Un ménage rouge Richard Ste-Marie Alire 242 pages
Résumé:
Vincent Morin est un être rationnel. Courtier en valeur mobilière, il mène une vie sage, rangée. Jusqu'au jour où il surprend sa femme dans le lit conjugal en compagnie de deux inconnus. Là, il commet l'irréparable. Et il réussit à le cacher. Sauf qu'au fil des mois, le doute s'installe: et s'il avait oublié un détail, ne serait-ce qu'un petit détail?
Mon avis:
Le point fort de ce roman est sans doute son ambiance. L'intrigue est hautement psychologique. On est dans la tête de l'assassin et dans tous les efforts qu'il déploie pour éviter d'être arrêté pour meurtre. Sauf que le hic, c'est qu'il n'a pas prévu une chose: le fait de vivre éternellement avec cette épée de Damoclès sur la tête que représente la peur d'être pris. Du poids psychologique, non de l'acte (il estime que sa femme a mérité sa mort à cause de son adultère), mais du fait de vivre constamment aux aguets, de toujours devoir se surveiller pour éviter de dire un élément qui pourrait laisser croire que... Ce n'est pas le remord qui hante Vincent Morin, mais bien la peur d'avoir laissé ne serait-ce qu'un petit indice derrière lui. Ce qui le mènera à des mesures radicales. La psychologie du personnage est extrêmement bien développée. Parce que ce meurtrier n'est pas une personnalité complexe. C'est même un homme ordinaire, normalement intelligent, qui affronte toute la complexité émotionnelle liée à un triple meurtre passionnel. Les premiers chapitres sont consacrés à ses actes, à toutes les astuces qu'il déploie pour éviter d'être pris. Et de l'imagination, il en a! J'ai beaucoup aimé le fait que l'auteur nomme les lieux qu'il visite. La Place Rosemère, le boulevard Curé-Labelle, les Basses-Laurentides, on est voit où l'intrigue se déroule. Pour qui connaît le moindrement la Rive-Nord, tout est profondément ancré dans le réel. Et ça ne fait qu'ajouter au récit. On sent une belle recherche de la part de l'auteur. Par petits moments, ça alourdit le texte, mais l'impression est fugitive. L'inspecteur Francis Pagliaro n'intervient qu'après une bonne soixantaine de pages (sur à peu près 250). On aurait pu croire sur le coup qu'il est secondaire, mais bien au contraire. Parce que Pagliaro est un peu un anti-héros de roman policier. Pas de poursuite, pas d'interrogatoire dans le poste de police, pas d'indice déterminant fournit par le labo: rien que la bonne vieille méthode, pas de course contre la montre pour sauver le monde: du temps, de la minutie et de la perspicacité, voilà sa méthode. Ainsi qu'une très bonne connaissance de la nature humaine, avec ses hauts et ses bas. Pagliaro est efficace, mais ce n'est pas un génie, c'est un bûcheur, un opiniâtre qui sait travailler avec peu d'éléments pour faire jaillir la vérité. Ce qui le rend réaliste, humain. La scène finale montre d'ailleurs à quel point il est fin psychologue. J'ai un peu moins aimé cet opus-ci que L'inaveu que j'avais lu précédemment, mais au fond, c'est un bon signe, étant donné qu'Un ménage rouge avait été écrit avant L'inaveu. Preuve que l'auteur s'est amélioré entre temps. Un petit polar à dévorer sous la couette par une froide nuit d'hiver. Vous ne le lâcherez pas avant la fin.
Ma note: 4/5
2 commentaires:
Merci pour cette belle critique! J'avais beaucoup aimé les extraits de L'inaveu que j'ai lu alors la liste pour le Père Noël s'allonge... mais je pense que je ferais peut-être mieux de demander au lapin de pâque! hihi!
@Martine, je crois que tu peux remplir celle de Cupidon avant celle du Lapin de Pâques... Tsé question de multiplier les occasions! :P
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