lundi 17 février 2014

De la cuisine et de l'art

Salut!

Discutant avec une étudiante en littérature, je lui explique que je n'ai jamais voulu étudié dans le domaine pour ne pas littéralement tuer ma passion pour la lecture

-Tu sais, j'ai déjà lu qu'un type en étude littéraire voulait étudier la représentation de la neige dans la littérature québécoise.  C'est exactement le genre de détails qui ne m'intéresse absolument pas.

-Tu fais quoi dans le milieu du livre exactement? me demande-t-elle.  (Il faut dire qu'une amie commune m'avait introduite en disant que je travaillais dans le milieu littéraire.)

-J'ai été libraire pendant cinq ans et maintenant, je suis représentante en librairie.

-C'est quoi ça?

(Je vous coupe ici la longue explication que je dois servir à chaque fois.  Déjà que c'était pas tout le monde qui savait ce qu'était être librairie, croyez-moi, c'est encore pire en tant que rep!)

-Ah ok!, me lance-t-elle.

-J'aime vraiment ça, travailler avec les nouveautés, les libraires...

-Ah toi, tu es plus dans la cuisine que dans la littérature.

Ce commentaire m'a beaucoup surprise.  Je n'avais jamais vu ça ainsi.  Mais c'est vrai, je suis dans la cuisine du livre.

Ceci n'a rien de moins noble, croyez-moi!  Il en faut des qualités, des talents, du ressort pour être libraire (ou rep!).  Petite, mes parents ont toujours été impliqué dans quantité d'organismes.  Pour les louveteaux, les cadets, les discos à mon école primaire, les optimistes et j'en passe!  J'ai grandi dans les cuisines, en dehors du party.  Là où on fricote la bouffe, là où on travaille très fort et où pourtant, on s'amuse ferme.  Je peux vous le dire, le party n'est pas toujours sur le plancher...  Alors de me faire dire que je travaille dans la cuisine du livre, ce n'est pas une injure pour moi, au contraire.  C'est de montrer que je travaille avec les gens qui sont derrière les comptoirs et qui permettent au party de vivre.
Mais c'est vrai, je suis comme un poisson dans l'eau dans le milieu de la vente du livre.  Je m'y reconnais.  Je ne suis pas la seule.  Des dizaines de personnes partagent ma passion de par le Québec.  Celle de faire découvrir les livres, de partager le plaisir, d'être à l'affût de ce qui se fait, de faire le lien entre une personne et un livre, bref, tous ces petits détails qui distinguent la création de la cuisine du livre.

Même s'ils sont étroitement liés, les deux milieux sont distincts.  Le milieu de la création, que je connais moins (même si j'aimerais bien en être un jour), est un milieu en soi.  Les auteurs se connaissent, se soutiennent, s'épaulent, s'encouragent, traquent la création et ses moindres replis, connaissent ses angoisses et ses risques.  Le milieu de la librairie est sans doute plus terre-à-terre.  C'est un domaine où se frôle et se mêle création littéraire et commerce.  Les deux sont indissociables.  On vend de la littérature, mais vendre de la littérature, c'est avant tout vendre des livres.  Donc, commerce il y a.  Moi, c'est cette partie-là qui m'intéresse le plus.  Je ne veux pas vendre des ordinateurs, de la musique ou des fleurs, non, je veux vendre de la littérature, parce que j'y crois, parce que c'est ce qui me fait tripper le plus au monde.  Pour moi, parler de mise en marché, de placements, de promotion, c'est tout naturel: c'est mon univers et je m'y sens bien.  Certes, il y a des sous derrière ça, mais j'aime mieux ne pas y penser.  Je suis sans doute pas assez terre-à-terre pour ça! :P

Et oui, le milieu littéraire et le milieu de la librairie, ce n'est pas la même chose, même si c'est proche.  C'est comme pour les métiers de la scène, pendant que certains font le show, d'autres s'activent en coulisses pour le faire fonctionner.  Métiers sans doute pas aussi glorieux, mais nécessaires et dans lequel on peut parfaitement trouver son bonheur!

@+ Mariane

3 commentaires:

Amélie a dit…

Très sympa ce blog, j'aime beaucoup votre façon d'écrire... Je m'inscris :) Bonne continuation. Amélie.

Gen a dit…

Ah tiens... Tu vois, de mon point de vue d'auteur, j'ai plutôt l'impression que c'est moi qui suis dans la cuisine de la littérature et toi dans le resto! lol! ;) Les auteurs popottent dans leur coin, derrière portes closes, et toi tu interragis avec les clients. ;) (Quoique là t'es plutôt la gérante du resto que la serveuse! lol! ;)

Mais bon, d'une façon comme d'une autre, c'est vrai que tu n'es pas nécessairement "dans le party" littéraire... Sauf que t'as raison aussi quand tu dis que le party est pas toujours là où il est supposé être! lol! ;)

(Les auteurs se soutiennent, s'épaulent... Ouais, ça dépend des gangs tu sais. Les auteurs jeunesses et les auteurs de SFFF, c'est une joyeuse bande, mais y'en a des moins comiques! ;)

Prospéryne a dit…

@Amélie, merci! :)

@Gen, une autre façon de voir... Moi, serveuse, les bras plein d'assiettes, gesticulant au dessus de la foule et toi dans la cuisine en train de bosser en solitaire? Mouais, on peut dire ça aussi. Mais j'aime mieux l'image de la cuisine parce que ça montre à quel point être un libraire est un métier de l'ombre.

(ça j'en doute pas ma belle! :) Il y a toujours de gros egos partout!)