lundi 31 mars 2014

S'inspirer sans vouloir être

Salut!

Récemment, à la sortie du film Enemy de Denis Villeneuve, j'ai remarqué combien de gens soulignaient que le film était issu du roman de José Saramago, L'autre comme moi.  Attention, l'expression utilisée n'était pas adaptation.  Le film était clairement mentionné comme: «[...] une interprétation libre et solidement maîtrisé* [...]» du roman.  On avait pris une oeuvre littéraire et on l'avait traduit dans un tout autre langage, celui du cinéma.  À cette occasion, on avait changé tout plein de petits détails qui rendaient le tout différent.  Le film est une oeuvre en soi, même si à la base, il raconte la même histoire que le livre.  Il s'en inspire, lui rend hommage, sans prétendre à vouloir l'être.

Un collègue me faisait dernièrement une réflexion:

-J'aime pas les films de Marvels.

(Ok, j'avoue, moi j'adore ces films, c'est une excellente détente qui permet de tout oublier l'espace d'une soirée!)

-Hein!  Pourquoi???, que je demande, toute surprise.

-Ah, ça ressemble trop au livre...

Ze???  Quoi?  Bien la première fois que quelqu'un me dit ça.  Habituellement, on se perd plutôt en critiques pour dire que le film ne ressemble pas assez au livre.  Mais il y a quelque chose de vraiment pas fou dans ce commentaire.  Le cinéma et la littérature sont deux arts qui utilisent des codes complètement différents pour communiquer.  Ne mériteraient-ils pas d'être reconnus comme deux oeuvres entièrement à part?  Un film qui ressemblerait trop au livre serait décevant comme film.  De même, un roman écrit pour être adapté au cinéma serait décevant pour le lecteur.

Clou que l'on enfonce souvent que celui des adaptations de livres au cinéma.  On a beau pester contre eux, on va quand même très souvent voir le film.  Comme si on voulait confronter notre vision du livre avec celle du cinéaste et des acteurs.  Si on est foncièrement déçu la plupart du temps, c'est parce que celle-ci n'est pas semblable à ce que l'on avait imaginé.  Ou encore, qu'il y manque LA scène que l'on aurait voulu y voir (j'en veux encore à Chris Colombus de ne pas avoir mis la scène de dégnomage du jardin dans le deuxième Harry Potter).  On cherche la même histoire.  Mais pourquoi?  Si on la connais déjà, où est la surprise?

Certes, le marketing joue un grand rôle.  On table énormément sur les fans du livre pour mousser le film.  On veut faire croire que l'un sera comme l'autre.  Les amateurs de littérature ne s'y laisseront pas prendre, mais combien de non-lecteurs se diront que ça ne sert à rien de lire le livre parce qu'ils ont vu le film?  Je n'ai rien contre les adaptations si on dit qu'on s'inspire d'une autre oeuvre.  Au contraire, ça peut être très intéressant.  Le dernier film de Stanley Kubrick, Eyes wide shut était parfaitement dans cette ligne.  Ce qui me choque, c'est de laisser croire que l'un et l'autre sont pareils.  Jamais un scénariste ne voudra refaire exactement pareil au cinéma me disait un ami.  C'est vrai.  On peut tirer une excellent oeuvre cinématographique d'un livre, si on sait faire la différence entre la littérature et le cinéma.  Je sais, je suis une puriste.  Ou plutôt disons que j'aime trop la littérature et le cinéma en tant que tel pour accepter le mauvais mélange des genres.

@+ Mariane

* Le Droit, 15 mars 2014

vendredi 28 mars 2014

Foutu écran blanc...

Salut!

À côté de mon écran, j'ai plein d'idées de billets d'écrites.  Plein je vous dis.  Seulement, quand viens le temps de les écrire, je sèche.  Les idées sont là, mais les coordonner, les arranger, les coucher sur le papier ne vient pas très facilement.  Sur le papier...  Non, sur l'écran!  Ce foutu écran blanc qui me saute aux yeux.  Il est tout blanc quand je commence à écrire.  Il se remplit seulement ensuite de lettres, placées dans un ordre précis qui permet que vos petits cerveaux peuvent ensuite déchiffrer.  On appelle ça une langue écrite.  Mais je m'éloigne de mon sujet...

La page blanche.  Syndrome très connu de la plupart des écrivains à ce qu'il paraît.  J'en suis parfois victime, il faut le dire.  Écrire un blogue reste écrire.  Je ne sais plus de quelle auteure j'ai lu un commentaire récemment (Maya Angelou je crois), qui disait que lorsque que l'inspiration lui faisait défaut, elle écrivait pendant des journées de temps Les chemises de l'archiduchesse sont-elles sèches ou archi-sèches?  Bon, j'ai pas trop le temps de faire ça, mais si jamais vous voyez un jour un billet de blogue où j'ai juste écrit J'aime mes chats 117 fois, ben, vous saurez de quel syndrome je suis atteinte.

Des phases de créativités intenses, d'où les billets jaillissent sous mes doigts, où les idées se mettent en place pratiquement toute seule et où je peux pondre trois billets en deux heures, j'en aie connu et souvent en plus.  Ce sont les plus belles périodes.  Celles-là, elles sont super cool.  J'adore dans ces moments-là tenir un blogue, c'est énergisant, c'est plein de vie, ça nourrit tout le reste.

Et il y a les autres périodes.  Celles qui sont plates à mort.  Celle où je me force à m'asseoir devant mon écran et où rien ne sort.  Parce que je suis trop préoccupée par autre chose, parce que je n'ai pas le temps, parce que je suis trop fatiguée.  Parce que même si j'écris, tout ce qui sort me semble être de la pure merde.  C'est pas nécessairement vrai, c'est une impression.  Mais elle est persistante.  Ça peut durer une fin de semaine, ça peut durer un mois, ça peut sembler ne plus finir.  Il faut alors s'accrocher.

S'accrocher peut avoir plusieurs sens.  L'un d'entre eux est de diminuer la pression, de s'accorder des pauses.  Ça peut aussi dire se permettre quelque fois de laisser passer un billet moins travaillé parce que l'on sait que l'on ne pourra pas l'améliorer davantage.  Ça peut vouloir dire de laisser le blogue tranquille quelque jour et d'aller voir ailleurs si on y est.  Mais surtout, c'est de ne pas s'inquiéter.  Ne pas en faire une montagne.  Aller se ressourcer.  Avec des amis, des livres, des collègues, rire, échanger, pleurer un bon coup ou en prendre un, selon ce qu'on sent qu'on a besoin.

Le syndrome de la page blanche n'est pas éternel.  Comme bien d'autres choses, il faut simplement savoir vivre avec.  Je crois que ça fait partie de la vie de tout créateur après tout. :)

@+ Mariane

mardi 25 mars 2014

Carbon Diaries de Sacy Lloyd

Carbon Diaries 2015  Sacy Lloyd  Pocket jeunesse 329 pages



               Laura Brown a tout pour être une ado normale : elle a seize ans, joue dans un groupe de musique, vibre en secret sur son voisin et tient un journal intime.  Sauf qu’en fait, rien n’est normal pour elle.  Depuis qu’une tempête dévastatrice causée par les changements climatiques a saccagé l’Angleterre, le gouvernement a imposé le rationnement des émissions de carbone.  Adieu les bains chauds, les vacances dans le sud en avion et les heures passées au téléphone et bonjour la marche à pied, les coupures de courant en plein hiver et les veillées à la chandelle!  Tout au long de l’année 2015, Laura nous raconte les hauts et les bas de sa nouvelle vie à l’ère de restriction de la consommation de carbone.

               Soyons clair dès le départ, le scénario déployé dans ce livre a tout pour faire dresser les cheveux sur la tête de la grande majorité des occidentaux.  Le portrait des effets de la restriction de carbone sur la vie quotidienne est assez effarant.  Si vous trouvez que votre voisin écolo vous tape sur les nerfs avec ses grands discours, vous êtes très loin du compte : comparer avec la représentante du Programme de Réhabilitation des Délinquants du Carbone, c’est comme s’il était un gentil caniche alors qu’eux sont confrontés à un bouledogue!  On voit immédiatement les effets et aussi, en même temps, à quel point nous sommes gâtés.  Un simple tour sur Internet devient un luxe, faire fonctionner le frigo une nécessité dont on n’était pas conscient avant.  Les distances prennent une autre dimension sans voiture…  Mieux que tous les discours écologistes, ce bain dans la vie d’une famille obligée de couper dans tout pour diminuer ses émissions de carbone fait prendre conscience des impacts que notre mode de vie a sur l’environnement.  Les simples gestes du quotidien prennent très vite une autre allure!

               La famille de Laura prend une large place dans le livre.  Normal, le récit est constitué des entrées quotidiennes dans un journal intime d’une adolescente qui n’a au fond rien de particulier, sauf une famille de fous!  Sa sœur Kim, entre autres, Réactionnaire de la limitation de consommation de carbone avec un R majuscule est absolument désopilante!  Et les interminables disputes entre ses parents, sa mère étant PO-SI-TI-VE avant tout (au point de taper sur les nerfs de tout le monde, Kim la première!) et son père qui décroche complètement, transformant le jardin en potager-poulailler-porcherie (cochon appelé Larkin inclus!).  On suit donc les mésententes d’une famille que la vie a lentement séparée, obligée tout à coup de serrer les coudes et de faire face à un total bouleversement de sa vie quotidienne.  Pas facile.  Surtout lorsque tous doivent en même temps changer leurs vieilles habitudes avec le lot de grincements de dents que cela comporte.

               D’un autre côté, on accorde une large place aux amitiés dans ce livre.  Les réactions des ados obligés de changer radicalement leurs habitudes se déclinent dans toutes les nuances de l’arc-en-ciel, de l’écolo militantisme appuyant à fond les changements imposés à la population aux petites rapines pour grappiller ici et là quelques points de carbone sur la carte de rationnement!

Si la situation n’est pas rose, le ton général du livre est pourtant résolument branché du côté de l'humour!  Humour un peu british certes.  N’empêche, l’auteure réussit à nous faire rigoler des aventures de cette famille si semblable à nous, au fond, et à leurs difficultés face à la vie quotidienne.  Ce livre, c’est ce qui risque de nous arriver si nous ne faisons pas attention.  Avec doigté, sans jamais juger et dans un cadre extrêmement réaliste, l’auteure nous fait prendre conscience de notre chance. Et elle nous donne envie d’en profiter à fond pendant que ça dure!

Critique parue initialement dans Brins d'éternité no 34 Hiver 2013

lundi 24 mars 2014

Il faudrait que je remercie...

Salut!

Dans ma vie de lectrice, j'ai beaucoup de gens à remercier...

-Ma mère, la première à m'avoir mis un livre dans les mains, mais bon, à cet âge-là, j'ai essentiellement fait mes dents dessus...  Quand même la volonté était là!

-Ma grand-mère, qui avait de me quitter beaucoup trop tôt, avait garni les tablettes de la bibliothèque que j'allais dévorer plus tard.

-Ma professeur de première année, qui m'a appris à dompter les petites bêtes noires sur la page blanche et à leur donner un sens.

-Ma professeur de cinquième et sixième année (et oui, les deux ans!), pour avoir laisser traîner des revues jeunesse qui m'ont initiée aux grands classiques de la littérature.

-Ma professeur de français de secondaire 1, pour m'avoir fait ouvrir mon premier Jules Verne.

-Ma professeur d'histoire de secondaire 2 pour m'avoir fait découvrir le vaste monde des romans historiques en-dehors du Québec.

-La dame qui surveillait les dîners à la cafétéria en secondaire 4 pour m'avoir suggéré de tenir une liste de mes livres lus.

-Mon ancienne professeur de latin devenue bibliothécaire pour m'avoir donné ce cahier en échange de ma participation à une activité de promotion de la lecture.

-Ma professeur de français de cinquième secondaire pour avoir été la première à me faire comprendre la poésie et avoir tout grand ouvert les portes de mes univers littéraires, surtout la littérature du terroir québécois.

-Mon professeur de sciences politiques au Cégep pour m'avoir pour la première fois dirigée vers les essais et surtout, pour m'avoir fait découvrir par la bande Jean-Christophe Rufin.

-Ma prof de didactique de la géographie à l'université, qui la première, m'a poussé à aller vers des livres dont je ne connaissais rien et qui m'a par l'occasion fait découvrir Robert Silverberg.

-Mon père pour sa passion contagieuse des livres de science (qui m'a poussé à en ouvrir quelques-uns)

-Un grand ami, le premier qui m'a dit: «Ah toi, tu vas tripper sur Harry Potter!», alors que je levais le nez sur cette série.

-Deux amis auteurs pour m'avoir fait découvrir la littérature d'horreur à travers leurs écritures.

-Plusieurs amis librairies pour leur passion contagieuse pour les livres, surtout la bande-dessinée.

C'est ça, la beauté des livres.  On donne souvent beaucoup de soi à travers eux, en parlant de notre passion, de ce qui nous fait vibrer.  On en reçoit autant des autres.  Ce qui me fait une liste si longue de personne à remercier.

@+ Mariane

jeudi 20 mars 2014

La quête de Chaaas: 4- La spirale de Lar Jubal de Michèle Laramboise

La quête de Chaaas tome 4  La spirale de Lar Jubal  Michèle Laframboise  Médiaspaul  203 pages


Résumé:
Chaaas fait escale avec son maître dans une colonie autour des restes de la planète Lapsilis, qui a eu la malchance d'être frappée par un astéroïde.  Les colons ont transformé leur vaisseau en habitation capable de leur permettre de survivre en attendant que leur planète se soit reformée.  Sauf que bien vite, le questeur Sirius et son assistant constate que bien des événements semble montrer que tous ces efforts sont voués à l'échec.  Comment abandonner un rêve auquel on a consacré toute sa vie?

Mon avis:
Mitigé je dirais.  Il y a beaucoup de forces dans le livre comme tel.  L'écriture de l'auteur est très efficace, surtout dans la montée de tension qui mène à la finale, très maîtrisée elle aussi.  Le problème est ailleurs: de un, il y a trop de personnages.  Une bonne dizaine de noms plutôt exotiques à retenir, c'est beaucoup pour un livre de 200 pages, surtout si on ne les croise qu'aux dix pages et qu'il faut alors se souvenir parfaitement de qui ils sont pour pouvoir suivre l'intrigue, surtout leurs caractères et leurs fonctions.  Je tiquais régulièrement à la lecture en me demandant: C'est qui lui déjà?  Ceci dit, tous les personnages sont bien décrits et aucun ne sert de «poteau» pour meubler le décor.  Ils ont tous leur importance dans l'intrigue.  Idem pour l'aspect science qui est vraiment un point fort de cette série.  Tout est basé sur différentes théories, en autre celles de la gravité qui est pleinement exploité dans chacun des tomes.  La qualité des descriptions de l'auteure pour montrer cette réalité nous permet de «voir» le tout.  Ok, à certains moments, elle en met un peu trop, on se perd un tantinet, mais juste un peu trop, rien pour gâcher la compréhension.  Point fort aussi de cette série, l'univers des Chhhatyls, qui malgré les mondes différents, les coutumes différentes, garde sa cohérence en tout temps.  J'ai un peu eu l'impression au début d'une succession d'événements un peu trop bien placés (et manquant un peu trop de cohérence entre eux pour que ça coule bien) pour mettre notre héros sur la piste, mais ça se corrige et ensuite, on est pris dans l'intrigue.

En fait, c'est l'effet série qui cloche.  Cette partie, et c'est récurrent, est moins maîtrisée.  On est plus proche de la série télévisuelle où chaque épisode nous plonge dans un univers différent que dans une série de livres où des liens doivent exister entre les différents tomes.  Chaque fois, on nous plonge dans un monde totalement différent, sans lien réels avec les autres exceptés Sirius et Chaaas.  Ok, c'est normal dans un sens, le questeur Sirius est sensé enquêter aux quatre coins de l'Empire, mais cette absence de liens entre les tomes, surtout que l'on reprend, en quelque sorte, l'histoire à zéro à chaque tome finit par être exigeant pour le lecteur.  Chaque tome est à la fois indépendant en lui-même, mais bâti comme s'il faisait parti d'un tout... sans avoir les liens pour le rattacher au reste.  Ce qui fait que l'on du mal à s'attacher vraiment aux personnages et donc à l'univers.  Ça nous laisse un peu froid malgré l'excellence de l'écriture et la qualité de l'univers.  Point à noter, sur la couverture, on voit pour la première fois l'apparence des Chhhatyls.  Étant donné que ce sont des plantes, je m'attendais à ce qu'ils soient un peu moins humanoïdes...  Bon, c'est vrai que malgré tout, on avait peu de références physiques pour se construire une image, excepté les sempiternelles réflexions de Chaaas à cause de sa chevelure trop courte!

Ma note: 3.25/5

Je remercie l'éditeur pour ce service de presse.

mercredi 19 mars 2014

Après la PAL et la LAL...

Salut!

Il y a longtemps, je fréquentais assidûment le Club des rats de biblio-net, un forum pour les amoureux de lecture.  J'y aie appris deux néologismes du web qui me sont fort utiles depuis: la PAL et la LAL.

À la base, j'ai tenu une LAL.  Liste À Lire, soit tous les livres que je souhaite lire.  Je la tiens depuis le début de mes études universitaires environ, ce qui fait une bonne douzaine d'années.  Elle a beaucoup évolué depuis, enfin, surtout allongé!  Elle tient dans un cahier spirale, à raison d'un titre et d'un auteur par ligne.  J'y note au hasard les romans, les essais, les bandes dessinées, au fur et à mesure qu'ils s'ajoutent.  C'est un document que je tiens à la main et que je recopie au propre une fois par année (ça se remplit vite de ratures ce truc-là!).  Livre que j'ai, que je peux trouver à la bibliothèque, audio, numérique, alouette!  C'est la mémoire papier de mes aventures littéraires à venir.

La PAL est la Pile À Lire, soit les livres que j'ai, à la maison et qui sont à lire.  En bon écureuil collectionneur de livres, ma PAL fait pas loin de 350 livres de haut, malgré tous mes efforts pour qu'elle descende un peu de temps à autre.  Tous les livres de ma PAL figurent dans ma LAL, ce qui contribuent d'ailleurs beaucoup à l'allonger.  Quoi, si j'ai ces livres, c'est que je veux les lire non? :P  Cette liste-là, je la tiens en version informatique, moins long à compter: si j'ajoute un livre, le chiffre à la fin changera, même chose si j'en enlève un!  Cette liste est plus récente.  Et comme c'est un fichier que j'ajuste en continu, je ne prends que rarement le temps de le vérifier à fond.  C'est plus utilitaire qu'autre chose.  C'est grâce à lui que je sais où en sont mes tendances d'écureuil des livres.

Comme une PAL numérique prend pas mal moins de place qu'une PAL en papier, j'ai aussi fait une petite liste à part pour mes livres numériques.  Ceux-là aussi sont confondus dans ma LAL, mais bon, j'ai fait une différence dans mes PAL!  Le numérique est quand même récent dans ma vie, alors j'ai décidé de le mettre à part.  D'autant plus que je pense que je capoterais s'il fallait que je mêle les deux: en une virée internet, je peux télécharger une dizaine de livres numériques.  L'écureuil de PAL deviendrait fou à l'idée de voir grossir sa PAL aussi vite d'un coup!

Et voilà que je me suis rendue compte depuis quelques mois que j'ai maintenant une nouvelle liste, sans même que j'en prenne la résolution réelle et raisonnée: la LLA.  La Liste de Livres à Acheter.  Je suis depuis fort longtemps sensible au fait que les auteurs touchent un petit pourcentage de leurs ventes de livres et j'essaie toujours de les encourager autant que possible.  Bon, j'ai un budget à respecter, comme pas mal tout le monde, n'empêche, j'essaie d'encourager le plus possible les auteurs que j'aime.  Sauf que là, certains publient plus vite que leur ombre...  Alors, je note.  Sans m'en rendre compte, j'ai commencé une nouvelle liste.  Celle-là, je ne l'inscrirai jamais sur mon blogue, c'est sûr.  Elle figure dans mon panier sur leslibraires.ca.  Y figure toute une série de livre que je voudrais acheter.  Souvent des suites de livres que j'ai commencé.  Bon, comme j'aime beaucoup la BD, c'est surtout ces livres-là qui y figurent, comme un petit rappel que de bonnes lectures m'attendent par là...  Tranquillement, je les achète, complète mes séries, souvent au fruit d'un débat entre ma conscience et mon envie (l'envie gagne plus souvent, la conscience est pas bien lourde face à des livres!).  Je les achète en librairie seulement, même si je suis très heureuse du volet internet des librairies, j'aime encore mieux aller encourager les gens que je connais.  Et comme je passe de toutes façons mon temps dans les librairies, ce n'est pas trop dur d'en trouver une qui a le livre que je souhaite avoir!

Encore une liste...  Non, je n'ai pas encore lu L'art des listes de Dominque Loreau.  Je devrais peut-être m'y mettre...

@+ Mariane

mardi 18 mars 2014

La reine Margot de Michèle Laframboise

La reine Margot  Michèle Laframboise  Vents d'ouest  300 pages



Résumé:
Marguerite-Anouk Morand a 14 ans et vit au Centre Baptiste.  Surnommée la reine Margot à cause de sa passion pour la lecture, elle vit pourtant en sursis: elle est atteinte de leucémie.  Sauf que cette jeune férue de romans policiers comprend bientôt que l'enquête pourrait bien sortir de ses livres.  Un ange de la mort, qui s'arroge le droit de mettre fin aux jours des patients gravement malade, frappe tout près d'elle.  Même avec son éternel poteau de sérum qu'elle traîne partout, même avec ses forces réduites à cause des traitements de chimiothérapie, la reine Margot, comme l'héroïne de Dumas, va faire face.  Car des vies innocentes sont en jeu.  Gravement malades certes, mais toujours bien vivantes!

Mon avis:
J'ai été agréablement surprise par ce petit polar pour ados.  L'intrigue y est diablement bien menée.  Moi qui habituellement n'accroche que peu aux intrigues policières, cette fois, j'avais vraiment envie de lire la suite!  Pas tant pour savoir qui était le meurtrier que parce que j'étais prise dans le récit.  Cette petite Margot, atteinte du cancer, mais battante malgré tout, est terriblement attachante.  On la suit dans les corridors de l'hôpital.  Le spectre de la mort plane sur elle, mais elle reste dans le présent, dans le positif.  Ce n'est pas du tout triste.  Elle est courageuse et ça se sent.  On comprend bien l'univers hospitalier à travers elle et à travers le personnage de son médecin, la Dr Magloire.  On se sent à l'hôpital avec elles deux.  Avec toute la faune colorée, les habitudes des membres du personnel , des malades et de l'équipe d'entretien que cela suppose.  Je ne peux pas dire que l'on sentait vraiment la tension due à la présence du meurtrier, ce death angel qui s'arroge le droit d'abréger les souffrances des patients gravement malade, mais tout de même, cet élément était là.  On suit Margot à travers son journal, de date en date.  Elle qui tente de garder le plus d'autonomie possible, malgré son corps si faible.  Même si ce n'est pas la partie à laquelle j'ai le plus adhéré, l'intrigue policière proprement dite est bien menée.  J'ai été très surprise de connaître l'identité du meurtrier, c'était glissé très subtilement dans l'histoire.  Pour l'âge, c'est clairement de la littérature pour ados, mais bien faite, bien menée, du genre qui ne prend pas les jeunes pour des idiots.  On y aborde beaucoup de sujets par la bande, le financement des hôpitaux, les gestionnaires qui se prennent pour des roitelets et les médecins qui ne sont pas mieux que le reste de la population.  Belles thématiques!  Par contre, j'ai relevé plusieurs erreurs dans le texte, des répétitions d'expressions, des petites incohérences.  Rien qui aurait résisté à une bonne révision, mais hélas, ce n'est pas le cas.  Dommage, parce que pour le reste, le livre est de bonne qualité.

Ma note: 4.5/5

Je remercie l'éditeur pour ce service de presse.

lundi 17 mars 2014

Être payé pour lire

Salut!

Si lecteur était un métier payé, je crois que l'offre dépasserait largement la demande pour ce genre d'emploi!  Non, mais qui ne rêverait pas de ce traitement de luxe?  Payer à plonger le nez dans un livre, bien installé chez soi, tranquille?  Se délecter d'histoires à n'en plus finir!  Wow, le paradis!  Peut-être pas...

Il y a des métiers qui exigent de lire des livres.  Parlez-en aux journalistes!  Les livres qu'ils lisent ne sont pas vraiment leur choix.  Ils lisent des livres parce qu'ils doivent faire une entrevue avec l'auteur ou préparer un article sur le sujet.  L'une d'entre eux m'a même avoué qu'ils faisaient souvent une lecture en diagonale des livres parce qu'ils n'avaient pas le temps de tout lire au rythme où fonctionne la profession journalistique de nos jours.  Surtout quand il s'agit d'essais!  Imaginez-vous lire trois ou quatre livres denses par semaine, en plus des dossiers de presse, des réunions, des imprévus, sans parler du boulot proprement dit, soit la rédaction ou l'émission, qu'elle soit radio ou télé!  Ouf, certes, ces gens sont payés pour lire, mais est-ce si agréable?

Pensez aussi aux critiques!  Ils doivent lire beaucoup, en peu de temps et souvent une grande variété d'ouvrages.  Pas nécessairement ceux dont ils ont envie encore une fois, mais ils doivent lire et finir les livres.  Même ceux qu'ils trouvent plates à mort.  Même ceux dont ils trouvent dès les premières pages qu'ils auraient mieux valu qu'ils restent à l'état de manuscrits.  Ensuite, ils doivent en parler, même s'ils ont trouvé leur lecture ordinaire au possible et qu'elle leur est sortie de la tête à peine la dernière page tournée.  Lire en notant mentalement les points forts et les points faibles d'un livre, parce que pour faire une critique, il faut avoir ça en tête quelque part en cours de lecture.  Donc, oui, on lit, mais avec le même esprit léger que lorsqu'on lit uniquement pour nous même?  Pas sûr!

Oh et les plus courageux sans doute: les lecteurs pour les maisons d'éditions.  Pour l'avoir déjà fait, je peux le dire, c'est à la fois un très beau métier... et un moins beau!  On a dans ce fauteuil le choix de pousser un livre que l'on a adoré, mais aussi l'obligation de se taper un grand nombre de livres qui ne figurent pas dans cette catégorie.  Des livres mal écrits, des intrigues grossières, des personnages grossiers, des énigmes que l'on perce en quelques pages, des copies quasi-conformes de d'autres histoires que l'on reconnaît même si les noms et les situations ont été changées...  Et j'en passe.  Ce sont souvent des lectures de débroussaillage.  Des livres qui sont lus, oui, mais c'est à cette étape que l'on fait le gros du tri.  Si vous croyez que des livres pourris se retrouvent sur le marché, attendez de voir ce qui se retrouve à l'étape d'avant!  On devient beaucoup plus humble face à ce qui se retrouve sur le marché par la suite.  

Il y a des métiers qui exigent de lire, c'est sûr et certain.  Il y en aura toujours.  Mais ils sont en définitive beaucoup moins glamour que ce que l'on pourrait penser de prime abord.  Lire est avant tout un loisir pour beaucoup de gens.  Transformer ça en travail signifie faire le deuil de plusieurs petites choses: la liberté de lire ce que l'on veut, le droit d'arrêter un livre qui nous ennuie, le choix de lire ou non certains jours.  Mine de rien, ça paraît beaucoup.  On a beau être passionné des livres, l'obligation peut être très dure à certains moments.  Je rêve quand même d'un boulot qui me permettrait de lire autant que je le voudrais.  Ne serait que pour ne plus avoir à chercher du temps pour lire! ;)

@+ Mariane


vendredi 14 mars 2014

On s'amuse: Jeu des descriptions de personnages

Salut!

De retour avec un nouveau petit jeu.  Je vous mets la description d'un personnage, tel qu'écrit dans le livre d'origine et essayer de trouver de qui il s'agit.  La personne qui réussira à tous les trouver aura droit à...  toute mon admiration!  Prenez note que j'ai pris la peine d'enlever les noms des personnages s'il y en avait dans l'extrait. ;)

1- «Mais voilà comment elle serait apparue aux yeux d'un observateur ordinaire: une enfant d'environ onze ans, affublée d'une robe très courte, très serrée, très laide, d'une tiretaine d'un gris jaunâtre.  Elle portait un chapeau de marin d'un brun passé, et sous ce chapeau, dégringolant jusqu'au milieu de son dos, émergeaient deux tresses très épaisses, d'un roux éblouissant.  Son petit visage, pâle, émacié, était constellé de tâches de rousseur; elle avait une grande bouche et de grands yeux qui oscillaient du vert au gris selon la lumière et son humeur.»

2- «Sa tête était faite d'un petit sac bourré de paille; des yeux, un nez et une bouche avaient été peints dessus pour représenter le visage.  Un vieux chapeau pointu bleu, qui avait sans doute appartenu à quelque [xxx], était perché sur sa tête, et le reste de sa silhouette était constitué d'un costume bleu, usé et défraîchi, qu'on avait également bourré de paille.»

3- «Au milieu de ces groupes allait et venait , la tête légèrement inclinée et l'oreille ouverte à tous les propos, un jeune homme de dix-neuf ans, l'oeil fin, aux cheveux noirs coupés très court, aux sourcils épais, au nez recourbé comme un bec d'aigle, au sourire narquois, à la moustache et à la barbe naissante.»

4-«C'était un étranger de bonne taille, jeune d'âge, paqueton au dos, qui demandait à manger.»

5- «Son teint, à la fois blanc et mat était celui dont parle si bien [...] incarnait à la perfection la beauté nippone, à la stupéfiante exception de sa taille.  Son visage l'apparentait à «l’œillet du vieux Japon», symbole de la noble fille du temps jadis: posé sur cette silhouette immense, il était destiné à dominer le monde.  

Bonne chance!

@+ Mariane

mercredi 12 mars 2014

Fragments d'un instant: Sur le sol

Cet arbre a les racines près du sol, pas au-dessus.  Comme rentré dans l'herbe, comme lançant ses racines à l'assaut.  De qui, de quoi?  Va savoir!  Elles sortent à peine de terre, veines grises affleurant le sol.  Courant comme une toile d'araignée autour de son tronc.  Trace fendant le sol, le marquant.  Comme les veines bleus des vieillards sur leur peau parcheminé.  La peau de ces racines est un tapis d'herbe coupé ras, entourant chacune des bandes grises d'un festoyant vert plein de vie.  Ce ne sont que les racines de cet arbre qui sont étranges.  Pour le reste, c'est un arbre bien ordinaire.  Ses feuilles affleurent le ciel, encore vertes, mais pas pour longtemps.  Son écorce est d'un gris tirant sur le brun, craquelée comme un vieux parchemin.  La couleur d'un tronc qui a vu de nombreux hivers et autant d'été.  Érable?  Non.  Dur à dire, je ne suis pas experte dans ce domaine.  Je sais juste que là, dans la lumière du soleil couchant, cet arbre semble porter une aura.  Comme un mystère.  Comme un arbre que l'on pourrait trouver dans un film à l'ambiance sinistre.  Je dirais plutôt qu'il s'attache à la terre de toute la force de ses racines, parce que rien d'autre ne l'y rattache.

9 décembre 2013

Deux traces parallèles, sur le sol.  Deux sillons qui mènent à l'infini, fait de reflets de diamants dans le soleil.  Ce sont des gouttes d'eau.  À distance, on ne dirait pas.  On penserait plutôt que le sol est couvert de joyaux irisés qui scintillent et blessent le regard par ses reflets.  Viens une voiture, qui coupe le champ étincelant.  Quelques instants seulement.  Ses pneus sales ont laissé une traînée grisâtre, qui tranche sur le reste du bitume où miroite toujours le soleil.  C'est comme ça sur la route, un instant, on dirait  une merveille et l'autre, tout est sale.  L'eau et le sable mêlés forment la boue.  C'est uniquement lorsque tout est calme que le soleil s'en mêle et transforme en beauté ce qui autrement n'est que saleté.  

26 décembre 2013

Des toiles d'araignées, des dessins grotesques, des traces noires sur la blancheur du sol.  Que veulent dire ces messages éphémères tracées par les roues des voitures sur la neige fraîche? Rien du tout?  Sans doute.  Pourtant, il me semble parfois y voir quelque hiéroglyphe, quelque message secret, quelque code, destiné à des êtres célestes moins qu'à de vulgaires satellites.  C'est sans doute mon imagination qui me joue des tours, mais en voyant toutes ces traces, parfois, je ne peux m'empêcher de penser aux immense glyphes de Nazca, couvrant des kilomètres de désert.  Là aussi, du sol, on ne distingue rien.  Il faut s'élever pour comprendre le message.  Si on les regardait du ciel, les cours enneigées fréquemment utilisées nous raconteraient sans doute d'étranges histoires.  Si on savait les voir.  

4 février 2014

Deux traces parallèles.  Deux traces côte-à-côte, toujours à égale distance.  Que ce soit dans la neige fraîchement tombée, dans la poussière d'une route menant à la ruée vers l'or, dans la boue d'un chemin de campagne, ou simplement deux traces sans fin tracées par le passage sans fin par le passage infini de véhicules.  Toujours deux traces, deux lignes droites.  Ce sont des traces de passages.  Des traces de voitures le plus souvent, autrefois de carrioles.  On n'y songe pas, mais ces traces sont des éternelles solitaires.  Qui a-t-il de plus triste de savoir que jamais, au grand jamais, ces deux traces, faites par des milliers de pneus, ne se rencontrerons jamais?

8 mars 2014

lundi 10 mars 2014

Donc, si je résume...

Salut!

L'autre jour, je discutais avec une auteure qui me disait à quel point elle appréciait que des libraires soient capables de vendre ses livres parce qu'elle-même trouvait cela difficile.

-Quand je vais dans un salon du livre, juste l'idée de devoir résumer mon livre, c'est l'enfer!

Mes oreilles étaient grandes ouvertes pour la suite.

-Pour moi, mon livre, c'est un tout, j'ai du mal à couper dans les détails pour le raconter en bref!

Intérieurement, j'ai souri.  Pour un libraire, savoir résumer une histoire en quelques brèves phrases est l'une des clés du métier.  Les clients n'ont pas des heures à nous consacrer après tout!  Ils veulent avoir une idée de quoi parle le livre, mais sans se le faire raconter au complet.  D'ailleurs, je me suis fait à quelques reprises couper le sifflet parce que j'en disais trop!  Il faut savoir raconter l'histoire en surface, mais pas seulement.  Si ce n'était que ça, ce serait facile!

Résumer un livre, c'est à la fois raconter l'histoire et donner envie de le lire.  Et ça, en direct, avec quelqu'un devant soi.  Il faut savoir choisir les mots, surveiller les réactions de la personne devant nous et savoir s'adapter.  Ainsi, on ne résumera pas exactement de la même façon un livre pour un homme que pour une femme.  L'essentiel sera là, mais il y aura des différences, subtiles, mais réelles.  Même chose pour l'âge ou encore, si on s'adresse à une personne qui lit beaucoup (ici, mettre des références à d'autres livres!) ou qui lit peu.  Ou encore à une personne qui cherche un livre pour quelqu'un d'autres qu'elle-même.

Si on dit, résumé neutre:
Dans un quartier ouvrier de Montréal, aux premiers jours de la Deuxième Guerre mondiale, une jeune femme, pauvre et soutien de famille à cause d'un père de famille incapable de prendre ses responsabilité, tombe amoureuse d'un jeune homme ambitieux.  Celui-ci poursuit des études d'ingénieur par correspondance et cherche lui aussi à échapper à sa condition ouvrière.  Un autre jeune homme, plus privilégié, tombe aussi amoureux de la même jeune femme, mais sans que cela soit réciproque.

Par exemple, si je résume un livre pour une femme (Au sens large!):

«Ce livre parle d'une femme dans un quartier ouvrier de Montréal dans les années 40.  Elle vit dans la pauvreté et voudrait s'en sortir, mais elle tombe amoureuse du mauvais gars qui la plante là pour poursuivre sa carrière.»

Pour un lecteur aguerri:
«L'histoire se passe dans le quartier St-Henri à Montréal en pleine Deuxième Guerre mondiale.  Une jeune femme, soutien de famille, cherche à se sortir de la pauvreté par un bon mariage, mais elle tombe sur un gars qui pense avant tout à s'élever lui-même dans la hiérarchie sociale et dont elle va tomber amoureuse.»

Pour un homme (Au sens large encore!)
«Ce sont deux hommes dans le Montréal ouvrier des années 40, l'un d'entre eux est relativement à l'aise et l'autre très pauvre, mais ambitieux.  Ils tombent tous les deux amoureux de la même femme qui cherche à se sortir de la pauvreté par le mariage.»

Le livre dans les cas?  Bonheur d'occasion de Gabrielle Roy.

Les clés sont les mêmes dans tous les cas: une jeune femme (personnage principal) qui vit à Montréal (situation géographique) dans un quartier ouvrier (situation sociale et économique) et cherche à se sortir de la pauvreté (but) par le mariage (moyen).  C'est la base de l'histoire, le squelette.  Le reste des éléments font partie de l'histoire bien sûr, mais c'est au lecteur de les découvrir.  Parce qu'il y aura toujours une étincelle, une partie de l'histoire qui accrochera toujours plus le lecteur dans le résumé que l'on fera.  Le reste, ce n'est pas nécessaire d'en parler à ce stade-ci; ça fait partie des joies de la lecture que de le découvrir par soi-même!

Attention, ici, je ne parle pas de vendre un livre à gros traits peu importe ce qu'il est sans prendre le temps de savoir s'il colle au lecteur auquel on l'offre.  J'ai déjà dit à un client de ne pas prendre tel ou tel livre parce qu'après discussion, je me rendais compte que cela ne conviendrait pas pour lui.  Ok, une histoire d'amour peut paraître universelle, mais il y a une différence si c'est Sylvia Day ou Nancy Huston qui l'écrit!  Le résumé aurait alors été plus ou moins le même, mais le rendu à la lecture très différent.

Résumer est un art en soi.  Quand je pense résumé, je pense encore à ma prof d'histoire du Canada avant la Confédération qui nous disait sans arrêt: «Mettez un mot par paragraphe, pas plus.  Vous devez saisir en un mot ce qu'il dit, l'idée de base, sans ça, vous en mettez trop!».  J'ai pesté contre elle à l'époque, mais elle avait raison: la base du résumé, c'est de saisir de quoi le livre parle.  Il faut alors aller vers des images fortes et des mots marquants.  Le résumé n'est pas l'endroit idéal pour les idées subtiles.

Pour un libraire, résumer un livre est une invitation, une porte ouverte vers un livre.  Il faut en dire assez, mais pas trop, parce que le but, c'est de pousser une personne à plonger vers les pages d'un nouvel univers.

@+ Mariane

jeudi 6 mars 2014

Avis de décès de Daniel Naud

Avis de décès  Daniel Naud  Perro Éditeur  242 pages


Résumé:
Mortellement ennuyante la vie de croque-mort?  Daniel Naud vous fera jurer du contraire!  À travers une série d'histoires, cocasses, tragique ou simplement peu ragoûtante, il nous amène derrière le rideau du salon funéraire, là où le commun des mortels n'aiment pas trop aller.  Les cadavres?  Aucun problème pour lui, ils ne sont pas très dérangeants.  Tout le contraire des vivants...

Mon avis:
Précieux.  C'est le terme qui convient bien à l'écriture de cet auteur qui multiplie les adjectifs qualificatifs tout au long de ses aventures funéraires.  Pas loin du pompeux et on ne s'y habitue pas vraiment tout au long du livre.  Un brin énervant même à la longue.  Cela enlève du charme aux histoires qu'il raconte parce qu'au final, la vie de croque-mort regorge d'anecdotes!  Le livre est séparé en chapitre racontant chacun un événement en particulier.  Certains d'entres eux sont franchement dégoûtant (aller chercher un cadavre qui est resté enfermé à la chaleur torride pendant quelques semaines...) d'autres racontent les innombrables situations dans lesquelles un thanatologue peut intervenir pour aller chercher un corps.  Très intéressant.  L'auteur laisse beaucoup de place à la Mort, qu'il marque d'ailleurs d'une lettre majuscule tout au long du livre.  On voit la place que celle-ci occupe dans la vie de l'auteur.  Comme pour les adjectifs, il en fait un peu trop, mais ça se tolère mieux vu le sujet.  Un petit livre intéressant parce que tout se passe dans les morgues de notre coin de la planète, mais rien de véritablement marquant.

Ma note: 3/5

Je remercie Perro éditeur pour ce service de presse.

mardi 4 mars 2014

Olympe de Gouges de Catel et Bocquet

Olympe de Gouges  Dessins de Catel Muller  Scénario de José-Louis Bocquet  Collection Écritures  Casterman  489 pages


Résumé:
En plein XVIIIe siècle naît une petite fille, enfant de l'amour.  Sa mère, déjà mariée, elle sera nommé du nom de son beau-père: elle s'appellera Marie Gouze.  Bientôt veuve, sa mère continue de fréquenter son père naturel jusqu'à son remariage.  Elle-même mariée à dix-huit et vite mère, Marie sera rapidement veuve.  Désormais libre d'elle-même, elle choisit de ne pas se remarier, mais prend tout de même un amant pour lui assurer des revenus réguliers.   Elle le suit lorsqu'il est appelé à Paris et entreprend par une suite de hasard une carrière dans les lettres.  Dans cette France marchant à grands pas vers la Révolution, celle qui se fait maintenant appeler Olympe de Gouges fera son chemin parmi les plus grands esprits du siècle: Franklin, Danton, Condorcet, Marat, Robespierre.  Femme de lettre, elle sera auteure de théâtre, mais également pamphlétaire et mettra à l'honneur une valeur bien autrement révolutionnaire que celle des députés des États-Généraux: l'égalité entre les hommes et les femmes.

Mon avis:
Fiou!  Une biographie en bande dessinée qui se lit comme un roman d'aventure.  Aventures intellectuelles, il faut le dire, mais qu'importe, la vie d'Olympe de Gouges a tout d'un roman!  Enfant naturelle d'un poète, mère mariée à un autre, la fillette se distinguait dès le départ:  son histoire était particulière et elle restera toute sa vie un peu en dehors des normes.  Mariée jeune et presque aussitôt veuve, elle élèvera seule son fils, menant sa vie de son propre chef.  Elle aura des amants, beaucoup d'amis, mais surtout une volonté affichée de suivre sa propre route.  Olympe fera le choix de se lancer dans une carrière littéraire.  Elle n'a pas, comme dans de trop nombreux romans biographiques, un but au départ.  Erreur fréquente que de regarder les débuts à la lumière de la fin.  Car il n'y a pas de ligne droite dans son cheminement: elle avance selon les événements.  Personne n'aurait pu croire que la Révolution mènerait à la Terreur et que les modérés seraient exécutés.  Et si la plupart désirait le changement, tout le monde a pris un train en marche sans savoir jusqu'où il irait.  C'est dans la tourmente que tous devront prendre des décisions qui les mèneront soit à la vie, soit à la mort.  Olympe de Gouges est une femme qui a ses idées et veut les défendre, mais ce n'est pas une intégriste.  Elle croit en certains sujets, mais n'est pas du genre à mettre de côté des gens en désaccord avec les siennes.  Elle préfère le débat, le choc des idées, sans les attaques personnelles.  En ce sens, elle est très moderne dans une époque qui n'a pas brillé pour sa souplesse envers les idées différentes.  Cela la mènera d'ailleurs à l'échafaud.  On ne peut qu'avoir de l'admiration envers le dessinateur Catel en voyant cette BD: il sait faire évoluer les personnages de ses personnages, souvent de l'enfance à l'âge adulte en souplesse.  Lentement, les traits se modifient, on voit le temps passer sur eux.  En plus des détails des toilettes, des coiffures qui se modifient selon la mode de l'époque.  Certains scènes, incluant celle où Olympe se fait coiffer par un perruquier noir doivent avoir demandé des heures et des heures de recherche.  Les arrières-plans tout autant que les avant-plan sont aussi finement travaillé.  Que du boulot!  En plus, la totalité des dessins sont en noir et blanc.  Je n'ose me demander le nombre d'heures d'encrage qu'a demandé un tel album!  Ici, le dessin et le scénario s'épouse pour donner une BD de grande qualité, avec un sujet extrêmement bien traité.  Magnifique.

Ma note: 4.75/5

lundi 3 mars 2014

Des personnages ordinaires qui deviennent extraordinaires

Salut!

Qu'est-ce qui est au fait plus ordinaire qu'une chicane de famille?  Qu'est-ce qui est plus ordinaire qu'une femme au foyer, prise dans son quotidien, dans ses petites manies, ses petites faiblesses, mais aussi ses grands états d'âme?  Pourtant, sous la plume de Michel Tremblay, une telle femme devient un personnage extraordinaire.  Presque une amie d'une certaine façon, tellement on se sent proche d'elle.  D'autre autre façon, c'est un personnage de roman, un vrai, un grand.  Cette personne, c'est la mère de Michel Tremblay, une femme bien ordinaire si on y pense bien, mais auquel il a su donné un souffle, une amplitude et une aura qui va bien au-delà de ce qu'elle a été comme personne.  Ce personnage a toutes les richesses des personnages forts de la littérature: le caractère, la personnalité, la force intérieure, l'éloquence.  Pourtant, cette femme a essentiellement vécu dans un petit appartement d'un quartier ouvrier, une vie simple, monotone on pourrait dire.  C'est l'auteur qui sait faire de petits événements du quotidien de grands moments de vie.

J'aime ces auteurs qui nous font voir les petits détails de la vie d'une autre façon.  J'aime les auteurs qui savent conter le quotidien comme pas un.  J'aime ces auteurs qui en nous racontant la vie de l'épicier du coin, nous raconte en même temps tout le quartier.  Cet homme qui promène son chien tout les matins, on nous fait découvrir que sous sa timidité se cache un amoureux de la philosophie qui regarde le monde à travers ce qu'il a appris avec Kant, Marx et Platon.  Cette femme immigrante, voilée, discrète, que les gens voient en femme soumise, mène son ménage à la baquette, citant pêle-mêle le Coran, sa grand-mère et le président Obama pour asseoir son autorité.  Ces personnages, qui sous la plume d'une autre personne ne serait que des figures secondaires, deviennent des acteurs de drame ou de comédie.  À quoi tient ce petit miracle?

Je crois que c'est la finesse de l'observation qui permet de faire jaillir l'extraordinaire de l'ordinaire.  Une femme marchant dans la rue est banale, sauf si on l'observe attentivement: elle a une démarche qui lui est propre, ses vêtements parlent, tout comme sa coiffure, son allure, son attitude.  Et dans ces petits détails, on peut trouver les éléments propres à raconter une histoire.  On peut faire de cette femme une personne unique.  Et quand une personne devient unique, elle se pare de tous les attributs d'un personnage de roman.  Nul n'est plus étrange, divertissant, inquiétant ou drôle qu'un élément dont on se sent proche.  Que l'on reconnaît pour l'avoir déjà connu ou vécu.

Je reconnais que les personnages qui sont confrontés à des événements plus grand qu'eux-mêmes sont vraiment intéressant.  À travers eux, on peut vivre des aventures que jamais on ne vivra dans la réalité.  Que ces aventures se passent dans une contrée imaginaire, dans l'avenir, ou sur notre bonne vieille terre.  Se dépasser à travers un personnage, c'est un peu se dépasser soi-même.  On n'en sera pourtant jamais aussi proche que l'on peut l'être d'un personnage qui nous rappelle notre mère ou notre grand-père: ceux-là sont du connus et donc, on peut s'y identifier beaucoup plus facilement.

Les auteurs qui puisent dans leur quotidien, dans la vie qui les entourent et dans les petites aventures et mésaventures que l'on vit chaque jour montre une autre facette de nos vies.  Là où certains voient ennui, routine et grisaille, ils y remarquent l'étincelle qui transforme tout, qui fait d'un petit déjeuner un événement sortant de l'ordinaire, même s'il a lieu chaque matin.  Parce qu'ils habillent tout, de la coiffure, des gestes aux saveurs, aux odeurs et à la lumière d'une douceur et d'une couleur qui nous rend le tout familier et suave.  Et qui font de gens ordinaires, de ceux qui ne feront jamais les grands titres et qui ne seront jamais couverts de gloire, des êtres que l'on aime pour ce qu'ils sont, avec leurs forces et leurs faiblesses.  Et peut-être justement surtout grâce à leurs faiblesses qui les font passer de l'état de nature... à plus grand au fond, que nature.

@+ Mariane