lundi 28 mars 2022

Lectrice masochiste

 Salut!

Ça ne m'arrive que quelques fois par année sans doute, mais je tombe sur un livre que je trouve... difficile, ou plate, ou qui me fait sortir de mes gonds...  Neuf fois sur dix, je le mets de côté et basta.  Mais la dixième fois...  je persiste.  Et je me fais souvent un point d'honneur de finir ce foutu bouquin.

Les raisons sont multiples: je veux pouvoir copieusement descendre le livre dans une critique, je veux savoir la fin, même si tellement de choses me font hurler, je m'obstine purement et simplement... Bref, je suis une lectrice masochiste.  Je m'assume.  Je peux lire jusqu'à la dernière page un livre que je déteste par pur esprit d'obstination.

Sauf que je dois, en cours de lecture, laisser un peu sortir la broue qui me monte au toupet: je vais pester, rager, chialer contre le livre.  Si je vous croise au moment où je lis un de ces livres, il se peut que je vous en parle en fulminant.  Et à ceux qui me disent dans ces moments-là: «Mais... tu pourrais le laisser tomber?», je réponds invariablement: «Non, lui, je vais le finir!».  Et je le fais.

Lire est une activité qui se doit d'être agréable, disons la plupart du temps.  On peut parfois se taper des livres qui nous déplaisent parce que l'on doit le faire, quand ce sont des lectures obligatoires ou pour le travail. Choisir de lire jusqu'au bout une oeuvre qui nous déplaît est donc quelque chose de contre nature, mais j'ai appris une chose avec le temps: ce sont souvent des lectures qui malgré tout, nous apportent quelque chose.

Souvent, c'est parce que si on le déteste, c'est parce qu'on a quelque chose à apprendre de ce livre.  J'ai détesté Kamouraska d'Anne Hébert.  Le personnage principal me tapait sur les nerfs.  J'ai détesté l'histoire, j'ai détesté l'intrigue et les personnages.  C'est en lisant la toute dernière page du livre que j'ai accroché et d'un seul coup, j'ai vu toute l'histoire de ce livre d'un oeil différent.  Et j'ai compris ce qui me tapait sur les nerfs.  Je trouvais le personnage faux. Je trouvais qu'elle vivait sa vie comme à côté d'elle, comme si elle était incapable d'être elle-même.  Et la fin, la toute fin du livre, m'a appris que c'était le cas.  L'aurais-je compris si je n'avais pas été au bout de cette lecture?

À l'inverse, il m'arrive de repenser à un livre que j'ai (figurativement) pitché par la fenêtre tellement il m'horripilait.  Des personnages, des situations, des manières d'écrire.  Je n'ai pas été jusqu'au bout.  Tiens, L'homme-ouragan de Lucie Dufresne. J'ai détesté le personnage principal de ce livre au point de le haïr!  Un être misogyne, imbu de lui-même, uniquement préoccupé par sa propre ascension, incapable d'apprendre de ses erreurs.  Je l'ai haï, c'est pas peu dire!  Ce qui me tracasse en y repensant par contre, c'est à quel point ne pas faire le cheminement complet de ce personnage m'a peut-être privé de comprendre quelque chose.  Je pourrais peut-être aller chercher le livre à la bibliothèque, mais j'ai trop de mauvais souvenirs de lecture pour ça!

Bref, je suis (parfois, mais pas toujours) une lectrice masochiste qui termine des livres qui lui font réviser son vocabulaire religieux en cours de lecture.  C'est parfois utile de le faire.  Mais pas tout le temps!

@+ Mariane

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