Collegium Chronicles tome 4 Redoubt Mercedes Lackey Daw 394 pages
Les lectures de Prospéryne
On peut se passer de tout, sauf de la littérature et des chats...
jeudi 17 août 2023
Collegium Chronicles : Redoubt de Mercedes Lackey
lundi 7 août 2023
ChatGPT, ce blogue et moi
Salut!
L'autre jour j'ai écouté un épisode du balado The Daily du New York Times qui parlait de l'intelligence artificielle et plus particulièrement de ChatGPT. Les deux journalistes discutaient des impacts de celle-ci sur les droits d'auteurs, sur la création, mais ils allaient plus large encore et je me suis mis à écouter encore plus attentivement. C'est connu, les modèles d'IA actuel se nourrissent de tous les textes trouvés sur internet qu'ils peuvent. On le sait, mais c'est quand on regarde les détails que l'ampleur du phénomène se déploie.
La balado distinguait deux situations: celles des personnes protégées par le droit d'auteur et les autres (dont ce blogue fait parti). Disons que vous publiez un roman. Vous êtes protégés. En théorie. Si quelqu'un, quelque part numérise votre roman et le met quelque part sur le web, vous êtes cuits. ChatGPT ou ses collègues IA vont le trouver et se nourrir de ses mots. Ensuite, ces merveilleuses machines pourront créer du matériel tellement semblable à l'original que bien des gens s'y laisseront prendre. Évidemment, ce ne sera sans doute pas du matériel qui va réinventer votre plume, vos thèmes ou vos idées, mais ce sera très proche. L'idée, c'est que sortir vos données de la matrice de l'IA est un peu comme remettre un génie dans sa bouteille pour l'instant: c'est sans doute possible, mais très difficile! Et il va falloir déployer beaucoup d'efforts pour y arriver. Bref, la situation n'est pas rose pour ceux qui ont des droits d'auteurs, mais à force de poursuites judiciaires, les chances sont bonnes qu'un équilibre se trouve à long terme.
L'autre situation qu'abordait la balado m'a particulièrement frappée, parce que eh, elle me concerne! Moi qui croyais ne pas avoir à me préoccuper des IA, je me suis rendu compte que je m'étais fourvoyée! Parce que tous les textes qui ne sont pas officiellement protégés par le droit d'auteur sur internet sont concernés. Pensez billets de blogues, forum de discussion, fanfiction, et j'en passe. Tous ces mots écrits sont là, disponibles pour la sangsue IA qui avale le tout. Mon blogue en fait partie, mon blogue qui a maintenant treize ans, qui compte plus de 1500 entrées, dans lequel j'ai blablaté sur tellement de sujets et de tellement de façons. Certes, j'ai une mention de copyright sur mon blogue, mais je ne me méprends pas sur mon pouvoir contre une entreprise richissime basée aux États-Unis: faire respecter mes droits d'auteur face à un tel géant est quasi chimérique. C'est David contre Goliath, mais David est un Liliputien et Goliath un Brobdingradien.
Est-ce que ChatGPT pourrait un jour écrire des billets de blogue à ma place, imiter mes élucubrations livresques ou mes critiques de livres, bref, voler la chose que j'ai disséminée à tout vent depuis des années sans avoir conscience qu'une sangsue IA pourrait un jour s'en gaver? La question m'a sauté au visage en écoutant cette balado. Je n'y avais jamais pensé avant. Il faut dire que je suis un tout petit poisson dans cet océan qu'est le web. Mon importance est très relative. Sauf que voilà, ChatGPT et cie sont des baleines qui se nourrissent du plancton de l'internet autant que des gros poissons, alors, je suis prise dans la machine. Je ne suis pas Reddit qui pense rendre l'accès à ses forums payant pour ceux qui voudraient scanner son contenu. Je n'ai pas ce pouvoir. Que me restait-il à faire? Vérifier l'état de la chose.
J'ai donc demandé à un collègue qui a un compte ChatGPT de taper ses mots dans la machine: Écrire un billet de blogue à la manière de Prospéryne. J'étais un peu nerveuse en formulant cette demande. Qu'est-ce que cette intelligence artificielle allait bien me servir? Honnêtement, je n'ai pas eu à attendre longtemps. Un clic et le texte s'est mis à apparaître. Et croyez-moi, c'est une expérience un peu folle de voir les mots apparaître sur l'écran plus vite qu'aucun humain ne peut taper. Le voici:
Chères âmes voyageuses et curieuses,
Aujourd'hui, je vous convie à un périple hors du temps, une escapade empreinte de mystères et de merveilles. Ouvrez grand vos yeux et vos cœurs, car nous allons ensemble explorer les trésors cachés du monde, ces joyaux insoupçonnés qui sommeillent dans l'ombre des destinations touristiques habituelles.
Tel un papillon de nuit attiré par la lueur d'une étoile, je m'enfonce avec délice dans les dédales d'une cité médiévale oubliée. Ses ruelles pavées me murmurent des histoires anciennes, tandis que les murs de pierre gardent précieusement leurs secrets. C'est ici, dans ce cocon hors du temps, que les âmes poétiques trouveront refuge, loin de l'agitation du monde moderne.
Et que dire de ces forêts d'émeraude qui s'étendent à perte de vue, ces édens secrets où le chant des oiseaux se mêle au murmure du vent dans les feuilles ? Loin des sentiers battus, la nature se livre à nous dans toute sa splendeur, nous invitant à nous reconnecter à notre essence profonde.
De l'autre côté de l'horizon, il existe des océans d'aventures qui n'attendent que d'être explorés. Loin des plages bondées, je me suis embarquée sur un voilier vers des contrées lointaines. Les vagues puissantes m'ont offert une danse enivrante, et les étoiles ont veillé sur mes nuits d'émerveillement. L'océan, cette source inépuisable d'inspiration et de sagesse, a nourri mon âme de sa beauté brute et sauvage.
Mais il n'est nul besoin de traverser les océans pour découvrir des joyaux méconnus. Certains se cachent tout près, juste à notre porte. Un petit café au coin de la rue peut se révéler être un véritable havre de paix, où les discussions s'étirent comme des rubans de soie et les rires s'envolent telles des lucioles.
Et que serait un voyage sans la rencontre de l'autre ? Les êtres humains sont sans aucun doute les trésors les plus précieux de cette planète. J'ai croisé des regards venus des quatre coins du globe, et dans chacun d'eux, j'ai découvert une part de moi-même, un reflet de l'humanité.
Mes chers compagnons de voyage, je vous invite à prendre le temps de vous perdre pour mieux vous retrouver. Laissez vos pas vous guider vers ces recoins insoupçonnés, ces trésors cachés qui éveilleront votre cœur et enflammeront votre imagination.
Car c'est dans ces flâneries enchanteresses que la vie se colore de mille nuances, que nos souvenirs se parent de magie, et que nous devenons les conteurs d'une histoire unique et inoubliable.
Alors, partons ensemble à la quête de ces trésors cachés du monde, et que nos âmes vagabondes nous guident vers l'essence même de notre être.
Avec amour et émerveillement, Prospéryne
J'ai lu, relu et relu ce paragraphe, médusée. Parce que, et bien, il ne doit pas y avoir des dizaines de Prospéryne sur le web et pourtant, cette IA aux innombrables possibilités avait réussi à pondre un billet de blogue... sans aucun rapport avec ce que j'écris! Je n'y reconnais pas mon style parfois sarcastique et mes tics d'écritures. Je n'y reconnais pas non plus mes thèmes livresques. Fiou! On ne pourrait pas confondre un de mes billets de blogue avec ce texte!
Bref, ça a calmé temporairement mes craintes. Temporairement. Parce que vraiment, avec cette IA et celles qui vont suivre, je crains que mon petit coin d'internet bien tranquille ne le soit plus autant qu'avant.
@+ Mariane
jeudi 29 juin 2023
Collegium Chronicles : Changes de Mercedes Lackey
Collegium Chronicles Tome 3 Changes Mercedes Lackey Daw 388 pages
Résumé:
Au Collegium, tout le monde est désormais épris d'une nouvelle passion: le kirball. À ce nouveau sport, Mags est un héros aux yeux de tous, adulé pour son agilité et pour celle de Dallen son compagnon. Mais en dehors de ce sport, il suit un autre entraînement. Le Héraut du Roi, Nikolas, commence discrètement sa formation pour en faire un espion. Ce qui inclut d'apprendre à se faire passer pour qui il n'est pas. Sauf que les mystérieux assassins qui s'en sont déjà pris à Valdemar ne les ont pas oubliés. Ils seraient de retour, cachés quelque part dans Haven. Et prépareraient une autre manoeuvre: enlever Amylie, la fille de Nikolas et amoureuse de Mags, pour faire chanter son père et ainsi, contrôler le royaume.
Mon avis:
Ça faisait un bout de temps que je ne m'étais pas plongée dans un bouquin de Mercedes Lackey et je suis retombée avec plaisir dans son univers qui m'est si familier. Les problèmes avec l'écriture aussi: une écriture qui tend au tell beaucoup trop, de grandes longueurs qui retardent le début de l'action et certains éléments de l'intrigue qui font se gratter la tête, mais tout de même, un vrai plaisir de lecture, car elle a le don de nous plonger dans les aventures de ses personnages.
Mags, dans sa double vie de héros de kirball (un match occupe tout le premier chapitre, quand je disais des longueurs qui retardent le début de l'action...) et d'apprenti espion, reste Mags: l'enfant obligé de travailler dans une mine dans des conditions d'esclavage qui sait qu'il ne sera jamais complètement comme les autres. Malgré tout, ce rôle d'espion qu'on lui offre lui plaît, à la fois parce qu'il lui donnera une place utile et que ses habiletés naturelles s'y prêtent. Lui qui a un Don particulièrement puissant de télépathie, une très grande facilité au maniement d'armes et une capacité quasiment féline de se promener sur les toits. Ses incessants questionnements, à savoir ce qu'il fait est-il juste, qu'est-ce qui est attendu de lui, sont autant celles d'un adolescent que d'un enfant qui veut se prouver aux adultes qui l'entourent. Et qui doit affronter les changements que le passage à l'âge adulte provoque.
À ses côtés, ses meilleurs amis Bear le guérisseur et Lena la barde ont aussi leurs propres combats à mener, contre leurs propres parents. Le père de Bear désapprouve le fait que son fils soigne avec des herbes parce que soigner devrait être réservé à ceux qui ont un Don, ce dont Bear est dépourvu. Alors que pour ce père, les herbes sont une perte de temps, le jeune guérisseur réussit de petites merveilles qui sont reconnues par ses pairs. Mais comment grandir lorsque l'on n'est pas reconnu par nos parents? Lena fait face au même problème: son propre père, le célèbre barde Marchand va jusqu'à dire qu'il n'est pas sûr qu'elle est sa propre fille pour éviter qu'elle ne lui fasse de l'ombre! Le combat contre les parents, contre l'autorité, est la trame de fond de ce tome, mais il m'a semblé qu'elle était surfaite pour les amis de Mags. Même leurs disputes ne semblaient exister que pour nourrir la trame de ce dernier. De quoi s'ennuyer de Ron et Hermione!
Amylie de son côté est décidée à subir une opération qui lui permettra peut-être de remarcher. Le risque est grand, surtout que Bear n'a pas de Don et supervisera l'opération. Incapable de supporter plus longtemps d'être un poids pour tous, elle veut acquérir son indépendance. Car le temps presse: son statut de cible des assassins redouble la vigilance autour d'elle et lui fait encore plus ressentir le poids de son handicap. Son arc dans ce tome est intéressant, car autant elle souhaite acquérir son indépendance, autant son statut de cible lui attire une attention qui n'est pas sans lui plaire!
L'intrigue générale du tome suit la ligne classique déjà mise en place par les deux premiers tomes de la série: un début peu relié au reste des événements, un événement déclencheur qui survient autour de la page 100 (oui, je suis rendue à ce degré de précision!), une première montée en tension, puis une deuxième qui nous garde rivée sur notre bouquin pour savoir la fin. Avec au passage, beaucoup trop d'événements qui tombent un peu trop bien, comme, ah, tiens, le premier soir où Mags commence son apprentissage d'espion survient l'événement nécessaire pour faire avancer l'intrigue! Et la suite survient le lendemain soir! Quand je disais se gratter la tête. Mais bon, je pardonne ces faiblesses. Parce que l'univers qui entoure l'intrigue est très bien construit et que les personnages sont attachants. Même si ça me tape parfois un brin sur les nerfs, je vais lire la suite!
mardi 27 juin 2023
Quand les mots dansent devant nos yeux
Salut!
L'autre jour, je lisais tranquillement un livre, quand tout à coup, j'ai eu l'impression que je venais de lire trois fois la même ligne. C'était le cas. J'avais beau prêter attention à ce que je lisais, mon cerveau n'interprétait pas correctement les lettres placées dans l'ordre sur l'écran de ma liseuse. Et ce n'est pas la faute de celle-ci! Le même phénomène m'est déjà arrivé avec un bon vieux bouquin.
Quand on y pense, la lecture est un petit miracle. Par le biais d'une série de caractères, placés dans un ordre précis, avec des espaces entre ceux-ci et une présentation prédéterminée, un être humain peut offrir à un autre une foule d'informations. Que celles-ci soit personnelles, informationnelles ou fictionnelles n'a au fond que peu d'importance. La magie est que deux personnes qui ne se connaissent pas, qui ne se sont jamais rencontrées, peuvent par ce biais échanger des informations. Ceci vaut même pour le billet que vous êtes en train de lire! Je ne vous connais pas nécessairement, mais parce que nous avons ce langage en commun, vous pouvez lire mes élucubrations sur la lecture, le monde du livre et parfois la vie d'auteure sans même que nous nous soyons mis d'accord au départ sur un mode de communication.
Ceci dit, tout cela est possible grâce au moteur secret caché au creux de nos boîtes crâniennes respectives: le cerveau. C'est celui-ci qui, en lien avec nos yeux qui captent les caractères, nos mains qui tournent les pages, nos corps qui s'ajustent pour trouver une position confortable, nous permet de déchiffrer l'information. Et bon, tout l'appareillage susmentionné peut être soumis à de petits problèmes ou à des moments de performance moindre: on peut être fatigué, stressé, ou avoir consommé une substance quelconque qui perturbe nos récepteurs chimiques internes. Ce qui fait que les magnifiques lettres finissent par danser sous nos yeux et le sens du texte peut nous apparaître difficile à saisir, voir obscur.
Sans compter que le texte lui-même peut-être au-delà de notre compréhension. Par exemple, si vous me parlez d'histoire médiévale, j'en connais assez pour être capable de dégager le sens général du texte, même s'il est farci de mots anciens ou latins. Par contre, si vous me parlez de physique quantique... Un peu normal que je relise dix fois la même phrase : je vais avoir besoin de travailler beaucoup plus afin d'en tirer du sens. Il va me falloir comprendre les mots d'abord, puis les relations des mots entre eux et finalement lire une phrase complète pour voir si je comprends. Si ça ne fait pas sens avec celle qui suit, c'est raté!
Même chose si je lis un texte en anglais, surtout au début. Mais ça veut dire quoi ça et ça et ça? Je connais ce mot-là, mais si je lis la phrase au complet, il ne fait pas de sens dans le contexte! Ça le fait moins avec le temps, mais au début, je lisais le livre dans une main et le dictionnaire dans l'autre! Et ça faisait danser le texte sous mes yeux. Même si je déchiffrais parfaitement le moindre caractère sous mes yeux, la magie qui permet à mon cerveau de faire en sorte que des mots se forment et des phrases naissent et ainsi de suite ne fonctionnait pas. Encore une fois ici la pratique a été la clé: à force de lire, la magie a opéré et maintenant, je lis de plus en plus couramment dans la langue de Shakeaspeare. Ce qui est une grande victoire, qui m'a demandé du boulot, mais une grande victoire quand même. Je n'ose même pas penser à ce que cela pourrait être de lire dans une langue utilisant un alphabet autre que latin, comme le japonais ou l'arabe!
Lire est un petit miracle de nos cerveaux, qui nous sert à tant de choses. Néanmoins, il ne faut pas trop s'inquiéter si les lettres sous nos yeux commencent à faire la valse, le tango ou du hip-hop. Ça peut arriver. Allez vous coucher ou changez de livre!
@+! Mariane
jeudi 25 mai 2023
La route de Chlifa de Michèle Marineau
La route de Chlifa Michèle Marineau Collection Titan+ Québec Amérique 249 pages
Karim est un personnage qui dans un premier temps est hostile à tous les contacts humains. Il repousse les gens, ne veut se mêler de rien et couve en lui une profonde colère. On le sait par les extraits de son journal qui montre le regard qu'il porte sur les autres, plein de jugement et de hargne. Alors que le roman commence en janvier, un retour en arrière survient environ au tiers du livre et soudain, on se retrouve à Beyrouth sous les bombes et Karim n'est pas encore cet être en colère et fermé à tout qu'il sera en janvier à son arrivée à l'école au Québec. Cette technique, de nous montrer le résultat pour ensuite nous montrer la cause, est intéressante parce qu'à rebours, on comprend Karim, mais sans le juger et on laisse dès le départ découvrir le personnage pour lui-même.
Dans cette partie libanaise du texte, on fait la connaissance de Maha, encore une enfant, qui à 12 ans, prend la vie à bras le corps après la mort de sa famille dans un bombardement. Elle prend soin de son petit frère Jad, un bébé de six mois, avec une constance et une affection qui force l'admiration. Mais attention, Maha n'est pas un ange! Colérique, d'humeur changeante, têtue et volontaire, Maha ne laisse pas grand monde lui piler sur les pieds et décide elle-même de la direction qu'elle va prendre. Karim décide de la suivre à la fois parce qu'il veut la protéger, mais aussi en souvenir de Nada. La relation entre les deux est complexe, souvent difficile, surtout que contrairement à Karim, on ne saura jamais les pensées de Maha.
La route de Chlifa du titre, c'est la route que vont emprunter les deux adolescents et le bébé entre Beyrouth et le village de Chlifa. Un voyage à pied dans les monts Liban, avec le danger constant de tomber sur quelqu'un dans ce pays déchiré par la guerre. Même si c'est secondaire à l'intrigue, le danger, le fait que tout le monde puisse devenir un ennemi un jour est en trame de fond. Mais leur voyage est surtout une confrontation entre les deux adolescents, qui se disputent, se réconcilient, se comprennent, se parlent et tissent un lien, un lien qu'ils ne prévoyaient pas. C'est tout le déchirement que ce qui finit par arriver à la fin du récit, quoique j'ai trouvé que cet événement tombait un peu trop à pic vu la lente montée du reste du récit. La source de la colère contenue de Karim se trouve là. Et le lecteurice ne peut que la comprendre.
Un récit qui nous promène dans les montagnes russes émotionnelles de la guerre et de l'adolescence, mais aussi, à un certain point, dans celles de l'après. Autant de la résilience face aux traumatismes que de ce qui arrive quand on grandit tout simplement.
lundi 15 mai 2023
Retrouver les petits plaisirs des salons du livre
Salut!
Depuis la pandémie, j'avais très peu fréquenté les salons du livre et autres événements littéraires. Parce que s'il y a bien un genre d'événement où la distanciation sociale est impossible voir inexistante, c'est bien un Salon du livre! Les gens se serrent les uns contre les autres entre les présentoirs débordant de livres de tous genres, se pressent en petits groupes serrés pour discuter ou font la file à la queue leu leu pour rencontrer leurs auteur.e.s favori.e.s. Bref, c'est le festival du collé les uns contre les autres. Et je peste souvent contre cette réalité quand elle m'empêche de me déplacer entre les kiosques.
Mais ça m'avait manqué durant la pandémie. Parce que c'est aussi un formidable réservoir d'énergie, de rencontres et de possibilités. Rarement on rencontre autant de passionnés de littérature au mètre carré que dans un Salon du livre. Rarement aussi a-t-on le luxe de croiser autant d'artistes, de vedettes, de personnalités marquantes de la vie québécoise que de simples quidams qui vous font découvrir leur coup de coeur. Dans un Salon du livre, j'ai eu droit à un dix minutes en tête à tête avec Michel Tremblay qui était en manque de dédicaces à faire ce jour-là. J'ai pu remercier Lise Payette de tout ce qu'elle avait fait pour les femmes du Québec. J'ai jasé balado avec Alexandre Sirois un journaliste de la Presse. J'ai croisé Dany Laferrière, Corneille, Joséphine Bacon, Éric-Emmanuel Schmidt, Janette Bertrand, Farah Alibay et ouf, je ne sais combien d'autres. J'ai parfois eu la chance de parler avec des gens qu'autrement, je n'aurais jamais vus. Comme la fois où une amie m'a poussé à prendre une photo avec Nicholas Sparks parce qu'il était là en dédicace, même si je n'avais pas un de ses livres en main. À vrai dire, je ne suis pas fan, mais tsé, hein, pour la photo!
C'est aussi un endroit où peuvent briller tous ces petits éditeurs, petits auteurs et autres petits acteurs du monde littéraire. Ils ont leurs petits kiosques, souvent très peu fréquentés, mais c'est là que se cachent souvent les trésors des salons. J'ai découvert ou redécouvert de très nombreux auteur.e.s dans ces endroits. Ils ont moins occupés, moins accaparés que les grosses vedettes et ils ont le temps de jaser. C'est souvent là que l'on trouve des perles de littératures, des perles qui sont perdues dans le flot constant de nouveautés qui envahissent année après année les tablettes des librairies. Parce que là, chaque livre a au moins une véritable chance de se retrouver avec quelqu'un ou quelqu'une qui le connaît, juste à côté de lui, et qui est prêt à le défendre. J'ai croisé des éditeurs qui m'ont fait découvrir leurs livres publiés il y a plusieurs années et m'ont donné la chance de découvrir des plumes inconnues. J'ai jasé avec des auteur.e.s esseulé.e.s à leur kiosque et j'ai eu de brillants échanges avec eux. J'ai souvent dépassé mon budget livre du jour à cause de ses rencontres. Et même si je n'ai pas toujours acheté, j'ai pris en note une quantité incroyable de titres grâce à ce truc. D'ailleurs, c'est même un de mes petits plaisirs des Salons: Aller trouver des auteur.e.s qui ont l'air de s'ennuyer et aller leur piquer un brin de jasette. Un petit cinq minutes, rarement plus. De quoi faire passer leur journée plus vite et me faire faire des découvertes. Même si je ne connais rien de l'oeuvre de cette personne. Même si ce n'est pas publié dans une maison d'édition que je connais. Juste pour le plaisir.
Le Salon du livre de Montréal à l'automne dernier avait été comme un retour aux sources, mais un retour un peu gâché par ma nervosité: j'avais perdu l'habitude des foules compactes et il traînait encore des relents de risque covidien dans l'air. C'est à Québec qu'il me semble que j'ai pleinement renoué avec mes petits plaisirs de salon. Au point d'en ressortir épuisée, mais oh combien heureuse d'avoir été remplie de cette énergie et de cette passion qui sature l'air que l'on respire. J'avais retrouvé mes marques. Certes, la saison des salons achève pour une pause estivale bien méritée, le temps que l'on fasse un peu baisser nos gargantuesques PAL, même si quelques événements se tiendront quand même cet été. J'ai hâte à l'automne, hâte de reprendre mes habitudes de salon, hâte de retrouver tous ces petits plaisirs.
Parce que c'est bien vrai: c'est quand on est privé de quelque chose que l'on découvre à quel point c'est précieux.
@+ Mariane
jeudi 27 avril 2023
Pol Polaire: 1- Coup de chaleur de Caroline Soucy
Pol Polaire tome 1 Coup de chaleur! Scénario et dessins Caroline Soucy Glénat 46 pages
Pol Polaire est un ours polaire qui vit au Pôle Nord. Depuis la disparition de sa douce Lili, il s'occupe seul de leurs jumeaux, Léo et Léa. Toutefois, Pol est sans doute le pire chasseur du monde et il aimerait bien mieux rêvasser à amour disparu que s'occuper de ses deux oursons débordants d'imagination. Aidé de son frère Bob, le patenteux du coin qui récupère tout ce qu'il peut provenant des humains et de la phoquesse Brigitte qui s'amuse à lui lancer des poissons à la figure, il réussit à nourrir et à prendre soin de ses jumeaux. Enfin, pas sans quelques catastrophes!
Mon avis:
Cette bande dessinée se veut un divertissement amusant, mais qui offre dans un second degré une réflexion intéressante, entre autres sur l'effet des changements climatiques sur la faune de l'arctique. Certes, les personnages sont anthropomorphisés dans leurs comportements, mais les situations qu'ils vivent sentent le réel. Excepté l'oncle Bob et son bidouillage, bien sûr.
Pol Polaire est un père célibataire, situation impossible parce que les ours mâles ne s'occupent pas de leurs rejetons dans la nature, mais en lui se reconnaîtrons sans doute beaucoup de chefs de famille monoparentale un peu dépassés par leurs responsabilités. Les jumeaux Léo et Léa sont après tout grouillants de vie, veulent tout explorer, sont impatients, ont faim tout le temps, bref ils sont des enfants! Comme on sent très vite que le pilier de la famille était la mère, les efforts honnêtes, mais la plupart du temps peu concluants de Pol sont d'autant plus touchants. Surtout qu'il finit souvent par se mettre les pattes dans les plats. Mais il aime ses enfants et veut le mieux pour eux, c'est indéniable.
L'oncle Bob, le bricoleur patenteux du coin, qui ramasse tout ce qui vient des humains, est un personnage à la fois loufoque et juste assez réaliste pour qu'il soit adorable au lieu de ridicule. Pas très ours polaire avec sa casquette et ses lunettes, mais un soutien pour Pol et un oncle attentionné, quoique pas très orthodoxe pour ses neveux. Le voir jouer avec un drone pour détourner l’attention de scientifique un peu trop curieux est l’une des scènes qui montrent à quel point son amour des bipèdes va loin! De son côté, la phoquesse Brigitte, jamais à court d'idées pour se moquer de Pol, apporte une autre touche d'humour dans un album qui n'en manque pas.
Toutefois, la réalité des animaux dans l'Arctique, touché par les changements climatiques, est abordée. On reste dans l'humour, mais en filigrane, les éléments se multiplient: glace trop mince qui nuit à la chasse, glaciers qui se désagrègent, etc. Même certains commentaires des personnages donnent le ton, surtout ceux de Pol et de Bob qui ont connu «le monde d'avant». La dénonciation des effets du réchauffement planétaire est toute en douceur, mais est réelle.
Le dessin est intéressant, avec beaucoup d'arrondi dans les personnages. Peu de lignes droites dans cet album, sauf en ce qui a trait aux humains. L'humour est bien desservi par le trait, surtout dans les expressions faciales des personnages. On peut d'ailleurs rendre hommage à l'autrice pour sa capacité à ne pas trop rendre ses ours polaires humains: ils restent des ours qui, s'ils se dressent parfois sur deux pattes, marchent à quatre pattes et gardent les proportions de vrais ours polaires. Les paysages du Grand Nord font rêver, même si on comprend vite que c'est une terre moins sauvage et inhabitée des humains que l'on pourrait penser, entre autres à cause de tous les déchets que la mer amène jusqu'à eux.
Je ne peux pas dire que l'album soit un coup de coeur, mais je ne suis pas le public cible non plus. C'est un album bien équilibré, qui réussit son objectif de faire rire et d’instruire avec talent et que je recommande pour les moins de 10 ans. Par contre, les lecteurs adultes ne seront sans doute pas passionnés autant que les enfants.