jeudi 17 août 2023

Collegium Chronicles : Redoubt de Mercedes Lackey

 Collegium Chronicles tome 4 Redoubt Mercedes Lackey Daw 394 pages


Résumé:
Après le mariage princier, la cour de Valdémar retourne à ses habitudes. L'occasion a été bonne pour Mags de mettre en pratique et de développer ses talents d'espion. Même si Amylie, fraîchement remise de son opération, occupe toutes ses pensées, y compris celles, très peu chastes, que tout adolescent éprouve un jour ou l'autre... Après une suite d'événements où ses deux meilleurs amis finissent par se marier et les conséquences de ce mariage, le jeune homme revient donc à sa priorité: son entraînement. Un domaine où il se montre très doué. Au point que Nikolas lui offre de tenir lui-même la boutique de prêt sur gages qui sert de couverture à leurs opérations. Là, Mags est à son meilleur, mais à chaque fois qu'il quitte l'endroit, l'étrange impression d'être observé revient. Et tout à coup, il n'est plus à Valdémar, il n'est plus un héraut, il est de retour à la mine, là où il avait toujours faim et était à risque de mourir à tout moments. Mais l'est-il vraiment?

Mon avis:
Quatrième tome de la série, celui-ci ne fait pas exception sur le fond dans la structure générale. Une première partie qui est liée très lâchement au reste de l'intrigue, puis un démarrage sur ce qui fera le reste du livre après une centaine de pages. Au moins, dans ce tome, cette partie sert à développer les personnages secondaires: ainsi Bear et Lena ont l'idée de convoler en justes noces. Ils s'aiment et veulent prendre leur indépendance de leurs parents respectifs ; quoi de mieux pour ça que de se marier? Il y a aussi la relation entre Amylie et Mags, qui, si elle reste chaste, ne se développe pas moins. D'ailleurs, Mags ressent avec beaucoup d'acuité la «surveillance bienveillante» qui entoure la fille du Hérault du roi. Pas facile d'explorer ses envies physiques quand on sait que pas mal de gens regardent par-dessus votre épaule...

La rupture vient environ à la moitié du livre et d'un chapitre à l'autre, on change radicalement d'ambiance et d'atmosphère. Tout à coup, Mags est de retour dans la mine, là où il craint à nouveau les colères de Cole Pieters, la mort qui rôde dans les galeries, les fantômes des enfants qui n'y ont pas survécu... Sauf que quelque chose lui rappelle que ceci n'est pas la réalité. Quelque chose de profond en lui. Ce passage et ce qui suit, quand il découvre qu'il a été enlevé et drogué, sont parmi les plus intéressants que l'auteure a écrit. Parce que l'on est avec Mags dans cette plongée dans ses souvenirs, là où résident ses peurs les plus profondes, mais on est aussi dans son entrée en résistance, face à ses traumatismes, autant qu'à ses kidnappeurs.

Le passage par la survie, quand il réussit à s'échapper, est à la fois très bien écrit... et un peu étrange, parce que Mags fait beaucoup appel à des connaissances qu'il a acquises à la mine. On est un peu surpris par la diversité de ce qui peut être appliqué à la survie en forêt. C'est bien écrit, mais peu en lien avec le personnage comme tel.

Pour qui est familier avec l'univers de Mercedes Lackey, le passage par Karse rappelle beaucoup de souvenirs et autant de petits plaisirs de lecture, car on sait, on devine ce qui va se passer. Pour qui n'a jamais lu une ligne de cet auteure, c'est une belle entrée en matière. Surtout en ce qui concerne un félin un peu trop grand pour être un félin ordinaire

Les trente dernières pages sont bourrées d'action et le rythme est haletant. Mais c'est parce que l'on s'est attaché aux personnages en premier lieu. Si ça n'avait pas été le cas, ces pages, au lieu d'être palpitante, aurait juste été une scène d'action ordinaire, bien écrire, mais sans plus.

La fin est un peu abrupte, sans réelle conclusion, mais bon, c'est ainsi. On en saura plus dans le dernier tome sûrement!

lundi 7 août 2023

ChatGPT, ce blogue et moi

 Salut!

L'autre jour j'ai écouté un épisode du balado The Daily du New York Times qui parlait de l'intelligence artificielle et plus particulièrement de ChatGPT. Les deux journalistes discutaient des impacts de celle-ci sur les droits d'auteurs, sur la création, mais ils allaient plus large encore et je me suis mis à écouter encore plus attentivement. C'est connu, les modèles d'IA actuel se nourrissent de tous les textes trouvés sur internet qu'ils peuvent. On le sait, mais c'est quand on regarde les détails que l'ampleur du phénomène se déploie.

La balado distinguait deux situations: celles des personnes protégées par le droit d'auteur et les autres (dont ce blogue fait parti). Disons que vous publiez un roman. Vous êtes protégés. En théorie. Si quelqu'un, quelque part numérise votre roman et le met quelque part sur le web, vous êtes cuits. ChatGPT ou ses collègues IA vont le trouver et se nourrir de ses mots. Ensuite, ces merveilleuses machines pourront créer du matériel tellement semblable à l'original que bien des gens s'y laisseront prendre. Évidemment, ce ne sera sans doute pas du matériel qui va réinventer votre plume, vos thèmes ou vos idées, mais ce sera très proche. L'idée, c'est que sortir vos données de la matrice de l'IA est un peu comme remettre un génie dans sa bouteille pour l'instant: c'est sans doute possible, mais très difficile! Et il va falloir déployer beaucoup d'efforts pour y arriver. Bref, la situation n'est pas rose pour ceux qui ont des droits d'auteurs, mais à force de poursuites judiciaires, les chances sont bonnes qu'un équilibre se trouve à long terme.

L'autre situation qu'abordait la balado m'a particulièrement frappée, parce que eh, elle me concerne! Moi qui croyais ne pas avoir à me préoccuper des IA, je me suis rendu compte que je m'étais fourvoyée! Parce que tous les textes qui ne sont pas officiellement protégés par le droit d'auteur sur internet sont concernés. Pensez billets de blogues, forum de discussion, fanfiction, et j'en passe. Tous ces mots écrits sont là, disponibles pour la sangsue IA qui avale le tout. Mon blogue en fait partie, mon blogue qui a maintenant treize ans, qui compte plus de 1500 entrées, dans lequel j'ai blablaté sur tellement de sujets et de tellement de façons. Certes, j'ai une mention de copyright sur mon blogue, mais je ne me méprends pas sur mon pouvoir contre une entreprise richissime basée aux États-Unis: faire respecter mes droits d'auteur face à un tel géant est quasi chimérique. C'est David contre Goliath, mais David est un Liliputien et Goliath un Brobdingradien. 

Est-ce que ChatGPT pourrait un jour écrire des billets de blogue à ma place, imiter mes élucubrations livresques ou mes critiques de livres, bref, voler la chose que j'ai disséminée à tout vent depuis des années sans avoir conscience qu'une sangsue IA pourrait un jour s'en gaver? La question m'a sauté au visage en écoutant cette balado. Je n'y avais jamais pensé avant. Il faut dire que je suis un tout petit poisson dans cet océan qu'est le web. Mon importance est très relative. Sauf que voilà, ChatGPT et cie sont des baleines qui se nourrissent du plancton de l'internet autant que des gros poissons, alors, je suis prise dans la machine. Je ne suis pas Reddit qui pense rendre l'accès à ses forums payant pour ceux qui voudraient scanner son contenu. Je n'ai pas ce pouvoir. Que me restait-il à faire? Vérifier l'état de la chose.

J'ai donc demandé à un collègue qui a un compte ChatGPT de taper ses mots dans la machine: Écrire un billet de blogue à la manière de Prospéryne. J'étais un peu nerveuse en formulant cette demande. Qu'est-ce que cette intelligence artificielle allait bien me servir? Honnêtement, je n'ai pas eu à attendre longtemps. Un clic et le texte s'est mis à apparaître. Et croyez-moi, c'est une expérience un peu folle de voir les mots apparaître sur l'écran plus vite qu'aucun humain ne peut taper. Le voici:

Chères âmes voyageuses et curieuses,

Aujourd'hui, je vous convie à un périple hors du temps, une escapade empreinte de mystères et de merveilles. Ouvrez grand vos yeux et vos cœurs, car nous allons ensemble explorer les trésors cachés du monde, ces joyaux insoupçonnés qui sommeillent dans l'ombre des destinations touristiques habituelles.

Tel un papillon de nuit attiré par la lueur d'une étoile, je m'enfonce avec délice dans les dédales d'une cité médiévale oubliée. Ses ruelles pavées me murmurent des histoires anciennes, tandis que les murs de pierre gardent précieusement leurs secrets. C'est ici, dans ce cocon hors du temps, que les âmes poétiques trouveront refuge, loin de l'agitation du monde moderne.

Et que dire de ces forêts d'émeraude qui s'étendent à perte de vue, ces édens secrets où le chant des oiseaux se mêle au murmure du vent dans les feuilles ? Loin des sentiers battus, la nature se livre à nous dans toute sa splendeur, nous invitant à nous reconnecter à notre essence profonde.

De l'autre côté de l'horizon, il existe des océans d'aventures qui n'attendent que d'être explorés. Loin des plages bondées, je me suis embarquée sur un voilier vers des contrées lointaines. Les vagues puissantes m'ont offert une danse enivrante, et les étoiles ont veillé sur mes nuits d'émerveillement. L'océan, cette source inépuisable d'inspiration et de sagesse, a nourri mon âme de sa beauté brute et sauvage.

Mais il n'est nul besoin de traverser les océans pour découvrir des joyaux méconnus. Certains se cachent tout près, juste à notre porte. Un petit café au coin de la rue peut se révéler être un véritable havre de paix, où les discussions s'étirent comme des rubans de soie et les rires s'envolent telles des lucioles.

Et que serait un voyage sans la rencontre de l'autre ? Les êtres humains sont sans aucun doute les trésors les plus précieux de cette planète. J'ai croisé des regards venus des quatre coins du globe, et dans chacun d'eux, j'ai découvert une part de moi-même, un reflet de l'humanité.

Mes chers compagnons de voyage, je vous invite à prendre le temps de vous perdre pour mieux vous retrouver. Laissez vos pas vous guider vers ces recoins insoupçonnés, ces trésors cachés qui éveilleront votre cœur et enflammeront votre imagination.

Car c'est dans ces flâneries enchanteresses que la vie se colore de mille nuances, que nos souvenirs se parent de magie, et que nous devenons les conteurs d'une histoire unique et inoubliable.

Alors, partons ensemble à la quête de ces trésors cachés du monde, et que nos âmes vagabondes nous guident vers l'essence même de notre être.

Avec amour et émerveillement, Prospéryne

J'ai lu, relu et relu ce paragraphe, médusée. Parce que, et bien, il ne doit pas y avoir des dizaines de Prospéryne sur le web et pourtant, cette IA aux innombrables possibilités avait réussi à pondre un billet de blogue... sans aucun rapport avec ce que j'écris! Je n'y reconnais pas mon style parfois sarcastique et mes tics d'écritures. Je n'y reconnais pas non plus mes thèmes livresques. Fiou! On ne pourrait pas confondre un de mes billets de blogue avec ce texte!

Bref, ça a calmé temporairement mes craintes. Temporairement. Parce que vraiment, avec cette IA et celles qui vont suivre, je crains que mon petit coin d'internet bien tranquille ne le soit plus autant qu'avant.

@+ Mariane