vendredi 22 février 2019

Lettres biologiques: Recherches sur la sexualité humaine du Frère Marie-Victorin

Lettres biologiques: Recherches sur la sexualité humaine  Frère Marie-Victorin  Boréal  275 pages


Résumé:
Entre 1933 et 1944, année de sa mort, le frère Marie-Victorin, connu pour ses recherches en botanique et sa passion pour l'avancement des sciences au Québec, a entretenu avec l'une de ses collaboratrices, Marcelle Gauvreau, une correspondances qu'il a lui-même désigné sous le nom de lettres biologiques.  Esprit curieux, Marie-Victorin s'intéressait de façon scientifique à la sexualité humaine.  Cette série de lettres retraces leurs échanges sur le sujet.

Mon avis:
Si vous chercher une lecture érotique quelconque, passer votre chemin!  Ce n'est pas du tout le cas de ces lettres biologiques, même si la sexualité y occupe la plus grande place.  Ces lettres n'avaient d'ailleurs pas pour but de devenir publiques.  C'était la correspondance privée et personnelle entre le Frère Marie-Victorin et sa collaboratrice au Jardin Botanique, Marcelle Gauvreau.  D'ailleurs si leurs relations semblent restent entièrement chastes (quelques bouts de lettres laissent à penser qu'ils se seraient vus nus, mais sans plus), les liens n'étaient pas moins très forts entre eux.  Une large part des lettres montrent une affection réelle et soutenue sur le long terme.  C'est un mariage spirituel entre deux âmes qu'ils ne consommeront pas au niveau physique.  Tout en en parlant en long et en large!

Le recueil ne rassemble que les lettres de Marie-Victorin.  Marcelle Gauvreau étant décédée en 1968, ses lettres ne sont pas encore dans le domaine public.  C'est un peu dommage puisque l'on a que la moitié de la conversation.  Et certains passages sont facile à mésinterpréter si on pense au gouffre entre les valeurs morales de l'époque et celles d'aujourd'hui.  Leur relation se déroule dans une société très patriarcale.  Par son triple statut de mentor, de professeur et de religieux, Marie-Victorin a beaucoup de pouvoir sur la jeune femme qu'était Marcelle Gauvreau.  Il se semble pas en abuser, mais ne se prive pas pour la conseiller presque au point de prendre certaines décisions pour elle.  De même, sa propension à parler d'elle comme sa fille et pourtant, à lui demander en détail comment réagit la vulve lors de la stimulation manuelle dans la même lettre est... malaisant pour un lecteur moderne.

Car Marie-Victorin, tout esprit curieux et scientifique qu'il était, reste un homme profondément religieux.  Il peut tout à la fois dans la même lettre lui décrire en détail les masturbations auquel il s'adonne sur des prostituées cubaines (oui, il a fait ça!) et lui dire de garder une vie pure et charitable!  De même, s'il a un esprit ouvert, certains commentaires sur l'homosexualité fleurent beaucoup son époque...  Il se permet certains jugements qui ne passeraient carrément plus de nos jours, surtout sur la sexualité féminine.  Dire d'une femme qui a un gros clitoris est une femme plus lascive ou décréter que la force et l'ampleur toison pubienne donne des indices sur le niveau de féminité d'une personne a été amplement démontré comme étant des foutaises, mais à son époque, dans les milieux qui s'intéressaient au sujet, c'était des opinions répandues.  Ah oui et le terme frencher à l'époque désignait la fellation, pas le baiser qu'il désigne aujourd'hui!  C'est un peu confondant la première fois que l'on croise le terme!

Une bonne partie des lettres de l'ouvrage est constituée des récits des «expériences» de Marie-Victorin et des questions/réponses que supposent leurs «travaux» car il est clair qu'il s'agit ici de recherche scientifiques.  La description des organes génitaux des deux sexes est faite en détails, mais sans la moindre place à l'érotisme.  On lit un traité lorsqu'il s'adonne à la masturbation sur des prostituées, dans le genre, j'ai stimulé la région clitoridienne, réaction: souffle accéléré, gémissement, mouvements du bassin et cri étouffé lors de l'orgasme.  Dit comme ça.

Bref, si ces lettres peuvent être très intéressantes pour qui veut en savoir plus sur l'histoire de l'étude de la sexualité, il ou elle trouvera son compte.  Pour les autres, ben...

Ma note: 3.75/5

2 commentaires:

Gen a dit…

LOLOL! Juste à lire tes descriptions, je crois que ce bouquin pourrait tenir lieu de moyen de contraception! :p

Prospéryne a dit…

En tout cas, si tu veux couper l'ambiance, tu peux lire une des lettres... C'est très efficace!