lundi 14 février 2022

Ceux que l'on a lu et qu'on ne trouve plus

 Salut!

L'autre jour, je discutais avec une amie ayant des enfants d'une dizaine d'années, fort grands lecteurs pour mon plus grand bonheur.  Elle me demandait des suggestions d'auteur.e.s francophones, qu'elle connaît moins que les auteur.e.s anglophones.  Je me mets à lui parler de séries, je parle des livres qui marchaient fort lorsque j'étais en librairie, des succès plus récents et petit à petit, je plonge dans mes souvenirs et je me mets à penser à un livre de science-fiction jeunesse que j'avais lu quand j'avais une dizaine d'années...

-Celui-là, c'est bien dommage, mais il n'est plus disponible par contre.

-Ah oui?

-Non, il est épuisé depuis longtemps.

Et d'expliquer que les livres ne sont pas éternels, que beaucoup d'entre eux, malgré leurs qualités, finissent par passer de mode ou à ne plus avoir de public et la place en entrepôt coûtant cher, éditeurs et distributeurs les éliminent des tablettes.  Les plus chanceux dans le lot seront soldés (les fameuses tables de rabais des grands magasins ou des Dollarama) ou crève-coeur comme idée pour les amoureux des livres, pilonnés.  Bref, les livres sont comme le reste dans la vie: ils ont un cycle de vie, ils naissent, ils vivent et ils meurent.  À moins d'être un classique, un livre d'un.e auteur.e très connu.e ou d'être à l'étude dans un cadre scolaire, cinq ans après leur publication, beaucoup de livres ne sont tout simplement plus possibles à trouver qu'en bibliothèque ou encore d'occasion et encore, uniquement si l'on est chanceux.

Mais ceux-là...  Des fois, des années après, on y repense et on se dit: j'aimerais le relire.  Ou encore, j'aimerais le faire lire à quelqu'un.  Mais ils ne sont plus là.  Ça peut être un roman, un album, une bande dessinée, un livre de psycho-pop.  Parti disparu.  C'est dommage, parce que ces livres-là n'ont pas tant changé, ils peuvent encore être lus avec autant de plaisir par d'autres lecteurs.  Le livre numérique a permis à pas mal de bouquins d'être préservés de la disparition totale, et c'est l'un de ses grands avantages, mais il ne remplace pas le contact physique des livres.

C'est aussi un rappel que bien que la littérature soit une forme d'art, son commerce est une affaire capitaliste. Et que pour le capitalisme, ce qui ne bouge pas sur une tablette est un poids et un non un actif.

Je pourrais nommer une bonne dizaine de titres qui ne sont plus disponibles en moins d'une minute. Je les ai lus, je les ai aimés, mais je ne pourrais jamais partager ces lectures.  C'est bien dommage.  Parce que c'était de bonnes histoires.  Parce que je les ai aimées. Maintenant, ces histoires ont été emportées dans le trou noir de l'oubli.  À moins qu'un.e étudiant.e en littérature ne fassent sur eux une une thèse qui les ramène à la mode, ces livres-là auront bientôt disparus des mémoires.

@+ Mariane

4 commentaires:

Gen a dit…

Il en reste presque toujours des exemplaires quelque part, cela dit (sinon même les étudiants de doctorat seraient mal pris). Mais souvent ils sont archivés et durs à trouver pour le commun des mortels, donc en effet le partage est impossible.

Reste parfois des beaux hasards... comme la fois où je me suis retrouvée dans une école secondaire (que je ne nommerai pas) où la bibliothèque scolaire n'avait pas connu de renouveau depuis les années 90. Ils avaient bien des collections de romans jeunesse désormais introuvables! lolol! C'était le fun de pouvoir suggérer aux jeunes, pendant mon animation, d'aller certains livres de la collection Jeunesse-Pop de Médiaspaul qui sont introuvables ailleurs et dont je ne parle pas d'habitude! lolol!

Prospéryne a dit…

J'ai moi-même trouvé dans des ventes-débarras et des ventes de garage certains titres introuvables ailleurs. Mais c'était de gros coups de chance, d'autant plus qu'ils étaient en très bon état.

On remercie ici d'ailleurs la collection permanente de la Bibliothèque Nationale pour garder un exemplaire de TOUS les livres publiés au Québec (dépôt légal). Sauf que parfois, les livres sont dans les voûtes et ne sont donc pas facile d'accès...

Nathalie FT a dit…

Oui j'allais le dire (casquette de bibliothécaire on) le dépôt légal oblige à garder un exemplaire de tout livre paru. Le bémol c'est que si c'est québécois il y a la BANQ, si c'est d'autres pays, il faut aller à la bibliothèque de dépôt légal. En France c'est Paris (Grande Bibliothèque) et les bibliothèques municipales des grandes villes, comme à Lyon. Donc cela devient effectivement plus difficile à moins que l'ouvrage ne soit nunérisé (et souvent derrière un paywall parce qu'il y a des droits d'auteur, normal.)

Prospéryne a dit…

@Nathalie,
Ouah, j'avais pas vu ton commentaire. En effet, le dépôt légal est merveilleux pour garder l'accès aux livres, mais il est assorti de beaucoup de contraintes également. Difficile de prêter un livre en dépôt légal à ta meilleure amie!