Lady Snowblood tome 3 Le livre de la résurrection Dessins de Kazuo Kamimura Scénario de Kazuo Koike Sensei 314 pages
Résumé:
Après avoir accompli sa vengeance, Yuki a pris sa ''retraite'' et enseigne désormais la gymnastique suédoise dans un collège pour jeunes filles. Ce qui malheureusement déplaît aux mouvements nationalistes qui dénoncent l'occidentalisation du Japon. Après avoir échappé à une tentative d'assassinat, Yuki est entraînée vers ceux qui se battent contre l'obscurantisme et pour l'avenir du Japon. Encore une fois, elle va devoir dégainer son sabre.
Mon avis:
Ce troisième tome est dès le départ surprenant parce que sa quête initiale, venger ceux qui ont détruit sa famille, est atteinte à la fin du deuxième tome. On a donc ici une impression surprenante de «on a une bonne série alors on va étirer la sauce». Fort heureusement, c'est bien fait et ça ne gâche pas le plaisir de la lecture, même si les aventures de Yuki l'emmènent très loin de ses activités habituelles.
Au départ, elle s'est complètement retirée du métier. Plus de contrats, plus de vengeance. Elle est simplement une prof de gymnastique suédoise dans un collège pour jeunes filles et ne fait pas de vagues. À part le fait qu'elle traîne son ombrelle partout, rien ne peut laisser soupçonner son passé. Ombrelle qui, les lecteurs le savent, contient sa lame. Comment elle s'est retrouvée là sera racontée par des flashbacks, mais ce qu'elle fera ensuite n'appartient qu'à elle. Alors que dans les autres tomes, elle poursuivait la quête de vengeance de sa mère, dans celui-ci, elle trace sa propre voie et fait ses propres choix par rapport à son avenir. Et surtout, elle choisit un camp et une cause par elle-même. Ce choix est d'ailleurs l'arc narratif qui mène le tome et qui la fera de nouveau basculer dans la violence alors qu'elle s'en était éloignée.
Comme dans les premiers tomes, l'intrigue mêle personnage fictif et personnages historiques et un vrai conflit social qui a eu lieu à cette époque entre les traditionalistes et les modernistes. Je ne suis pas une experte de l'époque, mais le conflit m'a semblé bien rendu, surtout au niveau des individus qui le vivent. Et bon, certains événements liés aux nationalistes laissent envisager les agissements de l'armée japonaise lors de la Seconde Guerre mondiale. Comme si les racines étaient déjà plantées. Contre cela, Yuki utilisera toutes ses ressources, même si dans un premier temps, elle hésite. Sortir de sa retraite, du calme? Et pourquoi le ferait-elle? L'habilité de l'intrigue est justement ici de nous faire suivre son cheminement et sa décision finale. La grande différence est que l'intrigue est beaucoup plus linéaire que dans les autres tomes. Si auparavant on alternait entre son métier de tueuse à gages et sa quête personnelle, ici, à l'exception de quelques flashback, l'intrigue avance de chapitre en chapitre.
Le dessin est toujours aussi réussi, mais comme l'intrigue plonge davantage dans l'histoire de l'époque, les détails que le dessinateur inclut dans ses plans sont plus faciles à remarquer. Et des détails, il y en a. Petits et grands. Yuki elle-même d'ailleurs a changé. C'est subtil, et d'autant plus à l'honneur du dessinateur, qu'il ait réussi à nous faire comprendre que le temps passe aussi pour Yuki et qu'elle n'est plus la jeune fille que nous avons rencontrée dans le premier tome. Même si elle reste Lady Snowblood.
Un troisième tome un peu moins fort que les deux précédents, mais qui demeure quand même intéressant, même s'il n'était pas nécessaire.