lundi 20 mai 2019

Le décor et la lampe sexy

Salut!

L'autre jour, en lisant un roman, je me suis rendue compte que malgré d'innombrables lieux physiques pourtant pointables sur une carte, je n'arrivais jamais à me figurer où j'étais au juste.  La raison en était simple: un(e) auteur(e) a beau dire que tel lieu a tel nom, si on a rien d'autres à dire, est au nor de si ou au sud de ça...  Ben, on a rien pour s'en rappeler.  Ce n'est pas relié à rien, c'est juste un nom.

Si je vous dit Poudlard, tout de suite, des images vous viennent en tête.  Si je vous dit La Comté, de même.  Si je vous parle du Plateau-Mont-Royal, sans doute que oui aussi.  Pourquoi?  Parce que ces auteurs ont pris la peine de placer les lieux, de leur donner une consistance, une épaisseur.  Pas besoin de décrire les lieux durant des pages et des pages pour ça (à moins de vouloir copier Marcel Proust!), mais il faut savoir créer une ambiance, une texture aux lieux.  Parce qu'au fond, c'est moins important pour une histoire de savoir que le poêle est en rentrant à droite que de savoir qu'il est tout cabossé et qu'un rond ne fonctionne pas.  L'endroit où il se trouve dans la pièce, n'est pas important, mais les indices qu'il donne sur l'ambiance le sont beaucoup plus.

Parce qu'un décor qui ne trahit aucune personnalité, ça n'existe pas.  Les lieux pourront être froids et impersonnels et cela dira quelque chose sur eux.  Et sur les gens qui y vivent ou y travaillent.  Mine de rien, les lieux où l'on vit finisse toujours par nous ressembler.  Je veux dire, l'antre d'une sorcière n'a rien à voir avec l'appartement d'une avocate carriériste hyper-organisée.  Dans l'un on s'attendra à trouver tout un tas de vieux grimoires et des herbes à sécher, voir un chaudron (ou un chat!), dans l'autre, des meubles design, une cuisine où pas une assiette sale ne traîne et un attaché-case griffé aura une place bien précise dans le décor.  Remarquez que je n'ai pas parlé dans les deux cas de la couleur des murs, ni de la taille des pièces: ça, c'est l'imagination du lecteur qui va le combler.  Mais il faut planter des éléments qui sont parlant sur l'ambiance des lieux.

Des fois, plus de descriptions sont nécessaires.  Personne n'ayant jamais vu l'intérieur d'un vaisseau spatial, pas le choix, il faut le décrire davantage.  Idem pour une cité disparue appartenant à une civilisation ancienne.  Si on veut décrire une ville sous-marine, dire qu'elle est à 1000 mètres sous l'eau donne un indice, mais ce n'est pas suffisant.  Parce que même si on dit que les murs sont courbes et que tout est relié par des tubes, si on a pas d'indices sur l'ambiance, sur ce qui s'y passe...  Et bien, l'impression sera moins net.  Si je dis que les murs sont courbes et que ça donne une impression d'étouffement et que les tubes qui relient tout sont constamment bouchés par la circulation, déjà là, pouf, on sent mieux les lieux!

On parle souvent dans les débats sur la diversité du test de la lampe sexy qui consiste à se demander si un personnage féminin ne pourrait pas être facilement remplacé par une lampe sexy.  Je crois que ça peut s'appliquer aussi aux lieux, ambiances et aux décors.  Si ceux-ci sont interchangeables, s'ils n'ont qu'une seule caractéristique ou sont trop peu définis et bien... On peut penser qu'ils sont des décors de lampe sexy.  Ça ne donne rien d'intéressant, ça fait juste remplir l'espace sans personnalité.  Or dans une histoire, le décor nous donne souvent beaucoup d'indices et il raconte souvent lui-même une partie de l'histoire.

@+ Mariane

5 commentaires:

Gen a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Gen a dit…

C'est pour ça que mon exercice de description préféré, c'est celui-là : https://laplumeetlepoing.blogspot.com/2014/02/la-description-lexercice-du-coup-doeil.html Je le fais faire en atelier. Au début, les gens essaient de me décrire tout ce qu'ils ont vu dans l'image... et échouent lamentablement (parce que je laisse l'image vraiment juste 3 ou 4 secondes à l'écran). Puis après un essai ou deux, ils pigent le truc et me donnent des impressions générales, des descriptions de sensation... et c'est tellement plus parlant!!!

Prospéryne a dit…

J'ai été lire ton billet et c'est vrai que c'est un excellent exercice! Ça ressemble à ce que je voulais décrire dans le mien.

Gen a dit…

Oui! :D C'est en lisant ton billet que je me suis rappelé du mien d'ailleurs! lolol!

Prospéryne a dit…

Les grands esprits blogesques se rencontrent!