jeudi 14 novembre 2019

Shuni de Naomi Fontaine

Shuni  Naomi Fontaine  Mémoire d'encrier  149 pages


Résumé:
Par fragments courts, l'auteure adresse une longue lettre à son amie Julie, qui va bientôt s'installer sur sa réserve natale, auprès de son peuple.  Elle lui parle du passé, du présent, de l'avenir, de colonisation, de contacts entre les peuples, de réconciliation à venir et de sa culture, de son fils, des siens.

Mon avis:
L'auteure privilégie en tous temps la forme courte pour ce livre.  Les chapitres font une ou deux pages, rarement plus que quatre, comme si de cette façon, elle avait imposé son souffle au récit.  Inspiration, expiration.  Le rythme est d'ailleurs assez lent, posé.  On ne lit pas ce livre pour l'intrigue, mais pour le voyage qu'elle nous propose.  La forme de chapitre court invite d'ailleurs à en profiter lentement.  On lit un chapitre, on peut déposer le livre pour y revenir plus tard ou encore en lire un autre.  Elle ne nous dicte pas de rester accrocher à son texte, mais à en profiter librement.

Dans ce récit, elle nous parle.  Elle nous parle de son père, mort avant sa naissance.  Elle nous parle de sa communauté, des gens qui la composent et des difficultés auquel ils font face.  Elle nous parle de l'importance des liens, des relations.  Elle nous parle de son fils, qu'elle adore.  De ses voyages à l'étranger, que son statut d'auteure lui permet grâce à de nombreuses invitations.  Elle nous parle de sa langue et de son rapport avec le français, malgré tout la langue qu'elle maîtrise le mieux.  Elle nous parle des aînés et de ce qu'ils ont connu, bref elle nous parle de la vie, de sa vie, mais toujours en s'adressant à cette amie, Julie, qui va bientôt s'installer parmi les siens.  C'est super intéressant pour une non-autochtones, parce que cela entrouve une porte dans un univers que l'on connaît peu et mal.  Elle le fait sans jugement.  Parfois, on sent sa colère, sa fragilité, mais partout aussi, on sent sa force, celle tranquille de la rivière et des montagnes, pas celle des armes et de la domination.

Son écriture me donne l'impression d'une doudou, d'une couverture toute douce qui nous enveloppe et nous garde au chaud.  Il n'y a pas d'aspérité, ça le claque pas, même quand elle dénonce des injustices criantes.  Reflet de sa culture ou de sa personnalité?  Je ne sais pas, sans doute un peu des deux.  Ce qu'elle réussit à faire en tout cas est magnifique.

Ma note: 4.75/5

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