Salut!
Je suis née au Québec, québécoise et fière de l'être. Et j'aime ma langue, la langue française. Je la massacre sans doute trop souvent, mais j'en suis quand même fière, au point souvent d'utiliser le terme exact qui me rend incompréhensible pour mes jeunes collègues de travail (Euh, ça veut dire quoi convivial? Friendly user!) Et j'ai une loi 101 de greffée dans le cerveau qui me fait dresser le poil sur les bras quand les gens parlent franglais. Je n'ai absolument rien contre l'anglais comme tel, mais ne mélangez pas les deux SVP! Il faut que je me retienne souvent d'ailleurs pour ne pas passer pour une furie.
Alors, c'est dire qu'au départ, lire dans une autre langue n'est pas quelque chose que je fais d'emblée. La seule langue que je maîtrise suffisamment pour espérer comprendre quelque chose est évidemment l'anglais, même si j'ai de bonnes bases en espagnol (et que dans mon coeur, je préfère de loin cette langue à l'anglais). Je préfère me consacrer aux lectures en français et de loin, quitte à attendre pendant des lustres la traduction. Parce que ce n'est pas la même chose.
Ok, les traductions ne sont pas toujours bonnes. Et lire l'original est souvent meilleur. On peut dire que je suis habituée à la misère d'une certaine façon. D'une autre, je suis une incurable paresseuse. Je ne fais pas l'effort de lire en anglais. Parce que pour moi, lire en anglais = effort et non plaisir. Je me suis tapée l'intégral d'articles sur Wikipédia en anglais, mais ce n'est pas la même chose. Pour lire dans une autre langue que le français, il me faut une sacrée bonne raison et de la motivation. Je manque actuellement des deux pour lire dans la langue de Shakespeare.
Et il y a aussi le fait que de lire dans une autre langue fait perdre une partie de la saveur du livre. Surtout quand la connaissance de la langue est imparfaite. À l'oral, je suis dix fois meilleure qu'à l'écrit en anglais et à la lecture, c'est plus difficile. Je perds ce que me plaît le plus en lecture: le fait de suivre une histoire. Parce qu'il suffit souvent que d'un mot, d'une expression, d'une nuance pour changer le sens d'un paragraphe et ainsi de modifier l'ensemble du livre. Or, quand on ne saisit pas cette nuance, c'est beaucoup plus difficile de suivre le fil. On se perd plus facilement. Et moi souvent dans ces cas-là, je décroche tout simplement. Plate, mais c'est ainsi.
Je sais, je sais, à la longue, je pourrais me rattraper et devenir aussi bonne qu'en français. À force de lire en anglais, je deviendrais meilleure et ça ne paraîtrais même plus. Le hic, c'est le «à la longue». Les dizaines de livres à la lecture dont la compréhension serait approximative qu'il faudrait me taper avant d'atteindre un niveau acceptable. Et ce sont ces dizaines de bons livres que je n'ose sacrifier quand il suffit de tendre la main pour avoir accès aux traductions. Paresse? Sans doute. La lecture est trop pour moi une activité de loisir et de détente pour que j'ose trop m'y casser la tête. Avec des essais, oui, d'accord, ça me nourrit. Mais un roman que je lirais de toutes façons en français? Ah ça non! Trop compliqué!
Vais-je faire le saut un jour? Sans doute. Mais vous pouvez être sûr que ça va être pour lire quelque chose qui n'est pas disponible en français...
@+ Mariane
5 commentaires:
J'ai été comme toi pendant longtemps.
Puis, à l'université, j'ai été obligée de lire des livres en anglais. Oh que j'ai trouvé ça dur! Les premiers, je les lisais avec le dictionnaire français-anglais à portée de la main.
Puis je suis tombée sur des romans super mal traduits. À une époque où mon budget était serré. Alors je me suis dit "Tiens, le format poche en anglais est la moitié du prix de la traduction... peut-être que..."
Et j'ai lu mon premier roman en anglais. Ça n'a pas été super reposant, je n'ai sans doute pas saisi toutes les subtilités, mais comme la traduction était nulle de toute façon...
Puis j'ai lu un autre roman. Et un autre roman. Et un autre roman...
Et là j'en suis au point où je ne vois plus la différence entre lire en français ou en anglais (sinon le fait que les romans traduits coûtent toujours plus cher que la langue originale). C'est vraiment agréable. Ça m'ouvre de nouveaux horizons.
Par contre, ça a le désavantage qu'il m'arrive de penser à une phrase et de me dire "merde, ce serait bien si je pouvais l'écrire en anglais celle-là!". Tout en sachant très bien que si j'écrivais un texte en anglais, j'aurais le problème inverse, parce que les deux langues sont très différentes. Le français est subtil et nuancé. L'anglais est fort et émotionnel.
La littérature anglaise ne m'attire pas, au contraire des films. Je ne sais pas pourquoi! Peut-être parce que ces temps-ci, mes lectures ne sont faites que d'auteur(e)s québécois.
J'ai tellement plus de plaisir à lire dans la langue originale, même principe pour les films! Il suffit d'un peu d'effort, en commençant avec des livres plus faciles comme Wizard of Oz, Alice in Wonderland ou Tom Sawyer, puis peu à peu l'effort est moindre.
@Gen, deux langues extrêmement différentes en effet que l'anglais et le français. Je ne doutais pas que tu aies un excellent niveau d'anglais étant donné que tu souhaites t'essayer à la traduction! Le facteur traduction épouvantable (et attention, en effet, je suis bien placée pour dire à quel point certaines traductions sont à vomir!) pousse bien des gens à lire dans la langue originale.
@Lucille, moi, ça m'intéresse beaucoup les trucs qui viennent de l'anglais, entre autre parce qu'il y a beaucoup de science-fiction/fantastique de qualité qui y sont publiés. J'attends souvent les traductions avec impatience... Heureusement que les films sortent en même temps!
@David, et on finit par préférer lire en anglais et on crache ensuite sur la langue française... Je ne te vise pas le moins du monde personnellement, mais ce genre de commentaires fait remonter cette réflexion que j'ai juste trop entendu... J'ai vu tellement de gens qui se mettent à lire en anglais et deux ans après refusent d'ouvrir un livre en français et crache sur tout ce qui se fait en français parce que y l'ont-tu l'affaire les Amaricains! Assimilation culturelle. Et je ne parle pas que d'une personne. C'est une des choses qui me tiennent éloignées des lectures en anglais. Et qui me font dire que j'aimerais peut-être mieux lire en espagnol qu'en anglais, le rouleau-compresseur culturel n'est vraiment pas le même. Et je dois avouer que ce rouleau-compresseur prends beaucoup de place dans mon mouvement de recul face à la lecture en anglais. Je sais que je vais le faire un jour, mais je retarde l'échéance en bonne partie à cause de ça.
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