jeudi 31 décembre 2015

2015: Fin d'une année en demie-teinte

Salut à tous!

2015 s'achève dans quelques heures et comme tout le monde ou presque, j'en suis à l'heure des bilans.  Et je dois avouer que côté lecture, 2015 a été une année de tous les records... de non-lecture.  Je crois que depuis mon adolescence, je n'ai jamais aussi peu lu de ma vie.  Sans blague!  Pour mon plaisir personnel, je tiens depuis quelques années une sorte de registre personnel du nombre de pages lues par mois.  Ça donne ceci:

Non, vous n'avez pas de problèmes de vision, je n'ai terminé aucun livre ni en novembre, ni en décembre cette année.

Je ne sais pas trop pourquoi et je ne me l'explique pas.  Sans doute la mauvaise habitude prise depuis quelques temps de lire avant d'aller dormir y-est-elle pour quelque chose, parce que je m'endors sur mes livres, mais bon...  J'ai fait plein de choses en 2015, beaucoup de choses positives.  Mais j'ai moins lu.  Pourquoi?  J'ai cessé de chercher des raisons.  C'est comme ça, c'est tout.  J'ai intérieurement capoté une partie de l'année sur le sujet, puis je me suis dit que ça faisait partie de mon évolution personnelle.  Je n'arrive pas à me définir autrement que comme une lectrice, ça fait partie de mon identité depuis tellement longtemps que je ne peux pas imaginer ma vie sans livres et pourtant... j'en aie peu ouvert cette année.  À un moment, j'ai décidé de laisser aller.  Je ne veux pas avoir à me forcer pour lire des livres, je veux que ça fasse partie de mes plaisirs et non de mes devoirs.  Alors, voilà, temps de recul.  Ce qui fait que mon année littéraire en a été forcément très affectée.

Comment faire un bilan de mes lectures en 2015? J'ai fait partie d'un jury, expérience que j'ai beaucoup apprécié, mais qui a été exigeante, j'ai fait le Grand défi de la littérature québécoise, qui l'a été tout autant, mais d'une autre façon.  J'ai eu peu de gros coups de coeur cette année, mais ils ceux qui l'ont été l'ont été profondément!  L'excellent Les lignes de désir d'Emmanuel Kattan (pourquoi il a traîné si longtemps sur mes tablettes celui-là?), le magnifique La fille invisible d'Émilie Villeneuve, illustré par Julie Rocheleau, un immense coup de coeur du côté du dessin, le dense et sensuel Secret du 16V de Natasha Beaulieu, l'exubérant La vie sur Mars de Marie-Sissi Labrèche et, ma grande surprise, L'empire bleu sang de Vic Verdier.  Et Zviane bien sûr, mais ça, je suis vendue d'avance!  Beaucoup de bons livres lus en 2015 et je vous dois encore quelques critiques de livres terminés en... octobre.  Ouch!  Ça vient, ça vient!

Comment s'annonce 2016?  Tranquille je dirais.  Je ne sais pas quand ni comment je vais me relever de ma chute littéraire, ni même si.  Dans ma tête, je prévois lire une vingtaine de livres en 2016.  Seulement.  Enfin, je ne vois pas plus loin que ça.  Je veux avant tout retrouver le plaisir de lire, un livre à la fois.  Pour ça, je crois que la meilleure chose à faire est, tout simplement, de me garder du temps pour lire, ce que j'ai peu fait en 2015, emportée par le tourbillon des autres choses à faire.  Le temps est devenu un truc à chasser, alors qu'au fond, il faut bien plus en profiter.  C'est ça le mieux.  Et c'est dans le fond si simple à faire avec un tantinet de bonne volonté.

C'est ce que je vous souhaite à tous pour la nouvelle année: avoir du temps pour faire ce que vous aimez, peu importe ce que c'est.

Bonne année 2016 à tous!

@+ Mariane

lundi 28 décembre 2015

Hé ben, finalement...

Salut!

Je me plaignais la semaine dernière que mon Père Noël n'était pas libraire, ce qui a été vrai pendant un nombre considérable d'années.  Mais là, on dirait qu'il y a eu un concours pour me faire mentir!  Premièrement, le soir de Noël, il y avait des livres sous le sapin pour moi...

...

...

...

...

QUUUUUUUUUUUUOOOOOOOOIIIIIIII!!!!!

Ben oui, ma mère s'est décidé.  Et mon père.  Frérot lui a préféré les DVDS, mais bon, c'est pas grave!!!!!

Alors, ma mère m'a offert:



Bon, elle me connaît et sait que j'aime beaucoup cette actrice.  Ce n'est sans doute pas la meilleure biographie écrite à son sujet, mais elle y a pensé, ça me fait plaisir!


J'avais emprunté ce livre à la bibliothèque au début du mois et mmm!  Quelles délices là-dedans.  J'ai essayé plusieurs recettes et c'est en plein dans mes goûts.  Maintenant, je vais pouvoir toutes les essayer.  À l'abordage mes papilles!

Ah oui et mon père m'a offert:


Classique...  Dans mon cas.  Valeur sûr à tous les coups!  Et j'adore la bouille de ce minou en couverture!

Alors là, j'étais déjà contente.  Tout autant que de constater, durant un bref instant que Frérot, mon père et ma mère ont été entièrement absorbé, la veille de Noël par les présents que je leur avais acheté.  Les trois le nez dans un livre, devant moi.  Ça, c'est un beau cadeau.

Mais voilà que j'arrive ce matin et que je vois un colis sur mon bureau.  J'avoue que je ne m'y attendais pas le moins du monde!  C'est un ami qui m'a envoyé un livre, cadeau auquel je ne m'attendais pas le moins du monde.  Il s'est inspiré de la liste de la semaine dernière ;)



WOUAHHHHHHHHHHHHH!!!

Je suis comblée!

Merci Père Noël pour tes assistants de cette année!

@+ Mariane

mercredi 23 décembre 2015

Parce qu'on me l'a demandé... La liste!

Salut!

Alors, quelques personnes m'ont fait le commentaire: ce serait quoi la liste que tu demanderais comme livres en cadeaux cette année????  Ben oui, j'en aie parlé dans mon dernier billet de blogue de cette liste, mais je ne pensais pas la faire.  Après tout, pourquoi pas?  La voici donc!

Comme par magie d'Elizabeth Gilbert


J'ai adoré Mange, Prie, Aime et je l'ai lu à une époque de ma vie où le texte a particulièrement résonné en moi.  J'avais lu aussi Mes alliances, plus intellectuel, mais tout aussi intéressant.  Et celui-ci me parle beaucoup quand même, surtout que j'avais lu un livre sur la créativité il y a quelques années.  Disons qu'il me tente beaucoup.

Peter Pan de Régis Loisel


OK, je sais, certaines personnes me diront, mais... tu l'as pas déjà lu cette série-là?  La réponse est une gros OUI!  Mais justement, c'est parce que je l'ai adoré que je veux la posséder, pour pouvoir la lire et la relire et aussi, peut-être, la prêter :P  Cette série sur le célèbre héros de James Barrie redonne à Peter Pan tout le lustre que Disney lui avait fait perdre, en le rendant tel qu'il était et telle qu'est l'enfance, cruelle, dure, dépourvue de morale et de vision au-delà de l'instant, mais en même temps débordante d'imagination et d'humanité.  Une scène dans le quatrième tome est l'une de celle qui m'a le plus marquée dans la bande dessinée.  Celle-là et une scène dans Maus (mais celui-là, je l'ai déjà! ;) )

La Capitana d'Elsa Osorio



Elsa Osorio, c'est un coup de foudre avec Luz ou la vie sauvage, un roman sur les enfants enlevées aux femmes prisonnières de la dictature argentine et confiées à des familles d'amis du régime.  Quand j'ai vu passer La Capitana, sur la vie d'une militante des droits humains qui a traversé le XXe siècle en en embrassant tous les bouleversements, je ne pouvais qu'être intéressée.  Surtout avec une telle plume, cela ne peut qu'être bon.

Paul de Michel Rabagliatti



Euh, pas juste le dernier...  Je les aies lus, mais pas le dernier, mais bon, je veux TOUS les avoir.  Cette série est remarquable de simplicité et de tendresse.  Tout est là et cela prouve que les événements les plus anodins et les plus quotidiens, sous la bonne plume, peuvent nous faire croire au meilleur de la vie.  Et ce, sans que les personnages aillent plus loin qu'eux-mêmes, juste en étant eux-même.  Une magnifique ode à la vie, à la fois nostalgique et douce.

Boussole de Mathias Énard



En ces temps où l'on se pose beaucoup de questions sur les relations entre Orient et Occident, Mathias Énard a le don de plonger sa plume là où il le faut et de montrer les ressemblances et les liens là où nous ne voyons que divisions.  Son remarquable Parlez-leur de batailles, de rois et d'éléphants avait été en lice pour le Goncourt il y a quelques années et Boussole l'a gagné cette année.  Non pas que le Goncourt soit une garantie, mais je crois que c'est un auteur qui le mérite amplement.

La mijoteuse de Ricardo Larrivée



Ben quoi, c'est une liste de cadeau de Noël! :P  Et puis, j'adore la mijoteuse!

Les libéraux n'aiment pas les femmes d'Aurélie Lanctôt



Un livre sur un sujet qui m'intéresse beaucoup et puis, j'aime lire des essais de temps en temps ;)  On a beaucoup parlé de ce livre lors de sa parution et de l'impact des mesures d'austérité, particulièrement sur les femmes.  J'aimerais bien en savoir plus.

L'eau et le vin de Tom Harpur



La lecture du tome précédent, Le christ païen, avait été une lecture marquante dans mon cheminement personnel.  J'avais compris beaucoup de choses avec ce livre.  Je m'étais toujours promis de lire la suite, mais bon, j'ai jamais réussi à mettre la patte dessus.  L'occasion idéale de le demander en cadeau!

Dans les pas d'Hannah Arendt de Laure Adler



Je suis fascinée par cette philosophe depuis que j'ai vu l'excellent film de Margareth von Trotta sur sa vie.  Au point de lire Eichmann à Jérusalem.  Femme, philosophe, juive, rien dans son parcours ne la marque comme étant spécifiquement membre de l'un de ses groupes: elle est avant tout une intellectuelle qui réfléchit sur son temps.  Je trouve son parcours fascinant et j'aurais bien envie d'en savoir plus.

Bon et pour ceux qui seraient surpris de ne pas voir de littérature de l'imaginaire dans cette liste, sachez que cette partie-là, je l'achète au fur et à mesure! :P  Ou encore, qu'elle n'est pas encore parue!

@+ Mariane

lundi 21 décembre 2015

Mon père Noël n'est pas libraire...

Salut!

Chaque année, c'est la même chose.  Je vais me présenter le soir de Noël et je sais que je vais recevoir de charmants présents, attentionnés et gentils, pleins de bonne volonté... mais pas de livres.  Ou très rarement.  Et jamais de livres dont je n'ai pas donné la liste avant (et encore, on ne me la demande plus depuis quelques années, cette liste!).  Alors soyons honnêtes: Mon père Noël n'est pas libraire.

C'est bien dommage.  Mais à chaque fois que je fais le commentaire que je n'ai jamais de livres en cadeaux, la principale responsable des cadeaux dans ma famille (ma mère) pousse les hauts-cris avec quelques commentaires avec variations sur le thème: tu as déjà trop de livres (et après?), je ne sais pas lesquels t'offrir (je peux te fournir la liste!!!), tu lis déjà trop! (c'est pas ton problème!), on peux-tu t'offrir d'autres choses des fois (euh, tu fais rien que ça???).  Mettez-y une mère qui se retrouve facilement les baguettes en l'air dès que j'aborde le sujet et ça vous donne une idée si je m'attends à trouver un bouquin sous le sapin à Noël (en fait, jamais!)

Frérot (le demandeur de la liste) m'a gâté durant quelques années, mais ne le fait plus aujourd'hui.  N'empêche, j'adorais ça.  Je bourrais une liste d'une bonne page (la plupart des listes au Père Noël doivent être plus courte!) et je m'extasiais le soir du 24 sur ceux sur lesquels il avait pu mettre la main (Entendons-nous, il me demandait la liste genre le 22 décembre).  Mais j'étais toujours contente.  Faudrait que je lui demande pourquoi il a arrêté au juste...

Mon père ne m'a jamais offert de livre, ou du moins, je ne m'en rappelle pas.  Je crois qu'il n'a aucune idée de quoi m'offrir comme bouquin.  Il préfère m'offrir des trucs utiles.  Ah si, il m'a déjà offert un livre, un livre sur la construction des maisons en ossature de bois.  C'est très utile comme livre.  Enfin, si je me construis une maison un jour...

Neveu est encore un peu trop jeune, il croit encore que c'est le Père Noël qui distribue les cadeaux.  En fait cette année, il va surveiller là où il en est rendu dans sa distribution grâce au NORAD.  Ils sont rendus techno les jeunes de nos jours.  Je précise qu'il me bat toujours à plate couture à Angry Birds.

Ah et non, mes minettes ne m'offrent jamais de livres.  Elles savent pas c'est quoi à part que quand je suis plongée dans l'un d'eux, elles doivent donner des coups de têtes dedans pour avoir un peu de mon attention.

Alors voilà, mon Père Noël n'est pas libraire.  Ce qui ne m'empêchera pas de faire la fête d'écouter avec joie de la musique de Noël, de bouffer, de sourire et d'être heureuse!

Malgré tout, je vous souhaite, à tous et à toutes, d'avoir des Père Noël libraire cette année.  Des Pères Noël comme moi, qui trouvent toujours, année après année, au moins un bouquin à glisser sous le sapin pour chaque membre de ma famille, même les plus petits.  Et si vous ne savez pas quoi donner, aller faire un tour chez votre libraire: c'est sûr qu'il aura des idées pour remplir des listes entières de cadeau de Noël!  En attendant, n'abusez pas trop de la bûche et du vin et gardez-vous du temps pour lire un peu sous la couette!

@+ Mariane

jeudi 17 décembre 2015

Second début de Francine Pelletier

Second début  Cendres et renaissance du féminisme  Francine Pelletier  Documents 07  Atelier 10  80 pages


Résumé:
L'auteur commence son livre avec les événements de Charlie Hebdo en janvier dernier et remarque, à juste titre, que dans les quelques heures qui ont suivi, les autorités se sont relayées pour dénoncer ce crime contre la liberté d'expression.  Et de remarquer que 25 ans plus tôt, 14 jeunes femmes ayant commis pour seul crime d'étudier dans un domaine encore largement dominé par les hommes, ayant été tuées dans des circonstances semblables (quelqu'un est entré les armes à la main, dans un but précis, avec des victimes déjà choisies et avec une motivation bien définie), n'a pas entraîné de larges dénonciations de la violence contre les femmes.  On a pleuré ces femmes, on a dénoncé l'assassin et ses actes, mais on a pas remué les idées qui étaient à la base de son geste.  Partant de ce constat, l'auteure, féministe engagée de longue date, raconte l'histoire du féminisme au Québec, de ses combats, de ses luttes, mais aussi de l'évolution des idées autour de ce concept dans notre province.  Et d'en venir à la conclusion: alors que l'on croyait le féminisme mort il y a une décennie, ce n'était pas le cas: ce n'est qu'un second début.

Mon avis:
C'est compliqué de résumer un livre de 80 pages...  Celui-ci en particulier.  En 80 petites pages, c'est l'histoire des femmes du Québec des 40 dernières années que l'on raconte.  Pas besoin de remonter plus loin et l'auteure ne le fait pas: on le sait toutes comment c'était dans le temps de nos grands-mères, on est au courant.  Mais de voir et de saisir le poids des avancées réelles qui se sont produites depuis le début des années 1980, de l'évolution des mentalités, c'est très différent.  Et c'est là que l'on se rend compte que loin d'être complété, le combat pour l'égalité des sexes est encore d'actualité.  L'auteure reste très près de son expérience personnelle, mais n'hésite pas à englober les combats plus généraux.  Surtout, elle reste centrée sur les idées et c'est l'une des forces de son livre.  Même si le livre est rempli d'exemples, elle s'intéresse beaucoup aux fondements du féminisme et de sa pertinence, plutôt qu'à la dénonciation.  Le cheminement de sa pensée, exempte de grimpage aux rideaux, n'en est que plus redoutable.  Féministe, certes, mais pas aveugle sur le poids des siècles qui nous ont précédés et sur la responsabilité des femmes elles-mêmes sur la prise en charge de leur propre destinée.  Sa conclusion est d'ailleurs assez étonnante et démontre que même si les idées féministes semblaient remisées aux oubliettes de l'histoire, elles font un grand retour en avant aujourd'hui portée par une génération de femmes qui n'ont pas connu «le temps de nos grands-mères».  Des femmes qui ont grandi en se faisant bien souvent dire que l'égalité homme-femme était acquise et qui se rendent compte que... et bien non.  Mais qui partent de cette base pour aller de l'avant.  L'héritage des féministes des années 1970 est bien réel, mais on est plus rendu là.  Une plaquette qui se lit d'une traite (ce que j'ai d'ailleurs fait!), mais qui contient assez de matière pour réfléchir pendant un bout de temps, parce que bien écrite et bien argumentée.

Ma note: 4.75/5

lundi 14 décembre 2015

Oui mais... est-ce que c'est bon?

Salut!

Il me vient parfois une image en tête quand j'entends certaines personnes parler de littérature.  Celles d'une bande de dégustateur de vin qui renifle l'objet, le regarde sous toutes les coutures et l'évaluent en profondeur en le prenant de haut.  Qui sont plus dans le rôle d'examinateur impitoyable que de dégustateur.  Ajoutez-y une petite touche de collet monté et de pédantisme et vous imaginerez facilement ce que je veux dire.  C'est souvent à cela que je pense quand j'entends certaines personnes parler de livre.  À ce moment-là, j'ai souvent envie de dire: Oui mais... est-ce que c'est bon?

Par le est-ce que c'est bon, je ne veux pas dire, est-ce que le livre correspond à l'ensemble des critères énoncés par quelqu'un pour définir ce qui est bon ou non.  Je veux dire: est-ce que cette lecture t'a procuré du plaisir, as-tu passé un bon moment, as-tu aimé ce livre?  C'est le principal.  C'est l'important.  Un livre peut être d'une très haute qualité, si on s'ennuie à mourir en le lisant, c'est raté.  Un autre peut avoir une écriture plus populaire, plus simple, mais nous emporter littéralement.  Ce sera un bon livre.  Pas au niveau littéraire, pas au niveau du style, mais ce sera un bon livre parce qu'il nous aura fait vivre un bon moment.

Ce qui n'empêche en rien le sens critique et la nécessité de savoir faire une distinction entre le bon et le mauvais en littérature.  Ça n'empêche pas l'évaluation, ça n'empêche pas non plus d'avoir la recherche de l'excellence.  Ça n'empêche pas de fermer un livre qu'on a adoré en se disant: ah, j'ai tellement aimé ce livre, mais qu'est-ce qu'il était mauvais!  (L'autre nom pour ce genre de livre est plaisir coupable :P )  Ça empêche juste d'oublier le plus important: d'aimer lire pour le plaisir que ça nous apporte, pas pour la dissection de ce qu'il est (ok, lapsus freudieu, la première fois, j'ai écrit vivisection... ouch!)

Parce que la dissection d'un livre, son évaluation sous toutes les coutures fait perdre de vue l'ensemble.  À force de trop chercher qualités et défauts, on finit par perdre de vue que tout objet produit par l'être humain est par essence imparfait et que si on réussit à atteindre un très haut standard dans un domaine, on ne peut l'atteindre de manière égale dans tous les domaines.  Même les grands amateurs de vins, les vrais, pas les snobinards vous le diront: on peut apprécier un moins grand cru et y prendre plaisir si on cherche avant tout à apprécier un vin et non à le juger.

Et le critique dans tout ça?  Son job est celui d'un oenologue: en savoir plus que les autres pour leur faire découvrir, voir les détails invisibles au profane.  Leur montrer une autre vision de la chose.  Ce n'est en rien du pédantisme quand c'est bien fait, même quand on atteint de très hauts niveaux où les différences sont infimes et où les jugements peuvent être cruels.  Cela n'est jamais contre le plaisir par contre: pour bien pouvoir évaluer quelque chose, il faut déjà l'aimer profondément au départ.

@+ Mariane

lundi 23 novembre 2015

La course du samedi

Bonjour à tous!

Depuis quelques années, à cause de circonstances diverses, j'ai moins parlé de mes visites au Salon du livre.  Sûrement parce qu'à la longue, je trouvais que je finissais par me répéter.  Mais bon, cette année, j'ai eu un samedi de fous, alors, je me suis dit que ça vaudrait la peine d'en parler, alors voilà:

*Veuillez prendre note que pour ce texte, les parties entre parenthèses indiquent les pensées que j'ai eu sans les prononcer à voix haute.

1- La journée a commencé très tôt.  J'ai alors eu le malheur d'ouvrir les yeux et Adorable chatte rousse l'a remarqué.  J'ai voulu faire un tantinet de grasse matinée (bon, disons me lever à 7h10 au lieu de 7h05...), mais Chatte Rousse qui avait décidé de perdre son statut d'adorable s'est mise à mâchouiller un sac de plastique qui traînaient dans ma chambre, chose qui, elle le sait bien le don de a) me mettre en furie, b) me faire sauter du hors du lit pour lui arracher le sac des pattes.  Succès total, deux minutes plus tard, elle avait son bol rempli et dix après, roupillaient dans MON lit alors que je commençait la course folle de ma journée (dur la vie de chat non?)

2- Préparer en vitesse le nécessaire pour a) la cérémonie de promotion à mon école de jiu-jitsu, b) le Salon du livre de Montréal (ce qui en soit demande un minimum de préparation), c) l'anniversaire de Frérot qui avait lieu le soir même, incluant l'emballage de son cadeau.

3- Passer faire une commission sur les chapeaux de roues pour ma mère avait de filer à mon dojo.  J'étais certaine de ne pas me taper de trafic, mais étant donné les travaux à Montréal...  (c*** de t***!!!!)

4- Arriver en retard au cours précédent la remise des promotions, mais le prof m'a laissé quand même m'entraîner (merci!!!!!!!!).  Je m'installe ensuite en rang pour les promotions.

Promotion #1
Discours de remerciements: Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!!

Promotion #8
Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!!  (les mains commencent à me chauffer un peu...)

Promotion # 17
Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!! (ouch! les mains!)

Promotion # 25
Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!!  (là, il commence à être un peu tard, il y en a encore beaucoup d'autres?)

Promotion # 32
Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!!  (oui, mais là, on est rendu comme les chiens de Pavlov à applaudir et puis, tout le monde dit grosso modo la même chose!)

Promotion #34
Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!! (Merde, j'aurais pas le temps d'aller prendre une douche avant d'aller au Salon du livre...  Et en plus on est genre 22 filles pour deux douches!)

Promotion #37
Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!!  (YES, c'est le dernier!!!!!!!!!!!)

Après une multitude de prise de photos, de câlins, de poignées de main (il y avait quand même pas loin de quarante personnes à féliciter!), je réussis à filer au vestiaire, à mettre la main sur mon stock et à me changer sans provoquer de catastrophe.  Les cheveux absolument pas peignés et même totalement décoiffés, je me mets en route vers le métro (pas grave, je viens de me faire couper les cheveux, tout le monde pensera que c'est ma nouvelle coupe!)

Je réussis en trois stations de métro à avaler une demi-sandwich et j'arrive au Salon vers 2h30.

3- Salon du livre de Montréal!
Première personne sur qui je tombe: Patrice Cazeault, avec son magnifique complice de tous les Salons du livre, son chapeau!  Je prends le temps de lui faire un câlin de lui jaser un brin, mais je ne m'attarde pas en lui expliquant que mon temps de Salon est cette année chronométré parce que c'est aussi l'anniversaire de Frérot ce soir (chose que je vais répéter à peu près trente fois durant l'après-midi).  Il me fait promettre de repasser pour prendre la traditionnelle photo de Salon.  Promesse donnée!  Je plonge alors dans les allées bourrées du Salon en répétant mon «mantra» de Salon:

-Excusez-moi, excusez-moi, excusez-moi!
(mantra mental: c*** votre t*** de camp de mon chemin!)

Je remonter une file particulièrement lente et étroite et tombe sur un visage familier, celui d'Isabelle Lauzon.  AH!!!!  Salut toi!  Je change de file pour me glisser derrière elle et on trouve un coin dégagé pour faire un mini brin de jasette.  Sauf que je croise une autre connaissance que je ne vois que deux-trois fois par année et que ben... Heureusement, Isabelle a la gentillesse de comprendre et replonge dans la foule.  Après une brève conversation (mon Salon est à la course cette année, c'est l'anniversaire de Frérot ce soir, etc!), je me faufile (mantra, mantra) jusqu'au kiosque d'Alire où je fais la bise à à peu près tout le monde étant donné que je connais à peu près tout le monde (j'espère que personne n'avait la grippe...)  J'achète mon cadeau à moi de moi du Salon du livre, soit le livre de Philipe-Aubert Côté.  Je n'avais juste pas réalisé à quel point il était lourd ce bouquin avant de le mettre dans mon sac.  Je me suis donc promenée pour le reste de l'après-midi avec ce magnifique bouquin comme une brique dans un sac de plastique à mon bras.

J'enfile les kiosques, butine ici et là, mais honnêtement, mon tour n'a pas été en profondeur, je manquais de temps.  Je me suis concentrée sur mes classiques (ah, Gallimard!) et commence à fureter pour voir où se cacheraient les odi-menvatts dans le Salon, quand une voix joyeuse me lance:

-Hey Mariane!

Et oui, c'est Gen qui à sa table de dédicace est lumineuse comme tout malgré des cernes un peu foncé, cadeau de sa puce.  Sauf que là, en arrivant devant elle, je me rappelle de 2-... et que j'ai complètement oublié d'emmener ma copie d'Hanaken 3 pour la faire dédicacer!  (Ça t'apprendra à faire ton sac de Salon  à la course!)  Je prends le temps de piquer une petite jasette avec elle (on ne s'était même pas parlée au dernier lancement de Brins!) et là, mes yeux se lèvent vers le fond du kiosque, aperçoivent une boîte, reviennent à Gen, revoient la boîte derrière elle...  J'attrape une copie d'Hanaken 1 et lui lance:

-Minute je reviens!

Je file à la caisse payer le livre puis lui demande de dédicacer la copie pour la Lecture en cadeau!  Et oui, tradition chez moi, je fais dédicacer un livre à chaque année et je le donne en cadeau à un jeune lecteur.  Petite tradition personnelle.  En tout cas, ça semble être plus complexe de faire une dédicace à une personne inconnue à voie l'expression concentrée de Gen en l'écrivant.  On échange un brin sur nos séries télés en cours (on est toutes les deux fans de séries!) avant que je vois une lectrice qui s'approche de Gen.  Je la laisse à ses devoirs d'auteures pour poursuivre ma tournée (et m*** j'ai pas pensé de lui parler de Madam Secretary!)

Arrivé genre une demie-allée plus loin, Isabelle tombe de nouveau dans mon champ de vision.  Ça y est, j'ai découvert le repaire des odi-menvatts!  Ce qui me permet d'échanger avec Guy Bergeron, Isabelle (de nouveau et avec joie!) et Pierre Lavigne sur la série et même d'avoir quelques avants-goûts de la suite des choses.  Que je ne vois dis pas.  Faut bien que mes fragments d'exclusivité servent à quelque chose... :P

Je quitte les lieux après avoir convenu avec Guy que c'est sans doute à cause d'une requête faite contre moi (à cause de quel crime?  Mystère!)  qu'il a perdu mon adresse lorsque je lui avait envoyé il y a quelques semaines.  Je me retourne de bord et constate que la même lectrice qui parlait à Gen auparavant est à présent en présence des clowns vengeurs.  Je quitte le kiosque au moment où elle entame la discussion avec Guy.  Je reviens sur mes pas, déjà le Salon du livre de Montréal 2015 tire à sa fin pour moi.  Je retourne au stand d'Alire chercher ma dédicace de Phil-Aubert (que j'ai beaucoup aimé soit dit en passant!).  Et tombe sur Natasha Beaulieu.  Je m'arrête donc deux secondes pour lui jaser en zieutant ma montre parce que là, l'heure de mon départ était comme affiché sur l'écran.  Je finis par écourter la conversation ( :'''''( ) et passe en coup de vent dans le dédale des kiosques d'ADP pour saluer une amie qui travaillait là le temps du Salon.  Amie avait une meilleure vue que moi, c'est elle qui m'a trouvée, mais bon, j'ai écourté la conversation parce que là, Heure de départ prévue était dépassé.  Je retourne sur mes pas et retourne voir Patrice pour la photo (vous l'aviez oublié?  Pas moi!)  On prend donc la pose (voir sur son blogue, elle est bonne la photo!)  Je lui confie mes sacs le temps d'aller faire un petit tour aux toilettes.

Sur le chemin du retour des toilettes, je croise Ève Patenaude (aie-je dit que Heure de départ était déjà dépassée?), pique un trente secondes de jasette, passe reprendre mes sacs chez Patrice et quitte le Salon du livre... euh non, aperçoit les cheveux roux typique d'Ariane Gélinas et passe lui dire bonjour, et voit Pierre H Charron à côté et lui dit bonjour.  IL me dit qu'il attend pour une table ronde sur la science-fiction québécoise.  (:'(((((((  )  Et je me dit que définitivement, Heure de départ prévue est totalement dépassée!  Je sors du Salon, me disant que cette année, je n'ai absolument pas besoin d'une étampe pour réentrer comme souvent...  Tout de suite après, j'ai l'impression d'être légère, très légère...  M***  J'AI OUBLIÉ MON SAC CONTENANT LE LIVRE DE PHIL-AUBERT À LA TABLE DE PATRICE!!!  Je supplie le ti-monsieur à l'entrée de me laisser réentrer (heureusement que j'avais gardé mon reçu de paiement!), file à la table de Patrice qui est très soulagé de me voir revenir et quitte définitivement le Salon.

4- Bon, je saute mes aventures de métro (je ne connais pas bien la station près de laquelle je m'étais stationnée), mais je réussis à prendre place dans ma voiture à l'heure prévue pour mon arrivée à la maison de mes parents (qui a dit que je pourrais un jour quitter le Salon du livre à l'heure prévue?), mais bref, j'arrive là, encore surexcitée et sur l'adrénaline, on soupe, on jase (et bon, Frérot et moi, on jase à bâtons très rompus souvent!) et au moment de remettre ses cadeaux, il taponne l'emballage et me regarde avec un sourire.

-Un livre?
-Non, mais je serais-tu vraiment ta soeur si c'était pas le cas!

Oui, c'était un livre.  Je suis rentrée à la maison vers minuit et demie, mais je me souvenais encore assez de 1) pour enlever toutes traces de sac de plastique dans ma chambre avant d'aller dormir...

FIN!

@+ Mariane

lundi 16 novembre 2015

C'est la faute à Tolkien...

Bonjour!

L'autre jour, en repensant à tous les romans de fantasy que j'ai lu, je me suis rendue compte d'une constance quasi-navrante: ils se passent à peu près tous à une époque vaguement médiévale.  Comment je fais pour dire ça?  Et bien, premièrement, ils utilisent à peu près tous des chevaux, ont des structures sociales proches du féodalismes (roi, reine et suzerain en général), des valeurs souvent chevaleresques comme l'obéissance à l'autorité, les gens vivent la plupart du temps dans des châteaux où les paysans s'occupent des terres et d'autres font la guerre, etc, tout ça avec de la magie omniprésente.  Dans la plupart des cas je dis bien.  J'aurais aussi pu ajouter que souvent les pouvoirs religieux et séculiers se mélangent, que le personnage d'aubergiste médiéval est quasiment toujours là et que les conditions de vie en général sont celle qui prévalaient à l'époque, mais encore là, j'entre dans le domaine des petites variables.  Certains l'ont, d'autres pas, dépendant de l'imagination de leurs auteurs.  Mais reste que c'est plus rare d'entendre parler de montures reptiliennes ou de centres commerciaux dans un roman de fantasy que de science-fiction où l'imagination est bien plus débridée...

Pourquoi donc est-ce comme ça, pourquoi cette obsession pour le Moyen-Âge.  La réponse facile est simple: c'est la faute à Tolkien!!!  Non, mais pensez-y bien: dans Le Seigneur des Anneaux tout comme dans Bilbon le Hobbitt, les personnages se déplacent à cheval, vivent dans des châteaux si cela correspond à leur classe sociale, les valeurs chevaleresques sont très présentent, on voit très bien que certains sont des guerriers et d'autres des serviteurs...  Entre autres.  Parce en y repensant bien, je vois bien plus dans Tolkien une métaphore du Haut-Moyen-Âge, l'époque qui a suivi l'effondrement de l'Empire romain, plus que du Bas-Moyen-Âge, période auquel on se réfère bien plus souvent avec ses chevaliers, ses belles dames et ses châteaux.  Mais la façon de mener son histoire de Tolkien a marqué bien des esprits.

Cependant, il ne faut pas oublier que le Moyen-Âge se prête bien au genre du fantasy parce que... et bien on l'oublie, mais l'ambiance s'y prêtait!  En dehors de la grande Histoire, celle des rois, des reines et des châteaux, le peuple vivait dans des croyances qui voyaient le surnaturel et la magie partout.  Qu'on pense aux contes bourrées de sorcières (quand on ne les brûlaient pas dans la vraie vie), aux présages que l'on voyait partout, aux gris-gris et amulettes contre le mauvais sort, à l'omniprésence du religieux et de ses miracles.  Rien que le cycle arthurien le montre bien.  Évidemment, le fantasy moderne a emprunté bien des détours, s'éloignant plus ou moins de ses racines, mais reste que le fond est là.  Le cadre dans lequel prennent place la majorité des romans de fantasy est pré-industriel, relativement proche de la nature et lié à une certaine conception de la magie.

D'un autre côté, loin avant la naissance de Tolkien, des auteurs ont montré la voie vers autre chose que le Moyen-Âge.  Pour ne citer que cet exemple, le steampunk, lié à l'époque de l'industrialisation, à la vapeur, au développement des sciences et de la technologie commence à laisser sa marque propre dans notre vie et notre littérature.  Des auteurs de l'époque l'ont senti et l'ont écrit, des auteurs comme Mary Shelley et Bram Stoker pour ne nommer que ceux-là.  Pas de magie comme tel dans leurs livres, même si Frankeinstein et Dracula ne sont clairement pas liés de façon directe à notre monde.  C'est le fond de remise en question de notre univers et de ce que l'on en comprend qui est ici fascinant: dans le fantasy classique, c'est la magie qui explique tout, qui représente bien souvent le pouvoir face à ce que l'on ne peut pas expliquer.  Dans le steampunk, la science commence à entrer en ligne de compte: on peut l'étudier, l'explorer, mais on trouvera encore des morceaux du monde que l'on ne peut expliquer que par la magie.  Différence fondamentale dans les psychés: le monde contient de la magie, mais grâce à la technologie et à la magie, on peut en décoder une partie.

Lentement, on voit émerger une autre littérature, issue d'une autre époque de l'humanité.  Qui s'en inspire, en reprend les thèmes, les images fortes, tout en étant résolument dans le domaine de la fiction.  Le terreau du fantasy est riche parce qu'il se nourrit de tout.  Un jour, il se nourrira de nos conceptions du monde issus des années  1930 ou 1950...  Quand?  Dans un bout de temps sans doute...  Peut-être ne seront-nous alors même plus là pour le voir!

@+ Mariane

mercredi 11 novembre 2015

Pouvoirs obscurs: Soupçons de Kelley Armstrong

Pouvoirs obscurs  tome 3  Soupçons  Kelley Armstrong  Castelmore  309 pages


Résumé:
Après l'incendie qui a ravagé Salmon Creek, Maya, Daniel, Sam, Rafe, Haylee, Nicole et Corey se retrouve dans un hélicoptère... qui ne se dirige pas vers le lieu d'évacuation prévu.  Flairant un piège, les jeunes se rebellent et provoquent l'écrasement de l'hélicoptère.  S'ensuit une partie de cache-cache dans les forêts du nord de l'île de Victoria entre eux et ceux qu'ils découvrent comme étant les Nast, des alliés temporaires des St-Cloud, la compagnie pharmaceutique possédant Salmon Creek.  À leur tête, celui qui prétend être le père biologique de Maya...

Mon avis:
Ce livre est une longue partie de cache-cache dans lequel les jeunes découvriront à la fois leurs pouvoirs, mais aussi pourquoi on les pourchasse.  À ce niveau, le titre convient bien au livre: si le premier tome parlait d'innocence, celle-ci est perdue dans ce tome et laisse la place au soupçon, entre les jeunes, envers tous ceux de l'extérieur, envers tous ceux qui prétendent les aider.  La bande ne peut compter que sur elle-même et encore vu les soupçons qui émergent rapidement envers un des membres de leur groupe.  Et quand je dis longue poursuite, c'est tout le livre qui se passe ainsi.  Contrairement au premier tome où on faisait connaissance avec eux, là, on suit les jeunes dans leurs décisions sur le comment s'en sortir, alors qu'ils sont en cavales.  Parce qu'après l'écrasement de l'hélicoptère, ils seront livrés à eux-mêmes, coupés de leurs familles et de leurs repères.  Évidemment, on suit Maya de très près dans cette histoire, c'est elle la narratrice.  Et avec elle, ses premières transformations en couguar.  Magnifiquement bien décrite que son expérience dans les poils d'un tel animal.  Même si cela n'occupe que peu de place dans le récit comme tel.  On verra pour le prochain tome ;)  Personnage secondaire, mais que j'ai beaucoup aimé, Kenjii, son chien, fidèle, peu bavard évidemment, mais la relation qu'elle a avec elle m'a touchée.  Dans cette situation de survie, elle est un élément stable, rassurant, un lien avec son ancienne vie.  Tous les jeunes sont intelligents, sensés, ils réfléchissent, ils agissent.  Pas de stupidité dans leurs actions, des risques certes, mais rien qui m'auraient fait dire, non, mais regardez-moi cette bande d'idiots!  La poursuite a ses avantages et ses inconvénients, parce qu'à force, on est un peu tanné de devoir les suivre à la trace tout le temps ainsi, de ne pas savoir s'ils vont s'en sortir.  Et un peu surprise aussi de leur endurance à tant marcher sans manger ni boire ou presque.  La relation entre Daniel et Maya change, même si pour elle, il reste un ami seulement.  Malgré ce que tout le monde voit sauf elle apparemment...  Misère, on retombe dans le triangle amoureux classique!  Mais bon, heureusement, Maya n'est pas une écervelée qui va tout faire pour le gars qu'elle aime.  C'est loin d'être Bella...  Malgré tout, c'est un bouquin redoutablement efficace, un authentique page-turner, justement sans doute parce que c'est une longue poursuite de plus de 300 pages sans que l'on sache quand et si ils vont finir par se faire attraper, avec de très nombreux retournements de situation.  Bien fait, bonne lecture, mais rien pour épater au niveau littéraire.  Cela demeure une lecture plus efficace que bien faite.  Quoique des fois, ça ne sert à rien de bouder son plaisir!

Ma note: 4.25/5

lundi 9 novembre 2015

Vous avez aimé, vous aimerez

Salut!

L'une des grandes difficultés quand on est libraire, c'est quand un lecteur aime d'amour, mais vraiment d'amour un auteur et qu'il a lu... tout ce qu'il a publié.  Ça arrivait souvent avec des auteurs comme Patrick Senécal ou Stephen King.  Les clients arrivaient, désespérés, avide de lire encore, mais ne sachant de un, pas vers où aller et de deux, avant tout à la rechercher de grosso modo la même chose.  Et c'est là que le bât blesse.

Même les auteurs les plus commerciaux, même les livres les plus écrits en série, portant la patte de leurs auteurs.  Des fois, j'avoue, la ligne est vraiment très très mince.  On a l'impression de lire un auteur et on peut facilement les confondre.  Malgré tout, il restera une petite différence.  Évidemment, plus on ira vers des auteurs à la plume élaborée, plus les différences seront fortes et marquées.  Mais même dans les ligues mineures, dans la production de masse, les auteurs se démarquent légèrement les uns des autres.  Et ce sont ces petites différences qui font que les lecteurs allument sur un auteur en particulier.  Ça peut être les descriptions, les traits d'humour, la façon dont l'intrigue est menée, tout ça entre en jeu.

Alors quand vient le temps de conseiller autre chose, mais pas tout à fait, ça devient vite difficile.  De un, parce que les lecteurs veulent presque la même chose et que de changer un iota devient leur demander de contourner l'Everest.  De deux, et bien, il faut savoir trouver, à tâton, avec des gens qui nous disent: Je lis du Stephen King parce que c'est bon (oui, bon, d'accord, mais qu'est-ce qui est bon?).  Ils ont du mal à dire ce qui leur plaît dans l'écriture d'un auteur.  Croyez-moi, c'est pas toujours si facile.  Les lecteurs ont beau avoir plus de vocabulaire que les non-lecteur, des fois, c'est juste pas évident de les faire parler avec exactitude.

Il y a aussi le fait qu'aucun, mais je dis bien aucun libraire n'est un algorythme.  Si, si!  La méthode du grand empire au sourire en coin est simple: les gens achètent un livre, on leur proposera un livre qui est aussi souvent commandé avec lui.  Ou qui se vend bien.  Ou dont l'éditeur a payé pour qu'on le mette en valeur.  Donc, vous avez aimé X, on vous recommande Y.  Peu importe au fond qu'Y n'aie aucun rapport avec X.  Ça se vend bien!  J'avais magasiné une fois des films sur le site et on me recommandait deux films avec insistance, un drame historique et un drame psychologique n'ayant rien en commun... excepté que les acteurs principaux des films respectifs avaient triomphé aux Oscars la même année.  Le lien?  Sûrement pas dans les caractéristiques communes des deux oeuvres.

Vous avez aimé ce livre, vous aimerez celui-ci.  Facile, très facile à dire.  Dans le concret, tomber pile n'est pas si simple et ne se résume pas aux ressemblances dans la quatrième de couverture ou dans le style d'écriture des auteurs.  C'est plus complexe et plus fragile.  Ceux qui comprennent vraiment le processus n'ont que plus de respect pour le travail fait derrière, car celui-ci demande une énorme recherche personnelle et une excellente mémoire.  Un véritable traitement de l'information, qui ne se fait pas avec des chiffres, mais avec des perceptions et de l'émotion... ainsi qu'une bonne dose de jugeotte, ce que ne possède malheureusement aucun algorythme.

@+ Mariane

lundi 2 novembre 2015

La magie, la science et le temps

Salut!

S'il y a bien une chose qui est commune à toutes les littératures de l'imaginaire, c'est d'avoir en commun une référence qui bouleverse la conception du monde, soit des personnages, soit du lecteur.  S'il s'agit des personnages, il s'agira souvent d'une manifestation magique interrompant le cours normal de l'existence de ceux-ci.  S'il s'agit du lecteur, on le plongera dans un monde où des technologies existantes et considérées comme normales par les personnages le forcera à reconsidérer sa façon d'aborder ce monde.  Même chose pour la magie.  Dans tous les cas, on oblige le lecteur à ne pas prendre pour acquis l'univers dans lequel il se plonge.

Dès le départ, il est déstabilisé, ce qui est d'ailleurs le but recherché.  De plonger dans un univers où les codes sont différents impose d'accepter de ne pas tout comprendre du premier coup et de considérer comme allant de soi des façons de faire, d'être et de vivre radicalement différentes des nôtres.  Que l'on parle de populations venant de l'autre bout de l'univers ou de magiciens vivant dans un autre monde, le fait que la technologie ou la magie existe façonnera le cadre dans lequel baigne les personnages.  Ça peut aller de détails, comme la façon de se présenter en société, à de grands concepts de philosophie dont les protagonistes ne sont pas toujours conscients.  Ce sera différent.

Utiliser la magie ou la technologie pour créer une distorsion est une façon de faire classique pour toutes les littératures de l'imaginaire, une façon de faire du lecteur à la fois un complice et un manipulé, parce qu'il ne peut pas deviner les règles du jeu tant que l'auteur ne les a pas dévoilées.  Par contre, il en existe une autre, à la fois plus évidente et pourtant moins marquante: le temps.  Le temps qui change et transforme, même si on en est pas toujours conscient.  Il y a plus de différences entre la mentalité des gens du XVIIe siècle et la nôtre qu'on pourrait le penser.  Parce qu'à leur époque, bien des paramètres, sociaux, religieux, économiques, scientifiques, nommez-les, étaient différents.  Si de nos jours, l'esclavage est très mal considéré et le sexisme à peu près tout le temps décrié, il n'en allait pas de même il y a cinq siècles, dans une Europe qui commençait à peine à comprendre que le monde était beaucoup plus vaste que les frontières qu'elle connaissait.  Sans parler des milliers de personnes, qui, aux quatre coins du monde, découvraient à travers les explorateurs, les évangélisateurs et les marchands, une mentalité, une façon de faire et des usages totalement inconnus.  Sans compter la poudre à canon et les usages qui en ont été faits partout...

Il est peu surprenant quand on y pense que le roman historique aie tant de succès: il reprend la même idée du déséquilibre induit par la magie et la technologie, mais sans le côté totalement déstabilisant de ceux-ci.  On a tous des connaissances de base en histoire, assez pour se mettre plus aisément dans les souliers des personnages (surtout s'il s'agit d'un passé relativement proche), mais pas suffisamment pour se priver du plaisir de la découverte.  Honnêtement, rare sont les lecteurs qui en connaissent plus en Histoire que l'auteur qui s'est tapé une énorme recherche avant de rédiger son bouquin!  Donc, plaisir de découverte sans trop de risque d'être décoiffé au passage!

Cependant, si on y réfléchit bien, le dénominateur commun de toutes ces techniques pour obliger le lecteur à sortir de ses sentiers de base et de son petit monde connu, c'est que l'on change les paramètres de base de la culture en usage dans cet univers, qu'il soit induit par la magie, la technologie ou le passage du temps.  Que l'on discute avec une personne venant d'Asie ou d'Afrique ou du monde arabe, ou a beau être humain, on finira tous à un moment ou à un autre par éprouver un choc culturel en découvrant que ce qui est pour nous évident, concret, réel, normal, allant de soi, ne le sera pas le moins du monde pour une autre personne.  Parce qu'elle vient d'une autre culture.  Une culture façonnée par son environnement, comme la magie, la technologie et le passage du temps façonnent celles qui leur sont exposées.  De là d'énormes différences et aussi une certaine ouverture d'esprit: on plongeant dans d'autres mondes, on finit par ne rien tenir pour acquis dans le nôtre et à apprendre à comprendre avant de juger.

@+ Mariane

mercredi 28 octobre 2015

Hanaken: 3- Le sang des samouraïs de Geneviève Blouin

Hanaken  tome 3  Le sang des samouraïs  Geneviève Blouin Éditions du Phoenix  216 pages


Résumé:
Il y a maintenant neuf ans que Yukié et Satô, ainsi que le seigneur Takayama vivent en exil auprès du daimyô Nobunaga.  Désormais mère et épouse, Yukié se sent à l'étroit dans sa vie, malgré son amour pour son époux.  Quand à Satô, maître d'armes, il est mêlé de près aux combats et aux stratégies entourant la cours du daimyô.  Alors que le puissant daimyô Imagawa, ennemi juré d'Obunaga, décide de porter un coup décisif, le daimyô des Hanaken imagine une stratégie audacieuse et terriblement risquée pour remporter la bataille.  Une stratégie qui pourrait changer l'histoire du Japon...  et où Yukié et Satô sont au centre du danger.

Mon avis:
S'il y a une chose qui m'a marqué en lisant ce tome, c'est à quel point l'auteure a su gagner en maturité et en confiance dans son écriture.  Par rapport aux premiers tomes, les scènes d'inspiration poétique sont beaucoup mieux maîtrisée.  On y voit un reflet de la culture et de la pensée japonaise au travers de ces moments qui mêlent esprit guerrier et philosophie.  Avec toujours en trame de fond cette image des fleurs de cerisiers, fragiles et fugaces auxquelles sont sans cesse comparés les samouraïs, aux vies trop souvent fauchées trop tôt.  Le dévouement et le devoir de loyauté des samouraïs est aussi clairement exprimé.  On ressent tout ça.  La maturité que les personnages ont pris au cours des années également, quoique que je l'ai davantage senti chez Yukié, qui doit faire face à ses devoirs d'épouse et de mère malgré que son caractère est celui d'une guerrière.  On passe d'ailleurs beaucoup de temps à exprimer comment les personnages ont changé depuis le dernier tome, ce qui place ce roman plus vers l'adulte que vers l'ado.  Leurs émotions sont celles d'adultes, avec toutes les nuances que cela comporte, alors que la série s'adresse à un public plus jeune.  Il y a là comme un décalage qui n'enlève rien au roman comme tel, mais qui risque de toucher son public.  J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de personnages secondaires importants, dans le sens, beaucoup d'aides de camps à Nobunaga et je me mêlais un peu dans les noms et les rôles, mais ça, c'est parce que j'ai du mal avec les noms en japonais :P (Pas eu de problèmes avec les vieux samouraïs cette fois-ci!).  Par contre, une chose qui m'a fait tiqué, c'est une explication durant la scène finale un peu déplacé.  On est dans le feu de l'action et tout à coup, on nous sort un paragraphe d'explication sur l'origine d'une épée...  et je sais pas, ça faisait à la fois un peu coït interrompu et un peu hors-sujet.  C'était logique d'avoir cette mention, mais pas à cet endroit de l'intrigue.  Avant ou après la scène (que je en veux pas nommer d'aucune façon pour ne pas gâcher de punch!), cela aurait été correct, mais en plein milieu?  Disons, moins.  Ce qui n'est pas cohérent avec le reste de l'intrigue qui est beaucoup plus continue.  C'est un détail en tant que tel, mais ça m'a fait décroché du livre à un moment où, et bien, vaut mieux pas!  La fin m'a prise par surprise, je dois l'avouer, je ne m'attendais pas à un tel dénouement, mais il est en complète logique avec le reste de la série.  Je dois maintenant dire adieu au pays des samouraïs et aux fleurs de cerisiers...

Ma note: 4.25/5

Je remercie Virgola Communication pour ce service de presse.

lundi 26 octobre 2015

À qui veut-on plaire?

Salut!

Souvent, je me demande en lisant un livre: à qui l'auteur cherche-t-il à plaire?  Aux critiques ou au public?  Bonne question.  Viser plus particulièrement l'un ou l'autre influence très certainement la façon dont l'auteur écrit son livre.  Je ne pense pas que tous les auteurs aient cette pensée en tête en écrivant, mais reste que j'ai déjà remarqué que certains auteurs visaient plus précisément l'un ou l'autre.  Alors, à qui cherche-t-on à plaire?

Si on cherche à plaire aux critiques, qui sont un public particulièrement exigeant et qui en a vu d'autres, il faut aller chercher loin.  Le style doit être particulièrement ciselé, étudié.  L'intrigue doit être sérieusement pensée et même plus que ça, inspirée.  On ne peut pas se contenter d'écrire simplement une bonne histoire, il en fait plus, mais il n'en faut pas trop.  C'est un casse-gueule que d'essayer d'écrire pour les critiques: ils ne sont jamais complètement satisfaits.  En fait, c'est même leur boulot!  Croyez-moi, comme critique, notre job n'est pas de trouver des chefs-d'oeuvres, mais bien de faire du ménage dans tout ce qui est produit.  Alors si quelqu'un essaie d'écrire pour m'impressionner, c'est raté.  Ça va sentir à la lecture.  La ligne entre le pédantisme et le génie est parfois mince et tomber d'un côté de la ligne est très facile.

Alors, le public?  Oui, mais le public est aussi pire que les critiques en un sens.  C'est un critique qui dit c'est nul, mais multiplié par des dizaines de lecteurs qui disent: c'est ordinaire.  Parce qu'encore là, trouver le juste équilibre entre le livre hautement commercial et la dose de talent d'écriture nécessaire pour réussir sans effrayer de potentiels lecteurs, ce n'est pas simple.  Les grands succès publics sont rarement dénués de toute substance littéraire (enfin, il existe des exceptions...), même s'ils figurent rarement au sommet du panier en ce qui concerne la qualité.  Pour l'auteur, ça reste un exercice d'équilibriste!  Et il faut le dire, le public est toujours très sollicité par tout le monde, alors pour le séduire, si c'est le but, il faut faire des acrobaties remarquables.  Il faut aussi aussi en même temps chercher l'amour du public, mais sans être à sa merci.  Bref, c'est pas plus simple.

Le point commun, c'est que dans les deux cas, l'auteur n'essaie pas de donner le meilleur de lui-même, mais bien de répondre aux attentes des autres.  Et c'est là le problème.  Écrire, la création, est déjà un acte difficile, alors autant se faire plaisir en écrivant!  Et d'ailleurs, les meilleures oeuvres sont celles qui sont venus d'une idée de l'auteur non pas pour faire plaisir à qui que ce soit, mais bien parce que cette histoire-là les obsédaient.

Les meilleurs histoires ne cherchent pas à plaire à personnes d'autres qu'à leurs auteurs.  C'est au public et aux critiques à suivre, ou non.

@+ Mariane

lundi 19 octobre 2015

Le foutu triangle amoureux

Salut!

Me semblait que j'avais déjà écrit là-dessus il y a un moment, mais apparemment, non, alors lançons le sujet dès le départ: le foutu triangle amoureux.  Oui, c'lui-là!  Celui qui traîne en trame de fond d'à peu près tous les romans pour ados comme si d'avoir une autre personne dans le décor et ralentir le rythme de la relation avec le héros (ou l'héroïne) va finir, le temps que l'on lise les trois, quatre ou autre tomes en se demandant s'il y a un risque réel que tout ne finisse pas comme on l'a deviné au départ.  Je ne crois pas m'être souvenue d'un seul cas où c'est arrivé...  Même Bella finit avec Edward, mais en aurait-on jamais réellement douté?

Bon, au travers de beaucoup d'autres éléments de l'intrigue, la grande question est: est-ce qu'il (ou elle) va finir avec elle (ou lui)?  Variation à l'infini sur le même thème en vue.  D'un coup, on pense que oui, oui, et puis, finalement, non, mais bon, peut-être, et ah, oui! mais il est arrivé ceci et cela et...  OK, soyons honnête.  À la longue, c'est lassant.  Lassant, parce que ça revient tout le temps au même, à chaque fois.  Parce qu'on finit par voir venir les choses au moins 600 pages à l'avance.  Et que l'on sait très bien que les choses vont traîner en longueur.  Malgré tout, on reste à l'écoute, parce que l'on sait, mais on ne sait pas comment.  C'est ça qui fait le piquant, même si c'est de l'archi-connu (belle incohérence dans ma dernière phrase non?)

Mais il y a plus à mon sens, surtout que les triangles amoureux pullulent dans les romans pour ados.  Contrairement aux romances destinés aux adultes qui donnent plutôt dans la suite de se disputent, se réconcilient, se jurent amour éternel, se disputent, se réconcilient et on recommence ad nauseum le triangle amoureux supposent que les amoureux ne s'engagent pas trop loin.  C'est la manie de vouloir rester toujours sur les débuts de la relation amoureuse, sur les premiers élans, les premiers penchants.  D'ailleurs, le summum de l'érotisme y dépassent rarement le baiser.  Baisers qui sont autant de scène de sexe soft vu les effets qu'ils ont sur leurs protagonistes (à lire les descriptions, on peut parfois se demander si leurs baisers ne sont pas orgasmiques...).  On garde le meilleur de la relation amoureuse, à peu près au même niveau que les lecteurs, mais sans aller plus loin et risquer d'aborder d'autres thématiques qui ne seraient peut-être pas aussi cool, comme les disputes, les relations avec les autres, le besoin d'exprimer ses besoins, de se réajuster dans une relation et tout le tralala.  Non, on ne déborde pas des débuts et on s'évite bien des problèmes.  Et puis, il faut le dire, c'est aussi la période du cycle amoureux qui promet le plus d'émotions, qui plus est quand on est adolescent et qu'on a des pics hormonaux abyssaux.

Cependant, le cliché durant souvent et se répétant à l'extrême, il ne peut que devenir lassant.  Et aussi le fait que dans ce genre de livres, les meilleurs amis finissent souvent ensemble et qu'on peut ainsi dire qu'il est presque impossible pour les gens de s'imaginer que deux personnes du sexe opposé puissent être de simples amis.  Comme si un autre modèle n'était pas possible.  La logique qui sous-tend le triangle amoureux en est une de désir après tout: désir d'être aimé, d'aimer et aussi, sans doute, un désir tout simplement sexuel.  Une frustration constante.  D'autant plus que le coeur du triangle amoureux est souvent le héros que l'on suit et qui doit faire un choix entre deux personnes.  On est rarement dans la chaise de celui qui essaie d'être choisi...  sans doute parce que ce n'est pas la chaise la plus confortable et que personne ne souhaite s'y retrouver.

Et bon, je dois le souligner, l'idée de ce billet m'est venue quand je me suis rendue compte que dans la série Divergence, il n'y a pas de triangle amoureux.  Que Tris est avec Quatre et qu'ils s'aiment, peut importe les épreuves qu'ils traversent, sans troisième larron dans le décor pour brouiller les cartes.  On peut trouver bien des défauts à cette série, mais je dois dire qu'elle a au moins une qualité: il n'y a pas de triangle amoureux.  Ça fait du bien parfois...

@+ Mariane

mardi 13 octobre 2015

Exponentiel

Salut!

Lors d'une discussion lors d'un récent Congrès Boréal (lire, cette année :P ), en plein milieu d'un échange sur la science-fiction, l'une des personnes avec lequel je discutais a fait une réflexion comme quoi, il était désormais impossible de se tenir au courant de tout ce qui se publie dans le genre chaque année.  Jusqu'aux années 1970, c'était encore possible pour quelqu'un qui s'y consacrait entièrement.  Plus aujourd'hui.  C'est une augmentation nette en matière de ce qui est publié, on ne parle pas ici de qualité, mais bien de quantité.  Et uniquement pour le cas de la science-fiction.  Imaginez le reste...

Ça me fait penser à cette caricature qui circule depuis quelques années à chaque automne:



C'est un peu réducteur comme idée, mais reste que le nombre de gens qui désirent publier est grand et comme les auteurs déjà sur le marché doivent aussi produire pour vivre, ça donne une multiplication des textes disponibles.  Sans compte la multiplication des plate-formes de diffusion (oui, je pense à l'empire au sourire en coin!) qui permettent à chacun de proposer leur texte.  Ajouter à cela que tout le monde essaie d'attirer l'attention et de crier un peu plus fort que les autres pour avoir un peu de visibilité et ça donne une joyeuse cacophonie pour le lecteur qui s'intéresse le moindrement au milieu de manière un peu plus attentive.  Il y a tout simplement trop de chose pour pouvoir être au courant de tout.

Bon, une partie de ce qui se publie n'en vaut peut-être pas la peine.  Même si certains atteignent des sommets en terme de ventes malgré leur nullité littéraire (M. Grey?), tous les auteurs croient en leur texte et veulent avoir leur place au soleil.  Il y a très peu de place au sommet de la pyramide par contre, et sur ce point, rien n'a changé au cours des années.  Que ce soit dans les années 1950 ou aujourd'hui, des auteurs qui font lire des milliers de lecteurs, il n'y en a pas des tonnes.  

Alors, pour le lecteur qui se retrouve sous le feu des projecteurs de la littérature?  Comment tirer le meilleur parti de tous ces textes, de toutes cette littérature qui se publie?  On en vient vite à être dépassé, débordé.  Étant libraire, chaque année, je ne pouvais m'empêcher de comparer la rentrée littéraire à un mur, un mur gigantesque, fait de tous les livres publiés au cours de l'automne.  Bon, mauvais, grand roman, roman historique, roman jeunesse, policier, livres pratiques, bande dessinée, livre de psychologie, de philosophie, albums, fantasy...   Il m'arrivait de m'imaginer à ce point débordée par tous ces livres à connaître, tous ces auteurs à découvrir, tous ces livres à lire, que j'avais l'impression que le mur s'écroulait sur moi et m'étouffait.  C'était à l'époque où j'essayais d'être le plus possible au courant de ce qui se publiait, raisons professionnelles oblige.  Je ne suis plus libraire et je ne ressens plus une telle pression, mais reste l'impression d'être écrasée parfois, devant tout l'éventail des publications qui défilent sous mes yeux.

Face à cela, il n'y a qu'une seule chose que l'on peut se dire: il est impossible de tout lire.  C'est une grande vérité.  Il faut savoir l'accepter.  Maintenant, le plus dur, c'est que l'on aura jamais le temps de lire tout ce qui nous intéresse et ceci est encore plus important.  Parce que de savoir qu'on ne lira pas tout est une chose, mais de savoir que l'on ne lira pas bien des romans que l'on aimerait pouvoir lire est plus difficile à accepter.  Personnellement, j'en aie pris mon parti.  Je préfère savourer chaque livre que je lis, un à la fois.  Peu importe la quantité de livres publiés, l'important est, pour chaque lecteur, de trouver ceux qui le rendront heureux.  Le reste n'appartient pas aux lecteurs, mais aux éditeurs, auteurs et peut-être aussi aux libraires (malgré qu'ils soient les premiers à râler qu'il se publie trop de livres).  Parce que ce n'est pas le lecteur qui demandent autant de choix, c'est l'offre qui dépasse bien souvent la demande.  

@+ Mariane

vendredi 9 octobre 2015

Les eaux de Jade de Francine Pelletier

Les eaux de Jade  Francine Pelletier  Collection Jeunesse-Pop Science-fiction  Médiaspaul  160 pages


Résumé:
Jade, fille d'Arialde Henke, a failli se noyer lors d'une baignade dans la rivière.  Depuis, elle cache soigneusement sa phobie de l'eau.  Seulement, lorsqu'un étranger vient offrir à ses parents une mission secrète, elle apprend à l'insu de ceux-ci qu'elle va servir de couverture à une expédition de recherche.  Qui aura lieu dans l'océan et implique de faire la plongée sous-marine.  La jeune fille saura-t-elle triompher de sa peur de l'eau pour aider ses parents?

Mon avis:
Évidemment, c'est un roman jeunesse et c'est en quelque sorte un peu frustrant: j'aurais pris une bonne cinquantaine de pages de plus pour étoffer cette histoire.  Parce que les éléments de base étaient très intéressants: une jeune fille qui a peur de l'eau et devra affronter cette peur (même si l'on passe un peu vite sur la victoire sur cette peur), mais aussi tout le regard d'une enfant qui sait sur ses parents qui pensent lui cacher la vérité dans le but de la protéger.  Cet aspect est particulièrement bien développé dans le roman.  La relation de la jeune fille avec les zébréfants, étranges créatures marines, bien intelligentes pourtant, est aussi bien suffisamment étoffée pour en valoir largement la peine.  Mais en dehors de ces éléments, l'auteure passe vite, pour aller au plus court, au plus direct et éviter, sans doute, le trop grand nombre de pages.  De ce fait, l'univers est à peine esquissé.  Cela peut aussi venir du fait que la mère de l'héroïne a déjà fait l'objet d'une série de romans, l'auteure ne repassant donc pas dans des sentiers déjà parcourus, mais c'est un peu dommage quand même.  N'empêche, beaucoup de mystères restent, dont celui justement des zébréfants dont on sait au final peu de choses, même si on parle souvent d'eux.  L'auteure n'a pas creusé davantage alors que les occasions d'approfondir affluaient de par son imaginaire riche et foisonnant.  Les personnages, Jade en tête, sont tous attachants de par leur humanité, tous ayant des qualités et des défauts.  Évidemment, les méchants sont plus manichéens, mais sans être totalement dépourvus de chair, de contradictions, d'ambivalence.  Je l'ai déjà dit, mais la relation avec les parents est ici intéressante, car ceux-ci sont incarnés et ne servent pas seulement à planter le décor.  La relation avec leur fille comptera pour beaucoup.  Cette relation est au coeur des ressorts de l'intrigue.  Comme science-fiction, le roman est une très bonne introduction au genre, car si on est clairement dans le bain, on reste dans des zones simples à comprendre et à appréhender pour des jeunes lecteurs.  De quoi faire un voyage sur une autre planète, sans être trop dépaysé.  Le fait de centrer l'intrigue sur une cellule familiale y aide beaucoup.  Donc, bon livre, mais frustrée de sa brièveté: il y aurait eu là de quoi faire beaucoup plus.

Ma note: 4.25/5

mercredi 7 octobre 2015

Ab Irato : La trilogie de Thierry Labrosse

Ab Irato Tome 1 Riel Scénario et dessins de Thierry Labrosse  Vents d'Ouest 56 pages


Ab Irato Tome 2  Descente aux enfers  Scénario et dessins de Thierry Labrosse  Vents d'Ouest 56 pages


Ab Irato tome 3  L'enfant prodigue  Scénario et dessins de Thierry Labrosse  Vents d'Ouest 56 pages


Résumé:
Montréal, 2111.  Le réchauffement climatique a provoqué une montée des eaux apocalyptiques, faisant de la ville une sorte de Venise.  Dans ce monde, c'est la loi du plus fort qui règne et le plus fort, c'est la compagnie Jouvex, qui vend une cure de rajeunissement permettant de vivre jusqu'à 200 ans... si on en a les moyens.  Les inégalités et la violence règnent en maître, mais comme toujours, la marmite sociale surchauffe.  C'est dans ce contexte plus que tendu qu'arrive Riel de la campagne, jeune homme désirant s'installer en ville pour améliorer son sort.  Sa rencontre avec Nève, jeune femme cherchant comme lui à avoir une meilleure vie sera brève, mais suffisante pour laisser des traces.  Quand des terroristes prennent en otage des centaines de civils dont Nève, Riel se sent tout de suite interpellé.

Mon avis:
Ok, c'est assez rare que je fasse une critique pour trois tomes d'une même BD, mais là, j'ai réalisé à la lecture du troisième tome que ce n'était pas tant une série que ça, mais bien une seule histoire racontée en trois chapitres.  C'est le genre d'oeuvre qui se lit vraiment mieux si on a les trois tomes sous la main plutôt que de façon indépendante, les deux premiers tomes se finissant sur des espèces de points de suspension qui ne sont pas vraiment des fins.  Le genre de série qui serait très bien regroupée en une seule intégrale.  Mais bon, commençons.  L'auteur, qui est à la fois le scénariste et le dessinateur de cette série, a campé son action dans un Montréal futuriste.  On reconnaît plus ou moins les bâtiments à cause de la distance temporelle (forcément, ça a un impact sur l'architecture!) et de la montée des eaux, mais tout de même, on reconnaît l'ambiance de la ville, son mélange entre ses héritages francophone et anglophone et les noms de ses lieux.  L'action est d'ailleurs en bonne partie campée dans le Vieux-Montréal.  Pour donner à la ville un aspect futuriste, l'auteur a choisi de travailler avec des teintes rabattues et beaucoup de bleus.  Peu de couleurs vibrantes, mais beaucoup de camaïeu dans les teintes d'orangé sombre, de gris, de chair et aussi parfois d'une teinte de jaune.  Ce qui ne fait que davantage ressortir le sang quand il gicle et ici, ce ne sera pas qu'une fois.  Les scènes d'action sont magnifiquement bien faites, on sent la tension, le combat, le mouvement dans ces scènes.  Les personnages sont parfois très bien faits, parfois peu développé.  Riel est un archétype du jeune garçon perdu en ville qui tombe éperdument amoureux, mais on sent sa sincérité.  Nève est une fille fonceuse qui ne s'en laisse pas imposer, quitte à jouer les pickpockets quand elle en a besoin.  Malgré tout, mes préférés restent Chogan et Gana.  Chogan l'indien, au faciès clairement identifié à ses origines autochtones, mais chef de police et très capable, qui aura à faire un choix clair entre faire uniquement son devoir et faire ce qui est juste.  Et Gana, la mystérieuse et silencieuse Gana.  Je crois qu'elle ne parle pas avant le troisième tome de la série et même quand elle l'a fait, j'ai douté tellement j'étais certaine qu'elle était muette!  Gana aux étranges pouvoirs qui permettent littéralement à l'auteur de s'éclater côté effet spéciaux.  Et qui est la clé de cette histoire.  Le contexte est un peu mince puisqu'on a déjà vu des dizaines d'univers mettant en vedette les méchantes entreprise contre le pauvre peuple, mais en même temps, comme c'est archi-connu, l'auteur ne s'y attarde pas.  On comprend le filigrane de l'histoire assez vite ce qui est à la fois une force car on ne se perd pas dans les détails et une faiblesse car ça enlève de la richesse à l'univers.  Beaucoup de pistes sont d'ailleurs ouvertes au fil des tomes, mais certaines ne sont pas complètes ou du moins, auraient pu être étoffées.  L'intrigue est très riche, mêlant la crise des otages au parcours de Nève et Riel, ainsi qu'à la quête très personnelle de Gana.  Trop riche peut-être, l'univers créé étant très ambitieux.  Malgré tout, on plonge dans cette histoire.  Peut-être avec moins de satisfaction à la lecture des premiers et deuxièmes tomes, mais avec beaucoup de plaisir à la lecture du troisième car c'est à ce moment que toutes les ficelles se nouent pour que l'on découvre les fondements de ce que l'on voit sans comprendre depuis le premier tome être dévoilés.  Une BD qui ne passera sans doute pas à l'histoire, mais un vrai travail, réussi à bien des niveaux, mais sans avoir le fini d'une oeuvre finement ciselée, particulièrement au niveau du scénario.

Ma note (pour l'ensemble de la série): 4/5

lundi 5 octobre 2015

La fin au début?

Salut!

Il y a quelques années (et je ne vais rajeunir personne qui a vu ce film au cinéma en disant cela) j'ai été voir au cinéma le film Mission impossible 3, un film qui avait la particularité de montrer au départ une scène complètement hors-contexte que l'on allait revoir vers la toute fin.  On savait donc une partie de la fin... au début.  J'avais lu dans une critique du film qui disait qu'à cette époque (c'était vraiment il y a dix ans???), les réalisateurs avaient tendance à commencer leurs films... par la fin.  Et c'est vrai que durant quelques temps, cette manie a pu être vue dans plusieurs films.  Beaucoup de gens n'aimaient pas, personnellement moi, j'adorais!  C'est un peu comme dans les Colombo: on sait qui est le meurtrier, mais le plaisir est de voir comment le célèbre inspecteur à l'éternel imperméable beige allait remonter les ficelles jusqu'à lui.

Et dans les livres?  Évidemment, certains auteurs ont déjà fait la tentative et il me semble que cette recette peut donner de bons résultats.  En fait, ça peut être un avantage, parce que le but, ce n'est pas de dévoiler le dénouement final, mais justement de nous montrer juste assez de la fin pour nous donner le goût de rejoindre ce moment en découvrant au fur et à mesure tout ce qui s'est passé entre cette scène et le moment où l'on nous introduit à l'histoire.  Étant donné que la scène de la fin est fournie sans contexte, de connaître celui-ci nous donne souvent la clé pour la comprendre, bien au-delà de ce qui s'y déroule.  Un personnage de la scène peut être un agent double, un traître, ou bien une entourloupe dont on ne sait rien peut avoir été mise en place plus tôt sans que l'on n'en sache rien.  Tout ceci nous mets sur les dents, nous donne envie de savoir.  C'est un procédé qui ne plaît pas à tous, mais disons-le, moi, j'adore.

Par contre, tout les genres ne s'y prête par d'une manière égale.  Prenons le policier.  Pour beaucoup de gens, le moteur pour tourner la page suivante, c'est justement de trouver le meurtrier.  Au fur et à mesure de l'intrigue, on prend mentalement note des différents indices que l'auteur nous glisse sous le nez pour trouver le responsable.  Personnellement et je l'ai déjà dit, ça m'énerve.  Je lis pour me détendre, avoir à me creuser la tête pour trouver qui a fait le coup...  ça me tape sur les nerfs!  Merdouille, dites aux flics de trouver le coupable et racontez-moi une bonne histoire à la place!  Par contre, je dois avouer que si je sais qui est le tueur et que je doive suivre l'inspecteur dans son enquête pour le trouver (un peu comme Colombo), ça, ça m'accroche.  Le processus n'est pas commun dans les romans policiers parce qu'il en est l'antithèse, mais c'est justement ce qui fait son charme à mes yeux.  On voit l'inspecteur passer par-dessus un indice et on se dit, non, regarde, il est LÀ, C'EST LUI!!!!!!  Chacun ses goûts, mais j'ai remarqué que ces précisément ces livres-là qui m'ont le plus plu dans le genre du policier, au point que j'ai eu plusieurs coups de coeur grâce à eux.

Dans le fantasy, honnêtement...  On sait que dans la très grande majorité des cas, ce sont les bons qui vont gagner, alors, ce n'est pas le fait de savoir qui va changer grand chose.  Par contre, de mémoire, j'ai lu peu de scène du genre.  Ce qui est nettement plus courant, c'est d'avoir une scène qui aura un énorme impact sur le personnage, mais complètement sortie de son contexte.  Un bon exemple est le début des livres Eragon, la scène où Arya envoie l'oeuf de dragon un peu nulle part pour ne pas que Galbatorix mette la main dessus.  Prise séparément, cette scène n'a aucun sens, mais c'est elle qui met l'action en marche.  Par contre, elle sera vite reliée au reste du livre parce que, et bien, si vous ne le savez pas, lisez le livre.  ;)  Ce genre de scène, même si elle n'est pas située à la fin, répond un peu aux mêmes critères parce qu'elle est hors-contexte et qu'on ne la comprendra qu'en lisant le livre.  C'est une autre utilisation, mais comme on ne la reverra pas plus loin dans le livre, c'est à la base autre chose, bien qu'étant proche des mêmes principes.

Dans le roman hors-genre, le roman ordinaire pourrait-on dire...  Quelle importance?  Cela ne devient qu'un simple jeu narratif.  Cela peut être utilisé, comme cela ne peut pas l'être.  Tout dépend alors de ce que l'auteur en fait.  Je ne connais pas beaucoup d'exemples, mais je sais que j'en aie déjà lu.  En fait, pour qu'une scène de fin placée au début aie un impact, il faut que la trame narrative du livre soit adaptée.  Et quand on raconte une grande histoire d'amour, de commencer par la scène où les amoureux se dévoilent me semble un peu...  euh, pétage de bulle?  Pourquoi lirait-on la suite, on sait déjà comment ça va finir!  Même chose pour les aventures d'un trentenaire qui quitte sa blonde en espérant mener une vie de débauche pour se rendre compte que ce n'est pas le cas (bonjour Stéphane Dompierre!): dans ce cas, l'anticipation de la fin n'est pas ce qui pousse en avant, on a avant tout du plaisir à suivre l'histoire avec le personnage.  Le plaisir, ce n'est pas le point d'arrivée, mais de parcourir le chemin.  C'est pourquoi de lire une scène de la fin au début ne fonctionnerait pas ou du moins, pas autant.

Commencer par la fin reste une astuce narrative, une façon de faire, de présenter une histoire.  Comme bien d'autres astuces, c'est un outil, il faut savoir bien s'en servir pour que cela soit efficace.  N'empêche, je trouve parfois des avantages à jouer avec l'ordre chronologique de façon non-linéaire.  Les allers et retours dans le temps sont une façon de nous pousser à nous interroger et à être plus attentif.  On sait comment cela va finir, alors comment l'auteur réussira-t-il à nous piéger quand même dans son livre?  C'est là que commence vraiment l'histoire.

@+ Mariane

lundi 28 septembre 2015

Ça existe parce qu'on l'a écrit ou c'est parce qu'on l'a écrit que ça existe?

Salut!

L'autre soir, j'étais sortie accompagné une amie qui avait vraiment, mais vraiment besoin d'une bonne bière.  Une de ses connaissances est venu nous rejoindre et wow, quelle chance pour moi, c'était un fan de science-fiction ce qui a donné une bonne discussion à bâtons rompus sur le sujet avec plein de répliques genre: as-tu lu ça???  Évidemment, on a parlé de nos coups de coeur, mais aussi d'auteurs plus pointu du genre.  Et la discussion de tomber finalement sur Philip K. Dick, un auteur que j'avoue ne jamais avoir lu, mais dont j'ai beaucoup entendu parlé et dont j'ai vu plusieurs adaptations cinématographiques. En parlant des univers qu'il a créé, je ne peux m'empêcher de remarquer à quel point il a su capter longtemps à l'avance des peurs collectives qui existent aujourd'hui.  Et là, l'ami en question de me lancer:

-Oui, mais ça existe parce qu'on l'a écrit ou c'est parce qu'on l'a écrit que ça existe???

Bon point l'ami!  Je suis revenue à la maison avec cette petite phrase qui me trottait dans la tête (soyez rassurés, je n'avais bu qu'une seule bière, contrairement à mon amie!).  On est avec le problème de l'oeuf et de la poule: lequel est arrivé en premier?  Est-ce l'écrivain qui a créé des possibles et par son oeuvre, l'a ancré dans la psyché des gens avant qu'elle ne se répande et deviennent réalité?  Ou les auteurs sont-ils simplement plus apte de par leur propre imaginaire à entrevoir l'avenir?  Ceci est particulièrement vrai des auteurs de science-fiction.

C'est connu, plusieurs innovations technologiques ont été créées après que l'idée première eut été écrite dans un livre (ou dans un film ou dans une série télé).  Que l'on parle du web, de Skype, des cellulaires, de l'iPad ou que sais-je encore, plusieurs de ces idées avaient existé avant de se retrouver dans notre quotidien.  Par contre, je ne me rappelle pas d'avoir entendu parler d'un réseau social servant en bonne partie à partager des photos de chats, mais bon...  (Remarquez que je suis une grande contributrice au phénomène...).  Cependant, les technologies sont une chose, mais la capacité de prédiction en est une autre.

Il faut aussi savoir que vu le nombre de livres publiés, il est un peu normal que les auteurs tombent parfois pile là où il le faut pour nous faire croire qu'ils l'avaient deviné.  Asimov avait prévu énormément d'inventions avec sa série Fondation, ce qui ne veut pas dire qu'elles se sont toutes réalisées!  Prenons exemple sur Jules Verne: il avait pensé à un système de distribution de nourriture par pneumatique, amenant les aliments chauds et fins prêts directement dans l'assiette des gens.  Mais il n'avait pas prévu le four à micro-ondes...  Comme de quoi, les auteurs peuvent se tromper.  Ou plutôt que leur imagination est parfois encore plus vaste que la technologie qui va les suivre.

Pour en revenir à Philip K. Dick, ainsi qu'à d'autres auteurs de science-fiction, ceux-ci sont considérés comme étant visionnaire non pas à cause des inventions qu'ils ont imaginés que des univers qu'ils ont construits, mélange de technologie, mais aussi beaucoup de faits de société.  Des peurs qui étaient à l'époque un mélange d'un brin de paranoïa et de beaucoup d'angoisses face à l'avenir.  Parce qu'au coeur de la science-fiction, il y a l'humain et la façon dont il réagit quand on change les paramètres de la vie telle qu'on la connaît aujourd'hui, autant individuellement que collectivement.  En ça, bien plus qu'en inventions à gauche et à droite, on construit le monde de demain et on construit surtout la façon dont on le verra.  Et ce qu'on s'attend à y trouver.

Mais attention, aucun auteur ne peut réellement prévoir l'avenir, ni décider de la direction qu'il va prendre, parce que l'avenir se construit chaque jour et est le fruit de milliers de minuscules décisions que l'on prend, en tant que personne et en tant que société.  Et puis, comme me disait Frérot, aucun auteur de science-fiction n'avait prévu que l'alunissage d'Apollo 11 serait diffusé en direct à la télévision...  L'avenir nous réservera toujours des surprises que même les auteurs les plus débordants d'imagination ne pourront pas prévoir.

@+ Mariane

jeudi 24 septembre 2015

Soleil noir de Paul Ohl

Soleil Noir  Paul Ohl  Québec-Amérique  383 pages


Résumé:
Vadim Herzog est un spécialiste: marchand d'art, il approvisionne de façon plus ou moins légale les collectionneurs privés friands de pièces rares.  Engagé par un richissime et excentrique collectionneur, il part pour l'Amérique du Sud à la recherche d'un trésor plus que rare, quasiment mythique: le masque funéraire d'Atahualpa, le dernier Inca, dont l'existence n'est même pas prouvée.

Mon avis:
En tout cas, après la lecture de ce livre, on a qu'une envie: se plonger dans cette culture riche et formidable que fut la civilisation inca, avec son organisation sociale élaborée, ses mythes, ses traditions et ses réalisations.  Et on ne peut s'empêcher de secouer la tête en pensant à ce que les Espagnols en ont fait, Francesco Pizarro en tête.  Si le début du roman nous présente surtout Herzog et le chemin qui le mènera à accepter l'offre de Pouzol de Souillac, la deuxième partie du roman nous plonge directement dans la conquête espagnole de l'Empire Inca, en mettent en scène les personnages de l'époque, haut en couleur: Atahualpa, Pizarro et tous ceux qui les entouraient et qui ont joué une danse des géants.  Cette partie est particulièrement intéressante, certes sans doute romancée en partie, mais qui nous permet de plonger au coeur des événements ayant eu de formidables répercussions pour les peuples des Andes, même encore aujourd'hui.  Le reste du livre est constitué des pérégrinations d'Herzog à la recherche du masque funéraire, pérégrinations qui sont en fait un prétexte pour nous faire découvrir le pays et les conditions de vie de ses habitants.  On ressent beaucoup de colère face à tant de pauvreté, mais on comprend alors que les Espagnols, même cinq siècles plus tard n'ont pas complètement vaincu: l'âme du peuple Inca est toujours vivante.  Certes, c'est là la thèse que défend l'auteur tout au long du livre et on est poussé à le croire, mais n'empêche, je ne peux m'empêcher d'y trouver un fond de vérité.  Par contre, il n'affirme jamais que la culture du peuple inca était sans tâche: on y parle avec honnêteté des sacrifices humains, de l'obéissance absolue à l'Inca et de la centralisation de ce peuple.  De l'autre côté, on voit l'aveuglement des Espagnols et toutes la portée de leurs actes, impacts encore parfaitement visibles des siècles après leur mort.  J'ai eu du mal à accrocher au personnage d'Herzog, il m'a paru plat, sans relief, plus un prétexte à une longue balade et à nous faire découvrir ce peuple qu'un véritable personnage.  Même son entrée dans les mystères incas m'a paru surfaite.  On sentait trop la volonté de l'auteur de vouloir nous faire découvrir quelque chose.  Côté historique, cet ouvrage est une merveille, mais pour la partie qui se passe à notre époque, on sent trop le pamphlet pour bien apprécier le roman.  L'écriture de l'auteur est porteuse, on sent chacun de ses personnages, même les secondaires, rien n'est vraiment carton en eux, ce qui ne fait que désavantager Herzog, qui lui, est fait en carton.  Son cheminement m'a paru superficiel et sa décision finale, je ne l'ai pas comprise, je n'ai pas saisi à quel moment il a pu évolué dans cette direction et ça fait grandement défaut à ce livre.  Pas une gigantesque réussite, mais un roman qui vaut la peine d'être lu pour rendre hommage au peuple inca.

Ma note: 3.75/5