lundi 31 décembre 2012

Bilan 2012

Salut tout le monde!

Hé oui, tradition de mon blogue, celle de faire mon bilan de fin d'année!

Primo, il faut le dire, il me semble que 2012 a été une année en demie-teinte.  J'ai lu autant que d'habitude, mais j'ai eu moins de plaisir à lire que d'autres années.  Ça s'est reflété sur ma régularité en temps que lectrice: j'ai eu trois pannes majeures en cours d'année et il me semble qu'elles ont été plus dures que d'autres années.  Pas la meilleure année en lecture donc!

Hiver:
Sans conteste, ma découverte de l'hiver aura été la trilogie du Grand cahier d'Agota Kristof.  Une écriture sobre, mais une histoire râpeuse qui remet en question beaucoup de nos idées sur le genre humain.  Également, le diptyque du Prix de la magie de Kathleen Duey (le troisième tome n'est pas encore sorti), une histoire fantastique pour adolescent hors-norme et vraiment très bien écrite.  Fascinant.  Et côté science-fiction, j'ai adoré Halo, la saga des forerunners, dont le premier tome, Cryptum, m'a fait oublié le froid de février.

Printemps:
J'ai découvert l'oeuvre originale de V pour Vendetta, scénarisé par Alan Moore et dessiné par David Lloyd, dont l'adaptation cinématographique figure dans mon top 10.  Encore plus sombre que le film, comme si c'était possible.  Décapant en tout cas!  Côté québécois, j'ai adoré le Seki, premier tome d'Averia de Patrice Cazeault, une très belle excursion dans un univers de science-fiction bien construit.  J'ai également lu beaucoup de romans d'horreur pour les jeunes, de quoi me donner de petits frissons à la lecture... mais pas m'empêcher de dormir par contre!

Été:
Sans conteste, la découverte des Clowns vengeurs a été un élément important, la clé d'entrée dans cet univers ayant été Les couloirs de l'éternité de Jonathan Reynolds.  J'ai poursuivi la lecture des autres tomes de cette série tout au long de l'année.  Autre mention, Le testament du Pr Zuckerman de Francis Malka.  Après La noyade du marchand de parapluie, deuxième livre en deux que j'adore de cet auteur.  Laissez-moi vous dire que je vais le surveiller encore!  Autre belle découverte: La sélection de Kiera Cass, une dystopie un peu rose bonbon, mais vraiment très efficace.  Également à mettre au rayon des découvertes, mais dont je n'ai pas pu lire la suite, le premier tome de Mass Effect.  Ayant depuis joué au jeu, je peux garantir que l'univers est bien respecté.  C'est aussi au début de l'été que le numérique est entré dans ma vie sous la forme de la Bête.  Ça a diversifié mes lectures d'un côté et de l'autre, ça n'a pas changé grand chose!

Automne:
Lu quatre autres Clowns vengeurs cet automne, de quoi me sustenter largement?  Que non, j'ai lu mon sixième opus des Odi-Menvatts dernièrement!  J'ai également «lu» mon premier livre audio, soit Rose de Tatiana de Rosnay, ma première BD en anglais, X'out de Charles Burns et l'horrible Cinquante nuances de Grey de E.L. James.  À noter également, le superbe mais difficile Anima de Wajdi Mouawad, une lecture qui explore le côté sombre des secrets de famille.  Et puis, coup sur coup, deux coups de coeur: Un ange cornu avec des ailes de tôle de Michel Tremblay et Regarde-moi de Natasha Beaulieu.  Voilà de quoi bien finir novembre!  Quoique après ça, décembre a été bien fade...

Pour mon blogue, je m'étais fixée deux objectifs pour cette année, mais des objectifs que je ne contrôlais pas vraiment: je voulais atteindre le 90 000 visites (Atteint!) et avoir au moins 50 membres inscrits (Atteint également).  Ce sont deux petits objectifs de blogueuse que je suis vraiment très heureuse d'avoir réussi.  Je suis très heureuse de la manière dont roule ce blogue.  Ça demande vraiment beaucoup de boulot, mais c'est super le fun!

Maintenant, bilan de mes résolutions pour 2012:

1-Lire 5 biographies durant l'année (5/5)
Fait!  J'ai lu une biographie de George VI et la reine Élisabeth, une de Lionel Logue (L'orthophoniste de George VI), une de Louis Riel, une d'Elizabeth II (J'étais branchée famille royale anglaise!) et une de Coco Chanel.

2-Lire 3 classiques de la littérature québécoise (Publié avant 1960) (3/3)
Lu Le survenant, Les Anciens Canadiens et Trente Arpents.  Beaucoup aimé le premier, moins les deux autres!

3- Lire au moins un de ces deux pavés: Le Décaméron de Jean Boccace ou Les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer.
Résolution abandonnée.  Ça m'a coûté une panne de lecture ces trucs-là!

4- Lire 5 essais (5/5)
Réussi!  Avec 5 très bons essais, dont Comme un roman de Daniel Pennac que j'ai adoré.

5- Lire un Jules Verne dans l'année. (1/1)
Fait.  Et en numérique en plus!

6- Défi voyage: Lire un livre provenant et écrit par une personne des pays/régions suivantes: Chine, Russie, Monde arabe et Afrique noire. (3/4)
Il me manque l'Afrique noire au final!

7- Découvrir les trois auteurs suivants que je n'ai pas encore lu: Charles DickensIan McEwan et Michel Tremblay. (2/3)
Charles Dickens et Michel Tremblay figure désormais parmi les auteurs que j'ai lu, mais pas Ian McEwan. J'ai essayé, mais je n'étais pas dans une bonne période pour le découvrir!

Bref, il ne me manque que 2 résolutions.  Quand même pas si mal!

Demain, celles de 2013! ;)

@+ Mariane

jeudi 27 décembre 2012

Les guerriers de Karok de Nancy Paquin

Les guerriers de Karok  Nancy Paquin  Des Immortels  495 pages

Résumé:
La fausse Cassandre démasquée, Nicolas se hâte d'aller chercher Élie à Amqui où elle s'est réfugiée.  Entre la messagère et le combattant, les sentiments sont plus forts que les prophéties.  D'autant qu'avec l'arrivée prochaine de l'Année du Démon, Élie, Nicolas et tous leurs amis sont moins que jamais à l'abri du danger.

Mon avis:
Suite de La messagère, dont j'ai mis la critique plus tôt ce mois-ci, cette série est à classer dans la catégorie, ce n'est pas excellent, c'est même plein de défauts... mais on ne le lâche pas!  On est dans le romantique fantastique, mais ce n'est pas la raison qui a fait que j'ai accroché.  Au nombre de livres que j'ai tiré au bout de mes bras à cause d'amoureux imbéciles, celui-ci aurait dû rejoindre le tas si ça n'avait été que ça.  D'ailleurs, les innombrables disputes-réconciliations qui sèment le livre avaient le don de me taper sur les nerfs.  Heureusement, l'intrigue fantastique est prenante, à défaut d'être bien construite.  On veut savoir la suite.  Par contre et c'est dommage, cette série manque de beaucoup de choses.  La psychologie de trois des personnages de la bande est réduite à celle de poteaux dans le décor et certains éléments de l'univers fantastique sont peints à tellement gros traits que ça en est caricatural.  Et j'ai tiqué d'innombrables fois à des différences dans les niveaux de langages au sein d'un même paragraphe.  C'est récurrent avec le premier tome et honnêtement, ça m'a agacée à plusieurs reprises.  Élie et Nicholas sont deux personnages intéressants et bien étoffés, ce qui les rend attachants, Kate et Jessica aussi, mais les autres...  Et honnêtement, j'ai engueulé tout ce beau monde pour n'avoir pas compris ce que la majorité des lecteurs avait pigé à la moitié du premier tome.  Faut-il être aveugle parfois!  Malgré tout, il y a une petite magie, une alchimie, qui fait que l'on accroche au livre malgré ses défauts.  C'est intéressant, imparfait, mais intéressant et oui, je vais lire le troisième tome.  Par contre, je crois que ce genre de livres est plutôt fait pour les fans de romans fantastique d'amour à la Twilight que pour les fans de fantastique tout court.

Ma note: 3.25/5

Je remercie les Messageries de presse Benjamin et plus particulièrement Jocelyn pour ce service de presse.

mercredi 26 décembre 2012

Les livres qui ont fait vibrer des générations de lecteurs

Salut!

Je me rappelle très bien, étant adolescente, avoir un jour débarqué à la table du souper pour raconter à tout le monde, entre deux bouchées de spaghetti, ma dernière lecture en date: Vingt-mille lieues sous les mers de Jules Verne.  Et mon père de s'exclamer:

-Ah oui, je me rappelle, j'ai lu ça quand j'étais jeune!

-????

Quoi, mon père avait déjà lu autre chose que des manuels d'électroniques!  Ou des traités d'astrophysique qui me faisaient fuir à cause des maths (jamais aimé les maths moi!).  Il a lu Jules Verne lui aussi!  Et à peu près au même âge que moi en prime!  Wow!  J'ai fait ce jour-là une découverte stupéfiante sur mon paternel.

Néanmoins, c'est en lisant Un ange cornu avec des ailes de tôle de Michel Tremblay que cette anecdote m'est revenue en mémoire et m'a rappelé cette anecdote.  Et j'ai alors compris: il y a des livres qui ont fait vibrer des générations de lecteurs.  Et qui ont encore un très bel avenir devant eux.

Jules Verne, Alexandre Dumas, Jack London, C.S. Lewis, la Comtesse de Ségur, Robert Louis Stevenson pour ne nommer que ceux-là ont charmé et charment encore des millions d'enfant.  Oh, avec le temps, ce ne sont pas toutes leurs oeuvres qui sont lues de façon égale.  Certains d'entre eux s'éloignent doucement et d'autres s'éclipsent un temps pour mieux revenir, mais reste que leur empreinte sur d'innombrables lecteurs est certaines et que malgré tout, ils réussissent encore à captiver de nombreux enfants et quelques adultes à travers le monde chaque année.  Génération après génération.

Plus tard, j'ai rediscuté avec mon père de ses lectures de jeunesse.  C'était étonnant de voir à quel point nous avions en commun des lectures au final.  Et en parlant de ces livres, les souvenirs lui revenait.  On a discuté des aventures du capitaine Nemo pendant des heures!  Et d'Alexandre Dumas et d'un certain nombre d'autres également.  Je me retrouvais dans mes souvenirs de lectures avec lui.  Et je découvrais que même au travers des années, mon père et moi avions trippé sensiblement sur les mêmes choses dans ces livres.

Je venais de me découvrir une filiation de lecture avec mon père.  Et j'ai découvert avec les années que j'étais ainsi relié à des milliers d'autres personnes.  Avec un cousin que je vois très peu mais qui avaient lui aussi lu les Chroniques de Narnia.  Avec des gens croisés au hasard qui avaient lu la Comtesse de Ségur.  Avec des amis dans le milieu littéraire qui avaient eux aussi dévoré Alexandre Dumas.  Ces livres-là relient tellement les lecteurs que c'est une merveille de les lire, de les découvrir par soi-même et pour ensuite pouvoir en parler.  Et raconter à tout le monde à quel point on les a aimé....  ou détesté! ;)

@+ Mariane

mardi 25 décembre 2012

Joyeux Noël!

Joyeux Noël à tous!


J'espère que vous avez été sage cette année et que vous avez eu beaucoup de livres sous le sapin! :D

@+ Mariane

lundi 24 décembre 2012

Foutus cadeaux de Noël!

Salut!

Je sais, je sais, on est le 24 décembre.  La plupart des cadeaux sont achetés pour tout le monde.  J'ai fait ma part tout au long de décembre en me tordant dans tous les sens pour essayer de trouver les meilleures suggestions pour tout le monde.  Mais là, il y a saturation.  Vraiment.  Je ne bosse pas aujourd'hui.  D'aucune façon.  Et heureusement.

Je crois que je suis sur le point de sauter à la tête de la prochaine grand-mère qui se pointe à mon bureau pour me demander un livre pour un enfant de sept ans dont elle ne sait strictement rien.  Comme s'il existait un livre qui fait l'unanimité chez les petits garçons de sept ans.  Comme si tous les enfants de sept ans avait exactement le même niveau de lecture après quatre mois sur les bancs d'école.  Comme si tout les enfants de cet âge avait les mêmes intérêts.  Comme si de donner un livre était la solution parfaite à tous les problèmes de grand-mère.  Misère!

Je crois que je ne me retiendrais plus de dire ma façon de penser au prochain amoureux qui me fait sortir la moitié des romans d'amour de mes tablettes pour finalement partir avec Fifty shades of yeurk.  Ça, c'est une INSULTE!  D'autant que je viens de passer 15 minutes à lui expliquer toutes les histoires et que dès que je dis qu'on a vendu pas mal de copies de celui-là, c'est un meilleur argument que tout le reste.  Une insulte je vous le dis!

Je crois que je vais tomber sur la tomate au prochain client qui se pointe à mon comptoir en me demandant un livre à 50$ paru en 2004 sur les fouilles archéologiques dans les ruines mésopotamiennes et qui s'étonne que je n'ai pas ça en stock!  Et que je puisse pas non plus le commander parce qu'on est le 20 décembre!  Un peu de réalisme Monsieur, j'ai genre 30 000 titres en rayons, mais je ne peux pas tout avoir, c'est tout simplement impossible!

Je ne sais pas ce que je fais à la prochaine mère qui se pointe pour me demander de dénicher le livre qui fera lire son ado de 14 ans complètement blasé de la vie dont le seul intérêt consiste à chatter des heures de temps.  Hého, le département des miracles, c'est pas moi!  Et je n'arriverais à rien sans un minimum d'indices.  Encore mieux, achetez-lui un certificat-cadeau et dites-lui de venir me voir, j'ai plus de chance de trouver avec lui qu'avec vous qui n'avez aucune idée de ce que vous cherchez! (Ça, c'est le pire genre de client!)

Mais surtout, SURTOUT!, je saute au cou de mon prochain client qui vient me demander mon dernier coup de coeur pour offrir en cadeau à Noël.  Je le jure, ça je le fais pour de VRAI!

@+ Mariane

vendredi 21 décembre 2012

26 lettres vs 10 chiffres

Salut!

Je vous l'annonce officiellement, j'ai une admiration sans borne pour la technicienne comptable de la librairie.  Cette personne passe ses journées la tête dans les chiffres.  À faire balancer comptes, paiements, encaissement, décaissement, chèques et autres trucs.  Waouh!  Elle est bonne.  Personnellement, je me perds au bout d'une demie-heure la tête plongée dans les chiffres.  Et encore, faut que je sache exactement où je m'en vais au départ.  Sans ça, je me perds!  J'aime mieux les lettres.  Je suis indubitablement une fille de lettres.

Je me rappelle pourtant très clairement d'un truc vu dans un film (excellent en passant) Contact, avec Jodie Foster: les mathématiques sont le seul langage universel.  Qu'on parle français, anglais, chinois, arabe ou encore papou, les mathématiques utilisent le même langage partout sur cette foutu planète: addition, soustraction,  multiplication, division, la logique des maths est utilisée de façon semblable partout. Ce qui n'est pas le cas de la logique des langues.  Il y a quoi, environ 3000 langues parlées en ce moment sur notre belle planète?  Avouez qu'il y a de quoi perdre son latin à essayer de les comprendre toutes!  Reste que l'efficacité de celles-ci pour communiquer sont de très très loin supérieures aux mathématiques.  Si la logique des maths est compréhensible de la même façon par tous, l'information qu'elle peut servir à transmettre est limitée.  On ne peut parler de sentiments avec des maths.  e=mc² ne fait pas une très bonne déclaration d'amour...

Alors que nos chères 26 lettres de l'alphabet (aidées de quelques accents et d'un peu de ponctuation) permet de décrire l'ensemble des expérimentations humaines et même plus. Elle permet également, de par sa souplesse, de produire de la beauté, de l'art, de transmettre des informations sur une longue période (surtout par l'écrit), de préserver la mémoire, de communiquer...  Bref, ses usages sont infinis et on en fait un usage infini.  Alors, pour moi, même si j'ai un immense respect pour les chiffres (quand même pratiques il faut l'admettre), j'aime indubitablement mieux les lettres.  Et en plus, les lettres, c'est la base de l'écriture et de la lecture, alors vous pensez bien que ma balance personnelle penche de ce côté-là!

Bon, je vous laisse, je dois aller faire balancer une facture.  Et oui, même si j'adore les lettres, je dois quand même me coltiner les chiffres une fois de temps à autre...

@+ Mariane

jeudi 20 décembre 2012

Les Clowns vengeurs: Clandestine d'Ève Patenaude

Les Clowns vengeurs  Clandestine  Ève Patenaude  Porte-Bonheur  140 pages


Résumé:
Adolescente, Lexara Millock a fait appel à la vengeance des Odi-menvatt, mais ce souhait en couvrait un beaucoup plus vaste: du plus profond de son coeur, la jeune femme souhaitait rejoindre leurs rangs.  Mais aucune femme ne peut devenir un clown vengeur.  Qu'à cela ne tienne, la jeune femme le sera, peu importe les lois menvatt!

Mon avis:
L'univers des Clowns vengeurs est, avouons-le, assez misogyne en général.  Les femmes y sont soit servantes, victimes ou prostituées.  Alors l'irruption de Lex dans le portrait est dès le départ rafraîchissante.  Une jeune femme déterminée, douée et pas victime pour deux sous.  Une femme qui vit dans un univers difficile, prend son avenir en main pour réaliser son rêve: devenir une odi-menvatt, malgré l'interdit.  Oh, il lui en faudra de l'ingéniosité pour parvenir à ses buts.  En cela, le parcours très personnel de Lex est extrêmement intéressant à suivre.  Encore une fois, dans un Clowns (et je me rends compte que ce sont eux que je préfère), on suit de près un personnage en particulier et on découvre de petits bouts de l'univers où il vit à travers lui au lieu de mettre en valeur l'univers à travers les yeux d'un personnage.  Il me semble que dans le premier cas, on en apprend beaucoup plus et de manière beaucoup plus personnelle.  Je la préfère de loin en tout cas.  Sans voir de véritable nouveauté dans l'univers, on approfondit un détail qui était resté jusque-là un peu en marge: les femmes ne peuvent devenir odi-menvatt, seuls les hommes peuvent faire le commerce de la vengeance.  Avec tout ce que ça contient d'inégalité et de frustrations pour Lexara parce que même un maître odi-menvatt le reconnaîtra: elle est très douée, plus que certains autres menvatt.  Injustice donc, mais ce n'est pas le propre des clowns de rendre la justice, mais bien la vengeance...  L'écriture d'Ève Patenaude est riche et sert parfaitement une intrigue pleine de rebondissement.  On n'écarte pas l'amour dans ce tome, mais ça ne fait pas rose bonbon, bien au contraire, même l'histoire d'amour présentée ici respecte l'esprit sombre de l'univers de la Quadrimétropole.  Un excellent clown.  Longue vie aux femmes qui se lanceront dans l'univers des Clowns vengeurs!

Ma note: 4.5/5

Je remercie Prologue et plus particulièrement Martin pour ce service de presse.

mercredi 19 décembre 2012

La multiplication des séries

Salut!

J'ai un problème en tant que libraire.  Un grave problème.  J'ai souvent des gens qui me demande des livres qui ne sont pas des séries.  Pas de suites à attendre rien.  Euh...

Savez-vous que ça se fait de plus en plus rare?  OK, oui, ça existe encore, c'est sûr et certain, on trouve encore des livres qui ne sont pas des suites ou qui n'ont pas de liens avec d'autres livres.  Mais les séries...  C'est une telle multiplication ces temps-ci!  À croire qu'écrire un seul livre, une seule histoire est rendu un défi pour bien des auteurs.  Savoir faire court, concret, boucler une intrigue en peu de pages, c'est un art, mais on dirait que de moins en moins de gens y sont intéressés.  Comme si la solution était la série.

OK, écrire une série a ses avantages.  On attend avec davantage d'impatience la suite d'un livre dont on connaît déjà l'univers qu'un univers tout nouveau.  Excellent exemple de cet automne: le dernier J.K. Rowling n'a jamais autant marché que les Harry Potter.  Même avec toute sa réputation, elle plongeait ses lecteurs dans l'inconnu avec cette nouvelle histoire.  Ce qui n'était pas le cas des aventures de son petit sorcier.  Mais de là à faire de pratiquement tous les livres des séries, ouf!

Quelque part dans mon esprit, je me dis que les séries sont les lointaines héritières des romans-feuilletons si chers au XIXe siècle.  Ils ont ça en commun: des centaines de pages, des aventures sans fin, des péripéties innombrables et des personnages auquel on s'attache et que l'on suit avec passion, à l'époque chapitre par chapitre, aujourd'hui tome par tome.  Certaines histoires se prêtent mieux aux séries que d'autres par contre!

C'est particulièrement criant en littérature de genre ou encore en jeunesse.  Je ne vous dit pas le nombre de série qu'on a dans notre rayon littérature de l'imaginaire!  Ça déborde de séries!  À croire que ce genre a cristallisé les séries.  À voir mes tablettes montrant les séries avec régularité, c'est même pratiquement un fait dominant de cette section.  Du moins aujourd'hui.  Ça n'a sans doute pas toujours été le cas.  Quand je regarde quelques auteurs un peu plus ancien, je remarque bien davantage des recueils de nouvelles.  Philip K. Dick entre autre!  Mais bon, c'est là la marque d'une époque.

Et en jeunesse...  Ouf!  Primo, il faut le dire, les éditeurs se sont pris au jeu des premiers tomes à petits prix qui permettent de faire découvrir une série et sert de moteur d'entraînement vers les autres livres à prix régulier.  Ça marche, ça c'est sûr!  Mais ça entraîne la multiplication sans fin des séries et il peut être intimidant pour un jeune lecteur pas très doué de se mettre à lire un livre quand il sait qu'il y a en a six autres ensuite et trois autres à paraître...  De quoi décourager certains jeunes!  C'est alors un défi de trouver un livre unique qu'il saura aimer.  Vraiment, pas toujours facile!

Je n'ai rien contre les séries.  Au nombre que je dévore, c'est pas moi qui vais chialer contre!  Par contre, je dis qu'il n'y a pas que ça dans la vie.  Qu'en dehors des séries, beaucoup de bonne littérature existe.  Et que parfois, faire court, faire d'un coup, est tout aussi bien, ni meilleur, ni pire qu'une série.

@+ Mariane

mardi 18 décembre 2012

Le Grimoire au rubis: 1- Le secret des hiboux de Béatrice Bottet

Le Grimoire au rubis  tome 1  Le secret des hiboux  Béatrice Bottet  Casterman 326 pages


Résumé:
Avant de mourir, Dame Hermelinde de Tournissant a demandé à Bertoul Beaurebec, un jeune garçon qu'elle a recueilli orphelin, de se rendre à Paris pour rendre à un puissant mage un grimoire qu'elle lui a volé quand elle était jeune.  Bien vite chassé du château, Bertoul se met en route, pourchassé par le neveu d'Hermelinde, Raoulet de Maulchagrin qui veut s'approprié les pouvoirs du grimoire.  Sur sa route, il croise Blanche de Vauluisant, une jeune noble qui cherche à échapper à un mariage forcé.

Mon avis:
Ambiance médiévale, magie présente...  Un roman comme on a pu en voir plusieurs, mais disons que celui-ci se distingue des autres en ayant eu la volonté d'ancrer son intrigue dans le monde réel et donc, de truffer son récit de références historiques dans la vie quotidienne: habits, musique etc.  Le problème, c'est que ça marche plus ou moins.  Réalisme oui, mais à quel prix?  Personnellement, j'ai trouvé que l'on aurait gagné à camper ce récit dans un univers plus magique que réaliste parce que les petites touches historiques ajoutées au récit donnaient plus l'impression d'un univers fantastique que médiéval.  Malheureusement.  L'intrigue en elle-même est intéressante, mais les aventures des deux enfants sont comment dirais-je, mal balancées.  Je leur aurait facilement donné 12 et 13 ans au lieu de 14 et 15.  Ils sont naïfs, ont un vocabulaire et des expressions en-deça de leur âge et franchement, le ton général du récit les aurait bien mieux desservis avec quelques années de moins!  C'est plutôt enfantin comme façon de raconter.  Je croyais lire les Chroniques de Narnia à un certain moment!  Ça m'a déplu.  Ce livre est intéressant et j'ai beaucoup apprécié sa lecture, mais avec ses 326 pages, je ne sais où le placer: littérature plus ado par la longueur et plus jeunesse par le récit?  Dur à dire.  Une bonne lecture, mais avec de nombreux défauts et de nombreuses points sur lesquels, après réflexions, je demeure incertaine.

Ma note: 3.5/5

lundi 17 décembre 2012

Grand écrivain ou grand écrivain québécois?

Salut!

Récemment, en refermant Un ange cornu avec des ailes de tôles, je me suis fait la réflexion que Michel Tremblay était un grand écrivain.  Un vrai.  Mon petit cerveau l'a vite rangé parmi les Grands avec un g majuscule, que j'admire pour leur prose, leur talent à faire sortir le merveilleux de l'ordinaire, à transformer le monde par leur plume et à nous faire voir la beauté là où n'étais avant que l'habituel et la routine.  Et puis, par réflexe, j'ai ajouté à Grands les mots écrivains québécois.  Et dans ma tête, ça a été la révolte.

Ok, deux petites voix se sont bataillées.  L'une d'entre elle, la plus forte, me disait: oui, mais tsé, Mariane, Michel Tremblay est un super bon auteur, tu en es maintenant convaincue toi-même.  Qu'il soit d'ici ou d'ailleurs, ça n'a aucune importance.  Il a su transcendé les frontières, dépasser ça, pour aller chercher dans la littérature ce qu'il y a de meilleurs: la prose, la beauté et l'art de manier les mots de façon extraordinaire.  C'est ça qui est important, peu important que le gars vienne de Chine, du Gabon, de l'Australie ou encore de Saint-Glinglin-des-meumeux.  Peu importe l'origine de la personne si elle a su transcender sa provenance pour l'offrir au monde!

Et il y a l'autre voix, celle sans doute que j'ai retenu à force de l'entendre partout à la radio et à la télé: Oui, mais Michel Tremblay est un écrivain québécois.  Il vient d'ici, de chez nous, il vient de ta ville préférée dans le monde, il parle d'ici, de trucs que tu connais, qui te relient à ton passé, à des choses qui viennent de chez toi, tu reconnais l'accent d'ici dans ses dialogues, tu revis une partie du passé de ton peuple, etc, etc.  Ouais.  Je sais.  Vous savez quoi?  M'en fou!

Je ne sais pas pourquoi, mais les discours nationalistes ne me font pratiquement rien.  Personnellement, si un écrivain est bon, il est bon, peu importe sa provenance.  J'encourage par réflexe les auteurs d'ici, mais jamais je ne vais pousser un livre d'ici si ce qu'il y a entre les deux couvertures est pourri, en prenant comme prétexte que ce sont des auteurs québécois qui ont écrit ça.  Bordel, on est parfaitement capable de produire d'excellents livres, pourquoi devrait-on privilégier notre littérature seulement et uniquement parce qu'elle vient d'ici?  Je connais personnellement une multitude d'auteurs dont les livres sont excellents et oui, ce sont des gens d'ici!  Ce que j'aime, ce sont les bons livres.  Je me fous un peu de la provenance de l'auteur.  À qualité égale par contre, je vais toujours, toujours, privilégié un auteur qui gagne sa croûte dans la même province que moi.  Pas parce que je considère que c'est mieux ainsi.  Tout simplement parce que je crois dans son livre et que je sais que ça va permettre à cet auteur d'aiguiser sa plume pour m'offrir encore d'excellents livres.  Le fait que cet auteur vienne d'ici est secondaire.  Ce qui est important, d'abord et avant tout, c'est que son livre soit bon.

Je ne suis pas très nationaliste.  Les discours, Encouragez les auteurs québécois!, seulement et uniquement parce qu'ils sont québécois me tuent.  Je déteste ça.  Je n'y crois pas.  J'ai encore trop en tête cet extrait de Deux solitudes de Hugh McLelland où l'un des personnages rencontre son frère, ardent nationaliste, qui mêle tout la politique, la science, la littérature, la nation, oubliant qu'en dehors du nationalisme, le salut existe...  Non, très peu pour moi ce genre de vision.

Je suis fière, profondément fière de notre littérature, pas nécessairement celle qui trône au sommet des palmarès de vente, non, celle qui s'écrit avec les trippes, celle qui parle d'ici, certes, mais aussi d'ailleurs à travers nos mots, notre langue, notre inventivité.  Celle qui sait nous faire vibrer, dépasser ce que nous sommes pour aller toucher à l'universel, à ce qui fait l'être humain, quelque soit son origine, sa religion, son sexe, son âge ou sa culture.  Parce que pour moi le reste est secondaire, tant que la littérature me parle de l'humain.

Comme le fait si bien Michel Tremblay.

@+ Mariane

vendredi 14 décembre 2012

Drôles de clients! Prise 13

Une cliente qui m'a appelé à plusieurs reprises pour me demander de l'aide avec ses livres numériques (vous savez, du genre vous voyez le nom sur l'afficheur et vous vous dites mentalement, oh non!) m'appelle.

-Je suis sur le site d'Amazon.

(Ça part mal!)

-Ah bon.

-Pour acheter des trucs pour le Kindle, est-ce que je suis mieux de me prendre un compte?

-Si vous voulez du livre numérique, on en a sur notre site Internet Madame.

-Oui, mais là, je suis sur le site d'Amazon, je me suis dit que vous pourriez m'aider!

-Euh, Madame, Amazon est un compétiteur pour nous.

-Ah.  Est-ce que je dois m'ouvrir un compte pour m'acheter des trucs pour le Kindle?

-Madame, je ne touche pas à Amazon.

-(Toute déçue)  Vous ne pouvez pas m'aider avec le livre numérique?

-Pas sur Amazon.

-Ah...

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Une cliente se présente en magasin pour venir chercher des livres pour sa fille, dont une BD de Guy Delisle. 

-Elle adore les trucs chinois et ça paraît, tiens regarde ce livre, juste le titre!

Elle émet alors un onomatopée évoquant le bruit de tuyaux métalliques tombant dans un escalier.

-Euh, Madame, Pyongyang est la capitale de la Corée du Nord.

-Ah oui?

Elle hausse les épaules comme si c'était le dernier détail important du monde.

-Ah bon!

Et elle est allée payer ses livres à la caisse!

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On en entend souvent des drôles sur les boîtes vocales des clients, mais celle-là en vaut la peine.  J'appelle un client pour le prévenir que son livre est arrivé et je tombe sur sa messagerie Telus.  Au moment où normalement le client dit son nom, j'entends pour commencer très clairement le bruit d'une chasse d'eau qu'on tire, puis le nom du client, ensuite une voix féminine un peu plus loin qui semble poser une question auquel le client répond très distinctement par: «Ah je suis en train d'arranger ma boîte vocale!»...  avant que ne résonne le bip.  J'ai eu du mal à me retenir de rire en laissant le message!

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Deux clientes aux cheveux gris entrent dans le magasin et regardent le présentoir des livres de recettes des chefs vedettes de la télévision.

-Ah lui j'achèterai jamais ses livres!, fait l'une.

-Ben pourquoi?, demande l'autre.

-Yé pas propre!

-Hein?

-Tsé dans son émission, y lave jamais ses légumes avant de les couper.  Pis y s'lave jamais les mains non plus!  J'ai pas confiance dans son livre de recette moi!

(Ah bon!)

@+ Mariane

jeudi 13 décembre 2012

Malphas: 1- Le cas des casiers carnassiers de Patrick Senécal

Malphas  tome 1  Le cas des casiers carnassiers  Patrick Senécal  Àlire 241 pages  Lu en numérique


Résumé:
Julien Sarkozy vient tout juste de prendre un nouveau poste à Malphas, un cégep situé en région et qui a la particularité de recruter élèves et enseignants parmi... les candidatures rejetées partout ailleurs.  Ça donne une idée du genre d'ambiance qu'il y a à l'intérieur des murs de cet établissement.  Dès le départ, le ton est donné quand un élève, puis deux sont retrouvés complètement démantibulés à l'intérieur des casiers de certaines filles.  Bien malgré lui, Sarkozy, un auteur de roman policier qui n'a pas le moindre succès, décide de se lancer dans une enquête pour trouver découvrir ce qui se passe.

Mon avis:
J'ai entendu parlé de ce livre comme étant un Virginie sur l'acide.  Heu.  C'est pire que ça!  Déjanté, anticonformiste, fou, dépravé, mais en même temps, tellement drôle, ouais, tous ces termes s'appliquent à merveille à ce livre qui se lit d'une traite!  Dès le départ, le ton est donné quand Sarkozy présente le Directeur pédagogique comme n'ayant aucune vie sexuelle (il le surnommera Double-Pénétration le reste du livre en l'honneur de la célèbre abréviation DP des films pornos).  Après ce personnage, on suit le reste du personnel et des étudiants de Malphas.  Tous sont magnifiques, caricaturés à l'extrême, mais tellement magnifiques dans leurs névroses et leurs manies, de Zoé Zazz qui prophétise quand elle est gelée au cannabis à la sulfureuse Rachel Red qui transpire le sexe avec classe, à l'éternelle SPM Mégan Valaire, tout le contraire de Rachel Red côté séduction, sans compter la vieille Fudd, un peu sorcière et un peu folle, alcoolique qui vit juste en-dehors de Saint-Trauloin (vous parlez d'un nom de petite ville ça!) et cerise sur le sundae, Simon Gracq, le responsable du journal étudiant de Malphas à la syntaxe tarabiscotée qui multiplie les pléonasmes plus vite que son ombre.  Sans compter tous les autres, trop nombreux pour que je me les nomme tous ici.  En fait, personne n'est normal à Malphas!  N'empêche, j'ai tellement rit à la lecture de ce livre!  Mais rit!  Une réplique savoureuse n'attend pas l'autre et les réflexions de Sarkozy sont à mourir de rire!  D'un humour noir et ironique, mais tellement bien ciblé que l'on éclate de rire aux trois pages.  Le risque avec ce livre, surtout avec les premières pages, étaient d'en mettre trop et de causer une certaine lassitude au lecteur avec le temps, mais non, Patrick Senécal a réussi à maintenir l'équilibre tout au long de son livre sans le moindre problème.  Même à la fin, les réflexions du narrateur tombait à pic et on rigolait comme au tout début.  Malgré tout, Sarkozy est un personnage que j'aurais détesté comme prof: baveux, obsédé par le contenu de son pantalon, drogué (il ne cache pas son addiction au pot), il reste malgré tout passionné par sa matière et ça se sent.  Mais je ne pense pas que ça aurait cliqué avec moi.  En tout cas, au nombre de réflexion qu'il fait sur le sexe dans ce livre (et au nombre d'aventures auquel il pense ou qu'il a fait!), il n'est pas très difficile de le qualifier d'obsédé!  À garder comme morceau d'anthologie, la scène où il va s'approvisionner en pot au Dollorama, la gentille propriétaire fournissant le voisinage de son arrière-boutique, entre deux caisses de cossins...  C'était mon premier Patrick Senécal pour adulte, ses autres livres étant un peu trop sanglant pour moi, mais je ne le regrette tellement pas!  J'ai adoré son humour noir et sa façon de raconter qui nous garde tout le temps dans l'action.  Par contre, à la fin, j'avais hâte que le livre se termine, ne serait-ce que pour arrêter de penser à cette intrigue policière.  On avait juste pas assez d'indice pour que d'avancer dans la résolution de cette énigme soit intéressant à mon goût, mais c'était profondément personnel comme impression.  Les amateurs de roman policier y trouveront leur compte, mais moi, j'ai moins aimé.  N'empêche, j'ai hâte de lire la suite!

Ma note: 4.25/5

Je remercie les éditions Àlire et plus particulièrement Louise pour ce service de presse numérique.

mercredi 12 décembre 2012

La magie de la découverte de la lecture

Salut!

Je tiens ici à rendre hommage à une personne qui a eu une influence profonde sur ma vie: mon enseignante de première année.  Elle s'appelait Lyne.  Lyne avec un y.  Et dans son nom de famille, il y avait chat, ce qui fait que je l'ai tout de suite aimée (Mon amour des chats remonte à loin!).  Lyne Chabot.  C'était une toute jeune enseignante, dans ses toutes premières années de carrière.  Elle était sans doute encore naïve, mais dans ce cas, elle l'était dans toute sa fraîcheur.  Et c'est à elle que je dois aujourd'hui de savoir lire.

Elle avait un don.  Oui, oui, je le jure!  C'était une magicienne dans son genre.  Avec elle, les lettres qu'elle écrivait sur le tableau se transformait en sons, puis en mots.  Lentement, une journée à la fois, elle nous ouvrait les portes du monde de la connaissance.  Elle savait rendre simple les tâches les plus complexes et ne pas s'en faire si les bâtonnets que nous écrivions ressemblaient davantage à des hiéroglyphes qu'à des mots.  Et elle avait l'infini patience de nous montrer trois fois plutôt qu'une quand nous ne comprenions pas.

Je me souviens du rituel de notre livre de lecture de la semaine.  Elle alignait une série de livres au bas du tableau vert, au milieu des craies et des brosses à tableau.  Je ne me souviens ni des titres, ni des histoires, mais du design des couvertures, oui.  Des livres blanc, avec des lignes horizontales de couleur, ce qui me fait dire que nous avions droit aux livres de La courte échelle.  Rangée par rangée, nous allions échanger notre livre de la semaine précédente contre un autre.  Il se retrouvait bien vite coincé entre le duo-tang contenant nos devoirs et nos coffres à crayon, direction la maison pour se faire lire.  Habituellement, je le dévorais une première fois dans l'autobus.  Contrairement à beaucoup de mes camarades de classe, j'ai rapidement su déchiffrer ces petites bêtes noires pour leur trouver un sens.  Aidée en ça par la pile de livres des contes de Disney qui garnissait les tablettes de la bibliothèque familiale.  Mais il a fallu attendre décembre pour que je comprenne que je pouvais lire dans ma tête.  Ma mère en avait un peu marre de m'entendre ânonner mes livres d'école...

Mais le plus beau souvenir que je garde de ma première année, est celui du rituel de l'histoire qu'elle nous racontait.  Elle sortait de la classe quelques instants puis revenait avec un immense livre, qu'elle tirait d'une enveloppe, nous disant à chaque fois que le facteur venait tout juste de le livrer.  À croire que le pauvre homme attendait dehors quel que soit la température juste pour lui donner le livre qu'elle allait nous lire!  (J'ai découvert en troisième année qu'elle les cachait dans le local du concierge juste en dehors de la classe!)  Elle s'installait au fond de notre local et nous permettait de prendre chacun un coussin dans la boîte qui en débordait.  Évidemment, on se disputait ardemment le seul coussin un peu plus gros que les autres!  Et le ou la chanceuse qui mettait la main dessus la partageait alors avec son ou sa meilleure amie!  Mais dès que notre professeure ouvrait le livre, le silence se faisait dans la pièce.  On était suspendus à ses lèvres: on nous racontait une histoire.  Je ne me rappelle d'aucune d'entre elles, j'étais trop jeune, mais de la beauté de ces moments-là, oui, d'elle assise, les jambes croisées, le livre largement ouvert devant elle, oui.  Et du bonheur que j'avais à l'entendre lire aussi.  Du bonheur qu'était ces instants de lecture pour la petite fille aux boucles brunes que j'étais.

Je suis entrée à l'école primaire en 1989.  Ma prof, si elle enseigne encore, doit compter aujourd'hui au moins 23 ans de carrière.  Je ne l'ai jamais revue.  Elle a quitté notre école quelques années après m'avoir enseigné.  J'ignore où elle est maintenant.  Néanmoins, du fond du coeur, j'aimerais lui dire ceci:

Merci Lyne!

Merci de m'avoir appris à lire, merci de m'avoir donné l'envie de lire.  Et j'espère, du fond du coeur, que je n'ai pas été la seule à avoir profité à fond de tes enseignements.

@+ Mariane

mardi 11 décembre 2012

Les têtes volantes de Jonathan Reynolds

Les têtes volantes  Jonathan Reynolds  Collection Zone Frousse  Z'ailés  97 pages


Résumé:
Les têtes volantes...  Des têtes sans corps qui hantent l'école L'Arpège à Sainte-Julie.  Pourrez-vous leur échapper?

Mon avis:
J'ai essayé d'en dire le moins possible dans le résumé justement parce que ce petit roman ne compte pas vraiment d'introduction et de mise en situation.  On tombe directement dans le sujet, tout simplement. L'intrigue?  Elle s'amuse en elle-même à jouer sur les fausses pistes.  On commence avec un personnage, finalement, ce n'est pas un vrai, on tombe un peu dans un cauchemar, il retombe dans la réalité, on parle d'une enseignante du primaire écrivain d'horreur qui utilise les cauchemars de ses élèves à l'aide d'une étrange machine...  C'est bizarre énoncé comme ça, mais ça tient la route et on reste toujours avec un petit soupçon de doute: où est la vérité, où est le rêve?  Au final, on nous laisse avec une impression de flottement dans l'intrigue, qui bien loin de lui nuire, nous permet de terminer sur une note terrifiante.  Parce qu'on est sûr de rien.  Et que les têtes volantes pourraient très bien être vraies.  Je ne voudrais pas étudier à l'école L'Arpège de Sainte-Julie moi...

Ma note: 4.25/5

Je remercie l'auteur de m'avoir gentiment offert une copie de son livre.

lundi 10 décembre 2012

Voyager sur les ailes d'Air Littérature

Salut!

J'ai toujours trouvé que les billets d'avion coûtaient une fortune.  Soyons honnête, si je pouvais me les payer plus souvent, je vous écrirais d'à peu près tous les points de la planète.  J'aime la découverte.  Je déteste juste les bestioles, les risques de maladie, le décalage horaire et la chaleur suffocante.  Bref, en attendant de gagner le gros lot au 649 qui me permettrait de voyager sans trop me plaindre, je me dis que j'ai la meilleure agence de voyage dans mes tablettes.  Il s'agit d'Air Littérature.

Héhé!  C'est le monde idéal!  Je me lève, me dirige vers les tablettes de ma bibliothèque.  Je prends un livre, retourne m'asseoir.  Et en quelques instants, je ne suis plus là, je suis en plein milieu de la brousse africaine en safari ou en Arctique avec les premiers explorateurs.  Je suis aux côtés des paysans d'Inde, des jeunes japonaises urbaines d'aujourd'hui.  Je suis au sommet de l'Everest, au plus profond de l'Océan.  Je suis très loin de chez moi.  Sans passeport, sans décalage horaire, sans billets d'avion.  Je voyage très très loin de chez moi grâce aux ailes d'Air littérature.

Et mieux, je ne suis pas qu'une touriste de passage qui regarde le tout à travers le prisme de sa propre culture ou qui s'isole du peuple visité dans un hôtel tout-inclus.  Je suis avec les gens du coin, vivant comme eux, découvrant leur monde, leur univers, leur imaginaire.  Partageant leur quotidien, souvent si différent du nôtre.  Tout ça, rien qu'en ouvrant un livre.  C'est l'un des plus grands pouvoirs de la littérature que de nous permettre: celui de découvrir des ailleurs lointains, sans quitter le confort de son foyer.  Ça ne remplacera évidemment jamais les vrais voyages, mais pour les petits budgets, ça reste un excellent moyen de découverte.

@+ Mariane

vendredi 7 décembre 2012

Regarde-moi de Natasha Beaulieu

Regarde-moi  Natasha Beaulieu  Noir/érotisme  Àlire  364 pages


Résumé:
Héléna est seule depuis la mort de Wouter, son partenaire de vie autant qu'artistique.  Isolée, elle ne sait comment sortir de sa tristesse.

Adam est danseur nu au Hard & On.  À l'aise dans son corps, il en profite pour expérimenter à toutes les occasions que la vie lui propose.

Rachel a la passion de l'automobile et vit librement sa vie au volant de sa voiture ou sur la banquette arrière en compagnie de ses amants de passage.

John est solitaire, méticuleux et froid.  Il a la phobie des nombres impairs et adore les armes à feu, parfait pour son métier de tueur à gages.

Quatre destins qui vont se croiser, le temps de la préparation d'un spectacle voué à Eros.  Se croiser et se lier, de la plus étrange des façons.

Mon avis:
Première des choses, je dois avouer que ce qui m'a d'abord attirée vers ce livre est l'esthétique de la couverture.  Je la trouve magnifique.  La quatrième de couverture n'a rien à lui envier en ce qui me concerne, fait rare en littérature québécoise.  Par contre, elle mentionne que les personnages ont des conceptions déviantes de l'amour.  Je n'ai absolument rien trouvé de tel.  Les personnages de ce roman sont d'une grande richesse justement parce qu'ils sont eux-même.  Alors, dans leur vision des choses, rien de choquant ou d'inconvenant.  Certes, leurs amours sortent de la vision classique qu'on en a, mais ils sont tellement à l'aise avec leurs choix de vie que l'on ne peut s'empêcher de se dire que c'est simplement leur façon de vivre l'amour.  En fait,je n'ai jamais été mal à l'aise avec quoi que ce soit dans le livre.  L'auteure a laissé vivre ses personnages suffisamment librement pour qu'on les accompagne dans cette liberté.  Par contraste avec ces vies plutôt hors-norme, le style de l'auteure est sobre et dépouillé, pas d'artifice inutile, le vocabulaire est simple, mais reflète à merveille les émotions et les actions des personnages.  Chacun d'entre eux est unique et puissant en lui-même.  Pas besoin d'en rajouter, on les aime comme ils sont et on accroche dès le départ à leurs cheminements.  Il y a bien une montrée de tensions à la fin du livre, mais elle-même ne nous mets pas sur le bout de notre chaise, elle sert les personnages et leurs histoires, bien plus que l'histoire du livre lui-même.  L'érotisme de ce livre est lui aussi au service des personnages.  On y parle de sexualité de manière tellement naturelle que rien de choquant ne peut en sortir.  Ça fait simplement parti de la vie.  Que dire de plus?  Un petit bijoux?  J'ai beaucoup aimé ce livre, il a une grande puissance dans sa sobriété.  Le genre de roman qu'on lit et dont on se rappelle ensuite très longtemps.

Ma note: 4.75/5

Je remercie les éditions Àlire et plus particulièrement Louise pour cet hommage de l'éditeur. ;)

jeudi 6 décembre 2012

Neoman: 1.1- Le projet N de Maxime Roussy

Neoman  tome 1.1  Le projet N  Maxime Roussy  La Semaine 256 pages



En ouvrant Neoman, on se rend vite compte qu’une des sources d’inspiration de l’auteur Maxime Roussy a été les films de super-héros. Tant dans la forme que dans les questionnements du héros, on reconnaît clairement la marque des films inspirés des franchises de Marvel et DC Comics.  C’est donc à une littérature inspirée des héros de la culture pop que nous convie l’auteur.  Dans ce premier tome, on est dans une histoire qui explique les origines et les premiers pas de notre héros, Neoman sans toutefois se rendre jusqu’à la confrontation avec son premier véritable adversaire.  Il s’agit d’une introduction à l’univers qui s’étalera sur trois tomes annoncé par l’auteur d’où le 1.1, première trilogie de plusieurs cycle si la série fonctionne bien.
Sous l’armure de Neoman se cache un adolescent au départ fort ordinaire : Mathieu Lazare, un étudiant du secondaire somme toute sans histoire.  Sauf que son père avait pour lui un mystérieux projet.  Avant la mort de ce dernier, il lui en a tracé les grandes lignes, sans entrer dans les détails.  Car, il faut le dire, à Nirvanâa, mégapole de cauchemar où vit Mathieu, un super-héros ne serait pas de trop.  Là, la radio-activité a engendré des mutations étranges sur une partie de la population.  Celle-ci, difforme, est appelée les Monstres.  Et les Humains et les Monstres se haïssent.  Depuis un complet retournement des pouvoirs en place, les Monstres dominent les Humains.  Et même les oppriment. À une époque, c’était l’inverse, avant l’arrivée au pouvoir de Ratel Émeute.  Celui-ci, un Monstre rusé et cruel, a réussi à prendre le pouvoir et à mettre les Monstres en position de domination sans pour autant régler les problèmes de pauvreté et de violence endémiques que vivent ces derniers. 
Alors que son père vient de mourir, Mathieu découvre une armure étrange cachée au fond du fouillis du garage dans lequel celui-ci passait des heures.  Son père qui a lutté aux côtés de Ratel Émeute pour donner des droits aux Monstres, même s’il était un humain.  Un homme que Ratel Émeute a utilisé, puis trahi de la plus horrible façon.  Et qui a entrepris le Projet N un mystérieux projet pour renverser Ratel Émeute. Mathieu sait que ce projet l’implique, mais il ignore dans quelle mesure.  Il le découvrira par lui-même : équipé d’un processeur connecté à même son cerveau, Mathieu peut contrôler cette armure taillée sur mesure pour lui, une armure assez puissante pour combattre Ratel Émeute et ses sbires.  Mais ne devient pas super-héros qui veut…
Quand on dit que trop d’action tue l’action, ce livre est un exemple.  Il faut un fil, un lien entre les différentes parties de l’action et malheureusement ici, ce fil est bien mince.  Je comprends parfaitement la volonté de l’auteur de vouloir accrocher ses lecteurs par un rythme rapide, mais ça se fait au détriment d’une intrigue solide.  On a à peine quelques passages ici et là pour approfondir le personnage de Mathieu et ses motivations.  À l’exception de son ami Télémaque, personne n’a droit à suffisamment d’attention pour ébaucher un vrai personnage.  Les deux amis passent des heures sur un jeu en ligne, le Monde de Syrinx, ce qui relie l’univers à la réalité des ados d’aujourd’hui.  D’ailleurs, Mathieu est un adolescent typique, mais il est parfois d’une naïveté stupéfiante face à ses pouvoirs et à ses conséquences.  Il pense aux avantages, mais il est totalement inconscient du revers de la médaille, qu’il découvrira à la dure.   Par contre, c’était tellement prévisible à bien des endroits que je fronçais des sourcils à la lecture.  À vraie dire, je lui aurais donné davantage 12 ans que 15 et le ton général du récit s’oriente définitivement vers cette catégorie d’âge.    N’empêche, c’est amusant de voir un super héros à travers les yeux d’un auteur québécois.  D’autres livres de Neoman sont à venir, on verra bien de quoi il retourne!


Critique parue originellement dans Brins d'éternité no 33.  Je remercie David, Guillaume et tous les autres membres de l'équipe de rédaction de me donner ma chance de participer à cette belle aventure!

Je remercie également les Messageries de Presse Benjamin et plus particulièrement Jocelyn pour ce service de presse.

mercredi 5 décembre 2012

Un ange cornu avec des ailes de tôle de Michel Tremblay

Un ange cornu avec des ailes de tôle  Michel Tremblay  Collection Babel  Actes Sud/Leméac  285 pages


Résumé:
De son enfance à l'âge adulte, Michel Tremblay nous parle des livres qui ont traversé sa vie et à travers eux l'histoire d'un certain Québec, à Montréal, entre la rue Fabre et la rue Cartier.

Mon avis:
Il y a des livres qu'en refermant, on se dit: merdouille, pourquoi celui-là, je ne l'avais pas lu avant?  Celui-ci en fait définitivement partie.  Je n'avais jamais lu de Michel Tremblay avant, mais là, je comprends d'où vient sa réputation et son succès.  On plonge à ses côtés dans les souvenirs de son enfance, à l'époque où la découverte de la lecture l'a entraîné vers un tout autre monde.  Aux côtés du Michel d'abord enfant, puis adolescent et enfin jeune adulte sur le point de publier son premier livre, on vit ses aventures de lecteur.  Car les livres auront eu une profonde influence sur la vie du célèbre auteur des Belles-Soeurs.  Et c'est ce qu'il raconte, ses émois de lecteur, mais aussi le contexte dans lequel il a découvert les livres et la façon dont chacune de ces lecteurs l'a influencé.  En arrière-plan, c'est toute l'histoire de la société québécoise de l'époque, les lourds interdits, l'hypocrisie d'une frange de l'Église catholique, mais aussi les espaces de liberté que permettent la lecture.  Autour de lui, toute sa famille lisait et pas uniquement ce qui n'était pas à l'index.  On se surprend d'ailleurs à penser que bien entouré de lecteurs, le jeune garçon aura développé son goût de la lecture avant tout grâce aux siens.  Derrière, pas loin, la figure de sa mère, ange gardien autant que bourrasque aux vives reparties qui a régné en reine sur la vie du jeune Michel, bien plus que son père.  Les innombrables dialogues entre les deux sont des perles autant par leur contenu que par la langue par laquelle ils sont portées, une touche de magie incroyable qui transforme un simple récit en une pièce littéraire authentique.  Un magnifique livre, à lire et à relire, l'hommage d'un de nos plus grands auteurs à la passion d'une vie: les livres.

Ma note: 5/5

P.S. Pour la petite histoire, je me suis souvenue à la lecture avoir lu un extrait de ce livre pour un travail en français au secondaire.  Quel plaisir de le retrouver ici!

mardi 4 décembre 2012

La messagère de Nancy Paquin

La messagère  Nancy Paquin  Éditions Les Immortels  461 pages



Il y a 6000 ans, des anges sont descendus sur terre et ont versé une larme sur le front de certains enfants, leur transmettant une infime quantité de leurs pouvoirs faisant d’eux des sorciers.  Des millénaires plus tard, leurs descendants sont toujours aussi actifs dans une cause bien précise : la lutte contre les démons qui souhaitent envahir la Terre.  Et ils ont des raisons de s’inquiéter : bientôt, ces derniers jailliront à nouveau des ténèbres.  Seule une femme, Cassandre, fille d’un démon et d’une sorcière, pourra sauver l’humanité.  Seulement, les partisans du bien ne savent pas du tout où elle est puisqu’elle est disparue à sa naissance...

Ignorante de ce monde comme la plupart des humains, Élisabeth, Élie pour ses amis, ne cherche avant tout qu’à fuir sa peine lorsqu’elle part s’installer à Longueuil, à la suite de la mort atroce de ses parents dans un incendie.  Elle y croisera une bande d’amis qui, elle le découvrira bientôt, sont tous des sorciers.  Et elle les rejoindra bientôt, car elle aussi, sans le savoir, a un don : elle est une messagère.  Elle prévient les sorciers des attaques des démons afin que ceux-ci puisse les empêcher de commettre leurs forfaits.  Rapidement, Élie intègre l’équipe de Nicolas.  Sauf que bien vite, deux choses clochent : Nicolas a déjà perdu trois messagères et se montre surprotecteur, étouffant même.  Et chose qui n’arrange rien, naît bientôt entre eux une attirance d’autant plus forte qu’elle est interdite : Nicolas est destiné à Cassandre et à personne d’autre. 

Il est visible que ce livre est un premier roman.  Si l’idée de base est originale et excellente, la manière dont le récit est construit, centré sur l’histoire d’amour entre Nicolas et Élie est dans l’archi-connu.  Deux personnes qui s’aiment, mais qui ne le veulent pas et luttent contre leurs sentiments, particulièrement Nicolas.  Classique.  On a droit à une série de scènes de «je t’aime moi non plus» qui, à la longue, deviennent légèrement lassantes.  Par ailleurs, les niveaux de langage varient énormément dans le livre.   Les personnages peuvent utiliser des termes recherchés dans leurs dialogues, coupant complètement la spontanéité de ceux-ci et quelques pages plus loin, on se retrouve avec des termes familiers dans le corps du texte!  Ça m’a écorché à plusieurs reprises à la lecture.  Mais, mais…  On reste scotché à cette aventure.  La petite étincelle qui fait la différence entre un texte qu’on lit et un texte auquel on accroche est bien présente.  Difficile de lâcher le livre tellement on s’attache aux personnages, tous, autant Nicolas et Élie que la petite bande qui les entoure.  Et on vit avec eux dans le béton de Longueuil et les couloirs du Cégep Édouard-Monpetit, endroit insolite pour camper une histoire de fantastique quand on est habituée à voir ça dans les grandes métropoles américaines.  La proximité donne au récit une atmosphère très personnelle ce qui est agréable.  Absolument rien pour renouveler le genre par contre.  Le livre s’inscrit d’ailleurs dans la vague de la fantasy pour dame, mais c’est très honnête comme démarche.  Un roman qui a de nombreuses qualités rattrapant ses nombreux défauts malheureusement difficiles à ne pas remarquer.  Une suite est prévue.  À surveiller.  

Critique parue originellement dans Brins d'éternité no 33.  Merci à Guillaume, David et tous les autres membres de l'équipe pour me laisser la chance de participer à cette belle aventure!

Je remercie également les Messageries de Presse Benjamin et plus particulièrement Jocelyn pour ce service de presse.

lundi 3 décembre 2012

Deux annonces importantes

Salut!

Je brise mon rythme habituel de publication pour vous annoncez deux grandes nouvelles.  Bon, la première, désormais, si vous voulez acheter un livre dont vous avez adoré la critique sur mon blogue et que vous souhaitez encourager mon travail de libraire et ma librairie (ouais, ça fait pas un peu pompeux de dire ça?  J'espère que non!  :P ), vous pourrez le faire directement de ce blog.  Depuis le début novembre, chacun des livres critiqué ici qui peut être acheté sur le site internet de ma librairie (http://daigneault.ruedeslibraires.com/) comporte un lien via l'image qui vous permet de l'acheter en ligne.  En particulier les livres numériques pour ceux qui sont fans!  Je ne m'en cache pas, je toucherai un (très maigre) pourcentage sur chaque vente faite à partir de ce blogue.  Je ne compte pas trop là-dessus pour acheter mes cadeaux de Noël (loin s'en faut!), mais bon, si vous avez le goût de m'encourager et de soutenir les librairies indépendantes du Québec via le web, ne vous gênez pas.  :)

Ce qui m'amène à une deuxième annonce importante.  Dû à mes récents problèmes informatiques, je me suis retrouvée face à une drôle de situation: de un, j'ai presque plus de billets d'avance.  De deux, j'ai un surplus de critiques à poster.  Dit clairement, si je maintiens mon rythme actuel de critiques de deux par semaine, je vais bientôt pouvoir me rendre jusqu'en janvier...  J'ai donc décidé de garder cette magnifique première semaine de décembre libre de billets pour mettre quelques critiques supplémentaires.  Ne vous inquiétez pas, je vais reprendre mes habitudes ensuite, mais ça va me laisser le temps de faire aller mes méninges et mes doigts sur des billets.  Et ça vous permettra également de tester les liens de mes critiques vers le site web par la même occasion (mais tsé, une fille s'essaye! :P )

Sur ce, bonne semaine, toute en littérature!

@+ Mariane

vendredi 30 novembre 2012

Les films qui font lire

Salut!

Je me rappelle au moment de la sortie du Discours du roi de Tom Hopper avec Colin Firth.  Il y a eu une espèce de petite folie à ce moment-là, faisant jaillir dans les tablettes de nombreuses biographies du roi Georges VI et de son épouse, la reine Elizabeth. Autrement, ce serait-on intéressé à ce roi et surtout, de cette façon? Il était quelque peu tombé dans l'oubli depuis toutes les années de règne de sa fille.  On a redécouvert une personne grâce au cinéma et par entraînement les gens ce sont mis à vouloir en savoir plus et quel était le meilleur moyen pour cela?  Et oui, les livres!

L'effet d'entraînement du cinéma vers les livres est visiblement de multiples façons.  Les ventes de tous les livres de J.R.R. Tolkien ont beaucoup augmenté après la sortie de la trilogie de Peter Jackson, mais pas uniquement les trois volets des aventures de la Communauté de l'anneau.  Le Silmarion, les trois tomes des Contes inachevés, Bilbo le hobitt ont aussi facilement trouvé preneur.  Le cinéma avait ouvert les portes de l'imaginaire de Tolkien à de nombreux lecteurs qui ont voulu découvrir son oeuvre.  Le cinéma a certes déblayé le terrain, mais c'est le livre qui l'a ensuite occupé, car l'oeuvre originale était là.

Je pourrais citer de nombreux exemples.  Certains d'entre eux sont de simples trucs publiés pour surfer sur la vague du film, d'autres non et c'est sans doute là le plus intéressant.  Les produits dérivés des films, très peu pour moi!  Mais de voir un enfant venir acheter un livre sur les insectes avec sa mère après avoir vu Le papillon bleu me fascine.  On a découvert quelque chose grâce au cinéma, on l'approfondit grâce aux livres.  C'est valide pour bien des sujets.  Certains sont plus sérieux, d'autres plus légers.  J'ai eu un client qui m'a demandé des livres sur l'exploitation minière en Afrique après avoir vu Blood Diamond avec Léonardo DiCaprio.  Je lui avais recommandé Noir Canada.  Ce n'est pas tout le monde qui le fait, mais le cinéma a ce pouvoir d'ouvrir certaines portes qu'autrement on aurait pas ouverte.  Aux livres de compléter le boulot!

@+ Mariane

jeudi 29 novembre 2012

De quoi le Québec a-t-il besoin en éducation? de Jean Barbe, Marie-France Bazzo et Vincent Marissal

De quoi le Québec a-t-il besoin en éducation?  Collectif sous la direction de Jean Barbe, Marie-France Bazzo et Vincent Marissal  Leméac  192 pages


Résumé:
Les auteurs ont posé une série de questions à des intervenants qui ont touché à toutes les sphères du milieu de l'éducation au cours des années, question ayant pour but de cerner et de définir les besoins en éducation au Québec.

Mon avis:
Ce petit livre a toutes les qualités de ses défauts: ça se lit bien, c'est très intéressant, les interventions sont courtes et précises et on laisse la place à toutes les opinions et à toutes les tendances de s'exprimer, tant qu'elles ne soient pas radicales.Ce qui donne un recueil très précieux, mais en même temps, on pose les questions sans aller plus loin.  Les interventions sont complètes, mais pas détaillées.  Beaucoup de bonnes idées, mais peu de mise en pratique.  En bon québécois, ce livre est un brainstorming, un brassage d'idées qui part un peu dans toutes les directions.  Une bonne façon de lancer le débat, en autant que cela soit suivi.  J'ai trouvé que beaucoup de pistes lancées dans ce livre valait la peine d'être creusées.  En tout cas, tous les intervenants, peu importe qu'ils soient de droite, de gauche ou du centre, étaient d'accords sur une chose: l'éducation doit redevenir une priorité dans notre société et on ne doit plus la laisser contrôler par quelques fonctionnaires à Québec.  On doit prendre notre place pour que nos enfants aient accès à une meilleure éducation, quelque soit le palier du système qu'ils fréquentent.  Vaste chantier.  Mais un tel livre vaut la peine parce que justement, il essaie de déblayer le chemin aux autres en parlant des grandes idées afin de frayer un chemin au nécessaire débat.  Et en ouvrant le débat, on invite tout le monde a s'y impliquer. Une façon comme une autre de permettre à tous de reprendre en charge l'éducation au Québec.  Un bon point pour ce livre.

Ma note: 4/5

mercredi 28 novembre 2012

De l'utilité de l'inutile

Salut!

Petite question: à quoi ça sert de lire de la littérature?  Pour les besoins de mon exemple, je vous dirais de mentalement vous en tenir aux grands auteurs: Tolstoï, Dickens, Sand, Goethe et leurs copains.  À quoi ça sert de lire ces types de toutes façons mort depuis des décennies, voire des siècles parfois?

L'inutilité de la littérature est justement ce qui la rend indispensable: comme on est pas obligé, comme on choisit de lire, c'est là que l'on peut justement en tirer le plus et le mieux.   On considère ça (et à juste titre) COMME UN LOISIR.  Donc, le cerveau est à off côté jugement, critique, idées préconçues et autre trucs du genre.  Enfin, bon, pas complètement, on est jamais neutre, mais on ne pensera jamais en ouvrant un roman, ça y est, je vais prendre par la bande un cours sur la Russie rurale tsariste ou encore sur l'Angleterre du XIXe siècle ou sur je ne sais quoi d'autres.  On ouvre un livre l'esprit ouvert et c'est justement en prime que l'on fait de magnifique découverte.  Mais ce qui compte le plus, surtout, SURTOUT, c'est qu'on a pris du plaisir à la lecture, alors les effets secondaires d'enrichissement personnel et tout le reste, on ne les ressent pas à court terme.  C'est à force de lire qu'on le développe. 

Non, mais pensez-y, quel est la première raison que vous avez pour ouvrir un livre hum?  Vous faire raconter une bonne histoire.  Idem pour moi. On est pareil sur ce point.  Ce n'est pas utile comme tel de lire de la fiction si on y pense bien.  Dans une perspective utilitariste néo-libérale, c'est même absolument pas nécessaire.  Pourtant, qui n'a pas réagit fortement à la citation de Lord Durham disant que le peuple du Bas-Canada était un peuple sans histoire et sans littérature?  Sans histoire parce que personne ne s'était donné la peine de l'écrire avant cette date (François-Xavier Garneau se fera un plaisir de le faire quelques années après le fameux rapport du Lord britannique), mais surtout sans littérature.  Tiens, tiens, ça a une quelconque importance la littérature tout à coup?  Pourquoi d'ajouter sans littérature était une insulte ajoutée à l'injure?  Peut-être parce que malgré sa totale inutilité apparente, la littérature est au contraire extrêmement utile?  Elle ne rapporte peut-être pas vraiment de façon tangible, son apport étant largement immatériel, mais il existe.  Parce que la littérature, c'est l'imaginaire d'une personne d'abord, mais cette personnage transporte à travers elle celle du peuple où elle a grandit, avec ses espoirs, ses aspirations et son histoire.  Même si l'histoire se passe sur une planète à des milliers de kilomètres de la Terre ou encore au beau milieu d'un pays imaginaire comme la Terre du milieu, l'influence culturelle de la société dans laquelle a grandi l'auteur se fera sentir.  Et son oeuvre appartiendra au patrimoine littéraire des siens avant d'être celui de la mémoire mondiale.  L'auteur est un ambassadeur de la culture dans laquelle il a grandit autant qu'un de ses constructeurs.

Inutile la littérature alors?  On peut certes quantifier les ventes de livres et de fichier numérique, mais pas l'apport de la littérature à un peuple.  Et tous les peuples qui ont marqué l'histoire de l'humanité ont eu une histoire culturelle riche.  La littérature fait partie de la culture.  Tout comme la sculpture, la peinture, la musique et tous les autres arts.  Alors, inutile la littérature?  Non, absolument pas.

@+ Mariane

mardi 27 novembre 2012

Les clowns vengeurs: La volonté d'Odi de Mathieu Fortin

Les clowns vengeurs  La volonté d'Odi  Porte-Bonheur  135 pages


Résumé:
Depuis 15 ans, Kholl Tran, ancien menvatt, vit retiré au temple, ayant endossé une vie de moine carimate.  Jusqu'au jour où une femme tirée de son passé l'incite à de nouveau brandir sa canne dorée et à enfiler son costume de menvatt.  Car une personne qu'il ne connait pas encore, mais qui pourrait être la plus importante au monde pour lui pourrait bien être en danger de pire que la mort.

Mon avis:
Encore une fois, on explore une autre dimension du monde des Clowns vengeurs.  L'histoire de ce tome-ci se passe avant, après les autres?  Aucune idée encore une fois, mais on vient coller un nouveau morceau à l'histoire.  Cette fois-ci, la raison pour laquelle les odi-menvatts tuent.  Les raisons en seraient en bonne partie religieuse.  Bon, pas très fan de la religion comme explication à leurs actes (ça me fait trop penser à l'intégrisme prévalant dans certaines religions sur notre bonne vieille planète), mais ça se tient et ça a l'avantage d'être très bien amené.  On suit de près Kholl Tran, à la fois en vraie et à travers un carnet qu'il laisse, adressé à une mystérieuse personne.  À travers son présent et son passé donc.  Jusqu'à cette personne qu'il ne rencontre qu'à la toute fin du livre...  On mêle ici habilement la base du système de pensée des menvatts et des arcurides, ce en quoi ils croient, les fondements de leurs convictions qu'on pourrait presque dire religieuse dans les deux cas.  Ils se ressemblent tellement au fond, mais sont incapables de voir leurs ressemblances.  Ils sont beaucoup trop ennemis intimes pour ça.  Un Clown dérangeant à bien des égards, mais bourré d'action comme on les aime!  Et j'espère presque que l'on reverra ailleurs le personnage d'Iskiri, l'ébauche qu'on en a vu m'a énormément plu.  Qui lira les autres Clowns saura!

Ma note: 3.75/5

Je remercie Pierre Lavigne des éditions Porte-Bonheur pour ce service de presse.

lundi 26 novembre 2012

Le fil subtil de l'émotion

Salut!

Quand les gens arrivent en librairie, souvent, ils me demandent un livre d'un auteur qu'ils connaissent, dont ils ont entendu parler par des amis ou des médias.  Rarement arrivent-ils en magasin en ayant aucune idée en tête.  Même ceux qui viennent simplement pour bouquiner vont d'abord aller vers les sections qu'ils connaissent.  Je vois souvent les gens fureter dans les colonnes mettant en vedette les nouveautés.  Selon les préférences des gens, ils guettent celle des nouveautés en policier, littérature étrangère ou encore québécoise.  D'autres filent directement vers la section littérature de l'imaginaire.  Dans tous les cas, ils se relient à d'autres lectures qu'ils ont fait.  Ils nouent d'autres lectures, d'autres livres à ceux qu'ils ont déjà lus.

En regardant les gens, je sais qu'ils cherchent à relier un livre avec une émotion, à un fil qu'ils connaissent.  On pourrait dire autrement qu'ils cherchent à refaire vibrer la même corde de violon qu'ils ont déjà fait vibrer avec bonheur.  C'est là que ça se complique: on ne peut pas retrouver deux fois la même émotion avec un livre et même si c'est proche, ce n'est pas la même chose exactement.  Alors quand vient le temps de leur proposer des trucs qu'ils n'ont jamais lu...

Je suis à la première ligne de front pour faire découvrir des auteurs et heureusement, j'ai une relation assez complice avec certains clients.  Ils me permettent de les faire sortir de leurs ornières, de changer leurs habitudes, d'aller voir dans le livre voisin si l'encre y est plus verte.  Dans ces cas-là, la personne qui nouent le fil de l'émotion avec une nouvelle lecture, c'est moi.  D'autres personnes ne jurent que par certains chroniqueurs télés ou de journaux.  Là, ce sont eux.  Les clients arrivent ensuite en magasin et prennent les livres recommandé par ce chroniqueur en priorité.  Ces livres-là ont une chance.  Mais les autres?

C'est ce que je trouve dommage et difficile à la fois.  De nouer le lien.  J'ai plusieurs amis auteurs et je sais à quel point ça peut être dur de faire découvrir son livre.  Il y a les Salons du livre, il y a le réseautage, les blogues, plein de choses, mais créer le petit fil qui amènera le lecteur vers un livre demande une chose en priorité: de la visibilité.  Et ça, ce n'est pas toujours facile ou évident.  C'est pour ça que tant de livres passent dans le beurre et que le pilonnage est aussi intense.  On manque de temps et de moyen pour tisser ce petit lien, aussi fin qu'un fil d'araignée entre les lecteurs et les livres.  C'est dommage, parce que c'est ce lien essentiel qui les fait découvrir.

@+ Mariane

vendredi 23 novembre 2012

Drôles de clients! Prise 12

Un client entre en magasin, un régulier, que je connais bien.  Étant donné les sorties de la semaine, je sais pertinemment le livre qu'il vient chercher.  Il entre en magasin, parlant à son téléphone cellulaire.  À un moment donné, il me fait une grimace pour me faire comprendre qu'il essaie de raccrocher, mais que son interlocutrice ne semble pas piger le message.  Je lui fais donc signe que la pile du livre qu'il souhaite est juste devant lui et il me remercie en faisant de grands signes, le cellulaire toujours vissé sur l'oreille.  Il se dirige vers la caisse et je le suis.  Je lui fais sa transaction à la caisse, alors que lui continue à parler tout en me faisant des haussements d'épaule et de petites grimaces gênées pour me faire comprendre qu'il est désolé.  À la fin, il me fait encore de grands signes de remerciement et il passe la porte le sourire aux lèvres... sans m'avoir adressé une seule fois la parole!

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Une cliente nous appelle pour se plaindre que sa commande met du temps à arriver!

-Là, je suis vraiment en manque, il me faut mes livres pour la fin de semaine!

Étonnées d'une personne se déclarant «en manque» de livres, nous vérifions le contenu de sa commande.... pour constater qu'elle avait commandé une série de romans Harlequin!

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Un client appelle en magasin:

-Vendez-vous ça des longs jeux?

-Euh, des longs-jeux?

(Quoi, c'est quoi ça, on a des jeux en magasin, mais ils sont pas si long que ça!)

-Ben oui, des longs-jeux!

-Euh, on a des jeux en magasin, mais ils sont pas nécessairement long...

-Non, des longs-jeux, des 33 tours.

-Ah!!!  Non, on a pas de disques en magasin!

Je raccroche et une de mes collègues me lance:

-Des longs-jeux, c'est des disques vinyles, tu connais pas ça?  Trop jeune sans doute!

En fait, oui, je connais les disques vinyles, mais j'avais jamais entendu parler de long-jeux moi!

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Le numéro de la librairie n'a qu'un chiffre de différence avec le numéro d'un réparateur de petits moteurs.  Ce qui fait que chaque été, on se fait appeler au moins une bonne dizaine de fois pour se faire demander si on répare les tondeuses...  

Les clients ne semblent pas remarquer que l'on répond toujours: «Librairie Daigneault Bonjour!»

@+ Mariane

mercredi 21 novembre 2012

Grapiller quelques instants de lecture

Salut!

Parfois, il ne me reste qu'une ou deux minutes avant de quitter la maison.  Dans ces moments-là, la tentation est souvent forte d'ouvrir un livre quand même.  Même si c'est juste pour une petite minute ou deux.  Même si je sais très bien que neuf fois sur dix, je vais me mettre en retard avec ça.  C'est trop tentant tout simplement!

J'attrape mon livre, mais je reste debout.  Trop tentant de plonger trop profondément, alors je ne m’assois pas.  Je lis en jetant des coups d'oeil régulier à ma montre, ou du moins, j'essaie!  Ce petit moment de lecture est pressé dans le temps, mais il a par le fait même un petit goût d'interdit. Quelques pages, comme ça, lues à la va-vite.  Bien peu, mais juste le temps de prolonger un peu une histoire, d'avancer un peu dans l'intrigue.  Frustrant par sa brièveté, mais délectable par son petit côté rebelle.

Ensuite, toujours trop vite, ma montre me rappelle qu'il est temps de filer et je jette le livre de côté et file, la tête encore dans mon livre, frustrée de ne pas avoir pu continuer plus avant.  Ce n'est que partie remise! ;)

@+ Mariane

mardi 20 novembre 2012

Anima de Wajdi Mouawad

Anima  Wajdi Mouawad  Leméac/Actes Sud  388 pages


Résumé:
De retour du travail, Wahhch Debch trouve sa femme Léonie morte.  Assassinée.  Comme une termite, son meurtrier lui a ouvert le ventre et a violé la plaie, tuant au passage leur enfant.  Rapidement, la police découvre qui est l'assassin, mais ne peut l'arrêter, car l'homme a trouvé refuge dans une réserve amérindienne.  Wahhch part à sa recherche.  Non pas pour se venger, mais pour voir le visage de l'homme qui a tué sa femme et aussi parce que le meurtre de Léonie a fait ressurgir en lui des souvenirs, de lointains souvenirs de sa petite enfance où on l'avait enterré vivant avec des bêtes...

Mon avis:
Ce roman est un animal à apprivoiser.  Difficile, sauvage, mais puissant dans sa force d'évocation.  Le destin de Wahhch est lié aux bêtes.  D'ailleurs, Wahhch n'est jamais un homme agressif, jamais il ne lèvera la main sur une bête quelle quelle soit.  Celles-ci le respectent et le considèrent comme l'un des leurs.  À travers ce récit, toujours raconté du point de vue d'un animal qui est à ce moment-là près de Wahhch, peu importe qui il est (mouche, araignée, chien, chat, rat, abeille, singe, renard), on suit Wahhch dans ses errances.  Il cherche à voir le visage de l'assassin de sa femme, mais aussi à faire taire ces images qui ressurgissent du fin fond de sa mémoire, des images où enfant, on l'a enterré vivant, entouré de bêtes.  Plus sa quête continue, plus ces souvenirs enfouis ressurgissent.  Et c'est là que réside la clé du roman.  Le meurtre de sa femme provoquera une réaction en chaîne en Wahhch qui le ramènera vers son passé.  L'écriture est étonnamment adaptée à ses nombreux narrateurs.  Quand le narrateur est un chat, on sent sa félinité, une araignée, on voit le monde à travers ses perceptions des vibrations sonores et quand c'est un singe, on voit le monde à travers ses yeux presque humains.  Tous l'accompagnent d'une façon ou d'une autre.  Ils lui nuisent, l'aident, ne font que le regarder.  Tous les chapitres sont annoncés par des noms d'animaux en latin, indiquant l'espère précise de chacun d'entre eux.  Parfois, le texte suffit à savoir de quel animal il s'agit, à d'autres moments, il m'a fallu faire appel à mon cher Wikipédia.  Dans tous les cas, on sentait l'animalité dans le récit, même dans la dernière, pourtant racontée par Homo Sapiens Sapiens.  Fait surprenant, la quête de Wahhch à travers les États-Unis suivra le cours de sa quête intérieure par le nom des villes qu'il traverse.  Hasard?  Sûrement pas.  Mais disons que les coïncidences donnent une autre saveur au récit.  Et permettent de mieux le sentir.  À ne pas lire dans un moment de découragement, c'est très sombre comme récit, mais en même temps, très lumineux, car à travers la folie et la cruauté des hommes règne la bonté des animaux qui ne sont ni bons ni méchants, seulement eux-mêmes en toutes circonstances.

Ma note: 4.5/5

Je remercie Leméac et plus particulièrement Josée pour ce service de presse.

lundi 19 novembre 2012

Chroniques d'une trotteuse au Salon du livre de Montréal 2012

Salut!

Première des choses, je dois vous annoncer que mon silence relatif des derniers jours a été tout sauf volontaire.  J'ai  malheureusement dû jongler avec le transport, les fatigues, les longues heures et le manque de sommeil causé par le Salon du livre de Montréal, grande messe annuelle que je ne souhaitais pas manquer pour tout l'or du monde, mais également avec des problèmes informatiques qui m'ont privé de mon précieux accès à Internet.  :(  J'ai donc passé les derniers jours à faire St-Hyacinthe-Montréal et en prime à faire vivre l'effervescence du Salon à un petit nouveau qui n'avait jamais osé s'y risqué, soit mon grand ami Sébastien Chartrand, celui dont le nom est inscrit à droite de mon blogue dans la colonne des impatiemment attendus.  Héhé!  Je lui aie fait avoir la totale, laissez-moi vous dire!  :P

Le Salon cette année?  Comme les autres années sur bien des points, mais l'ambiance était davantage au rendez-vous cette année que l'an dernier à mon humble avis.  Malheureusement, on y trouvait toujours autant de mammouths...  Ah oui, c'est vrai, faut que je vous explique:

Mammouth:
1- Mammifère préhistorique disparu depuis des milliers d'années qui était gros, grand et prenait beaucoup, beaucoup de place.
2- Mammifère du genre Homo Sapiens Sapiens hantant les Salons du livres et marchant de préférence à la vitesse d'une tortue en plein milieu de l'allée nuisant considérablement aux efforts de ceux qui essaient vainement de se frayer un chemin pour traverser la foule à une allure différente.  Notez que le mammouth des Salon du livres a une nette tendance à stopper en plein milieu du chemin pour regarder avec attention un livre idiot provoquant un embouteillage digne de l'heure de pointe et de s'en rendre compte quand les dégâts concernant la circulation ont déjà paralysé la moitié de l'allée où ils se trouvent.

Vous voyez le genre?

Faire la liste des gens avec qui j'ai parlé serait beaucoup, mais beaucoup trop longue!  Simplement, je dois dire qu'il fallait vraiment que je me surveille cette année, parce que la déshydratation me guettait à force de blablater dans l'air sec du Salon!  J'ai vécu des moments extraordinaires, eu des discussions merveilleuses et profité à fond de toutes les occasions, enfin, presque, j'en aie quand même manqué quelques-unes! :(  Mais bon, au total, ça a été extraordinaire!  Un très très bon Salon, qui a regarni ma PAL  (comme si elle était vide!) et m'a permis de voir ou de revoir des gens extraordinaire, mais honnêtement, là, j'ai fait des provisions de Salon jusqu'à l'année prochaine! ;)

@+ Mariane

mercredi 14 novembre 2012

La bibliothèque comme miroir de soi

Salut!

La plupart des gens, quand ils entrent chez moi, jettent un oeil à mes bibliothèques (visibles depuis l'entrée) et s'exclame souvent que j'ai dont ben des livres!  80% y jettent ensuite un oeil.  Le 20% restant remet rarement le pied chez moi.

Parce que la bibliothèque, c'est un miroir de soi.  On y met ce qui nous y intéresse.  Ce qui nous passionne.  Rarement ce qu'on déteste.  Les gens qui entrent chez moi et qui zieutent ma bibliothèque regardent une partie de moi-même, une partie de mon âme même, mais il faut dire que j'ai une relation très étroite avec mes livres.  J'ai un ami qui a la même avec ses disques.  Quand on aime quelque chose à ce point, autant s'avouer dès le départ que c'est quelque chose dans lequel autrui peut nous découvrir.  Aussi sûrement que la fan de natation qui tapisse ses murs avec ses médailles et ses photos de compétition ou l'amateur de 7e art qui recouvre ses murs de DVD.  Pour moi, c'est ma bibliothèque.

On dit que les maisons sans bibliothèque n'ont pas d'âmes.  Je suis entièrement d'accord.  Mais en même temps, je dirais que ce n'est pas entièrement vrai.  Une maison sans bibliothèque peut avoir une âme, mais uniquement si quelque chose d'autre remplace le livre comme façon de montrer ses passions.  Pour moi, c'est ce qui donne son âme à une maison.  Ce qu'on y met de personnel et qui fait vibrer nos trippes.  Cependant, je reste persuadée que la bibliothèque reste un des meilleurs moyens de donner une âme à une maison.  Parce qu'un livre, c'est physique, on le voit.  Parce que le livre en tant qu'objet et peu importe son contenu, a un sens culturel qui est très lourd.   Une fan de gastronomie remplira sa bibliothèque de livres de cuisine sur six tablettes, ça ne changera rien au fait que cette bibliothèque donnera une âme à sa maison.  Un livre a une signification en lui-même.  La tablette aussi, la liseuse aussi, mais on ne les associe pas à la culture ou encore à la musique, à l'art, à littérature, à la cinématographie.  Même si un IPad peut être bourré de livre jusqu'à la limite de ses méga-octets, ça reste un objet que l'on relie à la techno, pas à la culture.  Et ça ne risque pas de changer!  Parce que la techno reste de la techno et reste un objet qui est associé à la vitesse, au goût du jour, au dernier cri, au gadget.  Pas à la culture.  Ça le deviendra peut-être un jour, mais ce n'est pas le cas aujourd'hui.

Alors, envahissez vos murs de livres tout le monde.  Cela donne une âme à votre maison.

@+ Mariane