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jeudi 24 mars 2022

Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell

 Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell  Gallimard Folio tome 1 701 pages, tome 2 705 pages



Résumé:

1861: Scarlett O'Hara a 16 ans et est la reine du comté de Clayton, en Géorgie.  Fille de propriétaire de plantation et d'esclaves, elle a été élevée comme une femme du sud: elle est belle, mais modeste en apparence et polie à souhait.  Sa mère et sa Mama ont veillé à camoufler son caractère bouillant. Car Scarlett n'est pas une demoiselle sage et délicate. Elle est volontaire, déterminée et n'hésite pas à manipuler ceux qui l'entourent pour arriver à ses fins.  Elle a d'ailleurs tous les jeunes hommes du comté à ses pieds. Tous, sauf Ashley Wilkes.  Le jour où Scarlett apprend qu'il a l'intention d'annoncer ses fiançailles avec sa cousine, elle se résout à lui avouer son amour, dans une mise en scène destinée à le faire plier. Lorsqu'il décline son affection, elle cède à la rage, mais malheureusement, un témoin a tout entendu: Rhett Butler, un paria de la bonne société, un homme que l'on n'invite pas aux mondanités, car il traîne une réputation de scandale.  Peu après, un messager arrive, annonçant le début de la Guerre de Sécession.  Affolée à l'idée que Rhett parle, Scarlett accepte la demande en mariage du frère de la fiancée d'Ashley.

Mon avis:

Que dire de ce livre...  Bon, commençons par parler de la longueur.  C'est long, 1400 pages.  Une sacrée brique à traverser.  Oui, il y a des longueurs à certains moments, mais malgré tout, le rythme est assez soutenu.  C'est juste que l'histoire traverse douze années de la vie de Scarlett et douze années lourdement chargées de l'histoire des États-Unis.  L'auteure se permet d'ailleurs quelques fois de longs paragraphes pour nous raconter l'atmosphère, les événements, petits et grands, qui ont lieu tout au long de la guerre et de la décennie qui a suivi.  Il y a donc beaucoup d'anecdotes tout au long du récit, ce qui  à la fois agaçant et intéressant,  parce que ça rallonge le récit, mais aussi parce que ça donne à celui-ci un ton résolument réaliste.

Le personnage de Scarlett en lui-même est tout un numéro.  Une femme volontaire, orageuse, qui fonce tête baissée, n'écoute pas les préjugés de son époque et fait en sorte d'obtenir ce qu'elle veut.  Éduquée dans la tradition du sois belle et tais-toi, dans lequel les jeunes filles doivent être de délicates fleurs qui doivent avant tout faire un bon mariage, elle n'hésitera pas à bafouer les règles apprises dans l'enfance pour entrer de plain-pied dans le monde nouveau d'après la guerre. Elle est consciente que son éducation ne l'a pas préparée à faire face au monde qu'elle affronte: tant pis, elle inventera, foncera, quitte au scandale. Ce n'est pas un personnage qui est aimable et je comprends certains lecteurs de l'avoir détesté.  Son total aveuglement par rapport à ses propres sentiments, mais aussi face à ceux des autres la rend antipathique et donne à plus d'une occasion l'envie de l'attraper par le chignon du cou et de lui dire Hé, ho! Tu ne vois pas ça?  Ça crève les yeux pourtant. Cependant, elle a une psychologie complexe et cohérente tout au long du roman et c'est vraiment un personnage féminin fort, avec ses forces et ses faiblesses. 

Autour d'elle tourne une galerie de personnages aussi colorés que divers, au premier chef Rhett Buttler, le paria de la bonne société qui prend un plaisir fou à mettre Scarlett en rogne.  C'est la seule et unique personne dans son entourage qu'elle est incapable de manipuler et malgré les événements, ils reviennent toujours l'un vers l'autre, comme attirés par un aimant.  Pour le lecteur moderne, beaucoup d'éléments de leur relation sont toxiques à souhait et l'un comme l'autre ont leurs torts. Si le roman est souvent présenté comme une romance entre eux, je ne partage pas cette opinion: le roman raconte la vie de Scarlett avant tout et il s'avère que Rhett en est une partie importante.  Autour d'eux, Mélanie, la femme d'Ashley, bonne et généreuse, quoique capable de discernement face à Scarlett, son époux, Ashley, un être faible qui ne sait pas faire face aux bouleversements de la guerre, son père, force de la nature qui ne se remettra pas de la mort de sa femme, sa femme, la mère de Scarlett, dont le lecteur saura beaucoup plus sur elle que sa propre fille, les habitants d'Atlanta, tous avec leurs personnalités, leur passé, leurs préjugés. Il y a là une superbe galerie, où chacun a un rôle à jouer dans la vie de la protagoniste principale.  Ils ne sont pas des pions, ils existent et donnent au roman, une impression de réalisme et de pittoresque.

Sauf et c'est là le grave problème de ce roman, les personnages noirs, d'abord esclaves, puis affranchis.  Le mot en n** est régulièrement utilisé pour les décrire (la traduction que j'ai lue date de 1937, mais le mot figure dans le roman en version originale) et si tous les personnages blancs ont une personnalité et une profondeur, la plupart des personnages noirs sont caricaturaux, stupides ou paresseux. La traduction les affuble en plus d'une incapacité à prononcer les r, qu'ils soient esclaves dans la maison ou travailleurs dans les champs, ce qui est complètement illogique. Certes, le roman fait le portrait d'une époque, mais l'auteure force le trait pour que ses personnages correspondent aux préjugés plus qu'à la réalité.  Il y a quelques éclairs qui montrent qu'autre chose est possible, mais c'est superficiel.

Une chose qui m'a frappé cependant à la lecture, c'est à quel point les relations raciales, certes, hiérarchisées et à l'avantage d'un seul groupe, existaient.  Les deux groupes se parlaient, coexistaient, alors que pour les personnes du Nord qui débarquent à la fin de la guerre, les noirs sont des gens qu'ils ne veulent pas fréquenter et surtout pas dans leurs maisons. Comme de quoi le racisme peut prendre bien des formes.

Portrait d'une personne, d'une époque et d'un moment charnière de l'histoire des États-Unis, le livre garde quand même une grande valeur tant au point de vue littéraire que comme roman historique.  Une grande épopée, menée par un personnage riche qui était digne d'un tel roman.

Ma note: 4.5/5   

mardi 9 juillet 2019

La petite Russie de Francis Desharnais

La petite Russie  Francis Desharnais  Pow Pow Non paginé


Résumé:
1947, Guyenne, Abitibi.  Marcel Desharnais vient s'installer dans une coopérative, un peu au nord de Val-d'or pour défricher la terre et devenir cultivateur.  Il souhaite coloniser un nouveau bout de pays.  Mais pour la colonisation, la grande époque est passée et si le modèle coopératif est là pour soutenir le développement agricole autant que l'industrie du bois, les tensions sont vives entre le bois qui rapporte et la terre qui est garante d'autonomie, mais est dure à cultiver.  Ce récit est l'histoire de vingt ans de colonisation dans un modèle que l'on connaît peu et que les autres colons avait surnommé la petite Russie.

Mon avis:
S'il manquait une preuve de l'incroyable versatilité de la bande dessinée, ce livre en est une preuve.  En dessins, il reprend les codes des grandes oeuvres sur la terre, dans la veine du Survenant de Germaine Guèvremont et de Maria Chapdelaine de Louis Hémon.  Le travail de la terre est admirablement bien rendu dans le dessin, dans cette minutie  de ceux qui l'aiment et la travaillent, dans ses duretés aussi.  Le contraste avec la forêt, que Marcel n'aime pas mais dans lequel il travaillera afin de pouvoir avoir sa terre, s'étale sur toutes les pages.  Forêt qui draine les forces vives de la coopérative, en constante compétition avec la terre.  La tension entre les deux est sensible tout au long du livre.

Il y a aussi les personnages.  Marcel est un bon gars typique du Québec, qui souhaite reproduire le modèle agricole que ses ancêtres ont connu, se construire une maison et vivre en autarcie.  Le bois, pour lui n'est qu'un moyen, pas une fin.  C'est avec d'autant plus de difficultés qu'il fera face aux autres membres de la coopérative qui ne lui accordent pas autant d'intérêt.  Sa femme, Antoinette est un personnage plus moderne.  Elle n'acceptera pas le fait que les femmes n'aient pas leur place aux assemblées de la coopérative et fera tout pour tisser un lien de solidarité entre les femmes de Guyenne.

Le décalage entre leur rêve, somme toute assez conservateur, et la réalité dans lequel ils vivent se fait de plus en plus criante au fil du livre.  Alors qu'ils rêvent d'un retour à la terre, télévision, tracteur et téléphone vient changer le monde rural où ils vivent.  Après la mort d'un enfant, Antoinette abordera même le sujet de la pilule, c'est dire le fossé!  Cela se fait par petite touche, mais on comprend que le monde qu'ils souhaitent appartient au passé, malgré tout le labeur qu'ils y mettront.

Le dessin est tout simplement remarquable.  L'auteur nous montre des séquences de dessins pour illustrer l'univers dans lequel les protagonistes évoluent, sans dialogues, parfois même sans personnages.  On sent la forêt, partout, toute proche, à la fois repoussoir et source financière, on sent aussi le travail de la terre, on sent les tensions grandissantes dans la coopérative.  L'auteur se permet même quelques magnifiques plans séquences pour montrer les aurores boréales qui remplissent le ciel abitibien, rendant dans la technique utilisée pour les faire, la texture de ces phénomènes atmosphériques.

Francis Desharnais est un bédéiste qui roule sa bosse depuis un moment déjà et qui a une feuille de route bien remplie.  On peut ajouter un morceau de maître à son tableau de chasse avec cet opus.

Ma note: 4.75/5

vendredi 15 février 2019

1642: Ville-Marie de Tzara Maud, François Lapierre et Jean-Paul Eid

1642: Ville-Marie  Scénario de François Lapierre et Tzara Maud  Dessins et couleurs de Jean-Paul Eid 54 pages



Résumé:
C'est l'histoire de Tekola le Huron, Askou l'Algonquin et Gauthier le Français, Tous les trois ont grandi en harmonie, à Trois-Rivières.  Cependant, leurs destins et leurs vies vont prendre un tournant différent, mais ils seront tous les trois réunis autour d'une nouvelle ville fondée par les Français en plein territoire iroquois: Ville-Marie.

Mon avis:
Avertissement, ceci est le deuxième tome d'un diptyque que je critique.  Si vous n'avez pas vu la critique de l'autre partie, voir ici.

Ce tome se concentre sur les aventures de Gauthier, un des Montréalistes assez fou pour installer une petite colonie française en plein milieu du territoire iroquois.  On sent bien la folie de l'initiative, mais aussi la détermination de ceux qui se sont lancés dans l'aventure.  Personne n'approuvait leur initiative, ils l'ont fait quand même, à leurs risques et périls!  La place des femmes, comme Jeanne Mance et celles d'autres anonymes, comme le personnage de Brigitte, est abordée et leur importance dans la vie de la petite société également.  Il y a aussi la présence constante sur place des nations amérindiennes, amies comme ennemies et les liens qui s'établissent avec elles.  De la vision des Français sur ces gens si différents d'eux, mais dont au fond, ils dépendent cruellement.

Le dessin rend bien toute la fragilité de cette petite pointe de France plantée en plein milieu de l'Iroquoisie.  Le fort est minuscule, les bâtiments peu nombreux et une frêle palissade la protège.  La dureté du travail et la précarité de la vie y sont visible, bien que peu évoquée dans l'histoire comme telle.  On y suit plus les tribulations des Montréalistes, l'inondation qui a faillit détruire la colonie à l'hiver 1642-43, les tractations de Maisonneuve pour conclure des alliances avec les Algonquins ou les Hurons et l'importance de Jeanne Mance dans cette toute nouvelle colonie.  Les différents personnages ont droit à des dessins détaillés et précis, particulièrement en ce qui concerne les vêtements qui ont sûrement le fruit de recherches approfondies.  Mais il y a plus, dans l'attitude, dans la façon de se mouvoir des personnages, on peut les différencier en un regard des Premières nations présentes.

L'intrigue est centrée sur les relations entre les personnages et sur les conséquences que des décisions, à la base personnelles, auront sur la petite colonie.  Certes, il y a un triangle amoureux, mais ce n'est pas le seul ressort dramatique, cette histoire est imbriquée dans une mosaïque d'autres relations qui feront au final pencher la balance du sort de la petite colonie.  C'est bien fait, bien amené et bien tourné.

Ayant lu l'autre partie du diptyque en premier, je peux dire que les histoires sont étroitement liées.  On comprend les comportements de certains personnages car leurs motivations et leurs actions sont expliquées par ce que l'on apprend dans cet opus.  En ce sens, les deux oeuvres sont juste deux façons de voir une même situation et peuvent être lues de façon indépendante, tout en était profondément liées.  Et ça fait du bien de voir une telle oeuvre de nos jours.

Ma note: 4/5

jeudi 21 avril 2016

Faire des bombes pour Hitler de Marsha Forchuk Skrypuch

Faire des bombes pour Hitler  Marsha Forchuk Skrypuch  Scholastic  217 pages


Résumé:
Ukraine, 1943.  Lida et sa soeur Larissa ont tout perdu: mère exécutée par les nazis pour avoir tenté de protéger leur voisine juive et sa famille, père envoyé en Sibérie par les soviétiques, elles ont été capturées ensemble par la Gestapo.  Alors que sa petite soeur est jugée «racialement assimilable», Lida est envoyé dans un camp de travail forcé.  Elle ment sur son âge et met en valeur ses talents de couturière pour échapper à la mort, malgré les conditions de travail terrible.  Parmi les travaux auquel elle sera contrainte, il y a le pire de tous: fabriquer des bombes pour alimenter la machine de guerre nazie.  Un travail qui se fait dans des usines où la moindre étincelle peut tout faire sauter tout en étant la première cible des frappes alliées.

Mon avis:
J'avais été renversée par la force du roman Enfant volée de la même auteure qui racontait l'histoire de Larissa.  À la fin du livre, elle retrouvait sa mémoire (soigneusement effacée par un lavage de cerveau des nazis) et voulait retrouver sa soeur, sans que l'on sache quel était son destin.  Ce livre apporte la réponse à la question, le livre commençant au moment où les deux soeurs sont séparées.  Sans avoir la puissance d'Enfant volée où toute l'émotion passait par des flash backs du passé de la fillette qu'elle retrouvait au fil du temps et des événements, ce livre réussi à nous glacer le sang en parlant encore une fois du système concentrationnaire.  On a énormément parlé des camps de la mort depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, oubliant souvent que le système concentrationnaire était encore plus vaste et plus cinglé que l'on aurait pu le penser.  La petite Lida sera exploitée, elle, ainsi que des milliers d'autres, dans les camps de travail simplement à cause de leurs origines, elle qui sera étiquetée russe malgré ses origines ukrainiennes.  De nombreux ukrainiens sont morts de faim ou d'épuisement à cause de leurs conditions de travail démentes.  C'est hallucinant de voir comment la pensée raciale nazie était appliquée au moindre détail de l'organisation du camp de travail: selon leur rang, les prisonniers n'avaient pas droit à la même nourriture, aux mêmes travaux, aux mêmes libertés.  De le voir de l'intérieur, à travers le regard de Lida, est hallucinant et nous renseigne sur pleins de détails de la vie dans ces camps.  L'histoire en est moins prenante car très didactique, tout en restant poignante: comment ne pas avoir le souffle coupé en apprenant que les enfants de moins de 12 ans étaient vidés de leur sang pour alimenter les banques de sang des soldats blessés au front?  Comment ne pas voir la cruauté quand on faisait manger cote à cote des personnes dont l'une avait le droit à un bon ragoût plein de viande et l'autre une soupe claire de navet pourri?  Comment ne pas frisonner en se rendant compte que les russes et ukrainiens étaient privés de savon et étaient obligés de se laver avec de la soude, hautement irritante?  Ça et plein d'autres exemples montrent la dureté de la vie dans ces camps.  Lida est un personnage avant tout utile au récit.  Elle a certes une personnalité, mais, on voit que l'auteure l'a volontairement mis en présence de nombreux autres personnages pour nous montrer certaines réalités.  Ça passe bien, mais on voit quand même la ficelle.  Un excellent roman pour connaître une autre facette horrible du système concentrationnaire et nous faire comprendre que l'horreur ne s'est pas arrêté aux camps de la mort, qu'elle était encore plus vaste et plus tatillonne que l'on aurait pu le penser, sans avoir toute la puissance dramatique d'Enfant volée.

Ma note: 4.25/5

mercredi 28 octobre 2015

Hanaken: 3- Le sang des samouraïs de Geneviève Blouin

Hanaken  tome 3  Le sang des samouraïs  Geneviève Blouin Éditions du Phoenix  216 pages


Résumé:
Il y a maintenant neuf ans que Yukié et Satô, ainsi que le seigneur Takayama vivent en exil auprès du daimyô Nobunaga.  Désormais mère et épouse, Yukié se sent à l'étroit dans sa vie, malgré son amour pour son époux.  Quand à Satô, maître d'armes, il est mêlé de près aux combats et aux stratégies entourant la cours du daimyô.  Alors que le puissant daimyô Imagawa, ennemi juré d'Obunaga, décide de porter un coup décisif, le daimyô des Hanaken imagine une stratégie audacieuse et terriblement risquée pour remporter la bataille.  Une stratégie qui pourrait changer l'histoire du Japon...  et où Yukié et Satô sont au centre du danger.

Mon avis:
S'il y a une chose qui m'a marqué en lisant ce tome, c'est à quel point l'auteure a su gagner en maturité et en confiance dans son écriture.  Par rapport aux premiers tomes, les scènes d'inspiration poétique sont beaucoup mieux maîtrisée.  On y voit un reflet de la culture et de la pensée japonaise au travers de ces moments qui mêlent esprit guerrier et philosophie.  Avec toujours en trame de fond cette image des fleurs de cerisiers, fragiles et fugaces auxquelles sont sans cesse comparés les samouraïs, aux vies trop souvent fauchées trop tôt.  Le dévouement et le devoir de loyauté des samouraïs est aussi clairement exprimé.  On ressent tout ça.  La maturité que les personnages ont pris au cours des années également, quoique que je l'ai davantage senti chez Yukié, qui doit faire face à ses devoirs d'épouse et de mère malgré que son caractère est celui d'une guerrière.  On passe d'ailleurs beaucoup de temps à exprimer comment les personnages ont changé depuis le dernier tome, ce qui place ce roman plus vers l'adulte que vers l'ado.  Leurs émotions sont celles d'adultes, avec toutes les nuances que cela comporte, alors que la série s'adresse à un public plus jeune.  Il y a là comme un décalage qui n'enlève rien au roman comme tel, mais qui risque de toucher son public.  J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de personnages secondaires importants, dans le sens, beaucoup d'aides de camps à Nobunaga et je me mêlais un peu dans les noms et les rôles, mais ça, c'est parce que j'ai du mal avec les noms en japonais :P (Pas eu de problèmes avec les vieux samouraïs cette fois-ci!).  Par contre, une chose qui m'a fait tiqué, c'est une explication durant la scène finale un peu déplacé.  On est dans le feu de l'action et tout à coup, on nous sort un paragraphe d'explication sur l'origine d'une épée...  et je sais pas, ça faisait à la fois un peu coït interrompu et un peu hors-sujet.  C'était logique d'avoir cette mention, mais pas à cet endroit de l'intrigue.  Avant ou après la scène (que je en veux pas nommer d'aucune façon pour ne pas gâcher de punch!), cela aurait été correct, mais en plein milieu?  Disons, moins.  Ce qui n'est pas cohérent avec le reste de l'intrigue qui est beaucoup plus continue.  C'est un détail en tant que tel, mais ça m'a fait décroché du livre à un moment où, et bien, vaut mieux pas!  La fin m'a prise par surprise, je dois l'avouer, je ne m'attendais pas à un tel dénouement, mais il est en complète logique avec le reste de la série.  Je dois maintenant dire adieu au pays des samouraïs et aux fleurs de cerisiers...

Ma note: 4.25/5

Je remercie Virgola Communication pour ce service de presse.

jeudi 24 septembre 2015

Soleil noir de Paul Ohl

Soleil Noir  Paul Ohl  Québec-Amérique  383 pages


Résumé:
Vadim Herzog est un spécialiste: marchand d'art, il approvisionne de façon plus ou moins légale les collectionneurs privés friands de pièces rares.  Engagé par un richissime et excentrique collectionneur, il part pour l'Amérique du Sud à la recherche d'un trésor plus que rare, quasiment mythique: le masque funéraire d'Atahualpa, le dernier Inca, dont l'existence n'est même pas prouvée.

Mon avis:
En tout cas, après la lecture de ce livre, on a qu'une envie: se plonger dans cette culture riche et formidable que fut la civilisation inca, avec son organisation sociale élaborée, ses mythes, ses traditions et ses réalisations.  Et on ne peut s'empêcher de secouer la tête en pensant à ce que les Espagnols en ont fait, Francesco Pizarro en tête.  Si le début du roman nous présente surtout Herzog et le chemin qui le mènera à accepter l'offre de Pouzol de Souillac, la deuxième partie du roman nous plonge directement dans la conquête espagnole de l'Empire Inca, en mettent en scène les personnages de l'époque, haut en couleur: Atahualpa, Pizarro et tous ceux qui les entouraient et qui ont joué une danse des géants.  Cette partie est particulièrement intéressante, certes sans doute romancée en partie, mais qui nous permet de plonger au coeur des événements ayant eu de formidables répercussions pour les peuples des Andes, même encore aujourd'hui.  Le reste du livre est constitué des pérégrinations d'Herzog à la recherche du masque funéraire, pérégrinations qui sont en fait un prétexte pour nous faire découvrir le pays et les conditions de vie de ses habitants.  On ressent beaucoup de colère face à tant de pauvreté, mais on comprend alors que les Espagnols, même cinq siècles plus tard n'ont pas complètement vaincu: l'âme du peuple Inca est toujours vivante.  Certes, c'est là la thèse que défend l'auteur tout au long du livre et on est poussé à le croire, mais n'empêche, je ne peux m'empêcher d'y trouver un fond de vérité.  Par contre, il n'affirme jamais que la culture du peuple inca était sans tâche: on y parle avec honnêteté des sacrifices humains, de l'obéissance absolue à l'Inca et de la centralisation de ce peuple.  De l'autre côté, on voit l'aveuglement des Espagnols et toutes la portée de leurs actes, impacts encore parfaitement visibles des siècles après leur mort.  J'ai eu du mal à accrocher au personnage d'Herzog, il m'a paru plat, sans relief, plus un prétexte à une longue balade et à nous faire découvrir ce peuple qu'un véritable personnage.  Même son entrée dans les mystères incas m'a paru surfaite.  On sentait trop la volonté de l'auteur de vouloir nous faire découvrir quelque chose.  Côté historique, cet ouvrage est une merveille, mais pour la partie qui se passe à notre époque, on sent trop le pamphlet pour bien apprécier le roman.  L'écriture de l'auteur est porteuse, on sent chacun de ses personnages, même les secondaires, rien n'est vraiment carton en eux, ce qui ne fait que désavantager Herzog, qui lui, est fait en carton.  Son cheminement m'a paru superficiel et sa décision finale, je ne l'ai pas comprise, je n'ai pas saisi à quel moment il a pu évolué dans cette direction et ça fait grandement défaut à ce livre.  Pas une gigantesque réussite, mais un roman qui vaut la peine d'être lu pour rendre hommage au peuple inca.

Ma note: 3.75/5

mardi 4 mars 2014

Olympe de Gouges de Catel et Bocquet

Olympe de Gouges  Dessins de Catel Muller  Scénario de José-Louis Bocquet  Collection Écritures  Casterman  489 pages


Résumé:
En plein XVIIIe siècle naît une petite fille, enfant de l'amour.  Sa mère, déjà mariée, elle sera nommé du nom de son beau-père: elle s'appellera Marie Gouze.  Bientôt veuve, sa mère continue de fréquenter son père naturel jusqu'à son remariage.  Elle-même mariée à dix-huit et vite mère, Marie sera rapidement veuve.  Désormais libre d'elle-même, elle choisit de ne pas se remarier, mais prend tout de même un amant pour lui assurer des revenus réguliers.   Elle le suit lorsqu'il est appelé à Paris et entreprend par une suite de hasard une carrière dans les lettres.  Dans cette France marchant à grands pas vers la Révolution, celle qui se fait maintenant appeler Olympe de Gouges fera son chemin parmi les plus grands esprits du siècle: Franklin, Danton, Condorcet, Marat, Robespierre.  Femme de lettre, elle sera auteure de théâtre, mais également pamphlétaire et mettra à l'honneur une valeur bien autrement révolutionnaire que celle des députés des États-Généraux: l'égalité entre les hommes et les femmes.

Mon avis:
Fiou!  Une biographie en bande dessinée qui se lit comme un roman d'aventure.  Aventures intellectuelles, il faut le dire, mais qu'importe, la vie d'Olympe de Gouges a tout d'un roman!  Enfant naturelle d'un poète, mère mariée à un autre, la fillette se distinguait dès le départ:  son histoire était particulière et elle restera toute sa vie un peu en dehors des normes.  Mariée jeune et presque aussitôt veuve, elle élèvera seule son fils, menant sa vie de son propre chef.  Elle aura des amants, beaucoup d'amis, mais surtout une volonté affichée de suivre sa propre route.  Olympe fera le choix de se lancer dans une carrière littéraire.  Elle n'a pas, comme dans de trop nombreux romans biographiques, un but au départ.  Erreur fréquente que de regarder les débuts à la lumière de la fin.  Car il n'y a pas de ligne droite dans son cheminement: elle avance selon les événements.  Personne n'aurait pu croire que la Révolution mènerait à la Terreur et que les modérés seraient exécutés.  Et si la plupart désirait le changement, tout le monde a pris un train en marche sans savoir jusqu'où il irait.  C'est dans la tourmente que tous devront prendre des décisions qui les mèneront soit à la vie, soit à la mort.  Olympe de Gouges est une femme qui a ses idées et veut les défendre, mais ce n'est pas une intégriste.  Elle croit en certains sujets, mais n'est pas du genre à mettre de côté des gens en désaccord avec les siennes.  Elle préfère le débat, le choc des idées, sans les attaques personnelles.  En ce sens, elle est très moderne dans une époque qui n'a pas brillé pour sa souplesse envers les idées différentes.  Cela la mènera d'ailleurs à l'échafaud.  On ne peut qu'avoir de l'admiration envers le dessinateur Catel en voyant cette BD: il sait faire évoluer les personnages de ses personnages, souvent de l'enfance à l'âge adulte en souplesse.  Lentement, les traits se modifient, on voit le temps passer sur eux.  En plus des détails des toilettes, des coiffures qui se modifient selon la mode de l'époque.  Certains scènes, incluant celle où Olympe se fait coiffer par un perruquier noir doivent avoir demandé des heures et des heures de recherche.  Les arrières-plans tout autant que les avant-plan sont aussi finement travaillé.  Que du boulot!  En plus, la totalité des dessins sont en noir et blanc.  Je n'ose me demander le nombre d'heures d'encrage qu'a demandé un tel album!  Ici, le dessin et le scénario s'épouse pour donner une BD de grande qualité, avec un sujet extrêmement bien traité.  Magnifique.

Ma note: 4.75/5

jeudi 27 février 2014

La Reine Margot d'Alexandre Dumas

La Reine Margot  Alexandre Dumas  Folio Classiques Gallimard  687 pages


Résumé:
18 août 1571.  À Paris, l'élite des deux factions en lutte dans cette France divisée par les guerres de religion est réunie pour célébrer l'alliance entre Henri, roi de Navarre et Marguerite de France, fille d'Henri II et soeur de Charles IX.  Alors que la paix semble enfin sur le royaume, l'attentat contre l'amiral Coligny, chef des protestants, provoquera le massacre de la Saint-Barthélémy.  C'est dans ce contexte politique brûlant qu'Henri et Marguerite vont devenir des alliés politiques, tandis que tous deux prennent des amants.  Le coeur brûlant de la jeune reine fondra pour un protestant: le Comte Lérac de la Mole.

Mon avis:
Quel truculence dans le verbe d'Alexandre Dumas!  On sent qu'il a fait beaucoup de théâtre, car souvent, les exclamations de ses personnages sonneraient tout aussi juste sur une scène, peut-être même plus que dans le cadre d'un roman.  On retrouve dans ce roman la verve de l'auteur des Trois Mousquetaires.  La verve, mais pas le ton joyeux, la légèreté.  Parce que placé dans le contexte tragique des massacres de la Saint-Bathélémy, l'atmosphère y est beaucoup plus sombre.  Nous ne sommes pas dans les joyeuses aventures d'aventuriers au service de leur royaux souverains.  Bien au contraire, les personnages risquent ici leurs vies à chaque instant.  Ils doivent rivaliser de logique, de sens de l'observation et de la nature humaine pour survivre au milieu des complots.  Particulièrement Henri de Navarre, qui dès le départ sait que sa vie est en danger sitôt que la reine-mère, Catherine de Médicis, est dans les parages.  Si le roman porte le nom de la Reine Margot, elle est loin d'être le personnage principal.  Personnage plutôt effacé, elle suit politiquement son mari et l'appuie du mieux qu'elle peut, partagée entre son amour pour La Mole et son affection platonique, mais réelle pour son mari.  Les personnages les plus marqués sont Henri de Navarre et Catherine de Médicis.  Superbe l'un et l'autre en adversaires redoutables.  Catherine, une femme, une mère, superstitieuse, dévote, désireuse plus que tout de préserver le trône de France pour ses enfants, ennemie jurée d'Henri dont elle a fait empoisonner la mère.  Obsédée par la chute de celui qui serait autrement l'héritier du trône de France.  Henri sera plusieurs fois sauvés par la chance, mais aussi par son instinct.  Par sa femme aussi parfois, qui l'appuiera tout au long.  Pourquoi?  Elle le fait parce que c'est son époux et que c'est son choix, sans doute aussi par volonté de résister à sa trop envahissante et omnipotente mère qui déplace les membres de sa famille comme autant de pièce d'échiquier.  Ils sont des pions politiques et non des êtres humains.  Henri quand à lui est un personnage toujours suspicieux.  Il laisse sa liberté à sa femme, mari complaisant, assez surprenant pour l'époque, mais prend pour sa part bonheur auprès d'autres dames!  Son sens de l'observation, sa capacité de dénouer les intrigues et de se sortir de toutes les situations sont soulignés à gros traits.  C'est vrai qu'Henri est un habile menteur, disant dans une même phrase une vérité et un mensonge de façon à embrouiller celui à qui il parle.  Il le fait avant tout pour sauver sa peau, mais le ferait-il moins s'il n'était pas menacé?  Dur à dire.  Les deux compagnons, La Mole et Coconnas, aussi différents au départ qu'inséparables ensuite, rappelle un peu l'amitié qui liait les célèbres mousquetaires.  D'ailleurs, on retrouve beaucoup de Porthos dans ce Coconnas grand amateur de bonne chère, de femmes et au caractère emporté.  Sans toutefois ce petit soupçon de bonne humeur qui donnait le ton.  Coconnas est certes drôle, mais sa drôlerie résonne dans le tragique et son obsession à rester jusqu'au bout avec son ami, même dans la mort a quelque chose, de trop entêté pour n'être que de l'amitié.  Même s'il dénonce le fanatisme des catholiques autant que des protestants, Coconnas leur ressemble sur ce point.  Un grand roman, écrit dans des teintes beaucoup plus sombre que d'autres romans de Dumas et prenant beaucoup de libertés avec la vérité historique.  C'est un bon roman, mais à prendre avec des pincettes sur ce point.  

Ma note: 4/5

mardi 14 janvier 2014

La reine oubliée: 2- Les Dames de Rome de Françoise Chandernagor

La reine oubliée  tome 2  Les Dames de Rome  Françoise Chandernagor  Lu par Valérie Lemaître Audiolib  12h


Résumé:
Rome, 29 av. JC.  Les orphelins d'Antoine et Cléopâtre arrivent à Rome, esclaves d'Octave triomphant.  Le destin, toujours versatile, mettra sur leur route un bon génie: la première dame de Rome, Octavie, soeur d'Octave et épouse répudiée de leur père, les prendra sous son aile.  Si ses frères meurent en peu de temps, la petite Sélénée, dernière descendante des Ptolémée grandira sous sa protection.  Désirant plus que tout une seule chose: faire vivre parmi les vainqueurs la lignée des vaincus.

Commentaire de lecture:
Dans la lignée du premier tome, on suit la jeune princesse égyptienne, exilée à Rome, prisonnière, otage, tout en étant élevée parmi la fine fleur de la jeunesse romaine.  Ses compagnons de jeu?  Le futur empereur Tibère, les filles de Marc-Antoine et Octavie, Julie, la fille de l'empereur Auguste lui-même.  Si au départ, la jeune fille doit subir le supplice de devoir parader durant le triomphe d'Octave et de subir les quolibets de la foule, ensuite, elle sera relativement protégée par Octavie.  En fait, la différence majeure avec le premier tome est que désormais elle est consciente du monde qui l'entoure.  De l'Égypte, elle n'a que peu de souvenirs.  Elle vit dans l'instant présent, profondément.  C'est une survivante.  Ses armes?  Le temps, la patiente et la discrétion.  Elle apprendra à en user, d'abord pour survivre, ensuite, pour tenter de faire dévier légèrement ce sort qui s'acharne sur elle.  Née dans un palais bleu, couleur du meilleur augure, elle s'est pourtant retrouvée seule survivante de sa famille à dix ans.  Prisonnière d'Octave, vivant parmi la noblesse romaine, mais sans en faire vraiment partie, elle n'est pas à sa place nulle part.  Heureusement, la soeur d'Octave, Octavie, la prend sous son aile et si elle n'est pas comme une mère, du moins, lui donnera-t-elle la tendresse dont la jeune princesse a tellement besoin.  Alors que durant le premier tome, on explorait la complexe société égyptienne de la fin de l'époque des Ptolémée, on est plongé dans celui-ci dans la fin de la République romaine, qui verra l'avènement de César-Auguste, premier de la lignée des empereurs romains.  On explore les moeurs de la vie quotidienne, les rites, les relations sociales, les personnalités qui ont marqué cette époque.  On est à Rome, la puissante, la terrible Rome.  Avec ses jardins, ses fêtes, ses banquets, ses intrigues, son Sénat, sa hiérarchie si particulière.  Encore une fois, l'auteure se permet d'intervenir pour préciser là où elle laisse ses personnages la guider lorsqu'elle ne connaît pas précisément la vérité.  Le reste du temps, elle n'hésite pas à citer ses sources ou à décrire les monuments qui l'ont guidé dans sa rédaction, inspirée pour le caractère de ses personnages.  Elle analyse les hypothèses et pourquoi elle a choisit l'une plutôt que l'autre.  On sent le travail de moine derrière ce roman qui se lit si facilement.  Encore une fois, les explications de fin de livre sont riches à souhait et nous éclairent sur la période, son atmosphère, les gens qui l'ont vécue.  La lectrice,de nouveau Valérie Lemaître, fait un excellent travail, bien que de nouveau, j'ai tiqué à cause des izmes.  Au son de sa voix, on suit cette petite fille, prisonnière d'événements plus grands qu'elle.  Emportée par les eaux de l'histoire, que peut faire une enfant contre les puissants de ce monde?  Résister et Sélénée le fera.

Ma note: 4/5

mardi 19 novembre 2013

Le testament d'Olympe de Chantal Thomas

Le testament d'Olympe  Chantal Thomas  Points 277 pages


Résumé:
Appoline et Ursule sont soeur.  La première est sage, soumise pourrait-on dire, alors que la seconde est volontaire, emportée, désireuse de réussir.  En ce XVIIIe siècle, encore héritier de la grandeur de Louis XIV, l'ascension sociale passe par l'aristocratie et la cours.  Alors qu'Appoline entre au couvent, Ursule, rebaptisée Olympe se brûlera les ailes auprès du roi.

Mon avis:
Ce livre est divisé en deux parties.  La première est racontée par Appoline et elle raconte son enfance et celle d'Ursule ainsi que sa disparition.  La deuxième est le récit qu'Ursule laisse à sa soeur, racontant sa montée vertigineuse et sa chute.  L'écriture de Chantal Thomas est particulière, chantante je pourrais dire.  Elle a son rythme propre.   Dans certaines phrases, on sent une montée, une descente, qui donne un rythme au texte, à la lecture.  Il y a aussi cette capacité rare de montrer l'atmosphère d'une scène en quelques mots souvent un simple détail qui donne le ton à l'ensemble.  Les caractères sont définis de la même façon.  Le père, religieux, croyant fermement que Dieu pourvoira à tous ses besoins, refusant le travail avec la dernière énergie, laissant ainsi sa famille vivre dans le plus complet des dénuements.  Ursule, plus que désireuse d'échapper à cette misère, son caractère emporté, trublion.  Appoline, sage, dominée, laissant la volonté des autres dominer sa vie.  J'ai beaucoup mieux aimé la première partie, où l'on suit Appoline, plutôt que la deuxième, où Ursule, sous le nom d'Olympe, fera la conquête de Paris et plus particulièrement de Louis XV.  Elle sera l'une des femmes du harem que lui a constitué Mme de Pompadour, intrigante qui tire les ficelles contrôlant le coeur du roi.  Utilisée, Olympe mettra au monde un enfant qu'on lui arrachera avant de la jeter à la rue.  La cruauté du procédé (d'autant plus qu'on devine facilement que l'histoire est déjà arrivée des dizaines de fois) montre le sort de ces malheureuses jeunes femmes, désireuses d'améliorer leur sort, qui tombaient dans les filets de gens sans vergogne, prêt à exploiter leur jeunesse, leur beauté et leurs corps pour maintenir leur influence sur le roi.  Une histoire à l'image de ce siècle où les femmes n'avaient aucun droit, outre celui de se taire.

Ma note: 4/5

jeudi 12 septembre 2013

La reine oubliée: 1- Les enfants d'Alexandrie de Françoise Chandernagor

La reine oubliée  tome 1  Les enfants d'Alexandrie  Françoise Chandernagor  Audiolib  Texte lu par Valérie Lemaître   Environ 11 heures d'écoute


Résumé:
Alexandrie, 40 avant JC.  Deux enfants naissent dans un palais égyptien, jumeaux et contraires.  Alexandre Hélios, le soleil et Cléopâtre Sélénée, la lune.  Ils l'ignorent, mais leurs parents sont célèbres dans tous le bassin méditerranéen: leur mère n'est nul autre que Cléopâtre, la célèbre reine d'Égypte de la dynastie des Ptolémée.  Leur père?  Marc Antoine, le général romain.  Enfants, il grandiront à l'ombre des palais, utilisés par leur mère dans ses intrigues, aimés malgré tout, mais jouet du destin et des puissants, car si tout va bien au moment de leur naissance, dans l'ombre, se profile déjà le grand affrontement entre Marc Antoine et Octave qui donnera naissance à la Rome impériale.  Mais que sont-ils, si petits, face à l'Histoire?

Mon avis:
On a peu entendu parler des enfants de Cléopâtre.  Celle-ci, devenue une séductrice impénitente, tentatrice, décadente, sous la propagande octavienne, n'est pas connue pour cette partie de sa vie.  Pourtant, elle sera mère quatre fois.  Césarion, son premier enfant, fils de César, assassiné.  Les trois autres, enfants de Marc Antoine.  Alexandra, Sélénée et le petit dernier Ptolémée Philadelphe.  C'est par les yeux de la petite Sélénée que l'on découvre cette histoire.  Sélénée qui est douce, discrète, secrète, timide même.  Qui grandit à l'écart, voyant peu ses parents, élevée par des gouvernantes.  L'auteure affirme en ouverture de son livre qu'elle a d'abord rêvé d'elle.  Que la petite fille lui est apparue dans ses rêves et qu'ensuite seulement, à la suite de ses recherches, elle a su qui elle était.  Vérité ou manière d'introduire le sujet?  Peu importe, au fond.  Parce qu'elle nous fait revivre avec éclats cette période de l'Antiquité.  Un peu comme Alexandra Lapierre dans Fanny Stevenson que j'ai lu récemment, elle utilise la forme du roman historique pour écrire une biographie de la petite fille aussi précise que possible, en comblant les trous, d'autant plus nombreux que peu de sources sont disponibles sur elle, avec son imagination, mais en se tenant aussi près que possible des faits.  Au besoin en expliquant les choix qu'elle faisait entre les différentes sources et hypothèses qu'elle avait.  Elle consacre même un chapitre complet à expliquer les choix qu'elle a dû faire pour rendre le texte au plus près de la réalité historique tout en étant compréhensible pour des lecteurs qui sont nés vingt siècles plus tard.  Heureuse initiative: on comprend beaucoup de ses choix ainsi.  Ce premier tome de ce qui est annoncé comme une trilogie raconte l'enfance choyée mais rigide de celle qui deviendra orpheline à la chute d'Alexandrie, alors qu'Octave triomphant la fera prisonnière.  Prisonnière innocente de la volonté des puissants.  Mais était-elle plus libre avec sa mère?  Son père, elle l'a peu connu, mais Cléopâtre était une femme d'intrigues, c'est connu.  Il faut le dire, elle n'en avait guère le choix si elle voulait garder le pouvoir!  L'histoire nous est racontée un peu comme une tragédie à rebours, les événements plus lointain teintant le présent des protagonistes alors qu'eux en ignoraient tout.  On ne peut écrire l'histoire en connaissant déjà la fin sans que celle-ci ne prenne le tournant d'une splendide épopée vers le drame.  L'auteure semble apprécié une certaine façon de raconter plus, comment dire classique.  Que le texte se passe durant l'Antiquité a bien sûr dû influencer ce choix.  Quoiqu'elle ne fait pas l'impasse sur le langage cru des soldats de l'époque, loin des préciosités des cours cultivées de l'Orient, parlant le grec et non le latin.  Marc Antoine a passé sa vie à cheval entre l'un et l'autre, aussi à l'aise dans l'un que dans l'autre.  J'ai écouté la version audio du livre.  La narratrice avait une intonation particulière en racontant, un peu pompeuse, mais que je soupçonne de bien rendre le texte parce que les deux collaient très bien ensemble.  Par contre, mes oreilles hurlaient quand elles entendaient à la suite les innombrables réaliZme, authentiZme et autre mot en isme transformé en iZme.  J'entendais à chaque fois la voix de mon professeur du primaire me disant: «entre deux voyelles, un s devient un Z, mais entre une voyelle et une consonne, il reste un s.»  Je crois qu'on ne l'a pas dit à la narratrice!  Quelques autres prononciations m'ont écorchés les tympans au fil de la lecture, mais c'était moins flagrant.  Guidé par sa voix, on se laissait quand même facilement emporté par l'histoire.  Deux milles ans plus tard, on revivait aux côtés de Sélénée une page sombre de l'histoire, mais aussi un couple lumineux et amoureux unis dans une fin tragique.  Ses parents.

Ma note: 4/5

jeudi 9 décembre 2010

Les chemins du Nord de Robert W. Brisebois

Les chemins du Nord  Robert W. Brisebois  Hurtubise  331 pages

Résumé:
1880.  Dans les Cantons du Nord, la colonisation peine.  Les colons vivent dans la misère et le chemin de fer promis depuis 1876 n'arrive pas.  Entre colons récalcitrants, problèmes familiaux, politicailleries et grands projets, le curé Labelle mène sa barque avec panache!

Critique:
Même si roman est écrit sur la couverture, je ne pense pas que l'on puise décrire ce livre comme étant un roman.  C'est plus une chronique de l'époque, de ses faits divers et surtout de sa politique.  Pourquoi?  On ne sent pas d'intrigue dans le livre, on se contente de suivre le curé Labelle dans sa vie, certes haute en couleurs, mais tout de même, sans sentir ce petit quelque chose qui fait que l'on a envie de poursuivre, que le livre en lui-même a un but, suit une direction.  Ce qui ne veut pas dire que le livre est dépourvu d'intérêt, loin de là!  C'est une plongée en bonne et due forme dans une époque pas si lointaine de la nôtre où les Canadiens-français quittaient en masse la misère du Québec pour aller travailler dans les usines aux États-Unis, où Louis Riel venait d'être pendu et où Honoré Mercier s'apprêtait à prendre le pouvoir.  Une époque où l'on se rappelait encore que la Confédération était toute récente et ne fonctionnait pas encore à son plein potentiel.  Bref, une époque où se sont établies les bases du Canada moderne.  Et aussi une époque où les moeurs politiques feraient pâlir d'envie les accusations de corruption portées contre certains politiciens de nos jours!  L'auteur, ancien journaliste, a une écriture très sobre, plus proche du reportage que du roman.  Certains dialogues semblaient d'ailleurs textuellement transcrits d'éditoriaux de l'époque!  On peine à être emportés dans l'histoire.  Malgré tout, la grande précision des faits et le magnifique portrait de l'époque valent largement le détour, mais le livre est peut-être plus à mettre entre les mains des amateurs d'histoire que des amateurs de romans historiques.

Ma note: 3/5