mardi 20 décembre 2011

Mortilège de Blake Charlton

Mortilège  Blake Charlton  Collection Territoires  Fleuve Noir 488 pages


Résumé:
Au Havre de l'Étoile, Nicodème Weal est un jeune apprenti qui tente vainement de devenir sorcier.  Son problème?  Il est cacographe, en d'autres termes, dyslexique!  Un sérieux handicap à la fois pour lire et pour inscripter des sorts, surtout que son seul toucher modifie la structure des sorts déjà écrits.  Alors qu'une importante conférence a lieu au Havre de l'Étoile une célèbre magiste, ennemie de son maître-sorcier, est assassinée.  Nicodème et son maître sont aussitôt pointés du doigt.  Mais entre les Druides, les différentes factions de sorciers dont beaucoup sont anti-cacographes et un mystérieux golem qui rôde sur les toits, savoir qui est l'ennemi et ce qu'il veut est difficile à dire.

Critique:
L'histoire est vraiment très très dense, il y a beaucoup de détails importants à retenir et ça fini à la longue par être mêlant et à donner une impression d'embrouillement.  C'est le grand défaut des univers trop complexes, ils perdent leurs lecteurs.  On navigue entre les différents types de magie, le passé lointain, le passé plus proche et le présent en mêlant à ça une intrigue entre différents peuples.  Au final, le hic, c'est que toutes les informations ne sont pas utilisées de façon aussi brillantes et ça nous mêle, oh, pas de quoi rendre l'univers que l'auteur a construit incompréhensible, juste assez pour se dire, en cours de lecture, alors quoi, ça sort d'où cette information et ça nous emmène où?  Fort heureusement, le nombre de personnages importants dans l'histoire est relativement réduit et bien campés, Nicodème en particulier.  C'est un héros hésitant, peu sûr de lui, incapable de prendre une décision rapide, ce n'est pas un chef, si un partisan de l'action.  Il va devoir apprendre, mais son cheminement dans cette direction n'est qu'esquissé dans ce roman, ce n'est pas le coeur de l'intrigue.  Cette intrigue qui avouons-le, part de tous les côtés et a de la difficultés à nouer les fils des multiples possibilités qu'elle ouvre.  Mais avouons-le, la prémisse de base est absolument géniale: un sorcier dyslexique!  Je n'avais jamais vu ça, la dyslexie n'est pas une idée très utilisée en littérature, sans doute parce que les lecteurs ne sont pas habitués à se battre avec les mots.  D'ailleurs la façon dont cet handicap est représenté, avec toute la douleur et l'humiliation que cela comporte est magnifique.  On comprend à travers le personnage de Nico tout ce que peut représenter la dyslexie pour un être humain.  L'auteur est lui-même dyslexique, ça paraît.  Et c'est d'autant plus pénible pour Nicodème que ses sorts ne peuvent pas fonctionner à cause de sa dyslexie qui déforme ses sorts...  Pas drôle!  Dans son monde, la magie est formée de texte, sous-texte, on «édite» des sorts pour les transformer, on «sous-textualise» un sort pour cacher sa provenance, le vocabulaire de la construction de la langue est très utilisé et bien utilisé.  C'est rafraîchissant, parce que rarement vu.  Et pour une amoureuse des mots, c'est un régal.  L'auteur a utilisé la langue pour en faire de la magie au lieu d'utiliser la magie via la langue.  Wow, là-aussi, chapeau pour l'idée!  Ok, par contre, si on parle de l'intrigue, elle est mal cernée, on est dans quoi au juste?  L'enquête sur la mort de la magiste?  Une quête pour savoir qui est l'Halcyon, le sauveur de la prophétie?  La quête personnelle de Nicodème pour vaincre sa cacographie et trouver sa place dans le monde?  Dur à dire.  Et la fin est largement trop étirée, on tombe dans les cinquante dernières pages dans tout autre chose.  Et on se demande pourquoi l'auteur colle ça là, ça ne coule pas depuis le reste du livre.  Du moins, en lisant ces pages, j'avais la très nette impression d'avoir bouclé l'intrigue du livre et d'être en prolongation.  Ce qu'on y apprend est intéressant, mais ça n'avait pas sa place dans ce livre.  En fouillant sur le net, j'ai découvert que ce livre est le premier d'une trilogie.  Hum, pas fort, rien ne l'indiquait sur le livre!  Enfin, la partie de la fin aurait été meilleure collée au début du deuxième tome qu'à la fin du premier, tout simplement parce qu'on aborde une autre étape de la vie du personnage principal.  Enfin, et c'est un problème, j'ai vu beaucoup de fautes en cours de lecture.  Des fautes stupides d'accord de pronom personnel entre autre, c'est peut-être un détail, mais entre dire m'accorder et t'accorder, on change le sens d'une phrase.  En la relisant trois fois, j'arrivais à retrouver le sens original de la phrase, mais c'était pas toujours évident.  Et à plusieurs occasions, je n'étais pas absolument certaine de l'orthographe de certains mots.  La révision de ce livre a-t-elle été confiée à une personne dyslexique en l'honneur du sujet du livre?  On est en droit de se poser la question!

Ma note: 3.75/5

Je remercie les Messageries ADP et plus particulièrement Guy pour ce service de presse.

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