Salut!
Quand j'étais au primaire, la bibliothèque était installée dans un petit local. Petit dans le sens, trop petit pour une classe, mais trop grand pour un rangement. Les livres y courraient le long des murs sur les rangées métalliques beiges, bien séparés par des espaceurs. Pendant des années, j'ai consulté ses rayons avec passion: j'ai lu, j'ai fouiné dedans, j'ai payé des amendes parce que je les ramenais en retard (c'est la vie!) et surtout, j'ai expérimenté différent système pour y maintenir un semblant d'ordre.
En première année, c'était un long carton plastifié, vert, avec des chiffres au bout. Moi, j'étais le numéro 6. On le laissait à la place du livre que l'on venait de prendre pour pouvoir le remettre en place quand on avait fini. Ça ne nous permettait que de sortir un livre des rayons à la fois, ce qui était profondément embêtant pour la mordue des livres que j'étais. Ensuite est venue une grande innovation: les responsables de la bibliothèque, pour la plupart des mamans bénévoles chargées de tamponner les dates de retour (on était au XXe siècle après tout...), avaient vidé les tablettes du bas de toutes les étagères pour les laisser libres. Désormais, si on prenait un livre, il fallait le déposer sur la tablette du bas. Qui était chargé de les replacer à leurs places? Des bénévoles de 5e et 6e années.
Ai-je besoin de vous dire que je me suis portée volontaire dans le quart de seconde qui a suivi la proposition?
Ce qui m'a introduit au merveilleux monde des codes de bibliothèques. J'étais loin de savoir quoi que ce soit sur Dewey et son système de classement, mais je comprenais la logique de base: on commençait par les premiers chiffres (ceux qui commençaient par 100 n'allaient pas au même endroit que les 800), ensuite, on décortiquait jusqu'à arriver jusqu'au dernier signe, chiffre ou lettre et on recasait le livre à l'endroit où il y avait un trou entre les livres, ou du moins, le plus possible proche de ce trou.
Quelle joie durant les deux dernières années de mon primaire que de pouvoir entrer dès la sortie de l'autobus (notre privilège d'assistant-bibliothécaire était de pouvoir entrer avant tous les autres). Ensuite, on rangeait les livres et on allait en classe. Le paradis.
Depuis, j'ai un amour infini pour les systèmes de classement des bibliothèques. Certes, la plupart suivent à des degrés divers le classement de Dewey, mais il y a toujours des variations, des sections spéciales et des manies de bibliothécaire dans chaque bibliothèque. Par exemple, dans la bibliothèque de mon ancienne ville, les étagères se suivaient, mais faisaient un saut avec une section décalée par rapport aux autres. Dans la première bibliothèque municipale que j'ai fréquentée, il fallait toujours vérifier si le livre que l'on cherchait n'était pas derrière la rangée de livres parce que les rayons débordaient en permanence. Ma bibliothèque actuelle a classé la littérature par ordre alphabétique, en séparant seulement ceux destinés aux adolescents et aux adultes. Bref, ce n'est jamais parfaitement pareil.
D'ailleurs, c'est l'un de mes petits plaisirs de fréquenter les rayons des bibliothèques: trouver moi-même, avec l'aide d'une cote le livre que je cherche, comme si cette cote était une carte menant à un trésor. J'ai toujours un petit sourire quand je trouve mon livre toute seule.
Les systèmes de classement sont comme les bonnes tuyauteries: quand elles fonctionnent à la perfection, on ne s'en rend pas compte. Mais ça les rend d'autant plus précieuses. Malheur à ceux qui vont replacer les livres à la mauvaise place! Et bonnes recherches dans les rayons pour ceux qui comprennent comment elles sont classées!
@+ Mariane