Salut!
Quand on est un lecteur le moindrement attentif, on finit toujours par remarquer la petite inscription, parfois discrète, parfois très visible au bas de la couverture: le nom de l'éditeur. Au fil du temps, on finit par trouver les maisons d'éditions qui se démarquent pour le lecteur que nous sommes. Par exemple, j'apprécie particulièrement comme lectrice la façon de faire de Gallimard, de Leméac et de Boréal, mais j'aime moins la patte d'autres éditeurs. Pas que ces maisons soient moins bonnes ou moins pertinentes. C'est leur façon de faire de la littérature qui me touche moins. Des goûts et des couleurs! Il faut de tout pour tout le monde dit le dicton. De même, je n'aime pas tout ce que font les maisons d'édition que j'ai nommé plus haut. Encore une fois, tout est question de goût.
Néanmoins, à force de fréquenter la faune littéraire, je me suis rendue compte d'une chose: il existe une pléthore de petits éditeurs au Québec. Si, si! Ils couvrent tous les genres, des plus grand public aux plus pointus. Souvent, ces petites maisons d'éditions vont de paire avec les nouveaux auteurs. Tous les deux sont en émergence. J'ai plusieurs bons amis qui sont publiés dans ces petites maisons et ça pousse à être très attentive. À force, on se met à remarquer les autres, celles qui ont de minuscules kiosques au Salon du livre de Montréal, serrée dans un coin, avec deux ou trois auteurs assis avec leur livre tout neuf, attendant les lecteurs qui se pressent pour aller voir l'auteur assis en face. Cependant, ce sont justement ces maisons-là que je trouve particulièrement intéressante. Parce que pour se développer, elles doivent justement ratisser là on les grandes maisons ne vont pas voir.
Une petite maison d'édition naît rarement pour le simple plaisir de publier des livres. Bien plus souvent, c'est parce que ceux qui sont à sa tête ont envie de sortir des sentiers battus par les autres maisons d'éditions, mieux établies, plus anciennes. Celles-ci ont à leurs débuts suivis le même chemin: aller trouver un créneau, développer un marché, une clientèle, une saveur inédite qui se démarque, livre après livre, auteur après auteur, année après année. C'est ça le rôle de l'éditeur. Mais aucun éditeur ne peut couvrir tous les domaines de façon égale. C'est humainement impossible. Voilà pourquoi la plupart développe leur terroir et s'y tiennent au fil des ans.
Mais en creusant leur niche, les éditeurs laissent des trous. Ces trous seront comblés par d'autres éditeurs ou encore par de nouvelles maisons. Pour vous faire comprendre, je vais donner un petit exemple. Il y a une dizaine d'années, le monde de la bande dessinée québécoise était pour le moins réduit. Il y en avait, mais ce n'était qu'une goutte d'eau dans la mer des publications à phylactère. Et puis est arrivée La Pastèque, avec la merveilleuse série des Paul. Presque personne ne s'occupait de BD en noir et blanc au Québec avant que cet éditeur ne le fasse. Ou s'il y en avait, il n'arrivait pas à rejoindre le grand public. Paul et sa bande ont réussi le tour de force de percer le marché grand public. Grâce à lui, La Pastèque a réussi à s'établir comme éditeur. Certes, depuis, il s'est diversifié (albums jeunesse entre autre), mais on le voit d'abord et avant tout comme un éditeur de bande dessinée. Une niche avait été créée, mais l'avantage en édition, c'est que quand vous découvrez un nouveau genre, habituellement, vous voulez découvrir d'autres choses dans le même style. Ainsi sont nées le label Mécanique générale de la maison d'édition Les 400 coups, Pow Pow et La Mauvaise tête, dans le sillage de la Pastèque. Chacune de ces maisons va explorer un petit coin que La Pastèque n'a pas couvert, ouvrant des portes et permettant à de jeunes auteurs de se faire connaître. Ce ne sont peut-être pas toutes ces maisons qui passeront la difficile épreuve du temps, mais par leur travail, elles ouvrent encore plus les horizons de la bande dessinée made in La Belle province.
Personnellement, j'adore découvrir le travail de petits éditeurs. Souvent on y trouve des projets vraiment originaux. La qualité n'est pas égale selon les maisons, parce que le métier d'éditeur est malheureusement un métier comme celui de forgeron: on apprend à être un bon éditeur en le faisant. Ce qui explique de nombreuses erreurs, du travail d'amateur dans certains cas et une qualité parfois variable. Pour aller cueillir les fruits du travail des gens qui sont en train d'apprendre leur métier, il faut apprendre à accepter ce risque. Celui de ne pas se retrouver face aux standards de qualité auquel nous sommes habitués. Être parmi les premiers à découvrir quelque chose de nouveau a ses avantages et ses inconvénients, ses beautés et ses déceptions. Mais dans la vie, qui ne risque rien n'a rien non? ;)
@+ Mariane
2 commentaires:
Entk, les auteurs aiment ça que toi tu t'intéresses aux petits! ;)
@Gen, et pourtant, je me dis sans cesse qu'il y a des tas de trucs que je n'ai pas le temps de découvrir...
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