mercredi 28 novembre 2018

Le Pouvoir? Connais pas! de Lise Payette

Le Pouvoir?  Connais pas!  Lise Payette  Québec Loisirs 225 pages



Résumé:
Élue le 15 novembre 1976 avec le raz-de-marée péquiste, Lise Payette a été la première ministre féminine du gouvernement de Renée Lévesque.  Dans ce livre, écrit quelques mois après son départ de la vie politique, elle revient sur son passage dans ce milieu difficile où elle s'est engagée par conviction et pour la cause souverainiste.  

Mon avis:
La quatrième de couverture le dit clairement: c'est un récit encore à chaud de l'expérience politique d'une personne.  L'auteure y raconte son expérience telle qu'elle l'a vécue, à hauteur de femme.  Elle ne cache rien: les apprentissages accélérés, une nouvelle façon de devoir se comporter en public, l'obligation de tenir sa langue, les relations loin d'être toujours faciles avec des collègues qui la remettent en question parce que femme et femme ayant une expérience professionnelle.  Elle aborde le double standard, mais aussi le travail de ministre.  Pas de questions de guerre, de commérages ou de règlements de compte, elle relate ce qui lui est arrivé, de son point de vue.  Évidemment, le choc a été brutal pour elle et le travail encore plus difficile que ce qu'elle pensait, mais elle ne semble pas en garder d'amertume.  Elle montre ses réalisations, les difficultés à les avoir aussi.  Sans faille.  La bataille de l'assurance-automobile, celle de la loi sur la protection du consommateur.  Celle aussi de la réforme du Code civil.  Il y a quelque chose de clinique et de froid dans ce livre, même si c'est justement ce qui est passionnant.  Il n'y a aucun pathos, aucune grand envolée, juste une expérience humaine.  

Même concernant le sujet ultra-sensible des Yvettes.  Ces fameuses Yvettes qui ont plombé la campagne référendaire de 1981.  Une bonne partie du livre est consacrée à cette histoire.  Comment elle a été récupérée et instrumentalisée.  Comment son sens premier a été détourné et fait crève-coeur, l'a été par des femmes qui autrement, partagent les idées de Lise Payette.  Ce qui est surtout intéressant, ce sont tous les détails que donnent la proximité avec les faits.  J'avais lu sur les événements dans mes cours d'histoire, mais tout plein de détails et surtout, le contexte, leur donne un éclairage complètement différents.  Le débat entre femme au travail et femme au foyer, central aux Yvettes, a une tonalité complètement différente de nos jours.  

L'auteure possède une belle plume, mais elle est totalement dépourvue de fioriture.  Elle relate les faits avec un détachement qui peut toucher au journalistique.  Ce n'est pas un défaut en tant que tel, mais ça surprend un peu pour des mémoires.  En tout cas, le livre se lit presque d'une traite tellement elle sait bien rendre son sujet.  Excepté la partie qui traite de son testament politique, le mémoire sur le développement économique qu'elle a déposé avant son départ.  Cela devait être très intéressant en 1983, mais pas en 2018...  C'est en le lisant que je crois que j'ai le mieux saisi le chemin parcouru par le Québec depuis ce temps-là.  Et l'impact qu'avec ses années au pouvoir, Lise Payette a eu sur le Québec.

Ma note: 4.75/5

lundi 26 novembre 2018

La réalité parfois plus folle que la fiction

Salut!

Une fois, en écoutant Patrick Senécal en entrevue à Tout le monde en parle, je l'ai entendu faire un commentaire sur le fait que les lecteurs ont des limites à accepter que certaines choses puissent bel et bien faire partie de la réalité.  Même si l'invraisemblable est parfois arrivé, il expliquait qu'avec les Malphas, il avait créer un univers tellement gros qu'il avait pu faire passer des choses qu'autrement, il n'aurait pas pu.  Bon, ok, la dose de gros dans cette série est particulièrement élevée, mais ça fait qu'on est capable d'accepter certaines choses qu'autrement, on aurait certainement pas pu.

Pourtant, il n'y a qu'à consulter les rubriques faits divers et les livres des records Guiness pour constater que le monde est encore plus bizarre qu'on ne le pense.  Et que bien des choses qui seraient pour nous totalement invraisemblables font partie de la vie quotidienne et banale de certaines personnes.  Comme cette femme qui adore bouffer de la mousse de rembourrage de divan...  Ça me semble trop gros pour être vrai et je ne suis pas sûre de la crédibilité de la source, mais avouez que ça fait de la bonne télé-réalité!

Mais si on mettait un personnage qui fait exactement la même chose dans un roman... les gens vont décrocher!  À moins que le cadre ne s'y prête, à moins que ça ne soit logique dans l'histoire, mais si on est dans le mode à moindrement réaliste...  Va vraiment falloir que l'auteur(e) se lève de bonne heure pour que ça passe!  Sinon, on se dira que cette partie de l'histoire est arrangée avec le gars des vues, qu'une telle chose est impossible.  On refermera le livre en se disant, mais ils exagèrent ces auteurs!

Et pourtant...  Si c'est bien fait, ça passe.  Même l'invraisemblable, même l'impossible, ça peut passer si ça fait partie d'une bonne histoire.  Si on l'enveloppe bien, si on le présente bien, si ça ne sort pas trop d'un chapeau, si ça correspond à la logique de l'histoire... Ben, oui, ça peut passer.  Pas toujours, mais ça peut passer.  Ça reste difficile, parce que ça dépend de ce qu'on présente et de la manière dont on le présente. Sauf que...

Avouez que vous avez déjà entendu parler d'une histoire tellement folle qu'elle a l'air invraisemblable, même si elle est vraie.  (Tsé, comme la fois où les Écossais ont perdu les joyaux de la couronne...)  Ce genre d'histoire aura toujours le dessus sur la réalité parce que dans ce cas, il n'y a pas de trucages, pas d'astuces, pas d'emballage, il y a juste une histoire, trop incroyable pour être vraie, mais quand même réelle.  Et ça, il n'y a aucune fiction pour la battre.  Par contre, la fiction est excellente pour l'utiliser, cette histoire!

Combien de roman sont basés sur une anecdote, combien de films se sont inspirés d'événements réels, relatant un événement invraisemblable, mais qui est bel et bien arrivé dans la vraie vie.  Même si après ça les scénaristes ou les romanciers en rajoute une couche épaisse comme ça se peut pas, on les croira, tout simplement parce que ça contient une part de vérité.  Parce que ça part de la vraie vie, tout devient possible.  Y'a pas meilleur moyen pour en passer des vertes et des pas mûres!

@+ Mariane

mercredi 21 novembre 2018

Arvida de Samuel Archibald

Arvida  Samuel Archibald  Le Quartanier  Écouté en version audio Lu par Samuel Archibald et Gildor Roy 5h44  Disponible gratuitement sur le site de Radio-Canada


Résumé:
Arvida est une petite ville, construite pour être une ville modèle selon l'idée de l'américain Arthur Vining Davis.  C'est cette ville, ses environs et son imaginaire qui composent les nouvelles de ce recueil.

Mon avis:
Lire ce livre en audio a été à mon avis, une excellente idée.  Parce que c'est en l'entendant que l'on réalise tout le travail qui a été fait dans le rendu de l'oralité de la langue de ce coin de pays.  Le vocabulaire est riche et varié, certains termes utilisés ne doivent pas l'être souvent par les gens d'Arvida, mais toutes les sonorités rendent hommage à une façon de parler, de vivre.  Les nouvelles parlent de la ville d'Arvida, de ses environs, d'histoire se passant parfois plus loin.  Certains thèmes sont abordés de façon sensible, d'autres, de façon plus violente, comme dans la nouvelle Jiggai, la plus dérangeante du recueil.  Dans la version que j'ai écouté, l'auteur lit lui-même les trois nouvelles reliées plus spécifiquement à son enfance et laisse Gildor Roy lire les autres.  Choix très pertinent parce que la voix chaude et basse de l'acteur sied magnifiquement bien au propos raconté.  Les nouvelles flirtent parfois avec le fantastique, plus près de Guy de Maupassant que de fantastique moderne toutefois.  D'autres sont très réalistes, ancrées dans la réalité du coin de pays qu'elles racontent.  Les sujets abordés sont très différents, d'une tentative de meurtre à la vie en forêt, de l'implosion d'un couple dans une maison qui est le marqueur de tous les différents, du passage à l'âge adulte d'une adolescente.  D'autres d'histoires s'étant passée à Arvida, tout simplement.  Tout dans ce recueil de nouvelles est ciselé dans l'écriture, dans la narration, dans la façon de raconter.  C'est une succession de nouvelles, mais soigneusement choisies qui donnent un effet d'ensemble au recueil.  Pas étonnant que ce livre ait gagné le Prix des libraires en 2012!

Ma note: 5/5

vendredi 16 novembre 2018

L'Amérique ou le disparu de Réal Godbout d'après Franz Kafka

L'Amérique ou le disparu  Scénario et dessins de Réal Godbout d'après le roman de Franz Kafka  La Pastèque  184 pages


Résumé:
Karl Rossman a été envoyé en Amériqe par ses parents après que la bonne qui avait jeté son dévolu sur lui se soit retrouvée enceinte.  Il tombe d'abord sur son oncle qui l'accueille et le protège un moment, avant de le mettre à la porte pour des raisons obscures, deviendra amis avec deux larrons chômeurs qui le prendront sous leur aile et se serviront largement dans ses effets personnels, puis bénéficiera de la bonté d'une cuisinière d'un hôtel avant de se faire mettre à la porte dudit hôtel dans un coup largement monté.  Bref, c'est du Kafka, mais en bande dessinée.

Mon avis:
Les malheurs d'Archie résumerait bien ce livre.  Car dans le dessin des personnages, on sent une ressemblance avec le célèbre personnage de comics.  Cependant, le dessin est en noir et blanc et les mésaventures de Karl Rossman n'ont rien de drôle même si on rit parfois.  Comme c'est une adaptation de Franz Kafka, on sait déjà au départ que tout va tourner mal et que la fin ne sera pas heureuse, mais quand on voit le sort s'acharner sur le personnage principal, qui est trop bon et un peu naïf, on ne peut qu'avoir à la fois pitié de lui doublé d'une envie parfois de lui donner quelques claques.  

Il y a une grande précision dans le dessin.  La grand majorité des plans sont près des personnages, en particulier de Karl.  On suit l'intrigue à la hauteur de ce personnage ce qui nous le rend proche, sans aller jusqu'à dire qu'il est attachant.  Le travail des décors et des costumes rappellent d'autres BDs (Archie pour les personnages, Tintin pour les décors) dans le traitement, ce qui permet d'ancrer l'atmosphère, il faut bien le dire, kafkienne, de ce récit.  Certains plans inventifs permettent d'ailleurs d'entrer dans la tête de Karl.  Comme lorsqu'un des larrons lui dit qu'à force de se faire traiter comme un chien, on finit par en devenir un et que ce personnage, le temps d'une case, devient un chien lui-même.  L'intrigue, bien que faite d'une succession de malheurs, est très réaliste et on se prend à se dire que c'est sans doute déjà arrivé à quelqu'un...  Le dessin nous permet de suivre cette intrigue, de faire corps avec elle.  Ce n'est pas joyeux, on ne sort pas heureux de cette lecture, mais on peut mesurer tout le talent de l'auteur d'avoir réussir à la transcrire en bande dessinée.

Ma note: 4.25/5

mercredi 14 novembre 2018

La Sorcière du Palais de Sophie Bérubé

La Sorcière du Palais  Sophie Bérubé  Goélette éditions  305 pages



Résumé:
Maître Julie DeGranpré a disparu.  Avocate de la défense, elle défend des criminels.  Certaines mauvaises langues disent même qu'elle couche parfois avec eux...  C'est aussi une ancienne Procureure de la Couronne qui a sauté par-dessus la clôture, ce que beaucoup ne lui pardonnent pas.  Cependant, sa disparition reste une disparition et Mathieu Langlois, inspecteur au SPVM, fera ce qu'il fait toujours: tout mettre en oeuvre pour retrouver celle qu'il appelle sa cliente.  Même un peu plus, car cette cliente n'est pas tout à fait comme les autres.

Mon avis:
Il y a à la fois beaucoup de positif et beaucoup de négatif à dire de de roman.  Du côté du positif, l'auteure possède un vrai sens du suspense et sait nous garder habilement accrochée aux pages de son livre.  On veut vraiment savoir ce qui est arrivé à cette fameuse sorcière!  On peut aussi mettre à son crédit d'avoir su rendre son personnage d'avocate extrêmement nuancé.  Il y a en elle le fait qu'elle est prête à défendre les pires criminels, même des membres de la mafia, et un sens de la justice et de l'éthique dont on pourrait penser qu'ils sont incompatibles, mais, réuni dans un seul et même protagoniste, ça donne un personnage pleine de zone d'ombres très réussi.  Un très beau portrait de femme.  Les arcanes du milieu juridique sont, à mon sens, très bien dessinées et on saisit vite que la justice n'est pas toujours du côté qu'on pense.  Ça, c'était les fleurs, maintenant, le pot!  L'auteure use et abuse de certains effets de style.  Comme par exemple, si l'enquêteur parle avec quelqu'un au téléphone, le paragraphe suivant sera consacré à la réaction à l'appel de ce personnage.  Le problème, c'est que rien dans la présentation ne vient nous indiquer ce changement de personnages et à la longue, je me demandais dans la tête de qui j'étais.  De même, il y a beaucoup de monologues intérieurs qui sont des infosdump.  Show don't tell qu'ils disent?  Et bien, l'auteure aurait pu montrer plus que raconter, cela aurait amélioré la fluidité de l'histoire.  La fin était intéressante, mais le personnage qui finit par se révéler être le gros méchant manquait clairement de nuances et ça l'a affaiblit.  De plus, son importance était totalement secondaire pour le reste de l'intrigue, donc on a l'impression qu'il nous est un peu sorti comme un lapin d'un chapeau.  Par contre, j'étais heureuse de constater que l'auteure avait laissé sa personnalité toutes en zones grises à sa sorcière jusqu'à la fin.  À côté d'elle, l'inspecteur du SPVM fait un peu pâle figure.  Surtout que (clic), il tombe presque (clic) amoureux d'elle parce qu'elle est belle (clic), mystérieuse (clic) et qu'elle semble si fragile (clic) qu'il en viendra presque (clic) à remettre en question son couple (clic) a cause d'elle.  Vous voyez tous les clichés?  Exactement...  C'est loin d'être un mauvais livre et très très loin d'être un mauvais roman, mais il y a quelques points qui agacent à la lecture.  Dans l'ensemble par contre, j'ai passé un très agréable moment de lecture.

Ma note: 4/5

lundi 12 novembre 2018

Retour aux mammouths

Salut!

Cette semaine a lieu l'événement annuel de tout amateur de littérature: le Salon du livre de Montréal!  Événement grandiose (mais quand ça fait seize ans, le grandiose l'est un peu moins), où tous les auteurs (ou presque!) du Québec se rassemble, ainsi que les éditeurs, distributeurs (tsé, ceux que le public connaissent pas, mais qui te permettent de spotter où chercher ta maison d'édition préférée?), bref, les gens du livre se rassemblent.

Mais c'est également le retour, des terribles, des affolants, des TERRIFIANTS...

MAMMOUTHS!!!!!!!!!

Bon, ok, faut que je m'explique.

C'est quoi un mammouth?

C'est une créature habituellement disparue qui ressurgit pour la durée du Salon du livre (il doit y en avoir dans d'autres Salons du livre, mais je connais surtout ceux de Montréal).  Les mammouths ont pour principal caractéristiques d'être lents et de ne pas être conscients de l'espace qu'ils prennent.  Ils hantent les allées du Salon en prenant bien soin de circuler en plein milieu de l'allée.  Ils sont du genre à s'arrêter en plein milieu de celle-ci parce que miracle des miracles, ils viennent de voir... un livre.  Livre qui mérite instantanément toute leur attention.  Et qui leur fait oublier bien évidemment qu'ils prennent tout l'espace disponible pour circuler.  Ils s'arrêtent pour admirer le livre, provoquant derrière eux un bouchon de circulation salondulivresque dont ils sont inconscient ou pire, insouciant.

Les mammouths sont des animaux habituellement grégaires, ce qui veut dire qu'ils circulent en bande.  Mais ces bandes respectent une loi sociale très puissante qui font qu'ils n'ont pas la moindre envie de s'agglutiner les uns des autres, respectant par là une distance physique respectable entre chacun des membres du troupeau.  Ce qui fait que toute personne qui aurait envie de se faufiler entre eux sera forcée de les contourner, mais suffisante pour prendre le double de l'espace qu'ils auraient occupés en étant un brin plus serré.  Les mammouths protègent leur territoire, sachez-le.

Les mammouths sont des amateurs de lèche-vitrine.  Ce sont rarement de grands lecteurs.  Ils se promènent à pas lent, guettant l'instant où quelque chose captera leur attention.  Celle-ci captée, soyez sûr que les mammouths auront soudainement les pieds enracinés au sol incapable de se déplacer de plus d'un centimètre vers la droite ou vers la gauche.  N'importe quoi peut retenir leur attention.  Particulièrement une file d'attente d'un auteur dont ils n'ont jamais entendu parler, mais dont ils vont acheter le livre et faire la file, parce que «s'il y a autant de monde, c'est que ça doit être bon!»

Le mammouth se déplace souvent avec une poussette.  Pas le petit modèle agile et rapide, non, ils préfèrent les modèles familial, large et confortable, capable d'accueillir rejeton #1 et rejeton # 2.  Évidemment, rejeton #1 fini toujours par contester son transport en poussette et marche à côté de celle-ci, permettant aux mammouths d'augmenter l'espace physique qu'ils occupent à peu de frais.  Ce genre de poussette est parfait pour faire tomber des piles de livre soigneusement édifiées ou encore à laisser volontairement dans un passage pour être sûr de marquer son territoire.  Toute tentative de déplacer le-dit carrosse vous voudra une floppée d'excuse ou de jurons, selon que le ou la mammouth-propriétaire soit conscient ou non de l'espace physique qu'il ou qu'elle prend.  Dans la plupart des cas, il vous faudra vous glisser dans l'interstice entre la poussette et la pile de livre en équilibre instable pour éviter d'avoir à marcher à l'allure des tortues-interrompues-par-la-présence-d'un-livre-qui-justifie-un-arrêt-immédiat qu'impose le reste des mammouths dans les allées.

Bref, c'est le Salon du livre en fin de semaine.

Le dernier à la Place Bonaventure (fin d'une époque et petite larme)

J'ai vécu tous mes Salons du livre à cet endroit depuis des années.  Je l'ai arpenté de long en large, de haut en bas et j'en connais même des recoins que pas tout le monde connaît (tsé, quand t'as de bons contacts! :P ).  C'est la fin d'une époque... et le début d'une autre!

Bref, bon Salon du livre et gare aux mammouths!  (L'invasion est particulièrement intense le samedi!  Que tout le monde soit prévenu!)

@+ Mariane

jeudi 8 novembre 2018

Boucar disait: Pour une raison X ou Y de Boucar Diouf

Boucar disait: Pour une raison X ou Y  Boucar Diouf  Éditions La Presse 264 pages


Résumé:
Comment on fait les bébés est une question que pose tous les enfants du monde, y compris le fils de Boucar Diouf.  Seulement, c'est une vaste question!  Alors, armé de la science, d'une touche de sociologie et d'une bonne dose d'humour, Boucaar entreprend une longue réponse, qui fait le tour de cette question dans tous ses tenants et ses aboutissants.

Mon avis:
Évidemment, on plonge dans ce livre à la fois à cause de son sujet, mais beaucoup aussi pour la plume de son auteur.  Une petite déception ici: son humour résonne moins à l'écrit qu'à l'oral.  Ce qui n'en fait pas un texte inintéressant, loin s'en faut.  Si on vous serine depuis l'enfance la recette magique de la rencontre du spermatozoïde et de l'ovule, l'auteur de fera un plaisir de vous apprendre beaucoup plus.  Parce qu'au merveilleux royaume de la reproduction, ce petit moment s'avère beaucoup plus complexe qu'il n'en a l'air!  Et il ne constitue au final qu'un bref instant d'un processus beaucoup plus complexe où l'évolution, la culture, la biologie, la chimie et la sociologie ont aussi leur mot à dire.  Parsemé des jeux de mots suaves de l'auteur, le texte ratisse large, du premier regard à la naissance d'un petit être humain tout neuf, en passant par un large spectre et en empruntant beaucoup d'exemples au monde animal, question de se rappeler que nous ne sommes pas si uniques que ça.  Le texte est simple et abordable, mais n'est pas pour autant dépourvu de bases scientifiques solides.  Au contraire, on constate vite que c'est le talent de conteur et de vulgarisateur de l'auteur qui font la différence.  Ici, la grande aventure de la reproduction est raconté comme une histoire plus que comme un livre érudit.  Évidemment, le texte est truffé d'innombrables citations de son fameux grand-père!  On plonge dans ce livre pourtant scientifique quasiment comme dans un roman et on en ressort plus érudit et aussi un brin plus humaniste: après tout, ce qui est raconté est à peu de choses près la même histoire pour chacun de nous.

Ma note: 4.25/5

lundi 5 novembre 2018

Cultiver le désir

Salut!

Si vous jeter un coup d'oeil sur internet, et que vous taper Entretenir la flamme, vous risquez de trouver une très très très longue liste de conseils en 5 ou 10 points sur comment entretenir la flamme avec votre douce moitié.  Ça va des trucs érotiques aux trucs para-érotiques, du genre, essayez de nouveaux trucs, faites l'amour dans une autre pièce ou portez le pyjama de votre homme (je ne sais pas pourquoi on ne conseille aux hommes de mettre un déshabillé pour dormir, mais bon, j'ai sans doute pas lu les bonnes listes!)

Pourtant, il me semble que ce sujet d'entretenir la flamme, ça pourrait aussi s'appliquer à la lecture, parce que comme l'amour, c'est souvent une passion.  Une passion que l'on peut attiser, que l'on peut entretenir et qui peut s'éteindre aussi.  Un bon livre vous donnera envie d'en livre d'autres, un mauvais livre vous donnera envie de faire autre chose, trois mauvais livres de file...

Et voilà, le désir se perd.  Le désir de lire peut se perdre.  Il y a bien des gens qui disent qu'ils adoraient lire quand ils étaient plus jeune, mais que le travail, les enfants, la vie quotidienne leur en a fait perdre l'envie.  Ils zieuteront les livres de loin, regardant, mais en se disant, ah oui, dans le temps.  Comme dans un vieux couple qui a laissé l'usure du temps laisser son empreinte, la relation aux livres s'étiole et on se retrouve avec un adulte, qui, un livre dans les mains, se demande s'il peut se souvenir comment on fait déjà...

Je me reconnais dans cette histoire parce que dans mon cas, c'est arrivé.  Pendant de longs mois, je n'ai pratiquement pas ouvert un livre.  C'était suite à un déménagement doublé d'un changement d'emploi qui a totalement foutu en l'air mes habitudes de lecture, mais tout de même.  J'avais perdu l'envie d'ouvrir un bouquin.  Il faut aussi dire qu'à la même époque, j'avais lu beaucoup de mauvais livres d'affilés, que ce soit pour des défis ou pour d'autres raisons, en me disant tout le temps: tu dois le finir.  L'obligation est la meilleure façon de tuer l'envie, parce que l'envie, elle naît de la liberté de pouvoir dire oui ou non. 

Quand on y pense, une relation aux livres, à la lecture, ça peut durer toute une vie, alors autant en prendre soin et se respecter en tant que lecteur dans cette relation.  Se respecter, mais aussi se faire plaisir.  Oui aux bonnes lectures, qu'elles soient ou non convenables ou de qualité.  Oui aux trucs qui nous tentent.  Oui aux folies littéraires, aux endroits bizarres pour lire, oui à prendre son temps, oui à faire de la lecture un moment privilégié à soi...  Comme pour une bonne partie de jambes en l'air quoi!

Une panne de lecture, c'est comme une panne de désir.  On ne s'en remet pas en une journée en criant ciseau.  Il faut le vouloir, y mettre du temps et des efforts.  Être prêt à faire des essais et des erreurs et se dire que ça ne marchera pas au premier coup.  Mais je le sais d'expérience, ça en vaut la peine.

Oh et puis, pour ceux qui voudrait pousser la comparaison jusqu'au bout, oui, des fois, aller voir hors du cercle des livres qu'on connaît peut parfois aussi être excellent pour briser la routine :P

@+ Mariane

jeudi 1 novembre 2018

Un autre regard d'Emma

Un autre regard  Emma  Massot Éditions  Non-paginé


Résumé:
Emma est une bédéiste française engagée. Un autre regard est un recueil des meilleurs textes parus sur son blogue.

Mon avis:
Juste en regardant la couverture, on peut devenir que le principal sujet ne sera pas le patriarcat...  Emma est une blogueuse féministe engagée qui, avec ses BDs, questionnent la société française, les inégalités de genre, sociale et le racisme.  Forcément, le ton est à l'avenant.  Pour la lectrice nord-américaine, certaines problématiques plus franco-françaises sont moins claires et les raisons de les dénoncer le sont aussi, mais dans l'ensemble, la plupart des réalités décrites sont communes aux deux continents.  Les dessins sont très grands sur les pages (c'est adapté d'un blogue après tout!), ce qui fait que la BD ne rassemble qu'une dizaine de billets sur des sujets très divers.  Cela nuit à l'effet d'ensemble, mais ça en fait une BD à mettre entre toutes les mains: ça se lit en moins de deux, c'est clair, précis et très bien argumenté.  Un manifeste simple, accessible et complet sur les sujets traités.  Et vraiment, Emma, a un très bon sens de l'humour et une excellente façon de vulgariser par le biais de la BD.  À mettre dans les mains de ceux qui ont des doutes, ceux qui sont au courant des enjeux depuis quelques années n'y trouveront pas grand chose de neuf à se mettre sous la dent.

Ma note: 3.5/5