jeudi 31 décembre 2015

2015: Fin d'une année en demie-teinte

Salut à tous!

2015 s'achève dans quelques heures et comme tout le monde ou presque, j'en suis à l'heure des bilans.  Et je dois avouer que côté lecture, 2015 a été une année de tous les records... de non-lecture.  Je crois que depuis mon adolescence, je n'ai jamais aussi peu lu de ma vie.  Sans blague!  Pour mon plaisir personnel, je tiens depuis quelques années une sorte de registre personnel du nombre de pages lues par mois.  Ça donne ceci:

Non, vous n'avez pas de problèmes de vision, je n'ai terminé aucun livre ni en novembre, ni en décembre cette année.

Je ne sais pas trop pourquoi et je ne me l'explique pas.  Sans doute la mauvaise habitude prise depuis quelques temps de lire avant d'aller dormir y-est-elle pour quelque chose, parce que je m'endors sur mes livres, mais bon...  J'ai fait plein de choses en 2015, beaucoup de choses positives.  Mais j'ai moins lu.  Pourquoi?  J'ai cessé de chercher des raisons.  C'est comme ça, c'est tout.  J'ai intérieurement capoté une partie de l'année sur le sujet, puis je me suis dit que ça faisait partie de mon évolution personnelle.  Je n'arrive pas à me définir autrement que comme une lectrice, ça fait partie de mon identité depuis tellement longtemps que je ne peux pas imaginer ma vie sans livres et pourtant... j'en aie peu ouvert cette année.  À un moment, j'ai décidé de laisser aller.  Je ne veux pas avoir à me forcer pour lire des livres, je veux que ça fasse partie de mes plaisirs et non de mes devoirs.  Alors, voilà, temps de recul.  Ce qui fait que mon année littéraire en a été forcément très affectée.

Comment faire un bilan de mes lectures en 2015? J'ai fait partie d'un jury, expérience que j'ai beaucoup apprécié, mais qui a été exigeante, j'ai fait le Grand défi de la littérature québécoise, qui l'a été tout autant, mais d'une autre façon.  J'ai eu peu de gros coups de coeur cette année, mais ils ceux qui l'ont été l'ont été profondément!  L'excellent Les lignes de désir d'Emmanuel Kattan (pourquoi il a traîné si longtemps sur mes tablettes celui-là?), le magnifique La fille invisible d'Émilie Villeneuve, illustré par Julie Rocheleau, un immense coup de coeur du côté du dessin, le dense et sensuel Secret du 16V de Natasha Beaulieu, l'exubérant La vie sur Mars de Marie-Sissi Labrèche et, ma grande surprise, L'empire bleu sang de Vic Verdier.  Et Zviane bien sûr, mais ça, je suis vendue d'avance!  Beaucoup de bons livres lus en 2015 et je vous dois encore quelques critiques de livres terminés en... octobre.  Ouch!  Ça vient, ça vient!

Comment s'annonce 2016?  Tranquille je dirais.  Je ne sais pas quand ni comment je vais me relever de ma chute littéraire, ni même si.  Dans ma tête, je prévois lire une vingtaine de livres en 2016.  Seulement.  Enfin, je ne vois pas plus loin que ça.  Je veux avant tout retrouver le plaisir de lire, un livre à la fois.  Pour ça, je crois que la meilleure chose à faire est, tout simplement, de me garder du temps pour lire, ce que j'ai peu fait en 2015, emportée par le tourbillon des autres choses à faire.  Le temps est devenu un truc à chasser, alors qu'au fond, il faut bien plus en profiter.  C'est ça le mieux.  Et c'est dans le fond si simple à faire avec un tantinet de bonne volonté.

C'est ce que je vous souhaite à tous pour la nouvelle année: avoir du temps pour faire ce que vous aimez, peu importe ce que c'est.

Bonne année 2016 à tous!

@+ Mariane

lundi 28 décembre 2015

Hé ben, finalement...

Salut!

Je me plaignais la semaine dernière que mon Père Noël n'était pas libraire, ce qui a été vrai pendant un nombre considérable d'années.  Mais là, on dirait qu'il y a eu un concours pour me faire mentir!  Premièrement, le soir de Noël, il y avait des livres sous le sapin pour moi...

...

...

...

...

QUUUUUUUUUUUUOOOOOOOOIIIIIIII!!!!!

Ben oui, ma mère s'est décidé.  Et mon père.  Frérot lui a préféré les DVDS, mais bon, c'est pas grave!!!!!

Alors, ma mère m'a offert:



Bon, elle me connaît et sait que j'aime beaucoup cette actrice.  Ce n'est sans doute pas la meilleure biographie écrite à son sujet, mais elle y a pensé, ça me fait plaisir!


J'avais emprunté ce livre à la bibliothèque au début du mois et mmm!  Quelles délices là-dedans.  J'ai essayé plusieurs recettes et c'est en plein dans mes goûts.  Maintenant, je vais pouvoir toutes les essayer.  À l'abordage mes papilles!

Ah oui et mon père m'a offert:


Classique...  Dans mon cas.  Valeur sûr à tous les coups!  Et j'adore la bouille de ce minou en couverture!

Alors là, j'étais déjà contente.  Tout autant que de constater, durant un bref instant que Frérot, mon père et ma mère ont été entièrement absorbé, la veille de Noël par les présents que je leur avais acheté.  Les trois le nez dans un livre, devant moi.  Ça, c'est un beau cadeau.

Mais voilà que j'arrive ce matin et que je vois un colis sur mon bureau.  J'avoue que je ne m'y attendais pas le moins du monde!  C'est un ami qui m'a envoyé un livre, cadeau auquel je ne m'attendais pas le moins du monde.  Il s'est inspiré de la liste de la semaine dernière ;)



WOUAHHHHHHHHHHHHH!!!

Je suis comblée!

Merci Père Noël pour tes assistants de cette année!

@+ Mariane

mercredi 23 décembre 2015

Parce qu'on me l'a demandé... La liste!

Salut!

Alors, quelques personnes m'ont fait le commentaire: ce serait quoi la liste que tu demanderais comme livres en cadeaux cette année????  Ben oui, j'en aie parlé dans mon dernier billet de blogue de cette liste, mais je ne pensais pas la faire.  Après tout, pourquoi pas?  La voici donc!

Comme par magie d'Elizabeth Gilbert


J'ai adoré Mange, Prie, Aime et je l'ai lu à une époque de ma vie où le texte a particulièrement résonné en moi.  J'avais lu aussi Mes alliances, plus intellectuel, mais tout aussi intéressant.  Et celui-ci me parle beaucoup quand même, surtout que j'avais lu un livre sur la créativité il y a quelques années.  Disons qu'il me tente beaucoup.

Peter Pan de Régis Loisel


OK, je sais, certaines personnes me diront, mais... tu l'as pas déjà lu cette série-là?  La réponse est une gros OUI!  Mais justement, c'est parce que je l'ai adoré que je veux la posséder, pour pouvoir la lire et la relire et aussi, peut-être, la prêter :P  Cette série sur le célèbre héros de James Barrie redonne à Peter Pan tout le lustre que Disney lui avait fait perdre, en le rendant tel qu'il était et telle qu'est l'enfance, cruelle, dure, dépourvue de morale et de vision au-delà de l'instant, mais en même temps débordante d'imagination et d'humanité.  Une scène dans le quatrième tome est l'une de celle qui m'a le plus marquée dans la bande dessinée.  Celle-là et une scène dans Maus (mais celui-là, je l'ai déjà! ;) )

La Capitana d'Elsa Osorio



Elsa Osorio, c'est un coup de foudre avec Luz ou la vie sauvage, un roman sur les enfants enlevées aux femmes prisonnières de la dictature argentine et confiées à des familles d'amis du régime.  Quand j'ai vu passer La Capitana, sur la vie d'une militante des droits humains qui a traversé le XXe siècle en en embrassant tous les bouleversements, je ne pouvais qu'être intéressée.  Surtout avec une telle plume, cela ne peut qu'être bon.

Paul de Michel Rabagliatti



Euh, pas juste le dernier...  Je les aies lus, mais pas le dernier, mais bon, je veux TOUS les avoir.  Cette série est remarquable de simplicité et de tendresse.  Tout est là et cela prouve que les événements les plus anodins et les plus quotidiens, sous la bonne plume, peuvent nous faire croire au meilleur de la vie.  Et ce, sans que les personnages aillent plus loin qu'eux-mêmes, juste en étant eux-même.  Une magnifique ode à la vie, à la fois nostalgique et douce.

Boussole de Mathias Énard



En ces temps où l'on se pose beaucoup de questions sur les relations entre Orient et Occident, Mathias Énard a le don de plonger sa plume là où il le faut et de montrer les ressemblances et les liens là où nous ne voyons que divisions.  Son remarquable Parlez-leur de batailles, de rois et d'éléphants avait été en lice pour le Goncourt il y a quelques années et Boussole l'a gagné cette année.  Non pas que le Goncourt soit une garantie, mais je crois que c'est un auteur qui le mérite amplement.

La mijoteuse de Ricardo Larrivée



Ben quoi, c'est une liste de cadeau de Noël! :P  Et puis, j'adore la mijoteuse!

Les libéraux n'aiment pas les femmes d'Aurélie Lanctôt



Un livre sur un sujet qui m'intéresse beaucoup et puis, j'aime lire des essais de temps en temps ;)  On a beaucoup parlé de ce livre lors de sa parution et de l'impact des mesures d'austérité, particulièrement sur les femmes.  J'aimerais bien en savoir plus.

L'eau et le vin de Tom Harpur



La lecture du tome précédent, Le christ païen, avait été une lecture marquante dans mon cheminement personnel.  J'avais compris beaucoup de choses avec ce livre.  Je m'étais toujours promis de lire la suite, mais bon, j'ai jamais réussi à mettre la patte dessus.  L'occasion idéale de le demander en cadeau!

Dans les pas d'Hannah Arendt de Laure Adler



Je suis fascinée par cette philosophe depuis que j'ai vu l'excellent film de Margareth von Trotta sur sa vie.  Au point de lire Eichmann à Jérusalem.  Femme, philosophe, juive, rien dans son parcours ne la marque comme étant spécifiquement membre de l'un de ses groupes: elle est avant tout une intellectuelle qui réfléchit sur son temps.  Je trouve son parcours fascinant et j'aurais bien envie d'en savoir plus.

Bon et pour ceux qui seraient surpris de ne pas voir de littérature de l'imaginaire dans cette liste, sachez que cette partie-là, je l'achète au fur et à mesure! :P  Ou encore, qu'elle n'est pas encore parue!

@+ Mariane

lundi 21 décembre 2015

Mon père Noël n'est pas libraire...

Salut!

Chaque année, c'est la même chose.  Je vais me présenter le soir de Noël et je sais que je vais recevoir de charmants présents, attentionnés et gentils, pleins de bonne volonté... mais pas de livres.  Ou très rarement.  Et jamais de livres dont je n'ai pas donné la liste avant (et encore, on ne me la demande plus depuis quelques années, cette liste!).  Alors soyons honnêtes: Mon père Noël n'est pas libraire.

C'est bien dommage.  Mais à chaque fois que je fais le commentaire que je n'ai jamais de livres en cadeaux, la principale responsable des cadeaux dans ma famille (ma mère) pousse les hauts-cris avec quelques commentaires avec variations sur le thème: tu as déjà trop de livres (et après?), je ne sais pas lesquels t'offrir (je peux te fournir la liste!!!), tu lis déjà trop! (c'est pas ton problème!), on peux-tu t'offrir d'autres choses des fois (euh, tu fais rien que ça???).  Mettez-y une mère qui se retrouve facilement les baguettes en l'air dès que j'aborde le sujet et ça vous donne une idée si je m'attends à trouver un bouquin sous le sapin à Noël (en fait, jamais!)

Frérot (le demandeur de la liste) m'a gâté durant quelques années, mais ne le fait plus aujourd'hui.  N'empêche, j'adorais ça.  Je bourrais une liste d'une bonne page (la plupart des listes au Père Noël doivent être plus courte!) et je m'extasiais le soir du 24 sur ceux sur lesquels il avait pu mettre la main (Entendons-nous, il me demandait la liste genre le 22 décembre).  Mais j'étais toujours contente.  Faudrait que je lui demande pourquoi il a arrêté au juste...

Mon père ne m'a jamais offert de livre, ou du moins, je ne m'en rappelle pas.  Je crois qu'il n'a aucune idée de quoi m'offrir comme bouquin.  Il préfère m'offrir des trucs utiles.  Ah si, il m'a déjà offert un livre, un livre sur la construction des maisons en ossature de bois.  C'est très utile comme livre.  Enfin, si je me construis une maison un jour...

Neveu est encore un peu trop jeune, il croit encore que c'est le Père Noël qui distribue les cadeaux.  En fait cette année, il va surveiller là où il en est rendu dans sa distribution grâce au NORAD.  Ils sont rendus techno les jeunes de nos jours.  Je précise qu'il me bat toujours à plate couture à Angry Birds.

Ah et non, mes minettes ne m'offrent jamais de livres.  Elles savent pas c'est quoi à part que quand je suis plongée dans l'un d'eux, elles doivent donner des coups de têtes dedans pour avoir un peu de mon attention.

Alors voilà, mon Père Noël n'est pas libraire.  Ce qui ne m'empêchera pas de faire la fête d'écouter avec joie de la musique de Noël, de bouffer, de sourire et d'être heureuse!

Malgré tout, je vous souhaite, à tous et à toutes, d'avoir des Père Noël libraire cette année.  Des Pères Noël comme moi, qui trouvent toujours, année après année, au moins un bouquin à glisser sous le sapin pour chaque membre de ma famille, même les plus petits.  Et si vous ne savez pas quoi donner, aller faire un tour chez votre libraire: c'est sûr qu'il aura des idées pour remplir des listes entières de cadeau de Noël!  En attendant, n'abusez pas trop de la bûche et du vin et gardez-vous du temps pour lire un peu sous la couette!

@+ Mariane

jeudi 17 décembre 2015

Second début de Francine Pelletier

Second début  Cendres et renaissance du féminisme  Francine Pelletier  Documents 07  Atelier 10  80 pages


Résumé:
L'auteur commence son livre avec les événements de Charlie Hebdo en janvier dernier et remarque, à juste titre, que dans les quelques heures qui ont suivi, les autorités se sont relayées pour dénoncer ce crime contre la liberté d'expression.  Et de remarquer que 25 ans plus tôt, 14 jeunes femmes ayant commis pour seul crime d'étudier dans un domaine encore largement dominé par les hommes, ayant été tuées dans des circonstances semblables (quelqu'un est entré les armes à la main, dans un but précis, avec des victimes déjà choisies et avec une motivation bien définie), n'a pas entraîné de larges dénonciations de la violence contre les femmes.  On a pleuré ces femmes, on a dénoncé l'assassin et ses actes, mais on a pas remué les idées qui étaient à la base de son geste.  Partant de ce constat, l'auteure, féministe engagée de longue date, raconte l'histoire du féminisme au Québec, de ses combats, de ses luttes, mais aussi de l'évolution des idées autour de ce concept dans notre province.  Et d'en venir à la conclusion: alors que l'on croyait le féminisme mort il y a une décennie, ce n'était pas le cas: ce n'est qu'un second début.

Mon avis:
C'est compliqué de résumer un livre de 80 pages...  Celui-ci en particulier.  En 80 petites pages, c'est l'histoire des femmes du Québec des 40 dernières années que l'on raconte.  Pas besoin de remonter plus loin et l'auteure ne le fait pas: on le sait toutes comment c'était dans le temps de nos grands-mères, on est au courant.  Mais de voir et de saisir le poids des avancées réelles qui se sont produites depuis le début des années 1980, de l'évolution des mentalités, c'est très différent.  Et c'est là que l'on se rend compte que loin d'être complété, le combat pour l'égalité des sexes est encore d'actualité.  L'auteure reste très près de son expérience personnelle, mais n'hésite pas à englober les combats plus généraux.  Surtout, elle reste centrée sur les idées et c'est l'une des forces de son livre.  Même si le livre est rempli d'exemples, elle s'intéresse beaucoup aux fondements du féminisme et de sa pertinence, plutôt qu'à la dénonciation.  Le cheminement de sa pensée, exempte de grimpage aux rideaux, n'en est que plus redoutable.  Féministe, certes, mais pas aveugle sur le poids des siècles qui nous ont précédés et sur la responsabilité des femmes elles-mêmes sur la prise en charge de leur propre destinée.  Sa conclusion est d'ailleurs assez étonnante et démontre que même si les idées féministes semblaient remisées aux oubliettes de l'histoire, elles font un grand retour en avant aujourd'hui portée par une génération de femmes qui n'ont pas connu «le temps de nos grands-mères».  Des femmes qui ont grandi en se faisant bien souvent dire que l'égalité homme-femme était acquise et qui se rendent compte que... et bien non.  Mais qui partent de cette base pour aller de l'avant.  L'héritage des féministes des années 1970 est bien réel, mais on est plus rendu là.  Une plaquette qui se lit d'une traite (ce que j'ai d'ailleurs fait!), mais qui contient assez de matière pour réfléchir pendant un bout de temps, parce que bien écrite et bien argumentée.

Ma note: 4.75/5

lundi 14 décembre 2015

Oui mais... est-ce que c'est bon?

Salut!

Il me vient parfois une image en tête quand j'entends certaines personnes parler de littérature.  Celles d'une bande de dégustateur de vin qui renifle l'objet, le regarde sous toutes les coutures et l'évaluent en profondeur en le prenant de haut.  Qui sont plus dans le rôle d'examinateur impitoyable que de dégustateur.  Ajoutez-y une petite touche de collet monté et de pédantisme et vous imaginerez facilement ce que je veux dire.  C'est souvent à cela que je pense quand j'entends certaines personnes parler de livre.  À ce moment-là, j'ai souvent envie de dire: Oui mais... est-ce que c'est bon?

Par le est-ce que c'est bon, je ne veux pas dire, est-ce que le livre correspond à l'ensemble des critères énoncés par quelqu'un pour définir ce qui est bon ou non.  Je veux dire: est-ce que cette lecture t'a procuré du plaisir, as-tu passé un bon moment, as-tu aimé ce livre?  C'est le principal.  C'est l'important.  Un livre peut être d'une très haute qualité, si on s'ennuie à mourir en le lisant, c'est raté.  Un autre peut avoir une écriture plus populaire, plus simple, mais nous emporter littéralement.  Ce sera un bon livre.  Pas au niveau littéraire, pas au niveau du style, mais ce sera un bon livre parce qu'il nous aura fait vivre un bon moment.

Ce qui n'empêche en rien le sens critique et la nécessité de savoir faire une distinction entre le bon et le mauvais en littérature.  Ça n'empêche pas l'évaluation, ça n'empêche pas non plus d'avoir la recherche de l'excellence.  Ça n'empêche pas de fermer un livre qu'on a adoré en se disant: ah, j'ai tellement aimé ce livre, mais qu'est-ce qu'il était mauvais!  (L'autre nom pour ce genre de livre est plaisir coupable :P )  Ça empêche juste d'oublier le plus important: d'aimer lire pour le plaisir que ça nous apporte, pas pour la dissection de ce qu'il est (ok, lapsus freudieu, la première fois, j'ai écrit vivisection... ouch!)

Parce que la dissection d'un livre, son évaluation sous toutes les coutures fait perdre de vue l'ensemble.  À force de trop chercher qualités et défauts, on finit par perdre de vue que tout objet produit par l'être humain est par essence imparfait et que si on réussit à atteindre un très haut standard dans un domaine, on ne peut l'atteindre de manière égale dans tous les domaines.  Même les grands amateurs de vins, les vrais, pas les snobinards vous le diront: on peut apprécier un moins grand cru et y prendre plaisir si on cherche avant tout à apprécier un vin et non à le juger.

Et le critique dans tout ça?  Son job est celui d'un oenologue: en savoir plus que les autres pour leur faire découvrir, voir les détails invisibles au profane.  Leur montrer une autre vision de la chose.  Ce n'est en rien du pédantisme quand c'est bien fait, même quand on atteint de très hauts niveaux où les différences sont infimes et où les jugements peuvent être cruels.  Cela n'est jamais contre le plaisir par contre: pour bien pouvoir évaluer quelque chose, il faut déjà l'aimer profondément au départ.

@+ Mariane