lundi 16 septembre 2019

Envoye, embarque!

Salut!

J'ai une voiture.  Oui, je suis une atroce pollueuse.  Je me le redit souvent quand je fais le plein à la pompe.  J'y peux rien par contre, pour l'instant du moins, mon travail exige que je puisse faire beaucoup de route (c'est très pratique pour les livres audios!), alors je rêve d'une hybride en attendant de pouvoir faire mieux.

Cependant, avoir une voiture a un effet secondaire: c'est souvent moi qui conduit.  Alors, je propose régulièrement le covoiturage à tous vents, à tout plein de monde.  J'ai donc eu sur le siège du passager ou sur la banquette arrière, au fil des années, une psychologue, une historienne, une comptable, un physicien, une notaire, une étudiante en lettres, une autre en études asiatiques, un amateur de jeux de table, un microbiologiste, plusieurs ingénieurs, un éducateur spécialisé, une écrivaine gagnante de plein de prix littéraires, une personne transgenre, un amateur d'histoires judiciaires, une vétérinaire, une étudiante en gestion, plusieurs adorables gamins, au moins une enseignante et une Prix Nobel.  Bon, ok, c'est une blague pour le Prix Nobel, je voulais juste voir si vous alliez lire jusqu'au bout.

Bref, j'ai lifté bien du monde, que ce soit prévu longtemps à l'avance ou que ce soit impromptu, j'ai transporté bien des gens sur des kilomètres, aux quatre coins du Québec et sous bien des conditions climatiques.  À date, tout le monde a survécu!  (Y'a juste ma meilleure amie qui a peur de ma conduite).  Cela m'a par contre amené à constaté une chose bien simple: une fois les portes fermées, une voiture est comme un aquarium.  On en est prisonnier, pour quelques minutes ou quelques heures.  On peut allumer la radio et écouter la musique, mais c'est bien plus le fun de profiter de ce temps pour jaser.

J'ai appris beaucoup de choses en jasant avec les gens assis dans ma voiture, sur eux, sur leurs métiers, sur leurs vies.  J'ai eu des confidences, de bonnes séances de fous rires, des conversations profondes, des séances de niaiseries.  Avoir des gens avec soit, sans possibilité d'aller ailleurs ou de se sauver pendant plusieurs heures, pousse souvent les gens à aborder des sujets plus profonds, moins superficiels.  On a le temps après tout!  On peut parler de livres, de séries télés, de politique, de gens qu'on connaît, de choses plus personnelles.

Moi, j'ai les yeux fixés sur la route.  Je ne peux pas prendre de notes, je ne peux souvent pas tourner la tête pour regarder la personne qui parle, j'ai les deux mains sur le volant, mais j'écoute.  Avec le temps, j'ai constaté que j'aime bien ça.  Parce que ça en apprend beaucoup sur la vie, sur les gens.  Parce que j'observe même si je ne regarde pas et que parfois les intonations de voix, les sujets choisis, les silences et les commentaires anodins sont aussi instructifs que les longs discours.  On est confrontée à d'autres manières de voir le monde, de voir la vie, d'autres points de vues sur certaines événements, mais surtout, on a le temps.  Le temps de connaître les arguments en faveur ou en défaveur du sujet, le temps de comprendre les nuances.  Le temps de comprendre les gens, plus en profondeurs.

Je fais ça depuis des années et je me rends compte à quel point cela m'a appris des choses sur la nature humaine, sur comment pensent les gens.  En bien et en mal, mais surtout en nuances.  Depuis que j'écris, je me rends compte à quel point ça m'a nourri depuis le temps.  Parce que quand je pense aux comportements de mes personnages, ils se nourrissent beaucoup de ces petits riens que j'ai glané dans mes conversations avec mes passagers.  Ces petits riens, que sans ces trajets, je n'aurais jamais remarqués.

Alors, ne soyez pas surpris si un jour vous avez besoin d'un lift et que je vous lance un joyeux: «Envoye, embarque!».  Je cherche autant à profiter de votre présence pour jaser et nourrir mon imaginaire qu'à vous rendre service.  Et à diminuer l'empreinte carbone de ma voiture....

@+ Mariane

4 commentaires:

Gen a dit…

@Mariane : En tant qu'anxieuse au volant ne possédant pas de voiture et donc grande utilisatrice des lifts proposés par mes amis (j'pense bien être l'historienne de la banquette arrière! lol! ;), je confirme tout ce que tu dis. Les trajets en voiture, ce sont des espèces de concentrés d'humanité. Des moments souvent très touchants. Où les passagers parlent, se confient, parfois en oubliant un peu la présence du chauffeur.

Je vais toujours me souvenir d'un lift en particulier. Je m'en allais au Salon du Saguenay pour la première fois. Guillaume Voisine avait arrangé les choses pour que Caroline Lacroix, que je n'avais JAMAIS vue, me donne un lift à partir de Montréal. Je suis embarquée dans la voiture d'une étrangère. Six heures plus tard, je suis descendue de la voiture d'une bonne amie. ... Heureusement d'ailleurs, parce que Guillaume avait aussi arrangé l'hébergement et Caroline et moi devions partager un lit!!!!!

Bref, j'embarque n'importe quand! ;)

Prospéryne a dit…

Demande quand tu veux chère historienne! :D

Alain a dit…

De bonnes conversations restent la meilleure façon de faire passer un long trajet! Et si la conductrice ne se gêne pas dans ses commentaires sur les automobilistes casses-cou, ça ne fait qu'ajouter au plaisir.

Prospéryne a dit…

(sifflements!)