lundi 8 avril 2019

La petite musique d'un auteur

Salut!

En lisant un livre de Jacques Poulin, Chat sauvage pour ne pas le nommer, le narrateur, lui-même auteur, disait qu'il lisait des livres pour la petite musique des auteurs.  Il disait que les bons auteurs ont une petite musique dans leurs mots.  Un rythme, une façon de raconter, qui donne une touche personnelle à une oeuvre.  Certaines personnes appellent ça une voix d'auteur(e).  Je dois avouer que j'hésite entre petite musique et voix.

Parce que ça tient de l'un et de l'autre.  Souvent, quand je lis un livre, je suis frappée par la musicalité de certaines auteurs. Les mots choisis et la façon de les agencer dans une phrase donnent un résultat différent selon la personne qui tapote le clavier.  Certaines fois, ce sont les sons qui forment une harmonie.  D'autres fois, les mots qui semblent danser.  C'est ça qui fait la différence entre les auteurs et qui donne à chacun une voix unique.

Il y en a qui ont des écritures comme des percussions.  Leurs mots sont comme des petits sons secs qui ont un rythme propre, mais qui sont toujours courts et rythmés.  Il y a les auteurs qui laissent les sons et les phrase s'étirer comme des notes de violoncelle.  Le rythme est lent, mais puissant.  Il y a les écritures légères comme les notes d'une flûte traversière, agiles, aériennes.  Il y a les voix d'auteurs qui sonnent comme un orchestre symphonique et d'autres comme de la guitare acoustique.  Chacune d'entres elles, avec les mots, le rythme, la ponctuation, le souffle, trace sa propre musique.

Parfois, je me demande si l'ambiance musicale dans lequel l'auteur baigne n'influence pas son écriture.  C'est une chose possible, comme toute autre source auquel l'enfant se nourrit lorsqu'il est jeune.  (Là, je suis juste un poil inquiète pour Neveu parce que tout petit, il adorait le rock métal industriel....).  Une chose est sûre, c'est que c'est dans ce rythme, dans ce choix de travail des mots et des sons que se trouve la patte de chaque écrivain.

Quand j'écris, cette façon de faire s'impose d'elle-même.  J'ai une petite obsession personnelle du texte qui coule.  Si ça coince à l'oreille, c'est qu'il y a un problème à régler.  Il m'arrive de fouiner dans le dictionnaire des synonymes pour trouver un mot qui sonne plus juste dans la phrase, à la fois en terme de sens et de rythme.  Certains mots, dans certaines phrases, ont le pouvoir de faire s'envoler un texte ou de le faire atterrir plus ou moins abruptement.

Ce que je vois dans mes propres textes, je l'ai vu dans les textes de bien d'autres personnes avant moi.  C'est quelque chose que l'on sent dès les premières lignes, avant même d'avoir compris où l'histoire va nous amener, ni quelles sont les personnages qui vont la porter.  Et plus je lis, plus c'est cette musique qui me donne envie de lire un livre ou de le refermer tout sec.  Pas l'intrigue, pas les personnages, plutôt cette musicalité inhérente au texte.  Sa présence ou son absence font une énorme différence en terme de plaisir de lecture.

@+ Mariane

4 commentaires:

Gen a dit…

Oh oui, c'est tellement important! J'aime les textes qui coulent moi aussi, ceux que je peux lire à voix haute dans ma tête (euh... tu comprends ce que je veux dire?). Surtout ceux qui se déversent en torrent, en cascade. Les rivières paresseuses m'ennuient un peu. Mais si ça coule, je vais me laisser porter au moins pendant quelques pages, tandis que si ça grince, la tentation sera forte de refermer le livre.

Prospéryne a dit…

»Lire à voix haute dans ma tête»? Oh que oui, je comprends ça! Perso, j'aime aussi les rivières paresseuses, mais à petite dose seulement. J'aime les torrents, mais j'aime aussi beaucoup les vagues rythmées qui se déversent sur la plage...

Luc Dagenais a dit…

Je suis du même avis que vous deux! La musique, le flot, la voix, c’est ce qui fait qu’un.e auteur.e se démarque des autres, et un texte qui "accroche" lorsqu'on le lit (dans sa tête ou à haute voix) est un texte où il y a problème.

Pour ce qui est de l'ambiance musicale dont tu parles Mariane, je te rassure tout de suite quant à ton neveu: j'écoute presque toujours de la musique en écrivant: du rock, du métal, du techno, de l’industriel (beaucoup d'industriel!) et ça ne mine pas mon écriture… ;op

Prospéryne a dit…

Me voilà rassurée pour Neveu. Il va pouvoir continuer à écouter du Rammstein sans problème! :P