lundi 28 février 2022

Le pouvoir d'empathie des livres

Salut!

Vous savez, je n'ai jamais été sur un vieux rafiot crachotant une fumée noire en train de fuir mon pays d'origine empêtré dans une guerre.  Pas du tout.  Mais si je ferme les yeux, je peux m'imaginer y être, tout ça parce que Kim Thuy, dans son magnifique me l'a raconté.  Elle m'a raconté la peur, le danger, elle m'a raconté aussi l'angoisse, l'odeur du moteur que tout le monde craint de voir s'arrêter, la nuit noire, la saveur des biscuits qu'ils ont mangés, imbibés d'huile à moteur et qu'elle a malgré tout avalés parce qu'il n'y avait rien d'autre...

Des dizaines d'auteurs m'ont ainsi raconté leurs histoires, parfois la leur, parfois une autre, imaginée par eux.  Ils m'ont appris comment on fait un feu à partir de brindilles, comment on teint la laine et qu'on la tisse, comment on récolte les fraises sauvages et des dizaines et des dizaines d'autres choses.  C'est l'art de l'auteur de nous décrire comment on fabrique des dizaines d'objets, comment on se débrouille dans la nature, mais il y a plus.

Je n'ai jamais souffert de la faim, celle avec un grand F, celle qui déchire le ventre et qui fait faire des choses qu'on ne ferait pas autrement.  Mais je l'ai lu très souvent.  Je peux décrire ses sensations, comment elle transforme les sens, comment elle tord le ventre et rend sensible à tant de détails, petits et grands, qu'autrement, on ne remarque pas.  

Je n'ai jamais eu peur au point de craindre pour ma vie, mais je connais la peur, parce qu'on me l'a décrit.  Je n'ai jamais connu la pauvreté, mais le déchirement qu'elle cause, la griffure de son impact sur l'âme, même si ce n'est que pour de petites choses, je la connais.

Je n'ai jamais été dans un pays en guerre, mais je comprends les ravages que cela fait sur les relations sociales, combien on en vient à se méfier de tout le monde, combien le moindre geste, la moindre parole, peut décider de sa vie ou de sa mort.

Je n'ai jamais été trompée par un.e amoureux.se, mais j'ai lu bien des fois l'atroce déchirement que cela fait à la confiance, en soi et dans les autres, à l'amour, toutes les répercussions que ce manque de confiance finit par avoir, sur la personne qui trompe, la personne trompée et sur toutes les autres qui les entourent.

Parce qu'on l'a écrit et mieux, on l'a écrit en me parlant d'une personne.  Jeune, vieille, homme, femme, enfant, adolescent, riche, pauvre, privilégiée ou non, quelque soit la couleur de sa peau, son origine, sa foi son orientation sexuelle, son identité de genre ou ce qu'elle désire: pouvoir, éducation, dignité, etc.  C'est à travers cette personne que j'ai compris. Cette personne qui peut n'avoir existé d'abord que dans la tête de celui ou celle qui l'a écrit. Ce n'est peut-être même pas une vraie personne, ni même inspirée d'une vraie personne.  C'est un personnage, mais ce personnage peut nous faire ressentir tellement d'émotions qu'il en devient presque vrai.

C'est l'un des nombreux pouvoirs de la littérature: nous permettre l'empathie.  De marcher quelques kilomètres dans les souliers de quelqu'un d'autre, de faire l'expérience de leur propre vie, de leur point de vue.  Certes, on peut le faire d'une autre manière: la télévision, le cinéma, le journalisme, les biographies, etc, mais la littérature a ceci de particulier qu'elle nous permet de plonger profondément dans les pensées et les sensations d'un individu.  De nous mettre à sa place.

La science a déjà prouvé que la lecture permet de développer l'empathie.  On ne lit pas en se disant: je vais développer ma capacité à comprendre les autres, non, c'est un effet secondaire.  Ce qui est merveilleux, c'est que cela se fait naturellement, sans que l'on s'en rende vraiment compte.  Tout simplement parce que lorsque l'on est assit en train de lire un livre, on ne pense pas que l'on est en train d'apprendre à son cerveau à se mettre dans les souliers de quelqu'un d'autre, à sortir de notre propre cadre de pensée, de comprendre que différent ne veut pas dire dangereux et qu'il y a autant de beauté que de laideur dans toutes les cultures du monde : on est emporté par la magie d'une histoire, l'un des plus grands plaisirs de l'humanité depuis des temps immémoriaux.

@+ Mariane

jeudi 24 février 2022

«C'est le Québec qui est né dans mon pays!» d'Emmanuelle Dufour

 «C'est le Québec qui est né dans mon pays!» Carnet de rencontres, d'Ani Kuni à Kiuna  Emmanuelle Dufour  Collection Ricochets Écosociété 176 pages


Résumé:

Lors d'un voyage en Nouvelle-Zélande, Emmanuelle Dufour se fait poser une question somme toute innocente par une petite fille: connais-tu les premiers peuples de ton pays.  Pour elle qui a parcouru la planète à la rencontre des peuples autochtones a ressenti un choc: elle ignorait tout de ceux qui vivaient sur la terre où elle a elle-même grandi.  Décidée à combler cette lacune, elle se lance dans la découverte des Premières Nations du Québec, une trajectoire qui soulèvera de nombreuses questions sur son propre nationalisme québécois.

Mon avis:

Au départ un mémoire de maîtrise, ce récit a volontairement été rédigé en bandes dessinées et c'est une grande force. Parce que l'iconographie y occupe une place très importante.  Dans l'une des pages, elle dessine tous les personnages ''indiens'' qui ont peuplé notre imaginaire d'enfants occidentaux: Pocahantas, Yakari, Astérix chez les Indiens, le personnage des chips YumYum et combien d'autres qui ont influencé notre imaginaire face aux Premières Nations. Des images qui sont soient fantaisistes, soient fortement stéréotypés, parfois mêmes racistes de ces peuples. Le fait de mettre toutes ces images les unes à côté des autres donne une idée de l'ampleur de cet imaginaire construit.  Le reste de l'album sera consacré à aller voir de l'autre côté de la barrière, à donner la parole à ceux que l'on a trop souvent décrits à leur place.

Ce qui est particulier, c'est qu'elle fait des liens entre l'éveil des Premières Nations à la fierté d'être ce qu'ils sont et le mouvement nationaliste québécois.  Ce qui soulève en elle de nombreux questionnements.  Le titre, lourd de sens, révèle alors toute l'ampleur des angles morts dont les Québécois ont fait preuve: comment réclamer un territoire qu'ils ont eux-mêmes pris à d'autres? Les nombreux stigmates de la crise d'Oka sur les relations entre les Québécois et les peuples autochtones sont d'ailleurs clairement montrés: un cas typique de la façon dont les premiers n'ont tout simplement pas tenu compte des droits et des volontés des seconds.  Mais surtout, elle donne la parole à de nombreux membres des Premières Nations, partout au Québec, bien souvent dans leur langue (avec une traduction pour les francophones).

À aucun moment le discours ne se fait culpabilisant.  Une des intervenantes autochtones le dit d'ailleurs clairement: ils n'en ont rien à faire de notre culpabilité, elle ne sert à rien, ils veulent des actions. Et dans ce sens, aller vers l'autre est la première action. Connaître et comprendre vient ensuite. Le livre montre toutes les étapes que l'auteure franchit dans cette volonté d'aller vers l'autre, les remises en question, les réflexions qui l'ont nourrie, les rencontres.  C'est ce cheminement que l'on suit, sur plusieurs années, en même temps que l'on voit l'éveil de la population en général sur les questions concernant les Premières Nations.

Le dessin est très documentaire et c'est volontaire, mais le coup de crayon est juste et elle joue beaucoup avec les images.  Parfois, on dirait un collage, parfois, elle consacre une pleine page à la parole de quelqu'un avec son dessin et elle n'hésite pas à mettre des pages en noir pour parler des histoires sombres, comme celles abordant les pensionnats.  Bref, le livre est autant une réussite au point de vue visuel qu'au point de vue du récit.  D'ailleurs, ce choix de présentation rend le sujet d'autant plus facile d'accès pour une personne qui s'intéresserait au sujet en ne connaissant strictement rien.  Une oeuvre nécessaire, une oeuvre bien faite et je l'espère, un pas de plus vers la réconciliation.

Ma note: 4.5/5

lundi 21 février 2022

Le prétexte et la base

 Salut!

Je me rappelle une discussion assez vive sur le catalogue de visage autour d'un de mes billets qui parlaient du fantastique.

-Ouais, mais Diana Gabaldon c'est du fantastique! 

Je me rappelle avoir roulé des yeux.  Pour moi, Le chardon et le tartan, ce n'est pas du fantastique, du moins, pas selon les codes auquel je suis habituée, MAIS, c'est vrai qu'il y avait du vrai dans cette affirmation.  

(Pour ceux qui vivent sous une roche, Diana Gabaldon a écrit une série de romans forts populaires et adaptés en série télé qui raconte les aventures de l'infirmière Claire Beauchamp Randall, qui en 1945, se retrouve propulsée deux cents ans dans le passé et tombe amoureuse d'un Highlander, Jamie Fraser, qu'elle finit par épouser.)

C'est ici que début mon début de grincement des dents envers cette série.  Si la prémisse (une femme du XXe siècle qui atterrit au XVIIIe siècle) est du ressort du fantastique, ça s'arrête là: le reste des aventures de Claire est clairement réaliste, si l'on tient compte qu'elle a des connaissances du futur et qu'elle a voyagé dans le temps.  Pas de magie, pas de surnaturel, pas d'autres ruptures avec le réel.  Niet!  Le reste du récit est consacré à la romance de Claire avec le beau Jamie Fraser.  La suite montre une excellente romance, pas un roman fantastique.

Et là est la différence: l'élément fantastique est ici un prétexte à la suite de l'histoire et non sa base.

Comparons avec une autre histoire fantastique.  Prenons par exemple un classique contemporain: Twilight (ou Fascination si vous préférez!).

(Pour ceux qui auraient vécu sous une roche, la série raconte l'histoire de Bella, une humaine, tombant amoureuse d'un vampire, Edward et bon, tout ce qui arrive après.)

Ici, la prémisse, une humaine qui tombe amoureuse d'un vampire, est justement le coeur d'une histoire.  Encore une fois, l'amour est le moteur de l'intrigue, mais on diffère bien vite de la série de Diana Gabaldon sur un point : plus on va loin dans l'histoire, plus les implications de cet amour humain-vampire vont loin. Tiens le meilleur copain de Bella est justement un loup-garou et tiens, les vampires forment une société complète, avec ses propres lois et tiens, les vampires ont des pouvoirs aussi et tiens, ça finit par arriver des mélanges vampires-humaines, etc, etc.  Et de plus en plus, l'intrigue s'éloigne du commun des mortels pour plonger dans la réalité alternative créée par le fait que les vampires existent.

Claire Beauchamp Randall qui plonge deux cents ans en arrière: ok, c'est un fait de l'histoire, mais à part elle, personne ne trouve ça si bizarre.  Bella qui rencontre un type beau comme un dieu grec marmoréen (ceux qui ne savent pas ce que ça veut dire, vous n'avez pas lu les romans...) et découvre que c'est un vampire... l'introduit progressivement à un nouvel univers, caché à nos yeux.  À une nouvelle réalité.  Et c'est souvent pourquoi je grince des dents quand j'entends parler du nouveau roman fantastique qui bouleverse les littéraires.  À trop de reprises, j'ai trouvé qu'il y avait un élément de fantastique qui servait à raconter une autre histoire. Alors que la trippeuse de fantastique que je suis aime quand on raconte une histoire ayant à sa base un élément de fantastique et s'amuse à en raconter toutes les répercussions.

Bref, entre un truc bizarre qui permet de raconter une histoire et une histoire  qui prend racine sur un truc bizarre, je préfère la deuxième option.

@+ Mariane

lundi 14 février 2022

Ceux que l'on a lu et qu'on ne trouve plus

 Salut!

L'autre jour, je discutais avec une amie ayant des enfants d'une dizaine d'années, fort grands lecteurs pour mon plus grand bonheur.  Elle me demandait des suggestions d'auteur.e.s francophones, qu'elle connaît moins que les auteur.e.s anglophones.  Je me mets à lui parler de séries, je parle des livres qui marchaient fort lorsque j'étais en librairie, des succès plus récents et petit à petit, je plonge dans mes souvenirs et je me mets à penser à un livre de science-fiction jeunesse que j'avais lu quand j'avais une dizaine d'années...

-Celui-là, c'est bien dommage, mais il n'est plus disponible par contre.

-Ah oui?

-Non, il est épuisé depuis longtemps.

Et d'expliquer que les livres ne sont pas éternels, que beaucoup d'entre eux, malgré leurs qualités, finissent par passer de mode ou à ne plus avoir de public et la place en entrepôt coûtant cher, éditeurs et distributeurs les éliminent des tablettes.  Les plus chanceux dans le lot seront soldés (les fameuses tables de rabais des grands magasins ou des Dollarama) ou crève-coeur comme idée pour les amoureux des livres, pilonnés.  Bref, les livres sont comme le reste dans la vie: ils ont un cycle de vie, ils naissent, ils vivent et ils meurent.  À moins d'être un classique, un livre d'un.e auteur.e très connu.e ou d'être à l'étude dans un cadre scolaire, cinq ans après leur publication, beaucoup de livres ne sont tout simplement plus possibles à trouver qu'en bibliothèque ou encore d'occasion et encore, uniquement si l'on est chanceux.

Mais ceux-là...  Des fois, des années après, on y repense et on se dit: j'aimerais le relire.  Ou encore, j'aimerais le faire lire à quelqu'un.  Mais ils ne sont plus là.  Ça peut être un roman, un album, une bande dessinée, un livre de psycho-pop.  Parti disparu.  C'est dommage, parce que ces livres-là n'ont pas tant changé, ils peuvent encore être lus avec autant de plaisir par d'autres lecteurs.  Le livre numérique a permis à pas mal de bouquins d'être préservés de la disparition totale, et c'est l'un de ses grands avantages, mais il ne remplace pas le contact physique des livres.

C'est aussi un rappel que bien que la littérature soit une forme d'art, son commerce est une affaire capitaliste. Et que pour le capitalisme, ce qui ne bouge pas sur une tablette est un poids et un non un actif.

Je pourrais nommer une bonne dizaine de titres qui ne sont plus disponibles en moins d'une minute. Je les ai lus, je les ai aimés, mais je ne pourrais jamais partager ces lectures.  C'est bien dommage.  Parce que c'était de bonnes histoires.  Parce que je les ai aimées. Maintenant, ces histoires ont été emportées dans le trou noir de l'oubli.  À moins qu'un.e étudiant.e en littérature ne fassent sur eux une une thèse qui les ramène à la mode, ces livres-là auront bientôt disparus des mémoires.

@+ Mariane

lundi 7 février 2022

Qu'est-ce que ça veut dire vertueux?

 Salut,

Plus tôt cet automne, j'ai initié Neveu à l'univers de Marvel, au fil de ses visites.  À chaque fois, nous écoutons le film collé sous une couverture, un bol de pop corn frais éclaté et son Casal Domingo favori à porté de main (que voulez-vous, faut bien que je le maltraite un peu!).  Nous étions donc rendu à Thor, le premier, quand il m'a posé la question fatidique, une bouchée de maïs plein de beurre à mi-chemin entre le bol et sa bouche.

«Qu'est-ce que ça veut dire vertueux?»

J'ai émis une série de sons plus ou moins harmonieux dans le genre, aheuveouimaiszegenre, et j'ai mis le film sur pause.  J'ai tenté de lui expliquer le sens du mot sur le vif, mais à voir la lueur de doute dans ses yeux, j'ai royalement manqué ma cible.  Quoique, c'est pas nécessairement évident à expliquer, la vertu.  Bon, quand on parle de celle d'une femme (grrrmmphh) c'est plus simple, mais d'un comportement vertueux, comme celui qui vaut au frère adoptif de Loki le droit de soulever Mjolnir?

Les films de Thor ont un petit côté shakespearien dans la manière de raconter autant que dans les dialogues des personnages.  D'où leur utilisation de certains mots qui sont aujourd'hui moins courant dans le langage populaire.  Mais n'empêche, ça ouvre l'esprit que de connaître ces mots et malgré tout, ils sont encore tout à fait valable dans une discussion.  À vraie dire, même à la fin du film, Neveu n'avait pas compris le mot en lui-même: il m'a reposé la question plusieurs fois.  Mais le sens du mot, il l'avait compris.  

C'est comme ça aussi dans les livres.  Je n'ai pas cherché dans le dictionnaires la moitié des mots que je connais et pourtant, je les comprends et je peux les utiliser.  Parce que le contexte, l'histoire, nous guident dans la compréhension de ce que veut dire le mot.  Ce qui est parfois encore mieux qu'une définition car on apprend le mot dans l'action. Si je parle de vertu au sens large, je peux comprend le concept, mais si je vois le comportement de Thor avant et après sa prise de conscience qu'il se conduit en vilain égoïste, je mets le sens en action.  C'est comme ça que l'on retient et apprend de nouveaux mots.

C'est souvent comme ça que l'on acquiert du vocabulaire.  Pas en se le faisant expliquer, mais en voyant ou en lisant le mot dans son contexte.  Et c'est aussi comme ça qu'on apprend à utiliser ce nouveau mot.  Pensez-y: quand on apprend une autre langue, on nous donne la base, mais apprendre du vocabulaire veut dire être en contact avec les mots et avec leur(s) sens.  Et je mets sens au pluriel parce que oui, certains mots ont plusieurs sens.  C'est aussi de la même manière que la science-fiction et la fantasy nous permettent de comprendre des mots qui n'ont aucune assise dans notre réalité, d'en saisir pleinement la portée et de savoir les utiliser dans le contexte de l'histoire, tout autant que dans notre vie quotidienne.  

Au fait, Neveu a fini par comprendre encore mieux le sens de vertueux  après avoir vu Capitaine America.  Se faire du vocabulaire dans un film de super-héros, qui l'eût cru!

@+ Mariane

mardi 1 février 2022

Bilan culturel 2021 et les raisons d'un silence

 Bonjour à tous!

Alors on va commencer mes billets de 2022 avec mon traditionnel bilan culturel de 2021.  Alors!

Livres

J'ai lu à peine 25 livres en 2021... J'avoue que mon cerveau a fait hein? quand j'ai vu ça.  J'avais bien évidemment constaté que mon rythme de lecture avait beaucoup diminué, mais à ce point?  Disons que ça me fait réfléchir.  C'est sûr qu'un déménagement et tout le stress qui va avec n'a pas aidé, bien que ça me fasse réaliser à quel point ma PAL ne diminue pas, elle... Par contre, j'ai encore une fois, et ce sans le chercher, lu à peu près autant d'hommes que de femmes et autant d'auteur.e.s dont c'était pour moi la première lecture que d'auteur.e.s que j'avais déjà lu.  Pour le reste, les auteur.e.s étrangers ont dominé mes lectures en 2021, surtout européens.  Un seul gros coup de coeur, Les constellées de Daniel Grenier.  Dans les lectures marquantes, deux classiques, une redécouverte en la personne de Pearl Buck que j'ai beaucoup lu adolescente et la lecture de la sacrée brique d'Autant en emporte le vent qui en valait vraiment la peine!

Musées et expositions;

Voix autochtones d'aujourd'hui au Musée McCord: Ma seule sortie muséale de l'année, que j'ai bien aimé, mais pour qui s'intéresse au sujet, il y a beaucoup de choses que je savais déjà.

Cinéma:

Année dans la moyenne, n'étant pas une très grande cinéphile.

Stefan Zweig: Farewell to Europe de Maria Shrader (Kanopy): Film au rythme lent, mais très bien tourné portant sur l'exil de l'auteur Stefan Zweig après son départ de l'Europe en plein montée du nazisme.  C'est très Européen comme film, mais j'en garde un très bon souvenir.

Radioactive de Marjane Satrapi (Crave): Un film que je regarde plus comme un téléfilm sur la vie de Marie Curie.  Elle y est présenté comme une personne glaciale menée uniquement par la rationalité scientifique, même dans le domaine des sentiments.  L'actrice Rosamund Pike n'arrive pas vraiment à nous donner de la chair sur cette personne.  Je suis très mitigée disons.

Le magicien d'Oz de Victor Flemming (Netflix): Ce classique de 1939 reste tout aussi agréable à regarder aujourd'hui qu'à sa sortie!  Il n'a pas pris une ride!  Et sincèrement, j'ai été impressionnée par la qualité des effets spéciaux pour l'époque.

Grace de Monaco d'Olivier Dahan: Je suis habituellement un très bon public pour les films sur les royals, mais celui-ci était d'une nullité rarissime.  Passer votre tour, d'autant plus qu'ils se permettent énormément d'erreurs au point de vue historique.

Gunpowder Milkshake de Navot Papushado (Netflix): Un film de gangster mettant en vedette des femmes dures à cuire et rapides sur la gâchette.  Un divertissement bonbon, mais ça en valait la peine.

Creation de Jon Amiel (Kanopy): Un film sur la vie de Darwin, l'homme derrière le scientifique.  Un film au rythme un peu lent, mais un grand hommage à l'humanité derrière la science.

Cruella de Craig Billespsies (Disney+): Avant de voir ce film, je me demandais pourquoi on faisait un film sur Cruella.  Après l'avoir vu, je me pose toujours la question.  Intéressant pour le milieu de la mode, mais sans ça, j'aurais très bien pu me passer de cette écoute.

BlackWidow de Cate Shortland (Cinéma): Un film mettant en vedette ma superhéroïne préférée, je n'allais pas manquer ça!  Mon avis sur le film est plutôt moyen, même si côté effets spéciaux et cascades tout était au rendez-vous.  Et bon, Yelena valait à elle seule le film!

Shang-Chi et la légende des dix anneaux de Daniel Cretton (Cinéma):  Un Marvel classique ( je commence à mon tour à me lasser de la recette), mais de très belles images et un bel hommage à l'imaginaire asiatique.  Pratiquement aussitôt vu, aussitôt oublié.

Dune partie 1 de Denis Villeneuve (Cinéma): Je l'ai vu deux fois, dont une en 3-D, moi qui déteste la 3-D en général.  Une excellente adaptation de l'oeuvre d'Herbert et Timothée Chalamet a réussi à me convaincre dans le rôle de Paul alors que j'avais de sérieux doutes au départ.  Ma seule déception: le film finit au moment où ça devient vraiment intéressant...

La reine des neiges 2 de Chris Buck et Jennifer Lee (Disney+): Je me devais de faire un peu de rattrapage de film d'animation et je n'ai pas été déçue par celui-ci!  Même si le scénario est un peu plus faible que le premier opus, j'ai passé un très bon moment.

The electrical life of Louis Wain de Will Sharpe (Prime video): La vie du dessinateur qui a créé l'imaginaire sur les chats dont je me délecte aujourd'hui?  Je pouvais pas manquer ça!

Séries télés

2021 a été une année faste, entre le couvre-feu et ma nouvelle télé, j'ai pas mal visionné de trucs!

How I met your Mother, saison 2 à 9 (Netflix): J'avoue, j'ai dévoré en rafale cette série dans mes moments de blues et j'ai laissé partir ses personnages avec une pointe de regret.  Mais moi, je le savais que Robin et Ted allait finir ensemble depuis l'épisode 1.  Je ne comprends pas la déception de certains face à cette conclusion.

Fate: The Winx Saga Saison 1 (Netflix): Très, très, très, très ado, avec une traduction en français qui donnent l'impression que des ongles sur un tableau sont un son agréable.  J'aurais dû écouter la VO, mais c'était une série regardée en mode pyjama, donc, j'ai continué. Plutôt passable, à mon avis.

Wandavision (Disney+): Série duquel je n'attendais absolument rien, ne comprenant pas pourquoi Marvel se lançait dans les séries télés.  Mais ça s'est révélé un petit bijoux, avec deux personnages d'une très grande richesse.

The Falcon and the Winter Soldier (Disney+): Tant qu'à avoir commencé les séries Marvel sur Disney+, j'ai continué.  Un brin déçue par contre de celle-ci, Bucky Barnes étant un de mes personnages préférés.  Problème de scénario essentiellement.  Le reste y était!

Loki Saison 1 (Disney+): Paradoxalement, un de mes séries Marvel avec le moins de wow.  Je suis très mitigée.  Loki est meilleur en antagoniste qu'en protagoniste à mon avis.

Hawkeye Saison 1 (Disney+): Ma préférée sur le lot, bien que plusieurs éléments de l'intrigue au dernier épisode m'ont déçue dans le traitement du personnage de Kate Bishop.  Sérieux, je pense que c'était des mecs qui étaient à l'écriture de ce scénario.  Elle avait vraiment besoin de quelqu'un pour lui dire qu'elle était prête?

Staged Saison 1 (Kanopy): Bon, il faut un peu connaître et aimer les acteurs David Tennant et Michael Sheen, mais leur complicité et leurs micro-aventures hilarantes dans un univers pandémique où tout a lieu sur Zoom en vaut la peine.  En particulier l'épisode où Samuel L. Jackson fait un caméo!

The Nevers Première partie de la saison 1 (Crave): Wouah!  J'ai adoré... jusqu'au sixième épisode.  Si vous le commencez et que vous vous demandez si c'est bien la bonne série télé, oui.  Si on oublie ce détail, le reste est excellent.  Un genre de steampunk victorien mettant en vedette des femmes, des minorités et des exclus... en lutte contre l'autorité et le patriarcat de l'époque.  Foutument bien fait!  J'ai hâte à la suite!

The wheel of time Saison 1 (Prime video): Est-ce possible de tomber amoureuse d'une série en moins d'une minute?  C'est le cas avec celle-ci.  Tout y était: le ton, le style, l'ambiance, les personnages.  Et l'action!  Malgré une base littéraire qui me semble complexe, tout coule dans cette série.

Documentaires

J'en aie écouté un peu plus que d'habitude cette année et je me suis dit que ça valait la peine d'en parler.

Framing Britney Spears et Controlling Britney Spears de Samantha Stark (Crave): J'ai regardé le premier film, sorti en janvier par pure curiosité et ouf!  C'est le genre de documentaire qui pousse à faire un examen de conscience: comment a-t-on osé être aussi durs avec une jeune femme qui faisait simplement ce qu'elle aimait? Et comment une personne comme elle a fini sous tutelle pendant 13 ans?

Britney contre Spears de Jenny Eliscu et Errin Lee Carr (Netflix): Regarder ce documentaire est une ode au travail de Samantha Stark.  L'approche est beaucoup plus racoleuse, le récit plus dramatique et moins bien documenté, mais bon, ça restait intéressant.

Enslaved de Simchi Jacobovici (CBC/Gem): L'histoire de la traite transatlantique des noirs, mais avec une approche fondée sur l'archéologie sous-marine et qui donne la parole à beaucoup de personnes noires.  Souvent beaucoup trop dramatique,  avec des effets de tension très mélos, mais quand même très bien documenté et franchement, très inconfortable à regarder.

The story of Diana de Rebecca Gitliz (Netflix): L'histoire de Diana, mais dans un documentaire financé par son frère et qui donne la place à la femme derrière la légende.  Je regrette que Diana ne prononce pratiquement pas un mot du documentaire, mais en même temps, ça rend justice à ce qu'elle a été pour beaucoup de gens : une image, bien plus qu'une personne.

Balados

Soyons honnêtes: j'écoute énooormément de balados.  Donc, plutôt que de vous faire une liste exhaustive et barbante, je vais vous faire part de quelques découvertes intéressantes parmi les innombrables écoutes de 2021.  Et je ne vous reparlerai pas de ceux que j'écoute à peu près tout le temps, j'ai déjà fait le tour de la question en 2020.

Atlas obscura par Witness doc: Une série sur les lieux étranges et insolites du monde.  Excellent pour les accros au voyage et pour les gens en pandémie qui ne peuvent pas voyager!

Encyclopédia Womanica par Wonder media Network: En cinq minutes, la vie d'une femme qui a marqué l'histoire.  Ça reste un peu anglo-américanocentré, même s'il est visible que les poditrices essaient de voir large.

3.7 planètes, saison 2 par Radio-Canada: François Bellefeuille est de retour dans son exploration un peu échevelée des méthodes pour réduire son empreinte environnementale.  Toujours aussi drôle!

Moonrise par le Washington Post: Sans doute LE grand coup de coeur en balado de 2021.  L'histoire de la conquête spatiale comme on ne l'a jamais raconté, qui s'intéresse moins au quoi qu'au pourquoi.  Pourquoi au juste est-on allé dans l'espace?  La réponse est vaste et tire, en partie, du rapport que l'on a avec la fiction.  Avec un montage sonore superbe et une narration qui nous fait plonger dans cette époque comme un thriller.  Je le recommande à tout le monde qui maîtrisent la langue de Shakespeare.

Aparté: Au mieux un écho, Dompter la bête et Gardiennes averties par Altò: Série de balados sur les métiers cachés de l'édition.  Très intéressant à suivre, surtout que les thèmes choisis (la traduction, la direction littéraire et la révision) sont rarement abordées pour le grand public.

Spectaculars failures Saison 1 et 2 par American Public media: L'histoire du monde des affaires est faites de grands récits de réussites spectaculaires.  Cette série s'intéresse à toutes les fois où des entreprises se sont royalement plantées et pas de petites entreprises, des grosses, comme Kodak qui a raté le virage de la photo numérique, même s'ils l'ont inventé!  Excellente pour relativiser le culte du monde des affaires.

Day X par le New York Times: Série glaçante sur l'univers de l'extrême droite qui est infiltrée dans les militaires militaires et policiers.  Ça se passe en Allemagne, mais ça pourrait arriver n'importe où.  Que faire quand ceux qui sont sensés nous protéger sont aussi ceux qui propagent des idées radicales?

La bombe par Télé-Québec: Une série de balados sur l'extrême droite au Québec.  Ça date de 2018, mais le sujet est encore brûlant d'actualité.  Et l'écouter en pleine pandémie fait comprendre à quel point ça a été facile pour ses partisans de tomber dans le mouvement antivaccin.  Là aussi, glaçant.

Slowburn: The road to Irak War Saison 5 par Slate: Comment le gouvernement américain a vendu la guerre en Irak à coup de mensonges et de manipulation.  Encore là pas très joyeux, mais essentiel.

Build for tomorrow par Jason Feiffer: Sur un ton jovial et appuyé par des experts, cette balado se fait un plaisir de démolir nos peurs sur l'avenir et surtout, comment mieux nous y préparer, sans crier à la catastrophe, ni voir tout en rose.

Raconter Montréal par le Musée Pointe-à-Callières: Par le biais de l'archéologie, redécouvrir la petite et la grand histoire de Montréal.

Ma version des faits: Le trio infernal par Radio-Canada: Chaque saison de cette balado est un petit bijoux de série.  Je ne trippe pas sur les true crime, mais le point de vue de journaliste d'Isabelle Richer ajouter quelque chose à cette série qui me fait la dévorer d'une traite dès qu'elle sort.

Fascinant par Radio-Canada Ah la merveilleuse voix de Charles Tisseyre qui nous raconte la science avec des scientifiques.  Rien n'est hors de sa portée: biologie, astronomie, physique.  Bien vulgarisé et très intéressante à écouter.

CanadaLand: Je les aie découverts parce qu'ils ont fait un épisode en français avec Émilie Nicolas.  Étant donné que j'écoute très peu de contenu canadien, j'ai commencé à les suivre.  Pas toujours d'accord avec ce qu'ils disent, mais le travail journalistique derrière est solide et j'aime leur petit côté rebelle qui se permet des shit et des fuck quand la situation le mérite.

Laissez-nous raconter: L'histoire crochie par Radio-Canada: Des autochtones reprennent le sens de certains mots et se les réapproprient: sauvage, colonisation, Indian Time, Banik...  Entendre leurs voix parler de leurs réalités est parfois troublant, mais souvent éclairant.

The improvement association par Serial Production et le New York Times: Comment une bonne idée pour permettre aux Noirs d'avoir une juste représentation parmi les postes électifs s'est retournée contre ceux qui l'ont mis en place.  Et en grattant, on comprend que la situation est plus nuancée et plus complexe que le simple biais blancs/noirs.

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C'est deux chaînes YouTube cette année!

Girl with the dogs: Une toiletteuse torontoise qui fait des vidéos de ses clients canins ou félins en train de se faire pouponner...  et leurs réactions à ce traitement!  C'est à la fois, instructif, distrayant (elle a un très bon sens de la narration) et très drôle.  Ça donne envie d'avoir un chien... et de ma part, c'est tout un compliment!

Cinema Therapy: Un cinéaste et un thérapeute qui analyse des films de la culture populaire et décortiquent les personnages. Iron-Man 3 devient un prétexte pour parler du trouble post-traumatique et Twilight des relations de couple saines. Très révélateurs et on peut tous finir par se reconnaître dans une vidéo (non, non, je ne pense pas ici à la vidéo sur la mère dans Raiponce...) et bon, les deux gars s'amusent visiblement beaucoup en tournant ces vidéos!

Et les raisons d'un silence...

Je viens de passer près de deux mois sans bloguer.  Ce qui est quand même une assez longue pause.  Je ne le cacherai pas, 2021 a été pour moi une année très difficile et oui, ma santé mentale en a pris un coup.  Entre la mort de ma Prospéryne en janvier (le deuil d'un animal de compagnie en pandémie c'est pas terrible...), la recherche d'un nouveau toit dans un marché de dément et un déménagement, j'ai dû affronter mon lot de problèmes familiaux et les effets de la pandémie.  J'étais à un certain point complètement vidée, émotivement et physiquement.  J'ai donc laissé aller le blogue pendant un certain temps.  Ne vous inquiétez pas, je vais mieux maintenant.  J'ai pris beaucoup de repos, j'ai pris soin de moi, j'ai un merveilleux réseau d'ami.e.s qui m'entourent et bon, ma Patchoulie, elle, se porte à merveille.  On aborde 2022 avec un certain nombre de défis à relever (ce dont je reparlerai sans doute en temps et lieu) et deux publications à venir!  Bref, on regarde vers l'avant et on  sourit à la vie.  Même dans les moments durs, elle nous garde de petits moments de bonheur.

Bonne année 2022 un peu en retard!

Mariane

P.S. Étant donné un giga retard, attendez-vous à un certain rattrapage des critiques de 2021 dans les prochaines semaines.  J'ai lu bien des livres qui en valent la peine dans les derniers mois!