mercredi 18 décembre 2013

Telling vs showing

Salut!

J'ai une amie étudiante en littérature qui met régulièrement sur Facebook la complainte de l'étudiant en lettre: trop de lecture à faire en trop peu de temps, maudit que les livres qu'ils leur font lire sont plates, mais que veut dire tel prof à propos de telle tendance littéraire?  J'adore ces commentaires.  Je n'ai jamais étudié en lettres en bonne partie à cause des lectures obligatoires, mais de connaître un peu ce domaine de la littérature m'intéresse hautement.  Et voilà que dans l'un de ces messages, elle se met à râler contre deux concepts apparemment différent de la littérature: le telling et le showing.

Si j'ai bien compris (et je demande à l'avance pardon si ma compréhension de néophyte est inexacte), le telling est l'art pour un auteur de raconter une histoire.  C'est l'art du narrateur, du conteur, de celui qui est là pour nous faire plonger dans une aventure à ses côtés.  Dans ma tête, ça représente l'histoire racontée au je, pas uniquement, mais majoritairement.  On nous raconte une histoire, donc, c'est une personne qui a un point de vue, une histoire, une vision des choses qui nous parle.  Elle nous explique les choses telle qu'elles sont, telles qu'elle les perçoit, peu importe qui sait.

À l'autre extrême, il y a le showing.  C'est l'art de raconter une histoire, encore une fois, mais en montrant les choses.  La personne ne raconte pas, elle nous fait plonger dans les événements.  Elle nous montre ce qui se passe.  Pas besoin d'explications de midi à quatorze, ce sont des éléments des descriptions qui nous feront tomber dans l'ambiance.  Et ceux-ci sont moins explicites.

Ça me fait penser à cette phrase que j'ai lu et relu dans la page Wikipédia de Jean-Christophe Rufin:

«J'ai été déformé dans le sens du visuel. [...] Comme le disait Kundera, il y a deux sortes d'écrivains : l'écrivain musicien et l'écrivain peintre. Moi je suis peintre. [...] Quand on écrit, soit on écoute, soit on voit. On ne peut pas faire les deux en même temps.»

Il me semble que ça ressemble beaucoup au fond.  Disons, reprenons la bonne vieille formule des auditifs et des visuels.  Les auditifs aimeront mieux le telling, l'art du conteur, de celui qui sait nous charmer par le rythme de ses écrits, de celui qui nous fait voyager à ses côtés.  Il nous entraîne dans son histoire, nous fait vivre aux côtés des personnages qu'il raconte.  Le showing,  c'est l'art de celui qui se met un peu en retrait et raconte ce qu'il voit, mais comme si les personnages étaient dans un film qu'il regarde.  Il nous fait entrer dans l'histoire par le regard, voir les petits détails, sentir la lumière, l'ambiance sombre.  Il est un pas en retrait de l'histoire, mais en même temps, il n'en fait pas partie comme le conteur.

Les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients, leurs forces et leurs faiblesses.  Personnellement, je suis plus showing que telling.  J'aime voir les images des histoires que je lis.  Je suis très visuelle.  Les textes que je préfère sont ceux qui savent, en quelques mots, en quelques images, transmettre l'atmosphère d'une scène par ce que y voit, ce qu'on y ressent, ce qu'on y sent.  J'aime mieux ça que de me le faire décrire.  Les deux façons de faire comportent leurs maîtres et leurs grands textes.  C'est une question de préférence.  

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

Hum... À ce que moi j'ai compris, telling et showing sont deux facettes de l'art d'écrire. Normalement, on va raconter les événements moins importants en "telling" (Pendant deux mois, l'homme attendit que le bandit revienne sur les lieux de son crime en polissant patiemment sa carabine). Tandis que les scènes-clefs sont faites en "showing" (Il épaula sa carabine, bloqua son souffle dans sa poitrine. Le bandit était revenu! Son doigt se tendit sur la gachette... BANG! L'épaule engourdie par le recul, il vit sa cible tomber...)

Selon ce que j'ai compris, les sensations corporelles du personnage et les descriptions reposant sur tous les sens, pas juste la vue, font partie du showing. Ce sont elles qui nous permettent de nous glisser dans la peau des personnages.

D'ailleurs, ce qu'on se fait dire le plus souvent par les directeurs littéraires, c'est "show don't tell".

Calepin a dit…

En fait, cela représente l'éternel discours de création littéraire entre montrer plutôt que dire. Donc, Gen a raison. Concrètement avec un exemple poche :

Montrer : « Paul serra les dents, les épaules tremblotantes. Une larme coulait le long de sa joue. »

Dire : « Paul était triste. »

Voilà ;)