La véritable histoire vraie Torquemada Scénario de Bernard Swysen Dessins de Marco Polo Dupuis 60 pages
Résumé:
Thomàs de Torquemada est le plus connu des Inquisiteurs de l'histoire. Dévot au plus haut point, rigide et résolu, fanatique religieux, il a fait régné la terreur dans la péninsule ibérique, torturant et tuant tous ceux qui ne partageait pas sa vision rigoriste du christianisme. C'est son histoire que l'on raconte ici, sa véritable histoire.
Mon avis:
Rire de la torture. Rire du pire de l'histoire humaine. Rire sans doute pour ne pas frisonner d'horreur. Et pourtant, rire. Parce que oui, on rit dans cette BD qui raconte pourtant une tranche atroce de l'histoire humaine. L'Inquisition espagnole a été impitoyable autant avec les siens qu'avec ceux qu'elle a pourchassé avec pugnacité, les juifs, convertis ou non. Tout au long du livre, même si on est centré sur Torquemada, on sent cette terreur, cette déchirure parmi la population qui n'a rien demandé du fanatisme religieux qui lui est tombé dessus.
Torquemada est montré, dès le départ, comme un être d'une froideur et d'une efficacité quasi-démoniaque. Pour le faire, le dessinateur l'a dépeint sous les traits d'un être presque inhumain, reflet de son âme noire (même nouveau-né, il a cet aspect). Par contre, sa foi, profonde depuis l'enfance et sincère, même si elle touche au fanatisme, est amplement montrée. Cela donne un personnage intéressant, atrocement efficace, dévoué à l'extrême, manipulateur et capable d'être à l'origine des pires horreurs, mais pourtant, parfaitement logique et équilibré dans sa vision du monde. Son idéal de pureté, qu'il chéri, s'il n'est qu'une facette de son fanatisme, peut paraître extrêmement normal dans son monde paranoïaque dans la défense de la foi. Bref, on a beau être dans une BD, le dessin et le scénario marche main dans la main pour nous montrer un portrait psychologique finement détaillé.
D'ailleurs, la torture est amplement montrée dans la BD, mais pourtant, on ne ressent pas de dégoût, ni de terreur. Tout est transformé en humour, tellement qu'une visite dans les donjons de l'Inquisition est prétexte à une série de bonnes blagues, du genre, Torquemada demande à un homme s'il a perdu sa langue et un bourreau lui dit que oui en la lui emmenant au bout d'une pince... Ce double-jeu de l'humour sert bien le portrait de l'homme, qui a semé la terreur, mais en le rendant apte à être assimilé par le lecteur contemporain.
Le dessin des personnages, à l'exception notable de Torquemada, emprunte aux rondeurs dans le trait des personnages des classiques de la BD belge et emmène une touche bon enfant au récit. On est dans un récit historique, mais on flirte à bien des reprises avec d'autres styles. Et les dessins sont foisonnants de détails dans les costumes et l'architecture. Ça a l'air simple, mais ce ne l'est pas.
Bref, une BD super agréable à lire, bien écrite, qui fait connaître un bout d'Histoire avec un grand H, tout en faisant un remarquable portrait d'une personnalité ambiguë et complexe. Bref, ça se résume en trois mots: coup de coeur!
Ma note: 5/5 💖
jeudi 30 janvier 2020
lundi 27 janvier 2020
Et on rappelle toujours que ça a existé
Salut!
Je me rappelle que la première fois que l'idée m'est venue, c'était en regardant un épisode de Agent Carter, un des nombreux dérivés de l'univers Marvel. On y voyait une jeune femme brillante, pleine d'expérience et de talent subir le sexisme crasse de ses collègues et voir ses possibilités de carrière et même de logement être limitées par son sexe. Bref, une bonne vieille histoire se passant dans les années 1940. Bien que cela soit exact, je trouvais que c'était beurré épais pour qu'on y voit bien le sexisme de l'époque. Comme une façon de dire: «Regardez aujourd'hui, c'est tellement mieux!».
Sauf qu'aujourd'hui, même si des progrès immenses ont été accomplis, des zones d'ombres demeurent. Et je sais pas, ce genre d'oeuvre semble mettre l'accent sur le fossé entre ce passé et notre présent, en dénonçant le passé, mais surtout, en rappelant toujours que ça a existé, il n'y a pas si longtemps. Le but est de dénoncer le sexisme, mais en le gardant toujours visible, présent et en donnant des modèles, autant pour les personnes qui ont lutté contre que de personnes qui l'ont perpétué. Et ça m'énerve.
Le sexisme a occupé une large partie de l'histoire de l'humanité, ce serait mensonge que de dire le contraire. Tout comme le racisme, l'homophobie, la xénophobie et toutes les autres phobies de l'humanité dont on est encore très imparfaitement débarrassée. Et comme c'était des éléments important du parcours de nombreux êtres humains, il s'est forcément retrouvé dans la littérature, dans les chansons, plus tard dans les films et à la télévision. Je vais m'intéresser plus particulièrement à la littérature ici parce qu'elle est la mère de beaucoup de productions culturelles.
Prenons l'exemple des romans de Jane Austen. Ils parlent, de fort belle manière d'ailleurs, d'une époque où la seule façon ou presque pour une femme d'assurer son avenir était de se marier avec un homme riche. Et de là les nombreux chassé-croisé entre les protagonistes. Le coeur est moins important que les alliances matrimoniales. Vous pouviez être malheureux comme les pierres dans votre mariage, si vous aviez épousé quelqu'un de fortuné, vous aviez fait un bon mariage... Et cette histoire sera raconté et re-raconté et adapté, au théâtre, au cinéma, à la télévision. Cette idée restera présente au travers de cette oeuvre, perdurera: une femme doit avant tout faire un mariage avec un homme riche. Certes, la situation a beaucoup, beaucoup changé aujourd'hui, mais ça reste présent dans notre imaginaire.
Je donne cet exemple, mais combien de romans ont traité de la condition des femmes, combien de personnages féminins dans la littérature ont été réduites à de faibles femmes, comment dépeint-on les noirs, les latinos et les asiatiques dans la littérature occidentale et les blancs dans celles de ces pays? Comment représente-t-on les autres religions, l'homosexualité, les différences culturelles? Beaucoup de ces textes sont là pour dénoncer, montrer le passé, dire plus jamais! Et c'est important de le faire. Néanmoins l'effet pervers, c'est que l'on continue et on continuera encore pendant longtemps, à montrer des femmes prisonnières de modèles économiques qui les défavorisent, de personnes à la peau plus foncée esclaves et de minorités sexuelles ou religieuses contraintes à la clandestinité, voir pourchassées. On garde présent à l'esprit qu'à une époque, la norme était là. Peu importe où nous sommes en somme rendu aujourd'hui.
On ne s'empêchera pas de sitôt de refaire une énième fois adaptation d'Orgueil et préjugés ou de La case de l'Oncle Tom. Ce sont des classiques et la portée de ces oeuvres qui ont traversé les siècles restent universelle. C'est juste que je constate que l'on garde des idées passéistes bien présentes dans les esprits en faisant ça. Et je m'interroge.
Certains se disent que l'on devrait revisiter les anciennes oeuvres et les adapter à la modernité. Si vous êtes de ce camp, voir le tollé suscité par la modification de la fin de l'opéra Carmen il y a quelques années. Alors que l'on rejoue et réinterprète cette oeuvre depuis quelques siècles, il ne semble pas possible de changer le destin de son personnage principal sans froisser les susceptibilités. C'est un peu comme les adaptations de comics: les fans de la première heure hurleront sans cesse contre les modifications faites aux personnages, aux costumes et aux intrigues qui touchent leurs super-héros favoris. Même si on peut leur faire faire des sauts dans le temps de plusieurs décennies, les costumes et les personnages doivent rester proche des originaux. Ce qui me fait parfois hurler devant les costumes et aux situations dans lequel on plonge les super-héroïnes, mais bon...
On ne changera pas le passé. On ne changera pas les oeuvres qui en sont issues non plus, parce qu'elles parlent bien souvent de réalités qui étaient alors contemporaines. Ça fait partie de notre héritage. Et l'art va garder ces réalités dans nos esprits pour encore des siècles. Pour le meilleur et pour le pire.
@+ Mariane
Je me rappelle que la première fois que l'idée m'est venue, c'était en regardant un épisode de Agent Carter, un des nombreux dérivés de l'univers Marvel. On y voyait une jeune femme brillante, pleine d'expérience et de talent subir le sexisme crasse de ses collègues et voir ses possibilités de carrière et même de logement être limitées par son sexe. Bref, une bonne vieille histoire se passant dans les années 1940. Bien que cela soit exact, je trouvais que c'était beurré épais pour qu'on y voit bien le sexisme de l'époque. Comme une façon de dire: «Regardez aujourd'hui, c'est tellement mieux!».
Sauf qu'aujourd'hui, même si des progrès immenses ont été accomplis, des zones d'ombres demeurent. Et je sais pas, ce genre d'oeuvre semble mettre l'accent sur le fossé entre ce passé et notre présent, en dénonçant le passé, mais surtout, en rappelant toujours que ça a existé, il n'y a pas si longtemps. Le but est de dénoncer le sexisme, mais en le gardant toujours visible, présent et en donnant des modèles, autant pour les personnes qui ont lutté contre que de personnes qui l'ont perpétué. Et ça m'énerve.
Le sexisme a occupé une large partie de l'histoire de l'humanité, ce serait mensonge que de dire le contraire. Tout comme le racisme, l'homophobie, la xénophobie et toutes les autres phobies de l'humanité dont on est encore très imparfaitement débarrassée. Et comme c'était des éléments important du parcours de nombreux êtres humains, il s'est forcément retrouvé dans la littérature, dans les chansons, plus tard dans les films et à la télévision. Je vais m'intéresser plus particulièrement à la littérature ici parce qu'elle est la mère de beaucoup de productions culturelles.
Prenons l'exemple des romans de Jane Austen. Ils parlent, de fort belle manière d'ailleurs, d'une époque où la seule façon ou presque pour une femme d'assurer son avenir était de se marier avec un homme riche. Et de là les nombreux chassé-croisé entre les protagonistes. Le coeur est moins important que les alliances matrimoniales. Vous pouviez être malheureux comme les pierres dans votre mariage, si vous aviez épousé quelqu'un de fortuné, vous aviez fait un bon mariage... Et cette histoire sera raconté et re-raconté et adapté, au théâtre, au cinéma, à la télévision. Cette idée restera présente au travers de cette oeuvre, perdurera: une femme doit avant tout faire un mariage avec un homme riche. Certes, la situation a beaucoup, beaucoup changé aujourd'hui, mais ça reste présent dans notre imaginaire.
Je donne cet exemple, mais combien de romans ont traité de la condition des femmes, combien de personnages féminins dans la littérature ont été réduites à de faibles femmes, comment dépeint-on les noirs, les latinos et les asiatiques dans la littérature occidentale et les blancs dans celles de ces pays? Comment représente-t-on les autres religions, l'homosexualité, les différences culturelles? Beaucoup de ces textes sont là pour dénoncer, montrer le passé, dire plus jamais! Et c'est important de le faire. Néanmoins l'effet pervers, c'est que l'on continue et on continuera encore pendant longtemps, à montrer des femmes prisonnières de modèles économiques qui les défavorisent, de personnes à la peau plus foncée esclaves et de minorités sexuelles ou religieuses contraintes à la clandestinité, voir pourchassées. On garde présent à l'esprit qu'à une époque, la norme était là. Peu importe où nous sommes en somme rendu aujourd'hui.
On ne s'empêchera pas de sitôt de refaire une énième fois adaptation d'Orgueil et préjugés ou de La case de l'Oncle Tom. Ce sont des classiques et la portée de ces oeuvres qui ont traversé les siècles restent universelle. C'est juste que je constate que l'on garde des idées passéistes bien présentes dans les esprits en faisant ça. Et je m'interroge.
Certains se disent que l'on devrait revisiter les anciennes oeuvres et les adapter à la modernité. Si vous êtes de ce camp, voir le tollé suscité par la modification de la fin de l'opéra Carmen il y a quelques années. Alors que l'on rejoue et réinterprète cette oeuvre depuis quelques siècles, il ne semble pas possible de changer le destin de son personnage principal sans froisser les susceptibilités. C'est un peu comme les adaptations de comics: les fans de la première heure hurleront sans cesse contre les modifications faites aux personnages, aux costumes et aux intrigues qui touchent leurs super-héros favoris. Même si on peut leur faire faire des sauts dans le temps de plusieurs décennies, les costumes et les personnages doivent rester proche des originaux. Ce qui me fait parfois hurler devant les costumes et aux situations dans lequel on plonge les super-héroïnes, mais bon...
On ne changera pas le passé. On ne changera pas les oeuvres qui en sont issues non plus, parce qu'elles parlent bien souvent de réalités qui étaient alors contemporaines. Ça fait partie de notre héritage. Et l'art va garder ces réalités dans nos esprits pour encore des siècles. Pour le meilleur et pour le pire.
@+ Mariane
jeudi 23 janvier 2020
La Reine des lectrices d'Alan Bennett
La Reine des lectrices Alan Bennett Gallimard Collection Folio 122 pages
Résumé:
Par hasard, la Reine découvre l'existence d'un bibliobus dans la cours de Buckingham Palace. Par politesse, elle emprunte un premier livre, puis un autre... Voilà donc la monarque, rompue par cinquante ans de règne aux horaires rigides et aux visites protocolaires qui se met à négliger ses royaux devoirs pour plonger son royal nez dans des bouquins, au grand dam du Premier Ministre, du Duc D'Édimbourg et de sa royale famille. Une situation qui ne manque pas de provoquer de nombreuses complications dans l'univers ultra-ordonné de Buckingham Palace!
Mon avis:
Ok, il faut lire ce livre comme une bonne blague bien anglaise et ne pas y voir un grand récit, mais quand même, qu'est-ce que ça se laisse bien lire! Tout commence par une bonne journée bien tranquille à Buckingham Palace. La reine est telle qu'on l'imagine, avec ses royaux corgies et tout le tralala. Dès l'arrivée des livres dans la vie de Sa Majesté, tout prend tranquillement le bord. D'abord, elle laisse entrer dans sa vie un jeune homme, Norman, amoureux des livres, de préférence des auteurs gays (on imagine mal la reine avec de tels livres dans les mains, mais il les lui fait découvrir). Puis, tranquillement, on voit les conséquences des nouvelles habitudes de la reine sur le quotidien feutré, mais réglé au quart de tour de la maison royale. Et tout fou très vite le camp.
La reine, si dans les premières pages du livre est la reine que la fiction à la The crown laisse entrevoir, cède vite le pas à un personnage qui vit la vie de la reine, sans être elle. On ne l'imagine pas devenir tout à coup dingue des livres comme ça, mais le portrait que cela dresse d'une certaine manière de vivre, d'une certaine classe sociale, est excellent. Parce que la dérape au coeur du livre en dit plus long que le portrait de la vie réelle.
Ce livre est aussi un hommage par la bande au pouvoir de la lecture. Parce que c'est ce loisir en apparence toute simple qui en entrant dans la vie de la Reine provoque la suite des événements. Au départ, personne ne s'en émeut, personne ne s'en préoccupe, mais la lecture deviendra vite le cheval de Troie qui ébranlera les fondations de la monarchie. Rien n'est plus innocent qu'un livre et rien n'est plus pernicieux qu'un livre pourrait bien résumer cette histoire.
Quand à la conclusion, il me semble que je la ris encore. Vraiment, une finale avec un humour british absolument corrosif. Ça vaut la peine de lire ce livre juste pour la fin!.
Ma note: 4.5/5
Résumé:
Par hasard, la Reine découvre l'existence d'un bibliobus dans la cours de Buckingham Palace. Par politesse, elle emprunte un premier livre, puis un autre... Voilà donc la monarque, rompue par cinquante ans de règne aux horaires rigides et aux visites protocolaires qui se met à négliger ses royaux devoirs pour plonger son royal nez dans des bouquins, au grand dam du Premier Ministre, du Duc D'Édimbourg et de sa royale famille. Une situation qui ne manque pas de provoquer de nombreuses complications dans l'univers ultra-ordonné de Buckingham Palace!
Mon avis:
Ok, il faut lire ce livre comme une bonne blague bien anglaise et ne pas y voir un grand récit, mais quand même, qu'est-ce que ça se laisse bien lire! Tout commence par une bonne journée bien tranquille à Buckingham Palace. La reine est telle qu'on l'imagine, avec ses royaux corgies et tout le tralala. Dès l'arrivée des livres dans la vie de Sa Majesté, tout prend tranquillement le bord. D'abord, elle laisse entrer dans sa vie un jeune homme, Norman, amoureux des livres, de préférence des auteurs gays (on imagine mal la reine avec de tels livres dans les mains, mais il les lui fait découvrir). Puis, tranquillement, on voit les conséquences des nouvelles habitudes de la reine sur le quotidien feutré, mais réglé au quart de tour de la maison royale. Et tout fou très vite le camp.
La reine, si dans les premières pages du livre est la reine que la fiction à la The crown laisse entrevoir, cède vite le pas à un personnage qui vit la vie de la reine, sans être elle. On ne l'imagine pas devenir tout à coup dingue des livres comme ça, mais le portrait que cela dresse d'une certaine manière de vivre, d'une certaine classe sociale, est excellent. Parce que la dérape au coeur du livre en dit plus long que le portrait de la vie réelle.
Ce livre est aussi un hommage par la bande au pouvoir de la lecture. Parce que c'est ce loisir en apparence toute simple qui en entrant dans la vie de la Reine provoque la suite des événements. Au départ, personne ne s'en émeut, personne ne s'en préoccupe, mais la lecture deviendra vite le cheval de Troie qui ébranlera les fondations de la monarchie. Rien n'est plus innocent qu'un livre et rien n'est plus pernicieux qu'un livre pourrait bien résumer cette histoire.
Quand à la conclusion, il me semble que je la ris encore. Vraiment, une finale avec un humour british absolument corrosif. Ça vaut la peine de lire ce livre juste pour la fin!.
Ma note: 4.5/5
Libellés :
Auteurs A à C,
Commentaire de lecture,
Littérature anglaise
lundi 20 janvier 2020
De la géographie
Salut!
Je parle souvent du fait que j'ai étudié pour devenir prof d'histoire et de géographie. J'en parle la plupart du temps parce que ma formation en histoire m'a énormément apporté, tant au sens propre, les connaissances, qu'au figuré, les méthodes que cette discipline. L'historien a des outils: critique des documents historiques, ligne du temps, analyse sur le long terme. Tous ces outils comportent des méthodes et ils peuvent être utilisés dans bien des domaines de la vie. Entre autre, la critiques des documents s'avère pour moi une précieuse ressource à notre ère de fake news. J'ai appris à le faire à une époque où Wikipédia était encore considéré comme l'antichambre du démon. Ça me fait sourire quand j'y repense aujourd'hui!
Je me sers aussi de l'autre branche de ma formation, même si elle est moins évidente pour quelqu'un qui ne le sait pas: la géographie. Oubliez tout de suite les cours de géographie que vous avez eu au secondaire. Ce que l'on m'a enseigné à l'université était situé sur un autre continent. Oubliez la liste des rivières et des bassins hydrographiques, laissez derrière vous les noms des villes et leurs populations, aller hop aux oubliettes les noms des continents et des océans, des caps et des détroits, laisser s'accumuler la cendre sur vos connaissances des volcans et de la théorie de la dérive des continents. Tout cela appartient au domaine de la géographie physique, qui, aux dires de mon premier prof de géographie humaine, était indigne de se faire donner le titre de géographie. Il a continué son discours, malgré les visages allongés de déception des futurs enseignants que nous étions. Parce que, hé bien, on avait choisit ce métier parce qu'on a avait tripper là-dessus au secondaire non?
Je précise que ce prof a été le pire de mes quatre années de baccalauréat, l'un des plus mauvais pédagogues que j'ai dans la totalité de mon cursus scolaire, le plus tranchant sur sa matière et l'un des plus détestable sur la correction. J'ai fini le cours avec une note de 59.56%, soit l'exacte limite qui m'a permis de passer le cours par la peau des fesses. J'ai maudit ce prof, je l'ai détesté, lui et sa foutue matière auquel je ne comprenais rien ni du cul ni de la tête avec ses examens digne du XIXe siècle. Je suis sortie de mon dernier cours avec un immense sentiment de soulagement, convaincue que je n'aurais plus jamais à entendre parler de ses élucubrations de gars déconnecté.
J'avais tort.
Terriblement tort.
Même si je l'ai hautement détesté, haï (et même secrètement rêvé de l'éviscéré vif), ce prof m'a appris à voir le monde autrement. C'est à lui que je dois de regarder l'organisation des quartiers que je découvre au hasard de mes déplacements, à comparer les architectures pour comprendre les plans de développement des villes et des villages. C'est à lui que je dois d'avoir développé l'oeil pour saisir les différences entre les niveaux de vies des quartiers d'une même ville grâce à l'organisation urbaine. C'est grâce à lui que je remarque attentivement les plans des rues et que je comprends la volonté derrière les arrêts et les zones de 30 km/h. C'est à lui que je dois en voyage d'observer l'organisation du territoire depuis le hublot des avions, la façon de diviser et d'occuper l'espace en disant autant sur les habitants qu'eux-mêmes peuvent en dire. Bref, c'est lui qui, de manière abjecte et à mon corps défendant, m'a fait découvrir la géographie humaine, soit le domaine d'études qui se spécialise dans les relations entre l'homme et les différents territoires qu'il habite. C'est un domaine d'étude qui, s'il n'est pas enseigné par une horrible tête de pioche, obtuse, archaïque et tatillonne, peut être fascinant.
Depuis le temps, j'ai fait le ménage dans les différents enseignements reçus lors de ma formation universitaire. Et récemment, je me suis moi-même surprise à repenser à tout ça en lien avec la fiction, autant celle que j'écris que celle que je lis ou que je regarde. Parce que, qu'on le veuille ou non, la géographie est partout. Elle explique, elle fait comprendre, elle donne des indices, elle instruit et elle renseigne. Sauf qu'elle a ses propres outils également, qui ne sont pas les mêmes que ceux de l'histoire. C'est à un autre langage qu'elle fait appel. Certaines de ses règles de base sont respectées de façon inconsciente par les auteur(e)s: c'est naturel de voir et de présenter les choses d'une certaine façon parce que justement, c'est logique. Déroger de ces règles par contre peu faire sembler un univers incohérent ou en carton-pâte. Parce que même si on ne les connaît pas et on ne les maîtrise mal, elles s'appliquent.
Ça m'a donné l'envie d'en faire une série de billets. Parce que même si la géographie humaine n'est pas une discipline qui est aussi populaire que l'histoire comme source d'inspiration des auteurs, elle a son rôle à jouer dans les séries de fictions, surtout celle de l'imaginaire, même c'est loin de s'y limiter. Je me propose d'explorer les outils de la géographie en faisant des liens avec mes trois genres de prédilection: la science-fiction, le fantastique et la fantasy. Évidement, je n'ai pas retouché la géographie humaine depuis mes études, je n'entrerais donc pas dans les détails précis, ni ne ferait une présentation qui se veut exhaustive et à la fine pointe de la discipline. Je pense cette série comme un tour d'horizon pour faire voir la fiction autrement. J'ai en tête une série de cinq ou six billets, mais je ne sais pas le nombre exact que cela va donner au total, tout dépendra de l'inspiration (et de la suite dans les idées!). Rendez-vous donc dans les prochaines semaines/mois pour en avoir une petite idée.
@+ Mariane
Je parle souvent du fait que j'ai étudié pour devenir prof d'histoire et de géographie. J'en parle la plupart du temps parce que ma formation en histoire m'a énormément apporté, tant au sens propre, les connaissances, qu'au figuré, les méthodes que cette discipline. L'historien a des outils: critique des documents historiques, ligne du temps, analyse sur le long terme. Tous ces outils comportent des méthodes et ils peuvent être utilisés dans bien des domaines de la vie. Entre autre, la critiques des documents s'avère pour moi une précieuse ressource à notre ère de fake news. J'ai appris à le faire à une époque où Wikipédia était encore considéré comme l'antichambre du démon. Ça me fait sourire quand j'y repense aujourd'hui!
Je me sers aussi de l'autre branche de ma formation, même si elle est moins évidente pour quelqu'un qui ne le sait pas: la géographie. Oubliez tout de suite les cours de géographie que vous avez eu au secondaire. Ce que l'on m'a enseigné à l'université était situé sur un autre continent. Oubliez la liste des rivières et des bassins hydrographiques, laissez derrière vous les noms des villes et leurs populations, aller hop aux oubliettes les noms des continents et des océans, des caps et des détroits, laisser s'accumuler la cendre sur vos connaissances des volcans et de la théorie de la dérive des continents. Tout cela appartient au domaine de la géographie physique, qui, aux dires de mon premier prof de géographie humaine, était indigne de se faire donner le titre de géographie. Il a continué son discours, malgré les visages allongés de déception des futurs enseignants que nous étions. Parce que, hé bien, on avait choisit ce métier parce qu'on a avait tripper là-dessus au secondaire non?
Je précise que ce prof a été le pire de mes quatre années de baccalauréat, l'un des plus mauvais pédagogues que j'ai dans la totalité de mon cursus scolaire, le plus tranchant sur sa matière et l'un des plus détestable sur la correction. J'ai fini le cours avec une note de 59.56%, soit l'exacte limite qui m'a permis de passer le cours par la peau des fesses. J'ai maudit ce prof, je l'ai détesté, lui et sa foutue matière auquel je ne comprenais rien ni du cul ni de la tête avec ses examens digne du XIXe siècle. Je suis sortie de mon dernier cours avec un immense sentiment de soulagement, convaincue que je n'aurais plus jamais à entendre parler de ses élucubrations de gars déconnecté.
J'avais tort.
Terriblement tort.
Même si je l'ai hautement détesté, haï (et même secrètement rêvé de l'éviscéré vif), ce prof m'a appris à voir le monde autrement. C'est à lui que je dois de regarder l'organisation des quartiers que je découvre au hasard de mes déplacements, à comparer les architectures pour comprendre les plans de développement des villes et des villages. C'est à lui que je dois d'avoir développé l'oeil pour saisir les différences entre les niveaux de vies des quartiers d'une même ville grâce à l'organisation urbaine. C'est grâce à lui que je remarque attentivement les plans des rues et que je comprends la volonté derrière les arrêts et les zones de 30 km/h. C'est à lui que je dois en voyage d'observer l'organisation du territoire depuis le hublot des avions, la façon de diviser et d'occuper l'espace en disant autant sur les habitants qu'eux-mêmes peuvent en dire. Bref, c'est lui qui, de manière abjecte et à mon corps défendant, m'a fait découvrir la géographie humaine, soit le domaine d'études qui se spécialise dans les relations entre l'homme et les différents territoires qu'il habite. C'est un domaine d'étude qui, s'il n'est pas enseigné par une horrible tête de pioche, obtuse, archaïque et tatillonne, peut être fascinant.
Depuis le temps, j'ai fait le ménage dans les différents enseignements reçus lors de ma formation universitaire. Et récemment, je me suis moi-même surprise à repenser à tout ça en lien avec la fiction, autant celle que j'écris que celle que je lis ou que je regarde. Parce que, qu'on le veuille ou non, la géographie est partout. Elle explique, elle fait comprendre, elle donne des indices, elle instruit et elle renseigne. Sauf qu'elle a ses propres outils également, qui ne sont pas les mêmes que ceux de l'histoire. C'est à un autre langage qu'elle fait appel. Certaines de ses règles de base sont respectées de façon inconsciente par les auteur(e)s: c'est naturel de voir et de présenter les choses d'une certaine façon parce que justement, c'est logique. Déroger de ces règles par contre peu faire sembler un univers incohérent ou en carton-pâte. Parce que même si on ne les connaît pas et on ne les maîtrise mal, elles s'appliquent.
Ça m'a donné l'envie d'en faire une série de billets. Parce que même si la géographie humaine n'est pas une discipline qui est aussi populaire que l'histoire comme source d'inspiration des auteurs, elle a son rôle à jouer dans les séries de fictions, surtout celle de l'imaginaire, même c'est loin de s'y limiter. Je me propose d'explorer les outils de la géographie en faisant des liens avec mes trois genres de prédilection: la science-fiction, le fantastique et la fantasy. Évidement, je n'ai pas retouché la géographie humaine depuis mes études, je n'entrerais donc pas dans les détails précis, ni ne ferait une présentation qui se veut exhaustive et à la fine pointe de la discipline. Je pense cette série comme un tour d'horizon pour faire voir la fiction autrement. J'ai en tête une série de cinq ou six billets, mais je ne sais pas le nombre exact que cela va donner au total, tout dépendra de l'inspiration (et de la suite dans les idées!). Rendez-vous donc dans les prochaines semaines/mois pour en avoir une petite idée.
@+ Mariane
jeudi 16 janvier 2020
Le dernier Héraut-mage: 3-Le prix de la magie de Mercedes Lackey
Le dernier Héraut-Mage tome 3 Le prix de la magie Milady Lu en intégrale page 839 à 1293
Résumé:
Vanyel vit désormais à Valdémar, où le roi Randal, malgré le soutien des guérisseurs et de sa femme Shavri, est littéralement en train de mourir devant son peuple. Un jeune barde, Stephen, parvient à le soulager en utilisant un don inconnu impliquant ses capacités musicales. Vanyel se sent instantanément attiré vers ce jeune homme, shaych comme lui. Stephen également. Mais Vanyel n'a jamais pu oublier Tylendel...
Mon avis:
Un tiers du récit, Vanyel est pas sûr de lui, il trouve Stephen mignon, mais il n'a pas oublié son grand amour etc, etc. Un autre tiers, les aléas de la vie de héraut et la vie de la cours se mettent en travers de leur belle histoire. Et un dernier tiers qui mènera Vanyel vers sa mort, comme il en fait le rêve depuis le début de la trilogie.
Et tout ça prend un peu beaucoup de temps à raconter.
Dans ce tome, l'auteure abuse beaucoup du tell. Certes, elle accorde toujours une grande importance aux émotions et au portrait psychologique de ses personnages, mais c'est presque trop. Il y a très peu d'actions dans ce tome-ci et la valse-hésitation de Vanyel gruge la plupart du livre, au point où j'ai eu sérieusement envie de sauter dans le livre pour aller le secouer. Beaucoup de situations sont montées en épingle pour retomber à plat. Bref, c'est un tome assez inégal.
La fin n'est pas vraiment meilleure. Elle met une terrible épreuve à la toute fin et Vanyel s'en sort en dix pages, grâce à son amoureux. Le personnage de Stephen, presque tout au long, est assez réduit. Il est comme la bonne épouse qui prend soin de son amoureux avec dévouement et patience, qui lui brasse les puces au bon moment et qui lui sert de boussole morale. Ce dont Vanyel n'avait pas eu besoin dans les deux tomes précédents, mais qui lui semble maintenant indispensable. Si au départ, Stephen a ses propres buts, sa relation avec Vanyel grugera toute sa vie. Bref, même dans les couples gays, ça peut arriver. Et d'ailleurs, l'auteure est d'une pudeur extrême face à leur sexualité: elle arrête les scènes d'amour dès que leurs lèvres s'approchent de celles de l'autre. Elle n'a jamais eu autant de réserve avec les couples hétéros!
Et bon, la fin en apothéose que l'on voit venir depuis le début de l'histoire est expédiée et on fait même des ellipses sur de larges bouts. Bref, le troisième tome donne une fin de trilogie en queue de poisson...
Ma note: 3/5
Résumé:
Vanyel vit désormais à Valdémar, où le roi Randal, malgré le soutien des guérisseurs et de sa femme Shavri, est littéralement en train de mourir devant son peuple. Un jeune barde, Stephen, parvient à le soulager en utilisant un don inconnu impliquant ses capacités musicales. Vanyel se sent instantanément attiré vers ce jeune homme, shaych comme lui. Stephen également. Mais Vanyel n'a jamais pu oublier Tylendel...
Mon avis:
Un tiers du récit, Vanyel est pas sûr de lui, il trouve Stephen mignon, mais il n'a pas oublié son grand amour etc, etc. Un autre tiers, les aléas de la vie de héraut et la vie de la cours se mettent en travers de leur belle histoire. Et un dernier tiers qui mènera Vanyel vers sa mort, comme il en fait le rêve depuis le début de la trilogie.
Et tout ça prend un peu beaucoup de temps à raconter.
Dans ce tome, l'auteure abuse beaucoup du tell. Certes, elle accorde toujours une grande importance aux émotions et au portrait psychologique de ses personnages, mais c'est presque trop. Il y a très peu d'actions dans ce tome-ci et la valse-hésitation de Vanyel gruge la plupart du livre, au point où j'ai eu sérieusement envie de sauter dans le livre pour aller le secouer. Beaucoup de situations sont montées en épingle pour retomber à plat. Bref, c'est un tome assez inégal.
La fin n'est pas vraiment meilleure. Elle met une terrible épreuve à la toute fin et Vanyel s'en sort en dix pages, grâce à son amoureux. Le personnage de Stephen, presque tout au long, est assez réduit. Il est comme la bonne épouse qui prend soin de son amoureux avec dévouement et patience, qui lui brasse les puces au bon moment et qui lui sert de boussole morale. Ce dont Vanyel n'avait pas eu besoin dans les deux tomes précédents, mais qui lui semble maintenant indispensable. Si au départ, Stephen a ses propres buts, sa relation avec Vanyel grugera toute sa vie. Bref, même dans les couples gays, ça peut arriver. Et d'ailleurs, l'auteure est d'une pudeur extrême face à leur sexualité: elle arrête les scènes d'amour dès que leurs lèvres s'approchent de celles de l'autre. Elle n'a jamais eu autant de réserve avec les couples hétéros!
Et bon, la fin en apothéose que l'on voit venir depuis le début de l'histoire est expédiée et on fait même des ellipses sur de larges bouts. Bref, le troisième tome donne une fin de trilogie en queue de poisson...
Ma note: 3/5
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Auteurs J à L,
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Fantasy
lundi 13 janvier 2020
Commencer par critiquer
Salut!
L'autre jour, j'écoutais une balado au sujet des mythiques Cahiers du cinéma, un journal français spécialisé dans le septième art. J'y aie appris avec une assez grande surprise que l'un de ses plus célèbres critiques étaient par la suite devenu cinéaste. François Truffaut commença donc sa carrière dans le milieu cinématographique en critiquant les films des autres. Il est par la suite devenu un cinéaste marquant de la Nouvelle vague française. J'ai éclaté de rire intérieurement, parce que j'ai fait un peu la même chose.
Souvent, on recommande aux nouveaux venus dans un milieu de se mettre les mains dedans: il faut faire ce en quoi on veut devenir bon, en faire beaucoup, ne pas avoir peur de faire des erreurs, Que l'on écrive, que l'on dessine, que l'on fasse des films, on recommande souvent d'en faire, d'essayer et de recommencer encore et encore pour s'améliorer et apprendre de ses erreurs. C'est une méthode qui bien évidemment est essentielle: personne n'est jamais devenu bon sans se salir un peu les mains et sans consacrer du temps et de l'énergie à ses projets.
Sauf qu'il me semble qu'il y a aussi une autre façon d'apprendre, qui est celle de regarder ce qui existe déjà. Ce que la plupart des gens font naturellement, puisque, hé bien, si on a envie de faire quelque chose, c'est qu'on a accroché à quelque chose de semblable que quelqu'un a fait non? On a qu'à penser aux étudiants en art qui recopient les oeuvres des grands maîtres dans les musées pour apprendre. La plupart des grands auteurs ont été de grands lecteurs, la plupart des grands cinéastes ont été de grands cinéphiles et je pourrais décliner ici les exemples. Il existe des exceptions certes, mais on parle bien ici d'exception et non de règle.
Si on va une coche plus loin que la simple observation, on retrouve l'analyse et un pas plus loin, la critique. Pourquoi c'est utile? Vous pourriez lire 100 livres et vous dire que vous en avez lu assez, mais ce n'est pas le cas. Si vous n'avez fait que lire, vous êtes passé à côté. Il y a bien des livres que vous avez aimez plus que d'autres, certains dans lequel vous êtes entrés plus que d'autres, d'autres que vous avez détesté, etc et ceci, sans que nécessairement, cela ait un lien avec l'histoire comme tel. Il n'y a que les enfants de six ans qui sortent du cinéma en disant qu'ils ont aimé ou détesté le dernier Disney sans plus de nuances. La majorité des gens ont des raisons pour aimer ou détester une oeuvre.
L'analyse, c'est justement ça. C'est se demander pourquoi ça marche au juste? Pourquoi ça n'a pas marché? Pourquoi est-ce que le cinéaste/l'auteur(e)/l'artiste a réussi dans son but? Pourquoi je l'ai aimé ou détesté? Tout ceci a des raisons. Parce que l'auteur réussi à nous transmettre l'information de très belle manière. Parce que la psychologie de ses personnages est bien réussie. Parce qu'on accroche littéralement et qu'on est scotchée au livre, etc. Il y a des raisons. Mais aussi, surtout, pourquoi ça ne marche pas. C'est presque aussi important que de savoir pourquoi ça marche. On réussit ainsi à en apprendre beaucoup sur l'art que l'on souhaite pratiquer. On apprend des erreurs des autres, mais aussi, de leurs bons coups.
La critique, c'est transmettre cette information à d'autres personnes. Vous pouvez très bien analyser un livre et avoir compris bien des choses, mais la meilleure façon d'apprendre n'est pas seulement d'expliquer ces raisons, mais bien d'être capable de les transmettre. Un vieux truc dit: si tu veux savoir si tu as bien compris, essaie de l'expliquer à quelqu'un. Faites le test si vous ne me croyez pas. Quand on maîtrise bien un sujet, on est capable de l'expliquer. L'art de le faire à un vaste public est justement, un art, mais l'expliquer à un ami ou à une autre personne, synthétiser les idées, faire ressortir les points importants, organiser le tout pour que la présentation soit logique, c'est ça, en grande partie, faire de la critique.
Pour un/e auteur/e, c'est doublement profitable. De un, on lit et on analyse, de deux, quand on écrit, on pratique notre art tout en apprenant de celui des autres. Certes, les cinéastes peuvent faire des vidéos pour faire leurs critiques de films (Youtube en regorge et c'est génial!), mais la critique papier reste encore la meilleure et la plus facile d'accès. Et je m'imagine mal un chanteur critiquer le disque d'un autre artiste en chanson...
Tout ça pour dire que critiquer est une bonne façon d'apprendre, mais je tiens ici à préciser un truc: ne s'improvise pas plus critique qu'artiste. Il faut avoir beaucoup fréquenté l'art que l'on veut critiquer pour bien le faire. Tiens, c'est un autre avantage: lire pour critiquer des livres, ça nous fait lire encore plus!
@+ Mariane
L'autre jour, j'écoutais une balado au sujet des mythiques Cahiers du cinéma, un journal français spécialisé dans le septième art. J'y aie appris avec une assez grande surprise que l'un de ses plus célèbres critiques étaient par la suite devenu cinéaste. François Truffaut commença donc sa carrière dans le milieu cinématographique en critiquant les films des autres. Il est par la suite devenu un cinéaste marquant de la Nouvelle vague française. J'ai éclaté de rire intérieurement, parce que j'ai fait un peu la même chose.
Souvent, on recommande aux nouveaux venus dans un milieu de se mettre les mains dedans: il faut faire ce en quoi on veut devenir bon, en faire beaucoup, ne pas avoir peur de faire des erreurs, Que l'on écrive, que l'on dessine, que l'on fasse des films, on recommande souvent d'en faire, d'essayer et de recommencer encore et encore pour s'améliorer et apprendre de ses erreurs. C'est une méthode qui bien évidemment est essentielle: personne n'est jamais devenu bon sans se salir un peu les mains et sans consacrer du temps et de l'énergie à ses projets.
Sauf qu'il me semble qu'il y a aussi une autre façon d'apprendre, qui est celle de regarder ce qui existe déjà. Ce que la plupart des gens font naturellement, puisque, hé bien, si on a envie de faire quelque chose, c'est qu'on a accroché à quelque chose de semblable que quelqu'un a fait non? On a qu'à penser aux étudiants en art qui recopient les oeuvres des grands maîtres dans les musées pour apprendre. La plupart des grands auteurs ont été de grands lecteurs, la plupart des grands cinéastes ont été de grands cinéphiles et je pourrais décliner ici les exemples. Il existe des exceptions certes, mais on parle bien ici d'exception et non de règle.
Si on va une coche plus loin que la simple observation, on retrouve l'analyse et un pas plus loin, la critique. Pourquoi c'est utile? Vous pourriez lire 100 livres et vous dire que vous en avez lu assez, mais ce n'est pas le cas. Si vous n'avez fait que lire, vous êtes passé à côté. Il y a bien des livres que vous avez aimez plus que d'autres, certains dans lequel vous êtes entrés plus que d'autres, d'autres que vous avez détesté, etc et ceci, sans que nécessairement, cela ait un lien avec l'histoire comme tel. Il n'y a que les enfants de six ans qui sortent du cinéma en disant qu'ils ont aimé ou détesté le dernier Disney sans plus de nuances. La majorité des gens ont des raisons pour aimer ou détester une oeuvre.
L'analyse, c'est justement ça. C'est se demander pourquoi ça marche au juste? Pourquoi ça n'a pas marché? Pourquoi est-ce que le cinéaste/l'auteur(e)/l'artiste a réussi dans son but? Pourquoi je l'ai aimé ou détesté? Tout ceci a des raisons. Parce que l'auteur réussi à nous transmettre l'information de très belle manière. Parce que la psychologie de ses personnages est bien réussie. Parce qu'on accroche littéralement et qu'on est scotchée au livre, etc. Il y a des raisons. Mais aussi, surtout, pourquoi ça ne marche pas. C'est presque aussi important que de savoir pourquoi ça marche. On réussit ainsi à en apprendre beaucoup sur l'art que l'on souhaite pratiquer. On apprend des erreurs des autres, mais aussi, de leurs bons coups.
La critique, c'est transmettre cette information à d'autres personnes. Vous pouvez très bien analyser un livre et avoir compris bien des choses, mais la meilleure façon d'apprendre n'est pas seulement d'expliquer ces raisons, mais bien d'être capable de les transmettre. Un vieux truc dit: si tu veux savoir si tu as bien compris, essaie de l'expliquer à quelqu'un. Faites le test si vous ne me croyez pas. Quand on maîtrise bien un sujet, on est capable de l'expliquer. L'art de le faire à un vaste public est justement, un art, mais l'expliquer à un ami ou à une autre personne, synthétiser les idées, faire ressortir les points importants, organiser le tout pour que la présentation soit logique, c'est ça, en grande partie, faire de la critique.
Pour un/e auteur/e, c'est doublement profitable. De un, on lit et on analyse, de deux, quand on écrit, on pratique notre art tout en apprenant de celui des autres. Certes, les cinéastes peuvent faire des vidéos pour faire leurs critiques de films (Youtube en regorge et c'est génial!), mais la critique papier reste encore la meilleure et la plus facile d'accès. Et je m'imagine mal un chanteur critiquer le disque d'un autre artiste en chanson...
Tout ça pour dire que critiquer est une bonne façon d'apprendre, mais je tiens ici à préciser un truc: ne s'improvise pas plus critique qu'artiste. Il faut avoir beaucoup fréquenté l'art que l'on veut critiquer pour bien le faire. Tiens, c'est un autre avantage: lire pour critiquer des livres, ça nous fait lire encore plus!
@+ Mariane
jeudi 9 janvier 2020
Le dernier Héraut-Mage: 2- Les promesses de la magie de Mercedes Lackey
Le dernier Héraut-Mage tome 2 Les promesses de la magie Mercedes Lackey Milady Lu en édition intégrale page 429 à 837
Résumé:
Épuisé par une longue année de lutte sur le Front karsite, Vanyel, devenu un héraut-mage confirmé, le meilleur du Cercle Héraldique, retourne se reposer quelques semaines dans sa famille. Il y aura l'occasion de régler quelques vieux conflits avec les siens, de rencontrer de nouveaux compagnons et... n'aura pas le temps de se reposer, les ennuis semblant définitivement le suivre partout!
Mon avis:
On commence le livre avec un Vanyel au bout du rouleau, littéralement, épuisé dans tous les sens du terme. On finit le livre avec un Vanyel tout aussi épuisé. Bref le but annoncé du livre était de lui permettre de se reposer et il ne se reposera pas du tout au cours de ce bouquin. Si vous êtes exténué, ce n'est pas le bon moment de lire cet opus: vous allez beaucoup trop vous reconnaître dans le personnage principal.
Le livre est le prétexte à bien des égards, à régler les situations problématiques établies dans le premier tome avec les membres de sa famille. Les relations complexes avec son père, avec son ancien maître d'armes, avec le prêtre de l'endroit, avec une ancienne servante de sa mère. Un par un, Vanyel va les rencontrer, parfois les confronter et dénouer les fils complexes de ses relations avec eux. Rendu au deuxième ou au troisième, on voit venir, mais l'auteure réussit à nous emmener là où on ne l'attend pas, en présentant les motivations profondes, voire les nuances des émotions de ses personnages. Ce n'est pas un livre qui est une réussite au point de vue strictement littéraire et l'auteure a souvent la main lourde, mais reste qu'elle réussit à peindre de très beaux personnages.
Vanyel a gagné en maturité de bien des façons. Douze ans séparent le premier du deuxième tome de la trilogie. Vanyel a grandit, mais sa solitude n'en est que plus grande. Son statut de Héraut-Mage lui pèse, car il transforme ses relations avec presque tout le monde, sauf ses amis très proche qu'il craint de devenir une cible. Et sa solitude, infinie après la mort de Tylendel qui le poursuit encore. Il aura l'occasion d'évoluer sur les deux questions au cours du livre. Et sa relation avec Yfandes, son compagnon, balbutiante durant le premier tome, est désormais pleinement vécue. C'est beau à voir.
Contrairement à la manie de l'auteure de changer sans cesse de point de vue entre les différentes personnages, ce tome-ci est écrit entièrement du point de vue de Vanyel, ce qui améliore beaucoup le texte. Certes, cela nous oblige à vivre son état d'épuisement constant, mais cela renforce l'engagement auprès du personnage. En d'autres mots, le deuxième tome est meilleur que le premier!
Ma note: 4/5
Résumé:
Épuisé par une longue année de lutte sur le Front karsite, Vanyel, devenu un héraut-mage confirmé, le meilleur du Cercle Héraldique, retourne se reposer quelques semaines dans sa famille. Il y aura l'occasion de régler quelques vieux conflits avec les siens, de rencontrer de nouveaux compagnons et... n'aura pas le temps de se reposer, les ennuis semblant définitivement le suivre partout!
Mon avis:
On commence le livre avec un Vanyel au bout du rouleau, littéralement, épuisé dans tous les sens du terme. On finit le livre avec un Vanyel tout aussi épuisé. Bref le but annoncé du livre était de lui permettre de se reposer et il ne se reposera pas du tout au cours de ce bouquin. Si vous êtes exténué, ce n'est pas le bon moment de lire cet opus: vous allez beaucoup trop vous reconnaître dans le personnage principal.
Le livre est le prétexte à bien des égards, à régler les situations problématiques établies dans le premier tome avec les membres de sa famille. Les relations complexes avec son père, avec son ancien maître d'armes, avec le prêtre de l'endroit, avec une ancienne servante de sa mère. Un par un, Vanyel va les rencontrer, parfois les confronter et dénouer les fils complexes de ses relations avec eux. Rendu au deuxième ou au troisième, on voit venir, mais l'auteure réussit à nous emmener là où on ne l'attend pas, en présentant les motivations profondes, voire les nuances des émotions de ses personnages. Ce n'est pas un livre qui est une réussite au point de vue strictement littéraire et l'auteure a souvent la main lourde, mais reste qu'elle réussit à peindre de très beaux personnages.
Vanyel a gagné en maturité de bien des façons. Douze ans séparent le premier du deuxième tome de la trilogie. Vanyel a grandit, mais sa solitude n'en est que plus grande. Son statut de Héraut-Mage lui pèse, car il transforme ses relations avec presque tout le monde, sauf ses amis très proche qu'il craint de devenir une cible. Et sa solitude, infinie après la mort de Tylendel qui le poursuit encore. Il aura l'occasion d'évoluer sur les deux questions au cours du livre. Et sa relation avec Yfandes, son compagnon, balbutiante durant le premier tome, est désormais pleinement vécue. C'est beau à voir.
Contrairement à la manie de l'auteure de changer sans cesse de point de vue entre les différentes personnages, ce tome-ci est écrit entièrement du point de vue de Vanyel, ce qui améliore beaucoup le texte. Certes, cela nous oblige à vivre son état d'épuisement constant, mais cela renforce l'engagement auprès du personnage. En d'autres mots, le deuxième tome est meilleur que le premier!
Ma note: 4/5
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lundi 6 janvier 2020
Si on s'amuse avec les stats
Salut!
L'autre jour sur Facebook, un ami faisait le bilan de ses lectures 2019. Il s'est amusé à compiler ses lectures pour en sortir quelques statistiques: qui il a lu, d'où provenaient-ils, plus des hommes que des femmes, etc. Ça m'a inspirée. Et pour le plaisir de la chose, voici donc un petit bilan statistique de mes propres lectures 2019. Fait à noter, je me suis fiée au nom des personnes pour déterminer les statistiques, ma petite enquête n'avait pas pour but de faire de longues recherches sur Internet pour savoir qui était qui. J'aime mieux lire que ça! :P
J'ai lu un total de 53 livres cette année, ce qui correspond pas mal à ma moyenne des dernières années, pour un total de 52 auteurs. Quiconque trouve ma dernière phrase illogique ont tort: j'ai lu plusieurs livres de certains auteurs (tsé, les séries de livres?). 7 livres comportaient plus d'un auteur, j'ai calculé chaque auteur séparément. Et personnellement, j'inclus comme auteurs les dessinateurs de bande dessinée. Croyez-moi, ils le sont autant que les scénaristes!
Hommes/femmes
Fait à préciser, je n'ai lu aucun auteur s'identifiant comme non-binaire ou transgenre dans mes lectures de 2019.
Donc:
Homme 28 (54%)
Femme 24 (46%)
Je suis donc dans la zone de la parité. N'y voyez aucun effort particulier de ma part. J'aime les bons livres, surtout. Mais j'avoue qu'être aussi près de la zone paritaire m'a moi-même surprise.
Québécois/Étranger
Si quelqu'un a un tilt en regardant mes résultats, vous vous souviendrez peut-être de l'an dernier :P
Québécois 44 (85%)
Étranger 8 (15%)
Et oui, le Grand défi de la littérature québécoise a tordu mes statistiques! Les 8 auteurs étrangers ont tous été lu cet automne. Aucune idée de ce qu'aurait l'air mes stats une année ordinaire, je n'ai pas compilé 2018.
Diversité
J'inclus dans cette catégorie les auteurs issus de la diversité culturelle. Je n'inclus pas les minorités sexuelles.
Blanc 44 (85%)
Diversité (15%)
Ouch... J'avoue que j'ai sursauté en voyant ces chiffres. Et pourtant, 2019 est une année où j'ai essayé autant que possible d'élargir mes horizons littéraires, particulièrement en m'intéressant aux littératures autochtones. Mais même à cela, les livres que j'ai lu était majoritairement d'auteurs blancs. J'ai donc lu 5 auteurs autochtones, une personne de culture arabo-musulmane et deux asiatiques. Ça m'a énormément surprise et ça me fait beaucoup réfléchir.
Minorités sexuelles
Concernant les minorités sexuelles, j'ai lu trois auteurs ouvertement gay en 2019. Un maigre 6% de mes lectures. Et encore, leurs romans ne portaient pas tous spécifiquement sur ce thème.
On dit que de mettre des chiffres sur la réalité aide à mieux la comprendre. Des fois oui, des fois non, mais ce petit exercice m'a beaucoup aidée et je l'ai trouvé ma foi, fort instructif.
@+ Mariane
L'autre jour sur Facebook, un ami faisait le bilan de ses lectures 2019. Il s'est amusé à compiler ses lectures pour en sortir quelques statistiques: qui il a lu, d'où provenaient-ils, plus des hommes que des femmes, etc. Ça m'a inspirée. Et pour le plaisir de la chose, voici donc un petit bilan statistique de mes propres lectures 2019. Fait à noter, je me suis fiée au nom des personnes pour déterminer les statistiques, ma petite enquête n'avait pas pour but de faire de longues recherches sur Internet pour savoir qui était qui. J'aime mieux lire que ça! :P
J'ai lu un total de 53 livres cette année, ce qui correspond pas mal à ma moyenne des dernières années, pour un total de 52 auteurs. Quiconque trouve ma dernière phrase illogique ont tort: j'ai lu plusieurs livres de certains auteurs (tsé, les séries de livres?). 7 livres comportaient plus d'un auteur, j'ai calculé chaque auteur séparément. Et personnellement, j'inclus comme auteurs les dessinateurs de bande dessinée. Croyez-moi, ils le sont autant que les scénaristes!
Hommes/femmes
Fait à préciser, je n'ai lu aucun auteur s'identifiant comme non-binaire ou transgenre dans mes lectures de 2019.
Donc:
Homme 28 (54%)
Femme 24 (46%)
Je suis donc dans la zone de la parité. N'y voyez aucun effort particulier de ma part. J'aime les bons livres, surtout. Mais j'avoue qu'être aussi près de la zone paritaire m'a moi-même surprise.
Québécois/Étranger
Si quelqu'un a un tilt en regardant mes résultats, vous vous souviendrez peut-être de l'an dernier :P
Québécois 44 (85%)
Étranger 8 (15%)
Et oui, le Grand défi de la littérature québécoise a tordu mes statistiques! Les 8 auteurs étrangers ont tous été lu cet automne. Aucune idée de ce qu'aurait l'air mes stats une année ordinaire, je n'ai pas compilé 2018.
Diversité
J'inclus dans cette catégorie les auteurs issus de la diversité culturelle. Je n'inclus pas les minorités sexuelles.
Blanc 44 (85%)
Diversité (15%)
Ouch... J'avoue que j'ai sursauté en voyant ces chiffres. Et pourtant, 2019 est une année où j'ai essayé autant que possible d'élargir mes horizons littéraires, particulièrement en m'intéressant aux littératures autochtones. Mais même à cela, les livres que j'ai lu était majoritairement d'auteurs blancs. J'ai donc lu 5 auteurs autochtones, une personne de culture arabo-musulmane et deux asiatiques. Ça m'a énormément surprise et ça me fait beaucoup réfléchir.
Minorités sexuelles
Concernant les minorités sexuelles, j'ai lu trois auteurs ouvertement gay en 2019. Un maigre 6% de mes lectures. Et encore, leurs romans ne portaient pas tous spécifiquement sur ce thème.
On dit que de mettre des chiffres sur la réalité aide à mieux la comprendre. Des fois oui, des fois non, mais ce petit exercice m'a beaucoup aidée et je l'ai trouvé ma foi, fort instructif.
@+ Mariane
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