lundi 27 mai 2024

Le grand cru et l'ado

 Salut!

Neveu a maintenant 15 ans. Il est à l'âge où son visage peut être confondu avec un champ de coquelicot. L'âge où la réponse à la plupart de nos questions est un ouin qui a des ressemblances avec un coassement de grenouille. L'âge où son cellulaire et ses amis deviennent le centre du monde et où j'ai l'impression de passer du statut de tante cool à madame fatiguante. Bref, l'âge où le lien que j'ai avec lui change, même s'il reste là. 

Parfois, je m'imagine lui offrir un verre de vin. Un grand cru là, d'une bonne bouteille, vieillie, pleine de saveurs subtiles et d'arômes délicats. Neveu n'a jamais été tenté par l'alcool. Alors une gorgée d'un très bon vin, comme ça, d'un coup, sans préparation aucune? Je suis sûre qu'il va la recracher et courir se rincer la bouche pour faire disparaître les tanins. Il ne comprendra pas la riche saveur à laquelle il vient d'être confronté, tout simplement parce que son goût n'est pas formé, pas déployé, qu'il n'est pas capable de comprendre, de prendre le temps de savourer. Il est encore à l'étape de l'apprentissage. Et c'est normal, c'est de son âge. Neveu est un ado, tout simplement et comme des milliers d'autres, il est en train de découvrir le monde et de l'apprendre. Donc, quelque chose d'un peu plus complexe peut le rebuter facilement.

Si l'on ne parle d'un coup plus de vin, mais de livres. De grands crus de la littérature, souvent des classiques. Des livres à l'écriture travaillée, peaufinée. De personnages denses et ambigus, d'intrigues amples, d'émotions complexes et brûlantes. Je m'imagine la tête de Neveu pour ça aussi. Et sa grimace.

Nos goûts en lecture sont comme des papilles gustatives: plus ils ont goûté de plumes, de styles et d'intrigues différents, plus elles seront à même de savourer les subtilités de goûts qui ne sont pas à première vue évidents à savourer, à apprécier des détails qui ne sont pas faciles d'approche. Ce qui peut susciter un rictus de dégoût à un moment peut finir par faire sourire de bonheur à un autre. Mais ça prend du temps. Ça ne se fait pas en un jour et c'est toujours une aventure à chaque fois.

Quand on n'a pas en banque autant d'expérience, se retrouver devant un classique à lire, surtout au secondaire, peut devenir une épreuve qui décourage et dégoûte les jeunes. Parce que leur goût n'est pas formé. Moi-même, qui était pourtant un rat de bibliothèque à cet âge, j'ai grimacé devant certains livres plus ennuyeux. Non, je n'ai pas aimé Maria Chapdelaine à cette époque. C'est avec le temps, à force de lire des livres, que j'ai développé mon goût. J'ai d'ailleurs eu une passe, début trentaine où j'ai lu 5-6 romans du terroir que j'ai bien aimé. Mais le temps avait fait son oeuvre. Je pouvais mieux savourer les plumes et les histoires, parce qu'ayant un peu plus de recul et d'expérience, j'étais capable de voir au-delà de ce que je ne connaissais pas pour comprendre le texte et mieux l'apprécier. Mais ça a pris du temps.

Alors, je comprends que lire Agaguk, Maria Chapdelaine ou Bonheur d'occasion puisse faire du sens pour un pédagogue soucieux de mettre la jeunesse en contact avec le meilleur du canon littéraire. Sauf qu'il faut de foutus bons profs pour vulgariser ceci et éviter que les élèves ne recrachent leurs lectures avec une grimace dégoûtée. Dans la situation actuelle, c'est déjà bon d'avoir un prof dans la classe, alors, on repassera pour donner le goût de la littérature aux jeunes.

@+ Mariane

jeudi 2 mai 2024

The motivation myth de Jeff Haden

 The motivation myth de Jeff Haden Portfolio 260 pages


Résumé:

La motivation. On envie ceux qui en ont, on en voudrait plus, on pense que l'on pourra faire les choses quand on en aura assez, bref, personne ne se plaint d'en avoir trop! Mais au-delà des idées reçues, qu'est-ce que la motivation? Comment peut-on la susciter, comment la développer? Dans ce livre très motivant à lire, l'auteur nous parle de ses recettes et du résultat de ses recherches.

Mon avis:

Soyons honnêtes, ce livre est plus dans le registre de la psychopop, mais il a quand même quelques bonnes idées. Entres autres parce que son auteur provient du domaine des affaires et des communications, il aborde la question de la motivation non sous l'angle psychologique, mais sous l'angle de l'accomplissement personnel. C'est peut-être un peu prêchi-prêcha, mais ça a le mérite d'être clair, avec des concepts et des solutions réalistes et à la portée de tous.

Son idée de base? La motivation n'est pas quelque chose qui existe et qui un jour nous envahit comme par miracle et nous fait bouger des montagnes. C'est plutôt un construit, basé sur un élément très simple: la réussite. Pas la grande réussite, mais la petite, celle qui nous fait dire ce petit yé! quand on y arrive. Par exemple, il ne faut pas viser de monter sur le podium, mais se fixer des objectifs et les atteindre et ainsi entraîner un cercle vertueux qui mènera au podium. Le livre tourne autour de cette idée: faire vivre des réussites. Et son idée est loin d'être mauvaise, parce que souvent, la motivation doit tenir au quotidien, alors il faut y aller au quotidien la chercher.

Toujours dans le registre du quotidien, il parle de quelque chose de tout simple: aimer ce que l'on fait. Le gagnant de la médaille d'or aime s'entraîner bien plus que l'idée de la médaille. On ne sera jamais motivé à faire quelque chose que l'on déteste. C'est de la base, mais ça fait du bien de le rappeler.

L'auteur passe évidemment plusieurs chapitres à nous détailler des techniques et des astuces, mais comme tel, c'est pertinent. Et parmi ceux-ci, tout le monde trouvera chaussure à son pied, peu importe sa situation. Il y a des redondances et certains trucs sont vraiment destinés à un public qui cherche l'ultra motivation, mais ça reste intéressant. Cependant, il ne nous épargne pas la liste de personnes ayant brillamment réussi de ses connaissances et leurs exemples de vies édifiants. Le genre le veut, que voulez-vous!

Même si ce n'est sans doute pas LE livre qui vous donnera la solution à tous vos problèmes, il se lit facilement, contient une bonne d'idées intéressantes et nous emmène aussi à penser autrement à la motivation. Juste ça, c'est déjà très bien.