lundi 23 novembre 2015

La course du samedi

Bonjour à tous!

Depuis quelques années, à cause de circonstances diverses, j'ai moins parlé de mes visites au Salon du livre.  Sûrement parce qu'à la longue, je trouvais que je finissais par me répéter.  Mais bon, cette année, j'ai eu un samedi de fous, alors, je me suis dit que ça vaudrait la peine d'en parler, alors voilà:

*Veuillez prendre note que pour ce texte, les parties entre parenthèses indiquent les pensées que j'ai eu sans les prononcer à voix haute.

1- La journée a commencé très tôt.  J'ai alors eu le malheur d'ouvrir les yeux et Adorable chatte rousse l'a remarqué.  J'ai voulu faire un tantinet de grasse matinée (bon, disons me lever à 7h10 au lieu de 7h05...), mais Chatte Rousse qui avait décidé de perdre son statut d'adorable s'est mise à mâchouiller un sac de plastique qui traînaient dans ma chambre, chose qui, elle le sait bien le don de a) me mettre en furie, b) me faire sauter du hors du lit pour lui arracher le sac des pattes.  Succès total, deux minutes plus tard, elle avait son bol rempli et dix après, roupillaient dans MON lit alors que je commençait la course folle de ma journée (dur la vie de chat non?)

2- Préparer en vitesse le nécessaire pour a) la cérémonie de promotion à mon école de jiu-jitsu, b) le Salon du livre de Montréal (ce qui en soit demande un minimum de préparation), c) l'anniversaire de Frérot qui avait lieu le soir même, incluant l'emballage de son cadeau.

3- Passer faire une commission sur les chapeaux de roues pour ma mère avait de filer à mon dojo.  J'étais certaine de ne pas me taper de trafic, mais étant donné les travaux à Montréal...  (c*** de t***!!!!)

4- Arriver en retard au cours précédent la remise des promotions, mais le prof m'a laissé quand même m'entraîner (merci!!!!!!!!).  Je m'installe ensuite en rang pour les promotions.

Promotion #1
Discours de remerciements: Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!!

Promotion #8
Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!!  (les mains commencent à me chauffer un peu...)

Promotion # 17
Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!! (ouch! les mains!)

Promotion # 25
Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!!  (là, il commence à être un peu tard, il y en a encore beaucoup d'autres?)

Promotion # 32
Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!!  (oui, mais là, on est rendu comme les chiens de Pavlov à applaudir et puis, tout le monde dit grosso modo la même chose!)

Promotion #34
Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!! (Merde, j'aurais pas le temps d'aller prendre une douche avant d'aller au Salon du livre...  Et en plus on est genre 22 filles pour deux douches!)

Promotion #37
Jiu-jitsu change my life!  Applaudissement!!!!!!!!!  (YES, c'est le dernier!!!!!!!!!!!)

Après une multitude de prise de photos, de câlins, de poignées de main (il y avait quand même pas loin de quarante personnes à féliciter!), je réussis à filer au vestiaire, à mettre la main sur mon stock et à me changer sans provoquer de catastrophe.  Les cheveux absolument pas peignés et même totalement décoiffés, je me mets en route vers le métro (pas grave, je viens de me faire couper les cheveux, tout le monde pensera que c'est ma nouvelle coupe!)

Je réussis en trois stations de métro à avaler une demi-sandwich et j'arrive au Salon vers 2h30.

3- Salon du livre de Montréal!
Première personne sur qui je tombe: Patrice Cazeault, avec son magnifique complice de tous les Salons du livre, son chapeau!  Je prends le temps de lui faire un câlin de lui jaser un brin, mais je ne m'attarde pas en lui expliquant que mon temps de Salon est cette année chronométré parce que c'est aussi l'anniversaire de Frérot ce soir (chose que je vais répéter à peu près trente fois durant l'après-midi).  Il me fait promettre de repasser pour prendre la traditionnelle photo de Salon.  Promesse donnée!  Je plonge alors dans les allées bourrées du Salon en répétant mon «mantra» de Salon:

-Excusez-moi, excusez-moi, excusez-moi!
(mantra mental: c*** votre t*** de camp de mon chemin!)

Je remonter une file particulièrement lente et étroite et tombe sur un visage familier, celui d'Isabelle Lauzon.  AH!!!!  Salut toi!  Je change de file pour me glisser derrière elle et on trouve un coin dégagé pour faire un mini brin de jasette.  Sauf que je croise une autre connaissance que je ne vois que deux-trois fois par année et que ben... Heureusement, Isabelle a la gentillesse de comprendre et replonge dans la foule.  Après une brève conversation (mon Salon est à la course cette année, c'est l'anniversaire de Frérot ce soir, etc!), je me faufile (mantra, mantra) jusqu'au kiosque d'Alire où je fais la bise à à peu près tout le monde étant donné que je connais à peu près tout le monde (j'espère que personne n'avait la grippe...)  J'achète mon cadeau à moi de moi du Salon du livre, soit le livre de Philipe-Aubert Côté.  Je n'avais juste pas réalisé à quel point il était lourd ce bouquin avant de le mettre dans mon sac.  Je me suis donc promenée pour le reste de l'après-midi avec ce magnifique bouquin comme une brique dans un sac de plastique à mon bras.

J'enfile les kiosques, butine ici et là, mais honnêtement, mon tour n'a pas été en profondeur, je manquais de temps.  Je me suis concentrée sur mes classiques (ah, Gallimard!) et commence à fureter pour voir où se cacheraient les odi-menvatts dans le Salon, quand une voix joyeuse me lance:

-Hey Mariane!

Et oui, c'est Gen qui à sa table de dédicace est lumineuse comme tout malgré des cernes un peu foncé, cadeau de sa puce.  Sauf que là, en arrivant devant elle, je me rappelle de 2-... et que j'ai complètement oublié d'emmener ma copie d'Hanaken 3 pour la faire dédicacer!  (Ça t'apprendra à faire ton sac de Salon  à la course!)  Je prends le temps de piquer une petite jasette avec elle (on ne s'était même pas parlée au dernier lancement de Brins!) et là, mes yeux se lèvent vers le fond du kiosque, aperçoivent une boîte, reviennent à Gen, revoient la boîte derrière elle...  J'attrape une copie d'Hanaken 1 et lui lance:

-Minute je reviens!

Je file à la caisse payer le livre puis lui demande de dédicacer la copie pour la Lecture en cadeau!  Et oui, tradition chez moi, je fais dédicacer un livre à chaque année et je le donne en cadeau à un jeune lecteur.  Petite tradition personnelle.  En tout cas, ça semble être plus complexe de faire une dédicace à une personne inconnue à voie l'expression concentrée de Gen en l'écrivant.  On échange un brin sur nos séries télés en cours (on est toutes les deux fans de séries!) avant que je vois une lectrice qui s'approche de Gen.  Je la laisse à ses devoirs d'auteures pour poursuivre ma tournée (et m*** j'ai pas pensé de lui parler de Madam Secretary!)

Arrivé genre une demie-allée plus loin, Isabelle tombe de nouveau dans mon champ de vision.  Ça y est, j'ai découvert le repaire des odi-menvatts!  Ce qui me permet d'échanger avec Guy Bergeron, Isabelle (de nouveau et avec joie!) et Pierre Lavigne sur la série et même d'avoir quelques avants-goûts de la suite des choses.  Que je ne vois dis pas.  Faut bien que mes fragments d'exclusivité servent à quelque chose... :P

Je quitte les lieux après avoir convenu avec Guy que c'est sans doute à cause d'une requête faite contre moi (à cause de quel crime?  Mystère!)  qu'il a perdu mon adresse lorsque je lui avait envoyé il y a quelques semaines.  Je me retourne de bord et constate que la même lectrice qui parlait à Gen auparavant est à présent en présence des clowns vengeurs.  Je quitte le kiosque au moment où elle entame la discussion avec Guy.  Je reviens sur mes pas, déjà le Salon du livre de Montréal 2015 tire à sa fin pour moi.  Je retourne au stand d'Alire chercher ma dédicace de Phil-Aubert (que j'ai beaucoup aimé soit dit en passant!).  Et tombe sur Natasha Beaulieu.  Je m'arrête donc deux secondes pour lui jaser en zieutant ma montre parce que là, l'heure de mon départ était comme affiché sur l'écran.  Je finis par écourter la conversation ( :'''''( ) et passe en coup de vent dans le dédale des kiosques d'ADP pour saluer une amie qui travaillait là le temps du Salon.  Amie avait une meilleure vue que moi, c'est elle qui m'a trouvée, mais bon, j'ai écourté la conversation parce que là, Heure de départ prévue était dépassé.  Je retourne sur mes pas et retourne voir Patrice pour la photo (vous l'aviez oublié?  Pas moi!)  On prend donc la pose (voir sur son blogue, elle est bonne la photo!)  Je lui confie mes sacs le temps d'aller faire un petit tour aux toilettes.

Sur le chemin du retour des toilettes, je croise Ève Patenaude (aie-je dit que Heure de départ était déjà dépassée?), pique un trente secondes de jasette, passe reprendre mes sacs chez Patrice et quitte le Salon du livre... euh non, aperçoit les cheveux roux typique d'Ariane Gélinas et passe lui dire bonjour, et voit Pierre H Charron à côté et lui dit bonjour.  IL me dit qu'il attend pour une table ronde sur la science-fiction québécoise.  (:'(((((((  )  Et je me dit que définitivement, Heure de départ prévue est totalement dépassée!  Je sors du Salon, me disant que cette année, je n'ai absolument pas besoin d'une étampe pour réentrer comme souvent...  Tout de suite après, j'ai l'impression d'être légère, très légère...  M***  J'AI OUBLIÉ MON SAC CONTENANT LE LIVRE DE PHIL-AUBERT À LA TABLE DE PATRICE!!!  Je supplie le ti-monsieur à l'entrée de me laisser réentrer (heureusement que j'avais gardé mon reçu de paiement!), file à la table de Patrice qui est très soulagé de me voir revenir et quitte définitivement le Salon.

4- Bon, je saute mes aventures de métro (je ne connais pas bien la station près de laquelle je m'étais stationnée), mais je réussis à prendre place dans ma voiture à l'heure prévue pour mon arrivée à la maison de mes parents (qui a dit que je pourrais un jour quitter le Salon du livre à l'heure prévue?), mais bref, j'arrive là, encore surexcitée et sur l'adrénaline, on soupe, on jase (et bon, Frérot et moi, on jase à bâtons très rompus souvent!) et au moment de remettre ses cadeaux, il taponne l'emballage et me regarde avec un sourire.

-Un livre?
-Non, mais je serais-tu vraiment ta soeur si c'était pas le cas!

Oui, c'était un livre.  Je suis rentrée à la maison vers minuit et demie, mais je me souvenais encore assez de 1) pour enlever toutes traces de sac de plastique dans ma chambre avant d'aller dormir...

FIN!

@+ Mariane

lundi 16 novembre 2015

C'est la faute à Tolkien...

Bonjour!

L'autre jour, en repensant à tous les romans de fantasy que j'ai lu, je me suis rendue compte d'une constance quasi-navrante: ils se passent à peu près tous à une époque vaguement médiévale.  Comment je fais pour dire ça?  Et bien, premièrement, ils utilisent à peu près tous des chevaux, ont des structures sociales proches du féodalismes (roi, reine et suzerain en général), des valeurs souvent chevaleresques comme l'obéissance à l'autorité, les gens vivent la plupart du temps dans des châteaux où les paysans s'occupent des terres et d'autres font la guerre, etc, tout ça avec de la magie omniprésente.  Dans la plupart des cas je dis bien.  J'aurais aussi pu ajouter que souvent les pouvoirs religieux et séculiers se mélangent, que le personnage d'aubergiste médiéval est quasiment toujours là et que les conditions de vie en général sont celle qui prévalaient à l'époque, mais encore là, j'entre dans le domaine des petites variables.  Certains l'ont, d'autres pas, dépendant de l'imagination de leurs auteurs.  Mais reste que c'est plus rare d'entendre parler de montures reptiliennes ou de centres commerciaux dans un roman de fantasy que de science-fiction où l'imagination est bien plus débridée...

Pourquoi donc est-ce comme ça, pourquoi cette obsession pour le Moyen-Âge.  La réponse facile est simple: c'est la faute à Tolkien!!!  Non, mais pensez-y bien: dans Le Seigneur des Anneaux tout comme dans Bilbon le Hobbitt, les personnages se déplacent à cheval, vivent dans des châteaux si cela correspond à leur classe sociale, les valeurs chevaleresques sont très présentent, on voit très bien que certains sont des guerriers et d'autres des serviteurs...  Entre autres.  Parce en y repensant bien, je vois bien plus dans Tolkien une métaphore du Haut-Moyen-Âge, l'époque qui a suivi l'effondrement de l'Empire romain, plus que du Bas-Moyen-Âge, période auquel on se réfère bien plus souvent avec ses chevaliers, ses belles dames et ses châteaux.  Mais la façon de mener son histoire de Tolkien a marqué bien des esprits.

Cependant, il ne faut pas oublier que le Moyen-Âge se prête bien au genre du fantasy parce que... et bien on l'oublie, mais l'ambiance s'y prêtait!  En dehors de la grande Histoire, celle des rois, des reines et des châteaux, le peuple vivait dans des croyances qui voyaient le surnaturel et la magie partout.  Qu'on pense aux contes bourrées de sorcières (quand on ne les brûlaient pas dans la vraie vie), aux présages que l'on voyait partout, aux gris-gris et amulettes contre le mauvais sort, à l'omniprésence du religieux et de ses miracles.  Rien que le cycle arthurien le montre bien.  Évidemment, le fantasy moderne a emprunté bien des détours, s'éloignant plus ou moins de ses racines, mais reste que le fond est là.  Le cadre dans lequel prennent place la majorité des romans de fantasy est pré-industriel, relativement proche de la nature et lié à une certaine conception de la magie.

D'un autre côté, loin avant la naissance de Tolkien, des auteurs ont montré la voie vers autre chose que le Moyen-Âge.  Pour ne citer que cet exemple, le steampunk, lié à l'époque de l'industrialisation, à la vapeur, au développement des sciences et de la technologie commence à laisser sa marque propre dans notre vie et notre littérature.  Des auteurs de l'époque l'ont senti et l'ont écrit, des auteurs comme Mary Shelley et Bram Stoker pour ne nommer que ceux-là.  Pas de magie comme tel dans leurs livres, même si Frankeinstein et Dracula ne sont clairement pas liés de façon directe à notre monde.  C'est le fond de remise en question de notre univers et de ce que l'on en comprend qui est ici fascinant: dans le fantasy classique, c'est la magie qui explique tout, qui représente bien souvent le pouvoir face à ce que l'on ne peut pas expliquer.  Dans le steampunk, la science commence à entrer en ligne de compte: on peut l'étudier, l'explorer, mais on trouvera encore des morceaux du monde que l'on ne peut expliquer que par la magie.  Différence fondamentale dans les psychés: le monde contient de la magie, mais grâce à la technologie et à la magie, on peut en décoder une partie.

Lentement, on voit émerger une autre littérature, issue d'une autre époque de l'humanité.  Qui s'en inspire, en reprend les thèmes, les images fortes, tout en étant résolument dans le domaine de la fiction.  Le terreau du fantasy est riche parce qu'il se nourrit de tout.  Un jour, il se nourrira de nos conceptions du monde issus des années  1930 ou 1950...  Quand?  Dans un bout de temps sans doute...  Peut-être ne seront-nous alors même plus là pour le voir!

@+ Mariane

mercredi 11 novembre 2015

Pouvoirs obscurs: Soupçons de Kelley Armstrong

Pouvoirs obscurs  tome 3  Soupçons  Kelley Armstrong  Castelmore  309 pages


Résumé:
Après l'incendie qui a ravagé Salmon Creek, Maya, Daniel, Sam, Rafe, Haylee, Nicole et Corey se retrouve dans un hélicoptère... qui ne se dirige pas vers le lieu d'évacuation prévu.  Flairant un piège, les jeunes se rebellent et provoquent l'écrasement de l'hélicoptère.  S'ensuit une partie de cache-cache dans les forêts du nord de l'île de Victoria entre eux et ceux qu'ils découvrent comme étant les Nast, des alliés temporaires des St-Cloud, la compagnie pharmaceutique possédant Salmon Creek.  À leur tête, celui qui prétend être le père biologique de Maya...

Mon avis:
Ce livre est une longue partie de cache-cache dans lequel les jeunes découvriront à la fois leurs pouvoirs, mais aussi pourquoi on les pourchasse.  À ce niveau, le titre convient bien au livre: si le premier tome parlait d'innocence, celle-ci est perdue dans ce tome et laisse la place au soupçon, entre les jeunes, envers tous ceux de l'extérieur, envers tous ceux qui prétendent les aider.  La bande ne peut compter que sur elle-même et encore vu les soupçons qui émergent rapidement envers un des membres de leur groupe.  Et quand je dis longue poursuite, c'est tout le livre qui se passe ainsi.  Contrairement au premier tome où on faisait connaissance avec eux, là, on suit les jeunes dans leurs décisions sur le comment s'en sortir, alors qu'ils sont en cavales.  Parce qu'après l'écrasement de l'hélicoptère, ils seront livrés à eux-mêmes, coupés de leurs familles et de leurs repères.  Évidemment, on suit Maya de très près dans cette histoire, c'est elle la narratrice.  Et avec elle, ses premières transformations en couguar.  Magnifiquement bien décrite que son expérience dans les poils d'un tel animal.  Même si cela n'occupe que peu de place dans le récit comme tel.  On verra pour le prochain tome ;)  Personnage secondaire, mais que j'ai beaucoup aimé, Kenjii, son chien, fidèle, peu bavard évidemment, mais la relation qu'elle a avec elle m'a touchée.  Dans cette situation de survie, elle est un élément stable, rassurant, un lien avec son ancienne vie.  Tous les jeunes sont intelligents, sensés, ils réfléchissent, ils agissent.  Pas de stupidité dans leurs actions, des risques certes, mais rien qui m'auraient fait dire, non, mais regardez-moi cette bande d'idiots!  La poursuite a ses avantages et ses inconvénients, parce qu'à force, on est un peu tanné de devoir les suivre à la trace tout le temps ainsi, de ne pas savoir s'ils vont s'en sortir.  Et un peu surprise aussi de leur endurance à tant marcher sans manger ni boire ou presque.  La relation entre Daniel et Maya change, même si pour elle, il reste un ami seulement.  Malgré ce que tout le monde voit sauf elle apparemment...  Misère, on retombe dans le triangle amoureux classique!  Mais bon, heureusement, Maya n'est pas une écervelée qui va tout faire pour le gars qu'elle aime.  C'est loin d'être Bella...  Malgré tout, c'est un bouquin redoutablement efficace, un authentique page-turner, justement sans doute parce que c'est une longue poursuite de plus de 300 pages sans que l'on sache quand et si ils vont finir par se faire attraper, avec de très nombreux retournements de situation.  Bien fait, bonne lecture, mais rien pour épater au niveau littéraire.  Cela demeure une lecture plus efficace que bien faite.  Quoique des fois, ça ne sert à rien de bouder son plaisir!

Ma note: 4.25/5

lundi 9 novembre 2015

Vous avez aimé, vous aimerez

Salut!

L'une des grandes difficultés quand on est libraire, c'est quand un lecteur aime d'amour, mais vraiment d'amour un auteur et qu'il a lu... tout ce qu'il a publié.  Ça arrivait souvent avec des auteurs comme Patrick Senécal ou Stephen King.  Les clients arrivaient, désespérés, avide de lire encore, mais ne sachant de un, pas vers où aller et de deux, avant tout à la rechercher de grosso modo la même chose.  Et c'est là que le bât blesse.

Même les auteurs les plus commerciaux, même les livres les plus écrits en série, portant la patte de leurs auteurs.  Des fois, j'avoue, la ligne est vraiment très très mince.  On a l'impression de lire un auteur et on peut facilement les confondre.  Malgré tout, il restera une petite différence.  Évidemment, plus on ira vers des auteurs à la plume élaborée, plus les différences seront fortes et marquées.  Mais même dans les ligues mineures, dans la production de masse, les auteurs se démarquent légèrement les uns des autres.  Et ce sont ces petites différences qui font que les lecteurs allument sur un auteur en particulier.  Ça peut être les descriptions, les traits d'humour, la façon dont l'intrigue est menée, tout ça entre en jeu.

Alors quand vient le temps de conseiller autre chose, mais pas tout à fait, ça devient vite difficile.  De un, parce que les lecteurs veulent presque la même chose et que de changer un iota devient leur demander de contourner l'Everest.  De deux, et bien, il faut savoir trouver, à tâton, avec des gens qui nous disent: Je lis du Stephen King parce que c'est bon (oui, bon, d'accord, mais qu'est-ce qui est bon?).  Ils ont du mal à dire ce qui leur plaît dans l'écriture d'un auteur.  Croyez-moi, c'est pas toujours si facile.  Les lecteurs ont beau avoir plus de vocabulaire que les non-lecteur, des fois, c'est juste pas évident de les faire parler avec exactitude.

Il y a aussi le fait qu'aucun, mais je dis bien aucun libraire n'est un algorythme.  Si, si!  La méthode du grand empire au sourire en coin est simple: les gens achètent un livre, on leur proposera un livre qui est aussi souvent commandé avec lui.  Ou qui se vend bien.  Ou dont l'éditeur a payé pour qu'on le mette en valeur.  Donc, vous avez aimé X, on vous recommande Y.  Peu importe au fond qu'Y n'aie aucun rapport avec X.  Ça se vend bien!  J'avais magasiné une fois des films sur le site et on me recommandait deux films avec insistance, un drame historique et un drame psychologique n'ayant rien en commun... excepté que les acteurs principaux des films respectifs avaient triomphé aux Oscars la même année.  Le lien?  Sûrement pas dans les caractéristiques communes des deux oeuvres.

Vous avez aimé ce livre, vous aimerez celui-ci.  Facile, très facile à dire.  Dans le concret, tomber pile n'est pas si simple et ne se résume pas aux ressemblances dans la quatrième de couverture ou dans le style d'écriture des auteurs.  C'est plus complexe et plus fragile.  Ceux qui comprennent vraiment le processus n'ont que plus de respect pour le travail fait derrière, car celui-ci demande une énorme recherche personnelle et une excellente mémoire.  Un véritable traitement de l'information, qui ne se fait pas avec des chiffres, mais avec des perceptions et de l'émotion... ainsi qu'une bonne dose de jugeotte, ce que ne possède malheureusement aucun algorythme.

@+ Mariane

lundi 2 novembre 2015

La magie, la science et le temps

Salut!

S'il y a bien une chose qui est commune à toutes les littératures de l'imaginaire, c'est d'avoir en commun une référence qui bouleverse la conception du monde, soit des personnages, soit du lecteur.  S'il s'agit des personnages, il s'agira souvent d'une manifestation magique interrompant le cours normal de l'existence de ceux-ci.  S'il s'agit du lecteur, on le plongera dans un monde où des technologies existantes et considérées comme normales par les personnages le forcera à reconsidérer sa façon d'aborder ce monde.  Même chose pour la magie.  Dans tous les cas, on oblige le lecteur à ne pas prendre pour acquis l'univers dans lequel il se plonge.

Dès le départ, il est déstabilisé, ce qui est d'ailleurs le but recherché.  De plonger dans un univers où les codes sont différents impose d'accepter de ne pas tout comprendre du premier coup et de considérer comme allant de soi des façons de faire, d'être et de vivre radicalement différentes des nôtres.  Que l'on parle de populations venant de l'autre bout de l'univers ou de magiciens vivant dans un autre monde, le fait que la technologie ou la magie existe façonnera le cadre dans lequel baigne les personnages.  Ça peut aller de détails, comme la façon de se présenter en société, à de grands concepts de philosophie dont les protagonistes ne sont pas toujours conscients.  Ce sera différent.

Utiliser la magie ou la technologie pour créer une distorsion est une façon de faire classique pour toutes les littératures de l'imaginaire, une façon de faire du lecteur à la fois un complice et un manipulé, parce qu'il ne peut pas deviner les règles du jeu tant que l'auteur ne les a pas dévoilées.  Par contre, il en existe une autre, à la fois plus évidente et pourtant moins marquante: le temps.  Le temps qui change et transforme, même si on en est pas toujours conscient.  Il y a plus de différences entre la mentalité des gens du XVIIe siècle et la nôtre qu'on pourrait le penser.  Parce qu'à leur époque, bien des paramètres, sociaux, religieux, économiques, scientifiques, nommez-les, étaient différents.  Si de nos jours, l'esclavage est très mal considéré et le sexisme à peu près tout le temps décrié, il n'en allait pas de même il y a cinq siècles, dans une Europe qui commençait à peine à comprendre que le monde était beaucoup plus vaste que les frontières qu'elle connaissait.  Sans parler des milliers de personnes, qui, aux quatre coins du monde, découvraient à travers les explorateurs, les évangélisateurs et les marchands, une mentalité, une façon de faire et des usages totalement inconnus.  Sans compter la poudre à canon et les usages qui en ont été faits partout...

Il est peu surprenant quand on y pense que le roman historique aie tant de succès: il reprend la même idée du déséquilibre induit par la magie et la technologie, mais sans le côté totalement déstabilisant de ceux-ci.  On a tous des connaissances de base en histoire, assez pour se mettre plus aisément dans les souliers des personnages (surtout s'il s'agit d'un passé relativement proche), mais pas suffisamment pour se priver du plaisir de la découverte.  Honnêtement, rare sont les lecteurs qui en connaissent plus en Histoire que l'auteur qui s'est tapé une énorme recherche avant de rédiger son bouquin!  Donc, plaisir de découverte sans trop de risque d'être décoiffé au passage!

Cependant, si on y réfléchit bien, le dénominateur commun de toutes ces techniques pour obliger le lecteur à sortir de ses sentiers de base et de son petit monde connu, c'est que l'on change les paramètres de base de la culture en usage dans cet univers, qu'il soit induit par la magie, la technologie ou le passage du temps.  Que l'on discute avec une personne venant d'Asie ou d'Afrique ou du monde arabe, ou a beau être humain, on finira tous à un moment ou à un autre par éprouver un choc culturel en découvrant que ce qui est pour nous évident, concret, réel, normal, allant de soi, ne le sera pas le moins du monde pour une autre personne.  Parce qu'elle vient d'une autre culture.  Une culture façonnée par son environnement, comme la magie, la technologie et le passage du temps façonnent celles qui leur sont exposées.  De là d'énormes différences et aussi une certaine ouverture d'esprit: on plongeant dans d'autres mondes, on finit par ne rien tenir pour acquis dans le nôtre et à apprendre à comprendre avant de juger.

@+ Mariane