Salut!
En lisant un livre l'autre jour, je me suis surprise à pousser un immense soupir intérieur en lisant un passage. Instantanément, je me suis arrêtée. Pourquoi donc cette réaction? Qu'est-ce qui me tapait sur les nerfs en moins de trois-quarts de seconde en lisant ce passage?
Je vous le résume. Un homme rencontre une femme pour la première fois. Elle s'arrange pour qu'il marche devant elle. Pendant ce temps, elle en profite pour regarder ses fesses musclées, parle au passage du charme de ses cheveux en bataille et souligne son regard bleu. De braise évidemment. Quand lui parle d'elle, il souligne les courbes de ses formes, sa poitrine généreuse, son regard émeraude éploré et... Ok j'arrête ça là. Principe de base: les descriptions sont centrées sur le physique des personnages. On fait l'éloge de la beauté plastique des personnages et de l'attirance qu'elle génère. Mais dans l'extrait que je paraphrase, c'est surtout le côté physique qui ressort et l'attirance suit, car le sous-entendu est bien, comment peut-on ne pas être attiré par la beauté? L'auteure dont je parle (et dont je n'ai pas critiqué le livre, tout simplement parce que je ne l'ai pas fini!) est une débutante et a mis dans cette scène ce qu'elle a retenu de ses sûrement nombreuses lectures: la beauté physique.
C'est le moteur de base de nombreuses romances. Les personnages n'ont que très exceptionnellement des défauts et la plupart du temps du côté des hommes, du genre une cicatrice bien placée qui souligne son caractère viril. Les femmes sont toujours minces, avec des poitrines tout droit sorti de chez le chirurgien plastique et leur chevelure est abondante. Côté émotionnel, habituellement, deux choses peuvent se produire. D'un côté, l'irritation, soit le fait que les deux personnages se tapent royalement sur les nerfs ou alors là, c'est les jambes qui ramollissent, le cerveau qui quitte son état normal, la bouche dont sort des trucs dingues, etc, etc, tant que ça soit beurré très épais.
C'est justement là que la différence entre une romance et un manque d'expérience entre en ligne de compte. Un(e) auteur(e) de romance utilisera cette beauté pour nourrir l'attirance entre les personnages, parce que c'est l'attirance qui est le coeur de l'intrigue, pas la beauté. Si le livre multipliera les rappels de la beauté physique, c'est avant tout un outil pour nourrir la relation entre les personnages, relation qui est basée sur l'attirance. Après tout, si la personne est magnifique, mais qu'il n'y a pas de déclic, il n'y a pas d'histoire. Un rappel à la couleurs des yeux ou des cheveux sera une façon de renouer avec ce qui a fait jaillir des étincelles au départ. Sauf qu'autre chose va lier les protagonistes: des épreuves, des doutes, des disputes, des événements externes... La manière dont la relation a commencé aura un impact sur la suite de l'histoire. Le physique est l'étincelle, ce qui embrase le feu de foyer est ailleurs. Il faut d'ailleurs un certain talent et un certain doigté pour qu'une telle scène ne sonne pas creux. Je donne ça aux auteur(e)s de romances.
Mais pour un auteur débutant... Comment dire. On dirait que ce qu'ils ont retenus de leurs lectures dans le domaine de la romance est uniquement ces descriptions et les sensations qu'ils ont ressentis en les lisant. C'est vrai que ça peut être grisant, ces descriptions de corps magnifiques... Et ils pensent que cela suffit. Ce n'est pas le cas. Ils ne voient pas le sous-texte, l'ambiance, l'importance accordée aux relations, aux sensations. Parce qu'un personnage est beau ou belle, c'est normal que l'autre tombe sous le charme... C'est loin d'être aussi facile que ça! Ces superbes descriptions tombent dans le vide parce que liées à des morceaux de carton en terme de personnages. C'est peut-être beau du carton-pâte, mais ça ne tient pas très longtemps l'illusion!
Voilà comment on en arrive à lire dans un livre une scène qui, centrée sur le physique des personnages en ignorant leur psychologie, manque sa cible et termine en queue de poisson qui tombe sur les nerfs plus qu'autre chose. En frôlant même le ridicule.
Vraiment, si vous aimez les descriptions de corps musclés et de regards scintillants, vaut mieux qu'ils s'appliquent à une personnalité tout aussi brillante.
@+ Mariane
lundi 29 juillet 2019
vendredi 26 juillet 2019
Ashini d'Yves Thériault
Ashini Yves Thériault Bibliothèque québécoise 127 pages
Résumé:
La femme d'Ashini est morte. Ses deux fils aussi, l'un tué par une crue subite, l'autre par la balle d'un blanc saoul. Sa fille a quitté les terres ancestrales pour vivre avec ceux-là même qui ont pris son frère. Il erre sur les terres de l'Ungava, faisant ce que tous ses ancêtres ont fait avant lui, chasser et piéger sur les terres de son peuple. C'est dans cette solitude que naît pour lui une idée: parler d'homme à homme avec le grand chef des Blancs, le Premier Ministre et mener à nouveau ses frères et soeurs sur leur territoire natal, loin des réserves où ils se meurent à petit feu.
Mon avis:
Primo, mais quelle langue! J'ai été soufflé par le souffle qui se dégage de ce tout petit livre, mais qui utilise une langue riche, variée, puissante pour faire passer son propos. J'ai ralenti ma lecture pour en profiter pleinement. Il a l'art de trouver le mot juste, le mot précis pour décrire chaque chose, chaque émotion, tout en maintenant tout au long de l'oeuvre une musicalité qui donne l'impression d'entendre le vent dans les arbres, l'eau couler dans les rivières et le craquement des raquettes sur la neige. Je ne sais pas s'il s'est inspiré du rythme et de la façon de travailler les phrases d'une langue autochtone, mais une chose est sûre, c'est que la respiration et la façon de travailler la syntaxe de ce livre étaient clairement différente de beaucoup de livres que j'ai lu. Cela crée une impression de puissance, d'immensité, de force que j'ai rarement ressenti.
Deuxio, je ne sais pas si un auteur blanc pourrait faire paraître une telle oeuvre aujourd'hui. Il se glisse dans la peau d'un Montagnais (aujourd'hui, ce peuple a repris son propre nom et on dirait Innu), dans son coeur, dans son âme même et nous fait voir le monde par ses yeux. C'est leur vision du monde qu'il emprunte et l'on voit leur univers à travers les yeux de ce vieux trappeur, comment il voit les Blancs, comment il voit l'extinction de sa race. L'attachement au territoire, qu'il connaît intimement, est aussi très clairement marqué. Je dois avouer que les problématiques qu'il dénonce, les torts faits à son peuple, ce qu'il souhaite pour eux-mêmes résonnent même pour la lectrice qui le lit presque six décennies après sa publication. C'est pratiquement mot pour mot la même chose que ce que les Premières Nations réclament aujourd'hui. Et ça fait mal de voir que les choses ont si peu évolué.
Je vais résumé simplement ce que j'ai ressenti en lisant ce livre: soufflée, littéralement. C'est un petit chef-d'oeuvre que ce livre.
Ma note: 5/5
Résumé:
La femme d'Ashini est morte. Ses deux fils aussi, l'un tué par une crue subite, l'autre par la balle d'un blanc saoul. Sa fille a quitté les terres ancestrales pour vivre avec ceux-là même qui ont pris son frère. Il erre sur les terres de l'Ungava, faisant ce que tous ses ancêtres ont fait avant lui, chasser et piéger sur les terres de son peuple. C'est dans cette solitude que naît pour lui une idée: parler d'homme à homme avec le grand chef des Blancs, le Premier Ministre et mener à nouveau ses frères et soeurs sur leur territoire natal, loin des réserves où ils se meurent à petit feu.
Mon avis:
Primo, mais quelle langue! J'ai été soufflé par le souffle qui se dégage de ce tout petit livre, mais qui utilise une langue riche, variée, puissante pour faire passer son propos. J'ai ralenti ma lecture pour en profiter pleinement. Il a l'art de trouver le mot juste, le mot précis pour décrire chaque chose, chaque émotion, tout en maintenant tout au long de l'oeuvre une musicalité qui donne l'impression d'entendre le vent dans les arbres, l'eau couler dans les rivières et le craquement des raquettes sur la neige. Je ne sais pas s'il s'est inspiré du rythme et de la façon de travailler les phrases d'une langue autochtone, mais une chose est sûre, c'est que la respiration et la façon de travailler la syntaxe de ce livre étaient clairement différente de beaucoup de livres que j'ai lu. Cela crée une impression de puissance, d'immensité, de force que j'ai rarement ressenti.
Deuxio, je ne sais pas si un auteur blanc pourrait faire paraître une telle oeuvre aujourd'hui. Il se glisse dans la peau d'un Montagnais (aujourd'hui, ce peuple a repris son propre nom et on dirait Innu), dans son coeur, dans son âme même et nous fait voir le monde par ses yeux. C'est leur vision du monde qu'il emprunte et l'on voit leur univers à travers les yeux de ce vieux trappeur, comment il voit les Blancs, comment il voit l'extinction de sa race. L'attachement au territoire, qu'il connaît intimement, est aussi très clairement marqué. Je dois avouer que les problématiques qu'il dénonce, les torts faits à son peuple, ce qu'il souhaite pour eux-mêmes résonnent même pour la lectrice qui le lit presque six décennies après sa publication. C'est pratiquement mot pour mot la même chose que ce que les Premières Nations réclament aujourd'hui. Et ça fait mal de voir que les choses ont si peu évolué.
Je vais résumé simplement ce que j'ai ressenti en lisant ce livre: soufflée, littéralement. C'est un petit chef-d'oeuvre que ce livre.
Ma note: 5/5
lundi 22 juillet 2019
On racontait les histoires ainsi...
Salut!
L'autre jour, je suis allée à l'opéra, voir Carmen de Bizet, monté par l'Opéra de Montréal. Je n'ai pas détesté, mais je n'ai pas aimé non plus. Bon, pour être honnête, j'ai surtout trouvé ça long (mon postérieur aussi!). C'est clairement quelque chose qui est lié à l'art lyrique, mais souvent, un des personnages prenaient un moment d'arrêt sur le reste du spectacle, seul sur scène, pour nous chanter ses émotions. Ça donnait l'occasion à chaque personnage d'avoir son tour de chant, mais ça rallongeait considérablement l'histoire. Une façon de faire qui est sans doute typique de l'opéra, mais auquel la consommatrice culturelle moderne que je suis n'était pas habituée.
En rentrant à la maison, je me disais que cette façon de raconter une histoire était typique de cette époque et de cet art. Mais ça va un peu plus loin que ça. Si la même histoire était racontée aujourd'hui, on couperait beaucoup de passages chantées et on les raccourcirait, on donnerait du tonus aux personnages secondaires, on nouerait des intrigues parallèles à la précédente, bref, on en ferait une oeuvre beaucoup plus complexe, avec moins de tableaux uniquement utiles pour mettre en valeur les chanteurs des choeurs.
Ça m'a fait aussi pensé à la célèbre anecdote sur les romans du XIXe siècle où les auteurs bourraient leurs écrits de descriptions à rallonge parce qu'ils étaient payés à la page. Ou à ces longs poèmes du Moyen Âge qui finissait toujours par la même syllabe afin de permettre aux poètes qui les récitaient de les apprendre plus facilement. La façon dont l'art était diffusée a toujours joué un rôle dans la façon dont les histoires étaient racontées. On ne pensait pas à des effets spéciaux par ordinateur avant leur invention et les livres étaient beaucoup moins nombreux avant l'arrivée de l'imprimerie. On ne parlera pas non plus des journaux qui sont carrément une conséquence de l'arrivée des presses modernes. Le côté technique de la diffusion a influencé la manière de raconter les histoires, mais ça n'a pas été un frein à la créativité. L'approche était différente, tout simplement.
Voilà sans doute pourquoi la consommatrice de contenus culturels que je suis a moyennement apprécié l'opéra qu'elle a vu. Je ne maîtrisais pas les codes de compréhension de l'histoire qu'on me racontait. L'oeuvre a été créée dans un contexte, avec des techniques de diffusion, un langage scénique que je ne maîtrisais pas. Je pourrais certes l'apprendre, ce n'est pas hors de ma portée, mais en aie-je le goût? Ça c'est une autre question.
Je crois que je vais continuer à fréquenter le théâtre au lieu de l'opéra. Cet art, j'en maîtrise mieux les codes et je suis plus à même de bien en comprendre les histoires. Même les pièces vieilles de plusieurs siècles, je sais les comprendre, parce qu'on m'a appris à les comprendre. Pas l'opéra. Un jour peut-être..
@+ Mariane
L'autre jour, je suis allée à l'opéra, voir Carmen de Bizet, monté par l'Opéra de Montréal. Je n'ai pas détesté, mais je n'ai pas aimé non plus. Bon, pour être honnête, j'ai surtout trouvé ça long (mon postérieur aussi!). C'est clairement quelque chose qui est lié à l'art lyrique, mais souvent, un des personnages prenaient un moment d'arrêt sur le reste du spectacle, seul sur scène, pour nous chanter ses émotions. Ça donnait l'occasion à chaque personnage d'avoir son tour de chant, mais ça rallongeait considérablement l'histoire. Une façon de faire qui est sans doute typique de l'opéra, mais auquel la consommatrice culturelle moderne que je suis n'était pas habituée.
En rentrant à la maison, je me disais que cette façon de raconter une histoire était typique de cette époque et de cet art. Mais ça va un peu plus loin que ça. Si la même histoire était racontée aujourd'hui, on couperait beaucoup de passages chantées et on les raccourcirait, on donnerait du tonus aux personnages secondaires, on nouerait des intrigues parallèles à la précédente, bref, on en ferait une oeuvre beaucoup plus complexe, avec moins de tableaux uniquement utiles pour mettre en valeur les chanteurs des choeurs.
Ça m'a fait aussi pensé à la célèbre anecdote sur les romans du XIXe siècle où les auteurs bourraient leurs écrits de descriptions à rallonge parce qu'ils étaient payés à la page. Ou à ces longs poèmes du Moyen Âge qui finissait toujours par la même syllabe afin de permettre aux poètes qui les récitaient de les apprendre plus facilement. La façon dont l'art était diffusée a toujours joué un rôle dans la façon dont les histoires étaient racontées. On ne pensait pas à des effets spéciaux par ordinateur avant leur invention et les livres étaient beaucoup moins nombreux avant l'arrivée de l'imprimerie. On ne parlera pas non plus des journaux qui sont carrément une conséquence de l'arrivée des presses modernes. Le côté technique de la diffusion a influencé la manière de raconter les histoires, mais ça n'a pas été un frein à la créativité. L'approche était différente, tout simplement.
Voilà sans doute pourquoi la consommatrice de contenus culturels que je suis a moyennement apprécié l'opéra qu'elle a vu. Je ne maîtrisais pas les codes de compréhension de l'histoire qu'on me racontait. L'oeuvre a été créée dans un contexte, avec des techniques de diffusion, un langage scénique que je ne maîtrisais pas. Je pourrais certes l'apprendre, ce n'est pas hors de ma portée, mais en aie-je le goût? Ça c'est une autre question.
Je crois que je vais continuer à fréquenter le théâtre au lieu de l'opéra. Cet art, j'en maîtrise mieux les codes et je suis plus à même de bien en comprendre les histoires. Même les pièces vieilles de plusieurs siècles, je sais les comprendre, parce qu'on m'a appris à les comprendre. Pas l'opéra. Un jour peut-être..
@+ Mariane
jeudi 18 juillet 2019
Alain Lacoursière Le Columbo de l'art de Sylvain Laroque
Alain Lacoursière Le Columbo de l'art Sylvain Laroque Flammarion Québec 276 pages
Résumé:
Alain Lacoursière est un policier hors-norme. Souvent en grippe avec sa hiérarchie, porté aux coups d'éclats, branché avec les journalistes... et diplômé en histoire de l'art. Il en fera d'ailleurs sa spécialisation. Là où d'autres préfèrent faire joueur leurs muscles, ce policier iconoclaste fera sa marque dans un domaine moins connu, mais pourtant richement pourvu en crimes de tous genres: l'art.
Mon avis:
Résumons le livre en une phrase: Alain Lacoursière, il l'a l'affaire! De son adolescence où il flirte avec les motards jusqu'à ses grands coups, ce policier semble survoler la scène criminelle, des arts en particulier, mais pas seulement, avec un flair inimitable. C'est ce qu'on se dit en finissant ce livre. Sauf que...
Jetez ici le pavé dans la marre! Cette biographie a tout de l'hagiographie. Le portrait sans nuance de Lacoursière qui y est brossé se dresse justement contre ce qu'il prêche. Vraiment, un policier qui rue dans les brancards, qui montre autant d'audace contre sa hiérarchie et qui est presque systématiquement... récompensé? Sérieux, on est pas au pays de Blanche-Neige! Le manque de regard critique sur les exploits du policier nuit bien plus qu'il n'aide. Parce que le récit presque sans pause de ses exploits contre les criminels en fait un être d'exception, un justicier... et un être totalement désincarné.
Le rôle de la biographie n'est pas d'être flatteuse, ni même d'être totalement véridique: elle vise à tracer un portrait. Sauf qu'ici, le manque de nuance, doublé d'une tendance à la mythomanie du personnage (il avoue carrément avoir menti à plusieurs reprises à ses supérieurs!), nous pousse à tout remettre en question ce qu'il dit. Est-ce vrai, est-ce faux? Est-ce important de savoir? Oui, justement.
Pour le reste, l'histoire est fascinante, car c'est dans le milieu de l'art québécois, un milieu mal connu et plutôt fermé que ce déroule toutes ces histoires. On en apprend beaucoup sur l'histoire de l'art québécois (et même international!). Sauf que la forme emprunté, avant tout un empilage des meilleures anecdotes de la carrière du policier, m'a semblé surfer sur le sujet plus que l'approfondir.
Sincèrement, avec un tel matériel, il aurait été facile de faire beaucoup mieux.
Ma note: 3.25/5
Résumé:
Alain Lacoursière est un policier hors-norme. Souvent en grippe avec sa hiérarchie, porté aux coups d'éclats, branché avec les journalistes... et diplômé en histoire de l'art. Il en fera d'ailleurs sa spécialisation. Là où d'autres préfèrent faire joueur leurs muscles, ce policier iconoclaste fera sa marque dans un domaine moins connu, mais pourtant richement pourvu en crimes de tous genres: l'art.
Mon avis:
Résumons le livre en une phrase: Alain Lacoursière, il l'a l'affaire! De son adolescence où il flirte avec les motards jusqu'à ses grands coups, ce policier semble survoler la scène criminelle, des arts en particulier, mais pas seulement, avec un flair inimitable. C'est ce qu'on se dit en finissant ce livre. Sauf que...
Jetez ici le pavé dans la marre! Cette biographie a tout de l'hagiographie. Le portrait sans nuance de Lacoursière qui y est brossé se dresse justement contre ce qu'il prêche. Vraiment, un policier qui rue dans les brancards, qui montre autant d'audace contre sa hiérarchie et qui est presque systématiquement... récompensé? Sérieux, on est pas au pays de Blanche-Neige! Le manque de regard critique sur les exploits du policier nuit bien plus qu'il n'aide. Parce que le récit presque sans pause de ses exploits contre les criminels en fait un être d'exception, un justicier... et un être totalement désincarné.
Le rôle de la biographie n'est pas d'être flatteuse, ni même d'être totalement véridique: elle vise à tracer un portrait. Sauf qu'ici, le manque de nuance, doublé d'une tendance à la mythomanie du personnage (il avoue carrément avoir menti à plusieurs reprises à ses supérieurs!), nous pousse à tout remettre en question ce qu'il dit. Est-ce vrai, est-ce faux? Est-ce important de savoir? Oui, justement.
Pour le reste, l'histoire est fascinante, car c'est dans le milieu de l'art québécois, un milieu mal connu et plutôt fermé que ce déroule toutes ces histoires. On en apprend beaucoup sur l'histoire de l'art québécois (et même international!). Sauf que la forme emprunté, avant tout un empilage des meilleures anecdotes de la carrière du policier, m'a semblé surfer sur le sujet plus que l'approfondir.
Sincèrement, avec un tel matériel, il aurait été facile de faire beaucoup mieux.
Ma note: 3.25/5
lundi 15 juillet 2019
Merci à Natasha Romanoff
Salut!
Je revenais de funérailles. Celles d'une personne chère à mon coeur, qui était disparue. Ça avait été une journée éprouvante, où j'avais fait des heures de route en plus de pleurer comme une Madeleine. En revenant, je n'avais plus une seule goutte de mascara sur les yeux, j'étais fatiguée et sans doute, affamée. J'étais habillée chic, avec une petite robe noire toute cute, des sandales aux pieds. Pas mon look habituel. Je devais avoir l'air fragile... J'étais arrêtée sur le chemin du retour à une station-service-très-connue-du-monde-qui-prennent-la-20-pour-aller-à-Québec-celle-où-l'essence-est-toujours-moins-cher. (ceux qui savent pas ne prennent pas la 20! :P).
Il y avait une file de trois véhicules par pompe, alors j'ai préféré transformer ma pause plein d'essence en simple pause-pipi. Je me suis stationné à côté d'un gros pick-up chromé. En sortant de ma voiture, j'ai échappé mon cellulaire par terre alors ma porte de voiture a légèrement accoté sur le pick-up chromé. J'ai entendu un hurlement. Je me suis immédiatement excusée à haute et intelligible voix. Après avoir vérifié que le-dit camion chromé n'avait pas été abîmé par l'ouverture impromptue de la porte d'une minable Yaris 2008, je me suis donc dirigée vers les toilettes. La suite du dialogue ici a été échangée avec le conducteur du pick-up chromé.
-TOÉ TU AS ACCROCHÉ MON PICK-UP!
-Elle a rien votre camionnette Monsieur, j'ai vérifié, je suis désolée, mais elle n'a rien! (pourquoi la loi 101 a-t-elle le contrôle de mon cerveau même dans ce genre de circonstances... Mystère)
-CÂLICE, T'AURAIS DÛ FAIRE ATTENTION, TU AS ACCROCHÉ MON PICK-UP!
-J'ai regardé et il n'a rien votre pick-up Monsieur et je me suis déjà excusée, c'était un accident! (Engueulade avec un pur étranger: 1, Loi 101: 0)
-AILLE-TOÉ MA TABARNAC, TU ME PARLERAS PAS SUR CE TON-LÀ!
-VOUS ME PARLEREZ-PAS SUR CE TON-LÀ NON PLUS! (Réserve de patience face à l'agressivité: 0, Hausse de mon propre ton de voix: 1)
Je vous passe le reste de l'échange, mais c'était pas très beau, ni d'un côté, ni de l'autre (parfois, faut savoir se défendre!). Après quelques répliques de cet acabit, j'ai planté là l'hurluberlu maniaque de sa carrosserie pour me diriger vers les toilettes. Alors que je lui tournais le dos, il a lancé:
-M'AS T'L'POQUÉ TON CHAR CÂLICE!
Arrêt sur image. Quand je me suis retourné pour lui faire faire, j'ai eu un éclair qui m'a traversé l'esprit: le regard de Black Widow face à un ennemi. Le gars bluffait, je le savais. Mais je le savais parce que j'avais vue Natasha Romanoff réagir face à ce genre d'attaque dans les films, comment elle pouvait lire les gens et savoir où était la vraie menace. C'était un chien en train de japper pour m'impressionner. Ce n'était pas une vraie menace. Je lui aie fait un pfff méprisant et j'ai marché vers les toilettes en lui tournant résolument le dos. Pour être honnête, j'avais la patate à 220 battements par minute et je tremblais comme une feuille. Mais je savais que j'avais pris la bonne décision et que j'avais bien fait de ne pas me laisser impressionner. Quand je suis revenue à ma voiture, le gars était parti et ma voiture intacte (j'ai fait deux fois le tour pour vérifier!)
Passé les battements de coeur et le stress dû à l'événement (j'ai été fébrile pendant un bon deux heures après!), c'est la pensée de Black Widow qui est restée de cet événement. Parce que tout s'est joué en moins d'une seconde. Et que je sais que c'est parce que je me suis raccrochée à un personnage féminin fort que je suis passée au travers de cette mini-tempête. Que j'ai pu tenir tête à un homme qui voulait tout simplement m'impressionner avec sa grosse voix. En mon fort intérieur, je remerciais Marvel de m'avoir permis de voir un personnage comme elle. Je pouvais m'identifier à elle, me voir dans ses réactions, dans ses gestes, et au moment opportun, puiser en elle pour savoir comment réagir.
On parle souvent de diversité dans les grands médias de combien il est important pour tout le monde d'être capable de se voir dans les médias grand public, de pouvoir se reconnaître. Je crois que c'est un bon exemple. Si un enfant noir, dans une situation de stress, pense à la majesté de Black Panther pour garder son calme, ou un adolescent aux jumeaux Weasley pour sortir une pitrerie afin de désamorcer une situation tendue, il a un modèle, une image de réaction, qu'il pourra réutiliser le moment venu. Ce n'est pas parfait, ce n'est pas absolu, mais ça compte pour la personne qui fait face. Parce que quelqu'un lui a montré la voie...
Mine de rien, la fiction laisse des traces dans notre esprit, que ce soit en positif ou en négatif. C'est pourquoi il est important que tous soient présents dans les médias et pas juste dans des rôles secondaires ou de méchants. Il faut que tout le monde soit là, à l'écran, au petit et au grand, et dans les livres parce qu'ils servent encore souvent d'inspiration à l'écran.
Parce qu'on ne sait jamais comment une attitude, un geste, une réaction, peuvent servir à quelqu'un qui en aura vraiment besoin. En bien ou en mal, certes, mais travaillons tous ensemble que ce soit pour le positif.
@+ Mariane
Je revenais de funérailles. Celles d'une personne chère à mon coeur, qui était disparue. Ça avait été une journée éprouvante, où j'avais fait des heures de route en plus de pleurer comme une Madeleine. En revenant, je n'avais plus une seule goutte de mascara sur les yeux, j'étais fatiguée et sans doute, affamée. J'étais habillée chic, avec une petite robe noire toute cute, des sandales aux pieds. Pas mon look habituel. Je devais avoir l'air fragile... J'étais arrêtée sur le chemin du retour à une station-service-très-connue-du-monde-qui-prennent-la-20-pour-aller-à-Québec-celle-où-l'essence-est-toujours-moins-cher. (ceux qui savent pas ne prennent pas la 20! :P).
Il y avait une file de trois véhicules par pompe, alors j'ai préféré transformer ma pause plein d'essence en simple pause-pipi. Je me suis stationné à côté d'un gros pick-up chromé. En sortant de ma voiture, j'ai échappé mon cellulaire par terre alors ma porte de voiture a légèrement accoté sur le pick-up chromé. J'ai entendu un hurlement. Je me suis immédiatement excusée à haute et intelligible voix. Après avoir vérifié que le-dit camion chromé n'avait pas été abîmé par l'ouverture impromptue de la porte d'une minable Yaris 2008, je me suis donc dirigée vers les toilettes. La suite du dialogue ici a été échangée avec le conducteur du pick-up chromé.
-TOÉ TU AS ACCROCHÉ MON PICK-UP!
-Elle a rien votre camionnette Monsieur, j'ai vérifié, je suis désolée, mais elle n'a rien! (pourquoi la loi 101 a-t-elle le contrôle de mon cerveau même dans ce genre de circonstances... Mystère)
-CÂLICE, T'AURAIS DÛ FAIRE ATTENTION, TU AS ACCROCHÉ MON PICK-UP!
-J'ai regardé et il n'a rien votre pick-up Monsieur et je me suis déjà excusée, c'était un accident! (Engueulade avec un pur étranger: 1, Loi 101: 0)
-AILLE-TOÉ MA TABARNAC, TU ME PARLERAS PAS SUR CE TON-LÀ!
-VOUS ME PARLEREZ-PAS SUR CE TON-LÀ NON PLUS! (Réserve de patience face à l'agressivité: 0, Hausse de mon propre ton de voix: 1)
Je vous passe le reste de l'échange, mais c'était pas très beau, ni d'un côté, ni de l'autre (parfois, faut savoir se défendre!). Après quelques répliques de cet acabit, j'ai planté là l'hurluberlu maniaque de sa carrosserie pour me diriger vers les toilettes. Alors que je lui tournais le dos, il a lancé:
-M'AS T'L'POQUÉ TON CHAR CÂLICE!
Arrêt sur image. Quand je me suis retourné pour lui faire faire, j'ai eu un éclair qui m'a traversé l'esprit: le regard de Black Widow face à un ennemi. Le gars bluffait, je le savais. Mais je le savais parce que j'avais vue Natasha Romanoff réagir face à ce genre d'attaque dans les films, comment elle pouvait lire les gens et savoir où était la vraie menace. C'était un chien en train de japper pour m'impressionner. Ce n'était pas une vraie menace. Je lui aie fait un pfff méprisant et j'ai marché vers les toilettes en lui tournant résolument le dos. Pour être honnête, j'avais la patate à 220 battements par minute et je tremblais comme une feuille. Mais je savais que j'avais pris la bonne décision et que j'avais bien fait de ne pas me laisser impressionner. Quand je suis revenue à ma voiture, le gars était parti et ma voiture intacte (j'ai fait deux fois le tour pour vérifier!)
Passé les battements de coeur et le stress dû à l'événement (j'ai été fébrile pendant un bon deux heures après!), c'est la pensée de Black Widow qui est restée de cet événement. Parce que tout s'est joué en moins d'une seconde. Et que je sais que c'est parce que je me suis raccrochée à un personnage féminin fort que je suis passée au travers de cette mini-tempête. Que j'ai pu tenir tête à un homme qui voulait tout simplement m'impressionner avec sa grosse voix. En mon fort intérieur, je remerciais Marvel de m'avoir permis de voir un personnage comme elle. Je pouvais m'identifier à elle, me voir dans ses réactions, dans ses gestes, et au moment opportun, puiser en elle pour savoir comment réagir.
On parle souvent de diversité dans les grands médias de combien il est important pour tout le monde d'être capable de se voir dans les médias grand public, de pouvoir se reconnaître. Je crois que c'est un bon exemple. Si un enfant noir, dans une situation de stress, pense à la majesté de Black Panther pour garder son calme, ou un adolescent aux jumeaux Weasley pour sortir une pitrerie afin de désamorcer une situation tendue, il a un modèle, une image de réaction, qu'il pourra réutiliser le moment venu. Ce n'est pas parfait, ce n'est pas absolu, mais ça compte pour la personne qui fait face. Parce que quelqu'un lui a montré la voie...
Mine de rien, la fiction laisse des traces dans notre esprit, que ce soit en positif ou en négatif. C'est pourquoi il est important que tous soient présents dans les médias et pas juste dans des rôles secondaires ou de méchants. Il faut que tout le monde soit là, à l'écran, au petit et au grand, et dans les livres parce qu'ils servent encore souvent d'inspiration à l'écran.
Parce qu'on ne sait jamais comment une attitude, un geste, une réaction, peuvent servir à quelqu'un qui en aura vraiment besoin. En bien ou en mal, certes, mais travaillons tous ensemble que ce soit pour le positif.
@+ Mariane
vendredi 12 juillet 2019
La suite du temps: 3- Les écueils du temps de Daniel Sernine
La suite du temps tome 3 Les écueils du temps Daniel Sernine Alire 562 pages
Résumé:
Nicolas Dérec continue sa vie au sein d'Érymède au sein duquel une grande décisions est prise: agir pour réduire drastiquement la population humaine qui est sur le point de faire dérailler la planète Terre. Les Aliis, race extraterrestre alliée des Mentors, offrent leur aide.
Mon avis:
J'ai eu l'impression en lisant ce tome de combler les trous que le deuxième avait laissé, comme s'ils avaient été pensés comme un livre unique qu'on aurait répartis équitablement en deux tomes, mais sans se préoccuper outre-mesure d'une logique dans la séparation entre chacun d'entre eux. On fait de longs retours en arrière dans ce tome qui expliquent beaucoup de décisions prise par Nicolas dans le deuxième et aussi, lui donnent une touche plus humaine. Il cesse d'être un robot agissant sans véritable motivation et commence à exister comme individu au-delà de ses changements de poste. Autre point fort, on le sent véritablement changer et vieillir au fil du déroulement de l'histoire.
J'ai moins senti ce qui m'avait dérangé dans les deux autres tomes, soit le fait que l'intrigue prenne presque le tiers du livre avant de décoller, ou peut-être était-ce simplement le fait que je m'y étais habituée. Il m'a semblé embarquer dans le vif du sujet beaucoup plus vite et comme pour les deux premiers tomes, le dernier tiers est absolument impossible à lâcher avant la fin.
Ce qui marque surtout, c'est la pensée écologique profonde qui traverse tout le livre. On connaît toutes ces données, on en entend parler chaque jour, mais le sentiment d'urgence qui habite l'intrigue est remarquablement bien rendue. Je ne suis pas d'accord avec la méthode choisie au final pour régler le problème, mais de lire ce livre fait énormément réfléchir.
La fin, parlons-en. Je crois qu'elle va me rester dans la tête pendant très très longtemps. Je me refuse ici d'en dire plus car ce serait absolument criminel de divulgâcher quoi que ce soit à son sujet. Mais elle est marquante. Si je croise l'auteur un de ses quatre, je sens que j'ai quelques questions pour lui!
Ma note: 4.5/5
Résumé:
Nicolas Dérec continue sa vie au sein d'Érymède au sein duquel une grande décisions est prise: agir pour réduire drastiquement la population humaine qui est sur le point de faire dérailler la planète Terre. Les Aliis, race extraterrestre alliée des Mentors, offrent leur aide.
Mon avis:
J'ai eu l'impression en lisant ce tome de combler les trous que le deuxième avait laissé, comme s'ils avaient été pensés comme un livre unique qu'on aurait répartis équitablement en deux tomes, mais sans se préoccuper outre-mesure d'une logique dans la séparation entre chacun d'entre eux. On fait de longs retours en arrière dans ce tome qui expliquent beaucoup de décisions prise par Nicolas dans le deuxième et aussi, lui donnent une touche plus humaine. Il cesse d'être un robot agissant sans véritable motivation et commence à exister comme individu au-delà de ses changements de poste. Autre point fort, on le sent véritablement changer et vieillir au fil du déroulement de l'histoire.
J'ai moins senti ce qui m'avait dérangé dans les deux autres tomes, soit le fait que l'intrigue prenne presque le tiers du livre avant de décoller, ou peut-être était-ce simplement le fait que je m'y étais habituée. Il m'a semblé embarquer dans le vif du sujet beaucoup plus vite et comme pour les deux premiers tomes, le dernier tiers est absolument impossible à lâcher avant la fin.
Ce qui marque surtout, c'est la pensée écologique profonde qui traverse tout le livre. On connaît toutes ces données, on en entend parler chaque jour, mais le sentiment d'urgence qui habite l'intrigue est remarquablement bien rendue. Je ne suis pas d'accord avec la méthode choisie au final pour régler le problème, mais de lire ce livre fait énormément réfléchir.
La fin, parlons-en. Je crois qu'elle va me rester dans la tête pendant très très longtemps. Je me refuse ici d'en dire plus car ce serait absolument criminel de divulgâcher quoi que ce soit à son sujet. Mais elle est marquante. Si je croise l'auteur un de ses quatre, je sens que j'ai quelques questions pour lui!
Ma note: 4.5/5
mardi 9 juillet 2019
La petite Russie de Francis Desharnais
La petite Russie Francis Desharnais Pow Pow Non paginé
Mon avis:
S'il manquait une preuve de l'incroyable versatilité de la bande dessinée, ce livre en est une preuve. En dessins, il reprend les codes des grandes oeuvres sur la terre, dans la veine du Survenant de Germaine Guèvremont et de Maria Chapdelaine de Louis Hémon. Le travail de la terre est admirablement bien rendu dans le dessin, dans cette minutie de ceux qui l'aiment et la travaillent, dans ses duretés aussi. Le contraste avec la forêt, que Marcel n'aime pas mais dans lequel il travaillera afin de pouvoir avoir sa terre, s'étale sur toutes les pages. Forêt qui draine les forces vives de la coopérative, en constante compétition avec la terre. La tension entre les deux est sensible tout au long du livre.
Il y a aussi les personnages. Marcel est un bon gars typique du Québec, qui souhaite reproduire le modèle agricole que ses ancêtres ont connu, se construire une maison et vivre en autarcie. Le bois, pour lui n'est qu'un moyen, pas une fin. C'est avec d'autant plus de difficultés qu'il fera face aux autres membres de la coopérative qui ne lui accordent pas autant d'intérêt. Sa femme, Antoinette est un personnage plus moderne. Elle n'acceptera pas le fait que les femmes n'aient pas leur place aux assemblées de la coopérative et fera tout pour tisser un lien de solidarité entre les femmes de Guyenne.
Le décalage entre leur rêve, somme toute assez conservateur, et la réalité dans lequel ils vivent se fait de plus en plus criante au fil du livre. Alors qu'ils rêvent d'un retour à la terre, télévision, tracteur et téléphone vient changer le monde rural où ils vivent. Après la mort d'un enfant, Antoinette abordera même le sujet de la pilule, c'est dire le fossé! Cela se fait par petite touche, mais on comprend que le monde qu'ils souhaitent appartient au passé, malgré tout le labeur qu'ils y mettront.
Le dessin est tout simplement remarquable. L'auteur nous montre des séquences de dessins pour illustrer l'univers dans lequel les protagonistes évoluent, sans dialogues, parfois même sans personnages. On sent la forêt, partout, toute proche, à la fois repoussoir et source financière, on sent aussi le travail de la terre, on sent les tensions grandissantes dans la coopérative. L'auteur se permet même quelques magnifiques plans séquences pour montrer les aurores boréales qui remplissent le ciel abitibien, rendant dans la technique utilisée pour les faire, la texture de ces phénomènes atmosphériques.
Francis Desharnais est un bédéiste qui roule sa bosse depuis un moment déjà et qui a une feuille de route bien remplie. On peut ajouter un morceau de maître à son tableau de chasse avec cet opus.
Ma note: 4.75/5
Résumé:
1947, Guyenne, Abitibi. Marcel Desharnais vient s'installer dans une coopérative, un peu au nord de Val-d'or pour défricher la terre et devenir cultivateur. Il souhaite coloniser un nouveau bout de pays. Mais pour la colonisation, la grande époque est passée et si le modèle coopératif est là pour soutenir le développement agricole autant que l'industrie du bois, les tensions sont vives entre le bois qui rapporte et la terre qui est garante d'autonomie, mais est dure à cultiver. Ce récit est l'histoire de vingt ans de colonisation dans un modèle que l'on connaît peu et que les autres colons avait surnommé la petite Russie.Mon avis:
S'il manquait une preuve de l'incroyable versatilité de la bande dessinée, ce livre en est une preuve. En dessins, il reprend les codes des grandes oeuvres sur la terre, dans la veine du Survenant de Germaine Guèvremont et de Maria Chapdelaine de Louis Hémon. Le travail de la terre est admirablement bien rendu dans le dessin, dans cette minutie de ceux qui l'aiment et la travaillent, dans ses duretés aussi. Le contraste avec la forêt, que Marcel n'aime pas mais dans lequel il travaillera afin de pouvoir avoir sa terre, s'étale sur toutes les pages. Forêt qui draine les forces vives de la coopérative, en constante compétition avec la terre. La tension entre les deux est sensible tout au long du livre.
Il y a aussi les personnages. Marcel est un bon gars typique du Québec, qui souhaite reproduire le modèle agricole que ses ancêtres ont connu, se construire une maison et vivre en autarcie. Le bois, pour lui n'est qu'un moyen, pas une fin. C'est avec d'autant plus de difficultés qu'il fera face aux autres membres de la coopérative qui ne lui accordent pas autant d'intérêt. Sa femme, Antoinette est un personnage plus moderne. Elle n'acceptera pas le fait que les femmes n'aient pas leur place aux assemblées de la coopérative et fera tout pour tisser un lien de solidarité entre les femmes de Guyenne.
Le décalage entre leur rêve, somme toute assez conservateur, et la réalité dans lequel ils vivent se fait de plus en plus criante au fil du livre. Alors qu'ils rêvent d'un retour à la terre, télévision, tracteur et téléphone vient changer le monde rural où ils vivent. Après la mort d'un enfant, Antoinette abordera même le sujet de la pilule, c'est dire le fossé! Cela se fait par petite touche, mais on comprend que le monde qu'ils souhaitent appartient au passé, malgré tout le labeur qu'ils y mettront.
Le dessin est tout simplement remarquable. L'auteur nous montre des séquences de dessins pour illustrer l'univers dans lequel les protagonistes évoluent, sans dialogues, parfois même sans personnages. On sent la forêt, partout, toute proche, à la fois repoussoir et source financière, on sent aussi le travail de la terre, on sent les tensions grandissantes dans la coopérative. L'auteur se permet même quelques magnifiques plans séquences pour montrer les aurores boréales qui remplissent le ciel abitibien, rendant dans la technique utilisée pour les faire, la texture de ces phénomènes atmosphériques.
Francis Desharnais est un bédéiste qui roule sa bosse depuis un moment déjà et qui a une feuille de route bien remplie. On peut ajouter un morceau de maître à son tableau de chasse avec cet opus.
Ma note: 4.75/5
lundi 8 juillet 2019
Réfléchir
Salut!
«-Ton blogue, ce qui est intéressant avec lui, c'est qu'il nous fait réfléchir.
-Ah oui?
-Oui, je dois te laisser, ciao bye!»
Intéressant. Cette petite phrase lâchée comme ça lors d'une conversation avec un ami m'a fait plaisir. C'est quand même la raison principale pour laquelle j'écris ce blogue! Réfléchir... Il me semble que dans notre époque où tout va très vite, prendre le temps de réfléchir à quelque chose vaut la peine. Je me permets de le faire sur un blogue parce que je le peux, mais la plupart de ces idées trottent dans ma tête de toute façon. La seule différence, c'est que je prends le temps de les rendre cohérentes et que je les mets par écrit.
«-Ah ton blogue, c'est super, ça paraît que tu réfléchis avant d'écrire tes billets.
-C'est gentil de me le dire, mais je t'ai pas vu laisser beaucoup de commentaires en-dessous.
-C'est ça le problème!
-Quoi donc?
-Ben, c'est tellement bien réfléchi que t'as pas le goût de laisser un commentaire qui veut rien dire en dessous! Ou de se contenter de te dire bon billet!»
Autre ami, autre conversation. Et qui fait mouche. Écrire un billet demande du temps, mais ce n'est pas du temps continu. Je ne passe pas trois heures à réfléchir avant de déposer les mots sur la page. J'y pense, j'y repense, entre deux autres choses, en conduisant, en essuyant la vaisselle, en regardant le plafond avant de dormir, en gratouillant des oreilles de chats. Il faut laisser le temps aux idées de se mêler, de se tordre, de s'entremêler, de se défaire et de finalement, prendre forme. Sauf que quand ce boulot est fait, s'asseoir et écrire reste la partie facile. Sauf que je peux me mettre dans les pattes d'une personne qui le lit et je comprends sa position: je lui balance quelque chose de concret et de réfléchi pendant des heures au visage un beau lundi matin...
«-Ton blogue est intéressant justement parce que tu prends la peine d'écrire et de mettre en mots des choses auquel on pense mais qu'on prend pas le temps d'approfondir.
-Oh là là! Tout un compliment!
-Qui est mérité! Tu devrais recommencer à écrire des billets, tu apportes vraiment quelque chose à la blogosphère.»
Autre commentaire, autre personne qui me l'a fait. Une auteure que je ne peux pas qualifier d'amie, mais qui un soir, a rajouté une couche à mon envie de recommencer à bloguer, il y a un peu plus d'un an, moi qui était en mode pause depuis un moment. Bloguer pour réfléchir à mots hauts, bloguer pour recommencer à laisser libre court à mes idées, bloguer pour trouver une occupation enfin à ce petit hamster qui ne cesse de trotter dans ma tête.
Alors, voilà, ce blogue sert à réfléchir, à chercher, à trouver, à poser des hypothèses, des idées. Il ne sert pas nécessairement à trouver des réponses toutes faites et définitives, mais à poser des jalons. Le faire par écrit m'oblige à être cohérente et à aller au bout des choses, mais ça reste un plaisir de le faire. J'aime réfléchir, j'aime comprendre et je me sers de mon petit bout d'internet pour le faire. Même si c'est moins à la mode de prendre le temps de le faire, je continue à croire que réfléchir reste un acte essentiel à faire, un acte personnel, mais un acte important. La différence, c'est que je le partage avec vous, chers lecteurs.
@+ Mariane
«-Ton blogue, ce qui est intéressant avec lui, c'est qu'il nous fait réfléchir.
-Ah oui?
-Oui, je dois te laisser, ciao bye!»
Intéressant. Cette petite phrase lâchée comme ça lors d'une conversation avec un ami m'a fait plaisir. C'est quand même la raison principale pour laquelle j'écris ce blogue! Réfléchir... Il me semble que dans notre époque où tout va très vite, prendre le temps de réfléchir à quelque chose vaut la peine. Je me permets de le faire sur un blogue parce que je le peux, mais la plupart de ces idées trottent dans ma tête de toute façon. La seule différence, c'est que je prends le temps de les rendre cohérentes et que je les mets par écrit.
«-Ah ton blogue, c'est super, ça paraît que tu réfléchis avant d'écrire tes billets.
-C'est gentil de me le dire, mais je t'ai pas vu laisser beaucoup de commentaires en-dessous.
-C'est ça le problème!
-Quoi donc?
-Ben, c'est tellement bien réfléchi que t'as pas le goût de laisser un commentaire qui veut rien dire en dessous! Ou de se contenter de te dire bon billet!»
Autre ami, autre conversation. Et qui fait mouche. Écrire un billet demande du temps, mais ce n'est pas du temps continu. Je ne passe pas trois heures à réfléchir avant de déposer les mots sur la page. J'y pense, j'y repense, entre deux autres choses, en conduisant, en essuyant la vaisselle, en regardant le plafond avant de dormir, en gratouillant des oreilles de chats. Il faut laisser le temps aux idées de se mêler, de se tordre, de s'entremêler, de se défaire et de finalement, prendre forme. Sauf que quand ce boulot est fait, s'asseoir et écrire reste la partie facile. Sauf que je peux me mettre dans les pattes d'une personne qui le lit et je comprends sa position: je lui balance quelque chose de concret et de réfléchi pendant des heures au visage un beau lundi matin...
«-Ton blogue est intéressant justement parce que tu prends la peine d'écrire et de mettre en mots des choses auquel on pense mais qu'on prend pas le temps d'approfondir.
-Oh là là! Tout un compliment!
-Qui est mérité! Tu devrais recommencer à écrire des billets, tu apportes vraiment quelque chose à la blogosphère.»
Autre commentaire, autre personne qui me l'a fait. Une auteure que je ne peux pas qualifier d'amie, mais qui un soir, a rajouté une couche à mon envie de recommencer à bloguer, il y a un peu plus d'un an, moi qui était en mode pause depuis un moment. Bloguer pour réfléchir à mots hauts, bloguer pour recommencer à laisser libre court à mes idées, bloguer pour trouver une occupation enfin à ce petit hamster qui ne cesse de trotter dans ma tête.
Alors, voilà, ce blogue sert à réfléchir, à chercher, à trouver, à poser des hypothèses, des idées. Il ne sert pas nécessairement à trouver des réponses toutes faites et définitives, mais à poser des jalons. Le faire par écrit m'oblige à être cohérente et à aller au bout des choses, mais ça reste un plaisir de le faire. J'aime réfléchir, j'aime comprendre et je me sers de mon petit bout d'internet pour le faire. Même si c'est moins à la mode de prendre le temps de le faire, je continue à croire que réfléchir reste un acte essentiel à faire, un acte personnel, mais un acte important. La différence, c'est que je le partage avec vous, chers lecteurs.
@+ Mariane
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