Salut!
Comment classer une bibliothèque est comment dirais-je, très personnel. Autant quand on parle d'une organisation physique (dans quelle pièce elle est, comment sont faites les tablettes, etc), que d'une organisation je dirais plus intellectuelle (je regroupe les livres par auteur, par sujet, par genre, par ordre de lectures?) Il y a donc le contenant, soit le meuble où l'on range les livres et le contenu, les livres eux-mêmes et l'ordre dans lequel ils sont classés.
Pour ce qui est du contenant... Faites une petite recherche sur internet, les possibilités sont quasi infinies. Certes, il y a l'indémodable Billy du géant suédois (permettez que je ne lui fasse pas de pub, il n'en a pas besoin), mais les modèles sont nombreux. De l'oeuvre d'art au modèle mini créé pour rentrer dans un espace réduit en passant par le recyclage et la débrouille. Personnellement, j'ai une bibliothèque faite sur mesure par un expert en ébénisterie (c'est-à-dire mon Papa! :D) qui est conçue pour avoir deux tablettes de haut, mais assez longues pour que je puisse glisser mon divan en dessous et m'y installer sans risque de me cogner la tête. Au-delà de l'aspect pratique, une bibliothèque doit être solide et durable. Croyez-moi, mes orteils se souviennent de la fois où dans ma vie de libraire, une tablette a renversé son contenu sur mes pieds... Le contenant est souvent aussi quelque chose que l'on finit par adopter à long terme. On fait quelques essais et erreurs et finalement, on finit par adopter un style et à moins d'un déménagement ou d'une personnalité qui aime beaucoup le changement, le contenant reste. Le contenu par contre...
Ça, c'est quelque chose que j'avoue, me fascine moi-même. J'ai beau me dire qu'il y a de grandes tendances dans ma vie qui n'ont pas changé, la façon dont je classe ma bibliothèque elle, a fortement évolué. Je suis passé de l'obsession que mes livres sont classés par hauteur au millimètre près (au point de grincer des dents quand les deux tomes d'une édition poche faisait une légère différence sur la tablette) à des tablettes où les hauteurs ressemblent à un électrocardiogramme. J'ai toujours séparé la fiction de la non-fiction par contre et depuis un peu plus d'une décennie, je sépare également les non-lus des lus. Je n'ai autrement jamais eu d'ordre de classement réel. Pas de classement par maison d'édition, par collection, par auteur ou par genre. Pas non plus de classement par genre ou par couleur (oui, oui, j'ai déjà vu ça chez quelqu'un!). Bref, mes bibliothèques sont de jolis bordels si je cherche un livre et oui, ça m'arrive souvent de chercher!
Je sais aussi que je ne suis pas la seule à avoir eu ce genre d'évolution. J'ai des amis qui sont passés du mode ultra-organisé à mon bordel et d'autres qui ont fait le chemin inverse. J'ai vu des gens passer de bibliothèques très j'ai-attrapé-la-première-que-j'ai-vu-au-magasin ou elle-était-en-liquidation (je suis dans cette catégorie) à un souci de rendre l'écrin de nos livres aussi attrayant que pratique. Loin d'être un simple rangement, une bibliothèque en dit très long sur nous, sur notre relation avec nos livres, sur nos centres d'intérêt, sur nos priorités de lecture si on en a. C'est en quelque sorte un reflet de ce que nous sommes et de notre relation à la lecture. Disons que si la poussière s'accumule sur une tablette plus que sur une autre c'est un signe. Autant que la classer pour avoir toujours certains livres sous la main alors que d'autres vont finir sur la première ou la dernière tablette, loin de nos yeux.
Reclasser une bibliothèque peut aussi être un signe de changement. Quand j'ai emménagé dans mon chez-moi actuel, j'étais un peu à l'étroit et j'ai commencé à mettre des livres de face par rapport aux autres, comme dans les librairies. Même si maintenant, il y a de la place, j'ai gardé cette habitude. Et je les change régulièrement. Soit j'en ai lu, soit j'en sors certain et j'en range d'autres, soit celui-ci vient de rentrer et je veux le garder à l'oeil, soit celui-ci serait utile pour mes chroniques à la radio et j'en passe. Juste de simplement physiquement les déplacer me donne envie de les lire. Une manière que j'ai trouvé de garder ma bibliothèque vivante et non figée. Parce qu'une constatation importante de ma vie est celle-ci: pour moi les bibliothèques qui bougent sont les plus attirantes. C'est personnel, mais c'est comme ça pour moi.
Une bibliothèque personnelle, c'est vivant, ça évolue avec nous, avec nos envies de lecteur et de lectrice, avec nos projets, nos ambitions, nos envies, nos lubies, contenant et contenu inclus. Il n'y en a pas deux pareilles. Sans doute pour ça que j'aime autant zieuter celle des autres quand je vais chez quelqu'un. Leur bibliothèque est souvent un reflet de leur relation avec les livres.
@+ Mariane