Les Clowns vengeurs
L’initié Pierre H. Charron
Porte-Bonheur 129 pages
Fletcher Carter a perdu sa
fiancée, Skye Desmond lors d’un raid des arcurides. Fou de douleur, il accepte de se faire Clown
vengeur. Ce qu’il ignore, c’est qu’il
n’est qu’un pion, un outil, manipulé à distance par des forces plus grandes que
lui et considéré comme jetable après usage.
Malheureusement pour eux, un odi-menvatt n’est pas si facile à écarter
de son chemin…
Ce qu’il y a de fascinant et de
frustrant dans les Clowns vengeurs est cette absence de ligne du temps :
on ne sait jamais à quelle époque précisément on se situe. Dans le cas de cet opus, cela cause une
distorsion qui perturbe beaucoup. Dans
l’une des premières scènes du livre, on voit un combat entre un aspirant clown
vengeur et un simple civil dans un stade, en présence de milliers de
spectateur. Le civil combat purement
pour l’argent alors que l’aspirant lutte pour se faire une place au sein de
l’ordre menvatt. Cette scène rappelle
les combats de gladiateurs romains, pouce de l’empereur baissé ou levé en
moins. Pourquoi se faire affronter des
clowns vengeurs contre de simples civils dans des stades? Les odi-menvatts ne sont-ils pas censés être
des justiciers de l’ombre, dont l’identité est cachée, voire secrète? Comment expliquer cet étalage dans ce
cas? C’est incompréhensible à mon sens,
surtout quand on met le tout en parallèle avec le reste de la série.
Il y a plusieurs incongruités du
genre dans le livre, du moins si on se replace dans le contexte général de la
série. Comment est-il possible qu’un des
chefs des Clowns vengeurs se laisse convaincre à la simple apparition d’une
prostituée sublime de sacrifier certains de ses hommes? Il me semble que ça ne cadre pas avec ce que
l’on connaît de la personnalité de ces hommes et de leur code de conduite. Comment fait un clown vengeur recherché mort
ou vif pour entrer dans leur forteresse
inexpugnable sans se faire prendre? Ça
me paraît plus qu’exagéré vu leur surentrainement. La rapidité du recrutement de Carter m’a
également fait tiquer.
Le
personnage principal, Fletcher Carter, a une personnalité qui m’a semblé un peu
fade. Dans un premier temps, tout entier
dévoué à sa cause et à sa belle, Skye Desmond.
Ensuite, complètement dédié à sa vengeance suite à l’assassinat de
celle-ci, au point d’en être robotique.
Un détail de l’intrigue peut expliquer ce point, mais il m’a semblé que,
côté vraisemblance du personnage, ça ne tenait qu’à un fil. Tout au long du livre, il semble le jouet du
destin et ne réagit que bien peu de façon autonome. Son absence de réaction personnelle le rend
moins crédible.
Par
contre, du côté des personnages secondaires, on est gâté : Stella Minoris,
Maquerelle des prostituées de haut niveau et Elphyr Vorsky, Maquisard, mais
surtout putschiste, superbes dans leurs tentatives de se poignarder l’un
l’autre. Noah-Jin Mantis dans son rôle
d’arcuride essayant d’accomplir au mieux son travail et prêt à se sacrifier
pour protéger ses camarades de combat. Même
Skye Desmond, à sa façon, est riche de ses dédoublements. À vraie dire, leurs personnalités sont plus
étoffées et mieux détaillées que celle de Fletcher lui-même!
L’intrigue en elle-même est très
classique, celle d’un homme sur lequel s’abat le destin et qui décide de se
venger. C’est ce qui explique que
plusieurs moments-clés de l’intrigue tombe à plat parce qu’ils sont, sinon
prévisibles, du moins du genre à faire hocher la tête en se disant :
ouais, c’est logique que ça soit ça qui se passe. En fait, même si on parle de clown vengeur,
j’ai eu un peu de mal à me retrouver dans leur univers. Il ne suffit pas d’avoir une canne de bronze
pour être l’un d’entre eux.
Critique originalement parue dans Brins d'éternité no 34 Hiver 2013
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