lundi 21 février 2022

Le prétexte et la base

 Salut!

Je me rappelle une discussion assez vive sur le catalogue de visage autour d'un de mes billets qui parlaient du fantastique.

-Ouais, mais Diana Gabaldon c'est du fantastique! 

Je me rappelle avoir roulé des yeux.  Pour moi, Le chardon et le tartan, ce n'est pas du fantastique, du moins, pas selon les codes auquel je suis habituée, MAIS, c'est vrai qu'il y avait du vrai dans cette affirmation.  

(Pour ceux qui vivent sous une roche, Diana Gabaldon a écrit une série de romans forts populaires et adaptés en série télé qui raconte les aventures de l'infirmière Claire Beauchamp Randall, qui en 1945, se retrouve propulsée deux cents ans dans le passé et tombe amoureuse d'un Highlander, Jamie Fraser, qu'elle finit par épouser.)

C'est ici que début mon début de grincement des dents envers cette série.  Si la prémisse (une femme du XXe siècle qui atterrit au XVIIIe siècle) est du ressort du fantastique, ça s'arrête là: le reste des aventures de Claire est clairement réaliste, si l'on tient compte qu'elle a des connaissances du futur et qu'elle a voyagé dans le temps.  Pas de magie, pas de surnaturel, pas d'autres ruptures avec le réel.  Niet!  Le reste du récit est consacré à la romance de Claire avec le beau Jamie Fraser.  La suite montre une excellente romance, pas un roman fantastique.

Et là est la différence: l'élément fantastique est ici un prétexte à la suite de l'histoire et non sa base.

Comparons avec une autre histoire fantastique.  Prenons par exemple un classique contemporain: Twilight (ou Fascination si vous préférez!).

(Pour ceux qui auraient vécu sous une roche, la série raconte l'histoire de Bella, une humaine, tombant amoureuse d'un vampire, Edward et bon, tout ce qui arrive après.)

Ici, la prémisse, une humaine qui tombe amoureuse d'un vampire, est justement le coeur d'une histoire.  Encore une fois, l'amour est le moteur de l'intrigue, mais on diffère bien vite de la série de Diana Gabaldon sur un point : plus on va loin dans l'histoire, plus les implications de cet amour humain-vampire vont loin. Tiens le meilleur copain de Bella est justement un loup-garou et tiens, les vampires forment une société complète, avec ses propres lois et tiens, les vampires ont des pouvoirs aussi et tiens, ça finit par arriver des mélanges vampires-humaines, etc, etc.  Et de plus en plus, l'intrigue s'éloigne du commun des mortels pour plonger dans la réalité alternative créée par le fait que les vampires existent.

Claire Beauchamp Randall qui plonge deux cents ans en arrière: ok, c'est un fait de l'histoire, mais à part elle, personne ne trouve ça si bizarre.  Bella qui rencontre un type beau comme un dieu grec marmoréen (ceux qui ne savent pas ce que ça veut dire, vous n'avez pas lu les romans...) et découvre que c'est un vampire... l'introduit progressivement à un nouvel univers, caché à nos yeux.  À une nouvelle réalité.  Et c'est souvent pourquoi je grince des dents quand j'entends parler du nouveau roman fantastique qui bouleverse les littéraires.  À trop de reprises, j'ai trouvé qu'il y avait un élément de fantastique qui servait à raconter une autre histoire. Alors que la trippeuse de fantastique que je suis aime quand on raconte une histoire ayant à sa base un élément de fantastique et s'amuse à en raconter toutes les répercussions.

Bref, entre un truc bizarre qui permet de raconter une histoire et une histoire  qui prend racine sur un truc bizarre, je préfère la deuxième option.

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

Ajoutons que le "fantastique" dans Le Chardon et le Tartan est une incidence quasi unique : seule Claire et une poignée d'autres personnes peuvent en bénéficier. (Et j'ai un souvenir de cette discussion, mais il me semble qu'en plus la personne en question confondait fantastique et fantasy O.o Et si on peut accepter que Le Chardon et le Tartan soit une romance fantastique, c'est PAS de la fantasy. Twilight, ça part en fantastique et ça finit en urban fantasy).

Prospéryne a dit…

@Gen, tu as une bonne mémoire de cette conversation!

Et je te suis: Twilight part en fantastique et s'éloigne de plus en plus de la réalité pour créer son propre monde par-dessus le nôtre, ce qui finit souvent par arriver dans la plupart des séries fantastiques. Un élément qui vient rompre le réel ne vient jamais seul après tout!

Dans Le Chardon et le tartan par contre, c'est presque un hasard. C'est la grande différence entre les deux.

C'est pour ça que je les distinguais: l'un est un prétexte pour raconter une histoire et l'autre est la base pour raconter une histoire. C'est pas une différence si énorme au départ, mais elle a un grand impact sur la suite de l'intrigue et la façon de raconter l'univers où elle a lieu.