Salut!
Je sais que le titre de ce billet est un brin provocateur, mais ce billet n'a aucune connotation sexuelle ;)
Il y a quelques années, je lisais un livre de science-fiction et je me suis rendu compte que tout à coup, l'un des personnages se mettait à réfléchir tout haut à des concepts importants reliés à l'intrigue. Et de se demander, presque en passant, si le fait qu'un personnage soit chose x était l'équivalent d'être chose Y dans leur univers ou être chose était très important. J'ai dû me faire une entorse aux yeux tellement je les ai roulés à ce moment-là. Pas que ça n'avait aucun rapport avec l'histoire ni parce que c'était exagéré. Non, c'est juste que l'auteurice était ici plus en train de se parler à elle-même qu'autre chose. Ce point de chose X ou chose Y n'avait strictement aucun rapport avec l'intrigue à ce moment-là. J'avais l'image mentale de cette auteurice en train de se poser cette question à ce moment de son processus d'écriture et de se demander si tel élément de son univers fonctionnait avec tel autre élément et quels seraient les possibilités, si...
J'ai toute de suite eu l'impression que l'auteurice était en train de se masturber avec son univers.
Pas au sens sexuel du terme bien sûr, mais au sens que l'auteurice se faisait plaisir avec cet exercice où, par le biais d'un personnage, elle s'interrogeait sur les concepts qu'elle avait mis en place dans son univers. Bref, j'avais plutôt l'impression d'être en train de prendre sur le vif un intense moment de plaisir intellectuel par une écrivaine qui réfléchissait à l'univers qu'elle avait mis en place plutôt qu'un moment particulièrement bien écrit au bénéfice de la lectrice que j'étais.
Ça m'a donné l'impression gênante de surprendre un moment qui ne m'était pas du tout destiné...
Soyons clair: pour quelqu'un qui passe des centaines, sinon des milliers d'heures à construire un univers de science-fiction complexe, vif, à imaginer des peuples, des rites, des technologies et qui ensuite met des personnages en action dans celui-ci, qui souvent vont eux-mêmes s'interroger sur leur univers et le remettre en question ou encore en repousser les limites... la tentation doit finir par s'installer à un moment ou à un autre de mettre un peu de ses réflexions personnelles, un peu de son jus de cerveau dans ses écrits. Le hic c'est: est-ce que j'ai besoin de ça comme lectrice?
Et je parle bien de concepts ici. Frodon ne perd pas de temps à se demander pourquoi il est au Troisième Âge de son univers, simplement parce que c'est un concept acquis et compris par lui. Et il ne passe pas plus de temps à s'interroger à savoir ce qui marquerait le début du Quatrième Âge, parce que pardi, si nous sommes au Troisième Âge, c'est qu'il y en a eu un Premier et un Second et donc, qu'un jour, il y en aura forcément un Quatrième et au fond, est-ce que de détruire l'Anneau sera l'événement qui nous fera entrer dans le Quatrième Âge? J'imagine la tête de Sam, penchée sur un chaudron en train de préparer leur souper, une pipe à la bouche, si Frodon tenait un tel discours... Ce n'est pas pertinent à leur histoire, à ce qu'ils vivent. Le pouvoir de l'anneau l'est et donc, si Frodon s'interroge sur celui-ci, c'est tout à fait correct, car le concept du pouvoir qui corrompt forme la trame de l'intrigue et ça, c'est légitime de s'y intéresser.
Bref, faire jouer mentalement avec les concepts de son univers peut être une bonne chose si ça sert à l'intrigue. Ça a sa place dans ce cas! Autrement, auteurice, allez faire ça dans votre chambre, tout seul... Je ne veux pas le savoir...
@+ Mariane