Salut!
L'autre jour, je lisais sur Facebook le commentaire d'une chroniqueuse littéraire se plaignant du phénomène de l'autoédition. Comment suivre toutes les publications si tout le monde se met à s'éditer soi-même? disait-elle en substance. Imaginez, le commentaire vient d'une chroniqueuse et critique branchée sur les milieux littéraires, active sur les réseaux sociaux et sans aucun doute constamment inondée de services de presse! Imaginer alors monsieur et madame tout le monde peut faire pour s'y retrouver!
Rien qu'en langue française, il se publie pas loin de 70 000 titres en français et loin de ralentir le rythme des publications papier, le numérique ne fait que grossir les chiffres. 70 000 titres, allant du best-sellers vendu à 400 000 exemplaires à l'obscur essai pondu à compte d'auteur. De l'album jeunesse au livre de recette. De la biographie à la BD. De la production amateur au livre professionnel. Bien qu'incluant au passage une poignée de réédition, la plupart des livres sont des nouveautés. Une mer, un véritable océan que dis-je!
Comment s'y retrouver? Même si les médias présentaient plus de livres, ils ne pourraient jamais couvrir une telle marée. Il y en a trop, tout simplement. Le rythme des publications est tellement intense que peu de gens peuvent véritablement le couvrir. Et comme la vie littéraire n'est que faiblement couverte dans les médias, on peut donc facilement passer à côté de perles simplement parce qu'elles n'ont pas droit à leur petite place au soleil.
D'où l'importance du libraire. Le libraire est neutre: il a ses préférences, ses auteurs préférés, ses partis pris, mais il ne favorisera pas une maison d'édition ou un distributeur plus qu'un autre s'il n'aime pas ses livres. Il voit presque TOUS les livres qui sont publiés. Presque parce que rare sont les libraires qui prennent absolument tout. Et tout parce qu'ils reçoivent sur leurs tablettes les livres provenant de tous les distributeurs du Québec. Un joyeux melting-pot. Pour l'avoir fait pendant des années, je sais parfaitement que la personne responsable des réceptions de livres est la plus chanceuse: elle voit tout, absolument tout. C'est souvent long, parfois complexe, répétitif à la longue, mais on est la personne qui est au courant de toutes les dernières arrivées. De toutes les nouveautés. On ne retient pas tout, c'est évident, mais on voit tout, tout nous passe dans les mains. Mine de rien, de prendre l'objet, d'être obligé de le scanné, d'y jeter un coup d'oeil savoir dans quel section le placer, lire la quatrième de couverture, ça donne beaucoup d'informations. Plus que de consulter les catalogues d'un éditeur, parce que les livres sont tous sur un pied d'égalité: on les prend les uns après les autres, sortie attendue comme obscure, gros pavé comme minuscule plaquette.
Personne ne dit à un librairie quel livre il doit aimer. C'est sûr, on entend ce qui se dit sur le livre dans les médias, on écoute Chrystine Brouillet et TLMEP, on se tient au courant de ce qui se jase à Radio-Canada et à Paul Arcand. Par contre, si on décide que l'on veut parler à tout le monde du premier roman d'un nouvel auteur dans une petite maison d'édition, et bien, personne ne nous en empêche! Et pourquoi lui plutôt qu'un autre? Parce qu'on a eu la chance de faire sa rencontre. C'est sans doute la plus grande merveille de la librairie. Cette possibilité de promouvoir les livres que l'on aime vraiment et ce, peu importe d'où ils viennent. De pêcher dans la mer des possibilités les huîtres qui contiennent les plus merveilleuses perles. À aucun autre endroit on ne retrouve ce phénomène. Qui n'est calculé par aucun algorithme, qui n'a aucun sous-entendus commercial autre que le prix indiqué à l'arrière du livre. Perdre cette ouverture où quelqu'un se donne la peine de faire gratuitement ce boulot? Personne d'autre ne le fait. C'est une richesse à préserver.
@+ Mariane
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