Le Secret de Mhorag 3- Les profondeurs du lac oublié Martin Barry Libre expression 411 pages
Résumé:
Mhorag est de retour avec Radnagor dans le lac aux Sombres collines. Si leurs aventures semblent terminées, il n'en est rien: alors qu'elle était prisonnière du Centre de cryptozoologie, Vangor, ennemi juré des humains, en a profité pour se transformer lui-même en humain, comme son père l'avait fait presque sept cents ans plus tôt, répandant la peste noire parmi l'humanité. Pendant ce temps, Jet, guidé par Cormac, parviendra à dénouer l'intrigue de ses origines.
Pendant ce temps, au Moyen-Âge, Murtagh de Burca cherche à fuir son destin de seigneur du château FitzWilliam, mais le destin et les créatures lacustres auront raison de ses volontés d'indépendance.
Mon avis:
J'ai lu le premier et le deuxième tome de cette série à quelques années d'intervalle, ce qui fait que certains points m'avaient agacés à la lecture du deuxième tome, mais sans vraiment me marquer. Là, on aurait dit que tout me sautait à la figure. Alors je peux le dire, cette série avait le don d'être frustrante. Je vais centrer ma critique sur le troisième tome, mais c'est applicable à l'ensemble des trois.
Il faut le dire, l'idée à la base est excellente, car dérivée du légendaire monstre du loch Ness. L'auteur bâtit donc tout son univers en fonction de l'idée que les monstres lacustres et les serpents de mer existent. Il fait aussi se chevaucher le présent et le passé, en alternant époque présente, où se situent les aventures de Jet et un Moyen-Âge où se déroulent les aventures des ancêtres de sa mère adoptive. Donc l'univers a un énorme potentiel et l'auteur a su en créer un riche et débordant de détails. Sauf que ses assises sont en argile. Il nous parle de tellement d'éléments différents sans nous les expliquer et en multipliant les péripéties qui n'ont pour but que de faire avancer l'histoire, sans avoir un réel impact sur les protagonistes.
Une partie de l'intrigue se passe au Moyen-Âge, mais cette période est mal maîtrisée, plus fantasmée que réaliste et ça coince beaucoup. On a les habits du Moyen-Âge, mais pas le coeur de celle-ci, ce qui fait que ces parties sonnent surfaites. Visiblement, l'auteur a fait quelques recherches, mais le rendu donne l'impression qu'il s'est contenté de grands angles ce qui fait tâche par rapport au présent qui est beaucoup plus concret. Les Irlandais et les Écossais sont quasiment interchangeable et les invasions normandes, qui étaient pourtant au coeur de la vie politique de l'époque, sont traitées comme des faits tout à fait tertiaires, voir anodins. Ce qui est fort dommage parce que cela enlève beaucoup de réalisme à cette partie. Quand à l'épidémie de peste noire, il la déplace de dix ans dans le temps et les ficelles pour l'expliquer donnent l'impression qu'il a juste piqué un événement réel pour que ça rentre bien dans son histoire. Enfin, point majeur: sérieux, des monstres lacustres à cette échelle et personne n'en a entendu parler autrement que dans ces légendes? Avec la tonne de documents qui nous restent de cette époque? Ça aurait pu se faire et même très bien, mais soit l'auteur n'a aucune idée du contexte historique, soit il ne s'est pas donné la peine. De même, à part des cheveux et des armes typiquement médiévale, bien peu est fait pour reconstruire la société de l'époque. Comme la maçonnerie est molle, il fallait des personnages très solides pour compenser, hors, il n'en aie rien.
Tous les personnages sont minces comme des feuilles de papier. Ils sont la plupart du temps des personnages qui sont là pour nourrir l'histoire plus que comme de réels protagonistes. La majorité du temps, leurs motivations sont flous, voir absentes. Je prends Jet, pourtant le personnage principal comme exemple. Rarement les raisons de ses actions ne sont expliquées. On ne comprend pas pourquoi il agit d'une façon ou d'une autre, ce n'est pas relié à rien de concret. Pourquoi s'amuser à faire de longs trajets subaquatiques avec Radnagor? On en sait rien, ça semble un jeu entre eux, mais c'est un jeu plutôt bizarre auquel il ne semble pas prendre tant plaisir que ça, mais qui, oh coïncidence, se révélera très pratique pour planter une partie de l'intrigue... Je donne cet exemple, mais le roman est pratiquement constitué d'un empilage de ces événements pseudo-fortuit. À la fin, on a les dents usées à force d'avoir grincé. Le choix du narrateur est d'ailleurs peu au service de l'histoire à de nombreuses reprises: soit les personnages entretiennent un monologue intérieur beaucoup trop bavard, soit on les voit d'un peu de vue extérieur qui n'est pas instructif sur eux et nous laisse dans le brouillard sur certaines de leurs décisions. L'auteur se permet aussi à plusieurs reprises de faire l'économie de la présentation de leurs décisions pour montrer les actions qui se retrouvent donc à être... euh bizarres! En fait, il n'y a que deux personnages qui sont clairs et auquel, on s'attache, justement parce que leurs motivations et leurs actions sont clairement expliquées. Et ce sont deux personnages secondaires qui sont des oiseaux... C'est dire!
L'auteur multiplie tout au long les allusions aux nombreux loch écossais et irlandais, mais le problème, c'est qu'en nous lançant toutes ces informations, il oublie que chacun d'entre eux doit avoir une personnalité, une caractéristique pour être retenu facilement par le lecteur. À part le loch Ness (pour des raisons évidentes) et le lac aux sombres collines (demeure de Mhorag et Radnagor), on a plus l'impression d'une enfilade de noms pris sur une carte que d'un réel investissement dans le territoire. Idem pour la plupart des lieux non-lacustres mentionnés qui sont décrits de façon trop vague pour laisser une trace dans l'esprit. Je peux multiplier les exemples, mais ça ne serait pas pertinent. Le problème s'applique aussi à plusieurs personnages dont on a du mal à avoir une image claire.
Si rendu à ce point de ma critique, vous vous demandez pourquoi je l'ai lu jusqu'au bout, vous êtes tout à fait sain d'esprit. La réponse est simple; parce qu'il y a quand même de bons moments de lecture.
L'auteur a une bonne maîtrise des scènes de batailles (il y en a plusieurs) et maîtrise quand même l'art de nous donner envie de tourner la page, même si c'est parfois en soupirant devant un détour d'intrigue improbable. Des personnages très secondaires ayant un peu plus d'épaisseur (dont Korax, un crave message de la doyenne de Ness) sont attachants et nous poussent à savoir ce qui va leur arriver. Pour le reste... Je crois que je suis un brin maso...
Ma note: 2.75/5
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire