lundi 29 août 2022

Oubliez ça, je suis nulle en auto-promotion et sur l'art de publier en pleine pandémie

 Salut,

Il y a deux semaines, j'ai reçu par la poste un cadeau bien précieux: la dernière édition de la revue Brins d'éternité... avec mon nom dessus!

Hasard de l'autre alphabétique si mon nom figure en premier!

Bref, j'étais très contente! J'ai vu que ma nouvelle figurait en premier au sommaire, j'ai prévenu famille et amis et... j'ai complètement oublié de partager l'heureuse nouvelle sur les réseaux sociaux. Ce n'est que lorsque l'une des autres auteures du recueil a partagé sur le grand catalogue de visage que je me suis dit oups! Je viens de rater une belle occasion de faire un brin d'autopromotion...

Ce n'est pas parce que je ne suis pas fière du texte pourtant: la gestation de L'expédition Crozier aura pris du temps, mais je suis très fière du texte qui est paru. Une histoire où je m'amuse joyeusement à tordre la ligne du temps et à mêler histoire réelle et science-fiction. C'est en partie inspiré d'un livre que j'ai lu, d'une exposition que j'ai visitée et aussi d'une idée qui m'a traversé un jour l'esprit: et toutes ces personnes qui sont mortes sans que l'on ne sache jamais la fin de leurs histoires, on pourrait aller les chercher dans le passé sans que cela change la ligne du temps, non? Voyez, je ne suis pas si nulle pour parler de mes textes!

Mais je n'ai absolument pas le réflexe de partager, de faire circuler et surtout, d'ouvrir ma grande trappe sur les médias sociaux quand arrive une nouvelle publication.

Je vais peut-être finir par prendre le réflexe, à force. Ce n'est que mon troisième texte publié après tout!

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Parlant de cela, j'ai réalisé que mes deux derniers textes sont parus en temps de pandémie. Le premier, j'ai eu droit aux félicitations de tout le monde, étant donné que j'ai su qu'il serait publié en plein Congrès Boréal. Les deux autres... J'ai reçu mon exemplaire par la poste et à part quelques proches, je n'ai pas pu célébrer vraiment. 

Pas de lancement avec des amis, de 5 à 7, de soirée des revues, d'événements littéraires pour en parler, juste... rien. Bravo Mariane de la part de quelques amis, mais sans plus. L'excitation de faire lire mon texte, de recevoir des critiques, n'ont pas été expérimentée en présentiel, mais bien en virtuel. Ce qui est dommage parce que j'ai l'impression qu'il me manque quelque chose à chaque fois. Vivement la fin de la pandémie pour que cela change! 

Parce que je n'ai pas l'intention de m'arrêter à trois en termes de publication!

@+ Mariane

lundi 22 août 2022

À armes égales, on est égal

 Salut,

Quand on regarde notre production cinématographique et qu'on la compare aux films provenant de Hollywood, on constate souvent que les histoires n'y sont pas aussi bien réglées, les plans de caméras aussi nombreux et bon, les effets spéciaux (s'il y en a!) vaudrait mieux ne pas en parler. Côté séries télé, surtout dans l'âge d'or de la télévision dans lequel nous sommes, de nombreuses productions semblent fades face à leurs concurrentes américaines ou britanniques. Quel que soit le genre. 

Pas que nos créateurs ici soient moins bons, que non! Le talent ici est aussi présent qu'ailleurs. Regardez ce que réussit à faire Denis Villeneuve! Mais il a la chance de bénéficier de ce qui manque à beaucoup de nos artistes de la caméra: des moyens. Un film tourné au Québec n'aura qu'une fraction du budget d'une superproduction. Comment compétitionner avec ça! Rien qu'à l'écran, la différence est flagrante et quand on est habitué à d'autres standards de qualité, on peut avoir de la difficulté à voir autre chose!

En musique aussi, les moyens jouent, même si de façon moindre. D'autant plus que les gros studios ont les moyens d'offrir de meilleurs moyens de production et de meilleurs salaires aux artistes qui derrière la scène peaufinent la musique que nous écoutons. Ça n'empêche pas les gens d'écouter de la musique d'ici, parce que le résultat ne dépend pas que des moyens qu'on y met. Reste que quand même, il y a une influence certaine du fric. Comme dans la plupart des arts.

Une seule exception à cette règle des moyens: la littérature.

Parce que les mots imprimés ne coûtent pas si cher, parce que les moyens nécessaires à la mise en place d'univers imaginaires sur papier ne sont rien comparés à ceux du cinéma ou de la série télé, parce que la littérature est surtout une question de personnes capables de créer des histoires, des personnages, des intrigues et des récits, notre littérature n'a strictement rien à envier à celle d'autres pays, qu'ils sont ou non plus fortunés que non.

Je parle de littérature. Certes, des différences existent. Dans la diffusion des oeuvres par exemple. Un auteur américain ou britannique peut espérer plus facilement être traduit et nous comptons pour un bon pourcentage des ventes de certains auteurs français. Mais ça n'a pas d'impact sur la création.

À la base, pour créer, il faut de l'espace mental, des idées et du temps. Oh et de la patience, beaucoup de patience! Des essais et des erreurs, souvent beaucoup d'essais et encore plus d'erreurs. Mais ça ne coûte pas si cher d'essayer d'écrire un texte. Et que notre littérature peut facilement rivaliser avec celle de partout dans le monde, peu importe les moyens des pays qui la produise.

C'était le 12 août j'achète un livre québécois récemment. Un événement qui nous rappelle, année après année que notre littérature existe, mais avec toute la promotion qui l'entoure, elle nous rappelle aussi à quel point elle est riche, diversifiée, qu'elle va dans toutes les directions, dans tous les genres et que dans tous ces domaines, elle recèle des perles à découvrir. 

À armes égales, nous sommes aussi bons que n'importe qui dans le monde. Et en littérature, où les moyens ne font pas foi de tout, nos histoires soutiennent facilement la comparaison.

@+ Mariane

lundi 8 août 2022

Lire pour l'auteur.e, lire pour l'histoire

 Salut!

Cette année encore, Amélie Nothomb va pondre son bouquin annuel, comme toujours au mois d'août. Cette écrivaine n'est plus à présenter tellement elle fait maintenant partie du paysage littéraire. On dira que l'on s'est acheté le nouveau Nothomb sans même savoir ce dont parle le livre. Ce qui nous pousse vers le livre, à la bibliothèque autant qu'en librairie, c'est le nom de la personne qui l'a écrit, bien plus que ce que cette personne va nous raconter dans le livre.

L'auteurice est ainsi une marque que l'on consomme bien plus qu'une histoire dans laquelle on se plonge.

On va lire un Terry Pratchett bien avant de lire une histoire de fantasy. Un livre de Patrick Senécal bien avant de lire une histoire d'horreur. Même chose pour un livre de Stephen King. Un Michael Connely ou un James Patterson sans intrigue policière ne peut exister dans l'esprit de bien des gens. Tellement que si ces auteurs veulent publier autre chose, vaut mieux pour eux le faire sous pseudonyme.

D'un autre côté, il y a toutes ces histoires qui n'attendent qu'à être lues, cachées entre leurs couvertures papiers ou numériques. Une histoire qui se passe sous la Révolution française? Les amours d'un trentenaire à l'ère de Grindrr? Une histoire d'adoption à l'ère post Roe Vs Wade? Un voisin louche qui a une passion aussi louche pour les échecs? (ok, je pique ici l'idée de Patrick Senécal pour 5150, rue des Ormes)

Malheureusement, ces histoires n'ont pas de nom connu d'auteurice pour les propulser dans la tête des gens. Ces histoires ne doivent compter que sur elles-mêmes pour se faire vendre. 

Ce qui est souvent la partie la plus compliquée. Après tout, des centaines de nouveaux titres sont publiés chaque année. Lequel, par sa présentation, sa couverture, son marketing, même parfois les scandales qui vont l'entourer vont réussir à faire parler d'eux sans la locomotive qu'est la personne qui l'a écrite? Alors qu'un nom d'auteurice connu donne une longueur d'avance, les autres livres, qui ne sont défendues que par leurs histoires, doivent se battre pour avoir une petite place au soleil.

Peut-être plus tard, quand le monde aura connu l'auteurice de leurs lignes pourront-elles se permettre le luxe de ne pas être intéressante ou fascinante en elle-même. Leurs 4e de couverture pourront être aussi vague que possible, leurs couvertures moches, rien n'arrêtera les lecteurices qui croiseront leur chemin: ces histoires seront portées par quelque chose de bien plus grand qu'eux.

En attendant, la majorité des gens qui sont à la recherche d'un livre pour s'asseoir et profiter d'une belle aventure portée par les mots veulent avant tout une bonne histoire. Sauf que si c'est un.e auteurice connu.e, l'histoire résonnera moins fort sans doute. La réputation de l'auteurice, méritée ou non, sonnera une cloche au lecteurice. La renommée vole dit-on. Le cerveau humain étant ainsi fait, on préférera le connu à l'inconnu. Pourquoi risquer une aventure dans une intrigue avec un inconnu quand une personne connue nous fait de l'oeil avec la sienne?

Et cela au fond, peu importe l'histoire! Un bon roman peut vous transporter, que la personne qui a tapoté sur le clavier soit ou non une vedette dans le monde littéraire. Même au contraire, être le premier à découvrir une nouvelle voix, une nouvelle plume, peut être extrêmement bon pour vous, autant et même sinon plus que pour l'auteurice. Pour cela, il faut la patience, le temps et la curiosité. Des qualités dont parfois, je me dis qu'il manque aux lecteurices.

Bref, lisez les histoires pour elles-mêmes et non pour la personne qui les écrit. Vous allez faire d'innombrables découvertes. Et qui sait, peut-être même découvrirez-vous avant out le monde le ou la prochaine auteurice qui fera les manchettes.

@+ Mariane

lundi 1 août 2022

Instrument de torture pour élèves du secondaires

 Salut!

Si vous posez la question à un adulte en lui demandant quelle a été la pire lecture de son adolescence, le risque qu'Agaguk sorte en tête de liste est très probable. Bonheur d'occasion aussi. Ou Le Survenant. Bref, à peu près n'importe quel classique de la littérature québécoise...

C'est peu surprenant. De l'autre côté de l'Atlantique, les adultes citent souvent la Princesse de Clèves comme source de torture. Qui pourtant, n'a rien à voir avec la littérature du terroir!

Ce dégoût n'a souvent rien à voir avec les oeuvres comme tel. Enfin, pas tout à fait à voir avec les oeuvres comme tel! C'est juste que...

De un, l'adolescence est un âge où nos goûts, nos personnalités et surtout, nos centres d'intérêt ne sont... absolument pas en phase avec des livres qui peuvent avoir été écrits un siècle auparavant! Et pour cause! Il y a eu plus de bouleversements sociaux durant les vingt premières années du XXIe siècle que lors de la première moitié du XXe siècle! Donc, lire un texte se passant à une époque où la religion était dominante, où la place de la femme très différente, où les minorités sexuelles n'existaient carrément pas dans la littérature, le tout écrit dans une prose décidément pré-Twitter... C'est tellement loin de leur univers et de leur quotidien que c'est difficile de les accrocher. À moins d'être une crac-pot de littérature comme moi. Ou d'avoir de très bons profs. J'ai eu la chance d'avoir les deux et de lire des classiques très jeune. Mais je suis une exception, pas la règle.

De deux, les classiques de la littérature sont connus pour être des chefs-d'œuvre, des pièces d'une exceptionnelle qualité, des incontournables... souvent par des gens qui ont pas mal de lectures derrière la cravate. Les adolescent.e.s, parce qu'ils en sont à leur stade de leur vie!, n'ont souvent pas les connaissances ou les capacités d'apprécier ces oeuvres. Comparons avec le vin. Si on vous mettait dans les mains un grand cru, mais que vous n'avez jamais goûté de vin avant, vous risquez de ne pas apprécier! C'est un peu la même chose avec la littérature. Ça prend du temps de former son goût. Il faut lire, se confronter, se former, lire des choses que l'on n'aime pas vraiment, lire des choses que l'on aime beaucoup, découvrir et apprendre. L'adolescence est justement l'âge où l'on forme ce goût-là. Mais il n'est pas encore formé! Alors vous obligez à lire un classique alors que votre goût n'est pas encore formé... Risque d'échec élevé! Même avec un excellent prof pour vous introduire à l'oeuvre et croyez-moi, les profs de français au Québec trippent leur vie à l'idée de parler de littérature! Mais bon, le dernier écueil est que...

Les livres qu'on est obligé de lire sont toujours les pires à lire. On se traîne les pieds à les lire parce qu'avant même d'avoir tourné la première page, d'avoir goûté les premiers mots de l'auteurice, on sait que l'on devrait naviguer dans ses pages jusqu'à la fin, plaisir ou non. Boire le calice jusqu'à la lie en d'autres termes! Il n'y a sans doute rien de plus tue-l'amour que l'obligation, mais hé, si on veut faire connaître ces livres, rien de mieux que de les faire lire de manière obligatoire non? Ouais, mais tsé... Ça n'a pas toujours d'heureux résultats.

J'ai lu, adulte, des livres dont j'ai pu m'épargner la lecture au secondaire. Et je les ai aimés. Oui, oui, aimés! Parce que la plupart du temps, ce sont de bons livres. Je n'avais pas de pression pour le lire, pas d'examen au bout du compte, pas d'analyse à faire, juste un livre et moi, et l'aventure littéraire entre les deux... Bien plus agréable de lire des classiques comme ça.

Au point où je me dis qu'Agaguk un jour... Mais pas Bonheur d'occasion! Ça j'ai déjà essayé et je remercie le ciel de ne pas avoir eu à le lire au secondaire!

Dernière question que je me pose, en finissant: si on ne fait pas lire des classiques au secondaire, l'un des derniers moments de leurs vies où tous les jeunes québécois ont les fesses bien installées à l'école, à quel autre moment pourrait-on leur faire découvrir les classiques d'ici?

@+ Mariane