Résumé:
18 août 1571. À Paris, l'élite des deux factions en lutte dans cette France divisée par les guerres de religion est réunie pour célébrer l'alliance entre Henri, roi de Navarre et Marguerite de France, fille d'Henri II et soeur de Charles IX. Alors que la paix semble enfin sur le royaume, l'attentat contre l'amiral Coligny, chef des protestants, provoquera le massacre de la Saint-Barthélémy. C'est dans ce contexte politique brûlant qu'Henri et Marguerite vont devenir des alliés politiques, tandis que tous deux prennent des amants. Le coeur brûlant de la jeune reine fondra pour un protestant: le Comte Lérac de la Mole.
Mon avis:
Quel truculence dans le verbe d'Alexandre Dumas! On sent qu'il a fait beaucoup de théâtre, car souvent, les exclamations de ses personnages sonneraient tout aussi juste sur une scène, peut-être même plus que dans le cadre d'un roman. On retrouve dans ce roman la verve de l'auteur des Trois Mousquetaires. La verve, mais pas le ton joyeux, la légèreté. Parce que placé dans le contexte tragique des massacres de la Saint-Bathélémy, l'atmosphère y est beaucoup plus sombre. Nous ne sommes pas dans les joyeuses aventures d'aventuriers au service de leur royaux souverains. Bien au contraire, les personnages risquent ici leurs vies à chaque instant. Ils doivent rivaliser de logique, de sens de l'observation et de la nature humaine pour survivre au milieu des complots. Particulièrement Henri de Navarre, qui dès le départ sait que sa vie est en danger sitôt que la reine-mère, Catherine de Médicis, est dans les parages. Si le roman porte le nom de la Reine Margot, elle est loin d'être le personnage principal. Personnage plutôt effacé, elle suit politiquement son mari et l'appuie du mieux qu'elle peut, partagée entre son amour pour La Mole et son affection platonique, mais réelle pour son mari. Les personnages les plus marqués sont Henri de Navarre et Catherine de Médicis. Superbe l'un et l'autre en adversaires redoutables. Catherine, une femme, une mère, superstitieuse, dévote, désireuse plus que tout de préserver le trône de France pour ses enfants, ennemie jurée d'Henri dont elle a fait empoisonner la mère. Obsédée par la chute de celui qui serait autrement l'héritier du trône de France. Henri sera plusieurs fois sauvés par la chance, mais aussi par son instinct. Par sa femme aussi parfois, qui l'appuiera tout au long. Pourquoi? Elle le fait parce que c'est son époux et que c'est son choix, sans doute aussi par volonté de résister à sa trop envahissante et omnipotente mère qui déplace les membres de sa famille comme autant de pièce d'échiquier. Ils sont des pions politiques et non des êtres humains. Henri quand à lui est un personnage toujours suspicieux. Il laisse sa liberté à sa femme, mari complaisant, assez surprenant pour l'époque, mais prend pour sa part bonheur auprès d'autres dames! Son sens de l'observation, sa capacité de dénouer les intrigues et de se sortir de toutes les situations sont soulignés à gros traits. C'est vrai qu'Henri est un habile menteur, disant dans une même phrase une vérité et un mensonge de façon à embrouiller celui à qui il parle. Il le fait avant tout pour sauver sa peau, mais le ferait-il moins s'il n'était pas menacé? Dur à dire. Les deux compagnons, La Mole et Coconnas, aussi différents au départ qu'inséparables ensuite, rappelle un peu l'amitié qui liait les célèbres mousquetaires. D'ailleurs, on retrouve beaucoup de Porthos dans ce Coconnas grand amateur de bonne chère, de femmes et au caractère emporté. Sans toutefois ce petit soupçon de bonne humeur qui donnait le ton. Coconnas est certes drôle, mais sa drôlerie résonne dans le tragique et son obsession à rester jusqu'au bout avec son ami, même dans la mort a quelque chose, de trop entêté pour n'être que de l'amitié. Même s'il dénonce le fanatisme des catholiques autant que des protestants, Coconnas leur ressemble sur ce point. Un grand roman, écrit dans des teintes beaucoup plus sombre que d'autres romans de Dumas et prenant beaucoup de libertés avec la vérité historique. C'est un bon roman, mais à prendre avec des pincettes sur ce point.
Ma note: 4/5
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