lundi 18 février 2019

L'auteur Petit Poucet

Salut!

Si vous ne connaissez pas le célèbre conte transcrit par Charles Perreault (il existait déjà depuis belle lurette dans la culture populaire), je vous le résume: incapable de nourrir leurs sept enfants, un couple de paysans se décide à les perdre dans la forêt, mais le plus petit, surprenant la conversation, rempli ses poches de cailloux blancs et les laisse tomber en chemin, ce qui permet aux enfants de retrouver le chemin de la maison familiale.  Je ne vous raconte pas le reste de l'histoire, elle n'est pas nécessaire pour mon propos.  Retenez juste l'idée des cailloux blancs qui indiquent le chemin...

Parce qu'au fond, un bon auteur est un bon Petit Poucet.  Il ou elle sème des cailloux blancs pour le (la) lecteur(trice) pour lui indiquer le chemin.  Que sont les cailloux blancs dans un roman?  Des indices, des informations, des petites choses que l'auteure sème tout au long du livre pour donner des indices ou des informations utiles.  C'est ce genre de petits détails qui permet à une histoire de se tenir.  Si le lecteur connait cette petit information, ce petit détail, quand son utilité pour le reste de l'histoire apparaîtra, il se dira, ah oui, je l'ai lu ça!  S'il n'y a pas de caillou blanc, l'effet sera celui d'un truc tombé du ciel et il n'y a rien de pire pour un lecteur que l'impression que l'auteur se la joue facile en faisant apparaître quelque chose dans son histoire comme par magie.

Cependant, ce n'est pas gros un caillou blanc...  Si on y accorde trop d'importance, ce sera comme l'éléphant dans la pièce pour le lecteur: «Ah, ah, je devine que ce foutu vase va avoir de l'importance juste de la manière dont l'auteur en parle».  Si on y accorde pas assez d'importance, ça aura l'effet inverse: «Quoi, c'est dans ce petit vase de rien du tout qu'est caché le trésor?»  Comment fixer le juste milieu?  Vaste question...  Ça dépend de la personne qui tape au clavier, du contexte de l'intrigue, du narrateur, du développement de l'histoire, bref d'un paquet de détails!  Une règle cependant: ne pas mentionner un élément qui n'est pas utile à l'histoire... à moins de vouloir que Tchekhov ne sorte de sa tombe pour vous mettre un fusil sous le nez.

Pour moi la reine des cailloux blanc reste encore et toujours J.K. Rowling, même si dans son cas, j'aime mieux parler de ficelles.  J'ai toujours vu ses livres comme étant des oeuvres où elle laissait pendre des ficelles à chaque tome, pour les nouer dans un des tomes suivants.  Comme par exemple, lors de la célèbre visite au zoo du premier tome, Harry entend le serpent le remercier.  C'est un petit détail, une petite information attrapée au hasard auquel on apporte pas vraiment de réponses sur le coup, mais qu'on retient parce qu'elle est parfaitement bien intégrée au reste de l'intrigue du premier tome.  Après tout, c'est quoi parler à un serpent quand on découvre que tout un nouveau monde magique existe...  Sauf que cette petite information se révélera très importante dans le tome 2 quand Harry entend une voix et qu'il est le seul à pouvoir entendre!  L'auteure venait de nouer une petite ficelle laissée pendante après le tome un en n'oubliant pas d'en laisser quelques autres disponibles...  Elle recommencera ainsi à chaque tome jusqu'au dernier.  C'est, à mon humble avis, une partie du génie de cette série.

Alors, amis auteurs, soyez de bon Petit Poucet: laissez-nous des cailloux blancs pour suivre vos intrigues, de beaux petits cailloux blancs, ni trop gros, ni trop petits.

(Note à moi-même: appliquer ce principe à mes propres textes aussi!)

@+ Mariane

6 commentaires:

Alain a dit…

L'auteur est tout de même un avantage indéniable sur le Petit Poucet: il a tout le loisir de rajouter les cailloux après trouvé son chemin. Il peut ne pas avoir de cailloux lors de la première version du texte, mais les révisions successives permettront d'en semer et de chercher le bon dosage.

Prospéryne a dit…

(Note à moi-même: Penser à avoir un sac de cailloux à côté de mon ordi quand j'écris!)

Alain a dit…

Mieux vaut avoir des cailloux quand on écrit qu'en recevoir quand on publie!

Prospéryne a dit…

C'est pas des tomates normalement?

Gen a dit…

Personnellement, je place les cailloux dès le plan. Ça aide à retrouver son chemin! ;) (Et y'a rien qui me gosse plus que le cailloux trop minuscule, ramené au bout de 400 pages par un auteur. Heille, chose, n'insiste pas TROP, pas insiste un peu quand c'est important! lol!)

Prospéryne a dit…

De l'impossibilité que ce vase contiennent le trésor parce que son traitement est trop minuscule... Ouais, je connais l'effet que ça peut faire!