lundi 18 mars 2019

Rentrer dans les petites cases

Salut!

L'autre jour, j'ai fait lire un de mes textes à une amie.  L'amie en question a un bac en littérature.  Commentant mon texte, elle me dit:

-C'est un bon fantasy ton texte, mais c'est pas assez pour être de la fantasy.

-Mais non, c'est un fantastique, ça se passe dans notre monde.

-Ça ne peut pas être un fantastique, il n'y a pas d'élément de doute.

On avait toutes les deux raisons, dépendant de l'angle que l'on choisissait.  La fantasy est souvent plus connu pour ses oeuvres montrant un monde complètement différent où les éléments de surnaturels (magie, créatures fantastiques, etc) sont couramment acceptées comme étant vraie et tout à fait plausible.  Le fantastique, quand à lui, se passerait dans notre monde, mais un ou des éléments perturbateurs, qui ne sont pas considérés comme réalistes, deviennent réels et faisant partie d'une réalité qui coexiste avec le monde tel qu'on le connaît en ce moment.  Ce ou ces éléments sont souvent cachés et mystérieux au départ.

Dans le cadre de ma nouvelle, mon amie avait raison parce que l'élément surnaturel dedans était admis sans le moindre doute par la narratrice.  Par contre, j'avais aussi raison, parce que l'histoire se passe dans notre réalité et que c'est simplement la narratrice qui l'accepte cet élément, sans que cela devienne courant ou normal.  On avait toutes les deux raisons, dépendant des critères que l'on utilisait.

Le problème n'était pas le texte, mais les critères.  Parce qu'on a tendance à vouloir faire entrer les choses dans des petites cases, les classer.  De voir que tout est ordonné, bien à sa place, a quelque chose de rassurant.  Je me rappelle bien à cet égard ma vie de libraire: tomber sur un livre qui n'entrait dans aucune de nos catégories de classement entraînait des discussions sur où on allait le placer au juste.  Parce que même si en apparence, c'était une question anodine, ça ne l'était pas: un livre mal classé avait très peu de chance d'être trouvé par un client.  Personne n'avait le temps de regarder livre par livre dans la librairie pour trouver ce qu'il cherchait.  D'où la nécessité d'un système de classement.

Sauf que s'il y a bien un truc qui ne marche pas avec l'art, c'est bien de fonctionner avec des critères.  Personne n'écrit en cochant de petites cases pour s'assurer que son texte répond bien à toutes les exigences de tel ou tel genre.  Ben non!  On écrit comme ça sort et au pire, on ajustera.  D'autant plus qu'historiquement, bien des textes qui ont fait date sont justement ceux qui ont fait éclaté les codes des différents genres.  C'est un cauchemar pour les personnes qui sont chargées du classement par la suite, mais c'est une nécessité pour les artistes.  La créativité a besoin de réinventer, réinterpréter, renouveler sans cesse pour demeurer pertinente et intéressante.  Pas d'une grille d'analyse pour savoir à l'avance où le livre va se classer selon le code Dewey!

Ce qui fait que les critères et les règles ont leur utilité, mais pas nécessaire au moment de la création.  Ce sont les textes qui font les codes du genre et non l'inverse.

(Et en passant, mon texte, c'était bel et bien du fantastique ;) )

@+ Mariane

4 commentaires:

Gen a dit…

Ou ptêt de la fantasy urbaine? :p

(Remarque, c'est pour éviter toutes ces petites cases - dont on ne se soucie effectivement pas en écrivant - qu'on a créé l'acronyme SFF!)

Prospéryne a dit…

Nope, du fantastique! ou si tu préfères, de la SFF! :P

Gen a dit…

Je sais pas, j'l'ai pas lu! ;) (mais ton amie, avec son histoire de doute, utilise une définition classique du fantastique, un peu démodée)

Prospéryne a dit…

Je sais, mais comme elle a fait son bac en littérature, elle en a gardé certains réflexes. C'est pourtant une lectrice de SFF, mais très peu de SFFQ.