lundi 30 mai 2022

Des nouvelles pattes de velours dans ma vie

 Salut!

Quand ma Prospéryne est morte, j'ai littéralement pleuré pendant trois jours.  Sans blague là!  Elle me manque encore d'ailleurs, même si le deuil a fait son temps. Je garde le meilleur d'elle. Même si elle n'est plus là.

Me restait ma Patchoulie, que j'adore.  Qui a maintenant 15 belles années, avec qui la communication est tellement bonne que c'est tout juste si elle ne parle pas. (Miaou!!!!  Ah, tu veux aller dehors? Miaou!!! Ah, tu veux de la bouffe? Miaou!!! Non, Patchoulie, tu as déjà mangé, n'essaies pas de me faire le coup!). C'est une chatte merveilleuse... sauf sur un point. On parle souvent des chats pots de colle. Moi, j'ai une chatte antiadhésive. Sérieusement, je pense que c'est le félin le moins colleux que j'ai jamais rencontré dans ma vie!  Le temps moyen d'un câlin avec elle se compte en secondes et c'est TOUJOURS trop long à son avis. Elle n'aime pas être caressée et se coller, pff, jamais de la vie! Bref, bref, c'est pas la minette la plus généreuse en affection.

C'est aussi une chatte qui est facile à stresser et qui a du mal à s'adapter aux nouvelles situations.

Alors, adopter un nouveau chat...

J'avais fait une croix dessus, jusqu'à sa mort. Pas tant que ma Patchoulie sera vivante me disais-je. Et à  moi et aux autres. Plein, plein de fois. Parce que j'avais peur pour elle, peur de sa réaction, peur qu'elle ne soit pas bien, tsé, à son âge, peur que ça vire en conflit, peur de... bref. Sauf que ça m'arrivait régulièrement d'aller zieuter les sites des refuges, à regarder tous les jolis minets à la recherche d'une famille. Je ne cherchais pas un chaton, mais un chat adulte. J'ai toujours préféré les chats adultes. Et dans ma tête, j'écrivais la lettre que j'enverrais au refuge quand Patchoulie ne serait plus de ce monde. Je leur disais que j'étais prête à prendre dans ma vie un chat plus âgé, que les chats noirs ne me dérangeaient pas, que les petits problèmes de santé, dans la limite où je pouvais les gérer, n'étaient pas un obstacle. Et comme je préfère les chats d'intérieurs, un chat FIV (Sida félin, ne se transmet pas aux humains et aux autres chats seulement en cas de morsures ou de galipettes) qu'il est préférable de ne pas faire sortir ne me dérangeait pas. Je me préparais mentalement à accueillir un chat griffu (Patchoulie n'a plus ses griffes, un de mes grands regrets aujourd'hui). Mais, pas tant que mon trésor de 15 ans sera de ce monde je me disais.

Jusqu'au jour où il y a quelques semaines, je suis tombée sur une annonce d'un chat et je me suis dit: je VEUX ce chat! Une magnifique minette toute blanche, du même âge que Patchoulie! Et toutes mes hésitations, toutes mes peurs sont passées à la trappe: je voulais un deuxième chat, tout simplement. Bon, la jolie minette blanche réjouit finalement les jours d'une autre famille et je lui souhaite de tout mon coeur une fin de vie pleine de bonheur. Mais à partir de ce moment-là, j'ai zieuté les sites des refuges plus sérieusement. Je voulais un deuxième chat! Quel minet saurait gagner mon coeur?

J'ai commencé mes recherches tout en compulsant les méandres de YouTube à la recherche de toutes les vidéos et ressources pour aider ma Patchoulie à accepter ce nouvel arrivant dans notre vie. Je recommande particulièrement celle-ci, mais bon, mes recherches ont fait virer les algorithmes de YouTube à l'envers, donc, c'est loin d'être la seule que j'ai regardé...

J'ai épluché les annonces de chats pendant plusieurs semaines. J'ai déposé plusieurs demandes, mes élu.e.s ont souvent trouvé d'autres familles. J'ai visité des refuges, j'ai vu des chats et j'ai dit non plusieurs fois. Souvent en me disant: ouf, ça, ça ne marchera pas avec Patchoulie! Et puis, je suis tombée sur cette annonce. Un magnifique gentleman au poil soyeux et au regard magnifique. Qui n'avait rien pour lui par contre: noir (les chats noirs sont moins adoptés), âgé de 10 ans (les chats âgés sont moins adoptés) ayant quelques petits problèmes de santé (urinaires, mais ça, ça va, je connais et ma Patchoulie mange de la bouffe urinaire depuis des années). J'ai été lui rendre visite. Et ça a été le coup de foudre. J'ai signé sur le champ les papiers d'adoption. Une des personnes travaillant au refuge pleurait de bonheur quand elle est partie, tellement elle est contente: j'ai alors appris que ce chat était au refuge depuis presque 6 mois. À croire qu'il m'attendait.

Je suis revenue à la maison, j'ai annoncé la bonne nouvelle à mes amies: j'allais avoir un nouveau chat! Restait le prénom à trouver. Au début, je penchais vers Anubis, mais tout le monde m'a fait remarquer que c'était un dieu à tête de chien (oups...). L'une de mes amies, qui aime autant que moi les vieux prénoms, s'est lancé avec moi sur la piste du prénom de chat le plus joli en me lançant à la tête des dizaines de vieux prénoms: Célestin (ça ne lui allait pas), Augustin(non plus), Napoléon (hors de question!), Léopold (ishh), Aurélien (hé, mon grand-père s'appelait comme ça!), Paul-Émile (PAUL-ÉMILE, DESCEND DE LA TABLE! ne sonnait pas bien à mes oreilles), Rogatien (coudonc, ya donc ben des vieux noms qui finissaient en in!), Edgar...

Quand j'ai lu ce nom, j'ai immédiatement entendu le son d'un riff de guitare. Et la chanson de Jean Leloup. Retour direct à mon adolescence. Mais c'est aussi une chanson hommage à Edgar Allan Poe, un auteur donnant dans le fantastique et l'horreur. Un bon nom pour un chat noir non?

J'avais trouvé son nom: ce serait Edgar.

Restait à finir de trouver le nécessaire pour l'accueillir. J'ai préparé la pièce où l'isoler lors de son arrivée (dixit, la salle de bain, pas le choix!) J'ai été le chercher pour le ramener à la maison le 12 mai dernier. Adopter un chat noir la veille d'un vendredi 13... Hihihi!  Edgar a été sage comme une image tout le long du voyage de retour (contrairement à Patchoulie qui s'égosille comme si j'essayais de l'épiler dès qu'elle met une patte dans son transporteur). Il a fait ça comme un professionnel tout du long. Les instructions d'introduction mentionnaient de mélanger les odeurs des deux félins pour qu'ils s'habituent l'un à l'autre avant de se voir pour la première fois. J'ai donc laissé un de mes vieux t-shirt de pyjama dans la cachette que j'avais emménagé pour Edgar et le lendemain, je l'ai laissé traîner à porté de museau patchoulien. La face qu'elle a faite après l'avoir senti (NON, MAIS QU'EST-CE QUE T'AS FAIT BORDEL!), m'a fait sentir coupable quelques instants, mais ensuite, ça s'est dissipé. 

Ça fait maintenant deux semaines qu'il est arrivé. Au final, après quelques grondements et crachats, Patchoulie le tolère très bien et zieute régulièrement son bol de bouffe. Edgar est pas mal plus colleux qu'elle et j'ai retrouvé un partner in crime de télé et de lecture. Bref, j'ai quatre nouvelles pattes de velours dans ma vie. Et j'en suis très heureuse!

Voici quelques photos:

Les pattes de velours d'Edgar!


Une de mes premières photos, au refuge.


Je pense qu'il est pas trop malheureux chez nous...


Chacun son coin de lit, mais ils y dorment sur leurs deux oreilles pointues.



Bref, si vous trouvez que j'ai un trip de chat noir... c'est normal!

@+! Mariane

lundi 16 mai 2022

La chanson, la littérature des mots en musique

 Salut!

Récemment, quelqu'un m'a dit: «Le Dôme est sorti avant que je ne m'intéresse à la musique de Jean Leloup.» Et moi Le Dôme, c'est... 

1998, l'année où j'avais 15 ans.

L'année où j'ai fait un camp de cadet de 6 semaines qui a foutu en l'air ma confiance en moi, mais qui m'a aussi introduite à la musique, à Jean Leloup et surtout, au Dôme...

Le Dôme...

La musique fait partie de la vie, de toutes les vies. Qui ne se souvient pas des musiques qui les ont retournés dans tous les sens à l'âge tendre de l'adolescence, quand nos goûts pas encore formés sont prêts à entendre tous les rythmes, tous les sons, toutes les paroles...

Les paroles...

Edgar était un vrai soûlon

Il écrivait toute la journée

Il n'écrivait pas de chansons,

Mais des contes où l'assassin¸

L'emportais toujours haut la main

La victime était homme de bien

YÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂ!!!!!!!!!!!!!!!


Juste entendre le nom d'Edgar y'a pas si longtemps et j'ai entendu le riff de guitare du début de la chanson. Et j'étais dans cet antre, aux côtés d'Edgar Allan Poe, écrivant des récits fantastiques frisant avec l'horreur...

La musique, les chansons, ce sont des mots aussi.  Des mots qui nous apprennent d'une autre manière la littérature, la poésie surtout.  Je n'aime pas la poésie est facile à dire, mais rare sont les gens qui n'aiment pas une chanson, surtout quand elle est particulièrement bien écrite.  Comme les textes de Jean Leloup, qui s'ils ne respectent pas toutes les règles de la poésie, racontent des histoires bien ficelées dans des images qui frappent souvent l'imaginaire.  

Combien d'autres auteur.e.s-compositeurices-interprètes au Québec ont utilisé la chanson pour déconstruire et reconstruire la langue et la poésie? De Gilles Vigneault à Daniel Bélanger, des Colocs à Bleu Jeans Bleu, de Louky Bersianik (qui a signé plusieurs des chansons marquantes de Richard Séguin) à Lynda Lemay, on a pris la plume pour chanter la langue, passant de l'écrit à l'oralité.

La chanson évolue plus vite que la littérature et elle est souvent plus rapide à s'approprier les nouvelles expressions, qu'elles aient la vite courte ou longue dans la langue parlée.  Elle forme des images mentales, mais elle est aussi la trame sonore de nos vies, qui peut nous rappeler en un instant à une époque ou à une émotion.  Si vous entendez une turlute de la Bolduc, vous serez dans une autre ambiance que si vous entendez un des accords de guitare de Beau Dommage.

La chanson est une forme de littérature, comme l'a bien fait remarquer le comité du prix Nobel en donnant ce prestigieux prix à Bob Dylan en 2016. C'est juste qu'elle est conçue pour l'oralité bien plus que pour l'écrit.

Je vous laisse, je vais réécouter Le Dôme encore une fois... À des milles à la roooonnnde!

@+ Mariane


lundi 2 mai 2022

Je refuse de le lire

Salut!

Je ne lirais pas la Servante écarlate.  Comme dans jamais.  Ok, non, il ne faut pas dire jamais, mais disons que les chances sont minces.  J'avais acheté un exemplaire et je l'ai laissé repartir vers un autre lecteurice sans l'avoir lu.  Ce livre me fait peur.  Je ne veux pas le lire.  Je refuse de le lire.

Personne ne m'interdit de le lire ou ne m'y encourage, c'est un choix purement personnel.  J'ai lu dans ma vie des livres qui me faisaient peur, qui m'ont confronté dans mes idées, des livres qui m'ont révolté, mais il y a aussi des livres que j'ai décidé tout bonnement de ne pas lire.  Pour me protéger, oui, mais aussi parce que parfois, je sais que les lire ne m'apportera rien. Et refuser de lire quelque chose est très différent de n'avoir aucune envie de lire quelque chose: l'un part d'un refus clair et net, même si parfois l'oeuvre nous attire. Dans l'autre cas, on en a pas envie, point.

Refuser de lire un livre pour des raisons personnelles est comme refuser de manger tel ou tel aliment pour des raisons tout aussi personnelles: c'est un choix qui dépend de chaque individu.  On peut le refuser pour des raisons de valeurs humaines (genre, je ne lirai pas les livres de cet auteur raciste ou antisémite), des raisons de valeurs liées à un groupe (ce livre parle de choses qui sont contre ma religion) ou des raisons de valeurs personnelles (ce livre contient des ragots et je n'aime pas ça).  Chacun a ses valeurs et chacun peut très bien refuser de lire des livres qui n'y correspondent pas.

On peut aussi refuser de lire un livre parce qu'il nous fait peur.  Peur de ce que le lire va provoquer en nous.  Je ne parle pas ici d'avoir peur à cause de l'histoire contenue dans le livre.  Je parle d'idées qui peuvent nous confronter. Lire une histoire d'amour homosexuelle peut-être être très confrontant pour des personnes religieuses. Lire les écrits d'un auteur de droite peut être très perturbant pour une personne qui carbure aux idées antiracistes et anticapitalistes.  Parce que malgré les grands écarts que l'on peut parfois faire en lisant des livres loin de nous, on découvre souvent que derrière chaque auteur, aussi éloigné de nous soit-il, il y aura quelque chose qui viendra nous toucher, nous chercher, nous bouleverser.  C'est pour ça que l'on fuit parfois certaines lectures, comme on peut se tenir loin de certains films ou de certaines séries télé.

Refuser de lire veut parfois dire refuser d'être en contact avec des idées différentes des nôtres, par peur parfois très intime de nous voir obliger de revoir notre vision du monde.  Mais il y a aussi des livres que l'on ne lit pas pour se protéger.  Chaque personne a ses zones de sensibilité, ses zones fragiles, et il est sain de savoir les respecter.  J'ai une bonne amie, qui comme moi, ne lit pas d'horreur parce que ce genre de lecture la terrifie.  Elle a s identifier sa limite et elle sait la respecter.  Ce qui est très sain.

Bref, refuser de lire un livre n'est pas nécessairement un signe d'étroitesse d'esprit. C'est parfois un signe que l'on se connait assez pour savoir que certains livres ne sont pas pour nous.

@+ Mariane