dans ce recueil de nouvelles est ciselé dans l'écriture, dans la narration, dans la façon de raconter.  C'est une succession de nouvelles, mais soigneusement choisies qui donnent un effet d'ensemble au recueil.  Pas étonnant que ce livre ait gagné le Prix des libraires en 2012!

Ma note: 5/5

vendredi 16 novembre 2018

L'Amérique ou le disparu de Réal Godbout d'après Franz Kafka

L'Amérique ou le disparu  Scénario et dessins de Réal Godbout d'après le roman de Franz Kafka  La Pastèque  184 pages


Résumé:
Karl Rossman a été envoyé en Amériqe par ses parents après que la bonne qui avait jeté son dévolu sur lui se soit retrouvée enceinte.  Il tombe d'abord sur son oncle qui l'accueille et le protège un moment, avant de le mettre à la porte pour des raisons obscures, deviendra amis avec deux larrons chômeurs qui le prendront sous leur aile et se serviront largement dans ses effets personnels, puis bénéficiera de la bonté d'une cuisinière d'un hôtel avant de se faire mettre à la porte dudit hôtel dans un coup largement monté.  Bref, c'est du Kafka, mais en bande dessinée.

Mon avis:
Les malheurs d'Archie résumerait bien ce livre.  Car dans le dessin des personnages, on sent une ressemblance avec le célèbre personnage de comics.  Cependant, le dessin est en noir et blanc et les mésaventures de Karl Rossman n'ont rien de drôle même si on rit parfois.  Comme c'est une adaptation de Franz Kafka, on sait déjà au départ que tout va tourner mal et que la fin ne sera pas heureuse, mais quand on voit le sort s'acharner sur le personnage principal, qui est trop bon et un peu naïf, on ne peut qu'avoir à la fois pitié de lui doublé d'une envie parfois de lui donner quelques claques.  

Il y a une grande précision dans le dessin.  La grand majorité des plans sont près des personnages, en particulier de Karl.  On suit l'intrigue à la hauteur de ce personnage ce qui nous le rend proche, sans aller jusqu'à dire qu'il est attachant.  Le travail des décors et des costumes rappellent d'autres BDs (Archie pour les personnages, Tintin pour les décors) dans le traitement, ce qui permet d'ancrer l'atmosphère, il faut bien le dire, kafkienne, de ce récit.  Certains plans inventifs permettent d'ailleurs d'entrer dans la tête de Karl.  Comme lorsqu'un des larrons lui dit qu'à force de se faire traiter comme un chien, on finit par en devenir un et que ce personnage, le temps d'une case, devient un chien lui-même.  L'intrigue, bien que faite d'une succession de malheurs, est très réaliste et on se prend à se dire que c'est sans doute déjà arrivé à quelqu'un...  Le dessin nous permet de suivre cette intrigue, de faire corps avec elle.  Ce n'est pas joyeux, on ne sort pas heureux de cette lecture, mais on peut mesurer tout le talent de l'auteur d'avoir réussir à la transcrire en bande dessinée.

Ma note: 4.25/5

mercredi 14 novembre 2018

La Sorcière du Palais de Sophie Bérubé

La Sorcière du Palais  Sophie Bérubé  Goélette éditions  305 pages



Résumé:
Maître Julie DeGranpré a disparu.  Avocate de la défense, elle défend des criminels.  Certaines mauvaises langues disent même qu'elle couche parfois avec eux...  C'est aussi une ancienne Procureure de la Couronne qui a sauté par-dessus la clôture, ce que beaucoup ne lui pardonnent pas.  Cependant, sa disparition reste une disparition et Mathieu Langlois, inspecteur au SPVM, fera ce qu'il fait toujours: tout mettre en oeuvre pour retrouver celle qu'il appelle sa cliente.  Même un peu plus, car cette cliente n'est pas tout à fait comme les autres.

Mon avis:
Il y a à la fois beaucoup de positif et beaucoup de négatif à dire de de roman.  Du côté du positif, l'auteure possède un vrai sens du suspense et sait nous garder habilement accrochée aux pages de son livre.  On veut vraiment savoir ce qui est arrivé à cette fameuse sorcière!  On peut aussi mettre à son crédit d'avoir su rendre son personnage d'avocate extrêmement nuancé.  Il y a en elle le fait qu'elle est prête à défendre les pires criminels, même des membres de la mafia, et un sens de la justice et de l'éthique dont on pourrait penser qu'ils sont incompatibles, mais, réuni dans un seul et même protagoniste, ça donne un personnage pleine de zone d'ombres très réussi.  Un très beau portrait de femme.  Les arcanes du milieu juridique sont, à mon sens, très bien dessinées et on saisit vite que la justice n'est pas toujours du côté qu'on pense.  Ça, c'était les fleurs, maintenant, le pot!  L'auteure use et abuse de certains effets de style.  Comme par exemple, si l'enquêteur parle avec quelqu'un au téléphone, le paragraphe suivant sera consacré à la réaction à l'appel de ce personnage.  Le problème, c'est que rien dans la présentation ne vient nous indiquer ce changement de personnages et à la longue, je me demandais dans la tête de qui j'étais.  De même, il y a beaucoup de monologues intérieurs qui sont des infosdump.  Show don't tell qu'ils disent?  Et bien, l'auteure aurait pu montrer plus que raconter, cela aurait amélioré la fluidité de l'histoire.  La fin était intéressante, mais le personnage qui finit par se révéler être le gros méchant manquait clairement de nuances et ça l'a affaiblit.  De plus, son importance était totalement secondaire pour le reste de l'intrigue, donc on a l'impression qu'il nous est un peu sorti comme un lapin d'un chapeau.  Par contre, j'étais heureuse de constater que l'auteure avait laissé sa personnalité toutes en zones grises à sa sorcière jusqu'à la fin.  À côté d'elle, l'inspecteur du SPVM fait un peu pâle figure.  Surtout que (clic), il tombe presque (clic) amoureux d'elle parce qu'elle est belle (clic), mystérieuse (clic) et qu'elle semble si fragile (clic) qu'il en viendra presque (clic) à remettre en question son couple (clic) a cause d'elle.  Vous voyez tous les clichés?  Exactement...  C'est loin d'être un mauvais livre et très très loin d'être un mauvais roman, mais il y a quelques points qui agacent à la lecture.  Dans l'ensemble par contre, j'ai passé un très agréable moment de lecture.

Ma note: 4/5

lundi 12 novembre 2018

Retour aux mammouths

Salut!

Cette semaine a lieu l'événement annuel de tout amateur de littérature: le Salon du livre de Montréal!  Événement grandiose (mais quand ça fait seize ans, le grandiose l'est un peu moins), où tous les auteurs (ou presque!) du Québec se rassemble, ainsi que les éditeurs, distributeurs (tsé, ceux que le public connaissent pas, mais qui te permettent de spotter où chercher ta maison d'édition préférée?), bref, les gens du livre se rassemblent.

Mais c'est également le retour, des terribles, des affolants, des TERRIFIANTS...

MAMMOUTHS!!!!!!!!!

Bon, ok, faut que je m'explique.

C'est quoi un mammouth?

C'est une créature habituellement disparue qui ressurgit pour la durée du Salon du livre (il doit y en avoir dans d'autres Salons du livre, mais je connais surtout ceux de Montréal).  Les mammouths ont pour principal caractéristiques d'être lents et de ne pas être conscients de l'espace qu'ils prennent.  Ils hantent les allées du Salon en prenant bien soin de circuler en plein milieu de l'allée.  Ils sont du genre à s'arrêter en plein milieu de celle-ci parce que miracle des miracles, ils viennent de voir... un livre.  Livre qui mérite instantanément toute leur attention.  Et qui leur fait oublier bien évidemment qu'ils prennent tout l'espace disponible pour circuler.  Ils s'arrêtent pour admirer le livre, provoquant derrière eux un bouchon de circulation salondulivresque dont ils sont inconscient ou pire, insouciant.

Les mammouths sont des animaux habituellement grégaires, ce qui veut dire qu'ils circulent en bande.  Mais ces bandes respectent une loi sociale très puissante qui font qu'ils n'ont pas la moindre envie de s'agglutiner les uns des autres, respectant par là une distance physique respectable entre chacun des membres du troupeau.  Ce qui fait que toute personne qui aurait envie de se faufiler entre eux sera forcée de les contourner, mais suffisante pour prendre le double de l'espace qu'ils auraient occupés en étant un brin plus serré.  Les mammouths protègent leur territoire, sachez-le.

Les mammouths sont des amateurs de lèche-vitrine.  Ce sont rarement de grands lecteurs.  Ils se promènent à pas lent, guettant l'instant où quelque chose captera leur attention.  Celle-ci captée, soyez sûr que les mammouths auront soudainement les pieds enracinés au sol incapable de se déplacer de plus d'un centimètre vers la droite ou vers la gauche.  N'importe quoi peut retenir leur attention.  Particulièrement une file d'attente d'un auteur dont ils n'ont jamais entendu parler, mais dont ils vont acheter le livre et faire la file, parce que «s'il y a autant de monde, c'est que ça doit être bon!»

Le mammouth se déplace souvent avec une poussette.  Pas le petit modèle agile et rapide, non, ils préfèrent les modèles familial, large et confortable, capable d'accueillir rejeton #1 et rejeton # 2.  Évidemment, rejeton #1 fini toujours par contester son transport en poussette et marche à côté de celle-ci, permettant aux mammouths d'augmenter l'espace physique qu'ils occupent à peu de frais.  Ce genre de poussette est parfait pour faire tomber des piles de livre soigneusement édifiées ou encore à laisser volontairement dans un passage pour être sûr de marquer son territoire.  Toute tentative de déplacer le-dit carrosse vous voudra une floppée d'excuse ou de jurons, selon que le ou la mammouth-propriétaire soit conscient ou non de l'espace physique qu'il ou qu'elle prend.  Dans la plupart des cas, il vous faudra vous glisser dans l'interstice entre la poussette et la pile de livre en équilibre instable pour éviter d'avoir à marcher à l'allure des tortues-interrompues-par-la-présence-d'un-livre-qui-justifie-un-arrêt-immédiat qu'impose le reste des mammouths dans les allées.

Bref, c'est le Salon du livre en fin de semaine.

Le dernier à la Place Bonaventure (fin d'une époque et petite larme)

J'ai vécu tous mes Salons du livre à cet endroit depuis des années.  Je l'ai arpenté de long en large, de haut en bas et j'en connais même des recoins que pas tout le monde connaît (tsé, quand t'as de bons contacts! :P ).  C'est la fin d'une époque... et le début d'une autre!

Bref, bon Salon du livre et gare aux mammouths!  (L'invasion est particulièrement intense le samedi!  Que tout le monde soit prévenu!)

@+ Mariane

jeudi 8 novembre 2018

Boucar disait: Pour une raison X ou Y de Boucar Diouf

Boucar disait: Pour une raison X ou Y  Boucar Diouf  Éditions La Presse 264 pages


Résumé:
Comment on fait les bébés est une question que pose tous les enfants du monde, y compris le fils de Boucar Diouf.  Seulement, c'est une vaste question!  Alors, armé de la science, d'une touche de sociologie et d'une bonne dose d'humour, Boucaar entreprend une longue réponse, qui fait le tour de cette question dans tous ses tenants et ses aboutissants.

Mon avis:
Évidemment, on plonge dans ce livre à la fois à cause de son sujet, mais beaucoup aussi pour la plume de son auteur.  Une petite déception ici: son humour résonne moins à l'écrit qu'à l'oral.  Ce qui n'en fait pas un texte inintéressant, loin s'en faut.  Si on vous serine depuis l'enfance la recette magique de la rencontre du spermatozoïde et de l'ovule, l'auteur de fera un plaisir de vous apprendre beaucoup plus.  Parce qu'au merveilleux royaume de la reproduction, ce petit moment s'avère beaucoup plus complexe qu'il n'en a l'air!  Et il ne constitue au final qu'un bref instant d'un processus beaucoup plus complexe où l'évolution, la culture, la biologie, la chimie et la sociologie ont aussi leur mot à dire.  Parsemé des jeux de mots suaves de l'auteur, le texte ratisse large, du premier regard à la naissance d'un petit être humain tout neuf, en passant par un large spectre et en empruntant beaucoup d'exemples au monde animal, question de se rappeler que nous ne sommes pas si uniques que ça.  Le texte est simple et abordable, mais n'est pas pour autant dépourvu de bases scientifiques solides.  Au contraire, on constate vite que c'est le talent de conteur et de vulgarisateur de l'auteur qui font la différence.  Ici, la grande aventure de la reproduction est raconté comme une histoire plus que comme un livre érudit.  Évidemment, le texte est truffé d'innombrables citations de son fameux grand-père!  On plonge dans ce livre pourtant scientifique quasiment comme dans un roman et on en ressort plus érudit et aussi un brin plus humaniste: après tout, ce qui est raconté est à peu de choses près la même histoire pour chacun de nous.

Ma note: 4.25/5

lundi 5 novembre 2018

Cultiver le désir

Salut!

Si vous jeter un coup d'oeil sur internet, et que vous taper Entretenir la flamme, vous risquez de trouver une très très très longue liste de conseils en 5 ou 10 points sur comment entretenir la flamme avec votre douce moitié.  Ça va des trucs érotiques aux trucs para-érotiques, du genre, essayez de nouveaux trucs, faites l'amour dans une autre pièce ou portez le pyjama de votre homme (je ne sais pas pourquoi on ne conseille aux hommes de mettre un déshabillé pour dormir, mais bon, j'ai sans doute pas lu les bonnes listes!)

Pourtant, il me semble que ce sujet d'entretenir la flamme, ça pourrait aussi s'appliquer à la lecture, parce que comme l'amour, c'est souvent une passion.  Une passion que l'on peut attiser, que l'on peut entretenir et qui peut s'éteindre aussi.  Un bon livre vous donnera envie d'en livre d'autres, un mauvais livre vous donnera envie de faire autre chose, trois mauvais livres de file...

Et voilà, le désir se perd.  Le désir de lire peut se perdre.  Il y a bien des gens qui disent qu'ils adoraient lire quand ils étaient plus jeune, mais que le travail, les enfants, la vie quotidienne leur en a fait perdre l'envie.  Ils zieuteront les livres de loin, regardant, mais en se disant, ah oui, dans le temps.  Comme dans un vieux couple qui a laissé l'usure du temps laisser son empreinte, la relation aux livres s'étiole et on se retrouve avec un adulte, qui, un livre dans les mains, se demande s'il peut se souvenir comment on fait déjà...

Je me reconnais dans cette histoire parce que dans mon cas, c'est arrivé.  Pendant de longs mois, je n'ai pratiquement pas ouvert un livre.  C'était suite à un déménagement doublé d'un changement d'emploi qui a totalement foutu en l'air mes habitudes de lecture, mais tout de même.  J'avais perdu l'envie d'ouvrir un bouquin.  Il faut aussi dire qu'à la même époque, j'avais lu beaucoup de mauvais livres d'affilés, que ce soit pour des défis ou pour d'autres raisons, en me disant tout le temps: tu dois le finir.  L'obligation est la meilleure façon de tuer l'envie, parce que l'envie, elle naît de la liberté de pouvoir dire oui ou non. 

Quand on y pense, une relation aux livres, à la lecture, ça peut durer toute une vie, alors autant en prendre soin et se respecter en tant que lecteur dans cette relation.  Se respecter, mais aussi se faire plaisir.  Oui aux bonnes lectures, qu'elles soient ou non convenables ou de qualité.  Oui aux trucs qui nous tentent.  Oui aux folies littéraires, aux endroits bizarres pour lire, oui à prendre son temps, oui à faire de la lecture un moment privilégié à soi...  Comme pour une bonne partie de jambes en l'air quoi!

Une panne de lecture, c'est comme une panne de désir.  On ne s'en remet pas en une journée en criant ciseau.  Il faut le vouloir, y mettre du temps et des efforts.  Être prêt à faire des essais et des erreurs et se dire que ça ne marchera pas au premier coup.  Mais je le sais d'expérience, ça en vaut la peine.

Oh et puis, pour ceux qui voudrait pousser la comparaison jusqu'au bout, oui, des fois, aller voir hors du cercle des livres qu'on connaît peut parfois aussi être excellent pour briser la routine :P

@+ Mariane

jeudi 1 novembre 2018

Un autre regard d'Emma

Un autre regard  Emma  Massot Éditions  Non-paginé


Résumé:
Emma est une bédéiste française engagée. Un autre regard est un recueil des meilleurs textes parus sur son blogue.

Mon avis:
Juste en regardant la couverture, on peut devenir que le principal sujet ne sera pas le patriarcat...  Emma est une blogueuse féministe engagée qui, avec ses BDs, questionnent la société française, les inégalités de genre, sociale et le racisme.  Forcément, le ton est à l'avenant.  Pour la lectrice nord-américaine, certaines problématiques plus franco-françaises sont moins claires et les raisons de les dénoncer le sont aussi, mais dans l'ensemble, la plupart des réalités décrites sont communes aux deux continents.  Les dessins sont très grands sur les pages (c'est adapté d'un blogue après tout!), ce qui fait que la BD ne rassemble qu'une dizaine de billets sur des sujets très divers.  Cela nuit à l'effet d'ensemble, mais ça en fait une BD à mettre entre toutes les mains: ça se lit en moins de deux, c'est clair, précis et très bien argumenté.  Un manifeste simple, accessible et complet sur les sujets traités.  Et vraiment, Emma, a un très bon sens de l'humour et une excellente façon de vulgariser par le biais de la BD.  À mettre dans les mains de ceux qui ont des doutes, ceux qui sont au courant des enjeux depuis quelques années n'y trouveront pas grand chose de neuf à se mettre sous la dent.

Ma note: 3.5/5


lundi 29 octobre 2018

Les lettres que l'on écrivait

Salut!

Récemment, ma mère s'est lancée dans une opération de grand ménage dans ses paperasses.  Au travers de vieilles photos, elle a retrouvé une lettre écrite par ma grand-mère.  Il y a parfois de drôles de hasard dans la vie, car c'est une lettre qu'elle a mise à la poste le jour de sa mort.  Elle écrivait à mon oncle qui vivait à ce moment-là aux États-Unis.  La lettre parlait de l'état de santé de mon grand-père, qui l'inquiétait beaucoup, d'un autre de mes oncles qui était venu repeindre chez eux avec mes cousins.  Elle parle aussi de la visite de sa fille, ma mère, qui était venue faire un petit tour quelques jours avant.  Ma grand-mère parle de sa visite comme étant «Christiane et sa famille sont venus dîner».  J'étais donc là, ce jour-là, même si je ne m'en rappelle pas.

J'ai lu cette lettre très récemment.  Je n'ai que très peu connu ma grand-mère, elle est morte lorsque j'avais à peine deux ans et demi.  En lisant cette lettre par contre, je me suis rendue compte à quel point, l'image que j'en avais était figée dans le temps.  J'y découvrais une maman préoccupée par ses oisillons, même loin du nid.  Elle voyait l'état de santé de mon grand-père se dégrader et on comprend que même si elle ne le dit pas explicitement, ça l'inquiétait.  Elle raconte qu'elle cachait les chocolats parce que ça lui causait des problèmes de digestion!  Sous mes yeux est apparu une toute autre personne que celle que je connaissais par ma mère.  Tout ça grâce à une simple lettre de trois pages.  Même regarder son écriture m'a appris quelque chose.  Ma grand-mère souffrait d'une grave myopie qui a joué sur la façon dont elle écrivait: les lignes de sa lettre était loin d'être droites, même si l'écriture était nettement lisible.

Autrefois, les gens s'écrivaient des lettres.  Il y a des recueils et des recueils de correspondances pour le prouver.  Que ce soit des lettres de nobles, d'intellectuels, d'écrivains, de journalistes, les gens, riches, pauvres, écrivaient.  C'était un moyen de communication, le seul parfois, avant que le téléphone n'existe et que l'internet ne rejoigne tout le monde.  Seulement, une lettre, ce n'est pas un simple document.  Première des choses, ce n'est que très rarement conçu pour être lu par une autre personne que celle auquel c'est adressé.  Les gens s'y livrent plus facilement, parce qu'ils parlent à une personne connue et souvent à une personne aimée.  Ils parlent de sujets personnels, voire intimes.  Par lettre, on se disputait, on se réconciliait, on se faisait de grandes annonces, de grands aveux ou on jasait du quotidien.  On gardait le lien, la communication.  On se parlait.

Lire la correspondance entre deux personnes, c'est entrer dans leur intimité, dans leur communication, dans leur vie.  Quelque soit les personnes impliquées, nous avons un accès privilégié à leurs vies.  Que ce soit les lettres entre Gérald Godin et Pauline Julien, les lettres entre Albert Einstein et Max Born, les lettres entre Winston et Clementine Churchill, ou la volumineuse correspondance de Voltaire (13 volumes en Pléiade...) toutes nous donnent un autre regard sur les personnes qui écrivent.  Quand on pense à ce que l'on a appris avec sur le Frère Marie-Victorin grâce à ses fameuses Lettres biologiques, on peut se dire que ce sont aussi de formidables moyens de connaître une personne sous un autre angle!  Mais même les anonymes peuvent, par leurs lettres nous apprendre beaucoup de choses.  Les historiens peuvent vous le confirmer: les lettres sont une merveilleuse source d'information.  Lire les lettres des soldats de la Première Guerre mondiale c'est avoir un tout autre regard sur cette guerre que celui des livres d'histoire.

Mais aujourd'hui, écrit-on?  Qui prend la peine de s'asseoir avec papier et crayons pour écrire à une autre personne?  Cet art de la correspondance se perd.  Non pas qu'on ne communique plus, bien au contraire!  Mais les conversations téléphoniques ne laissent pas de traces.  Il y a les courriels certes, mais je ne me souviens plus de la dernière fois où j'ai écrit un courriel suffisamment long pour que ce soit digne de mention.  Quand aux textos...  Hum, vaut mieux ne pas en parler!

Quand j'étais au primaire, cet art de la lettre existait encore.  Mes amies et moi, nous collectionnons le papier à lettre, celui qui empestait le parfum et venait avec les enveloppes assorties.  Je les gardais pour les grandes occasions!  Résultat, il m'en reste encore aujourd'hui (rassurez-vous, les feuilles ne sentent plus rien depuis des années).  On avait des correspondant, on leur écrivait et on guettait la poste pour la réponse.  On écrivait aussi au Père Noël!  Tout le monde connaissait son adresse: Père Noël, Pôle Nord, H0H 0H0.  Je ne sais même pas si Neveu a jamais écrit une lettre de ce genre...

C'est étrange qu'en moins d'une génération, cet art se soit perdu.  La technologie y est certes pour beaucoup, mais sûrement pas que.  Il faut du temps pour correspondre, se poser, penser à ce que l'on va dire.  La rapidité des communications de nos jours nous décourage de prendre autant de temps pour un acte aussi simple.  Il y a tant d'autres façons de se parler de nos jours...  Cela causera des maux de tête aux biographes de demain, mais ça c'est sans doute un détail.  Je ne m'imagine pas vraiment relire mes messages instantanés sur le Catalogue de visages et sincèrement, je ne pense pas qu'on pourrait en tirer tant de matière que ça!

Je regarde la lettre de ma grand-mère.  C'est un témoignage de sa vie, un moment qu'elle a écrit, avec les outils dont elle disposait à son époque.  Elle ne comprendrait peut-être rien aux émoticônes, aux textos et au langage d'abréviations dont j'inonde mes communications numériques.  Mais moi, je peux comprendre sa lettre.  Et c'est d'autant plus précieux.

Merci Grand-Maman, de l'avoir écrite.

XXX

Mariane

jeudi 25 octobre 2018

La ruche de Michèle Laframboise

La ruche  Michèle Laframboise Les six brumes  114 pages


Résumé:
Marilyn est une abeille.  Prisonnière de la Ruche, elle est une prostituée de luxe, modifiée pour être désirable et exploitée en tant que telle.  Dans cet univers où elle est un objet à consommer, elle n'entend que peu d'échos de l'extérieur.  Pourtant, les rumeurs de la guerre l'atteignent.

Mon avis:
Ce roman est un peu inégal.  La première partie, très descriptive, est centrée sur la vie quotidienne de Marilyn.  On y découvre la vie des abeilles, des prostituées de luxe.  Du moins pour un temps, puisque la longévité de celles-ci au sommet semble terriblement courte.  La deuxième partie est liée à l'enfance de Marilyn et à son arrivée à la Ruche, puis la troisième partie, au rythme très rapide, est concentrée sur sa volonté de fuir cet endroit.  L'ensemble fonctionne plus ou moins bien ensemble.  Il y a des parties descriptives très longue qui auraient pu être coupées (surtout dans la première partie) qui nous renseignent sur la vie des abeilles, mais est-ce utile de connaître autant de détails?  La plupart ne sont en rien liée au dénouement de l'intrigue.  Sûrement si le texte aurait été plus long, mais vu sa longueur, le tout aurait eu avantage à être reserré.  La deuxième partie était nettement plus intéressante, mais encore là très descriptive et ne nous en apprend pas beaucoup sur Marilyn elle-même qui se retrouve à être dépourvue de personnalité.  La dernière partie en revanche, plus centrée sur l'action, nous permet de mieux saisir le personnage et de s'identifier à elle.  C'est la partie la plus réussie de ce texte.  L'aspect science-fiction, qui traverse tout le roman est bien articulé, mais malheureusement encore là, très centré sur les descriptions des éléments de l'univers des abeilles, en particulier par le biais de la sordide araignée que toutes portent en elles et qui contrôlent leurs systèmes hormonaux.  Je ressors de ce livre en me demandant: qui est Marilyn, que veut-elle exactement?  Elle est tellement passive tout au long qu'il est difficile de savoir qui elle est.  Elle ne semble pas avoir d'opinion ou de personnalité à part un lien avec son enfance.  Autre point, les descriptions nombreuses et détaillées des scènes sexuelles sont très bien faites, mais on peut se demander pourquoi mettre tant d'efforts à ce que les abeilles aient des orgasmes lors de leurs rencontres avec leurs clients parce que ces messieurs ne semblent pas y accorder la moindre importance.  C'est un livre plutôt déroutant à bien des points de vue parce qu'il manque de vision d'ensemble.  Intéressant, mais désarticulé.

Ma note: 3.75/5

mardi 23 octobre 2018

Quand on cherche... on peut être surpris de ce que l'on va trouver!

Bonjour!

J'ai lu récemment un livre qui m'a fait vibrer, trembler, retourner et fait intérieurement frémir de bonheur intellectuel (j'arrête ici les descriptions ok? :P ).  Il s'agit de 1491, de Christopher C. Mann.  Si vous n'avez pas lu ma critique, c'est par ici!  Ce livre m'a interpellée de bien des façons et j'ai voulu en savoir un peu plus.  J'ai donc lu attentivement sa bibliographie et commencé à zieuter les articles qui ont nourri sa réflexion.  Particulièrement un article qu'il cite dans son introduction comme étant une de ses sources d'inspiration.  Un article publié en 1992 dans une revue savante américaine...
Pour le commun des mortels sans doute, ça aurait dans le domaine du ouf, je me casserais pas la tête à essayer de trouver ça.  Je l'ai plutôt vu comme un défi.

Vous savez quoi?  Je l'ai trouvé!  Ça m'a pris à peu près 15 minutes.  Gros max.  Et le fichier était téléchargeable et accessible gratuitement!  Bon, il faut le dire, j'ai fait un bac en enseignement de l'histoire, donc j'ai une base intéressante pour l'utilisation de certains outils de recherche beaucoup plus précis et intéressants que le géantdelarecherche.com.  Je sais pas si j'aurais trouvé si j'étais passé par là!  Mais bon, je savais que le catalogue numérique de la BANQ donnait accès à certains périodiques sur une plate-forme web et j'ai fouillé.  Il m'a fallu utiliser quelques mots clics pertinents, comprendre que la revue avant changé de nom quelque part au début des années 2000 ( :O ) et ma carte d'accès à la BANQ, mais pour le reste, fiou!  Ce n'était pas si complexe quand on savait la base.  Fort heureusement, je l'avais!

J'ai poursuivi mes recherches sur un autre sujet dont on parlait aussi dans le livre (je vous l'aie dit que j'avais aimé ce bouquin?).  Mes recherches m'ont encore une fois amené sur l'excellent site de la BANQ et j'ai trouvé plusieurs références, dont deux qui n'était consultables que sur place.  Je m'y suis donc pointée et j'ai été guidée par deux commis très serviables qui m'ont orienté vers une bibliothécaire professionnelle.  Cette charmante dame m'a aidé dans mes recherches et m'a expliqué comment faire pour consulter les livres uniquement disponibles dans les voûtes.  Il fallait remplir un formulaire, on m'a expliqué que je serais contactée dans les 2 à 4 jours ouvrables et que j'aurais ensuite un délai de trois semaines pour aller consulter le livre sur place.  J'ai donc fait la demande.  2 jours ouvrables plus tard, j'ai reçu un courriel m'expliquant qu'une version numérisé du livre existait...  et on m'a fourni l'adresse électronique y menant tout droit.  J'ai fouiné un peu sur cette banque de données et... :O

En plus, la bibliothécaire m'avait appris à faire des recherches sur une banque de données que je ne connaissais pas, Érudit, un accès en ligne à toute une série de revue de recherche.  Une autre mine d'or!  Accessible super facilement, encore une fois depuis le site de la BANQ.  Et encore, je ne vous parle pas des merveilles que j'ai trouvé sur les rayons des bibliothèques de la ville de Montréal!

Vous savez le mieux?  Rien de tout cela ne m'a coûté un seul sous noir.  Morale de l'histoire?  Si on veut vraiment trouver, on peut trouver et même des pépites d'or.  L'information n'est pas si inaccessible que ça, même sur des sujets pointus.  Évidemment, il faut avoir une base de recherche, ne serait-ce que savoir que les outils existent et qu'ils sont accessibles.  Il n'y a jamais eu autant d'information de disponible et de qualité.  Et jamais leur accessibilité n'a été aussi grande.  Sans même avoir à avoir à ouvrir son porte-feuille.

De nos jours, on dirait parfois que notre paresse nous fait sauter sur la première référence plutôt que de penser à chercher un petit peu plus loin que le bout de notre souris.  Pourtant, jamais ça n'a été aussi facile de trouver les bonnes sources.  Même les universités mettent leurs bibliothèques en ligne!  C'est surprenant qu'en cette ère, les fameuses fausses nouvelles soient aussi abondantes.  Et pourtant, en même temps non.  Quand il y a tant d'informations à portée de main, de savoir faire la différence entre une bonne et une mauvaise information peut devenir de plus en plus difficile.  On appelle ça l'esprit critique et c'est autrement plus difficile à développer que de savoir où chercher...

@+ Mariane

jeudi 18 octobre 2018

Shelton et Felter: 2 Le spectre de l'Adriatic de Jacques Lamontagne

Shelton et Felter  tome 2  Le spectre de l'Adriatic  Scénario et dessins  Jacques Lamontagne  Coloriste Scarlett Smulkowski 48 pages


Résumé:
À peine remis de leurs premières aventures, Felter s'embarque à son corps défendant sur le paquebot l'Adriatic à destination de l'Angleterre.  Il doit  assister aux funérailles de sa soeur qu'il n'a pas vue depuis vingt ans.  Voyez-vous, c'est qu'il a le mal de mer...  Shelton l'accompagne.  Il fait bien.  À bord, un maître chanteur sera bien vite assassiné, des portes-feuilles disparaissent des poches de ses messieurs et une vedette de cinéma a un comportement des plus étrange.  Bref, il y a à bord de quoi faire oublier le mal de mer de notre libraire préféré!

Mon avis:
Cette Bd est un pastiche des enquêtes à la Sherlock Holmes où il faut être attentif au moindre détail pour pouvoir saisir qui est, au final, le meurtrier.  Dans ce sens, c'est réussi, mais il faut apprécier d'être légèrement mené en bateau!  Les ficelles qui relient les indices sont légèrement trop grosses pour être véritablement crédibles, mais au final, c'est vraiment divertissant.  Les deux personnages ayant été présenté dans le tome précédent, on les connaît et on passe plus de temps sur le mystère du qui est le meurtrier.  Le talent de l'auteur, qui est aussi le dessinateur est indéniable au point de vue du cadrage et du déroulement de l'histoire.  Le dessin des personnages est bien fait (on sent le métier derrière) et l'effet du mouvement est réussi.  Tout roule ma poule!  Mais au point de vue de l'intrigue policière, c'est un peu moins réussi.  Et ça fait diminuer le goût de lire cette BD.  Je crois que je ne suis pas vraiment le public cible...  Ça doit prendre une petite touche de naïveté de plus que ce que je n'ai pour bien embarquer dedans.  Je devrais la faire lire à Neveu...

Ma note: 3.75/5

lundi 15 octobre 2018

Hommage à F

Me lever avant l'aube, me préparer, sauter dans la voiture alors que le soleil est à peine levé.  Partir sur la route, rouler, rouler des heures, remonter la 40 ou la 20 selon ce qui adonne le plus.  Arrêter en chemin ramasser un petit déjeuner parce que le prendre avant de partir voudrait dire avoir l'estomac dans les talons avant l'arrivée.  Ma famille élargie n'a jamais compris que quand on monte de Montréal, prévoir le salon funéraire à 9h le matin à Québec est beaucoup trop tôt.

Et oui, le fameux salon...  De toutes les funérailles auquel j'ai assisté, le lien commun est toujours ce fameux passage dans cette salle bondée aux bruits de conversations jamais brisées par un éclat de rire.  Le ton est solennel et ennuyeux.  Mes oreilles d'enfant se rappellent de cette rumeur, moi qui aie bien trop fréquenté ces endroits à cet âge.  Sans le comprendre.  Maintenant adulte, je retourne au salon funéraire à l'occasion des morts qui commencent à tisser la trame de l'histoire familiale.  C'est la seule occasion que j'ai de revoir mes cousins et cousines, tous mariés et bien occupés avec leurs familles.  De toutes façons, les partys de Noël ont pris fin avec la mort des grands-parents, je ne les connais que très peu.  J'ai même parfois un peu de mal à replacer certains noms sur des visages que je reconnais pour le reste.

Ma tante F est morte le 2 octobre 2018.  Une femme discrète que je n'avais pas vue depuis des années.  Depuis son ACV survenu en 2011, elle n'était plus guère sortie du centre de soins où elle vivait.  Je garde par contre un très bon souvenir d'elle.  Nous avions toutes les deux en commun deux amours: les livres et les chats.  C'est la seule de la famille à part la mienne à jamais avoir eu un félin et elle en parlait toujours avec une grande affection.  Et puis il y a les livres...

Lorsque j'avais une dizaine d'années, ma tante m'a offert lors d'une visite à Québec une boîte de livres.  Une boîte dont elle voulait juste se débarrasser.  Ce n'était sans doute pas les meilleurs choix littéraires, mais quand même.  C'est à elle que je dois d'avoir lu du Danielle Steel, du Barbara Taylor Bradford et du Kathleen E. Woodiwiss.  Ma mère qui m'interdisait les romans Harlequin n'y a vu que du feu.  J'ai tenu un bon bout de temps sur cette boîte de livre.  Je les aies presque tous lus et presque tous donné lors d'un grand ménage de bibliothèque, vers la fin de mon adolescence.  N'empêche...

Tante F m'avait donné des livres.  Des livres qu'elle aurait pu revendre à une bouquinerie, ce qu'elle n'a pas fait.  Ce sont sans doute les premiers livres que j'ai lu qui sortaient du domaine de la littérature jeunesse pour rentrer dans celle des adultes.  Cette boîte de livres a tenu occupée la jeune adolescente que j'étais, qui habitait loin d'une bibliothèque, pendant un sacré bon bout de temps.  Ce sont les premiers romans épais que j'ai lu.  Ça m'a fait découvrir une façon de raconter des histoires différentes des romans jeunesse, ça m'a appris que ces livres-là étaient dorénavant à ma portée.  Mon cerveau a pris bonne note de cette information.

La main sur son urne, j'ai pris un bref moment pour lui souhaiter bon voyage.  Elle venait d'être libérée de son corps qui la gardait prisonnière d'elle-même depuis des années.  Et j'ai ajouté en mon fort intérieur: «Merci pour les livres!»  Elle avait sans doute oublié cette boîte depuis des années, mais pas moi.  La pré-adolescente que j'étais a bien profité de ce don, fait sans doute sur un coup de tête.  C'est un lien d'une lectrice à une autre, un lien silencieux, mais précieux, que celui de donner ses livres.

Merci pour les livres Tante F.  Et bon voyage.

Mariane