lundi 15 avril 2019

Dans l'oeil d'un homme

Salut!

J'ai longtemps eu un problème avec les personnages féminins que je lisais ou regardais dans des films.  Je ne me reconnaissais pas en elles.  Elles n'étaient pas comme je me voyais, pas comme les filles et les femmes que je voyais autour de moi.  Souvent, soit elles étaient extraordinairement belles, soit elles étaient fabuleusement sotte.  Si elles étaient intelligentes, elles étaient presque toujours sans attraits physiques et célibataires.  Si elles étaient fortes, elles étaient castratrices.  Et dans tous les cas, leur principal but dans la vie était soit de se trouver un homme, soit de le garder si elles en avaient un.

Honnêtement, je ne me reconnaissais pas dans le portrait.  Tous ces personnages me semblaient tellement loin de ma réalité et de celle que je voyais.  Certes, j'avais des amies qui au secondaire, ne parlaient que de garçons, mais elles étaient une minorité (et j'ai été dans une école secondaire de filles!).  Autour de la table du dîner, à la cafétéria, on parlait bien plus de nos profs, des potins de vedettes, de l'actualité, des livres qu'on lisait (hihihi!  Je n'ai pas tant changé!).  Oui, ça arrivait que les gars tombent dans les sujets de discussion, mais c'était un parmi tant d'autres.  Personne ne vivaient sa vie uniquement en fonction de ses intérêts amoureux.  Pourtant, à regarder bien des séries télés et des films, c'est le centre de la vie des individus de sexe féminin...  Tout se joue dans leurs relations avec les hommes de leur entourage.  Quand ce n'est pas l'amoureux, c'est l'ami (et potentiel amoureux), le père ou le frère (tous deux comme protecteur).  Ou le maquillage.  Ou les vêtements.

Jusqu'au jour où je me suis rendue compte que la plupart de ces histoires étaient écrites dans la perspective d'un homme.  Ainsi donc, les femmes sont donc vues comme des éventuelles partenaires amoureuses, comme des personnes à protéger, etc, mais comme des personnes qui sont des égales et qui peuvent elles aussi avoir leurs propres ambitions et vie en dehors d'eux, ou même encore pire, des intérêts dans mêmes domaines que les hommes?  Moins, beaucoup moins.  Ce ne sont pas tous les hommes qui ont cette perspective évidemment.  Ni tous les personnages féminins basés sur ces principes qui étaient forcément mauvais.  Cependant, tout était vu en fonction d'un autre personnage, de sexe masculin, plutôt que d'être une personne au départ.

C'était quelque chose qui me gossait en bon québécois, mais pas quelque chose que je pouvais nommer.  Et puis sont venus les personnages que j'ai trouvé intéressant parce que justement, tout ne tournait pas autour de leurs vies amoureuses.  Hermione par exemple, ou même Molly Wesley.  Lyra Bellacqua et la maléfique Mme Coulter dans À la croisée des mondes.  D'autres se sont greffés, petit à petit.  Mais je crois que le choc le plus important est venu de Talia dans les Hérauts de Valdémar (et c'est sans doute aussi pour cette raison que je garde un attachement sentimental aussi profond pour cette série): il y avait là un personnage féminin, complet, dans un univers de fantasy médiévale, mais justement, pas qu'elle.  Ses amis, ses professeurs, ses collègues, sont autant des hommes que des femmes et ses relations avec eux varient de l'amitié profonde à l'amour dans toutes les gammes possibles... comme je l'avais vu des dizaine de fois avec des personnages masculins, mais rarement dans des personnages féminins.  L'univers au complet laisse une part égale aux deux sexes, mais c'est surprenant parce qu'on est tellement habitué à autre chose que cette série m'a particulièrement marquée.

Petit à petit, cette idée fait son chemin un peu partout et je la vois de plus en plus dans les livres, mais aussi dans les films.  L'autre jour, quand je me suis assise devant le grand écran pour regarde Captain Marvel, je me suis rendue compte que la transformation était complète.  Ce personnage n'existe pas au travers d'un autre personnage masculin, elle prend ses propres décisions, trace sa propre destinée et a des relations fortes autant avec des hommes que des femmes.  Pas de relation amoureuse dans ce film, mais cela aussi sortait des clichés que l'on a trop vu au cinéma où l'héroïne trouvait systématiquement l'amour durant le film.  Carole Danvers n'en a pas besoin dans ce premier opus.  Il fallait d'abord qu'elle se trouve elle-même et pour cela, l'amitié de Nick Fiury et de Maria Rambeau, sa meilleure amie, étaient les meilleures remèdes.  J'espère qu'on verra plus de personnages de ce genre autant au grand écran, au petit écran et dans les bouquins.  Parce qu'il est plus que temps que l'on considère que les personnages féminins sont comme leurs confrères: des êtres qui ne sont pas définis par l'amour, ni par les personnes de l'autre sexe, mais comme des êtres humains complets et autonomes.

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

À nous de les écrire! ;) (parce que, oui, il est temps!)

Prospéryne a dit…

Tope-là Gen! :D