jeudi 27 février 2020

Cabot-Caboche de Daniel Pennac

Cabot-Caboche  Daniel Pennac  Pocket-jeunesse 200 pages


Résumé:
Le Chien est un cabot pas très beau et élevé dans une décharge.  À la suite d'un énorme détour du destin, il se retrouve adopté par la famille de Pomme, une petite fille attachante, mais comme tous les enfants, inconstante.  C'est aidé par d'autres chiens, et parfois par leurs humains, que le Chien finira par comprendre son humaine, par la dresser correctement et à avoir enfin la maîtresse de ses rêves.

Mon avis:
Une histoire à hauteur de quatre pattes.  Voilà ce qu'est ce petit livre qui se lit comme un bonbon.  Certes, c'est de la littérature jeunesse, alors ce n'est pas sensé être difficile, mais ce serait nier l'immense talent de l'auteur que de réduire ce livre à une simple oeuvre bien faite.  C'est plus que ça.

Le personnage de le Chien est un bâtard à l'allure pas trop belle qui sera adopté par une petite fille nommée Pomme.  Enfin, c'est le surnom qu'il lui donne, comme il en donne à tous les humains.  Parce que le jour où il l'a rencontré pour la première fois, elle sentait la pomme.  Idem pour ses parents qui ont chacun leur surnom, aussi basé sur des odeurs.  L'univers olfactif de ce récit est intimement lié au personnage, mais aussi à l'univers qu'il suscite.  À hauteur de pattes, les odeurs prennent beaucoup plus d'importance et forment la trame de l'univers de Le Chien.

Et ici, hihihi!, les rôles sont inversés.  Ce sont les chiens qui dressent leurs maîtres et non l'inverse.  De ce rapport inversé naît une contradiction par rapport à notre rapport aux chiens, comme si on voyait le monde par leurs yeux à eux et non par le nôtre.  Certains traits sont exagérés, mais rien qui fasse décrocher.  C'est que le monde vu à hauteur de museau de chien est très différent du nôtre.  L'auteur l'enveloppe d'une couche de fantaisie qui transforme cet univers en une espèce de conte de fée version canine, juste assez pour que ne pas que cela fasse Disney, mais assez pour que l'on se sente dans un univers de contes.

L'écriture de l'auteur est comme un caramel qui font dans la bouche, toute douce et enveloppante.  On ressent tout au long son profond amour pour les chiens.  Il a le don de trouver des tournures de phrases qui sonnent juste qui sonnent «chien» tout en rendant un magnifique hommage à la langue française.  Bref un auteur qui sait mettre son talent d'adulte au service d'une histoire destinée aux jeunes lecteurs.

À mettre dans toutes les petites mains, y compris celles des amateurs de chats!

Ma note: 4.5/5

lundi 24 février 2020

Les livres de nos voyages

Salut!

Je sais que je ne suis pas la seule, mais quand je pars en voyage, j'emmène toujours un livre.  Pour l'avion, certes, mais pas que.  J'avoue avoir un peu de mal à me concentrer sur un bouquin dans les airs.  Je préfère et de loin rattraper mon retard gargantuesque en cinéma à ce moment-là.  Ça fait passer le temps plus vite de toutes façons!

Les livres, je les traîne le reste du temps.  En format poche, toujours, c'est plus léger et ça se glisse partout.  Et il y a toujours un moment en voyage où l'on finit par être écoeuré des musées, de marcher dans la ville, de zieuter des monuments ou de marcher en compagnie de beaucoup trop d'autres personnes qui font exactement la même chose que nous.  Dans ce temps-là, ma solution est toute trouvée: je m'installe dans un coin, tranquille et je sors mon livre.

À Paris, c'était aux Jardins du Luxembourg, en face d'une fontaine.  Le ciel variait entre le soleil et les nuages.  Il y avait tout plein de pigeons aux alentours, certains poussant l'audace jusqu'à marcher sous ma chaise (j'ai pas réussi à en attraper, sont bien trop malins!).  Je lisais (relisais en fait) Les neufs vies d'Edward de Chrystine Brouillet, roman que j'avais emmené parce qu'il se passe à Paris.  Je l'avais aussi sorti dans le train qui me ramenait de Versailles l'avant-veille.  C'est mon livre de Paris.  Le livre que même dans des années, je vais relier mentalement à Paris.

Plutôt une belle vue pour s'installer pour lire non?

À Édimbourg, c'était Whisky et paraboles de Roxanne Bouchard.  Je l'avais commencé quelques jours avant de partir et je l'ai terminé le matin de mon retour à Montréal.  Là aussi, j'ai eu un moment J'ch'tannée de visiter! et je me suis assise et j'ai lu.  Une bonne heure de temps d'ailleurs.  C'était à Calton Hill, une petite éminence verte couverte de bâtiments d'inspiration classique.  Il y a avait un banc de parc à l'écart, avec une vue splendide sur Arthur's Seat.  Je suis restée là une bonne heure, en plein soleil, à lire des aventures se passant dans Lanaudière.  Comme de quoi, il faut parfois aller loin de chez soi pour être au fond près de chez nous.  Ça c'est mon livre d'Édimbourg.

Ça aussi, c'était plutôt pas mal!

Quand je suis allée à Edmonton (pour le boulot, mais c'est quand même un voyage), j'avais emmené Avance Rapide de Michael Marshall Smith.  Je le lisais dans le lobby de l'hôtel, qui offrait un vin et fromage gratuit (qui lèverait le nez sur un verre de vin gratuit).  J'avais le nez dans mon livre et un jeune homme qui dégustait son propre verre de chardonnay m'a gentiment demandé ce que je lisais.  Il a levé un sourcil interrogateur quand je lui aie dit que le livre était en français, surtout que c'était une traduction, mais il avait l'air intéressé par le contenu.  Ça c'est mon livre d'Edmonton.

Craquelins, fromage et chardonnay!

Ces livres ont voyagé avec moi, je veux dire, physiquement!  Ils ont fait l'aller-retour, le trajets en avion, les contrôle de sécurité et tout le tralala.  Je les aies lus dans des restaurants, dans des transports en commun, dans des salles d'attente et dans des endroits plus que magnifiques.  Et quand je repense à leurs histoires, il me revient aussi des souvenirs de voyage.  C'est ainsi.  Les histoires que l'on lit loin de chez soi garde leurs places parmi nos souvenirs de voyages.  Parce que la lecture et le voyage se rappellent mutuellement l'un et l'autre à notre souvenir.

@+ Mariane

jeudi 20 février 2020

Toronto 2033 (Collectif d'auteurs)

Toronto 2033  Collectif d'auteurs Spacing Toronto  100 pages


Résumé:
10 nouvelles se déroulant sur le territoire de Toronto, dans un avenir proche marqué par les changements climatiques et technologiques, par 10 auteurs représentatifs de la diversité de cette cité.

Mon avis:
Ce livre se veut de s'inscrire dans le courant émergent de la clit-lit, le mot clit signifiant ici climatique (et non une abréviation d'une partie du corps féminin!), soit la littérature de fiction inspirée des changements climatiques, un courant qui risque de connaître un bel élan dans les prochaines années.

Dix auteurs nous parlent donc de leurs visions du futur de Toronto.  Plusieurs aspects sont abordés: changement dû aux technologies, aux impacts des changements climatiques (la nouvelle montrant les banlieues de Toronto immergée suite à une décision politique pour protéger Montréal fait réfléchir), aux virus et aux mouvements de population.  Chaque auteur tisse sa trame de son propre point de vue.  Si un esprit d'ensemble se dégage (plusieurs éléments d'arrière-plan sont communs à toutes les nouvelles), chacun explore l'avenir selon sa propre perception du présent.  Et comme le collectif avait une volonté claire de faire place à la diversité de Toronto, tant ethnique, culturelle ou sexuelle, ça donne des univers qui partent dans tous les sens, positivement, je tiens à le préciser.

Cette volonté de représentativité fait en sorte que trois nouvelles abordent le sujet des Premières Nations (dont deux extrêmement bien réussie), au point que je me suis demandée si ce n'était pas une gamique des auteurs, une met en vedette un personnage non-binaire et les noms d'ascendance non-caucasiennes sont légions.  J'aurais aimé avoir un peu plus de représentation linguistique de la diversité de Toronto, mais bon, c'était peut-être un peu trop demander.  À part dans Cracks, tous les personnages ne parlent que l'anglais, quelque soit leur origine et personne ne semble avoir d'accent.

L'aspect science-fiction m'a paru un peu exagéré à certains moments, surtout au niveau des technologies, mais l'ensemble reste très cohérent.  La variété des thématiques abordées est à l'égal des auteurs: ça part dans toutes les directions et c'est très bien ainsi.

La meilleure nouvelle du recueil, à mon avis, est The Ravine de Karl Schroeder sur un tueur à gage chargé de faire disparaître un planificateur urbain responsable de répartir la richesse de la ville entre tous, suivi de proche par We have everything the have nothing de Elyse Friedman sur les impacts de la technologie connectée qui envahi jusqu'au sommeil des gens.  La nouvelle Gut feelings de Peter Watts explore l'impact d'un monde dominé par Google poussé à son paroxysme et Surgical mask de Mari Ramsawakh réussi l'exploit de mettre en scène une personne non-binaire et une personne handicapée dans une nouvelle dont l'enjeu ne concerne ni le sexe de l'un-une, ni le handicap de l'autre (et bienvenue dans ce texte aux pronoms neutres, même si c'est encore plus déboussolant qu'en français!).  Cracks d'Elan Mastai, explore les liens de solidarité entre les communautés autochtones et les communautés hispaniques contre un gouvernement canadien rendu jaloux de la protection de ses frontières (les gardes-frontières ressemblant beaucoup à ce qui se voit au sud de la nôtre actuellement).  Cinq autre nouvelles complètent l'ensemble.

Vraiment, un recueil super agréable à lire!  Et vous savez quoi?  Je peux même dire que j'ai un coup de coeur pour lui!

Ma note: 5/5 💖

lundi 17 février 2020

Ce genre d'univers-là

Salut!

Il y a des univers qui vont beaucoup plus loin que la simple description des événements liés à l'oeuvre que l'on a dans les mains.  Si vous regardez un film de Marvel, ils se feront un plaisir de vous donner des références à d'autres films du même univers.  Ou à une série télé parallèle (allo Agents of Shield!).  L'oeuvre que vous ne voyez n'est jamais qu'une petite partie d'un univers en construction.  Comme un bloc de Lego s'emboîtant dans un ensemble beaucoup plus vaste.

Dans ce genre d'univers, on peut s'amuser à aller vers le passé parfois, donner un corps à l'histoire qui se déroule au «présent».  Tolkien l'a fait avec ses contes et légendes inachevées.  La ligne principale qui va du Hobbit au Seigneur des Anneaux est une ligne en temps continue, mais on sait que les événements font suite à d'autres qu'il a raconté plus tard selon la chronologie de publication.  Star Wars a fait la même chose avec sa prélogie du tournant des années 2000.  Cela donne une ligne du temps qui permet de constater que cette histoire, comme la nôtre, a un début, des étapes et aura sans doute une fin d'une certaine façon.  Fin qu'on ne connaît pas, parce que comme pour notre propre histoire dans la vie réelle, les gens sont en train de vivre, ils ne connaissent pas leur date d'expiration.  Même dans Dr Who, il y a une ligne chronologique.

Ce genre d'univers a aussi des lieux.  Une carte, des lieux de références, des espaces communs.  Si c'est dans l'espace, les villes, villages et pays seront remplacés par des planètes ayant souvent la bizarre caractéristique d'être uniformément couvertes des mêmes structures géographiques d'un bout à l'autre (ce qui doit certainement donner de l'urticaire aux exoplanétologues).  On en a des exemples quand on pense à la planète-désert Tatouine, à la planète-ville Corruscant ou à la planète-polaire Hott.  Il y a des chemins, des zones dangereuses, des zones amies, des zones ennemies.  Il y a une géographie, une cartographie.  On sait que les lieux ont une existence propre.

Il y a des amis bien sûr.  Un groupe forme nos héros.  La plupart du temps, ce sont les gentils, pas nécessairement parce qu'ils le sont, mais bien parce que ce sont eux que l'on suit et que l'on s'identifie donc plus à leurs objectifs, à leurs craintes, à leurs peurs et à leurs combats.  Si l'histoire se situe dans le temps, les héros changeront selon les époques.  Souvent, les descendants des uns deviendront les héros des nouveaux épisodes.  Ou connaîtront et s'inspireront des histoires de ceux qui les ont précédé.  Aragorn chantant le chant de la Dame Luthìen dans la Communauté de l'Anneau en est un bon exemple. Le Docteur faisant allusions à ses anciens compagnons en est un autre.

Ce genre d'univers a aussi une culture et des valeurs.  Allez hardiment là où nul n'est jamais allé implique la curiosité, l'audace, l'aventure, mais aussi le courage.  Protéger la Terre et les plus faibles que soi pourraient être un leitmotiv des Avengers.  Il y a des choses que l'on fait et d'autres que l'on ne fait pas et toutes les subtiles variations qui viennent entre, qui nouent les relations entre les personnages.  Certains briseront les règles, certains voudront les changer, d'autres les réinventeront, les contesteront ou voudront les détruire.  De là de multiples questionnements, à la fois philosophiques et éthiques.  Qui prend les bonnes décisions, qui prend les mauvaises et quels seront leurs impacts, on peut le voir sur le long terme, pas juste dans l'immédiat.  Et on peut parfois voir les répercussions de ceci sur des années, voir des décennies ou même des siècles.

L'intérêt de ce genre d'univers?  Pour sa propre survie à long terme, il doit être d'une extrême cohérence.  Ce qui pourrait passer comme extravagance dans l'histoire dans un roman unique doit être logique et cette logique doit se maintenir sur le long terme.  Ou sinon, justement, on doit savoir pourquoi.  Si ça change, ça doit rester cohérent avec ce qui a précédé. Or, justement, explorer les failles, les possibilités, les contradictions, les erreurs fait parti de l'infini plaisir d'être fan de cet univers.  Il y aura toujours quelque chose à revisiter dans le passé.  Et il y a aussi l'avenir, qui est ouvert à explorer: on peut faire des prévisions, lancer des hypothèses et ensuite, les voir confirmées, infirmées ou complètement réduites en morceaux.  Le plaisir de l'anticipation est de savoir est aussi grand que le plaisir d'élaborer des suites possibles, aussi saugrenues soit-elles.  Et plus on connaît un univers, plus on l'a fréquenté longtemps, au fil des années, plus ce plaisir est décuplé.

Bref, j'aime ce genre d'univers-là!

@+ Mariane

jeudi 13 février 2020

Le consentement de Vanessa Springora

Le consentement  Vanessa Springora  Grasset 207 pages


Résumé:
Âgée de 13 ans, un père absent et une mère surtout préoccupée de mettre du pain sur la table, Vanessa rencontre G.M., un écrivain connu pour ses livres sulfureux racontant ses aventures avec de jeunes adolescents prépubères.  Secouée dans son besoin d'amour par ses lettres enflammées et fascinée comme toutes les adolescents par la sexualité, elle entame avec lui une liaison.  Lentement, malgré sa jeunesse et son manque d'expérience, elle commence à comprendre la vraie nature de l'homme qu'à l'époque, elle est persuadée d'aimer.  Même après la rupture, même après des années, G.M. s'efforce encore d'avoir une emprise sur sa vie, l'emprisonnant comme personnage dans ses livres où il ne donne que sa version des faits.  Alors, elle décide de prendre l'artiste à son propre jeux, de jouer avec ses armes et de faire avec lui ce qu'il a fait avec elle: l'enfermer dans un livre.

Mon avis:
Ce qui étonne dès le départ, c'est la puissance de la voix qui émane du livre: Vanessa Springora est une auteure à part entière, une écrivaine digne de ce nom.  Elle qui fût enfermée dans une cage par la littérature utilise justement la littérature pour se libérer.  Et elle le fait de manière magnifique.  Les mots coulent pour raconter son histoire.  Si la première partie, celle de son enfance, est racontée avec une certaine légèreté, à partir du moment où G.M. arrive, elle se fait froide et chirurgicale, comme si malgré les années, les émotions restaient trop vives pour être complètement abordées de front.  Elle ne retrouve cette proximité avec ses émotions qu'après la rupture.  Mais sur toute la ligne, son récit peut se résumer en un mot: glaçant.

Le récit est divisé en six parties, aux noms qui rendent justice à ce qu'elle raconte: L'enfant, La proie (dont le chapitre commence par une définition du consentement, ça fait lever le poil sur les bras), L'emprise, La déprise, L'empreinte, Écrire.  Alors que l'on pourrait s'attendre à ce que la colère traverse tout le livre, il n'en est rien.  Elle essaie de comprendre, surtout pour elle-même, pas tant d'expliquer, mais de faire entrer dans ses émotions et de montrer comment chaque étape de sa vie a été marqué par cette liaison commencée alors qu'elle était une jeune adolescente.  Comme les ronds laissées par un caillou lancés dans l'eau, les répercussions sur toute sa vie de ce qui est arrivé durant cette année et demie sont énormes et elle a pris beaucoup de temps à les comprendre.  Et il y a la culpabilité, car, comme elle le dit si bien elle-même à un moment: « [...] comment admettre qu'on a été abusé, quand on ne peut nier avoir été consentant?»  Comment accepter l'idée qu'on a été abusée lorsqu'aucune violence n'a été exercée contre vous?  Elle aborde de façon très juste les émotions inhérentes à l'adolescence qui l'ont faite tomber dans les bras de G.M.: le besoin d'amour et de reconnaissance, la curiosité bien naturelle pour la sexualité à cet âge (elle ne cache pas ses désirs et sa fascination pour le sujet) et aussi, le besoin de prouver aux autres adultes dans son entourage qu'elle n'est plus une enfant.  Ajouter à cela un père absent, qui fait que tout homme qui passe et lui accorde de l'attention l'attire comme un aimant, et on voit la recette parfaite se profiler.  Elle n'en fait pas un mystère d'ailleurs.

Et c'est justement ce qui fait la force du livre.  Dans ce récit littéraire, elle raconte de façon détaillée la relation avec G.M., comment elle est née, comment elle a évoluée, mais surtout l'emprise, le prédateur et ses tactiques, ses méthodes.  Sans jamais renié qu'elle y a pris part, qu'elle est montée dans cette chambre, qu'à l'époque, elle le voulait, elle était d'accord, sans toutefois comprendre ce qu'elle acceptait.  Il est rompu à ce genre d'exercice et en connaît toutes les ficelles: Vanessa n'est pas la première jeune fille à tomber entre ses griffes, mais son manque d'expérience la désavantage.  Le fait qu'il use de douceur, du besoin incommensurable d'amour de ces adolescentes et de leur curiosité bien naturelle envers la sexualité ne rend pas ses actes pardonnables. Car il utilise tout ceci pour les faire tomber dans ses filets. L'analyse précise et sans fard, presque chirurgicale, du comportement de G.M. montre une extrême lucidité de la part de l'auteure.  Même toute jeune, elle se rend compte qu'il y a un problème, que ce qu'elle vit n'est pas normal, mais manipulée, et confrontée à un homme autrement plus expérimenté qu'elle, qui manie les mots avec art et les lui retourne en plein visage, elle n'a que peu de moyens de défense.  C'est d'autant plus admirable qu'elle ait réussi à s'en sortir, même avec toutes les séquelles qu'elle a eu.

Elle raconte l'histoire de son propre point de vue, avec ses propres perceptions et elle dénonce le fait que ce que G.M. a raconté a été tordu, retourné dans tous les sens et écrit pour qu'il paraisse bien dans le portrait qu'il trace de lui-même.  L'oeuvre d'un narcissique.  Il se décrit comme un amant exceptionnel, elle raconte ses problèmes érectiles et sa façon mécanique de faire l'amour, peu soucieux du plaisir de sa partenaire.  Il se dit grand initiateur de jeunes vierges, elle raconte qu'incapable d'avoir des relations sexuelles, il lui proposera dès la première fois la sodomie.  Il lui raconte qu'il est devenu fidèle avec elle et raconte ensuite qu'elle a brisé leur grande histoire d'amour, elle le surprend dans un bistrot avec une autre fille plus jeune qu'elle encore (elle a alors 15 ans) et qu'il se vante à la même époque d'avoir quatre maîtresses.  Et surtout, elle dit qu'il lui a avoué avoir lui-même eu affaire à un initiateur alors qu'il avait treize ans, ce qu'il s'est toujours gardé de raconter dans ses propres livres.  S'il y a vengeance dans ce livre, c'est dans cette partie qu'elle est, alors qu'elle le raconte dépouillé de tous les mensonges dont il s'est entouré pour mieux se faire voir.  Pour le reste, aucune haine ou colère n'émane du livre.

L'après-rupture avec G.M. (concentré dans la partie L'empreinte), est moins détaillée que les quatre premières.  Elle passe plus par fragments, mais montre combien, loin de s'arrêter, ce qui s'est passé dans son adolescence la suit toute sa vie.  Comment l'image que G.M. a fait d'elle dans ses livres la suit comme une empreinte, jusque dans ses relations intimes avec d'autres hommes.  Que les lecteurs de G.M. la voit comme une dépravée prête à tout faire avec le premier venu (y compris un de ses professeurs au lycée!).  Elle ne cache pas sa dépression, la longue thérapie avec un psychanalyste et la lente reconstruction auquel elle a dû faire face pour retrouver ce que sa relation avec G.M. lui avait volé.  Et qu'au-delà de l'impact de la relation elle-même, G.M. ne l'a jamais laissé en paix.  Il en a fait un personnage de ses romans, a raconté leur histoire dans ses journaux, avec tellement de détails que ses seules initiales ne garantissaient pas son anonymat.  Il a utilisé ses lettres dans ses livres sans son autorisation et fait même en sorte d'avoir un site internet où il met des photos d'elle adolescente, en brouillant les pistes pour qu'il ne puisse pas être tenu responsable!  Et il continue à lui envoyer des lettres, allant jusqu'à harceler son premier employeur dans le domaine de l'édition pour reprendre contact avec elle.  Elle décrit chaque parution, chaque apparition médiatique de G.M. comme un retour au traumatisme...

Sa décision d'écrire, qui vient après qu'on lui ait remis le Renaudot en 2013, longtemps avant #moiaussi et la tempête de 2017, est donc avant tout un processus de réconciliation avec elle-même, mais elle le fait avec les armes de son bourreau.  Elle raconte que la littérature a traversé toute sa vie, elle rêvait elle-même d'écrire enfant.  Pas étonnant que G.M. lui soit paru si attirant!  Après sa liaison avec lui, elle arrête même de tenir son journal, dégoûtée.  L'entrée dans le monde littéraire, puis le retour à l'écriture sera pour elle-même un acte de réconciliation.  La littérature dans les pages duquel G.M. a enfermé une partie de sa vie...  La littérature qu'elle utilisera à son tour, mais cette fois, contre lui.  C'est donc avant tout la littérature, le pouvoir des mots qui traverse tout le livre, depuis le prologue où elle parle des contes des frères Grimm jusqu'à la fin, où elle décide elle-même de prendre la plume.  Pour raconter sa propre histoire.

Ce livre est important, parce que c'est la parole d'une victime qui jaillit, qu'elle renverse les codes du récit des amours avec une grande différence d'âge et dénonce avec avec talent le revers de la médaille de ce genre d'histoire.  Le cas de G.M. est bien évidement à part parce qu'il a choisi de faire de sa vie sexuelle et de ses conquêtes le coeur de son oeuvre littéraire, mais j'ai l'impression qu'au-delà du brouhaha médiatique, il fera date, parce qu'il pose les bonnes questions: à treize-quatorze, quinze ans, peut-on vraiment consentir?  Est-ce que ce genre de relation est vraiment bonne ou juste?  Quelles sont les impacts sur la vie entière des gens qui les vivent?  Rarement la question avait-elle été abordée de façon littéraire, en allant plus loin qu'un témoignage, déconstruisant au passage tous les mythes que la littérature avait fait naître autour de ce genre de relation.

C'est brillant, c'est enrageant, c'est glaçant, c'est retournant.  C'est à lire.

Ma note: 4.75/5

lundi 10 février 2020

De la géographie: L'emboîtement des échelles

Salut!

Savez-vous ce qu'est l'emboîtement des échelles?  Ok, je me lance dans ce sujet comme premier de ma série de billets ayant pour thème la géographie.  Mine de rien, c'est un des outils de base de la géographie, humaine en particulier.  Parce qu'on ne peut pas tout comprendre en regardant tout sur le même plan.  En variant les échelles, on peut étudier des constantes et des différences.  Les historiens ont leur ligne du temps, les géographes ont leur emboîtement des échelles.  Voici donc un des outils de base du métier de géographe, avec lequel on apprend très vite à jouer d'ailleurs!

L'emboîtement des échelles c'est un principe de la géographie humaine qui dit que les différences sont beaucoup plus importantes quand on se rapproche et qu'elle sont moins importantes quand on s'éloigne.  Ah tiens, un exemple vaut tout.  Prenez une photo aérienne de la cour arrière d'une maison de banlieue.  Il y a une piscine, un jardin, un gazébo et un barbecue.  Jusque-là, rien que du normal.  Si je monte un peu plus haut dans le ciel, et que je vois les cours arrières de quatre maisons, je vois des différences: bon, tout le monde a une piscine, mais elle ne sont plus toutes de la même taille.  Celui-ci n'a pas de jardin, celui-là a un arbre qui cache la moitié de sa cours, l'autre a un spa en plus d'une piscine.  Si j'agrandis au pâté de maison, l'importance des arbres et des jardins va s'atténuer et on va plutôt remarquer la régularité des taches bleus dans les cours plutôt que la différence des tailles de celles-ci.  Si je m'éloigne encore et que je regarde le quartier au complet, toutes les maisons auront plus de ressemblances que de différences, mais si je compare cette photo avec celle d'un quartier moins favorisé, les différences sauteront aux yeux: l'absence de piscine, l'espace moindre entre les maisons, l'absence d'arbre, les rues moins larges.  Top!  Vous avez pigé.

Si on vous parle d'un pays que vous n'avez jamais visité, par exemple, la Turquie, on va vous parler d'abord des constantes qui se retrouvent à travers le pays.  Telle forme d'architecture, telle façon d'aménager les routes, tel bâtiment se retrouvera forcément au centre de tous les villages, etc.  Si vous quittez la Turquie pour arriver en Grèce, la différence vous sautera aux yeux, mais vous oublierez aussi très vite que dans tel petit village turc, les routes étaient différentes, que dans telle grande ville, le bâtiment principal n'était pas tout à fait au centre et que de l'ouest à l'est, l'architecture n'est vraiment pas la même.  Mais d'un oeil extérieur, l'unité sera plus importante que les différences.  Sauf que si je mets une loupe sur deux petits villages frontaliers à un jet de pierre l'un de l'autre, l'un grec, l'autre turc, on y trouvera plus de ressemblance que de différences.  C'est en s'y intéressant de près que l'on pourra voir les détails et comprendre les liens de ceux-ci avec le milieu environnant.  Les deux villages seront donc influencé par A- Le territoire qu'ils habitent et B- La société auquel ils appartiennent.  Les deux doivent être pris en compte pour bien interpréter l'occupation de leur environnement par ces deux groupes.  Car dans la géographie humaine, tout part de la façon dont l'humain interagit avec son territoire.

C'est souvent utilisé en fiction.  Et oui, un principe de géographie humaine!  Je soupçonne la plupart des auteurs de les utiliser de façon inconsciente par contre.  Un roman qui part d'un plan large en parlant d'un pays, d'une ville, ensuite d'un quartier, pour ensuite aller se centrer sur un personnage utilise ce principe.  Par exemple, si je dis:

«Au royaume de France, la ville de Paris est la capitale scintillante qui éclaire par la lumière de son esprit tout le royaume.  Nichée sur les bords de la Seine, la cité étale ses quartiers tout autour.  Si vous descendez son cours, après la Cathédrale de Notre-Dame de Paris, passer le Pont-Neuf, le Pont des Invalides et le Pont de l'Alma, jetez un regard sur votre gauche.  Vous regardez le Champ-de-Mars, vaste étendue verte au coeur de la capitale, parc cher au coeur des Parisiens.  Installé au bout du parc le plus près du fleuve, un petit personnage regarde les lieux.  Cet homme s'appelle Gustave Eiffel et en regardant alternativement le sol et le ciel, il imagine l'immense structure qu'il s'apprête à construire à cet endroit.»

Le paragraphe que je viens d'écrire résume parfaitement le principe de l'emboîtement des échelles: partir du plus large vers le plus petit.  Au plus large, la France, le pays au complet peut paraître pareil d'un bout à l'autre.  Dès qu'on s'approche, les différences apparaissent et on finit par trouver des détails qui sont uniques à Paris.  Plus on est loin, plus on peut inclure de grands ensembles dans le même bateau sans que personne n'y trouve à redire.  Plus on s'approche par contre et plus les différences apparaissent.

Prenez n'importe quel royaume de fantasy: il ne sera jamais uniforme d'un bout à l'autre.  De très loin, par exemple, de la carte couvrant la totalité du royaume semble montrer une grande unité, surtout si on le compare au royaume voisin.  Le pays est semblable d'un bout à l'autre.  Par contre, si on met une loupe dans la ville et une loupe dans la campagne, on trouvera des différences: densité des bâtiments, espace réservé aux végétaux, présence ou non de bâtiments de ferme, routes pavées ou non...  Et on pourra aussi trouver des ressemblances.  Dans la manière de construire et de disposer les bâtiments (par exemple, dans les pays de culture arabe, les cours sont au centre de la maison, alors que dans les maisons occidentales, elles sont plutôt à l'extérieur).  Les routes auront toutes des ronds-points comme en France ou des angles droits comme aux États-Unis.  Certains bâtiments officiels auront la même allure partout.  Ce seront les ressemblances, qui, si on met la loupe sur le royaume voisin dans des zones comparables, sauteront aux yeux comme une différence.  On percevra alors une unité selon les royaumes, parce que les sociétés qui les habitent y auront imprimé leurs marques.  Par contre, si je mets la loupe sur des villages montagneux de parts et d'autres de la frontière de ces deux royaumes, je risque de trouver plus de ressemblances entre eux qu'avec les villes ou la campagne de ces deux pays respectifs: ceci tout simplement parce que le territoire aura une empreinte plus forte sur eux qu'eux sur le territoire.

Bref, l'emboîtement des échelles, c'est d'être capable de ne pas réduire l'analyse de la géographie à ce qu'on a sous le nez.  Il faut être capable d'aller voir plus grand ou plus petit pour pouvoir faire des comparaisons et mieux comprendre le portrait d'ensemble.

@+ Mariane

jeudi 6 février 2020

La préhistoire du Québec de Patrick Couture

La préhistoire du Québec  Patrick Couture  Fides  345 pages


Résumé:
Depuis la formation du bouclier canadien aux premiers balbutiements de la croûte terrestre, de l'évolution des premières bactéries, en passant par les impacts de météorites, la dérive des continents et les glaciations, tout en empruntant un détour vers l'évolution humaine, autant sociale que biologique.  C'est donc à une histoire de près de 4.5 milliards d'année qui mène à la terre où nous vivions et au peuple qui l'habite que nous convie l'auteur.

Mon avis:
On va diviser ça en deux: les fleurs et le pot.

Les fleurs sont nombreuses et en partant, je dois souligner la facilité d'accès aux connaissances de ce livre.  À quelques détails près (qui constituent le pot), je mettrais ce livre dans les mains des élèves du secondaire et des immigrants récemment arrivé pour leur faire connaître l'histoire de notre territoire.  Parce que le livre, tout en étant très détaillé, livre le tout à la façon d'une histoire.  Les chapitres concernant l'histoire géologique en particulier, sont séparés par des dates qui permettent de bien saisir l'ordre des événements.  Et j'ai appris beaucoup de choses!  Même si j'ai étudié la géologie jusqu'à l'université, l'auteur a réussi à me surprendre par beaucoup de points.  Entre autre la fréquence et la puissance des impacts de météorites qui ont touché le Québec durant son histoire.

L'auteur fait également l'histoire de l'évolution biologique de notre planète, en partant des premières bactéries jusqu'aux différents stades de l'évolution humaine.  Il reste dans les grandes lignes par moment, dans d'autres, quand c'est plus important, il y va plus en détail.  Ce qui reste intéressant, c'est qu'il n'a pas peur d'évoquer des théories qui ne sont pas encore prouvées, les mentionnant et disant simplement à la fin: on ne sait pas.  Il montre ainsi que notre histoire, loin d'être terminée, est un processus en constant mouvement.  On en apprend constamment de petits bouts.

La dernière partie est plus concentrée sur l'évolution sociale de l'être humain, en grande partie sur le territoire européen.  Quelques chapitres sont quand même consacrés aux cultures des Premières Nations.  Il ne parle pas tant des événements historiques que des grands mouvements de société qui en découlent.  Par exemple, l'Église catholique au Moyen Âge n'est pas traité que sous l'angle de la foi, mais aussi sous l'angle de l'institution structurante de la société.  Si on veut comprendre le Québec d'aujourd'hui, c'est une approche très intéressante.

Mais il y a le pot et si ce n'est pas un irritant constant, il reste présent, trop pour que je ne le mentionne pas: la tendance nationaliste très franco-blanche du livre.  Ce n'est rien de majeur, mais ça sentait comme beaucoup de livres français, regardez-nous comme on est bon!  C'est beaucoup plus présent dans la partie évolution sociale puisque, bien sûr, les fondements de base du Québec actuel y sont liés, mais c'est aussi nié l'apport des vagues successives d'immigration, en limitant les fondateurs aux seuls colons français du dix-septième et du dix-huitième siècle.  Et tous les Québécois actuels qui ne sont pas issus de la première vague d'immigration française sont des «Néo-Québécois».  Pas des Québécois au plein sens du terme, ce qui m'a sérieusement fait grincer des dents.  Ce n'est pas l'ensemble du livre, qui vaut largement le détour, ni du racisme non plus, mais bien un manque d'empathie et de délicatesse envers tous ceux qui eux aussi, bien souvent contre vents et marées, ont pris racine parmi nous en provenance des quatre coins du monde.

Pour moi, de larges pans du livre a été de la révision, mais une révision en profondeur et présenté de fort belle manière.  Le livre a quelques défauts, mais j'en recommande quand même fortement la lecture!

Ma note: 4.5/5

lundi 3 février 2020

Leur réputation les précède

Salut!

Quand on ouvre un livre, habituellement, on ne sait pas tout sur lui.  On en sait des bribes, des petits bouts, ce qu'on a lu sur la quatrième de couverture, ce que des amis ou des critiques nous en ont dit, bref, on s'attend à des découvertes en posant nos yeux sur l'incipit.  Il y a une exception à ça: les classiques.

Avant de tourner la première page de Vingt-milles lieues sous les mers, vous en savez un bail sur le Capitaine Nemo et le Nautilus et leurs aventures sous-marine.  Vous savez le nom d'Athos, Portos et Aramis avant d'ouvrir les Trois Mousquetaires et le Être ou ne pas être de Hamlet vous est connu avant d'arriver à l'acte 3 scène 1.  Quand vous ouvrez un classique, vous n'êtes pas neutre envers l'oeuvre: vous avez déjà des idées pré-conçues, des images, parfois, vous connaissez de larges pans de l'intrigue.  Peut-être en avez-vous déjà vu une adaptation au cinéma ou à la télévision, plus ou moins respectueuse de l'oeuvre originale.  Il est facile de s'approprier les classiques en gardant uniquement les grandes lignes pour les «réinventer».  Hollywood refait aux dix ans Robin des bois dans ce but, même si l'histoire est au fond, la même.

Sauf que...  Saviez-vous qu'à la base, Vingt-milles lieues sous les mers est raconté du point de vue d'un professeur d'histoire naturelle, Pierre Aronnax, qui monte à bord du Nautilus en compagnie de son domestique et d'un harponneur originaire du... Québec?  Ce personnage, pourtant très important dans l'oeuvre de Jules Verne a été oublié dans de nombreuses adaptations. C'est dommage, car le livre ne serait pas le même sans le caractère impitoyable et colérique de ce brave marin.  De même, la première aventure des mousquetaires de Dumas a pour but de retrouver en Angleterre le Duc de Buckingham auquel la Reine a imprudemment donné des ferrets en diamants, offerts par le Roi, en gage de son «amitié» (hum, hum!)...  Ce qui donne lieu à une course-poursuite entre la France et l'Angleterre où l'ombre du Cardinal de Richelieu plane sans qu'il soit un protagoniste actif, contrairement à Milady de Winter qui est au coeur des événements!  Tout ça pour seul but de sauver l'honneur de la Reine!  Quand à Hamlet, son père a été assassiné par du poison versé dans son oreille au cours d'une sieste.  Original, j'avoue.  J'ignorais qu'on puisse mourir de ça.  J'ai dormi pendant longtemps avec mes couvertures par-dessus les oreilles après avoir lu la pièce.

Pourquoi je sais tout ça?  Ben, parce que ces livres, je les aies lu pardi!  Je me suis tapée des classiques plus souvent qu'à mon tour et le verdict?  On y fait souvent de très belles découvertes.  Pas juste parce que l'on comprend vite que la réputation d'un classique a au fond bien peu à voir avec l'oeuvre.  Non, tout simplement parce que les classiques, ce sont souvent et bien simplement de bons livres.  La meilleure des preuves?  Ils ont passé l'épreuve du temps.  Certes, certains ont des styles que l'on ne laisserait plus passer de nos jours et les sujets ont parfois mal vieilli, mais n'empêche, ce sont à la base de bonnes histoires qui valent la peine de se laisser lire.

Alors, surtout, ne vous préoccupez pas trop de la réputation des oeuvres qui traversent les époques en continuant à faire parler d'elles.  Jugez-les par vous-même.  Oui, elles risquent autant de vous tomber des mains ou de vous faire passer des nuits blanches que les livres actuels.  Lisez-les pour ce qu'elles sont: des livres tout simplement.

@+ Mariane