Le vivre ensemble n'est pas un rince-bouche Rachida Azdouz Édito 205 pages
Résumé:
Vivre ensemble, un terme usé et sur-utilisé en nos années de débats identitaires. Pourtant quel est le sens de ce mot? L'auteure, elle-même issue de l'immigration, mais québécoise et fière de l'être, essaie de décortiquer les tenants et les aboutissants de ce terme galvaudé, sans prendre parti et sans condamner quiconque.
Mon avis:
Avouez que le titre donne envie de lire n'est-ce pas? Les débats identitaires, pour passionnés qu'il soit, renvoie souvent les positions contraires dos à dos. On se chicane, on se chamaille sur le sujet, mais au fond, on se parle et on se comprend bien peu. L'auteure prend donc le temps de poser le sujet et de le définir.
L'ensemble du livre est d'ailleurs un hommage au débat, dans le sens noble du terme: pas une foire d'empoigne où celui qui parle le plus fort l'emporte, mais une discussion de fond où les arguments prennent le dessus. Un art qui, l'auteure le déplore, passe le plus souvent à la trappe. Parce que, selon son analyse, c'est dans le débat que se trouve la source de l'avancement des idées, mais le débat n'est plus quelque chose qui fait sainement parti des discours publics actuels.
Dans ce livre, l'auteure passe au crible les différentes manières de penser le vivre ensemble. Les modèles français, américains et britanniques sont ainsi décortiqués, démontrant leurs forces et leurs faiblesses. Les tentatives de modèles québécois passe à la même moulinette. Sa conclusions est à la fois révélatrice et frustrante: on a pas encore trouvé le bon modèle. Tout au long du livre, elle renvoie dos à dos les tenants de toutes les positions, montrant que les arguments des uns et des autres peuvent se valoir ou ne sont que du vent. C'est une des grandes frustrations de ce livre au final: si l'auteure dresse un excellent portrait de la situation, elle ne prend pas position, ni n'offre un appareil critique qui permettrait d'avancer. Elle reste au niveau des anecdotes et des conclusions, sans aller plus loin. On sort du livre avec plus de questions que de réponses.
Par contre, l'une de ses forces du livre est de nous mettre dans les souliers des immigrants. Le discours étatique et ses contradictions, le discours sur l'importance du réseautage et ses limites, le discours sur l'intégration des politiciens et son clientélisme, tous passent au mixeur et nous donnent un peu mieux à voir le monde depuis les yeux de ceux qui ont choisis de s'installer ici. Là réside d'ailleurs la grande force du livre.
Au final, on tourne la dernière page avec une certaine confusion. Si le tour d'horizon est complet, la volonté de l'auteure de ne pas être réduite à une position l'empêche aussi d'aller plus loin dans sa réflexion. On se retrouve donc avec beaucoup d'idées, mais ni solution, ni appareil critique pour aller plus loin. Ce n'est pas un gâchis, mais c'est une occasion ratée.
Ma note: 4/5
2 commentaires:
En même temps, les solutions sont clairement à inventer... Et l'historienne que je suis a l'impression qu'il faudra, pour trouver un modèle qui fonctionne, que chacun accepte d'oublier un peu ce qui le distingue, pour se concentrer sur ce qui rassemble...
Vaste programme, à une époque où on tend plutôt à vouloir mettre les particularités de chacun en lumière. En même temps, il faut accepter et cataloguer notre diversité avant de pouvoir trouver ce qui rassemble... Ouf, on n'a pas fini ce dossier-là!
Non, on a pas fini! Mais je suis d'accord avec toi qu'il faut trouver un point où on se ressemble plus que ce qui nous rend tous différent. La différence, c'est bien, mais ça ne doit pas être le coeur de ce que constitue une collectivité.
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