Salut!
Je pique ici un titre à Walter Benjamin, mais je ne peux pas m'en empêcher: c'est très représentatif de ce qui s'est passé chez moi dans les derniers jours. Parce qu'au cours des dernières semaines, j'ai méticuleusement, soigneusement et patiemment emballé tous les livres contenus dans mes bibliothèques, je les aie mis dans des boîtes et j'ai déménagé les-dites boîtes... dans mon nouveau chez moi.
Parce que nouveau chez moi il y a! Patchoulie et moi sommes redevenues rive-sudiennes!
Patchoulie découvrant son nouveau royaume |
Sauf que, en bonne lectrice avide, j'ai des bibliothèques et qui dit déménagement et bibliothèque, dit, boîtes et boîtes de livres! Ça n'a pas été trop pire de les faire. Ayant été libraire, j'ai de l'expérience dans les boîtes de livres (cinq ans à faire des retours...) et bon, ça a été la partie facile de la mise en boîtes! La cuisine a été bien pire!
Je vais faire une affirmation en partant: je déteste déménager. Pas pour rien que mon animal fétiche est le chat: comme lui, il me faut un territoire et rien ne me dérange plus dans mes habitudes que de devoir tout changer de place d'un coup. Mais ça en a valu la peine!
Mais les défaire...
Prendre des livres sur une tablette et les mettre dans des boîtes est une chose, les sortir de là pour les placer en est une autre. Parce que déposer les livres sur les tablettes signifie aussi faire des choix, un certain classement, créer un décor que l'on va caresser des yeux pendant longtemps. Les critères qui déterminent comment on va les placer sont de tous genres: esthétiques (les classer par hauteur, par couleur), pratique (par auteur.rice, par genre, par maisons d'éditions) ou par manie du/de la lecteur.rice (par exemple, je sépare les lus des non-lus et la fiction de la non-fiction).
Reproduire l'ordre exact d'une bibliothèque à une autre demande une minutie que je n'ai pas et c'était même impossible dans mon cas parce que déménageant dans plus petit, j'ai dû couper des bibliothèques... Un reclassage s'imposait. Par contre, le fait de prendre physiquement dans mes mains les livres que j'ai, surtout ceux que j'ai depuis des années, pour les replacer, les déplacer, les reclasser, redonne conscience de leur existence.
Il y en a que j'ai vu si souvent que j'oublie presque que je les aie, d'autres que je me regarde et me dit oh boy, celui-là, ça fait une éternité (pensez genre le cégep ou l'université) que je l'ai! C'est d'autant plus triste que je n'ai pas encore lu certains d'autres eux. Certains me rappellent des rencontres, des événements, des commentaires qu'ont faits des gens à un certain moment ou à un autre. Beaucoup, beaucoup de souvenirs de lectures aussi et pas mal également de, ah, je serais bien dû pour lire celui-là!
Les livres sont aussi des objets physiques qui ont un poids, une texture, une odeur et qui assemblés, forment un ensemble visuel. Vivre avec les livres signifie les exposer et les regarder aussi. On est en contact avec eux, même s'ils sont sur des tablettes et mine de rien, quand on les déplace, c'est l'une des seules occasions où on entrera physiquement en contact avec chacun d'entre eux dans un court laps de temps. Un rappel de ce qu'ils sont des objets à part entière, même si en tant que lectrice, le contenu m'intéresse infiniment plus que le contenant.
Sauf quand il s'agit de les déménager...
@+ Mariane