mardi 6 décembre 2011

Dindification de Pierre Fraser

Dindification  Pierre Fraser  Transcontinental  138 pages

Résumé:
Nous sommes toutes des dindes.  Le fermier nous nourrit soigneusement pendant 1000 jours, il est donc logique de penser que le 1001ième jour sera pareil aux 1000 précédents non?  Et bien non, le 1001ième jour, le fermier nous coupe soigneusement la tête parce que c'est Noël!  En fait, cette métaphore permet à l'auteur de nous montrer les schémas de manipulation des masses qui permet à la plupart d'entre nous d'entrer d'adopter des comportements de masse.  Démonstration surprenante.

Critique:
La citation en épigraphe du livre est de Mark Twain: «Dès que vous vous retrouvez du côté de la majorité, c'est le temps de prendre une pause et de réfléchir.»  Ça donne bien l'esprit du livre. Un livre très intéressant au demeurant, mais qui a ses limites.  L'auteur montre dans les premiers chapitres le phénomène des tendances: du communisme au fascisme, de l'écologisme au féminisme, toutes les idéologies finissent en «isme» et représentent un système de valeur qui sous-tend la base d'une société.  Il montre comment les idéologies naissent, montent, se répandent et finissent par devenir dominantes (ou non).  Et comment, par la théorie que l'auteur appelle le 1001e jour, tout s'écroule à cause d'un événement imprévisible au départ, d'une décision politique, d'une révolution technologique ou encore d'une catastrophe naturelle.  Bref, un mur contre lequel bute la tendance.  Cette partie est nettement la plus intéressante du livre et on sent parfaitement l'auteur en maîtrise de son sujet.  Le bât blesse quand il s'attaque à démontrer le tout par un exemple et il a choisi... l'écologisme.  Étant donné le nombre de dindes qui sont comme moi pris dans le mouvement, ce choix est sûrement très précieux pour nous montrer la justesse de son argumentation, mais justement, étant donné le nombre de dindes que nous sommes, ses arguments choquent et provoquent plutôt un rejet de ceux-ci.  N'empêche, c'est intéressant et ça montre la puissance de la tendance!  Honnêtement, j'ai trouvé le choix de l'écologisme discutable, proche des gens certes, mais ça sentait un peu le gars frustré qui voulait démontrer qu'il avait raison.  Et le problème, c'est que les chapitres suivants, dont je n'ai pas trop compris le but, enfoncent ce clou.  Il nous répète qu'il faut penser par nous-même et développer son esprit critique, mais ne fournit pas les outils pour amorcer le processus.  Oups!  Sacré oubli!  J'ai fermé le livre en me disant, sacré gâchis.  L'idée de base était excellente, les premiers chapitres donnaient une solide assise au restant, mais l'auteur n'a pas pu s'empêcher, au lieu de rester dans le discours intellectuel, de bifurquer et de dénoncer, ce que LUI, il trouvait incorrect ou inexact.  Ça gâche le reste.  Dommage, mais n'empêche, les premiers chapitres valent largement la peine d'être lus.  Sauf qu'on peut sauter les derniers.

Ma note: 3.25/5

Je remercie Transcontinental et plus particulièrement Robert pour ce service de presse.

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