lundi 17 octobre 2011

L'appât de José Carlos Somoza

L'appât  José Carlos Somoza  Actes Sud  407 pages

Résumé:
Futur, dans une Madrid un peu post-apocalyptique, des mathématiciens ont été capable de calculer avec une certitude presque absolue le comportement humain.  Séparé en une cinquantaine de types, appelés philias, tous sont baptisé d'après des pièces de Shakespeare, le premier à découvrir le secret des philias et du psynome, concept psychologique plaçant le désir et sa réalisation au centre de notre psychée.  Les êtres entrainés à agir selon les principes des philias ont appris à les transformer en Masques, à mi-chemin entre le théâtre et la manipulation, les mouvements et costumes, pensés et combinés sont destinés à accrocher et à enlever toute volonté à celui qui est accroché.  Ce sont les appâts.  Leur rôle?  Attirer les criminels dans leurs filets et les accrocher pour ne pas qu'ils s'enfuient jusqu'à l'arrivée de la police conventionnelle.  La meilleure d'entre eux est Diana Blanco.  Fille de parents assassinées, elle et sa soeur Vera sont les seules survivantes du massacre.  Ce drame recouvre ses extraordinaires capacités comme appât.  La seule personne à lui échapper est l'insaisissable Spectateur, mais elle est lasse de ce métier de dupe et prend sa retraite.  C'est à ce moment que Vera est enlevée par le Spectateur.

Critique:
Ce roman est d'une rare densité, c'est hallucinant.  Il est d'une complexité ahurissante au départ, mais on se surprend à en redemander!  L'auteur nous jette sans la moindre retenue dans ce monde dantesque où Shakespeare règne en maître, à peine éclipsé par la présence de son plus habile adorateur, Victor Gens, le responsable de la mise sur pied du programme des appâts.  Dans ce milieu où le théâtre est le roi, les jeux de dupes sont maîtres et le résultat final l'emporte souvent sur les principes moraux.  On a au départ peine à croire que de simples gestes combinés à un habile maquillage et un déguisement efficace puisse avoir autant d'effet, mais pensez aux gestes qui vous séduisent et poussez-les à leur paroxysme: voilà l'art des appâts.  Le reste est de la fiction bien sûr, mais tout de même, on embarque à fond dans celle-ci.  Le roman est tout entier une ode à Shakespeare, au génie de celui-ci pour décrire les plus intimes terroirs de la psychée humaine, mais en même temps, c'est un thriller d'une redoutable efficacité auquel on a du mal à s'arracher, surtout dans le dernier tiers.  Vraiment, ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman d'une telle envergure dramatique en même temps que d'une telle beauté dans l'écriture.  La preuve que même au XIXe siècle, la grande littérature n'est pas morte et a encore de beaux jours devant elle.

Ma note: 5/5 Coup de coeur!

Je remercie (profondément!) les éditions Leméac/Actes Sud pour ce service de presse et plus particulièrement (et sincèrement!) Josée.

2 commentaires:

Dominique Blondeau a dit…

les livres qui se publient chez Actes Sud sont souvent des bijoux!

Prospéryne a dit…

Oui, ils ont une super belle ligne éditoriale!