Salut!
J'ai deux façons de vivre mes coups de coeur. La première est la violente, c'est la folie qui m'emporte. Je réagis tout le temps de la même façon: je suis dans le livre, au max, complètement et paf, je me lève, ferme le livre, fait quelques pas, je n'en peux plus. Je tournicote quelques instants et je retourne m'asseoir, je replonge dedans à la vitesse de l'éclair. Je dois avoir l'air d'une belle dinde dans ces moments-là! N'essayer pas de me calmer, je le ferais quand j'aurais terminé mon livre, pas avant et malheur à celui qui veut m'interrompre dans ces moments-là! La deuxième est plus douce, plus profonde, mais elle laisse autant sinon plus de marques: c'est l'envol sur les mots d'un auteur, quand ses images, ses sons, ses couleurs, ses odeurs, ses saveurs nous font voyager à des sommets. Je lis le livre plus lentement, je passe souvent plus de temps dessus, mais je ne lui donne pas toujours un 5/5 au départ, mais c'est un livre qui laisse des traces à long terme, qui laisse son empreinte sur moi. Souvent, c'est ceux-là que je conseille plus facilement, parce que je me souviens d'eux des lustres après. Autant que les coups de coeur de catégorie #1, mais de façon différente.
Mais le coup de coeur, au fond, c'est quoi? C'est tomber en amour avec un livre. C'est aussi simple que ça. Les coups de coeur sont comme des coups de foudre, ils nous emportent, ils nous font réfléchir, ils nous font sentir plus léger et voir la vie en rose. Ils nous transforment un peu. Et le mieux dans tout ça, c'est que même si on les quitte, ils restent un peu avec nous, chaque jour. Un petit deuil quand on les finit, mais pas de peine d'amour. Et si on s'ennuie trop, pourquoi ne pas retourner lire le livre? Les livres coup de coeur sont généreux de leurs pages, on peut retourner les voir quand on veut. Est-ce l'inverse avec un coup de gueule? Je ne sais pas trop, habituellement, j'envoie promener les coups de gueule avant la fin, alors autant dire que je n'en aie que très peu... Le coup de gueule littéraire me fait plutôt l'impression d'être ce gars (ou cette fille!) avec qui l'on sort un moment mais qui au final, ne nous convient absolument pas et qu'on revoit avec une petite grimace en se disant: quoi, je suis sortie avec ça?
Est-ce que seuls les coups de coeur nous marque dans notre vie de lecteur? Que non, alors ça jamais! Je me souviens d'avoir lu Kamouraska d'Anne Hébert de peine et de misère pour avoir, finalement, à quelques lignes (même pas quelques pages!) de la fin avoir lu une phrase qui me fait me souvenir de ce livre... et aussi de la torture que ça m'a valu de me rendre jusqu'à la fin! Mais j'en parle encore. Pourtant, ce ne fut pas un coup de coeur, du moins, pas pour le livre, pour la phrase oui, mais pas pour le livre! D'ailleurs, je l'ai donné il y a belle lurette, c'est pourquoi je ne peux pas vous la transcrire, la fameuse phrase! D'autres exemples? J'ai détesté Les Hauts de Hurle-Vent d'Emilie Brontë, pourtant, je m'en souviens encore. J'ai lu un livre il y a quelques années, oh! pas au complet, L'homme-ouragan de Lucie Dufresne que je me souviens encore comme un sommet de détestation littéraire, mais bon, lui non plus, je ne l'ai pas oublié! Et je me souviens pour chacun d'entre eux les raisons exactes pour lesquelles je les aie détesté. Et ça me pousse maintenant à fuir les futurs coups de gueule. Il est utile d'en avoir lu un certain nombre de coups de gueule finalement...
Est-ce que les coups de coeur sont essentiels à une vie de lecteur équilibré? Oui, je dirais que oui. Par contre, il faut le dire, même si on lit beaucoup, la majorité de nos lectures sont situées quelques part entre les coups de coeur et les coups de gueule, dans cette zone grise entre les deux où l'on sait que l'on trouvera des plaisirs imparfaits. Parce que même imparfaits, les livres nous apportent quelque chose, nous font plaisir, nous renverse, nous font réfléchir et nous ramène à notre condition de lecteurs. Tant mieux au fond, parce que quel lecteur est parfait?
@+ Prospéryne
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