mercredi 12 juin 2013

Les loups de la littérature

Salut!

Crier au loup, vous connaissez?  C'est appeler à l'aide, dire que l'on est menacé, alors que dans le fond, ce n'est que dale!  Il y a des gens qui se spécialisent dans ce domaine, l'élevant même au rang de sport. Ils dénoncent certains personnes, en ignorent d'autres superbement, laissent entendre par leurs discours que le monde s'en va à sa perte et qu'il n'y a uniquement que si on les écoutaient que tout irait mieux!  J'ai en tête certains commentateurs, autant à la télévision qu'à la radio en disant ça.  Certains se nourrissent de ce qui va mal on dirait...

C'est vrai dans tous les domaines, tous je vous dis.  La littérature n'y fait pas exception.  De nombreux loups, qu'ils soient du milieu ou non, nous hurle à la lune que la littérature va mal, qu'on ne produit plus de chef-d'oeuvres, que la production est rendue dictée par le commerce au détriment de la qualité artistique, etc, etc...  Des loups je vous le dis.  Des loups qui en criant les problèmes finissent par oublier de parler de ce qui va bien et aussi d'une chose très important: la littérature est un art et toute forme d'art est par définition même une recherche, donc un monde et un milieu en mouvement.  Oublier cela, c'est ne pas comprendre l'essence de ce qu'est l'art.

Au jour le jour, dans l'actualité, on peut croire la littérature menacée.  Vraiment.  Quand on écoute les bulletins de nouvelles, on entend parler des fermetures de librairies, de difficultés financières chez les éditeurs, du chemin de croix qui attendent les auteurs de la relève pour se faire connaître.  D'accord.  Ça, se sont les mauvaises nouvelles, qui montrent que ça va mal.  Est-ce que ça va si mal que ça?  Non.  Oui, il y a des librairies qui ferment, oui, certains éditeurs en arrachent, temporairement ou non, oui, les auteurs de la relèves peinent tailler leur place ou soleil.  C'était différent il y a dix ans?  Vingt ans?  Cinquante ans?  Il y a des différences certes, mais certains défis demeurent les mêmes parce qu'ils font partie intégrante du milieu: ils ont toujours plus ou moins été là.  Ce qui ne veut pas dire qu'il faut arrêter d'en parler, ou encore que ce ne sont pas des problématiques difficiles.  Bien au contraire.  Mais disons que crier que c'est la fin du monde à cause de ça me paraît vraiment une perte totale de ça.  Des enjeux certes, mais n'ont-ils pas toujours été là?  Des solutions existent, mais ce qui marchaient bien il y a vingt ne marchent peut-être pas aussi bien aujourd'hui!  Après tout, il n'y a que dans les livres que tout peut être parfait!

Au présent, on pourrait croire que la littérature est menacée, mais ce ne serait pas plutôt le courant dominant de la littérature qui est menacé, et non la Littérature avec un grand L?  À notre époque, on pense que le roman est menacé, on cite les grands auteurs du XIXe siècle en disant que l'on ne sait plus faire de grands romans comme ça.  Ah d'accord!  S'ils vivaient aujourd'hui, ces auteurs ne feraient pas les mêmes romans, ils vivraient aujourd'hui, ils seraient de leurs temps.  Le temps...  C'est souvent lui qui est la grande écrémeuse qui fait la différence entre la littérature qui arrive jusqu'à nous et le roman populaire qui ne dure qu'un instant.  Pas les critiques, les ventes, ou la notoriété qui suit la publication d'un roman.  Mais il faut laisser la chance aux auteurs d'écrire et de publier pour qu'ils se développent, avancent et deviennent bon et que quelques-uns d'entres eux créent des oeuvres qui vont traverser les époques.

La littérature, la création, ce n'est ni facile, ni garantie en terme de réussite, même si vous utilisez des recettes éprouvées.  Cependant, quelque soit les époques, les situations politiques, les conditions de vie matérielles, la littérature et ses porteurs, les auteurs et les lecteurs, ont su la faire vivre.  Elle a toujours su et saura toujours trouver son chemin.  Attention par contre, elle est constamment en mutation, en refonte, en train de se réinventer.  Pas évident pour les gens qui aiment une certaine forme de littérature: quand elle passe de mode, ils se sentent floué.  Cependant, ça fait partie des règles du jeu que tout soit toujours en changement.  Il n'y a vraiment pas de quoi crier au loup pour ça!

@+ Mariane

7 commentaires:

Gen a dit…

Amen ô sage libraire! ;)

L'historienne applaudit cet hommage rendu au temps! :)

Prospéryne a dit…

@Gen, merci, ô sage historienne! :)

Unknown a dit…

Que dire si ce n'est: :-)
À trop vouloir une reconnaissance immédiate, à craindre les mutations et les changements et surtout à trop se comparer à d'autres époques on se sclérose

Unknown a dit…

je précise: on sclérose sa pensée.

Prospéryne a dit…

@Alice, rien n'est parfait, rien n'est jamais fini, rien ne dure, excepté le changement. Hé, c'est la dure loi de la vie et elle s'applique aussi à la littérature! Mais en même temps, le changement est plein de possibilités et ça, c'est merveilleux!

Pat a dit…

Changement - possibilités - merveilles.

J'aime cette équation.

Prospéryne a dit…

@Pat, c'est pas moi qui l'aie inventé, mais merci! :)