mardi 8 avril 2014

Les ignorants d'Étienne Davodeau

Les ignorants  Récit d'une initiation croisée  Étienne Davodeau  Futuropolis  267 pages


Résumé:
Richard Leroy ne connaît rien à la BD.  Étienne Davodeau ne connaît rien aux vins.  L'un est vignoble, l'autre bédéiste.  Le temps d'une année, ils vont faire découvrir à l'autre leur passion, entre les plants de vignes et les salons de BD, avec toujours un bon verre de vin pas loin!

Mon avis:
Un petit bijou que cette BD.  Avec beaucoup de délicatesse, un dessin affirmé, mais très fluide, Étienne Davodeau nous glisse dans le monde des amateurs de vin, de ceux qui défendent le vin et la vigne, à la fois contre la production trop industrielle, et contre le rythme de vie trop rapide qui empêche de prendre le temps de l'apprécier.  Au fond, Richard Leroy est avant tout un fou de vin qui y croit réellement.  Le temps d'une année, on accompagne l'auteur, Étienne Davodeau, complet néophyte dans l'art du vin et de sa fabrication, dans sa découverte du travail lié à la production de ce précieux nectar.  On fait à ses côtés toutes les étapes, de la taille à l'embouteillage.  L'auteur a le don de nous mettre à sa place, de nous faire partager la sueur et les questionnements, mais aussi l'émerveillement, les détails surprenants et les petits secrets de la fabrication du vin.  On est à ses côtés dans la vigne en train de désherber en transpirant, tellement que j'ai l'impression d'avoir visité Montbenault!  Cela ne s'arrête pas là: aux côtés des deux comparses, on visite de nombreux vignobles, rencontrant d'autres façons de faire, d'autres façons de voir la fabrication du vin.  Et de déguster d'autres produits également!  Les discussions, parfois un brin technique, reste par contre abordable par le profane et sont très instructives.  On y sent toujours la passion vibrer.  Lors des nombreux repas au restaurant que partagent l'auteur et le vigneron, on ne peut s'empêcher de rire en voyant celui-ci disséquer la carte des vins afin de choisir.  Et parfois de conclure qu'ils boiront de l'eau!  De son côté, Étienne Davodeau initie son comparse vignoble au 8e art.  Les nombreux dessins de Richard Leroy, homme peu expressif, mais qui s'anime sous le trait adroit de l'auteur, nous fait découvrir le monde de la bande dessinée à travers ses yeux, ceux d'un parfait néophyte.  On le voit parfois le soir, bien installé dans son lit, s'endormir sur une BD qu'il trouve ennuyeuse, ou au contraire, rester éveillé toute la nuit en tournant les pages.  Il commente ses lectures à sa façon, qui n'a rien de professionnelle.  Il aime ou il n'aime pas, pour des raisons très personnelles, mais au fil des planches, on voit apparaître des nuances dans son discours, il apprend à apprécier et à distinguer des détails.  Dans le dessin entre autre.  L'auteur le traîne un peu partout, chez son imprimeur, chez son éditeur, chez d'autres auteurs.  Ce qui donne d'autres conversations tout aussi passionnante, soit entre les auteurs ou entre Leroy et eux.  On apprend beaucoup de détails sur la façon dont on fait de la bande dessinée.  Le passage au Quai-des-brumes est particulièrement intéressant.  Voir notre vigneron regarder avec attention, surpris, étonné et admiratif des planches originales est un grand moment de la BD.  Surtout que le dessin le rend tel qu'il est: beaucoup de retenu dans l'expression des sentiments, mais en même temps, une totale découverte d'un univers dont il ne connaissait rien.  La liste des livres qu'il lit est fameuse (j'ai pris des notes!) et donne beaucoup d'idées de lectures.  Un album que je n'aurais pas pris d'emblée, mais que je suis vraiment très très heureuse d'avoir lu, une vraie perle, profonde, vraie et porteuse de beaucoup de sens.

Ma note: 5/5

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