mardi 30 avril 2013

Les villages assoupis: 2- L'île aux naufrages d'Ariane Gélinas

Les villages assoupis  tome 2  L'île aux naufrages  Ariane Gélinas  Collection Lycanthrope  Marchand de feuilles 174 pages



Résumé:
Florian est le dernier descendant de la famille des Moret, une famille vaguement aristocratique vivant en reclus sur l'île d'Anticosti.  Dans leur village abandonné, Florian vit seul avec Lorédan, son majordome.  Ses deux premières épouses sont mortes et il cherche maintenant une femme qui sera à la hauteur de sa famille pour perpétuer sa lignée.  Tâche peu facile, étant donné ses inclinaisons naturelles.  Adepte de taxidermie, chasseur, meurtrier à ses heures, Florian Moret est pour le moins étrange pour le commun des mortels.  Mais cette jeune fille, Célénie, retenue prisonnière par sa mère acariâtre, pourrait-elle être une bonne candidate?  Et que dire de ces enfants, vivants seuls dans la forêt, se nourrissant de viande crue?  Que se passe-t-il à Anticosti?

Mon avis:
Dans le premier tome des Villages assoupis, l'auteur nous emmenaient dans une longue fuite aux côtés d'Anissa, son personnage principal.  Le rythme de ce tome-ci est différent, plus lent, mais tout aussi fascinant.  Noir, à la limite subtile du gothique sans en être, macabre par moment, le tout teinté d'une pointe d'érotisme trouble.  On est pas dans la beauté ici, on met les projecteurs sur nombre de choses qui pourraient paraître moralement repoussante, dégoûtante pour le commun des mortels, mais avec un art qui fait paraître beau les choses les plus laides.  D'ailleurs, le roman pourrait facilement tomber dans l'horreur, mais ce n'est pas le cas.  Plutôt dans la fascination de celle-ci.  Le tout servi par une très belle plume.  Autre point que j'ai aimé, les choix des prénoms, bien souvent rares ou peu usités, ce qui donne une couleur particulière au récit.  J'ai trouvé que le roman prenait trop de temps à prendre réellement son envol et que la fin aurait mérité d'être allongée, surtout les passages où la fascinante Canope apparaît.  Les passages avec Célénie étaient intéressants, mais le punch de cette partie du roman perdait de son attrait parce que la fin est en partie déconnectée de ce personnage qui mine de rien occupe une grande partie du récit.  Un roman glauque, mais fascinant par sa noirceur.  Très intéressant.

Ma note: 4/5

Je remercie l'auteure de m'avoir offert son livre.  

lundi 29 avril 2013

Et le grand prix de l'enthousiasme va à...

Salut!

Chaque année a lieu dans ma ville la Foire du livre, organisée par ma librairie.  Et je suis régulièrement demandée pour y jouer le rôle du poisson dans un bocal (lire, faire de la surveillance pour le vol, ce qui signifie grosso modo tourner en rond pour surveiller les gens qui viennent faire un tour.  J'ai suggéré une fois à la gérante de  faire semblant de nager comme un poisson pour passer le temps, mais elle n'a pas trouvé que c'était une bonne idée. :P).  Bref, ces longues journées me laisse beaucoup de temps pour observer.  Par essence, la Foire du livre est un mini-Salon du livre et donc, de ma position de poisson, je suis parfaitement située pour faire quelques judicieuses constatations.

Et l'une d'entre elles est celle-ci:

BORDEL QUE LES ENFANTS SONT ENTHOUSIASTES!!!!!

Vous pensez que ça n'allume pas les jeunes les livres?  Que nenni!  Ok, ça ne veut pas dire qu'ils aiment lire, mais à les voir tripoter, re-tripoter, re-re-tripoter, se passer les livres et se crier d'un côté à l'autre de la Foire pour se dire, hé, j'ai trouvé le tome X de la série Y, avec un paquet de mimiques de joie, ça me fait vraiment plaisir!  Et le temps qu'ils sont là, on ne parle pas de regarder ailleurs s'asseoir dans un coin pour faire autre chose (attitude des ados!), mais bien de faire le tour, de regarder partout, d'ouvrir dix livres différents, de les abandonner sur la première table qui passe afin de se consacrer à un autre livre qu'on vient juste de trouver.  D'aller montrer un livre à son prof et de dire en gémissant, je le veux dans la classe!  Ah oui et aussi de tripoter les posters mis à leur disposition.  C'est à moi de les convaincre d'en prendre un seul, oui, oui juste un! et de ne pas tous les dérouler pour faire leur choix!

L'enthousiasme des jeunes fait plaisir à voir... et est épuisant pour le poisson dans son bocal qui a à surveiller tout ce beau monde!  Je suis bien consciente que ce ne sont pas tous les enfants qui vont rentrer chez eux et se mettre à lire ensuite, mais ça montre qu'ils connaissent les livres, qu'ils y ont un intérêt...  Peut-être passagé, peut-être seulement dû à l'occasion, mais il existe.  Et à voir les réactions des jeunes, ils ont bien souvent lus les livres dont ils tripotent les suites avec tant d'ardeur (ce qui demande au poisson d'être vigilant pour éviter d'avoir des livres en morceaux!).

Pourquoi cet enthousiasme enfantin s'éteint-il parfois à l'adolescence?  Autre question.  Peut-être que l'intérêt n'est pas profondément ancré.  Une chose est sûre cependant: même si ce n'est que pour une journée, de voir tous ces jeunes tripper sur des livres est une chose merveilleuse à voir.  Et on croise les doigts pour l'avenir que toutes ces belles petites têtes découvrent le plaisir de la lecture et en soit mordus pour la vie!

@+ Mariane

vendredi 26 avril 2013

Auteurs fétiches

Salut!

Je crois,  et je suis intimement persuadée de cela, que chaque lecteur finit par avoir ses auteurs fétiches.  Ceux vers lequel il retourne toujours dans la joie, qu'il ne fréquente pas nécessairement assidûment, mais qui occupe une place importante dans leur coeur.  Ils représentent des souvenirs de lecture, des découvertes, une ouverture vers quelque chose que l'on aurait pas soupçonné.  Ces auteurs sont marquants, mais ce ne sont pas nécessairement des auteurs marquants dans le sens qu'ils ont été frappants.  Ils ont souvent laissé leur marque de manière beaucoup plus subtile.

Ce ne sont pas nécessairement des auteurs favoris non plus.  On peut les fréquenter de manière beaucoup plus lâche que les auteurs favoris.  Le lien n'est pas le même, pas d'un amour passionné et passionnément puissant.  Plus de l'ordre du copain qu'on oublie parfois, mais vers lequel toutes les bonnes occasions sont bonnes pour retourner.

Ce ne sont pas toujours les auteurs dont, dans une discussion, le lecteur va parler le plus ouvertement.  Et ça n'a pas rapport avec l'auteur bien souvent.  Mais si on gratte un peu, sous le couvert de nos lectures dont on parle le plus souvent, ces auteurs sont là.  Il suffit d'un déclic, d'une étincelle, pour nous le rappeler.  On consulte une liste d'auteurs et pop, celui-là!  Je ne le lis pas souvent, mais je m'en rappelle.  Pour son sens de l'intrigue.  Pour son écriture.  Pour la psychologie géniale de ses personnages.  Pour ses descriptions plus vraies que vraies.  Pour son sens de l'humour génialissime.  Pour de petites choses qui font que cet auteur-là en particulier font cet auteur-là.

Des fois, on ne parle pas d'eux parce que la personne en face de nous ne le connaît et qu'on ne voudrait pas être ennuyeux...  D'autres fois, c'est que, et bien, que voulez-vous...  Cet auteur représente un plaisir coupable absolu!  À certaines occasions, on l'oublie tout simplement dans le flot des autres auteurs dont on discute.  Et puis, on se souvient soudain de lui, dans un éclair et on fait ah! mais oui, lui!  On le retrouve.  Et l'un des petits plaisirs de la vie, c'est de se rendre compte un jour que quelqu'un d'autre l'a aimé autant que nous.

Chacun a ses fétiches discrets.  On ne les cache pas, on ne les étale pas, mais ils sont là.  Les miens?  Bof, la liste serait trop longue.  Mais c'est à Stefan Zweig que je pense en rédigeant ce billet.  Je le retrouve chaque fois comme on retrouve un grand copain qu'on oublie parfois, mais qu'on est toujours heureux de retrouver.

@+ Mariane

jeudi 25 avril 2013

Shawinigan et Shipshaw: 6- Charaté Kid d'Isabelle Larouche

Shawinigan et Shipshaw  tome 6  Charaté Kid  Isabelle Larouche  Phoenix  128 pages


Résumé:
Dans le quartier, une nouvelle famille vient de s'installer et bien sûr, ils ont un chat.  Son nom?  Charaté Kid, un félin japonais adepte des arts martiaux.  Ceci n'est pas du tout du goût de Chamaille, le chat le plus fort du quartier.  Il a alors l'idée de défier le Charaté Kid.  Qui gagnera?

Mon avis:
Quand j'ai vu la couverture de ce livre, je l'ai montrée à tout le monde dans le magasin.  Voilà un truc qui me ressemble: un chat, adepte des arts martiaux!  Il est pas mignon avec sa petite ceinture noire?  Bon, j'ai trouvé que ça me ressemblait, c'est pourquoi j'ai été tentée par cette histoire.  Ça fait un moment que je veux découvrir les Shawinigan et Shipshaw.  Des histoires de chats, pardi, c'est pour moi ça!  Et bien, je ne l'ai pas regretté!  Même si je commence par le sixième tome de la série, je ne crois que j'ai gâché beaucoup de choses, mais ça donne envie de découvrir le reste de la série.  Ce livre, court, bien écrit, raconte l'arrivée dans le quartier d'un nouveau chat et ses conséquences sur la population féline qui l'habite.  Je ne peux pas dire que j'ai été transportée par cette histoire, mais j'ai souvent souris et j'ai passé un bon moment dans ses pages.  Bon, je suis une une adulte qui en a lu d'autres quand même!  Mais pour des jeunes lecteurs, c'est parfait.  J'ai bien rigolé en lisant toutes les occasions où l'auteur s'amuse à remplacer les sons -sa et -cha en -chat.  En voyant le titre, j'avais espérée une histoire plus centrée sur les arts martiaux, mais beaucoup plus d'éléments se rapportent à la culture japonaise et à la philosophie des arts martiaux qu'aux mouvements eux-mêmes.  C'est très bien fait, mais ce n'est pas ce que j'aurais aimé.  Tant pis!  La personnalité du Charaté Kid est peu attachante, trop réservée, mais ça se rattrape vers la fin du livre, tout le contraire du bouillant Chamaille!  Quand à Shawinigan et Shipshaw, je les aie trouvé adorable, en particulier ce dernier, avec son côté chat gourmand qui me rappelle une de mes colocataires...  En fait, je crois que je vais recommander ce livre à tous les lecteurs d'une dizaine d'années, c'est un excellente livre pour eux.  Quand à moi, je crois que je vais lire d'autres Shawinigan et Shipshaw, en commençant par le premier.  Cette bande de matous me paraît trop adorable pour la laisser de côté!

Ma note: 3.75/5

mercredi 24 avril 2013

Les clients qui cherchent des livres qui n'existent pas

Salut!

L'autre jour, se pointe en magasin une dame aux cheveux gris.

-Bonjour!

-Bonjour Mademoiselle, je voudrais un beau-livre pour une dame de soixante-dix ans.

Et de me regarder droit dans les yeux, comme si je pouvais d'un coup de baguette magique trouver le livre idéal d'un seul coup.

-Euh, les beaux-livres sont par là Madame.

Elle me regarde de la tête aux pieds comme si j'étais hum, un résidu de digestion et s'en va consulter les rayons, comme si d'être obligée de le faire par elle-même était une insulte.  Le problème, mais elle ne s'en est pas rendue compte, c'est qu'elle ne m'avait pas demandé quelque chose que je pouvais l'aider à trouver...  Un beau-livre pour une femme de soixante-dix ans, ça n'existe pas, il n'y a pas de livres conçus et créé pour ça.

C'est la même chose quand une dame vient demander un livre pour une première communion, style bouillon de poulet pour l'âme, «mais fait pour les enfants et si possible, dans une maison d'édition que les enfants aiment».  Euh...  Non, ça ne se fait pas, ça non plus.  Pas ça précisément.

C'est fou ce que certaines personnes arrivent en magasin et croit qu'il se fait des livres sur absolument tout.  Bon, c'est vrai, il se fait des livres sur absolument tout, mais de un, on ne les a pas toujours en magasin, de deux, on a pas toujours précisément un livre sur le sujet.  Oui, ça existe des livres sur la cuisine cambodgienne, mais pas nécessairement des livres de cuisine à 30$ que l'on peut offrir à un anniversaire, des fois, ce sont de petits livres cheap à 9.95$ et qui font partie d'une collection, elle aussi pas vraiment classe.

C'est comme les beaux-livres sur les pays du monde.  OK, quand j'étais enfant, il en existait des tas de collection, genre, tous les pays du monde, expliquant l'histoire, la géographie, la culture d'un pays en particulier.  Ça n'existe plus ou presque.  Internet a fait très mal à cette industrie.  Alors, un livre sur l'Islande, l'Indonésie ou le Tadjikistan...  Euh, non.  On a du mal à pourvoir à la demande de livres sur le Québec tellement les titres sont peu nombreux!

Bref, ces clients-là sont... disons difficiles, parce que souvent presque impossible à satisfaire à cause de ce qu'ils cherchent.  Mais le pire, c'est la tête d'idiot qu'ils font quand on leur dit que ce qu'ils cherchent n'existent pas.

-Mais vous pourriez pas regarder dans votre ordinateur?

-Non Monsieur, ça se fait pas.

-Ahhhh....

J'aime pas mon boulot de libraire dans ces moments-là.  Heureusement que ça n'arrive pas trop souvent!

@+ Mariane

lundi 22 avril 2013

Méfiez-vous...

Salut!

Souvent, je commence mes billets par une anecdote, bien souvent celle qui m'a inspiré le billet.  Je rapporte des paroles, des gestes, des situations qui m'ont fait réfléchir.  Je m'efforce tout le temps de faire en sorte que l'on ne puisse pas identifier les gens qui se retrouve bien involontairement dans mes billets, parce que je ne demande jamais la permission avant d'y mettre quelqu'un.  Et la plupart du temps, je crois que j'y arrive.  Attention, ça peut être n'importe qui: des clients à la librairie, des amis, des gens que je croise comme ça dans la rue, des partenaires d'entraînements, des conversations attrapées au vol lors de Salons du livre, des réactions prises sur le vif...  Tout est sujet à m'inspirer.  Je note alors l'idée et quand arrive le moment de rédiger mes billets, souvent je retrouve l'anecdote et je l'écris pour bien situer le fil de mon billet.  Ce qui signifie, chers lecteurs, que certains d'entre vous se sont peut-être déjà retrouvés ici. ;) Mais aussi que vous devez absolument vous méfier de moi quand on se croise: vous êtes sous haute surveillance.

Quand je suis à la librairie, c'est facile.  Il arrive un petit quelque chose et dès que la personne a le dos tourné, je sors un papier que je couvre de mes hiéroglyphes (une de mes collègues de travail se plaint sans cesse de mon écriture, mais enfin, c'est très pratique pour qu'elle ne comprenne pas ce que j'écris dans ces moments-là! :P ), le plie en trois ou quatre et le glisse dans ma poche.  Laissez-moi vous dire que les poches sont un attribut indispensable de la totalité de mes vêtements de travail pour cette raison!  Je note et une fois rendue à la maison, je dépose la note sur la pile à côté de mon écran d'ordinateur.  Ça peut reposer là pendant des mois, voire des années (étant donné que je tiens ce blogue depuis bientôt trois ans, on peut commencer à parler en années!)  Je rédige souvent mes billets bien plus tard.  C'est souvent pourquoi les Salons du livre, Festivals littéraires et autres Boréal sont une petite torture pour moi: pas toujours moyen de prendre des notes sur le coup!

Parce qu'une simple réflexion faite sur un coup de tête peut amener un billet ici, je dois avouer que j'ai souvent les oreilles grandes ouvertes,  Et la tête prête à cogiter de plus belle.  De faire des liens, des entourloupettes, de noter une idée.  J'ai déjà sorti mon carnet de notes en plein milieu d'un souper, à la grande surprise de la personne en face de moi qui m'a alors fait la réflexion que je ferais mieux de m'équiper d'un IPhone (ouais, mais je pourrais pas le laisser traîner à côté de mon écran d'ordi, ni le plier en quatre au fond de mes poches, alors ça serait pas la même chose!).  Ces notes me sont indispensables parce qu'étant donné le nombre d'idées qui traversent mon pauvre cerveau en une heure, je perdrais toutes mes idées au fur et à mesure si je ne les notais pas!  Des fois, je ne fais pas nécessairement de billets suite à ça, d'autres fois oui.  D'autres fois, ça prend une éternité avant que le sujet ne m'inspire à nouveau.  Mais je note tout.  Comme ça, je peux ensuite faire le ménage entre les idées génialissimes et les autres plus ordinaires.

Cependant, et je le répète, méfiez-vous quand vous parlez de livres en ma présence: vous risquez de vous retrouver ici, en plein milieu d'un billet... mais pas nécessairement de vous reconnaître! :P

@+ Mariane

vendredi 19 avril 2013

Recevoir un livre en cadeau

Salut!

En règle générale, donner un livre en cadeau est un exercice assez périlleux.  Parlez-en à tous ces époux bien intentionnés qui débarquent à ma librairie pour acheter un livre à leur douce et qui s'en remettent à moi pour choisir, parce qu'eux...  Pour donner un livre, il faut bien connaître la personne, savoir ses goûts, ses auteurs préférés, ses envies du moment et, autre information utile, ce qu'elle a déjà sur ses tablettes!  Malgré tout, bon an mal an, le livre trône régulièrement parmi les cadeaux sous le sapin à Noël ou encore dans les papiers colorés des cadeaux d'anniversaire ou de fin d'année scolaire.  Donc, les gens offrent des livres...

... mais quand on le reçoit?  On fait quoi?

Donner un livre est une chose, le recevoir en est une autre.  C'est que, bordel, on ne le connaît pas ce livre!  Pas du tout!  C'est personna incognita.  OK, d'accord, des fois, on en a entendu parler, des fois beaucoup, des fois, vaguement.  La plupart du temps, on est certain des bonnes intentions de la personne qui nous l'a tendu, tout emballé et tous sourires.  On montre sa joie (Ah, un livre! Merci!) et on rentre chez soi, notre futur copain de lecture sous le bras.

Arrivé à la maison, on dépose notre cadeau bien en vue et commence une plus ou moins longue séance de zieutage.  Il y a la façon directe: on le regarde de haut en bas de sa page couverture, on l'attrape, on lit la quatrième, on le regarde comme un ennemi ou un possible allié, rien n'est sûr et certain.  On est dans la découverte.  Il y a aussi la façon indirecte: on le laisse traîner sur une pile, on y pense parfois, mais on finit par empiler par-dessus le reste de nos lecture, on l'oublie un peu, on le remet sur le dessus de la pile pour se donner bonne conscience, on a pas de liens concrets avec lui.  Il fait partie de nos livres, mais bon, on oscille entre oubli incertain et indifférence.  Il y aussi la façon totalement standard: on le pose sur la tablette de notre bibliothèque et il reste là, tout simplement.  Et quelques temps après, quand on nous demande si on l'a lu, on répond, Ah oui, bien sûr, excellente lecture!  Même si on ne l'a pas lu (étant vraiment mauvaise menteuse, je ne réponds jamais ça!!!)

Recevoir des livres est toujours un plaisir, surtout quand on est grand lecteur, mais ça permet des découvertes, ça donne envie d'aller plus loin, ce qui est toujours agréable.  Et puis, on comprend en recevant un livre en cadeau qu'il y a au moins une personne sur cette belle planète qui a compris qu'on aimait lire!  Néanmoins, à moins que la personne ne nous connaissent très bien et sache exactement quel livre nous offrir, ça reste un exercice périlleux.  La meilleure parade restant celle de Frérot: «Bon, Petite Soeur, pour ton cadeau de Noël, donnes-moi une liste des livres que tu veux, je vais piger dedans!»  Efficace! ;)

@+ Mariane

mercredi 17 avril 2013

L'éphémère vie des livres

Salut!

Bon an, mal an, il se publie pas loin de 70 000 titres en langue française, dont pas loin de 7000 au Québec seulement (chiffre de 2010).  7000.  Pas mal de bouquins ça!  Quand on pense que la moyenne de livres lus par personne au Québec est de 5 livres lus...  Et encore, dans ces cinq livres lus, ce ne sont pas tous des romans d'auteurs d'ici!  Bon, ce ne sont pas tous des romans, mais pensez-y: un livre publié arrive sur les tablettes des librairies et sauf exception, en repart trois mois plus tard, soit le temps moyen qu'on les garde les libraires.  Ok, c'est peu de temps, mais pensez bien qu'il y a tellement de livres qui roulent que l'on ne peut malheureusement tout garder indéfiniment, pour une simple raison d'espace disponible!

L'auteur voit son livre sur les tablettes, il est tout heureux, tout va bien et trois mois plus tard...  Beaucoup de livres retournent simplement chez le distributeur qui le retourne bien souvent à l'éditeur qui doit faire un choix: garder ou pilonner?  Certains éditeurs gardent tout, sans le moindre problème.  D'autres ont la manie du pilon rapide...  La durée réelle de la vie des livres est malheureusement très courte.

Le livre vit le temps qu'il est sur les tablettes des libraires?  Le temps qu'il est couvert par les médias (oups, c'est qu'ils ne couvrent qu'une faible part de la production!)?  Le temps que ses auteurs sont invités dans les Salons du livre?  Le temps que les gens en parlent sur les blogues et les forums sur Internet?  Le temps qu'il reste des copies dans un entrepôt?  Aucune idée.  Mais il me semble que de nombreux livres ont à peine le temps de venir au monde avant de disparaître.  Dommage pour beaucoup d'entre eux, pas du tout pour d'autres, bien malheureusement!  N'empêche, je me dis que la majorité des livres mériterait une meilleure chance dans leur courte vie.  Parce qu'elle est vraiment très très courte dans bien des cas.

@+ Mariane

lundi 15 avril 2013

Je n'aurais pas le temps...

Salut!

La chanson de Michel Fugain m'est venue en tête l'autre jour.

Je n'aurais pas le temps, pas le temps
Même en courant
Plus vite que le vent
Plus vite que le temps
Même en volant
Je n'aurais pas le temps, pas le temps

Je regarde ma PAL et je suis parfois découragée.  Vais-je lire un jour tous les livres qu'elle contient?  Je ne pense pas, je ne crois pas.  Je suis un écureuil de la lecture qui amasse les livres comme d'autres amassent les REER, mais fourmi des livres, je me demande parfois si j'aurais la chance de tout lire.  Parce que la vie passe si vite.  Parce qu'elle est si courte.  Parce qu'on ne sait jamais quand elle va s'achever.

Aussi parce que tant de choses intéressantes se publient chaque année.  Parce que tant de pans du passé restent à explorer.  Et qu'on a si peu de temps pour vivre, autant en profiter pour faire avant tout les choses qu'on aime.  Et ça ne consiste pas qu'à lire après tout.

Petit billet de mélancolie.  Le moment est passé.  Je retourne m'attaquer à ma PAL en espérant (un jour!) la faire baisser.

@+ Mariane

vendredi 12 avril 2013

Drôle de clients! Prise 17

Nous vendons un peu de matériel d'artiste en magasin.  Un client se présente à la caisse avec un minuscule pinceau, assez petit pour dessiner des détails comme les cils.  Il me lance alors, petit sourire en coin:

-Est-ce que ça fait pour repeinturer mes armoires de cuisine?

Du tac-au-tac, je lui lance:

-C'est un peu gros, je pense que ça ferait mieux pour repeindre votre salon...

Il a éclaté de rire et m'a promis de revenir me montrer des photos de son salon quand il aurait fini!

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Un vieil homme se présente à mon comptoir, style feutre gris et imperméable, impeccablement rasé.

-Bonjour, je voudrais le livre suivant, ça a été publié en 1977.

-Hum, Monsieur, ce livre est épuisé.

-Vous pouvez me le commander?

-Euh, non, quand il est épuisé, on ne peut plus le commander, il n'est plus disponible sur le marché.

Il grommelle, mais sort un autre papier de sa poche.

-Et celui-là, il est un peu plus vieux, il date de 1953.

-Monsieur, c'est trop vieux, ces livres-là ne sont plus disponibles depuis longtemps, je ne les aies même pas sur ma banque de données!

Le client prend une longue inspiration, grondant de colère sourde.

-Mais expliquez-moi d'abord pourquoi on peut encore acheter Alexandre Dumas alors qu'il a été publié dans les années 1870!

-Oui, mais Alexandre Dumas, c'est un classique...

(Le monsieur cherchait des livres d'histoire.  Je n'ai pas osé lui dire qu'il avait confondu les dates de parutions d'Alexandre Dumas avec celles de Jules Verne...)

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Une dame se pointe avec une découpure de journal parlant du Festival d'Angoulême (célèbre festival de BD).

-Je voudrais celle-là.

Elle me pointe l'image d'une planche de BD à la droite du texte principal.

-Euh, c'est quoi le titre?

-Ben, c'est pas marqué là? dit-elle en me pointant le haut de la planche.

-Non, c'est juste marqué Quelques instants plus tard et ça fait partie de l'image.

-Ah, mais je voudrais cette BD.

-Ben, peut-être que le titre est indiqué dans l'article à côté.

-Je sais pas, vous pourriez peut-être le lire?

-Vous ne l'avez pas lu?

-Non, mais je trouvais que ça avait l'air intéressant.

-...

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-Bonjour!

-Bonjour!

-Je voudrais un livre, voici le titre et l'auteur est Albin Michel.

-Euh, Albin Michel est plutôt une maison d'édition Monsieur.

-Non, ça c'est un livre qu'il a écrit.

-Attendez, je vais vérifier.

Effectivement, c'était publié aux éditions Albin Michel.  

-Ben là, elle se trompe ta banque de données, c'est l'auteur Albin Michel!

-...

@+ Mariane

jeudi 11 avril 2013

Les chats de hasard d'Anny Duperey

Les chats de hasard  Anny Duperey  Points 222 pages


Résumé:
Anny Duperey aime les chats, depuis fort longtemps.  Pourtant, elle n'a pas toujours eu un compagnon velu à ses côtés.  Dans ce livre, elle raconte l'histoire de deux d'entre eux, des chats qu'elle appelle des chats de hasard, qui ont choisi, chacun à leur façon, de faire d'elle leur humaine.

Mon avis:
Il est étrange que ce livre, en révélant au fond si peu de choses, en révèle autant.  Anny Duperey y parle de ses chats et de ce que ceux-ci ont apporté à sa vie.  Elle nous parle plus particulièrement de deux d'entre eux, deux chats qui sont arrivés par hasard dans sa vie et l'ont «choisi» en quelque sorte.  Elle nous parle de ses chats, mais à travers eux, beaucoup, énormément d'elle-même.  De son enfance, merveilleuse, au milieu des félins et des poules.  De la mort de ses parents et du traumatisme que cela a représenté.  Mais aussi, vingt ans après, par un hasard du destin, du retour de ces petits êtres à la fourrure soyeuse qui ont su tout doucement marcher sur son coeur avec leurs pattes de velours.  De ce petit chat, qui, tout doucement, va lui réapprendre à vivre, à aimer et à accepter le retour de la vie dans son existence.  Et de cet autre, quelques années plus tard, qui lui permettra enfin d'apprendre à accepter la mort.  L'approche est intrigante, mais en même temps, d'une rare profondeur.  Elle nous parle de son métier, du théâtre, de ses relations avec les hommes, mais en nommant rarement des gens, des dates, jamais en étant d'une grande précision.  Elle nous parle de ses émotions, de ce qui fait qu'elle est ce qu'elle est comme être humain, mais sans mettre ses trippes sur la table.  Elle en dit beaucoup, énormément même, mais tout en étant d'une grande sobriété dans le choix des mots.  Il n'y a rien de violent dans tout ça.  Tout est doux, doux comme le pelage soyeux d'un chat.  On y sent aussi une profonde réflexion, lente, mais arrivant à son terme sous le regard doux irisé et indolent d'un félin.  On refait avec elle son chemin de vie et comment ses chats l'ont aidé à le faire, parfois doucement, parce d'un simple regard, parfois très profondément.  Elle nous parle avec affection de ses merveilleux chats de hasard, Titi et Missoui et de comment, chacun à leur façon, ils l'ont aidé à évoluer, à comprendre et à cheminer dans sa propre vie.  La scène de la mort de Missoui m'a tirée des larmes, il faut avoir vraiment aimé un animal pour comprendre ce que ça fait.  Un livre autant sur elle que sur les chats, mais à réserver à ceux qui aiment ceux-ci, les autres ne comprendront sans doute pas la profondeur de son message.

Ma note: 4.5/5

mercredi 10 avril 2013

Langues mortes vous dites?

-Excusez-moi Madame?

-Oui.

-Est-ce que vous pensez que ça serait possible d'avoir un dictionnaire d'hébreux?

Oui, je me suis vraiment fait poser cette question.  Et oui, j'ai trouvé un dictionnaire pour ce charmant Monsieur qui voulait lire en hébreux dans le texte.  Ça, c'est sans compter les dictionnaires de latin, de grec ancien et oh surprise! de sanskrit que je me suis déjà fait demander!

Ben oui, ces langues sont apparemment mortes, mais même dans une petite ville de province, il se trouve quelques hurluberlus pour trouver du plaisir à fouiller dans des dictionnaires pour comprendre des mots sortant de textes vieux de plusieurs siècles... au minimum.  Oh, je ne dis pas que ce sont mes meilleurs vendeurs, je vends peut-être un ou deux dictionnaire latin-fraçais par année, mais reste que l'intérêt est encore là.  Les irréductibles sont peu nombreux, mais ce sont bien souvent des passionnés.

Des étudiants en histoire?  Des fous de conspiration à la sauce Da Vinci Code?  Bien loin de là.  Un client m'avait expliqué qu'il voulait lire la Bible en version originale pour trouver les erreurs de traduction (Bonne chance mon homme!).  Un autre était un retraité qui s'amusait à déchiffrer les manuscrits de la Mer Morte pour son plaisir personnel.  Comme loisir de retraite, on a trouvé moins compliqué, mais de voir l'étincelle dans les yeux de cet homme me faisait dire que s'il y trouvait son plaisir, que pourrais-je trouver à y redire?

Ces langues anciennes, ne comprenant bien souvent pas plus d'une poignée de locuteurs à travers le monde, ont encore un public qui désire les connaître, les comprendre et les approfondir.  Aussi étrange que ça puisse paraître.  Les outils pour le grand public sont peu nombreux, les meilleurs outils se trouvant bien souvent dans les circuits spécialisés qui ne sont pas facilement accessible via les librairies généralistes, mais n'empêche, il y a là un intérêt, modeste, mais réel.

Ça me réjouit souvent de voir que l'intérêt pour la connaissance et le travail de moine que demande l'étude des langues anciennes n'est pas complètement perdu.  Mine de rien, ça maintient vivant un large domaine de notre culture qui sans ça serait perdu.

@+ Mariane

mardi 9 avril 2013

Le crépuscule des arcanes: 1- L'ensorceleuse de Pointe-Lévy de Sébastien Chartrand

Le crépuscule des arcanes  tome 1 L'ensorceleuse de Pointe-Lévy  Alire  428 pages


Résumé:
1849.  Faustin Lamare vit avec son oncle au presbystère de Notre-Dame-de-Tempérance.  Il n'ignore pas que celui-ci, loin d'être un dévot est en fait un arcaniste, un homme capable d'utiliser la magie, l'un des derniers pratiquants de cet art.  Lorsqu'une mystérieuse lettre destinée au curé Lamare disparaît, Faustin se retrouve entraîné malgré lui dans une suite d'aventures liés à la magie arcanique.  En compagnie d'une Amérindienne tout droit sortie de l'époque de la colonisation française, d'un homme fort et du vicaire de son oncle, Faustin découvrira bien vite que le monde qu'il connaît en cache un autre, sombre, violent... et qui souhaite s'emparer de lui.

Mon avis:
Mes cours d'histoires m'ont appris énormément de choses sur le XIXe siècle, mais en lisant ce livre, je me rends bien compte qu'ils n'ont essentiellement couvert que l'histoire politique (déjà fort mouvementée!) de cette époque.  Ici, c'est une plongée dans l'histoire populaire, dans la vie des gens de cette époque que l'on fait, en entremêlant habilement différents éléments: d'une part, la magie, mais une magie qui serait comme une science appliquée, exacte et rigoureuse, très loin des sorts lancés à la baguette!  D'autre part, c'est une plongée dans les contes populaires de l'époque, de l'histoire de Rose Latulippe à celle de la Corriveau, tout un pan de notre culture populaire, longtemps transmise de façon orale, connue et moins connue qui est ici utilisée.  Et une découverte n'attend pas l'autre dans le domaine!  Au point parfois d'avoir un peu l'impression que certains éléments tombent un peu trop du ciel, sans toutefois manquer de plausibilité.  Le mélange entre le fantastique représenté par la magie et les contes de l'époque peut paraître surprenant, mais on plonge complètement aux côté de Faustin dans cette suite de phénomènes plus ou moins fantastiques à la poursuite et poursuivi par une force mystérieuse cherchant... Je ne vous le dit pas, c'est l'une des clés du roman!  À l'exception de Faustin, qui manque singulièrement de personnalité (fait surprenant étant donné qu'il est quand même le héros de l'histoire!), tous les personnages sont d'une très grande richesse.  François Gauthier, un vicaire arcaniste, dépassé par les événements successifs.  Shaor'i, la guerrière amérindienne capable de se transformer en harfang des neiges, redoutable combattante qui cache ses sentiments sous un masque impénétrable.  Baptiste, l'homme fort, homme des chantiers, de la drave et des camps de bûcherons, mais avec une grande douceur lorsque nécessaire.  Les personnages secondaires des «méchants» sont tous à des degrés divers en demies-teintes, on ne sait pas nécessaire ce qui les pousse à agir, surtout Gamache, et certains d'entre eux manquent de tonus, mais le fait que d'autres soient particulièrement forts, je pense ici à l'Étranger, aux sombres desseins, rattrape largement le tout.  On retrouve aussi très bien l'atmosphère de l'époque, de la vie en forêt en voyageant sur les canots à celle des petits villages, centrée autour des ragots et des veillés, mais aussi celle de la Basse-Ville de Québec, ainsi que les impacts des Rébellions de 1837-38 et surtout du Grand Choléra l'ayant précédé sur la vie des gens ordinaires.  Je ne suis pas spécialiste de l'époque, mais je n'ai pas vue d'erreurs majeures au niveau historique.  Quand à l'écriture de l'auteur, je la qualifierais de vin nouveau: c'est très bon, mais on sent encore un potentiel réel à venir.  À suivre donc!  Ce livre, c'est la rencontre des grandes épopées fantastiques avec le terroir d'ici, notre histoire et notre territoire, inspirée par notre patrimoine de contes.  Un mélange encore rarement vu, ce qui lui donne son unicité et sa saveur populaire, en plus d'être une excellente histoire qui nous emporte... comme sur une chasse-galerie!

Ma note: 4.25/5

Je remercie l'auteur de m'avoir offert son livre.  (Et aussi de m'avoir incluse dans ses remerciements, c'est la première fois que ça m'arrive! :'(  Je suis toute émue!)

lundi 8 avril 2013

Quand tombe-t-on dans la marmite?

Salut!

À la manière d'Obélix tombant dans la marmite de potion magique du druide Panoramix, nombreux sont les lecteurs qui sont tombés dans les livres... étant petits.  Ce qui donne, une bonne vingtaine d'années plus tard de mémorables conversations autour d'une bonne bière fraîche.

-Moi j'ai lu Notre-Dame de Paris, très jeune, ah, j'avais une dizaine d'années!

-Ah, moi c'était le Seigneur des Anneaux!  À peu près au même âge!

-Avant la fin de mon primaire, j'avais lu Les trois mousquetaires au complet, mon prof de français de secondaire I me croyait même pas!

-Hihihi!  J'ai pas dormi pendant trois nuits après avoir lu Ça de Stephen King en cachette!

-Tes parents t'on laissé lire ça???

-Jamais de la vie, pourquoi crois-tu que je l'ai lu en cachette...

Ce genre de discussion me fait me demander, quand tombe-t-on dans la marmite?  Quand devient-on grand lecteur?  Chacun a son histoire personnelle, ça c'est sûr et certain, mais en même temps, qu'est-ce qui fait que certains enfants, même très jeunes, vont s'asseoir pendant des heures le nez dans un livre, bien souvent destiné à des gens beaucoup plus vieux qu'eux et s'en délecter?  Il y a là quelque chose de mystérieux à mes yeux.

Je fais partie de ceux qui ont plongé très tôt dans la littérature (Notre-Dame de Paris, c'est moi!) et je suis souvent surprise de voir combien les grands lecteurs que je croise aujourd'hui ont souvent commencé aussi tôt que moi à lire!  Nous avons tous lus beaucoup de livres jeunesse, évidemment, mais pas que ça.  On dirait que les futurs grands lecteurs font le saut assez vite vers des livres que l'on ne leur mettrait pas naturellement dans les mains à leur âge.  Et qu'ils font plutôt le pas d'eux-même, allant vers des oeuvres parfois ardues, mais en parlant avec fierté des années après.

Qu'est-ce qui provoque ça?  Aucune idée.  Je me pose vraiment la question.  Il n'y a sans doute pas qu'une seule réponse, mais quelque part, je me dis qu'il y a un même point de départ: on a tous aimé très vite le fait de lire une bonne histoire.

@+ Mariane

jeudi 4 avril 2013

Le ru d'Ikoué d'Yves Thériault

Le ru d'Ikoué  Yves Thériault  Bibliothèque québécoise  115 pages


Résumé:
Ikoué a seize ans, presque l'âge d'homme.  En allant chasser dans la forêt, il découvre un ru, un petit ruisseau inconnu au coeur de la forêt.  Ce sera son eau, sa source de sagesse.  Au fil d'une année, Ikoué tissera des liens avec elle, qui lui apprendra les secrets de la nature et de la vie, qui le fera grandir au travers de la vie et de ses épreuves vers l'âge d'homme, de sage, d'Amérindien connaissant la Nature et ses lois, son équilibre et capable d'agir avec elle, en union avec elle.

Mon avis:
Non, je n'avais jamais lu Yves Thériault.  Je m'étais sauvée d'Agaguk au secondaire.  Et bien, ça a été une très belle découverte.  Vraiment!  La langue d'Yves Thériault est riche, riche de toutes les beautés de la langue française, mais sans être le moins du monde obscure.  Elle est vivante, fluide, elle rebondit, un peu comme l'eau du ru sur les pierres.  Ce livre, c'est l'apprentissage de la sagesse ancestrale des autochtones, racontée ici au travers de l'histoire de la relation entre Ikoué et son ru.  Un apprentissage fait d'épreuves, de confiance et aussi d'acceptation.  En peu de mots, à l'image de ce que les Amérindiens sont: des gens de peu de mots, mais ayant une puissante sagesse faite de contact prolongés avec la nature et d'acceptation des leçons à tirer des épreuves.  Et du rythme intime de la nature.  Un petit livre qui se lit vite, mais dans lequel il vaut la peine de s'attarder pour en saisir toute la richesse.

Ma note: 4/5

mercredi 3 avril 2013

Le prix des livres

Salut!

En tant que libraire, il m'est arrivé souvent de voir quelqu'un hésiter longuement entre deux livres que je venais de suggérer.  Pas parce que les deux ne tentaient pas la personne, bien au contraire.  Pas parce que la personne pensait manquer de temps pour les lire.  Ce n'était bien souvent pas là la problème.  Le problème se situait le plus souvent sur l'étiquette collée à l'arrière du livre: le prix.  Parce que, oui, malheureusement, le livre a un prix.

Faisant partie de ceux qui ont préféré des revenus moindres, mais un boulot que j'adore, je suis extrêmement bien placée pour comprendre les effets du coût des livres.  Ok, soyons honnête, beaucoup de livres se vendent à des prix de fous.  30$ pour 250 pages, c'est cher!  D'autant plus que j'ai vu des livres à 35, 40 voire 50$ depuis que je suis libraire.  Et je parle ici de romans, pas de livres spécialisés où les prix peuvent facilement grimper encore plus haut!  Je suis profondément compréhensive face aux gens qui achètent systématique en poche pour cette raison.  Quand on peut avoir pratiquement deux livres pour le prix d'un, même moi, je fais en sorte de privilégier cette option!

D'un autre côté, il faut le dire, les auteurs, les librairies, les distributeurs, tout le monde bref!, est payé en pourcentage du prix de vente.  D'où malgré tout la volonté de garder ceux-ci assez élevés.  Pas au point d'en faire un produit de luxe hors de prix, mais tout de même, que tout le monde soit content dans la transaction quand même!  Parce que si tous les livres se vendaient à 14.95$, il est certain que beaucoup de gens seraient contents, mais ça ne réglerait pas le problème.  Parce que certes, les livres seraient moins chers, mais les gens les achèteraient-ils davantage?  Un peu, mais sans doute pas au point de combler la différence.  Parce que sincèrement, les gens n'auraient sans doute pas plus de temps pour lire!

Quand on regarde le marché du livre anglophone, on se rend compte à quel point le prix des livres est différent.  Oui, les livres en anglais sont moins cher, dans la plupart des cas (il existe des exceptions, je peux vous le dire!).  Pourquoi?  Le marché.  Tout simplement.  Il est radicalement différent.  Si au Québec, on se sent heureux d'avoir vendu 300 copies d'un livre (ventes moyennes au Québec et encore là, en baisse malheureusement!), la moyenne aux États-Unis est beaucoup plus proche de 2000 copies, voire 5000 chez certains éditeurs.  Méchantes économies d'échelles!  Ce qui n'est pas le cas du Québec où les marges sont minces, malheureusement.  Mais malgré tout, je vois les exagérations de prix beaucoup plus du côté des livres français importés que du côté des éditeurs québécois.  Des livres d'ici à 22, 24, 25$, on en trouve, le plafond psychologique étant à 30$ et ce n'est pas tout le monde qui ose le chatouiller, encore moins le défoncer!

Le livre a un prix et il doit être raisonnable pour permettre à la littérature en général de survivre.  Trop élevé, il décourage les gens d'acheter, trop faible, il ne permettrait pas à tout le monde qui travaille dans le livre de vivre décemment.  Il faut un équilibre entre les deux, mais c'est sûr que le consommateur va y regarder de près avant d'acheter, ce que je comprends, même si pour moi, la littérature n'a pas de prix.

@+ Mariane

mardi 2 avril 2013

L'édition sans éditeur d'André Schiffrin

L'édition sans éditeurs  André Schiffrin  La Fabrique  94 pages


Résumé:
L'édition, métier traditionnellement familial et se développant sur le long terme, a subi d'innombrables métamorphoses au cours du XXe siècle, plus particulièrement après la Seconde Guerre mondiale.  L'argent certes, mais aussi un profond changement idéologique qui limite la propagation d'idées différentes.  C'est l'histoire d'un éditeur qui a vu de près ces changements, autant du point de vue de sa famille que de son propre travail qui est raconté ici.

Mon avis:
J'ai découvert André Schiffrin par les hasards de mes cours universitaires, comme de nombreux autres auteurs d'essais.  Le prof nous avait fait lire L'argent et les mots, en nous disant: tout Schiffrin est à lire.  Voilà maintenant chose faite, même si je regrette maintenant d'avoir lu les trois livres en ordre inverse de publication.  Parce que dans ce premier opus, publié originalement en 1999, on fait l'histoire de l'édition au XXe siècle et on y comprend comment on en est rendu là, aujourd'hui.  On voit le labeur de milliers d'éditeurs qui se sont dévoués pour faire leur travail de passeur de culture et de connaissance, faisant découvrir de grands auteurs, des idées nouvelles par le biais des essais, ne prenant pas les masses pour des écervelés sans tête.  Certains étaient plus commerciaux certes, mais l'équilibre arrivait à tenir.  Les éditeurs faisaient de maigres profits, mais ils réussissaient à faire rouler leurs entreprises et à créer des catalogue de fonds impressionnants faisant durer les ventes pendant des années.  Équilibre rompu quand les éditeurs ont été intégrés au sein de grands groupes de divertissement et les ont obligés à avoir comme principal objectif le profit.  La qualité?  Si elle n'est pas rentable, non.  Et ainsi de montrer la destruction d'une industrie solidement implantée dans le paysage américain.  Mais aussi ses effets pervers: les idées nouvelles?  Le livre ne se vendra pas, non.  Les nouveaux auteurs?  Trop dur de les lancer, non.  La poésie, l'histoire de l'art, la philosophie?  Sous prétexte que plus personne ne lit ça, non. (idée contredite par les maisons d'éditions indépendantes et spécialisées qui vendent pourtant très bien ce genre de livres!)  La démonstration est convaincante, surtout lorsque l'on comprend les larges pans du lectorat qui sont laissé de côté, les opinions différentes qui tombent dans l'oubli au profit d'idées de droites (plus profitables!), la culture avec un grand C qui est négligée...  Au moment où le livre a été écrit, il est était minuit moins une et la situation a terriblement empirée depuis.  N'empêche, c'est extrêmement intéressant à lire.  On suit certes André Schiffrin dans une partie de son parcours, mais il montre plus son expérience personnelle en lien avec celle de l'industrie que comme un exemple complet.  Il cite de nombreux éditeurs, collègues à qui est arrivé la même chose que lui, de grandes maisons d'éditions au passé glorieux qui sont tombés à cause d'attentes financières irréalistes, comment tout un pan de la culture a sombré.  Bon, comment dire, ce livre est à lire et comme il n'est pas long, pas de raisons de s'en sauver! :P  Sauf peut-être celle de la difficulté à mettre la patte dessus, ce qui est dommage!

Ma note: 4.5/5

lundi 1 avril 2013

Lundi de Pâques: Cadeau!

Salut!

Bon, lundi de Pâques, jour de congé...  Donc, pas rien de compliqué pour ce matin.  Un bon ami auteur m'a fait récemment remarqué lors d'une conversation autour d'une bonne bière fraîche (au fait, tu m'en dois encore au moins une autre Pat! :P ) que je parlais fréquemment ici de deux personnes chères à mon coeur, mais sans jamais les avoir officiellement présentées.  Alors, voici donc, mon duo d'assistante à la lecture!


Ou, plus précisément, voici Patchoulie, mon assistance à la production de billet de blogue (elle vient tout le temps s'installer sur mes genoux pour réclamer à grands miaulements des gratouillis derrière les oreilles quand j'essaie d'en écrire.  Essayer de taper un billet d'une main vous!)

Voici son endroit préféré pour dormir...  en attendant que j'ai besoin de ma chaise pour utiliser mon ordinateur!

Et voici Prospéryne, technicienne en nutrition (qui s'assure de me casser les oreilles trois heures par jour pour être certaine que je n'oublie jamais l'heure de ses repas!  Quoique dans son cas, c'est vraiment un problème, la belle atteignant les 20 lbs...)

Également son endroit favori.  Je soupçonne fortement que le fait que je dépose mon assiette sur la table juste au-dessus d'elle a quelque chose à y voir.

Ah oui et pour rester dans le domaine photographique, une personne de ma connaissance est passée en fin de semaine et a décider de mettre un peu d'ordre dans ma pile de lecture en cours afin d'y établir un nouvel ordre de priorité:


Je sais pas trop pourquoi il a fait ça au juste....

@+ Mariane